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Gazon maudit…

Dans notre second volet sur les greenkeepers, nous abordons le thème du gazon, ou plutôt des graminées. La quantité des espèces et des variétés est impressionnante et constitue autant de risques pour un golf, si le choix n’est pas judicieux. Penchons-nous donc sur l’herbe!

Celui qui imagine qu’un parcours de golf n’est qu’une prairie que l’on tond avec plus ou moins de soin est un… Euh? Un golfeur! Nombreux sont en effet les membres de club qui n’ont pas une idée précise de la complexité d’un terrain de golf. Et ils n’ont pas à avoir honte, puisqu’il n’y a aucune question sur la qualité du gazon lors du passage de l’autorisation de parcours (AP)!

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Même si ce sport est de plus en plus sophistiqué, on le pratique toujours sur une grande pelouse. Une pelouse dont l’essentiel de l’entretien concerne le gazon. La principale évolu- tion concerne les exigences des joueurs, qui ont évolué avec le temps. Depuis le boom du golf à la fin des années 80, l’Europe s’est inspirée des efforts consentis sur les parcours américains pour réévaluer les standards d’entretien. Finis les fairways gangrenés, les greens irréguliers, les roughs sauvages. Aujourd’hui, on utilise communément l’expression «manucuré» pour définir l’aspect d’un golf de qualité.

Donc, il a fallu que les greenkeepers s’adaptent à cette nouvelle donne et apprennent à «faire les ongles» à leur terrain! Les parcours anciens ont mo- difié les semences, alors que les parcours récents ont été conçus en fonction des nouveaux impératifs de tonte. Tous ont été bien aidés par la recherche permanente qui existe dans cette branche spécifique du «jardinage». Mais essayons d’abord de bien comprendre comment est conçu un parcours.

Il faut délimiter les différentes surfaces engazonnées d’un terrain de golf. On peut s’arrêter à 5, même si certains golfs très sophistiqués en comptent davantage: les greens (~1 hectare), les avant-greens (~2 hectares), les départs (~1 hectare), les fairways {entre 15 et

20 hectares) et les roughs (entre 20 et 30 hectares). L’addition de ces différentes zones donne une surface de 40 à 60 hectares. Il s’agit bien entendu d’un calcul approximatif, surtout en ce qui concerne les fairways et les roughs. Cela dit, il est amusant de constater que les greens ne couvrent qu’une surface d’un hectare, soit en moyenne 2% du terrain global, mais que ce sont eux qui vont donner au parcours ses étoiles! «Il est vrai que l’objectif prioritaire pour un Superintendant est la qualité des greens», confie Laurent Liatard, greekeeper du Golf Club de Lausanne. Nous cherchons tous à obtenir une surface régulière, avec une bonne planimétrie, pour que la balle reste en contact permanent avec le sol, sans sautiller, qu’elle «tienne» la ligne comme on dit. Il faut aussi surveiller la densité et l’homogénéité du gazon. L’homogénéité est un facteur important pour le jeu, et l’on doit retrouver une régularité sur l’ensemble des 18 greens du parcours. Et enfin, il est préférable de donner au green une couleur verte, pour rassurer le golfeur!»

Ce cahier des charges implique de faire les bons choix de graminées, en fonction de la surface de jeu, du substrat, des sols, de l’altitude, de la pluviométrie et du milieu (zones boisées ou pâturages). Le climat est également un point vital pour la sélection des graminées à mettre en place, il faut respecter les conditions «agro climatiques» du golf en préconisant des espèces indigènes, souvent plus résistantes, dans un souci environnemental. Ces choix détermineront l’entretien nécessaire, donc le budget, qui peut ainsi évoluer dans des pro- portions… agronomiques. Ou plutôt astronomiques!

Les greens avant tout Comme nous l’avons souligné, les études sont très poussées dans le domaine des graminées et si les espèces restent les mêmes, les variétés ont beaucoup évolué. Voici celles que l’on trouve fréquemment en Suisse:

• L’Agrostide stolonifère (Agrostis Stolonifera en latin) est très répandue et compte des variétés aussi vieilles que le Penncross (1923), le Pennlinks (1950) ou plus récentes comme le Penn A1, le Penn A4 ou le L93 développés dans les années 90. Cette espèce exige un entretien conséquent, avec des sablages et des verticuttages réguliers, ainsi que des aérations, principalement pour éviter le feutre qui étouffe les greens. Les tontes courtes, 3 milimètres, sont de rigueur. Si cette espèce n’est pas soignée, elle dégénère et devient vraiment inesthétique.

• L’Agrostide commune (Agrostis Tenuis), souvent mélangée à de la Fétuque rouge, est un peu moins exigeante en termes d’entretien. Avec elle, il est possible d’espacer les sablages. On compte trois variétés nouvelles assez répandues: Denzo, Bardot et Orient. Les golfs aux budgets plus serrés choisissent souvent cette espèce, en sachant que la qualité générale des greens et la vitesse de roulement sera inférieure à celles d’une surface en Agrostide stolonifère. On peut parler d’une plus grande rusticité.

• Sur certains parcours, on peut retrouver des greens 100% en Fétuque rouge gazonnante et demi traçante, comme sur le parcours de Leuk. La couleur n’est pas d’un vert soutenu, mais le plaisir reste au rendez-vous. En Ecosse, en Irlande, beaucoup de golfs utilisent cette graminée très rustique.

• Le Pâturin annuel est une graminée très fréquente en Suisse. Tous les golfeurs ont entendu une fois ce nom et remarqué la pointe d’agacement avec laquelle le greenkeeper l’a mentionné! Cette espèce s’installe naturellement, portée par le vent et envahit tous les espaces verts en général. Ce type de Pâturin n’est pas un choix de l’architecte ou du superintendant, mais une forme de parasite qu’il est difficile de contrer. Il peut carrément faire disparaître l’Agrostide avec le temps, au point que l’on obtienne des greens 100% en Pâturin. C’est souvent le cas sur les vieux parcours, où les greens ont plus de 20 ans. Le Pâturin est notamment reconnaissable au printemps (d’avril à juin) par ses inflorescences blanches, qui gênent considérablement le putting. Il dispose néanmoins de certaines qualités, puisqu’il supporte les tontes rases et qu’il se régénère rapidement. Mais, outre son inflorescence, il a comme défaut une grande sensibilité aux maladies et aux températures extrêmes. Alors qu’une Agrostide supporte –30, voire –40 degrés, le Pâturin «s’enrhume» à –15, notamment en présence de glace. Et l’année 2003 nous a rappelé qu’il n’aime pas non plus les grosses chaleurs! Mais rappelons-le, il faut «faire avec», car le Pâturin est incontournable en Suisse, comme en Europe et aux Etats-Unis d’ailleurs. «La recherche sur des va-

Quelle chaleur!

Il existe des espèces de gazons pour les régions plus chaudes, comme le sud de l’Espagne, Portugal, Floride, Californie, Arizona, etc, qui ont pour particularités des racines beaucoup plus profondes et sont ainsi capables de résister à des températures plus élevées, en utilisant des quantités d’arrosage moins importantes. Un exemple de ces graminées méditerranéennes ou subtropicales est le Cynodon dactylon ou Bermuda Grass en anglais. Il existe différentes variétés, adaptées aux conditions de jeu: Tifwgreen pour les greens par exemple, ou Tifway pour les départs, les fairways. L’optimum de croissance des graminées tempérées (Ray-Grass, Pâturins…) se situe entre 16 et 24 degrés, alors que pour le Cynodon l’optimum commence à partir de 24 jusqu’à 32 degrés. Une autre particularité pour ces espèces de pays chauds est l’arrêt de la pousse pour des températures en dessous de 10 à 12 degrés et une décoloration du feuillage pour des températures encore inférieures. Pour maintenir une surface convenable, les greens et les tees sont alors ressemés avec des graminées de saison froide (climats tempérés) type Ray-Grass, Pâturins communs (Poa Trivialis). Certains parcours «overseedent» également leurs fairways – ils rajoutent des semences – pour améliorer le jeu et l’esthétique du parcours (contraste entre les fairways bien verts et les roughs jaunes bruns). A ce propos, évitez l’Arizona en octobre, beaucoup de parcours sont fermés ou perturbés par cette période d’«overseeding»!

L’automne est la période habituelle pour ce genre de travaux et il vaut mieux se renseigner avant de fixer des vacances pour une destination où l’on pratique cela. Et elles sont nombreuses!

riétés de Pâturin s’accélère», souligne Laurent Liatard. «Au point que l’on pourrait même envisager prochainement d’en semer des variétés améliorées. Une autre solution serait de trouver l’herbicide, qui permettrait aux greens en Agrostides de ne plus se laisser envahir aussi facilement et ainsi préserver l’homogénéité des surfaces de putting. Cet herbicide miracle pourrait arriver prochainement sur le marché… »

Départs et (souvent) avant-greens

Le champion toutes catégories des zones sportives ou ornementales (terrains de foot, espaces verts, etc) est le Ray-Grass anglais. Sur les départs, on apprécie surtout sa résistance à l’arrachement et sa régénération rapide. En revanche, il «prend» difficilement. On l’associe souvent à du Pâturin des prés, qui est une semence volontaire, à ne pas confondre avec notre fameux Pâturin annuel. Le pâturin des prés est également un classique des terrains de sports et sa résistance au piétinement et à l’arrachement est exemplaire: un vrai héro. Par contre son installation est difficile et lente.

Sur les avant-greens, on associe souvent le Ray-Grass anglais à de la Fétuque rouge demi traçante ou gazonnante, dont les 2 principales qualités sont sa résistance à la sécheresse et son feuillage particulièrement fin. On peut même rajouter de l’Agrostide commune dans la recette, qui supporte également bien les tontes plus courtes.

Fairways

Les espèces de graminées pour les fairways sont nombreuses et dépendantes du terrain, du climat, d’un éven- tuel arrosage, etc. On rencontre facilement du Ray-Grass, du Pâturin des prés ou de la Fétuque rouge, sans compter l’inévitable Pâturin annuel, qu’il faut «contrôler» en permanence. Des parcours très huppés peuvent même choisir pour leurs fairways de l’Agrostide stolonifère généralement destinée aux greens. Mais cela implique une tonte quasi quotidienne, un sol léger et filtrant, un arrosage permanent et des soins fréquents, au bénéfice d’une qualité de jeu exceptionnelle!

Les roughs

L’idéal devrait être une espèce indigène. «Choisir l’herbe locale des prairies voisines me semble tout indiqué», conclut Laurent Liatard. «Il y a un aspect écologique évident, mais qui parfois réduit les exigences sportives et techniques.»

La Fétuque rouge, la Fétuque élevée ou la Fétuque ovine peuvent s’avérer être un bon choix, car ce sont des espèces résistantes et rustiques, qui supportent les écarts de températures, qui n’ont pas besoin de beaucoup d’arrosage, bref, qui sont plus sauvages. Le climat, l’environnement, le budget, la fréquentation du parcours, les exigences sportives sont autant d’éléments d’une équation compliquée, dont la solution ne peut jamais être totalement avérée. Sans compter les impondérables de la météo ou des maladies. Faire le bon choix des graminées lors de la construction du parcours est important, mais c’est l’entretien qui est vital. Et la complexité de ce dernier est telle, que le golfeur doit respecter le travail du greenkeeper et de son équipe, au détriment parfois de son confort!

■ Jacques Houriet

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