
3 minute read
En avril, ne te découvre pas d’un Phil!
Ce qu’il y a de bien avec l’US Masters, c’est que pour nous, pauvres Helvètes au climat rude, il marque vraiment le début de la saison de golf. Et c’est un écran tout de vert vêtu, à peine moucheté du rose des azalées d’Augusta National, qui a donc éclairé ce deuxième weekend d’avril. Je me suis ainsi vautré sur le canapé, sur le peu de place que me laissait ma chienne Thelma, pour profiter des images diffusées par BBC 2. Car au contraire de ce qu’imaginent certaines personnes, avec un investissement raisonnable pour une parabole, une négociation serrée avec sa femme (et la promesse de ne plus mettre le linge sale par terre, mais dans le panier), il est possible de suivre le circuit européen et l’US PGA Tour dans des conditions de direct exceptionnelles. Encore faut-il consulter minutieusement le programme du satellite et trouver la bonne chaîne, comme mon ami Marco l’a amèrement constaté le dimanche soir, après avoir manqué l’essentiel de la compétition!
Comme Peter Alyss n’a pas manqué de le souligner, ce fut l’une des plus belles éditions du Masters à laquelle nous avons assisté – sauf Marco! Et le commentateur anglais s’est plu à relever également la constance de Phil Mickelson, brillant vainqueur d’une édition extrêmement difficile. Pourquoi si difficile? Parce que la météo a perturbé le déroulement du troisième tour, obligeant les meilleurs à terminer leur partie le dimanche matin, avant d’entamer le dernier tour dans la foulée. Epuisante partie dominicale. Difficile également parce que le comité d’Augusta National avait une nouvelle fois rallongé le parcours, pour porter sa longueur totale à 7445 yards, soit le deuxième plus long terrain de l’histoire des majeurs. Et avec les greens tourmentés du célèbre golf géorgien, rapides comme des patinoires, les approches aux longs fers sont plus terrifiantes que jamais.
Advertisement
Malgré cette longueur à priori favorable aux longs frappeurs – dont Phil Mickelson fait incontestablement partie – c’est sur et autour des greens que la décision s’est faite. Il fallait être patient, concentré et performant, pendant les 4h45 qu’a duré – un blâme à ces lambins qui jouaient par flight de deux! – le dernier tour de l’US Masters. Depuis qu’il a perdu en 2004, sur ce même parcours d’Augusta, le titre de meilleur joueur à n’avoir pas remporté un majeur, Mickelson affiche une sérénité évidente. Qui lui a permis notamment de remporter l’US PGA Championship 2005 et d’être en lice pour un petit chelem cette année. Mais qui l’a surtout aidé à gérer à la perfection les dangers d’un dernier tour aléatoire. Ce que n’a pas fait Tiger Woods très inconstant au putting, ni Vijay Singh pour les mêmes raisons, ou encore Fred Couples, partenaire du gaucher Phil, qui s’est «tiré une balle dans le pied» à chaque fois qu’il avait un putt de 2 mètres. Oubliés les coups d’éclat de Chad Campbell, Rocco Mediate, Miguel Angel Jimenez, Darren Clarke, Retief Goosen, Ernie Els et autre Mike Weir. A peine nous souvenons-nous du petit Tim Clark, qui s’est offert une sortie de bunker directement dans le trou du 18, pour terminer seul à la seconde place. Non, vraiment, Mickelson a été impérial, ne commettant pas la moindre faute jusqu’au 18, où il s’est permis le luxe d’un chip de sécurité pour un unique bogey et deux coups d’avance. Cette confiance et ce contrôle de son jeu, Phil les a peut-être aussi tirés d’un changement subtil dans le choix de ses clubs. En plaçant un second driver dans son sac, il s’est assuré de pouvoir jouer ses départs en draw ou en fade. Une combinaison qu’il avait testée la semaine précédente, lors du Bell South Classic, qu’il avait remporté avec 13 coups d’avance! Callaway lui a concocté deux petites merveilles: une version «draw» du FT-3 avec un shaft de 46 inches pour lâcher les balles à droite – n’oublions pas qu’il est gaucher! – et une version «fade» du FT-3 Fusion avec un shaft de 45 inches pour les balles à gauche. Et comme son caddy ne s’est jamais trompé de club pendant les 4 tours (!),c’est depuis le fairway, que le Californien a attaqué les greens du Masters! Les perdants de l’édition 2006 sont sérieusement en train d’envisager une solution identique pour l’année prochaine. Mais c’est un second putter qu’il leur faudra…


■ Jacques Houriet
