Rapport bisannuel 2021-22

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RAPPORT BISANNUEL

Secrétariat du

Club

DU SAHEL ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST

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CONTENUS

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ENSEIGNEMENTS TIRÉS RETOUR SUR QUATRE ANNÉES DE PRÉSIDENCE

L’APPRENTISSAGE PAR PAR LA PRATIQUE : LE SUIVI-ÉVALUATION EN 2021-22

p.6 p.8

03

STATS CSAO : LES CHIFFRES CLES DE 2021-22

p.11

04

GESTION DE NOS RESSOURCES

p.12

05

ÉCLAIRER L’ACTION

p.13

06

DÉCRYPTAGE

p.20

07

ÉLARGIR LE RAYONNEMENT

p.28

08

QUARANTE ANS PLUS TARD... ET LA FIN D’UNE ÉPOQUE

p.36

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ABORNE

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

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Réseau de recherche sur les zones frontalières africaines

ACLED

Armed Conflict Location & Event Data

AUDA-NEPAD

Agence de développement de l’Union africaine

BAD

Banque africaine de développement

CAD

Comité d’aide au développement

CARTA

Cartographier les transformations territoriales en Afrique

CDN

Contributions déterminées au niveau national

CLD

Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification

CEA-ONU

Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique

CH

Cadre Harmonisé

COP26

26e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques

COP27

27e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques

CSAO

Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest

DDC

Direction du développement et de la coopération (Suisse)

DSNA

Analyse dynamique des réseaux sociaux

EAT

Commerce agricole de la CEDEAO

FIT

Forum international des transports

NOA

Note ouest-africaine

N-HDP

Nexus Humanitaire-Développement-Paix

ODD

Objectifs de développement durable

OIM

Organisation internationale pour les migrations

OCDE

Organisation de coopération et de développement économiques

PREGEC

Charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest

RPCA

Réseau de prévention des crises alimentaires

SAN

Sécurité alimentaire et nutritionnelle

SDCi

Indicateur des dynamiques spatiales des conflits

SIGI

Indice « Institutions sociales et égalité homme-femme »

WATHI

Think tank citoyen d’Afrique de l’Ouest Banque mondiale

ZLECAf

Zone de libre-échange continentale africaine

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ENSEIGNEMENTS TIRÉS

RETOUR SUR QUATRE ANNÉES DE PRÉSIDENCE

Le devoir et l’urgence d’agir La région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest affronte une crise alimentaire majeure qui est allée crescendo au cours de mon mandat :de 9.4 millions de personnes en besoin d’assistance alimentaire et nutritionnelle en 2019, à 38.3 millions au cours de la saison maigre de 2022 (juin-août). Notre région traverse une superposition de crises alimentaires, sécuritaires, sanitaires, socio-économiques, politiques et climatiques. Ce contexte requiert des réponses plurielles et intégrées et questionne notre capacité à agir de manière holistique et systémique. Des interventions d’urgence sont utiles pour soulager les souffrances d’aujourd’hui, mais importe également notre capacité à anticiper et à prévenir. Cela doit nous inciter à œuvrer collectivement pour changer de paradigme et, à agir autrement face à ces crises interconnectées. C’est pourquoi, je me félicite de la décision du Club de doter son Secrétariat d’un programme consacré aux systèmes alimentaires et, en ma nouvelle capacité d’Envoyé spécial de l’Union Africaine pour cette thématique, je me réjouis d’ores et déjà des collaborations futures.

Re-territorialiser les politiques publiques Ces dernières années, j’ai retenu qu’il nous fallait relativiser notre entendement de l’exode rural et que la transformation in situ des bourgs ruraux en petites et moyennes villes était un ressort puissant des dynamiques d’urbanisation. La transition urbaine africaine qui s’opère sous nos yeux pourrait conduire à un meilleur maillage du territoire, par le regroupement des services de base les rendant plus accessibles aux populations éloignées des capitales. Cela engendrerait une plus forte cohésion territoriale et donc sociale. En partant du constat que le niveau de vie des citadins est supérieur à celui des pays où ils habitent, les villes africaines deviennent de facto de véritables interfaces du développement. Les villes et campagnes ouest-africaines sont intimement liées, formant ce que l’on pourrait appeler le « rurbain ». Les politiques publiques doivent par conséquent se débarrasser du prisme binaire opposant l’urbain et le rural. Enfin, les villes recèlent un fort potentiel de mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques, de coopération transfrontalière et d’intégration régionale, et ont un rôle à jouer face à la violence politique transnationale.

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Co-construire des modes de gouvernance et de gestion de la vie publique en phase avec les réalités Plus récemment, j’ai eu l’honneur de parrainer les « Concertations sahéliennes », un exercice de réflexion commune menée avec de nombreux laboratoires d’idées de la région. Le point de vue des acteurs non gouvernementaux est précieux car il permet de déconstruire des pratiques rendues obsolètes par de puissantes dynamiques structurelles et conjoncturelles. Leurs perspectives permettent de distinguer de nouvelles formes de gouvernance de la vie publique. Car il faut bien se rendre à l’évidence : le temps du monopole de la gouvernance détenu par l’État central doit avancer. C’est bien dans des approches endogènes, contextualisées et ouvertes à tous, donc plus en phase avec les réalités, qu’il faut aller puiser les ressorts des trajectoires positives souhaitées.

Un Club pertinent en période d’incertitude globale De surcroît en plus de l’escalade des tensions sécuritaires qui mettent le Sahel à rude épreuve, mon mandat a été marqué par le sceau de la pandémie de Covid-19 qui n’a épargné personne. Le conflit Russie - Ukraine, pourtant géographiquement éloigné, s’est invité dans la région, aggravant le problème d’approvisionnement en intrants agricoles. Toutes ces crises se répercutent sur la région aussi bien sur le plan économique et social que politique : l’inflation galopante et le coût élevé de la vie en sont des illustrations palpables. Même si ces crises n’ont rien à voir avec les sécheresses des années 70, elles rappellent cependant que les raisons qui ont motivé la création du Club sont toujours d’actualité. Observer, comprendre et anticiper font partie de son ADN. C’est donc le moment d’agir collectivement, en s’appuyant sur la plateforme du Club, afin de préparer la région à mieux prévenir de telles crises – et à y résister. Les capacités d’adaptation du Club et sa compréhension des dynamiques complexes de transformation qui s’opèrent sont autant d’atouts qui peuvent permettre à la région de développer des ambitions plus adaptées.

Au-delà du savoir, il revient aux Membres et partenaires d’œuvrer ensemble et sans relâche afin de donner forme à ces ambitions et surtout de les concrétiser. En gardant ce cap, la pertinence du Club demeurera toujours d’actualité. Il est maintenant temps pour moi de passer le relais à Rosine Sori Coulibaly pour relever ce défi. En sa qualité de nouvelle Présidente honoraire du CSAO, elle apporte son expérience et sa vision en tant que Sahélienne et ouestAfricaine, sa connaissance des réseaux politiques régionaux et internationaux et sa force de conviction. Le CSAO se trouve entre d’excellentes mains.

Dr Ibrahim Assane Mayaki Président Honoraire du CSAO (2019-22)

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L’APPRENTISSAGE PAR PAR LA PRATIQUE : LE SUIVI-ÉVALUATION EN 2021-22

Approche et processus En 2020, le Secrétariat a renforcé ses capacités dans le domaine du suivi-évaluation en concevant une stratégie conforme aux attentes des Membres et respectueuse du cadre de gestion axée sur les résultats de l’OCDE. Cet exercice collectif s’est conclu par la mise en œuvre de plans de suivi-évaluation destinés à mieux apprécier l’influence qu’exercent les travaux du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO). Sa mission globale est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest en renforçant leur capacité à analyser et à comprendre les défis ouest-africains et en contribuant sur le plan politique et technique à l’adaptation de leurs politiques publiques afin d’être mieux à même de les relever. Pour documenter ces résultats, trois exercices d’évaluation sont conduits en 2021-22. Au moyen d’enquêtes en ligne et d’entretiens ciblés, ils 1

ont mobilisé 690 répondants et 31 interviews. Ces retours ont fait l’objet d’analyses et de plusieurs séances internes de rétroaction et de réflexion stratégique.

Resultats

Usages et perception de l’utilité des travaux du CSAO Les tendances qui se dégagent des entretiens et des enquêtes montrent que les travaux produits par le Secrétariat du CSAO sont utiles aux Membres et partenaires et servent à leur décision politique, stratégique et technique. Les données statistiques et factuelles, les résultats d’études agrégées ainsi que le niveau de granularité des analyses fournissent des connaissances nourrissant, évaluant et adaptant les politiques des membres . Le dialogue politique qui en découle contribue au cadrage et au séquençage des stratégies et de leur opérationnalisation. C’est le cas notamment des données du Cadre Harmonisé (CH) du Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) qui restent les données les plus fréquemment « recyclées » par les Membres et partenaires La capacité à combiner analyse sur le temps long et court, le large spectre thématique couvert, les visualisations cartographiques et les méthodologies innovantes sont considérées comme des « marques de fabrique » qui constituent l’ADN du Secrétariat et en font un acteur d’influence dans l’écosystème.

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Approché Trois facteurs entravent l’atteinte pleine et entière des objectifs fixés pour le suiviévaluation. Sur le plan méthodologique documenter le renforcement de capacités des bénéficiaires (en termes de compréhension, de sensibilité, d’usage, etc.) reste faisable et pertinent. Il est toutefois beaucoup plus ardu d’apprécier à quel degré et selon quelles modalités, ces changements contribuent à influencer les politiques publiques. L’analyse documentaire des stratégies des Membres et partenaires n’a pas suffisamment des résultats pour apprécier objectivement le niveau d’influence du CSAO sur les politiques publiques, malgré les nombreuses sollicitations reçues par le SCSAO pour contribuer à la réflexion sur les stratégies de ses membres. En conséquence, cette approche a été modifiée en cours de biennium.

Enfin, sur le cycle du suivi-évaluation, ce qui semble le plus intéressant à évaluer concerne ses capacités de « résonance » sur les politiques publiques sur la durée. Or les exigences de reporting sur un rythme bisannuel sont mal adaptées à cette échelle temporelle. Pour ces raisons, le Secrétariat du CSAO va privilégier la production de documents de capitalisation pour passer en revue et analyser, sur la durée, la façon dont les travaux du CSAO influent sur les débats et les politiques rétrospectivement et aujourd’hui.

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Tous les domaines thématiques n’ont pas tous abordé l’exercice en utilisant les mêmes outils méthodologiques.

Les résultats présentés ici sont un résumé des tendances générales qui sont ressorties des trois enquêtes en ligne et des deux séries d’entretiens ciblés. S’ils englobent l’ensemble des travaux fournis par le Secrétariat, ils concernent plus particulièrement les programmes « Sécurité » et « Gouvernance régionale de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ».

Le Secrétariat continue de s’approprier pleinement une culture de suivi-évaluation,et poursuit sa progression dans l’exercice malgré des ressources limitées.

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Performance et efficacité

Pour 2021-2022, le Secrétariat a décidé de suivre et de quantifier les progrès réalisés sur certaines dimensions transversales de son action :

Dans le domaine de la communication, la base de données de contacts invités à participer aux événements de dialogue ou à recevoir les travaux du CSAO a crû de 43 % au cours du biennium, incluant 209 nouveaux contacts issus de la société civile et 310 nouveaux contacts féminins, toutes organisations confondues.

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NOUVEAUX CONTACTS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

NOUVEAUX CONTACTS FEMININS

Enfin, sur le genre, le Secrétariat a produit plus du double d’analyses consacrées aux femmes ou sensibles au genre qu’en 20192020. Le nombre d’évènements de dialogues consacrés aux femmes et au genre a augmenté de plus de 40 % sur la même période.

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STATS CSAO :

LES CHIFFRES CLES DE 2021-22

En matière de dialogue politique, par rapport au biennium précédent, le niveau de participation du CSAO à des évènements internationaux a augmenté de 123 % et le nombre de sessions de dialogue organisées, de 84 %. Cette forte hausse s’explique aussi par la démocratisation du webinaire depuis le Covid-19.

« Quand on fait de la conception de politiques publiques, l’essentiel est de s’informer. Dans tous les organismes où j’ai travaillé, j’ai pu bénéficier de l’apport objectivé des productions du Club du Sahel qui sont d’ailleurs plutôt bien diffusées. Avec un large spectre thématique et géographique, Je trouve là le seul élément qui me permet de conforter réellement des intuitions ou peut-être aussi de les relativiser ». Jérôme Spinoza Secrétaire général adjoint de la Coalition pour le Sahel

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GESTION DE NOS RESSOURCES

Après que la pandémie de Covid-19 pandémie ait changer radicalement la gestion gérons nos dépenses - en particulier en 2020 – l’exercice biennal 2021-22 a vu le CSAO revenir lentement vers un fonctionnement et une gestion de ses ressources plus typique. Nous avons été progressivement en mesure de réaliser plus de missions, d’organiser et de participer à plus d’événements. Nous avons exécuté 89 % du budget prévu pour 2021-22, comme détaillé dans le tableau consolidé des rapports financiers de 2021 et 2022. Le Secrétariat bénéficie de sa position au sein de l’OCDE dans la réalisation de ses résultats, en continuant à travailler avec le pôle développement et en développant des synergies avec le Forum International des Transports (FIT) et la Division Environnement au cours de la période biennale. La déclaration du Conseil ministériel de l’OCDE de 2022 renforce la nécessité et l’engagement de poursuivre la mobilisation en Afrique. Le Secrétariat y a contribué notamment sur la manière dont l’OCDE et ses Membres pourraient collaborer avec le continent africain et contribuer à l’amélioration de son développement économique et de son bien-être social.

2021-2022 ACTIVITÉS

BUDGET

DÉPENSES

Sécurité alimentaire et nutritionnelle Systèmes alimentaires Planification urbaine et territoriale Approches multi-scalaires et territorialisées sur la sécurité humaine Dialogue régional sur les politiques Frais généraux

Total

% DÉPENSES

Le Secrétariat produit et collecte des données et de l’information afin de produire des analyses fondées sur des bases factuelles et de nourrir le dialogue politique. L’absence de données statistiques ou leur faible qualité nécessite des investissements dans l’innovation, le traitement de sources multiples, l’application de techniques de modélisation spatiale ou des méthodes complémentaires, comme l’analyse des réseaux sociaux. Le biennium 2021-2022 a soulevé de nombreux défis, alors que des crises interconnectées se diffusent dans la région. La sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN) devient une urgence permanente. Le Secrétariat a entrepris de renforcer les informations disponibles pour améliorer les efforts de coordination et d’alignement dans ce domaine, par l’ajout de plus de 500 nouveaux projets

et programmes dans la base de données des interventions de SAN et de résilience, ainsi que par des contributions destinées à faciliter le dialogue sur la coordination. Ces outils aident les parties prenantes à travailler autrement en renforçant leurs synergies et les complémentarités. Face à l’aggravation de la situation posée par le Covid-19, le Secrétariat a également rassemblé des données sur les effets de la pandémie sur la situation pastorale. Sa contribution à l’élaboration d’une nouvelle version du « Menu des instruments de prévention et gestion des crises alimentaires et nutritionnelles » a donné l’opportunité de mettre en avant non seulement des outils de prévention mais aussi des mécanismes de réponse holistique aux chocs alimentaires que ceux-ci soient d’origine sécuritaire, économique ou climatique. L’urbanisation en cours transforme les territoires, les économies et les sociétés. Les zones rurales qui sont plus proches et mieux connectées aux petites et grandes villes affichent une économie locale plus productive, disposent d’un meilleur accès aux services et aux infrastructures et sont plus résilientes face au changement climatique. Il est donc crucial d’analyser l’intensification des liens qui se tissent entre les zones rurales et urbaines afin d’éclairer l’action publique aux niveaux aussi bien local que national et régional. Les espaces verts fournissent des services écosystémiques qui accroissent la résilience des villes au changement climatique et renforcent leur viabilité. Ils contribuent à atténuer les effets des phénomènes météorologiques extrêmes et à réduire la pollution atmosphérique. Or ces espaces disparaissent à mesure que les agglomérations urbaines se densifient. Face à l’absence généralisée de données sur les espaces verts dans les agglomérations urbaines d’Afrique, le Secrétariat a tenté de répondre à cette lacune par la combinaison de la carte

WorldCover de l’Agence spatiale européenne à sa base de données Africapolis (résultats disponibles sur la plateforme CARTA du CSAO).

L’augmentation de nombre de missions et d’évènements nous a aussi permis de revenir à une distribution plus typique des dépenses personnel (60%) et hors personnel (40%).

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%

ÉCLAIRER L’ACTION

La cartographie précise issue de ce travail jette les bases à l’utilisation d’indicateurs simplifiés (pourcentage d’espaces verts disponibles ou d’arbres dans près de 6 000 agglomérations). De futures mises à jour sont en cours et seront effectuées régulièrement lorsque de nouvelles données seront disponibles, ce qui permettra aux acteurs de suivre les évolutions sur la durée.

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L’Indicateur des dynamiques spatiales des conflits (SCDi) développé par le Secrétariat mesure et catégorise la géographie des violences politiques en Afrique du Nord et de l’Ouest et illustre les schémas de violence qui évoluent rapidement. Il s’appuie sur les données ACLED (Armed Conflict Location & Event Data) depuis 1997 jusqu’à aujourd’hui. Le SCDi combine l’intensité des violences et leur concentration pour identifier et cartographier quatre catégories de conflits ainsi que leur évolution aux niveaux régional et local. Le Secrétariat s’efforce de produire des données toujours plus à jour et plus granulaires pour mieux mesurer, comprendre et accompagner ces situations en constante évolution, dont voici quelques exemples.

Prévenir et gérer efficacement les crises alimentaires Dans un contexte marqué par des crises alimentaires et nutritionnelles multifactorielles liées à la combinaison de chocs de divers ordres (climatiques, socio-économiques, sécuritaires, sanitaires), les signataires de la Charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest (Charte PREGEC) ont souhaité en 2022 mettre à jour le menu des instruments de gestion des crises alimentaires adopté en 2013.

Le Secrétariat a apporté son concours à la formulation d’une nouvelle version de cet outil, appelé dorénavant « Menu des instruments de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles », qui s’articule autour de quatre volets : appui aux mécanismes de Prévention appui direct et immédiat aux populations touchées par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle appui à la réhabilitation, à la reconstruction des moyens d’existence et à la résilience systèmes d’information pour la prévention, la préparation et la gestion des crises alimentaires et nutritionnelles.

« Sur les indicateurs de violence, si par exemple, si on suspecte un impact au Nord Nigeria de conflits se situant dans la zone des trois frontières, on dispose de cet indicateur qui nous permet d’indiquer clairement que les deux dynamiques risquent de percoler à terme. Cet indicateur nous permet de délivrer un message fort basé sur les faits ».

Plus ambitieux que la version 2013, le Menu des instruments permet de mieux répondre aux besoins spécifiques des femmes, notamment les cheffes de famille, déplacées internes, veuves, divorcées, handicapées, âgées ou victimes de violences sexuelles. Certains des outils prévoient une représentativité plus équilibrée des hommes et des femmes pour la conduite des enquêtes et autres de collecte des données. Le Menu met également à disposition des utilisateurs des méthodes d’intervention adaptées aux zones difficiles d’accès en proie à l’insécurité, y compris au profit des personnes déplacées internes.

Jérôme Spinoza, Secrétaire général adjoint de la Coalition pour le Sahel

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Visualiser l’urbanisation en Afrique La plateforme de données interactive Africapolis fournit aux responsables publics et aux chercheurs des données, des visualisations et des éclairages sans équivalent des dynamiques urbaines en Afrique. Les 9 200 agglomérations urbaines répertoriées dans les 54 pays du continent depuis 1950 soulignent la diversité et l’ampleur des transformations en cours, mettant à disposition une base solide pour la conception de politiques de développement territorial et urbain durables et inclusives. Au cours du biennium, en plus de son nouveau design, la plateforme s’est enrichie de nouveaux contenus et fonctionnalités, notamment : quatre nouveaux pays, des profiles pays et de nouvelles données et visualisations.

QUATRE NOUVEAUX PAYS l’île Maurice

En parallèle, le Secrétariat a procédé à la mise à jour du portail consacré à l’urbanisation africaine qu’il anime sur le site Internet de l’OCDE. Ce portail permet d’accéder à des informations clés, des points de vue de spécialistes et des données pointues. Il profite de la visibilité de l’OCDE, plus large que celle du CSAO.

TROIS NOUVELLES SECTIONS

1 PROFILS PAYS 2 EXPLORATEUR DE DONNÉES

les Seychelles les Comores

La fréquentation croissante de la plate-forme Africapolis par des chercheurs qui travaillent dans des domaines comme la santé, l’alimentation, l’environnement et l’éducation en démontre la relevance croissante dans l’analyse des dynamiques de développement.Le Secrétariat n’a de cesse d’affiner les données et de les mettre à jour afin d’en accroître la pertinence pour les analyses tout comme les politiques et actions. Le développement de nouveaux paramètres permettra d’intégrer sur la durée d’autres données produites par le CSAO ou par d’autres. De nouvelles collaborations, de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux visuels cartographiques seront également ajoutés au site.

Madagascar

3 VISUALISATION DE DONNÉES

Les 54 pays africains sont désormais tous couverts.

DE NOUVELLES DONNÉES ET VISUALISATIONS : données démographiques historiques depuis 1950 indicateurs socioéconomiques

VISITEURS DE 175 PAYS

UTILISATEURS AFRICAPOLIS :

visualisation interactive de la croissance de la population et des agglomérations.

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Cartographier les transformations territoriales en Afrique (CARTA)

Poursuivre la veille sanitaire

Le Secrétariat a développé la plateforme Cartographier les transformations territoriales en Afrique (CARTA), qui se veut un outil interactif d’informations d’aide à l’élaboration de politiques.

Dès l’apparition de la pandémie de Covid-19, le Secrétariat a mis en place une veille. Au cours du dernier biennium, quatre notes ont été produites et transmises en avant-première aux Membres et partenaires financiers du Club. Elles dressent un état des lieux de la fourniture de vaccins par le truchement des mécanismes bilatéraux et multilatéraux, dont la facilité COVAX, et présentent les stratégies de diversification adoptées par les pays de la région

Elle offre une vision dynamique de l’évolution de plusieurs dimensions d’insécurité et favorise une compréhension comparée des vulnérabilités territoriales. Ainsi l’onglet Sécurité décrypte le rôle particulier des frontières dans la diffusion des conflits dans le Nord et l’Ouest de l’Afrique. Il décline le SCDi de 1998 à nos jours à une échelle locale tout comme régionale. L’onglet Climat cartographie la disponibilité d’espaces verts ou la compacité des agglomérations urbaines sur le continent à partir d’Africapolis. Les données et cartes disponibles sur la plateforme seront mises à jour et sont disponibles au téléchargement. Une approche genrée est privilégiée si les données existent de manière désagrégée. C’est déjà le cas pour l’analyse des conflits.

ESPACE VERTS

dans l’approvisionnement de vaccins. Elles analysent les obstacles à la généralisation

de la vaccination et la comptabilisation des cas d’infection et de décès liés à la pandémie et font ressortir les difficultés de rendre compte des évolutions réelles de la pandémie, notamment des vagues plus récentes liées à la propagation du variant Delta au sein des populations jeunes. Faute de statistiques fiables, des estimations montrent que le nombre de contaminations serait sept fois supérieur et le taux de surmortalité six fois supérieur à celui enregistré par les autorités. L’Afrique reste le continent le moins vacciné au monde et ce retard important est dû à une combinaison de facteurs, notamment le manque d’approvisionnement en vaccins, la mésinformation, l’inadéquation des dépistages et la faiblesse des systèmes de santé.

L‘Afrique de l’Ouest rend l’usage du masque obligatoire

Malgré le manque d’approvisionnement en vaccins, environ

73 millions

ESPACES VERT URBAIN

0%

50%

« CARTA est un outil facile d’utilisation qui me permet d’extraire des données pour mon usage professionnel. J’aimerais que cet exercice soit réalisé pour l’ensemble (des pays) de l’OCDE. » Catherine Gamper, spécialiste de l’adaptation au changement climatique à la Direction de l’environnement de l’OCDE

1818

Plus d’un tier des ménages ouest-africains ne disposent pas d’une installation de base pour le lavage des mains

100%

de doses de vaccins disponiblesdans les pays d’Afrique de l’Ouest n’ont pas été administrées entre février 2021 et mars 2023 en raison d’un retard de déploiement de la campagne (dû à un manque d’approvisionnement) et de surtout du fait la mésinformation ou de l’« infox ».

Les dépenses du filet de sécurité sociale restent trop faibles

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DÉCRYPTAGE

Les données récoltées et analysées, permettent de décrypter les transformations et les crises, information nécessaire aux politiques régionales et aux stratégies internationales. En voici quelques illustrations : Les changements dans les niveaux de précipitations, la fréquence accrue de températures extrêmes et l’élévation du niveau de la mer ont déjà un impact grave sur les territoires africains. Face à ces grandes variations et aux vulnérabilités liées au changement climatique et à ses effets, les villes africaines doivent continuer à se préparer. Cela parait primordial d’autant plus qu’elles auront un rôle primordial à jouer au regard de la rapidité de la croissance démographique et de l’urbanisation s’opérant dans des pays où les systèmes économiques et sociaux sont déjà fragiles. Les effets du changement climatique varient d’un pays à l’autre et d’une ville à l’autre. Bien qu’il s’agisse d’un défi mondial commun, les réponses au changement climatique, tant en termes d’adaptation à celui-ci que d’atténuation de ses effets, dépendent des actions locales et de leur coordination avec les administrations publiques nationales. Pour le continent africain, extrêmement exposé aux effets du changement climatique alors qu’il contribue moins que les autres continents aux émissions mondiales, il est indispensable de concevoir une transition juste, notamment sur le plan énergétique, dans la lignée du Sommet Union européenne-Union africaine et de la 26e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow. Tant les disparités que les opportunités géographiques ne sont pas encore suffisamment informées, ce qui entrave une action climatique systématique et efficace. Les données environnementales produites et cartographiées des 9 200 agglomérations urbaines identifiées par Africapolis, visent à alimenter des politiques publiques climatiques et urbaines plus intégrées. Pour ce qui est du dernier rapport sur la sécurité, les données spatiales et leur analyse illustrent au niveau régional l’évolution de la violence des zones urbaines vers les zones rurales toutefois à la périphérie des villes secondaires notamment . Cette évolution résulte du recul de la violence en Afrique du Nord (principalement urbaine) et de l’essor de groupes extrémistes en Afrique de l’Ouest. Il est donc essentiel d’élaborer des politiques de sécurité locales et contextualisées intégrant la dimension spatiale. Sur la base des informations relatives aux perspectives alimentaires et nutritionnelles produites par le RPCA (cogéré par le Secrétariat et le CILSS), le CSAO, l’Union européenne et le Réseau mondial contre les crises alimentaires ont coorganisé le 6

avril 2022 à Paris une consultation de haut niveau sur le thème : « Crises alimentaires et nutritionnelles dans les régions du Sahel et du lac Tchad : agir maintenant et mieux se mobiliser à l’avenir en Afrique de l’Ouest ».

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Le renforcement des synergies intersectorielles et des programmes d’assistance intégrés est indispensable pour pouvoir accroître l’efficacité des interventions d’urgence. L’assistance alimentaire et nutritionnelle à elle seule ne résoudra pas ces crises et doit impérativement s’accompagner d’interventions qui visent à s’attaquer à leurs causes profondes et à prendre en compte la transformation structurelle qui s’opère dans la région, notamment son urbanisation. Les villes et les liens qu’elles entretiennent avec le milieu rural continueront de jouer un rôle central et resteront au cœur de la production et de l’analyse de données au sein du Secrétariat. Une meilleure compréhension de ces liens permettra au Secrétariat d’anticiper les transformations économiques, développementales et sociétales qui se produisent dans la région et de répondre ainsi aux missions que lui ont confiées les Membres du CSAO, en contribuant notamment à l’objectif global d’amélioration des conditions de vie des populations du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.

Transformations des systèmes alimentaires

En avril 2021, le Secrétariat a publié une note dans la série Maps & Facts intitulée « Transformations des systèmes alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest : implications pour les populations et les politiques ». Celle-ci analyse les implications pour les populations et les politiques du triple défi auquel sont confrontés les systèmes alimentaires de la région :

ASSURER LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE POUR TOUS S’ADAPTER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE GARANTIR UN DEVELOPPEMENT INCLUSIF Les systèmes alimentaires se complexifient et connaissent de profonds changements liés à la croissance démographique, à l’urbanisation et aux changements d’habitudes de consommation qui en découlent. Si l’économie alimentaire reste vulnérable, elle représente également de nouvelles opportunités commerciales et d’emplois. Le Secrétariat facilite une compréhension commune de ces enjeux et œuvre en faveur de la formulation de politiques publiques alimentaires innovantes par l’adoption d’une approche globale afin de promouvoir des systèmes alimentaires durables et résilients au niveau régional. Ces analyses des changements structurels ont permis de mettre en évidence les spécificités de la région et de contribuer à l’agenda alimentaire international. Ainsi, en amont du Sommet des Nations Unies sur les Systèmes alimentaires, le Secrétariat a réuni le 18 mai 2021 les Membres et partenaires financiers du Club pour leur présenter ses réflexions, discuter des défis propres à la région et échanger autour de la contribution africaine au processus d’élaboration de la position commune africaine facilitée par l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD).

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UN TIERS DES ENFANTS D’AFRIQUE DE L’OUEST DE MOINS DE 5 ANS SOUFFRE D’UN RETARD DE CROISSANCE Prévalence du retard de croissance chez les enfants par quintile de richesse des ménages (% d’enfants, 0-5 ans) 20% des ménages les plus pauvres / 20% des ménages les plus riches

Le CSAO est un partenaire précieux pour le programme de Commerce agricole de la CEDEAO (EAT) de la GIZ en raison de sa solide compréhension analytique de la dynamique commerce alimentaire - sécurité alimentaire et nutritionnelle - développement, qui repose sur une longue expérience de travail dans la région et sur des éclairages transversaux. Ce programme produit des résultats durables qui se feront encore sentir dans 5 ans. Il a une influence sur divers travaux de la GIZ, notamment sur les politiques d’alerte précoce en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle et sur les politiques agricoles. Arne Schuffenhauer, GIZ, responsable du programme EAT

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Selon le rapport mondial sur la nutrition, près d’un tiers des enfants d’Afrique de l’Ouest souffriraient d’un retard de croissance en 2020, avec un lien étroit entre le retard de croissance et la richesse des ménages. Les taux moyens de retard de croissance des enfants vivant dans les ménages les plus pauvres sont plus de deux fois supérieurs à ceux des enfants vivant dans les ménages les plus riches. L’écart le plus important se situe au Nigeria, où la prévalence du retard de croissance est trois fois plus élevée dans les ménages les plus pauvres. Un accès insuffisant aux soins de santé, une mauvaise éducation nutritionnelle et une alimentation de mauvaise qualité sont des facteurs déterminants. Les aliments nutritifs sont hors de portée financière de la grande majorité des ménages pauvres de la région, et il existe de grandes différences entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci en termes d’abordabilité. Des mesures plus appropriées, y compris des mesures d’accessibilité aux aliments, seraient nécessaires pour traiter plus efficacement les questions de sécurité alimentaire et de nutrition.

LES FEMMES DE L’ÉCONOMIE ALIMENTAIRE DANS LE SAHEL ET L’AFRIQUE DE L’OUEST Part de l’emploi des femmes par segment alimentaire Nourriture hors foyer

Transformation des aliments

Marketing alimentaire

Agriculture alimentaire

* Afrique de l’Ouest fait référence aux sept pays mentionnés dans le graphique.

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Rayonnement économique des villes africaines Les villes africaines connaissent la croissance la plus rapide du monde; elles sont les plus jeunes et sont en constante évolution. Au cours des prochaines décennies, leur impact sur le paysage économique, social et politique sera probablement profond. L’urbanisation induit des opportunités exceptionnelles pour accélérer les progrès vers les objectifs de dévelop- pement durable de 2030 des Nations Unies et l’agenda de développement 2063 de l’Union africaine (UA). Elle peut stimuler l’intégration continentale par la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).Pour autant, elle pose aussi aux responsables publics africains des défis importants dans les domaines de la planification, de la gestion et du financement de la croissance urbaine, tant au niveau local que national. En collaboration avec la Banque africaine de développement BAD et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA-ONU), le rapport « Dynamiques de l’urbanisation africaine 2022 : Le rayonnement économique des villes africaines » apporte un éclairage nouveau sur les économies urbaines africaines, d’une portée et d’une précision sans équivalent. En s’appuyant sur données issues de 2 600 villes de 34 pays, le rapport montre que l’urbanisation contribue à l’amélioration des performances économiques et du niveau de vie.

4 MILLIONS D’INDIVIDUS ET ENTREPRISES

2 600 VILLES

Dans la plupart des dimensions socio-économiques, les villes obtiennent des résultats nettement supérieurs aux pays où elles se trouvent. Les bénéfices de l’urbanisation sur les résultats économiques et sur la qualité de vie s’étendent au-delà des limites de la ville et profitent aux zones rurales proches. De plus, des pôles urbains transnationaux émergent le long des côtes ainsi qu’à l’intérieur du continent, offrant de nouvelles opportunités de développement économique. L’urbanisation améliore l’accès aux infrastructures et aux services et offre de meilleures perspectives économiques car elle augmente le niveau de vie des individus et favorise l’accroissement du capital humain nécessaire à la transition vers une économie d’emplois de qualité. Les villes constituent aussi des incubateurs de changements socio-culturels. En termes de politiques publiques, il s’agit de capitaliser le potentiel économique et social des villes africaines afin qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle de centres économiques et de vecteurs d’intégration du continent.

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34 PAYS

Données propices à des politiques publiques plus durables dans les villes Dans un contexte de croissance démographique et d’urbanisation rapide du territoire, les villes africaines doivent continuer à se préparer aux risques climatiques actuels et futurs sous peine de cristalliser des systèmes déjà fragilisés. Afin de promouvoir la résilience des villes face au changement climatique, le Secrétariat a réalisé une étude sur le rôle des espaces verts en milieu urbain et leur contribution potentielle à des stratégies de lutte contre la pollution atmosphérique et les vagues de chaleur pour in fine améliorer à la qualité de vie des habitants. Cette étude est publiée en anglais dans la note ouest-africaine (NOA) « Renforcer la résilience des villes africaines face au changement climatique : Le rôle des espaces verts ». À l’occasion de la 27e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), le Secrétariat a été désigné par le Secrétaire général de l’OCDE pourintégrer la délégation présente. Le CSAO est intervenu lors de deux sessions organisées par le Pavillon africain de la mobilité climatique, où son analyse des contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays d’Afrique de l’Ouest a été discutée, avant d’être publiée sous la forme d’une NOA, “L’Afrique de l’Ouest et l’agenda climatique mondial”. Le Secrétariat a aussi organisé un séminaire sur le thème « Utiliser les données pour améliorer la résilience et la durabilité des villes africaines

» avec Luc Gnacadja, Fondateur et Président du Think-and-do-tank GPS-Dev (Gouvernance et Politiques pour le développement durable), Ancien Secrétaire Exécutif de la CNULCD, Ancien Ministre de l’Environnement, du Logement et de l’Urbanisme du Bénin comme intervenant clé, qui a introduit le rôle que les données pourraient jouer dans le renforcement de l’adaptation dans les villes africaines.

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Réseaux, frontières et conflits

« La rareté des espaces verts urbains n’est pas un problème énorme auquel le Sahel est actuellement confronté, alors que de nombreuses villes des pays de l’OCDE commencent à donner la priorité aux espaces verts pour réduire l’exposition des zones urbaines aux risques liés au climat et atténuer les effets du changement climatique. Les données obtenues du Ghana sont aussi utiles pour éclairer le contexte de l’OCDE qu’elles le sont au Sahel. Inversement, grâce à une collaboration plus étroite, nous espérons être source d’inspiration pour les zones urbaines du Sahel en démontrant les mesures prônées par plusieurs villes dans le contexte de l’OCDE. Je nous encourage donc vivement à continuer de collaborer et d’échanger sur cette question et les questions connexes. » Catherine Gamper, spécialiste de l’adaptation au changement climatique à la Direction de l’environnement de l’OCDE

Dans le domaine sécuritaire, le Secrétariat utilise la méthodologie d’analyse des réseaux sociaux DSNA (Dynamic Social Network Analysis). Celle-ci permet d’appréhender la grande complexité et l’extrême volatilité qui caractérisent les dynamiques de conflits par le prisme relationnel. La DSNA est un outil utile pour apprécier le capital social d’individus ou de groupes par l’observation des relations qu’ils entretiennent avec d’autres acteurs du réseau et de leur incidence sur l’évolution des violences (voir « Réseaux de conflit en Afrique du Nord et de l’Ouest »). Le Secrétariat privilégie également depuis de nombreuses années l’adoption d’une approche spatiale des enjeux sécuritaires, mêlant études de cas et perspectives régionales afin de formuler des options territorialisées sur l’action à mener ;grâce à l’indicateur SDCi, qui cartographie les violences dans le temps (depuis la fin des années 90 jusqu’à aujourd’hui) et dans l’espace à partir des données géospatiales d’ACLED. Flexible, cet outil facilite l’étude comparée entre zones de conflits (lac Tchad, Liptako-Gourma et Libye). Il a été développé dans le rapport sur la sécurité « Frontières et conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest » lancé lors de la Conférence de Munich sur la sécurité en février 2022 à l’occasion d’un événement intitulé « Les zones frontalières sont-elles plus violentes ? Cartographie de la violence politique en Afrique du Nord et de l’Ouest ». Ce rapport de la série des Cahiers de l’Afrique de l’Ouest se penche sur les violences au sein des espaces transfrontaliers qui se sont intensifiées ces deux dernières années et le développement de la dimension transnationale des groupes violents, ce qui étoffe son analyse d’une autre dimension spatiale essentielle. Ces éléments, ainsi que d’autres aspects des travaux du Secrétariat, ont alimenté la contribution du Secrétariat à la 10e Réunion des envoyés spéciaux pour le Sahel qui s’est tenue les 16 et 17 mars 2022 dans les locaux de Casa Africa, à Las Palmas de Gran Canaria, Espagne, sur le thème « Leçons tirées de la coopération avec nos partenaires et propositions d’avenir au Sahel ».

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« L’outil SDCi permet aux responsables de l’action politique de localiser les principales zones de violence et d’en suivre l’évolution dans le temps et dans la région… L’approche du CSAO est tout à fait unique parmi les grands partenaires internationaux, qui ont tendance à se concentrer sur des programmes à court terme à visée uniquement nationale. Cet intérêt soutenu pour la région nous a permis d’établir une relation de confiance… dont les bénéfices pour la communauté des responsables de l’action publique sont manifestes. » Olivier Walther, professeur adjoint au Département de géographie de l’Université de Floride

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ÉLARGIR LE RAYONNEMENT

Les enseignements tirés de nos analyses alimentent un dialogue multi-acteurs riche et inclusif, en phase avec les préoccupations des Membres et partenaires financiers du Club et avec l’agenda international du développement. En 2021-2022, le Secrétariat s’est attaché à élargir son cercle étroit de partenaires en ciblant les domaines d’engagement des parties prenantes afin d’accroître l’impact de ses actions. Avec la fin de l’ère des confinements post Covid-19, nous avons réalisé 42 missions au cours de la période 2021-2022 (principalement en 2022). Nos efforts de poursuite et d’approfondissement des discussions sur la situation au Sahel et en Afrique de l’Ouest vue sous des perspectives multiples et complémentaires se sont attachés à élargir la variété d’acteurs notamment de la recherche et de la société civile et à poursuivre les dialogues de haut niveau. Le Secrétariat a coorganisé de nombreux dialogues politiques sur toute une variété de thématiques, notamment la lutte contre la discrimination de genre dans les institutions sociales et les crises alimentaires et nutritionnelles dans les régions du Sahel et du lac Tchad. Il a également apporté son soutien à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en animant une consultation sur les systèmes d’élevage mobiles et a présenté ses travaux sur la sécurité lors de nombreuses rencontres de haut niveau, telles que le séminaire de la Coalition pour le Sahel et la Conférence de Munich sur la sécurité.

« Le CSAO est un partenaire précieux pour le programme Commerce agricole de la CEDEAO (EAT) du fait de son mandat d’action au sein de la CEDEAO et dans la région de l’Afrique de l’Ouest, qui s’ajoute aux relations de longue date qu’il entretient avec des institutions régionales telles que l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA) et le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) pour renforcer davantage l’engagement et la collaboration. Ses plateformes de dialogue multi-acteurs existantes sont la garantie de son impact transversal, durable et pérenne » Arne Schuffenhauer, responsable du programme EAT

Au cours du biennium, le Secrétariat a également renforcé ses relations étroites avec la communauté des chercheurs, dont la présentation d’Africapolis lors du séminaire « African Urbanities » organisé par ETH Zurich et l’organisation de la réunion annuelle du Réseau de recherche sur les zones frontalières africaines (ABORNE) à l’OCDE. Cette dernière a donné lieu à des échanges sur la sécurité et les échanges transfrontaliers afin, afin d’éclairer les débats sur le libre-échange et l’ouverture des frontières qu’il induit. Mettant à profit sa position au sein de l’OCDE et de son pôle développement, le Secrétariat a participé à et organisé de nombreux événements notamment au Conseil de l’OCDE et en tant que partenaire pour l’organisation du Forum international sur les perspectives africaines de 2021 aux côtés du Centre de développement (DEV) de l’OCDE, de la République du Sénégal et de l’Union africaine. Le Secrétariat a organisé quatre réunions du RPCA, et contribué à de nombreux DevTalks et à des rencontres du Comité d’aide au développement (CAD). Le Secrétariat participe également de manière continue à la définition du partenariat Afrique-OCDE, en contribuant aux consultations des principales parties prenantes dans la construction du partenariat entre l’OCDE avec l’Union africaine. En continuant à diversifier les interlocuteurs et le réseau du Secrétariat, la portée de ses travaux s’élargit, permettant ainsi aux Membres et partenaires de mieux intégrer et de manière systématique les questions relatives au Sahel et à l’Afrique de l’Ouest.

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Mobiliser et agir collectivement face aux crises alimentaires Ancrées dans un substrat de fragilités et d’incertitudes climatiques, économiques, sociales et sécuritaires, les crises alimentaires et nutritionnelles continuent, d’année en année, d’ébranler les pays du Sahel et l’Afrique de l’Ouest. En outre, les leaders de la région et leurs partenaires se sont collectivement engagés pour opérationnaliser le nexus humanitaire-développement-paix (HDP), avec en priorité les pays de la ligne de front sécuritaire (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Tchad plus Cameroun). Depuis, le Secrétariat et le CILSS animent un groupe de travail en appui aux organisations régionales et aux gouvernements concernés. Une Note d’orientation et un Guide méthodologique de conduite de diagnostics inclusifs HDP à l’usage des pays ont d’ores et déjà été produits.

Entre 2018 et 2022, le nombre de personnes ayant besoin d’assistance alimentaire est passé d’une dizaine de millions à près d’une quarantaine de millions. En 2022, en partenariat avec l’Union européenne et le Réseau mondial contre les crises alimentaires, le CSAO a lancé un appel à la mobilisation. Le 6 avril 2022, des centaines d’institutions et de leaders politiques se sont réunis autour de S.E.M. Mohamed Bazoum, président de la République du Niger et président du Comité de haut niveau sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au sein de l’UEMOA. Des engagements ont été pris à hauteur de 2.5 milliards EUR, dont 53 % émanaient des Membres et partenaires du CSAO, pour répondre en urgence à la crise actuelle et en faveur de politiques structurelles qui s’attaquent aux causes profondes des crises alimentaires et nutritionnelles ; en décembre 2022, ces engagements ont été réévalués à 4.58 milliards EUR. Ils s’ajoutent aux annonces et aux efforts politiques déjà déployés par les pays de la région et leurs organisations régionales.

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Concertations sahéliennes Les Concertations sahéliennes sont un exercice pilote de prospective à un moment où la région traverse des crises sans précédent. Cet exercice a donné lieu à des échanges francs et ouverts entre les acteurs de la région sur la complexité de concilier développement, gouvernance et stabilité, autant d’aspects qui sont énoncés dans le livret « Sahel à venir : ce qu’aujourd’hui nous apprend sur demain ». Placées sous l’égide du Dr. Ibrahim Assane Mayaki, les Concertations ont été pilotées par un Conseil consultatif. Face à l’ampleur des mutations qui sont à l’œuvre et des enjeux en présence, les administrations nationales n’ont pas et n’auront pas les moyens de produire et de mettre en œuvre à elles seules toutes les politiques publiques qui s’imposent. Comment des mutations peuvent-elles s’opérer ? Pluralité des acteurs, alliances nouvelles, hybridité des pratiques et reconfiguration des territoires sont autant de pistes de changement que les concertations ont formulées et que l’on retrouve dans les Actes des Concertations sahéliennes « Niamey, et les deux jours ? ». Dans le prolongement de cet exercice, le Secrétariat a entrepris dès octobre 2022 de co-produire avec le think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest (WATHI) une série de dialogues et de tables rondes virtuels. Ces conversations grand public font intervenir des spécialistes autour de thématiques cruciales pour l’avenir des sociétés sahéliennes, en inscrivant les savoirs au cœur du débat tout en disséminant à un vaste public les réflexions et les expériences du terrain des invités regroupant universitaires, acteurs de la société civile, professionnels du secteur privé et représentants des autorités. Toutes les conversations peuvent être consultées en ligne sur une page qui y est consacrée du site Internet de WATHI.

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Réseau international pour la recherche sur les frontières africaines Fondé en 2007, ABORNE est un réseau interdisciplinaire de chercheurs intéressés par tous les aspects des frontières internationales et des phénomènes transfrontaliers en Afrique. Les 19 et 20 septembre 2022, le Secrétariat a accueilli à l’OCDE la réunion annuelle les membres du Réseau. À cette occasion, une soixantaine de participants ont échangé autour des dimensions sécuritaires et du commerce transfrontalier afin de favoriser une meilleure compréhension des zones frontalières et d’éclairer les débats autour du libre-échange et des frontières. Par des discussions entre chercheurs issus de disciplines diverses et par la présentation d’études, ABORNE élabore des perspectives théoriques communes autour des phénomènes transfrontaliers africains. Les initiatives d’intégration du continent et de facilitation des échanges se buttent à l’informalité des échanges à l’intérieur de ces espaces denses de circulation de personnes et de marchandises, ainsi qu’à la détérioration de la situation sécuritaire. Ces difficultés ont des répercussions majeures sur les moyens de subsistance locaux, les chaînes d’approvisionnement régionales et les réseaux commerciaux mondiaux.

« Nous avons été contactés à de nombreuses reprises par d’autres organisations internationales désireuses d’utiliser notre travail, en particulier la Coalition pour le Sahel, le Réseau de recherche sur les zones frontalières africaines (ABORNE), les Nations Unies, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et la Banque mondiale, qui souhaitent appliquer notre indicateur de la dynamique spatiale des conflits. »

Développer des synergies avec le Forum international des transports (FIT) et des chercheurs ghanéens sur les femmes et l’accessibilité urbaine Les villes africaines s’urbanisent rapidement. Souvent, les infrastructures de transport ne parviennent pas à se développer au même rythme, ce qui conduit à des villes déconnectées et difficiles d’accès. Ce manque d’accessibilité se répercute particulièrement sur les femmes en raison de leurs besoins de mobilité différents. Or des villes accessibles (à tous) ouvrent la voie à des systèmes de transport durables et résilients. Pour autant, il est souvent difficile d’offrir aux villes des options faute des données disponibles, en particulier en ce qui concerne le genre. Le Secrétariat travaille avec des chercheurs ghanéens de l’Université du Ghana et de Manchester pour collecter à Accra et à Kumasi des données sur la mobilité genrées afin d’élaborer un modèle spatial de l’accessibilité des villes par différents modes de transport à divers services tels que les hôpitaux, les écoles, les nœuds de transport, les marchés et les espaces verts. Ce travail est effectué en collaboration avec ITF, lui aussi accueilli par l’OCDE. Ce travail est en cours.

« Cette collaboration fructueuse a été pour nous l’occasion de changer notre façon de travailler. Nous avons pu former nos étudiants à de nouvelles techniques de collecte de données de terrain… ainsi qu’à l’éthique de la recherche. Nous disposons des ressources nécessaires pour les former à devenir des spécialistes du genre en tenant compte de la sensibilité à la dimension du genre dans la formulation de recherche et la collecte de données. De la place a été faite pour intégrer dorénavant de nouveaux enseignements dans la recherche future ». Dr Ernest Agyemang, maître de conférences au Département de géographie et Dr Kwadwo Owusu, directeur du Centre d’études sur le changement climatique et la durabilité à l’Université du Ghana (Accra)

Olivier Walther, professeur adjoint au Département de géographie de l’Université de Floride

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Une approche plus genrée Le Secrétariat intègre le genre de manière transversale dans tous ses programmes. Il y consacre de nombreux travaux que ce soit par l’exploitation de données ventilées par sexe, la publication d’analyses de la problématique du genre ou la facilitation de discussions et de sensibilisation sur cette thématique. Une page dédiée au genre a été développée sur le site Internet du CSAO. Elle répertorie les travaux du Secrétariat et liste également les politiques de genre des Membres et partenaires financiers du CSAO, ainsi que les plans d’action nationaux de pays ouest-africains.

Les principales réalisations du biennium 2021-22 comprennent : Un DEV Talk sur le thème « Femmes et conflits en Afrique de l’Ouest », coorganisé avec le Centre de développement (DEV) de l’OCDE dans le cadre de l’édition de 2021 de l’initiative « Mois de mars pour la parité » de l’OCDE. Une série de dialogues techniques et politiques sur les politiques publiques dans le cadre de l’indice « Institutions sociales et égalité homme-femme » (SIGI), initiée en partenariat avec DEV et en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA-ONU). Une table ronde sur le thème « Promouvoir les normes de genre positives en Afrique : des approches efficaces pour les partenaires de développement », coorganisée avec DEV et la Direction du développement et de la coopération (Suisse) (DDC) dans le cadre de la série d’événements de l’OCDE célébrant la Journée internationale de la Femme 2022. Une NOA sur « La violence politique à l’encontre des femmes en Afrique de l’Ouest ». Une NOA sur « Le financement de l’égalité femmes-hommes au Sahel et en Afrique de l’Ouest ». Une série de podcasts intitulée « Les femmes, agentes du changement » qui vise à mieux corréler l’analyse factuelle du Secrétariat aux efforts de plaidoyer, de dialogue et d’échange de connaissances à travers des récits de femmes issues de la société civile. Le Secrétariat travaille également avec des chercheurs ghanéens à la collecte de données pour une enquête sur la mobilité sensible à la dimension du genre à Accra et à Kumasi (voir plus haut).

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QUARANTE ANS PLUS TARD... ET LA FIN D’UNE ÉPOQUE

L’Afrique de l’Ouest est bien différente de ce qu’elle était il y a quatre décennies lorsque j’y ai débuté ma carrière. Et ce ne sont pas les crises, climatiques et alimentaires, sécuritaires, sanitaires qui en ont changé le visage. La mutation fondamentale, celle que l’Histoire retiendra, est la croissance démographique : 300 millions d’âmes supplémentaires. La région n’aura mis que 35 ans pour doubler sa population. En Europe, un tel basculement avait pris deux siècle (de la moitié du XVIII° à la moitié du XX°) ; 70 ans en Chine (entre 1900 et 1970).

Le sens de l’Histoire Ce qui se passe en Afrique intertropicale est sans équivalent dans l’Histoire mondiale. L’extraordinaire croissance du nombre d’habitants révolutionne la géographie humaine, les économies, les sociétés. Les mutations sont si rapides que territoires, économies et sociétés sont en perpétuel déséquilibre. Les oscillations de ces déséquilibres sont enfin amplifiées par des désordres mondiaux auxquels les autres parties du monde ont échappées lorsque la croissance de leur population était au plus haut. L’Histoire retiendra que l’Afrique de l’Ouest – plus largement l’Afrique tropicale – aura été la seule région du monde à devoir gérer simultanément sa transition démographique, son insertion dans l’économie mondiale et les conséquences du changement climatique ; la seule région du monde à ne pouvoir recourir à l’émigration massive pour soulager sa croissance démographique, comme le firent – sans aucune entrave - l’Europe ou la Chine entre le XVIII° et la première moitié du XX° siècle. Dans moins de vingt ans, la population ouest-africaine aura franchi le cap des 700 millions d’âmes (450 millions aujourd’hui). Elle sera très majoritairement urbaine ; plusieurs centaines de villes qui n’existent pas encore seront apparues. La plus grande partie de la population vivra toujours dans le secteur informel ; L’emploi non-agricole sera dominant ; les trois quarts des gens utiliseront un téléphone portable et plus de la moitié auront accès à internet. Il fera plus chaud, la fréquence des inondations et des sécheresses localisées aura augmenté ; la pression sur les ressources naturelles sera plus élevée qu’aujourd’hui. Nous savons que tout cela va arriver ; nous apercevons clairement cette partie visible de l’avenir. w Comment accompagner ces transformations rapides ? Comment préparer l’avenir tout en gérant au mieux les crises inévitables provoquées ou exacerbées par les déséquilibres que l’accélération de l’Histoire provoque ? Mes aînés l’ont déjà dit. Je le répète. Il faut d’abord et avant tout accepter ce qui est inévitable ; c’est-à-dire mettre ce que nous savons de l’avenir au centre de l’équation. Si on ne comprend pas les changements profonds qui sont à l’œuvre, on ne peut pas les accompagner. Il faut ensuite accepter que dans les sociétés en transition démographique l’histoire va beaucoup plus vite que dans celle dont le peuplement est stabilisé. Aucun pays n’a envoyé tous ses enfants à l’école alors que leur nombre augmentait fortement.

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Ce sont des ambitions à beaucoup plus long terme que les ODD dont il faut se doter. Tout est possible à l’échelle de 30 ou 40 ans. Il faut enfin considérer les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest pour ce qu’ils sont à ce moment de l’Histoire : des pays en voie de peuplement. Dès lors l’objectif d’un peuplement durable à long terme pourra être envisagé et décliné en politiques publiques ambitieuses. Y-a-t-il un plus grand défi que celui d’accueillir 250 millions de personnes supplémentaire dans les deux prochaines décennies ?

Le Club des savoirs, donc des politiques Pour le Club, la question doit être « comment aider à relever ce défi ? ». L’histoire de cette singulière institution nous donne une réponse en deux mots : Préactivité et Proactivité. Être préactif, c’est se préparer aux changements et aux mutations structurelles par la production de données et d’analyse. C’est le faire en ne s’interdisant rien : ni de contredire des « vérités » qui n’en sont pas ou plus, ni de contourner les obstacles analytiques par l’imagination et l’audace ; ni de changer d’échelle – zoomer, dézoomer – comme on règle une jumelle. Être proactif c’est provoquer les changements souhaitables par le dialogue. C’est échanger les savoirs et confronter les points de vue ; c’est écouter celles et ceux qui sont en charge des politiques publiques et se demander comment on peut les aider en acceptant leurs contradictions. Voici ce que le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest a fait et doit continuer de faire ; en restant libre, en s’interdisant de s’interdire. Il doit poursuivre sur le chemin de l’innovation. Il doit aussi oser – plus fort et plus vite – féminiser l’intelligence et le dialogue. Le « genre » n’est pas un sujet, c’est une frontière qui divise et affaiblit tout ; une barrière mythologique qui empêche deux jambes de porter le même corps ; et qui doit être détruite.

L’ombre de la violence Comment conclure sans évoquer la terrible vague de violence qui submerge notre région, les dizaines de milliers de morts, les millions de personnes jetées affamées sur la route, les États affaiblis menacés de disparition. Cette ombre couvre l’horizon d’une menace existentielle sans équivalent dans l’histoire moderne de l’Afrique de l’Ouest. Les racines du fléau ne sont pas la pauvreté et le chômage. Si cela était vrai la quasi-totalité de l’Afrique tropicale serait depuis longtemps plongée dans le chaos. Nous sommes-nous trompés de diagnostic donc de stratégie ? Pourquoi certains pays résistent-ils et pourquoi d’autres s’effondrent-ils ? Sans avoir les réponses à ces questions, j’ai l’intime conviction qu’elles se cachent dans la compréhension des territoires ; dans la façon dont ces territoires ont été perçus – donc gérés – au cours des dernières décennies. La fragilité et la gestion des territoires – à toutes les échelles - est au centre d’une équation qui ne peut être abordée qu’en pensant à long terme. Le court terme nous a fait perdre trop de temps.

L.B

Laurent Bossard Directeur du CSAO (2011-23)

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MEMBRES ET PARTENAIRES Les Membres se réunissent une fois par an dans le cadre du Groupe d’orientation politique (GOP). Ce dernier définit les orientations stratégiques, approuve le programme de travail et le budget, ainsi que les rapports d’activités et financiers. Les Membres assurent le bon fonctionnement du CSAO à travers leurs contributions financières. Ils désignent en leur sein le Président honoraire du CSAO, qui est actuellement Hadizatou Rosine Sori-Coulibaly. Le Secrétariat du CSAO assure l’exécution du programme de travail.

Allemagne : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ)

Secrétariat exécutif du Comité permanent interÉtats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel

Autriche:

Espagne :

Ministère fédéral des Affaires européennes et étrangères (BMEIA) – Agence autrichienne pour le développement (ADA)

Belgique:

Ministère des Affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération au développement

Canada: Affaires mondiales Canada

CEDEAO:

Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest

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CILSS:

Agence espagnole pour le coopération au développement international (ACEID)

Luxembourg:

Ministère des Affaires étrangères et européennes, Direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire

Pays-bas :

ministère des Affaires étrangères (MINBUZA)

Suisse :

États-Unis :

Agence des États-Unis pour le développement international (USAID)

Direction du développement et de la coopération (DDC), Département fédéral des affaires étrangères (DFAE)

France:

UEMOA:

Ministère des Affaires étrangères et du développement international

Commission of the West African Economic and Monetary Union

France : Agence Française de Développement

Union Européenne

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Secrétariat du

Club

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DU SAHEL ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST


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