POA
Perspectives maliennes
1.4. Milieu naturel Carte 3 - Biogéographie du nord du Mali
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Une bande semi-désertique au nord du fleuve Niger, steppique, où, entre de vastes étendues de sable ou de rocailles, apparaissent quelques touffes d’herbes parmi les épineux.
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Enfin, sous le fleuve et au sud de la région de Gao, le tout début de la savane. Les arbres y sont encore rares mais elle se tapisse de graminées durant la saison des pluies. Ses vastes espaces peu cultivés, constituent le « poumon » de l’élevage du nord du Mali où les troupeaux bovins et caprins convergent dès le mois de juillet (engraissement, cure salée) et ne sont autorisés à retourner dans les bourgoutières (plaines inondables de la vallée et de la zone lacustre) qu’une fois les récoltes achevées ; en décembre – janvier.
Désert absolu Végétation diffuse sud-saharienne
Sahara
Zone semi-désertique 900 m
Savane herbeuse ou arbustive Kidal Tombouctou Gao
Même au sud du septentrion, il ne pleut qu’un petit nombre de jours (une quinzaine en moyenne à Tombouctou) et les pluies sont soumises à une grande variabilité interannuelle et spatiale.
Sources : Atlas Jeune Afrique du Mali (2010), CSAO/OCDE (2015)
1.4.1. Climat En termes de précipitations annuelles, le Sahel est souvent défini comme la zone comprise entre les isohyètes 200 et 600 mm. De ce point de vue, le septentrion ne peut être considéré comme sahélien, puisque l’isohyète 200 mm ne traverse que l’extrême sud des régions de Tombouctou et de Gao. Cet isohyète est descendu de 150 km vers le sud entre les périodes 1951-1970 et 1971-1990. Depuis la fin des années 1990, le Mali, y compris son septentrion et plus généralement le Sahel occidental, connaissent à nouveau de bonnes, voire d’excellentes années en termes de pluviométrie. Le climat et le milieu biogéographique sont de type désertique alliant : •
L’hyper-aridité qui couvre une grande moitié du septentrion : désert de sable ou rocheux, dont le Tanezrouft, terre aride oubliée des dieux où seul le sable dispute son espace aux pierres1.
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Un espace un peu moins hostile autour et dans le prolongement du massif de l’Adrar des Ifoghas, grand comme la Guinée (6,5 fois les Pays-Bas). Le relief, peu élevé mais accidenté, y provoque des pluies un peu plus importantes que dans le Sahara, nourrissant oueds et pâturages en juillet et août.
1 Ait Slimane Hamid (2011) ; « Le Tanezrouft », Mon petit Éditeur, Paris.
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Perspectives maliennes, octobre 2015
C’est cette variabilité – grandissante depuis une décennie – qui pose sans doute le plus de problèmes. Les sociétés locales y ont apporté des réponses endogènes qui ont fait leurs preuves : riz de submersion et cultures de décrue, migrations saisonnières, pastoralisme, nomadisme et gestion des bourgoutières. L’efficacité de ces stratégies pourrait être remise en cause par les évolutions futures du climat.
Faire face à une variabilité accrue du climat est l’un des grands défis de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche dans les prochaines décennies.
Faire face à une variabilité accrue du climat est l’un des grands défis de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche dans les prochaines décennies. La science météorologique fait des progrès rapides, de même que les technologies de la communication. La mise en place de systèmes d’alerte destinés à aider les agriculteurs, pêcheurs et éleveurs à prendre les meilleures décisions, est désormais du domaine du possible. Le service national malien de météorologie – Météo-Mali – est porteur d’un projet en la matière en collaboration avec d’autres services météorologiques de la région (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Niger et Sénégal), le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (ACMAD) et le Centre d’agro-hydro-météorologie (Agrhymet) du CILSS2. La perspective d’une hausse continue des températures moyennes fait consensus au sein de la communauté scientifique. Le phénomène est d’ailleurs déjà perceptible : augmentation de 0,1 degré à Kidal et 0,2 degré à Gao entre les périodes 1951-1970 et 1971-2000, selon Météo-Mali. 2 Évaluation des produits et Informations météorologiques et agrométéorologiques pour améliorer le système d’alerte et de production agro-sylvo-pastorale en Afrique de l’Ouest. © Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE)