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Villes universitaires

de lettres, avait constitué l’élément déclencheur du programme de ville nouvelle lancé à la fin des années 1960, connu sous l’appellation de Villeneuve d’Ascq. Notamment, la création du Campus des sciences, la « Cité scientifique » préfigurait, dans l’esprit de son promoteur, le recteur Debeyre, l’idée d’un véritable parc scientifique à l’américaine. Mais, à l’époque, les structures économiques de cette région, fondées sur l’industrie lourde, le textile et le charbon, n’étaient pas favorables à l’essaimage de nouvelles activités de pointe, ce qui a pu se passer au même moment à Grenoble autour du CENG, le Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble. Lille a toujours manqué d’un grand équipement scientifique, qu’elle a cru pouvoir obtenir dans les années 1990 avec le projet « Soleil », un accélérateur de particules reconstruit pour finir en région Ile-de-France. La ville nouvelle a cependant servi de nouvel écrin aux universités de la métropole. Son développement s’est poursuivi jusqu’aux années 1980. A la fin des années 1990, un nouveau parc d’ac­ tivité scientifique, « la haute borne », est créé dans le prolongement de la Cité scientifique. Par ailleurs, au cours des années 1980 et 1990, l’Université est utilisée comme levier du renouvellement urbain dans les anciens quartiers industriels et ouvriers du XIXème siècle, avec la transformation d’anciennes usines tex-

Didier Paris

tiles en bâtiments universitaires, à Roubaix ou Tourcoing, mais surtout dans un ancien quartier industriel de Lille, à Moulins, qui profite notamment du retour depuis Villeneuve d’Ascq de la Faculté de Droit dans une ancienne filature, ainsi que Sciences Po (qui devrait déménager dans un avenir proche en raison de locaux devenus inadaptés). Mais le résultat de la démarche est mitigé sur le plan urbain : le quartier de Moulins est loin d’avoir achevé sa mutation, et la greffe avec la Faculté de Droit n’a pas totalement pris.

Conclusion Bien entendu, tout ce redéploiement universitaire à l’échelle des métropoles européennes, dont Lille n’est ici qu’un exemple, s’inscrit dans les jeux de concurrence et de compétitivité - attractivité des villes. Cependant, ces universités fonctionnent aussi en réseau, à travers les échanges d’étudiants, d’enseignantschercheurs, ou les programmes de recherche. C’est sans doute un enjeu d’avenir pour l’Europe que nos universités travaillent ensemble et densifient leurs échanges. La véritable concurrence n’est pas celle entre nos universités et nos métropoles mais, en matière d’économie de la connaissance, une concurrence globale entre notre continent, l’Amérique et l’Asie.

En 2004, Lille était capitale européenne de la culture. De nouveaux lieux culturels ont été créés, à l’instar du « Tri Postal », nouveau lieu d’exposition. La culture devient un levier stratégique du développement de Lille. En raison du succès populaire et de la qualité de la programmation, Lille 2004 reste encore la référence parmi les capitales européennes de la culture. Photo Didier Paris, 2004

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