#16 STEMP MAGAZINE CAEN

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BALADE EN INDE DU NORD PARTIE I : LE LADAKH

Par Nicolas Renauld

...je vais tenter de revenir à Leh à pied, en traversant les montagnes par des chemins de transhumance de yacks...

38 - Juin/Juillet 2013 - STEMP CAEN N°16

Il y a quelques années, je décidai de partir en Inde sans but précis, juste avec l’idée d’aller à la rencontre de peuples et de cultures, qui étaient alors pour moi, encore totalement inconnus. Mon seul objectif est de me fondre le mieux possible dans la population, de manière à réaliser des clichés vrais, des portraits authentiques et non volés, de photographier des morceaux de vie, et, en résumé, des instants de vérité.

monde quasiment toute l’année. Une seule route y mène depuis Manali, et se poursuit jusqu’à Srinagar, au Kashmir. Elle est l’une des routes les plus hautes et dangereuses du monde. Elle est impraticable l’hiver, et bien souvent, les éboulements, causés par les pluies printanières, la rendent également incertaine en cette période. Quand tout va bien, il faut compter 3 jours de bus pour atteindre Leh depuis Manali, qui se trouve à 485 km sur les contres-forts himalayens, et qui est la dernière étape civilisée avant elle.

Je décide de commencer mon périple par le Ladakh, province haut perchée, isolée du monde 9 mois sur 12, et coincée entre Kashmir, Chine et Népal. Ici, on oublie rapidement qu’on est en Inde. Il s’agit plutôt d’un morceau de Tibet en exil, où l’atmosphère est partout chargée de spiritualité.

Arrivé à Leh, je reste 3 jours sans effort brusque, le temps à mon corps de s’habituer à l’altitude, et à mon sang de fabriquer les globules rouges nécessaires au transport de l’oxygène raréfié. J’en profite également pour affiner mon emploi du temps de la semaine à venir. Mon but est, en réalité, de mettre au point un trek, une traversée de la région à pieds, en quelque sorte. Le souci est que, dans pareil endroit, le risque est énorme. Certains cols culminent à 5 000 mètres, les cartes sont approximatives et les ravitaillements impossibles. Je me rends dans une petite agence locale de Sherpas, et j’expose mon idée. On m’arrête tout de suite. Personne ne semble « chaud » pour me guider dans pareille aventure. Trop longue à préparer, trop compliquée à organiser, et surtout, on me l’affirme, le « Dundunchen-La » qui culmine à

À une altitude moyenne de 4000 mètres, le climat est rude, aride l’été et glacial l’hiver. La végétation n’a que quelques mois pour exister. C’est pourquoi la vie agricole passe en accéléré. Le Ladakh est le royaume du silence que seuls le vent et le chant des moines bouddhistes viennent troubler. Mon périple débute par Leh, « la capitale ». Cette grosse bourgade de 8 000 habitants, sans système d’eau courante ni électricité, est coupée du

4820 mètres, est encore, à cette saison, recouvert de neige, et donc, infranchissable… Qu’à cela ne tienne, je partirai seul ! Les risques existent. Je les connais. Mais mon expérience acquise lors de la « Translaponie » (une traversée de la Laponie suédoise, en autonomie et sans moyen motorisé), me permet de mieux les appréhender et d’y faire face avec plus de sérénité. Je connais mieux mon corps et de quoi il est capable. Je suis à son écoute. Je sais également que, dans pareille situation, chaque geste compte, et qu’un faux-pas peut devenir dramatique. Au même titre qu’en Laponie, un réchaud allumé trop prêt de la tente peut coûter la vie, ici, une cheville cassée ou une mauvaise direction empruntée peut être fatale. L’Himalaya n’est pas le massif du Mont-Blanc, il faut redevenir humble face à la nature. Je quitte donc Leh pour Lamayuru, à 5 heures de piste vertigineuse en bus. De là-bas, je vais tenter de revenir à Leh à pied, en traversant les montagnes par des chemins de transhumance de yacks. Mon problème, au moment du départ, est le poids de mon matériel. Entre le sac à dos, la tente et le matériel photo, ce sont près de 30 kg que je dois transporter. C’est déjà trop ! Et je n’ai pas encore prévu de ravitaillement… J’ai 7 kg de matériel photo qu’il


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