Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee -- Document du Clan9

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La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee OUVRIERS FRANCAIS! Du fond de notre detresse, nous comptons sur vous. Agissez. Quant a nous, meme si la force reussit un moment a reduire nos corps en servitude, jamais nos ames ne consentiront. Nous ajoutons ceci: “Quelles que soient nos tortures, nous ne voulons la paix que dans l'independance de notre pays et le triomphe de la justice.” N'est−elle pas a la fois troublante et touchante, cette volonte indomptable de supporter les pires souffrances plutot que d'engager a l'acceptation d'une paix allemande? Et qu'on n'imagine pas qu'ils se sont laisse attraper dans le traquenard tendu par M. von Bethmann−Hollweg. dans la seance du Reichstag du 12 decembre 1916! Le 25 decembre 1916, au Congres socialiste de Paris, M. le ministre Emile Vandervelde disait: Hier meme, j'ai recu un message de Belgique d'une assemblee qui m'envoyait les noms des delegues du parti ouvrier belge a la conference prochaine des socialistes allies, et ces noms, c'est tout un programme. Les ouvriers de la−bas, reunis la−bas en assemblee secrete, n'ont elu pour delegues que des militants qui sont d'avis que cette guerre ne peut finir dans l'equivoque et dans l'indecision. Il y a plus de deux ans que la classe ouvriere lutte. Elle a subi l'invasion; elle a, pendant de longs mois, vu enlever aux patrons memes les moyens de travail qui lui permettent de gagner un maigre salaire. Elle vit aujourd'hui uniquement de ce que lui donne la solidarite internationale. Elle a vu, ces temps derniers, des milliers de travailleurs chaque jour entasses dans des wagons a bestiaux et entraines en Allemagne pour servir contre leur pays. J'ai ecrit, il y a quelques jours, a un de mes amis a La Haye pour lui dire ma douleur et ma tristesse devant ce nouveau crime, et, au moment ou cette lettre arrivait a son destinataire, entrait dans son bureau un camarade de Belgique. Il disait de repondre a Vandervelde que c'est de Belgique meme que viennent les conseils de courage et de resistance aux envahisseurs. Apres tout ce que la Belgique a souffert,—violation de la neutralite, massacres d'innocents, incendies, deportations de prisonniers civils, razzias de travailleurs, condamnations de tout genre, spoliations, calomnies...—on s'attend peut−etre a ce que les prohibes poussent les Belges a se venger des bourreaux. Loin de la! Ils nous engagent a boycotter tous les produits d'outre−Rhin, puisque ce sera a l'avenir notre seule defense contre un retour de l'infiltration allemande; ils prechent l'execration de l'Allemagne, afin que nos enfants et petits−enfants n'oublient jamais combien notre pays a ete torture au moral et au physique; mais la vengeance... non: nous les meprisons trop pour cela! Il y a pourtant des tetes chaudes a qui il faut recommander le calme. Et c'est a cela que s'appliquent nos journaux clandestins. L'appel suivant, publie dans le n deg. 16 de La Libre Belgique, a ete repete dans le n deg.30 [81], celui qui donne le portrait de M. le baron von Bissing lisant La Libre Belgique. [Note 81: Voir la couverture de ce livre.] Restons calmes! Le jour viendra (lentement, mais surement) ou nos ennemis, contraints de reculer devant les Allies, devront abandonner notre capitale. CONCLUSION

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