Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee -- Document du Clan9

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La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Et dire que cette conception nouvelle du droit a ete frenetiquement applaudie par le Parlement allemand tout entier, c'est−a−dire par le peuple allemand tout entier. Quand, dans le silence et la solitude du soir, des hommes tels que Erzberger et Pfeiffer, qui se donnent pour les champions de la verite et de la morale chretiennes, se trouvent en face du Crucifie, qui a donne au monde les grands principes du Droit et qui est mort pour consacrer ce Droit, que doivent−ils ressentir au fond de leur conscience? Et cet empereur maudit, en regardant ses mains degouttantes de sang innocent, ne doit−il pas fremir quand il prononce le nom de Dieu, auquel il ne croit pas, a moins d'etre le plus grand criminel que l'humanite ait enfante? Dr. Z. (La Libre Belgique, n deg.55, decembre 1915, p.2, col.1.) ***** L'Allemagne a−t−elle au moins tire profit de sa felonie? S'est−elle assure des avantages qui compensent sa fletrissure? La violation de la neutralite belge lui a−t−elle permis, par exemple, d'ecraser la France et de prendre Paris? L'echec de l'agression brusquee contre la France n'est pas le seul salaire qu'a recu la diplomatie d'outre−Rhin pour son indigne conduite vis−a−vis de notre pays. Il ne parait pas douteux que c'est aussi la mefiance pour les promesses allemandes qui a mis l'Italie aux cotes des Allies. ***** Le chatiment. L'intervention de l'Italie, qui probablement mettra fin aux hesitations des Etats balkaniques, semble revetir tout particulierement le caractere d'un chatiment pour la criminelle et odieuse invasion de la Belgique. Peu de jours avant la declaration de guerre de l'Italie, un Teuton qui avait passe les neuf derniers mois a Rome se lamentait en ces termes, dans le Vorwaerts de Berlin, sur l'echec des negociations astucieuses menees par von Bulow: “La publication des negociations politiques prouvera combien fut nefaste la pensee toujours presente que les traites ne sont que des chiffons de papier.“ (La Libre Belgique, n deg.26, juin 1915, p.4, col.2.) Les audaces du chancelier teuton. Nous nous sommes expliques au sujet de la rupture de la Triple Alliance par l'Italie, mais le discours de M. de Bethmann−Hollweg au Reichstag nous fournit l'occasion de montrer jusqu'a quel point va l'aveuglement germain quand il s'agit de la morale et de la fidelite aux traites. Ce discours commence en demandant pourquoi Rome a refuse d'un coeur si leger les propositions de Vienne, qui accordaient a l'Italie tant de concessions au Trentin et sur l'Adriatique. A ce sujet le chancelier ose dire qu'il n'appartient pas a l'Italie de juger a quel degre les autres nations meritent la confiance, en prenant pour mesure le degre de loyaute avec laquelle elle−meme observe les traites. Et ce chancelier ose ajouter: Morale a double face.

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