Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee -- Document du Clan9

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La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Le 1er septembre, un officier vint demander au cure s'il etait vrai que les soldats l'avaient battu, promettant de faire fusiller immediatement les coupables. Mais le cure assura que rien de desagreable ne lui etait arrive de la part des soldats. Puis chacun de nous dut donner aux Allemands tout son argent. Les soldats declaraient que, si la moindre piece de monnaie etait encore trouvee sur quelqu'un, il serait fusille seance tenante. A midi, les femmes et les enfants durent sortir de l'eglise, et on rendit a chacune l'argent qu'elle avait remis le matin aux soldats. Elles furent mises en liberte, mais avec defense de retourner vers Sorinne ou vers Dinant. La plupart d'entre elles allerent a Ciney. Puis 94 hommes furent conduits a Hotton, ou ils resterent quatre jours sans manger. On les remit en liberte le 5 septembre. Quand ils passerent a Marche−en−Famenne, comme le couvre−feu etait deja sonne, ils furent de nouveau coffres jusqu'au lendemain. Les autres hommes furent relaches, mais il leur etait aussi defendu de rentrer chez eux. Ils allerent a Ciney aupres des femmes et des enfants. Apres trois semaines, ils recurent un passeport leur permettant de s'eloigner pour un jour. Ceux qui allerent a Sorinne constaterent que toutes les maisons sans exception etaient brulees, ainsi que les etables, les ecuries, les granges, les meules, les abris a foin; bref, tout ce qui pouvait etre incendie etait reduit en cendres. Il ne restait debout dans tout le village que le chateau, une ferme et l'eglise. Encore celle−ci avait−elle ete devalisee: le tabernacle avait ete force et viole; le calice, les crucifix, les chandeliers et tous les autres ornements avaient ete enleves. Du batiment Moret, ou nous avions ete emprisonnes, il ne restait que les murs. Nous avons appris alors le sort de trois hommes qui n'avaient pas ete avec nous a Leignon. Ils etaient restes caches chez Moret. L'un, le berger de la ferme de Gemechenne, s'etait aventure a sortir quand il avait cru que le danger etait passe, mais il avait ete fusille sur−le−champ. Les deux autres, Jules et Albert Houzieaux, forgerons, avaient ete repousses dans la maison par les soldats et brules vifs. Le martyre d'un soldat belge. Les Allemands protestent avec indignation quand on les accuse d'avoir acheve des blesses ou maltraite des prisonniers de guerre. Tout au plus consentent−ils a admettre que des individus isoles, loin des officiers, aient pu commettre des actes reprehensibles; mais, ajoutent−ils, ces soldats agissaient sous l'empire de la legitime exasperation produite par les “attaques de francs−tireurs” et par les “ignominies que de paisibles commercants allemands avaient subies a Bruxelles et a Anvers”. Voici un recit datant de la nuit du 4 au 5 aout 1914. La declaration de guerre est arrivee a Bruxelles le 4 aout, a 7 heures du matin. L'armee allemande etait entree en Belgique dans la nuit precedente; des le soir du 4 aout, elle tentait un coup de main contre Liege. Les soldats dont voici les aventures combattaient dans l'intervalle entre deux forts. 23 heures. “Nous etions dans la tranchee, a une cinquantaine de soldats du 9e Ge. de ligne, depuis le 4 au soir. Les ennemis cherchent a passer a droite et a gauche de nous. Nous sommes de plus en plus entoures... Deux ou trois regiments doivent etre la... Les balles pleuvent de toutes parts, mais heureusement le tir de l'adversaire est fort mauvais. “Prevoyant une charge a la baionnette, j'enleve mon sac, j'y prends certaines choses, entre autres des bottines, et je recommence le feu. 1. Quelques exemples d'inhumanite.

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