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Pénurie d’électricité

Les personnes en situation de handicap ont souvent recours à des moyens auxiliaires électroniques. Une coupure de courant a donc de graves conséquences pour elles.

Marcel Strasser

La stratégie énergétique à long terme a pour but de convertir progressivement à l’électricité les secteurs qui fonctionnent encore avec des énergies fossiles. Pour judicieuse qu’elle soit, cette évolution conduit cependant à une augmentation constante de nos besoins en électricité et ce, même si l’on redouble d’efforts en matière d’efficacité énergétique. Par souci écologique, cette demande accrue doit être majoritairement couverte par des énergies renouvelables. Le développement des énergies propres telles que le solaire et l’éolien n’a toutefois jamais vraiment décollé en Suisse, notamment en raison de la lourdeur administrative et de l’opposition de la population et des organisations. Aujourd’hui, le problème est vi- sible et les entreprises d’installation de panneaux solaires et de pompes à chaleur ne chôment pas.

Cette situation difficile est encore aggravée par la mise hors service pour réparations ou la fermeture définitive de nombreuses centrales nucléaires en raison de leur âge, du fait de considérations politiques ou de questions de sécurité. Grosses émettrices de CO2, les centrales à charbon ne peuvent raisonnablement constituer une alternative et sont également mises à l’arrêt, du moins en Europe occidentale. La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont empiré les choses et entraîné de graves bouleversements sur le marché de l’énergie, faisant planer la menace d’une pénurie énergétique en hiver et au printemps.

Pour pallier ce risque, la Confédération a élaboré un plan graduel. Durant la phase préliminaire, dans laquelle nous nous trouvons actuellement, elle mise sur des appels à économiser et sur l’information. Si cela s’avérait insuffisant, un plan de mesures en quatre étapes serait déclenché. Le premier et le deuxième paliers permettraient de réduire la consommation en baissant le chauffage et en éteignant les appareils inutiles. Dans un troisième temps, la consommation d’électricité des gros consommateurs serait contingentée, les heures d’ouverture réduites et certaines installations mises hors service. La quatrième étape consisterait à fermer certaines installations sportives et culturelles.

En cas d’inefficacité de ces mesures, des délestages du réseau de quelques heures sont prévues en dernier ressort. De telles coupures de courant prétériteraient singulièrement les personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap, car elles ne pourraient pas atteindre ou quitter de nombreux lieux sans moyens techniques tels que les ascenseurs et les portes automatiques.

Qu’en pensent les sociétés concernées?

Une petite enquête menée auprès d’entreprises fournissant des ascenseurs et des entraînements de portes nous a permis de savoir comment elles réagissaient face à la menace de pénurie d’électricité et quelle influence cela avait sur leur activité. Les sociétés interrogées proposent-elles déjà des produits pouvant être utilisés par des personnes handicapées même en cas de coupure de courant? L’accessibilité des bâtiments est une préoccupation centrale pour notre clientèle. En cas de délestages, les personnes à mobilité réduite ne devraient-elles pas avoir les mêmes chances que les personnes sans handicap?

Dans les grandes entreprises, cette thématique est une priorité absolue, et cela ne date pas d’hier. La consommation d’énergie des installations occupe autant l’attention que la consommation d’énergie au sein des entreprises elles-mêmes. Ainsi, au cours des dernières années, le fabricant Schindler à Ebikon LU a beaucoup investi dans la diversification de ses sources d’énergie. Pour le chauffage, le gaz a été remplacé par la chaleur provenant de l’usine d’incinération des ordures ménagères. Les panneaux solaires des toits fournissent l’électricité et globalement, l’appétit énergétique de Schindler a été fortement réduit.

De même, les dernières générations d’ascenseurs et d’escalators sont moins gourmandes en électricité. Les nouveaux ascenseurs consomment à peu près autant d’électricité qu’une machine à laver et l’électricité qu’ils produisent lors des freinages est récupérée puis réinjectée dans le réseau. Dans le cadre d’un projet d’étudiants, Schindler et la HE de Lucerne développent des «use cases» (cas d’utilisation) pour des ascenseurs. Un processus de travail agile, dynamique et axé sur l’utilisateur·trice handicapé·e (personne en fauteuil roulant ou malvoyante) permet d’élaborer des solutions. Tout semble indiquer que la question du fonctionnement des ascenseurs en cas de panne de courant sera aussi examinée. batterie, il est généralement possible de les équiper d’un lot de batteries en option afin de garantir le fonctionnement pendant un certain temps. Sur de nombreux modèles, un tel ajout est possible après l’achat. Une plateforme monte-escalier consomme à peu près autant d’électricité qu’une machine à café, un siège monte-escalier encore moins, ce qui permet de l’utiliser assez longtemps avec une batterie. On peut ainsi s’accommoder des coupures de courant de quelques heures.

Portes ouvertes grâce à la batterie

Le système d’actionnement des portes ne fonctionne pas sans électricité, mais il est toujours possible de les ouvrir manuellement. À condition de ne pas avoir un handicap physique. En effet, en l’absence de mécanisme d’entraînement des portes, les personnes handicapées ne peuvent pas sortir sans aide extérieure.

Ascenseur et panne de courant

Ces derniers temps, les client·e·s interrogent de plus en plus souvent les fabricants sur la consommation d’électricité et les solutions en cas de coupure, notamment pour l’évacuation de personnes enfermées. Mais la majorité des dispositifs ne marchent que de manière très limitée en cas de panne de courant. Les ascenseurs les plus récents réussissent à rejoindre l’étage le plus proche à l’aide d’une batterie et ouvrent les portes. Certains ascenseurs peuvent également être déplacés manuellement vers un étage par des personnes qui ont été formées. Une installation électrique de secours est rarement, voire jamais, utilisée pour les ascenseurs, à moins qu’un établissement, comme les grands hôpitaux, ne dispose d’une alimentation électrique d’urgence pour assurer son fonctionnement.

De nombreux monte-escaliers disposent aujourd’hui d’une batterie qui se recharge en position de stationnement lorsqu’elle n’est pas utilisée. En l’absence d’électricité, ces installations marchent jusqu’à ce qu’il faille recharger la batterie. S’il n’y a pas de

Pour l’actionnement des portes, l’alimentation électrique de secours et le fonctionnement en cas de coupure de courant sont encore rarement évoqués. En raison de leur faible consommation électrique, il est toutefois possible, pour un prix raisonnable, d’équiper ces installations d’une batterie pour l’alimentation de secours. En l’absence de courant, la porte peut ainsi être actionnée une quinzaine de fois. Selon les informations fournies par différentes entreprises, ces batteries sont peu vendues. Néanmoins, ces derniers temps, les collectivités et les entreprises en demandent plus souvent. Un fournisseur a en outre précisé que leurs coûts ne sont malheureusement pas toujours pris en charge par l’AI.

En utilisant l’énergie avec parcimonie, quelle que soit sa nature, nous pouvons toutes et tous aider à prévenir les coupures de courant sans trop péjorer notre confort. En économisant l’énergie, vous contribuerez à éviter des situations désagréables telles qu’un sauvetage par des tiers, des proches, du personnel ou des pompiers. Pénurie

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