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Une mode qui sied à qui s’assied

La Fondation suisse pour paraplégiques lance un projet sur la mode. La responsable de ce dernier, Catherine Gasser, nous explique ce qu’il en est.

Nadja Venetz

Comment en êtes-vous arrivés, à la fondation, à vous intéresser à la mode?

Nous avons constaté que la mode adaptive devenait un sujet de plus en plus d’actualité parmi les personnes en fauteuil roulant, mais aussi dans les médias. Dans la communauté de la Recherche suisse pour paraplégiques, nous avons interrogé les personnes concernées: Que vous manque-t-il dans la mode? Que souhaiteriez-vous? Sur la base de ces réponses, nous avons décidé de nous emparer du sujet. Nous sommes en outre persuadés, qu’en termes de rééducation, tout ce qui est beau est bénéfique.

Qu’a souhaité la communauté?

Certaines personnes s’intéressent à la mode, d’autres non; peu importe qu’elles soient jeunes ou âgées, grosses ou minces, piétonnes ou en fauteuil roulant. Pour ces dernières qui souhaitent s’habiller à la mode, le choix est très limité. Les vêtements conçus exprès pour elles sont souvent peu flatteurs. L’accent est mis sur l’aspect fonctionnel, au détriment de l’aspect esthétique. Celles et ceux qui ont envie d’être chics sont lésé·e·s, car les habits sympas sont souvent conçus sur des personnes debout. En position assise, les jambes de pantalon remontent, le tissu est trop juste dans le dos, alors qu’il flotte à l’avant. Même chose pour les hauts. De plus, certains tissus et matériaux favorisent les escarres.

Quel est le point de départ de votre projet? Notre objectif premier est de sensibiliser. Nous voulons donner un visage à ce sujet et rappeler que les personnes en fauteuil roulant aiment aussi la mode. Nous voulons sensibiliser les étudiant·e·s et les jeunes créateurs·trices afin qu’ils et elles se demandent à l’avenir, lors de la conception des collections, si les vêtements se prêteront aussi à des personnes en fauteuil roulant.

Comment procédez-vous concrètement?

Dès l’automne, nous avons organisé un échange avec des étudiant·e·s de l’École suisse du textile. Deux personnes en fauteuil roulant ont expliqué ce qui comptait pour elles dans le choix des vêtements et ce qu’elles souhaitaient. Les étudiant·e·s ont ensuite imaginé deux looks. Il s’agira par la suite d’évaluer ces prototypes lors d’un premier atelier en février. Les personnes en fauteuil roulant doivent pouvoir toucher et essayer les pièces. Lors d’un second atelier, tout tournera autour des matériaux et des tissus et à la fin d’un troisième, nous espérons avoir un haut et un bas à présenter. Nous accompagnerons ce processus sur nos canaux de communication.

Qui participe au projet?

Un petit groupe de personnes en fauteuil roulant, de sexes et de handicaps différents, participe de manière fixe au projet. Elles lui donnent un visage. La créatrice de mode et propriétaire du label Lilla Wicki et Yannick Aellen, fondateur et directeur du plus grand défilé de mode du pays «Mode Suisse», s’investissent en tant qu’expert·e·s. Elle et lui nous fournissent leurs connaissances et un vaste réseau. Ulrich

Kössl, responsable du design et des méthodes agiles au CSP, apporte également son savoir-faire.

Quel horizon vous êtes-vous fixé?

Avec les trois ateliers mentionnés, 2023 sera une année pilote. Nous souhaitons toutefois poursuivre le sujet sur le long terme et provoquer un changement de mentalité dans l’industrie de la mode. Mais pour cela, nous avons besoin de par- tenaires. La fondation ne peut ni ne doit avoir pour mission de créer et de commercialiser des collections de mode – mais nous mettons la problématique en lumière avec la ferme conviction que la mode adaptive sera thématisée par les médias, perçue par la population et fera à l’avenir l’objet d’une pondération différente par les responsables du secteur de la mode, du design et du textile. Au bénéfice des personnes en fauteuil roulant.

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