Mohammed VI, le grand malentendu

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FIRST LADY À LA MAROCAINE

princes et princesses à des gouvernantes germaniques et espagnoles. «þDans un pays où la condition féminine est toujours assujettie à la Moudawana, le strict code de la famille, Lalla Salma incarne aux yeux du monde les rêves d’émancipation et de modernité de ses compatriotes1þ», s’exclame la presse internationale. En tête de tous les palmarès des femmes d’influence, «þelle restaure l’image, le statut de la Marocaine. L’exemple vient d’en haut. Et quand, en haut, la première dame est si humaine, tous les espoirs sont permis pour le Maroc de demain2þ», s’enthousiasme pour sa part la presse locale. Mais, en avrilþ2005, Al-Jarida Al-Oukhra, un hebdomadaire arabophone, apprendra à ses dépens qu’on ne badine pas avec la vie privée de l’épouse du roi. Il reçoit du ministre de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie, Abedelhak El Mrini, une lettre lourde de menaces pour avoir publié un reportage «þnon autoriséþ» dévoilant quelques aspects de l’intimité de Lalla Salma, des indiscrétions désuètes glanées auprès du nombreux personnel attaché à la Cour. L’article – illustré de photos officielles – comportait son lot de petites révélations croustillantes. On y apprenait ainsi que la première dame aime faire du sport tous les jours – ainsi que la sieste, quand aucune obligation ne la retient à l’extérieur –, que le tajine aux carottes est son plat préféré, qu’il arrive à la jeune princesse de donner elle-même à manger à son fils Hassan, et que sa garde-robe, qui foisonne de blanc et de pastel tranchant avec les tons traditionnellement de rigueur à la Cour, est signée par de grands couturiers. Elle a interdit à son entourage d’implorer 1. Paris Match, 17þjanvier 2008. 2. «þFemmes d’influence, les 50 qui font le Marocþ», Tel Quel, 8þmars 2005.

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