numéro 30
sparse magazine mieux
sparse | numéro 30 | trimestriel
mar. avr. mai. 2020 • www.sparse.fr imprimé à plusieurs millions d’exemplaires à lire aux cabinets
GRATUIT • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
COMTÉ, TATOUAGE ET DÉFORESTATION 84 PAGES À LÉCHER COMME UN ESQUIMAU
édito. 2020, on y est. Le temps est venu. C’est le moment de passer à autre chose. Ça fait quelques années maintenant que les affaires tournent, que le petit train-train s’est peut-être installé et à vrai dire, c’est jamais facile de tourner une page. Le début de l’aventure était pourtant idyllique. Un vrai crush. Un démarrage salué et reconnu par beaucoup de gens. Le concept est original et rafraîchissant, le résultat bien foutu et assez beau. Des histoires racontées comme ça, avec ce ton, cette patte, et qui parlent à tous. Des trucs sortis de nulle part, des récits bien tordus, des moments drôles. Il y a bien eu quelques maladresses, certes, mais qui est parfait ? Et puis aussi, parfois, de l’indifférence chez certains. Rien de bien anormal en fin de compte. Après toutes ces années, je m’aperçois quand même qu’un truc s’est créé. Une petite communauté s’est mise à suivre franchement, à grossir petit à petit. À attendre chaque nouveau numéro, comme un rendez-vous. Au final, tout ça, c’était simplement de la passion. Bref, lundi 24 février, France 2 diffusait l’ultime numéro de Faites entrer l’accusé. Une sombre histoire de tueur à la hache entre Belfort, Sochaux et Montbéliard. Une affaire dans notre région, en plus. Là, honnêtement, j’en ai gros sur la patate. Vous tenez entre vos mains le 30ème numéro du magazine Sparse. En 2020, si je compte bien, ça fera 10 ans que ce torchon existe. Alors on a décidé de faire encore un ou deux numéros, puis de se barrer avec le fric. Profitez-en. Par Pierre-Olivier Bobo Photo : Alexandre Claass
PS : Dominique Rizet, le délicieux consultant éditorial de Faites entrer l’accusé, est originaire de Paray-le-Monial, en Saône-et-Loire. Je laisse cette info ici.
sommaire 3. ÉDITO
ours
6. CONTRIBUTEURS
Ce magazine est édité par Sparse Média. Siret : 750 725 806 00038 - APE : 5814Z www.sparse.fr - contact@sparse.fr www.sparsemedia.fr
10. LOOSEUR/WINNER
DIRECTEUR DE PUBLICATION Pierre-Olivier Bobo RÉDACTEUR EN CHEF Antoine Gauthier CONTRIBUTEURS Badneighbour, Pierre-Olivier Bobo, Sophie Brignoli, Maëlle Caugant, Nicdasse Croasky, Sophie Dumanche, Matthieu Fort, Maître Fougnard, Delphine Fresard, Arthur Guillaumot, Cédric de Montceau, Julian-Pietro Giorgeri, Martial Ratel, Ladislas René, Augustin Traquenard, Emmanuel Vein, Chablis Winston, James Granville forever
8. GUESTLIST 12. LE
FOND DE L’AIR EST FRAIS
REPORTAGE RASES DANS LE MORVAN
14. COUPES
WINAMAX PRONOSTICS DE SPARSE POUR LES ÉLECTIONS MUNICIPALES
20. LES
SOCIÉTÉ 28. TATOUÉ
COMME TOUT LE MONDE
INTERVIEW VERMOT-DESROCHES ET LE CLIMAT EN BFC
34. BRUNO
DIRECTION ARTISTIQUE
VISITE
INTERNETINTERNET
42. AFFINAGE
PHOTOGRAPHIES Alexandre Claass, Pierrick Finelle, Cédric de Montceau, Raphaël Helle, Édouard Roussel ILLUSTRATIONS Mr. Choubi, Michael Sallit, Hélène Virey, Loïc Brunot COMITÉ DE RELECTURE Aline Chalumeau, Arthur Guillaumot, Nicolas Frère, Aurore Schaferlee COUVERTURE Photo : Alexandre Claass (2018, New York) IMPRIMEUR Est Imprim (25) Dépôt légal : à la sortie du magazine ISSN : 2260-7617 Tous droits réservés © 2020 Merci à nos partenaires ainsi qu’à celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro. Prochain numéro : juin 2020 Sparse bénéficie du soutien du Ministère de la culture et de la communication, fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, et de la DRDJSCS au titre du Fonds de développement de la vie associative (FDVA)
DE MEULES AU FORT DES ROUSSES RENCONTRE MONNET, ZE BRAIN
48. PIERRE
SCIENCE OCCULTE D’EAU
52. CHERCHEURS
MUSIQUE 58. JARDIN,
EUTHANASIE ET CANNIBALISME
62. PORTFOLIO
: SEVESO EN BFC
68. ABONNEMENT 70. ROMAN-PHOTO 74. PSYCHO
TEST
76. HOROSCOPE 78. COURRIER
DES LECTEURS JUSTICE 82. FROM HELLE 80. CONSEIL
Deux couv’ pour ce numéro 30 ! Vous avez le choix entre deux couvertures câlines pour fêter le n°30 de la bible de BFC : du pain béni pour les collectionneurs. Mais quelle que soit la couverture, c’est le même contenu, hein.
Cirque & Fanfares 10e édition
Dole 29, 30 et 31 mai 2020 FESTIVAL GRATUIT
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contributeurs
Par Chablis Winston Photos : DR
Nom : Choubi Prénom : Monsieur Fonction : Pas le temps.
Mr. Choubi fait des dessins qu’il appelle des illustrations et des crabouillons qu’il appelle des bédés. Il dit qu’il n’a jamais le temps alors qu’il finit toujours par le faire. Pour Sparse comme pour l’excellente revue Schnock que je vous invite à lire. (Franchement, ça faisait combien de temps que t’avais pas entendu « crabouillons » ?)
Nom : Fresard Prénom : Delphine Fonction : Sapontologue.
Delphine se fout de la fin de monde, de l’effondrement ou de l’arrêt brutal des Feux de l’Amour. Pas qu’elle soit nihiliste, mais elle est prête si ça arrive. Elle a la solution. Pas de connaissance en survivalisme, ni même en permaculture, pas de bunker en Suède non plus. Elle, elle a des armes à feu. C’est tout. Et ça suffit largement.
Nom : Caugant Prénom : Maëlle Fonction : Faire avant nous.
Maëlle ne savait même pas qu’elle allait être dans ce magazine. Calée tranquille chez Radio Dijon Campus, elle a fait une interview de Jardin pour le festival GéNéRiQ. Pas la pelouse, l’artiste. Pourquoi on s’emmerderait à la faire nous-même alors que Maëlle l’a déjà si bien fait. Allo Maëlle ?
Nom : Lamy Prénom : Thomas Fonction : Sur ce coup- là ? Rien du tout.
Thomas devait faire un article pour le n°30 de Sparse. Tout était planifié. Et à deux doigts du bol de sangria, il a fallu décaler. Sparse, c’est de la biodynamie, on publie en fonction de la lune et des saisons et le Thomas est typiquement un rédacteur de fin de printemps. On remet ça. Thomas revient en juin dans le mag’ avec un reportage à en faire chialer Harry Roselmack sur 7 à 8.
Nom : Balkany Prénom : Patrick Fonction : TIG.
Patrick est sorti de prison ce gros malin, mais il a été condamné. Il vient faire ses travaux d’intérêt général chez Sparse. Où il lave les chiottes tout simplement. Pas la pièce, l’intérieur de la cuvette.
Nom : Bobo Prénom : Pierre-Olivier Fonction : Faits-diversier.
Un coup de feu qui surgit dans le nuit ? Une affaire glauque de cambriolage qui tourne mal ? Une usurpation d’identité ? Un coffre de bagnole, un bois et de la chaux ? C’est pour Pierro ! Il arrive sur les lieux en premier, hume la scène de crime, coupe, recoupe, et retrouve le coupable dans des temps disons... raisonnables, en fonction du contrat souscrit. Ne bosse pas les soirs de Champion’s League, bien entendu.
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© Leto Punk Poésie
ESPACE-DES-ARTS.COM
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guestlist
Par Pierre-Olivier Bobo, Chablis Winston et Julian-Pietro Giorgeri
Annelise Ragno
Artiste et co-fondatrice des Ateliers Vortex, Dijon
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u pars te mettre au vert le temps d’un week-end dans la région, tu vas où ? Dans le Morvan évidemment !
Annelise a monté, avec une petite équipe, les Ateliers Vortex, dans une friche industrielle à Dijon, en 2012. Un lieu d’expérimentation, de création et d’expositions d’art contemporain, à la cool.
On a besoin de savoir. Qui a tué le petit Grégory ? T’as déjà conduit une BX ? Conduit non mais gamine mon père nous faisait faire des tours de BX de fonction sur les routes de campagne : coffre ouvert, les jambes pendantes, on attendait que le contact soit allumé pour sentir la voiture s’élever. On adorait. Si tu devais nous conseiller un endroit à voir absolument à Dijon, ça serait quoi ? Ah ah ah, les Ateliers Vortex pardi ! Comment stopper le Coronavirus ? #stopcoronavirus. Pourquoi le festival Vyv les Solidarités s’appelle maintenant Vyv tout court, à ton avis ? Parce qu’être solidaire, c’est has been ? Ou parce que les solidarités profitent à qui vraiment ? Il est où ton petit bunker à toi pour te réfugier le jour de l’effondrement ? Il mesure 1m 85, brun, plutôt marrant.
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Qui est Sylvain Comparot ? Je viens de le trouver sur Internet, il dit, je cite : « lutter contre la solitude grâce aux animaux ». Ton Duc de Bourgogne préféré, c’est lequel ? Et pourquoi pas la duchesse ? Quel département d’une autre région devraiton annexer ? Loin de moi cette idée ! Tu crois que je manque d’ambition ? Pourquoi les jeunes mettent des t-shirts avec la gueule de Chirac, sans déconner ? C’est bizarre, j’en ai jamais vu ! Tu traînes dans quel département ?
Photo : Eric de Berranger
Nicolas Royer
Directeur de l’Espace des Arts, Chalon-sur-Saône
A
u basket, tu supportes la JDA Dijon ou l’Elan Chalon ? Sans équivoque l’Elan Chalon, que des petits comme moi…
À peine arrivé, le nouveau directeur de la scène nationale ouvre les portes, invite les Chalonnais, se la joue modeste et prépare une grosse fête, qui pourrait bien durer toute l’année...
Tu le connaissais, Benjamin Griveaux, quand il était à Chalon ? Benjamin qui ? Est-ce que les gens de théâtre sont encore aujourd’hui les plus relous de tous les artistes, ou bien ça a changé ? Va bosser dans une banque et on en reparle… Où tu vas manger pépère entre amis à Chalon ? Zinc à Flo, Les Canailles… tu peux me croiser pour me vendre un spectacle. Qui a volé l’orange du marchand, bordel ?! Le problème ce n’est pas l’orange, c’est le grisbi. As-tu pu pardonner Séville 82 aux Allemands ? Non jamais ! J’ai une photo de Patrick Battiston audessus de mon lit. Boire ou conduire ? Un jour sur deux. Émile Louis, Jonathan Daval, Jean-Pierre Treiber... complète cette liste. Pas envie, trop moche, trop horrible. Toi aussi tu te caches pour manger de la viande ? Non merci j’adore le Charolais.
Est-ce qu’un one-man show de Kev Adams, ça rentre dans la catégorie spectacle vivant selon toi ? Ma fille est fan alors joker. T’as eu un golden parachute quand t’as quitté le Théâtre Dijon Bourgogne ? Énorme, un casque de mobylette offert par les collègues ! Franchement, qu’est-ce que j’irais foutre à Lyon ? Voir une finale de ligue des Champions entre Lyon et le Barça ! Quelle mesure devra prendre immédiatement le futur maire de Chalon-sur-Saône ? Construire une station aérospatiale pour partir sur Mars du 4 au 6 février 2021 à l’Espace des Arts.
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winner / looseur
Par Augustin Traquenard Photos : DR
Ophélie Claude-Boxberger. Non notée
Spécialiste du 3.000 mètres steeple et originaire de Montbéliard (25), Ophélie est un cas avéré d’athlète dopée « à l’insu de son plein gré ». Contrôlée positive en novembre dernier, elle a passé 48 heures en garde à vue, mettant à jour un imbroglio mettant en cause son beau-père. En plus d’être accusé de violences sexuelles à son encontre, ce dernier a avoué avoir injecté de l’EPO après que l’athlète se soit assoupie suite à un massage. Vive le sport.
Les Métallo des Grésilles. 16/20 Dans le quartier des Grésilles à Dijon (21), deux jeunes ont été interpellés alors qu’ils tentaient de découper à la disqueuse un poteau soutenant une caméra de vidéosurveillance. Une autre caméra espionne les a repérés. Une mise en abyme en quelque sorte.
Benjamin Griveaux. 19/20
La plus belle explosion en vol depuis la navette Challenger en 1986. Originaire de Saint-Rémy (71), le Benj’ a fait ses armes politiques en BFC en tant que conseiller municipal à Chalon-sur-Saône puis, en 2008, comme conseiller général de Saône-et-Loire. C’est sans doute par un excès de confiance hérité de DSK, son mentor, que Benjamin a laissé fuiter une vidéo de son pénis en érection sur les réseaux sociaux. « La vie ? La pute ! » aurait-il déclaré à sa famille une fois le scandale dévoilé.
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Damien Cantin. 1/20
Une cause noble a inspiré la tête de liste RN pour la campagne des municipales à Dijon (21) : pouvoir garer sa bagnole gratos le week-end en centre-ville. Dans un élan de potacherie et de génie humoristique inspiré de Jean-Marie Bigard, il a édité et placardé sur les bagnoles 5.000 faux tickets de stationnement, sur lesquels étaient vantées les mesures en faveur du stationnement gratuit. Trop drôle, putain ! Parce que la voiture
Handy-Chourre. 3/20
À Nuit-Saint-Georges et Arc-sur-Tille (21), un dangereux gang de deux personnes, un faux handicapé en fauteuil roulant et un accompagnant, a récemment sévi dans les supermarchés. En planquant pour 400 euros de boutanches d’alcool fort sous le fauteuil, la technique semblait imparable. La BAC de Dijon a interpellé le faux handicapé mais n’a pas confirmé s’il était un vrai alcoolique.
LE SIRK #5 FESTIVAL BFC DES MUSIQUES ÉLECTRONIQUES
SI ABSINTHE ANIS GENTIANE SAPIN
HELENA HAUFF DERRICK CARTER • OCTAVE ONE LIVE GERD JANSON • DEMUJA NICKODEMUS • SESSION VICTIM LIVE HYENAH • SERGE • UNAI TROTTI TRUNKLINE LIVE • S3A
01-30 AVRIL 2020
PIU PIU • FRANCK ROGER • THÉO MULLER MARINA TRENCH • COCO MARIA BLACKMIX LIVE • LAETITIA & ALEX KATAPULT PALAVAS • CÉLINE • SONIC CREW • ELISE PRAKTIKA • JEFF THE FOOL LIVE • NILOC WAXIST • NAAJET SPACIALE • NICOLAS BAILLY MEROV’ • AD&N • LUCIANO • P’TIT LUC DOCTEUR J • KONIK • FABZEU • ANDREAS.
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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION
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ART AUTUN BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN
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Art Autun
Scène de musiques actuelles
Dijon
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MUSÉE ROLIN & PANOPTICON
4.04 — 24.05 #2020 www.artautun.fr
Thierry De Cordier Wim Delvoye Jan Vanriet Cindy Wright Robert Devriendt Karin Hanssen Jan De Maeschalck Arpais Du Bois Anton Cotteleer Peter de Cupere Sarah De Vos Nick Ervinck P. Aguirre y Otegui Hans Vandekerckhove Reniere&Depla Koen Broucke Elke Andreas Boon
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19H00
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Thomas Lerooy Johan Clarysse Mireille Blanc Han Yaqun Edmée Laurin Timothee Schelstraete Michael Filez Laura Vandewynckel Stief Desmet Edgard Tytgat Rik Wouters Marthe Donas Gust De Smet Hippolyte Daeye Antoine Mortier James Ensor
Jan De Maesschalck,“Portrait d'A. Arm",2009. Courtesy Zeno X Gallery, Antwerp ©Peter Cox (based on a photo by Alexander Liberman) / Design graphique: Paul Andali
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. A. Lavoisier
Mister V Octave One Salut c’est cool Paul Personne Yann Tiersen Tiken Jah Fakoly Ben L’Oncle Soul Peter Hook & The Light Panda Dub Dionysos Lofofora Mars Red Sky Jerusalem In My Heart Lee Ann Curen Lucy Dacus Jambinai Lucrecia Dalt Shannon Wright Fenne Lily Serge Piu Piu Yīn Yīn
Miët Sessa Azu Tiwaline Anthony Laguerre Full Dub Dreadful Kongô Blue Beach Moonsters Gabriiel ... Concerts, ateliers, débats, conférences, rencontres... En savoir plus : lavapeur.com
s è r p e d é s a R
sive de n e t n i e r u t l . la monocu ours plus le Morvan t n e m m o C ruit touj t é d x u e n i rés
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Les forêts couvrent près de la moitié du massif du Morvan, un chiffre en constante progression depuis les années 50. Pourtant, ce reboisement cache une réalité peu réjouissante : les forêts historiques de feuillus sont progressivement remplacées par des monocultures de résineux cultivés de façon intensive. Alors que les sécheresses répétées et les invasions de scolytes (des insectes parasites) déciment déjà les peuplement d’épicéas, affolant certains acteurs de la filière bois, nombreuses sont les voix qui s’élèvent contre cette industrialisation de la forêt au détriment de la biodiversité et des écosystèmes qu’elle abrite.
Par Sophie Brignoli, dans le Morvan Photos : Édouard Roussel
La boule à Z.
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istoriquement omniprésente dans le paysage du massif morvandiau, la forêt a toujours représenté un enjeu économique majeur pour la région. Pendant plus de trois siècles, les forêts morvandelles vont servir à alimenter Paris en bois de chauffage. L’arrivée du charbon met un terme à ce commerce et la forêt, dont les sols sont appauvris, est en partie délaissée au profit de l’agriculture. Puis vient l’exode rural ; la forêt morvandelle regagne du terrain, une tendance favorisée au lendemain de la 2ème Guerre mondiale par le Fonds forestier national qui va inciter les propriétaires à replanter des monocultures de résineux. Et depuis les années 1950, le taux d’enrésinement s’emballe, passant de 25% à plus de 45% aujourd’hui. Le Morvan concentre près de la moitié des surfaces forestières de peuplement de douglas et d’épicéas de Bourgogne, c’est également la première région productrice de sapins de Noël de France. Ici, les forêts sont privées à 85%, un taux supérieur à la moyenne nationale, et le parcellaire forestier est très émietté. « Les exploitants forestiers, les coopératives et les grands propriétaires étudient précisément les cadastres et leurs achats de petites parcelles, même isolées, leur permettent de rayonner ensuite plus largement », déplore Ghislaine Nouallet. Cogérante du Groupement forestier pour la sauvegarde des feuillus du Morvan (GFSFM) basé à Autun, cette retraitée a terminé sa carrière d’ingénieure agro au ministère de l’Agriculture en travaillant auprès des lycées agricoles sur « l’enseignement à produire autrement » en 2015. Elle regrette que ces réflexions sur d’autres méthodes de production n’aient pas touchés à l’époque le monde forestier, pourtant lui aussi rattaché à ce ministère. « La forêt est sous l’emprise de lobbys de la filière bois très puissants, qui dictent depuis des décennies quelles essences la forêt doit produire, quelles tailles de grumes
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les forestiers doivent sortir... Depuis la tempête Lothar de 1999, le rythme s’est accéléré : l’industrie impose son allure à la forêt. Une fois les parcelles investies, l’exploitation consiste à raser totalement les forêts de feuillus, considérées comme inintéressantes économiquement pour mettre à la place de la monoculture en ligne, le plus souvent actuellement de douglas ».
« D’un côté il y a la forêt en tant que milieu et de l’autre, on vous parle de bois, d’un produit » Cyril Ginet, technicien forestier dans la Nièvre
Importé de Californie, le douglas est un bois qui se plaît beaucoup sur les terrains acides du Morvan, il y pousse vite et se vend très bien. Planté dès 1950, on commence à récolter depuis quelques années les premières plantations arrivées à maturité, pour un volume total de bois sur pied très conséquent. Selon Cyril Ginet du syndicat SNUPFEN Solidaires et technicien forestier à l’Office national des forêts (ONF) dans la Nièvre, c’est là un des enjeux actuels du secteur : « le problème, c’est la monoculture, pas le douglas. Les forestiers se questionnent depuis longtemps sur ces sujets mais l’ONF ne prend pas le problème à bras-le-corps.
Une fois que vous réalisez que ce n’est pas le miracle attendu, faut-il persévérer là-dedans ? À l’heure actuelle, il serait impossible d’éradiquer le douglas du Morvan, il faudrait pourtant essayer de le gérer différemment car lorsqu’on fait de la plantation monospécifique, on ne travaille pas pour la forêt mais pour produire du bois. Le problème c’est qu’on ne parle pas tous de la même chose. D’un côté, il y a la forêt en tant que milieu et de l’autre, on vous parle de bois, d’un produit. » L’ONF, qui a vu son nombre de salariés passer de 15.000 en 1985 à moins de 9.000 aujourd’hui, traverse une crise financière et sociale sans précédent : vague de suicides au sein des agents publics, déficit aggravé au fil des ans et qui devrait s’élever à 20 millions d’euros pour 2018. En cause, le financement du service public qui est soumis aux contraintes du marché du bois, et l’accélération de la gestion productiviste des forêts publiques suite au traumatisme des tempêtes de 1999, qui a entraîné un véritable malaise au sein des techniciens forestiers. « L’ONF devrait être un établissement qui s’occupe des forêts. Et si on arrive à sortir du bois, ça ne nous choque pas de couper des arbres mais si c’est pour faire de la monoculture et fabriquer des palettes qui vont transporter des produits merdiques de Chine, ça colle plus. » Fin janvier, le nouveau directeur de l’ONF, Bertrand Munch, a annoncé aux agents la modification prochaine du code forestier qui va encourager le recrutement de salariés de droit privé. « Un signal qui ne va pas dans la bonne direction », selon le technicien forestier nivernais. « On n’a rien contre ces agents, ce que l’on craint c’est d’avoir des personnels qui, à cause de leur statut, n’ont pas les moyens de dire non. » Malgré tout, de nouvelles tendances se dessinent : l’office a notamment interdit l’usage des pesticides en 2019. Les enjeux du réchauffement climatique obligent aussi le service public à interroger ses pratiques : « Il y a de plus en plus une réflexion autour de la
Elle marche bien, la nouvelle tondeuse au DĂŠdĂŠ !
Verdun, 1917.
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Allez, ça file chez IKEA !
futaie irrégulière qui est venue du terrain bien souvent. La hiérarchie est réticente encore mais on ne désespère pas ! » En opposition à la futaie régulière, ce type de forêt se caractérise par des peuplements d’arbres de différents âges, et de différentes essences. Dans cette sylviculture plus proche de la nature où l’on prend en compte la globalité de l’écosystème, chaque arbre fait l’objet d’une observation et d’un suivi particulier afin d’être prélevé au meilleur moment. Pro Silva est l’une des associations qui prône ces techniques depuis une trentaine d’années. Le groupement forestier autunois a d’ailleurs confié la gestion de ses 17 forêts, soit 300 hectares, à Tristan Susse, un expert forestier Pro Silva. « Avec cette sylviculture on ne met pas la forêt sous cloche, explique
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Ghislaine Nouallet, il faut d’abord protéger la biodiversité, mais la forêt doit aussi assurer une fonction sociale : être un endroit privilégié pour se balader, ramasser des champignons... La production ne peut intervenir que si la forêt est équilibrée. Il y a l’idée de produire en harmonie avec la nature. » Encore très minoritaire cette sylviculture a pourtant un avantage économique certain, sa gestion n’engageant que peu de frais. Jacques Hazera, vice-président de Pro Silva France, affirme même que « la forêt ne coûte rien si ce n’est un peu d’observation et couper quelques arbres régulièrement. C’est une machine très puissante qui se développe toute seule, il suffit de la piloter à la marge pour avoir du bois de qualité ». Cet expert et gestionnaire forestier installé dans le Massif Landais
a abandonné la sylviculture traditionnelle après le passage de l’ouragan Martin en décembre 1999. « À l’époque, je faisais simplement comme mes voisins. La pratique des coupes rases qui sont une déflagration terrible et le reboisement sur labour entraînaient une réduction progressive de la valeur du patrimoine, et beaucoup de frais. » Largement dénoncées par les associations (et par le Parc naturel régional du Morvan), ces coupes à blanc mettent à mal la biodiversité et contribuent à l’appauvrissement des sols. « Les arbres coupés jeunes produisent un bois de qualité médiocre, voire mauvaise, ce qui condamne les débouchés nobles. D’autant plus qu’on coupe en toute saison, on met tous les curseurs de la qualité vers le bas », déplore Jacques Hazera. Le douglas, dont le prix ne cesse de grimper,
Ghislaine Nouallet, co-gérante d’un groupement forestier, lutte contre les coupes rases.
a vu son âge de récolte baisser ces dernières années : ils peuvent être prélevés dès 40 ans, ce qui n’est pas sans conséquence. « Pendant leur jeunesse, les arbres sont des prédateurs des minéraux du sol et à mesure qu’ils vont vieillir, vers l’âge de 60-70 ans, ils vont commencer à les restituer. Si vous les coupez avant ce seuil, vous ne faites que détruire votre outil de production. » Plantés eux aussi en masse après la guerre, les épicéas du Morvan sont décimés depuis quelques années par le scolyte. La faute aux hivers doux et aux longues périodes de sécheresse qui affaiblissent les arbres et favorisent le développement de ce dernier. « Le cas des épicéas est particulier car on les a plantés dans des milieux qui n’étaient pas leurs milieux de prédilection. On les a descendus des montagnes vers les plaines, et aujourd’hui on paye les pots cassés. » Face au réchauffement climatique, certains défendent l’idée d’importer des essences méditerranéennes comme le pin laricio de Corse ou encore le cèdre de l’Atlas. « Cette idée qui consiste à tout détruire et à importer des essences exotiques ne tient pas debout ! Ces arbres sont peutêtre capables d’encaisser la sécheresse mais qu’en est-il de leur résistance face aux autres dangers ? On est dans l’inconnu total et on joue aux apprentis sorciers », peste Jacques Hazera. « En
Importé de Californie, le Douglas est un bois qui se plait beaucoup sur les terrains acides du Morvan, il y pousse vite et se vend très bien. France, on va vers une malforestation. Chez moi dans les Landes on y est déjà à plein tube et dans le Morvan, c’est en cours ». Dans la forêt de Montmain, sur les hauteurs d’Autun, on peut encore se promener au milieu des hêtres, des charmes et des vieux chênes. Pour sauver ces 30 ha, le groupement forestier, la mairie d’Autun et le Conservatoire national des sites bourguignons se sont portés acquéreurs ensemble, en 2003. Grâce à ses 750 associés, le groupement forestier a ainsi pu acheter 16 autres forêts morvandelles. Un deuxième
groupement, le Chat Sauvage, leur a même emboité le pas sur le secteur de Lormes, dans le nord Morvan. « On a la foi mais on n’est pas dupes », confie Ghislaine Nouellat. « S’il n’y a pas de modification de la loi, il ne va pas se passer grand-chose ». Justement, la forêt est sur la table des politiques depuis quelques mois. Une commission d’enquête citoyenne intitulée « Forêt bien commun » et menée par la députée La France Insoumise Mathilde Panot, venue en novembre dernier dans le Morvan. En parallèle, le gouvernement a lui aussi lancé une mission forêt et bois. Mais ici, on reproche au gouvernement de beaucoup trop écouter les professionnels de la filière bois... De plus, le Parc naturel régional, qui n’a pas l’attribution de gestion de la forêt, mais appelait à limiter les coupes rases, s’est vite vu menacer par l’État de se faire enlever son titre de parc naturel (avec 120.000€ d’aides à la clé), s’il n’arrêtait pas de se mêler de ce qui « ne le regarde pas ». Que veut l’État ? Avec près de 440.000 emplois, autant que dans l’industrie automobile, la filière bois est un marché prometteur, la forêt ne pesant pour l’instant que 1,1% du PIB français. Pourtant, à cause des changements climatiques, le fragile équilibre de cette gestion insoutenable des forêts pourrait bien s’effondrer demain. // S.B.
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PMU paris
municipales
utiles
Sparse, ton bookmaker préféré ! Par Martial Ratel, avec Chablis Winston, à Dijon Illustrations : Loic Brunot
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L
es élections municipales, c’est un peu comme le PMU : beaucoup de partants mais seulement quelques canassons vraiment concernés par la course. Les chevaux en forme écraseront la concurrence. Des bourrins feront des galops d’essais, certains partiront à la faute avant l’arrivée. Des outsiders sortiront en tête de la dernière ligne droite et des tocards vous permettront d’empocher le gros lot. Alors pour ne pas être coiffé sur le poteau et dans l’espoir de remporter la timbale, Sparse est allé, pour vous, au cul des chevaux. On a rencontré trois fameux observateurs des courses politiques. Trois experts régionaux élevés à l’ombre des plus grands : Lilian Melet, rédacteur en chef adjoint à France 3 Bourgogne, Benoit Montaggioni, journaliste au Journal de Saône-et-Loire,
et Jeremy Chevreuil, journaliste politique à France 3 FrancheComté. Le nec plus ultra du tonton à casquette, posé en bord de piste soir et matin. Ils se sont contentés de nous tuyauter sur les enjeux locaux et sur les forces en présence. Nous, on va prendre des risques de parieurs insensés. On va vous donner le nom des gagnants. Oubliez l’IFOP. Quand vous lirez ce papier, les élections seront en cours ou même carrément passées. C’est donc l’occasion de comparer nos pronostics avec les véritables résultats des municipales. « Attention c’est parti : les chevaux sont dans les boîtes, la course va commencer ».
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far west L’YONNE, LA NIÈVRE ET LA CÔTE-D’OR avec Lilian Melet (France 3 Bourgogne) L’enjeu des municipales : « Est-ce que les gens ont quelque chose à reprocher au maire sortant ? Est-ce qu’ils veulent du changement ? Et est-ce qu’ils veulent sanctionner quelque chose au niveau national ? » C’est pour ses raisonnements précis et affûtés que dans le milieu, Lilian, on le surnomme « Iceman ».
DIJON
Lilian Melet : « Rebsamen est sur un boulevard. Il ne devrait pas subir de vote sanction, d’où un affichage antigouvernemental assez fort. Mais il y a la question de l’usure. Sur le reste, c’est quasi idéal, il aurait pu garder EELV avec lui (il a quand même réussi à s’adjoindre officiellement le Modem et les gens LREM. Le grand écart risquait de faire péter les coutures ! ndlr). Après, la liste LREM de Comparot ne le gêne pas trop. L’appareil local de LREM ne le soutient pas, il y a division. La droite également est loin d’être unie. La question est quand même aussi celle du score de la droite qui dirigea la ville de 1936 à 2001 ».
LE PRONO sparse
Rebsamen marche sur les autres. Stéphanie Modde (EELV) au 2ème tour. On déconseille de miser trop gros sur Comparot, d’ailleurs rares sont ceux qui le font dans son propre camp. François Rebsamen, maire de Dijon
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AUXERRE
Lilian Melet : « L’héritage centriste de Jean-Pierre Soisson, ministre d’ouverture de Mitterrand et capable de frayer dans les eaux troubles du FN quelques années plus tard. Son parcours a créé des vocations locales, toute proportion gardée : Guy Férez est un maire de gauche (PS) qui a résisté au coup de barre à droite de 2014, et qui réussit l’exploit « soissonesque » d’être soutenu à la fois par LREM et par le PS ! Guillaume Larrivé, le député LR a lâché l’affaire. Le RN envoie un inconnu, donc il va falloir aller chercher Guy Férez. La question, ce sera son bilan, et là on laisse les Auxerrois juger ».
LE PRONO sparse
Un poil de doute sur le bilan? Pas grave. Un homme capable de séduire du PS à LREM a un côté Majax de la politique. Férez fera disparaître les autres.
SENS
Lilian Melet : « Marie-Louise Fort est sortante. En tant que LR, elle est à l’abri du vote sanction contre LREM. Julien Odoul se présente pour le Rassemblement National (c’est bien le même affreux qui avait provoqué le scandale avec la maman voilée au conseil régional de Bourgogne-FrancheComté, ndlr). Odoul a hésité entre Joigny et Sens (visiblement, il est vraiment attaché à Sens, ndlr). Il y a deux listes locales de gauche, l’éparpillement peut profiter au RN et à la maire sortante. Sens, ville symbole pour le RN ? Difficile à dire, ça fait partie des villes à cibler pour le profit médiatique plus que pour le résultat. Villeneuve-surYonne ou Pont-sur-Yonne peuvent tomber au RN ».
LE PRONO sparse
Les carottes ont l’air cuites pour la gauche, faudrait apprendre à bosser ensemble. La grosse cote, 20 contre 1, et on mise tout dessus, c’est un bon vieux réveil antifa’ des Icaunais du nord. Une bonne dérouillée. On compte sur vous !
NEVERS
Lilian Melet : « Les temps ont bien changé. De 1970 à 2014 c’était simple, tu regardais le score du candidat PS en tête lors des élections internes et tu connaissais le score du maire pour les élections municipales. En 2014, Denis Thuriot a remporté la mairie face au PS. Il a inventé en 2014 le macronisme avant Macron, en associant différentes tendances politiques. C’est le seul En Marche ! assumé de la région. Vote sanction ou non ? En tout, il y aura 8 listes. Un record. Il y a deux listes de gauche : une PS et une autre avec la gauche de la gauche et des Verts. Il y a même un Radical de gauche, un UDF, un LO, du sans étiquette et un RN ».
LE PRONO sparse
Nous, pour le côté romantique, Brigades du Tigre, on mettrait bien un billet sur Michel Estorge le Radical de Gauche ! Panache ! Pour les plus pragmatiques, Thuriot repasse.
CLAMECY
Lilian Melet : « On est dans la diagonale du vide. Les Gilets Jaunes étaient assez forts ces derniers mois. La ville est ciblée par le RN. Sylvain Guibert est candidat ici et non sur Auxerre où il s’était présenté en 2014 (ça lui fait un point commun avec Odoul, à Sens. Ces identitaires qui aiment tellement les villes où ils se présentent qu’ils en changent à chaque élection, ndlr). La maire sortante, PS dissidente, ne se représente pas. Son adjoint Nicolas Bourdoune a monté une liste. Une troisième liste citoyenne est aussi en lice ».
LE PRONO sparse
Comme dans l’Yonne, la Nièvre va sentir revivre ses maquis. Clamecy, c’est une cité qui a de la mémoire ! Le RN va se gaufrer. On joue tranquille la liste Bourdoune.
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east side LA FRANCHE-COMTÉ avec Jérémy Chevreuil (France 3 Franche-Comté) L’enjeu global : « Le RN vise des petites communes. Est-ce que le RN aura une implantation dans la ruralité ? S’assumer RN n’est pas forcément évident... L’élection est plus intéressante en France-Comté qu’en Bourgogne parce qu’ici il y a deux successions à Besançon et Lons-le-Saunier », dixit l’homme que l’on appelle Jérémy « clash la Bourgogne » Chevreuil.
Anne Vignot et Eric Alauzet, candidats à Besançon
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BESANÇON
Jérémy Chevreuil : « Avec Anne Vignot, EELV, l’union de la gauche est assez exceptionnelle en France, la tête de liste est femme et écologiste. On n’est pas sur du renouvellement de personnel politique. Anne Vignot est adjointe sortante, elle est aux affaires depuis un moment. Ce qui plaide pour elle : un côté nature, elle est cash. Les sondages sont bons mais vont-ils gagner ? Face à elle, Eric Alauzet pour LREM et le MoDem, le député local (ancien EELV, comme quoi tout arrive), est très bien implanté, mais il y a une liste LREM dissidente soutenue par l’ancien maire qui va lui coûter des voix ».
LE PRONO sparse
C’est simple, tu craques ton PEL et tu poses ton sac de billets sur Anne Vignot. À condition que dans la dernière ligne droite, EELV ne fasse pas sa spéciale : se saboter en s’engueulant entre eux.
LONS-LESAUNIER
Jérémy Chevreuil : « Comme à Besançon, le maire ne se représente pas. Ça a beaucoup bataillé pour s’afficher comme l’héritier de Jacques Pélissard. Les deux candidats de sa majorité sont Christophe Bois soutenu par LREM, ex LR, et Christophe Perny ex PS, ex LREM, ex président du département. Sur la gauche, il Jean-Yves Ravier soutenu par le PS, le PC, EELV et une partie de la société civile ».
LE PRONO sparse
Dans cette baston d’ex, l’ex maire Jacques Pélissard y retourne au dernier moment : « tous des cons ». Autrement ? Perny, sans conviction dans une triangulaire.
PONTARLIER Jérémy Chevreuil : « L’enjeu local est sur une problématique quotidienne : les bouchons soir et matin sur la route qui mène à la Suisse, et donc de la construction d’un contournement ou l’élargissement de la route. Patrick Genre, Divers Droite (DVD), est bien placé pour être élu à nouveau face à Gérard Voinnet soutenu par EELV. Pierre Simon devait monter une liste PS, il ne l’a pas fait. Il se raconte plusieurs choses sur son empêchement mais en tout état de cause, il ne pouvait pas monter une liste pour des raisons assez nébulaires ».
LE PRONO sparse
Avec ce non partant, impossible de miser, c’est le règlement. On laisse l’État gérer la ville, comme en Sicile...
MONTBÉ -LIARD
Jérémy Chevreuil : « Marie-Noëlle Biguinet, la maire sortante LR, est face à Denis Sommer, député LREM et Eric Lançon EELV/PS, union de la gauche. Le RN n’a pas de liste alors qu’ils ont fait de bons scores aux différentes élections. On est sur le territoire de Sophie Montel, élue FN passée chez Les Patriotes. Elle a quitté le parti et lors des précédentes municipales, certains représentants FN avaient été condamnés après avoir fait signer sous la contrainte des retraités pour participer à leur liste ».
LE PRONO sparse
Bien les condamnations ! « Tête haute et mains propres » qu’il disait l’autre... Montbé restera LR. Doublé : Biguinet gagnante et Lançon au second tour.
BELFORT
Jérémy Chevreuil : « Dans la deuxième ville de Franche-Comté, c’est toujours très très compliqué. Le maire sortant LR, Damien Meslot, a un boulevard devant lui. L’opposition est très divisée. Ça a toujours été compliqué pour la gauche de se mettre d’accord, c’est une tradition. L’attractivité est au cœur de la campagne et Damien Meslot a réussi à faire venir des entreprises ; il a une image positive. En plus, il y a deux listes centristes : Claude Clavequin LREM et PS, vice-présidente à la région, et Marie-Josée Fleury, MoDem, ancienne MRC ».
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D. Meslot gagnant (Damien, hein ? Pas Dany, le pote de Marc Landers). Mais on pourrait voir Philippe Martinez de la CGT se présenter au dernier moment. Il est tous les quatre matins sur les piquets de grève de General Electric, c’est un peu un gars du coin maintenant.
VESOUL
Jérémy Chevreuil : « Alain Chrétien est le maire sortant. Ancien LR, il est chez AGIR, le parti de Franck Riester, soutenu par LREM. En face, pas d’union de la gauche mais Marie-Dominique Aubry, LR, une ancienne adjointe, patronne départementale des Républicains et qui l’accuse de trahison. Gros duel fratricide. Il n’y a pas de liste RN alors qu’ils ont fait 23% aux Européennes. Ils ont voulu investir une jeune candidate alors qu’elle avait quitté le parti mais la direction départementale n’était pas au courant... »
LE PRONO sparse
Chrétien winner dans un mouchoir de poche. On vous le rappelle ici mais pour ailleurs : attention aux bourrins RN, c’est facilement l’erreur en bout de piste.
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dirty south LA SAÔNE-ET-LOIRE avec Benoit Montaggioni (Journal de Saône-et-Loire) L’enjeu global : « Est-ce que quelque chose va bouger ? Les maires sortants sont bien placés. Les écologistes, vont-ils dépasser le PS ? LREM se raccroche aux branches. L’étiquette LREM n’est pas vraiment assumée par les candidats. » Vous comprenez pourquoi il est surnommé L’Équarrisseur du sud Bourgogne, le Silure du JSL, le Benoît ?
Damien Meslot, maire de Belfort et Denis Thuriot, maire de Nevers (oui, ce n’est pas en Saône-et-Loire mais notre illustrateur les kiffe).
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LE CREUSOT
Benoit Montaggioni : « Le maire PS, David Marti (à ne pas confondre avec le rugbyman), est soutenu par LREM. Il dit être sans étiquette mais, à titre personnel, ‘être socialiste’. Quand je lui demande si LREM pourra revendiquer sa victoire au Creusot, il dit ‘pas du tout, c’est ma liste qui l’aura gagnée’. C’est un soutien un peu honteux. Il n’en fait pas des caisses et revendique une liste majoritairement de gauche. Challengers : Pierre-Etienne Greffard, EELV. Ça n’a jamais été une ville très facile pour les écolos car c’est une ville au passé industriel. Et Charles Landre, LR, se présente sans étiquette alors que l’année dernière, il essayait de devenir le président des Républicains de Saône-et-Loire ».
LE PRONO sparse
Une victoire par ippon de Marti. Et il faudra penser à mettre un peu « d’éthique dans l’étiquette », les gars.
MONTCEAULES-MINES
Benoit Montaggioni : « Personne n’assume son étiquette. La mairesse Marie-Claude Jarrot présente une liste sans étiquette alors qu’elle est chez Libres, le parti de Dame Pécresse, et chez les Républicains. Et en même temps, elle est assez proche de LREM. Et, elle a été très très sympa avec les Gilets Jaunes. Bref, elle joue sur tous les tableaux. Elle agace un peu tout le monde et elle ne veut surtout pas qu’on lui colle une étiquette. La division de la gauche l’arrange mais elle doit faire très attention à la liste Lilian Noirot, ex FN, ex Patriotes, Debout le France, qui présente une liste... sans étiquette, aussi. Sur une triangulaire, il peut avoir une toute petite chance ».
LE PRONO sparse
On met une pièce sur la liste PS de Laurent Selvez. Coup de grisou ! Les étiquettes, c’est un peu gros. Ça va finir par se voir.
CHALON-SUR-SAÔNE
Benoit Montaggioni : « Personne ne veut afficher d’étiquette. Gilles Platret, maire sortant, président des Républicains de Saône-et-Loire, vice-président national des Républicains dit ‘j’ai une liste sans étiquette’. Il a compris que son bilan de maire est plutôt bon mais sur le plan national, il est extrêmement clivant. Des décisions ont heurté même dans sa majorité. Il s’est mis en mode bisounours. Il essaye de gommer au maximum tout ce qui fait qu’il a été visible ces dernières années (comme son peu fair-play refus de donner des menus de substitution dans les cantoches, ndlr). Son ancienne première adjointe, Isabelle Dechaume, centriste, a aussi une liste de droite avec un soutien officieux LREM, car LREM de Chalon ne soutient pas la liste officielle, celle de Alain RousselotPailley ».
LE PRONO sparse
Beau bordel à Chalon. La liste Lutte Ouvrière de Pascal Dufaigne au second tour. À force de se bouffer le nez, les autres vont lui laisser champ libre. Et demain tout le monde travaillera dans la joie au Kolkhoze Kodak. Non, en vrai : Platret.
MÂCON
Benoit Montaggioni : « Mâcon, c‘est toujours tristoune au niveau démocratique, il ne se passe pas grand-chose. Ça a toujours été dur pour la gauche. Le PS a renoncé à porter une liste ! C’est un 4ème mandat que sollicite Jean-Patrick Courtois. Là aussi, les étiquettes ont sauté ! Le maire est clairement chez Les Républicains mais il s’est allié avec LREM. La ville a véritablement changé en 15-20 ans, elle se porte bien économiquement, des gens continuent de s’installer. Courtois à Mâcon c’est une espèce de statue. La question qu’on se pose c’est : est-ce qu’il sera réélu au premier ou au second tour ? »
LE PRONO sparse
La liste Eve Comtet-Sorabella, placée au second tour. Elle a un max d’étiquettes (écolo, citoyen, Front de gauche, France Insoumise, PCF, PS) et ça on aime. Mais déso Eve, J-P Courtois gagne easy.
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s u o T ués o t ta
Trouver une personne qui ne serait ni tatouée ni percée relève aujourd’hui du défi. Il en existe bien sûr, des irréductibles. Mais ils sont désormais obligés de se cacher, craignant d’être pointés du doigt, jugés, ridiculisés. La peur a changé de camp. Mais comment expliquer qu’une pratique autrefois marginale soit aujourd’hui devenue la norme ? On en parle avec des tatoueurs et des tatoués, des perceurs et des percés. Par Matthieu Fort, à Dijon
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L
e corps, ce champ de batailles. Il subit nos assauts permanents pour venir en modifier les contours, la forme, les dimensions, la couleur. Cela passe par différentes formes : la transformation corporelle sportive, #NoPainNoGain, ou encore la transformation corporelle médicale avec, par exemple, des prothèses mammaires utilisées autant par Kim K que par une illustre inconnue suite à un cancer du sein. Mais il existe également une autre forme, que l’on pourrait qualifier d’artistique. Le corps devient une œuvre vierge qu’il faut décorer, orner, peindre. Il est difficile de retracer avec exactitude les origines de la modification corporelle. Ce qui est sûr, c’est que cela remonte à une période ancestrale. Une époque dont on n’a pas envie de se souvenir, sans 4G ni machine à laver connectée. De plus, la signification de ces modifications diffère selon les cultures. Pour le tatouage par exemple, en Polynésie, il marque l’appartenance à une classe sociale élevée. Plus t’es tatoué, plus t’es le boss. En application chez nous, Bernard Arnault passerait sa vie sous l’aiguille. À l’inverse, au Japon, le tatouage servait à marquer les criminels. Plus de rédemption possible, si tu avais fait une connerie, tu étais marqué à vie. Le tatouage, une affaire de taulard ? Dans le monde occidental, la pratique du tatouage fut interdite par l’Église durant le Moyen Âge. Le clergé considérait qu’on ne devait pas modifier la création divine (l’Homme) et que le tatouage était la marque du diable. Mais cela va réapparaître au XVIIIème siècle, au moment des grandes conquêtes maritimes. Ainsi, au contact des peuples polynésiens, les marins anglo-saxons vont découvrir cette pratique et vont ramener, directement inscrits sur leur corps, leurs souvenirs. Une sorte de carte postale à la Prison Break. Dans le même temps, « pour les pays latins comme la France, l’Italie ou l’Espagne, le tatouage est une affaire de taulards », précise Jérôme Pierrat, auteur du livre Marins Tatoués. Dans les deux cas, le point commun est le temps. Le temps long, confiné dans un espace fermé, durant lequel on s’ennuie profondément. Et quand on s’ennuie, on fait des conneries, c’est un réflexe enfantin. « Ils faisaient brûler du bois pour créer du noir de fumée qu’ils délayaient avec de l’eau, relate Jérôme Pierrat. Ils prenaient
Plutôt dauphin ou Rubik’s Cube ?
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trois pointes simultanément, qu’ils trempaient ensuite dans l’encre de fumée pour commencer à tatouer ». Ça c’étaient des bonhommes, des vrais ! C’est en adhésion totale à cet esprit, que Manon, qui n’est pourtant pas un bonhomme, s’est fait tatouer pour la première fois. « C’était beaucoup trop jeune et dans de mauvaises conditions, nous raconte-t-elle. J’avais 14 ans, c’était super punk. C’était une pote à moi qui ‘savait tatouer’. On a fait ça dehors, posées sur des escaliers en ville ». Même si, avec du recul, le résultat était décevant, « elle m’a fait un truc horrible sur le bras que j’ai dû faire recouvrir 2 ans après », Manon ne le regrette aucunement. C’est l’expérience d’une forme de « rébellion » qui importe. Culture punk C’est également par le biais de la culture punk que Veg, le fondateur et gérant du salon de tatouage Mu à Dijon, a approché les modifications corporelles. Les contrecultures en général sont marquées par une esthétique particulière, qui se construit en rejetant les normes de beauté. Les tatouages et les piercings sont là pour graver dans les corps cette opposition. Pour lui, « ils ont un capital très fort d’expression d’une propriété de soi ». Et il n’est pas forcément nécessaire d’être un ado en pleine crise pour ressentir ce besoin d’adrénaline libertaire. Veg nous raconte, par exemple, l’anecdote d’un homme de 60 ans venu se faire percer le lobe de l’oreille. A priori, on peut difficilement faire plus banal. Pourtant, l’homme avouera plein d’émotions que cela faisait 40 ans qu’il voulait le faire et qu’il s’est senti enfin autorisé à passer à l’acte seulement aujourd’hui. Modifier son corps aurait même une portée curative. « J’ai des tatouages aux significations lourdes, qui m’ont aidé à accepter certaines choses et même parfois à les surpasser », explique Romane, déjà tatouée à plusieurs reprises à 22 ans. Et effectivement, notre tatoueur nous rapporte des exemples de personnes venues panser des traumatismes, se réconcilier avec des parties de leur corps qui faisaient l’objet de complexes, recouvrir des cicatrices. Les tatoueurs, ces nouveaux psychologues. Cette notion explique en partie que le piercing se soit développé dans la communauté gay. Par exemple, un des salons pionniers dans le perçage corporel est The Gauntlet, fondé en 1975 aux États-Unis et dont la clientèle originelle était quasi exclusivement des personnes homosexuelles. Bien que dans une autre mesure, comme les taulards, c’est une communauté stigmatisée, dont le corps est pris pour cible et peut être meurtri. Un Français sur cinq serait tatoué Mais aujourd’hui ? En septembre 2018, un sondage IFOP affirme qu’un Français sur cinq serait tatoué. On dépasse clairement le cercle de communautés victimes d’oppression. Prenons l’exemple d’Axel, 28 ans. Sur le
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papier, il coche assez peu de cases stigmatisantes : c’est un homme, il est jeune, blanc, hétéro et il bénéficie d’un physique plutôt avantageux. Pourtant, ses bras commencent à disparaître sous les tatouages : portrait de cow-boy, bête du Gévaudan, baleine, mammouth, crosse de hockey... Au moment où il nous répond, son dernier tatouage, le treizième, est tout juste en train de cicatriser sous une fine couche de crème. Il reconnaît volontiers un attrait pour le tatouage « par pur aspect esthétique. J’ai commencé à kiffer les tatouages quand j’ai vu le premier clip de Yelawolf (un rappeur américain produit initialement par Eminem, ndlr). Il mettait juste des débardeurs et ça claquait ». La forme prend le pas sur le fond. Le tatouage, autrefois une pratique marginale et stigmatisante, est aujourd’hui socialement valorisée. Elle touche l’ensemble des
‘‘On a parfois l’impression, à travers le prisme de la profession, que c’est en passe de devenir un devoir social d’avoir un tatouage ou un piercing’’ - VEG, FONDATEUR DU SALON MU À DIJON
Nickel pour la photo du passeport.
Un t-shirt Christian Audigier ?
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Le tatouage « haut de raie » ne vieillit pas très bien.
‘‘Le corps est aujourd’hui un autre soi-même disponible à toutes les modifications’’ - DAVID LE BRETON, SOCIOLOGUE
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Le tatouage OK, la coupe de cheveux non.
classes sociales, des sexes, des genres. « On a parfois l’impression, à travers le prisme de la profession, que c’est en passe de devenir un devoir social d’avoir un tatouage ou un piercing », approuve Veg. Du coup, on ne peut pas s’empêcher d’avoir un sourire en coin quand on écoute Seth Gueko, rappeur viriliste, expliquer dans une interview que les gens ne sont pas encore prêts à accepter le style du tatouage. Selon lui, « on restera une niche et c’est bien mieux comme ça. Si la mode devient d’être tatoué, je me les enlèverais au laser ». Ok, et bien tu peux prendre rendez-vous, Seth. Le corps, un autre soi-même S’il est difficile à admettre que le tatouage serait devenu la norme, c’est bien parce qu’initialement, il était censé affirmer l’inverse. Pour l’anthropologue et sociologue David Le Breton, la marque corporelle « traduit la nécessité de compléter par une initiative personnelle un corps perçu comme insuffisant en luimême à incarner l’identité personnelle ». On cherche à se différencier en arborant des signes distinctifs. « L’originalité des vêtements, de la coiffure, de l’attitude ou, bien entendu, le recours au tatouage, au piercing, à la scarification, au branding, etc., sont des moyens de sursignifier son corps et d’affirmer sa présence pour soi et pour les autres. Ce sont des signes pour exister aux yeux des autres, ou du moins s’en donner le sentiment ». Forcément, les salons de tatouage sont aux premières loges pour constater ce phénomène. Pour autant, « j’ai envie de garder un regard positif sur la démocratisation, affirme Veg. Les gens se sentent autorisés de dire, par le corps, ce qu’ils ont envie d’être ». Et si, effectivement, on peut voir le côté individualiste et narcissique du tatouage et des piercings, « je me réjouis de voir parfois à l’accueil se juxtaposer un échantillonnage de cultures et de générations très diversifiées ». Évidemment, si certains font semblant de ne pas voir la vérité en face, d’autres ont bien conscience que les simples tatouages ou piercings ne sont plus suffisants pour affirmer une identité particulière. Il faut donc aller plus loin. Et là, si on commence un peu à naviguer sur Internet en cherchant « modification corporelle », il faut se tenir prêt. On plonge dans un univers étrange dont les contours s’apparentent à ceux d’un livre fantastique. Certains se font couper la langue en deux pour ressembler à un serpent, d’autres se font tailler la pointe des oreilles tel un elfe, ou optent encore pour des pas de vis dans le crâne, ou des reliefs sous la peau. Ainsi, dans une interview sur France Info
en juin 2017, l’artiste féministe Orlan arbore des cheveux bicolores, de grosses lunettes et des implants en silicone au niveau des tempes et déclare : « je me suis attaquée au corps pour changer le corps, pour me sculpter moi-même, pour me réinventer ». Cela concorde avec l’analyse de notre sociologue David Le Breton pour qui « le corps est aujourd’hui un autre soi-même disponible à toutes les modifications, preuve radicale et modulable de l’existence personnelle, et affichage d’une identité provisoirement ou durablement choisie ». Ces pratiques, qui paraissent radicales, restent marginales, du fait de leur illégalité pour le moment. Les plus téméraires se reportent sur ce qui reste abordable, comme se tatouer le visage. Dans un documentaire sur le sujet (Des visages, Yard), un tatoué déclare : « faut pas se mentir, si on se tatoue sur le visage, c’est principalement pour que les gens nous regardent et nous voient à travers ce qu’on représente ». Il ajoute pourtant : « c’est un suicide social » (coucou Orelsan). Car si modifier son corps peut paraître aujourd’hui banal, il demeure des poches de résistance, notamment professionnelles. Et dans une autre mesure, il s’agit de jongler en permanence entre l’expression de soi et le narcissisme absolu. // M.F.
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On est allé voir le météorologue en chef de la station de Besançon pour parler changement climatique à venir en Bourgogne-Franche-Comté. C’est grave, Docteur ? Par Delphine Fresard, à Besançon Photos : Raphaël Helle
météo franche
Heure de pointe sur le périph’ de Besançon.
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n matière de réchauffement climatique, chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles : projections alarmistes encore plus alarmistes et plus si futuristes que ça, méga feux, méga aqua alta, méga vents, koalas qui crament, vers de terre sociopathes dans nos jardins… Nos humeurs fluctuent à la vitesse d’un courant d’air (trop chaud) entre optimisme teinté de déni et désespoir teinté d’impuissance. Le truc angoissant, c’est de se sentir pris au piège sur une planète au stade de cancer avancé. Les psys ont fini par mettre un nom sur ce malaise, ça s’appelle la solastalgie ou éco-anxiété si tu préfères. Paraît que ce syndrome-là deviendrait le nouveau mal du siècle. On a appris dernièrement que des élites commençaient à préparer leur plan B en apprenant le suédois à leurs enfants (à part skol ofenstru, on ne sait rien dire en suédois). Le survivaliste qui sommeille en nous se pose la question de savoir s’il sera encore pas trop mal loti en BFC d’ici 20, 30 ou 40 ans. Demain quoi. Bruno Vermot-Desroche, chef de la station Météo France de Besançon (une des plus anciennes du monde, si si), co-auteur du livre Histoire du climat en Franche-Comté, lui, sait. Et il va pouvoir nous dire, si on peut continuer à dormir tranquille, ou pas. Pour commencer, un petit rappel sur la différence entre climat et météo ? On entend encore trop de confusion là-dessus. Y compris dans les médias. Si on veut scientifiquement parler tous de la même chose, et donc du climat, on est obligé de normaliser des références. La normale climatique est une donnée qui est définie par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui en donne une définition stricte : « normales : moyennes calculées pour une période de 30 ans en décennies entières ». Pour définir une normale, il faut donc 30 ans de données. 30 ans pour espérer avoir moyenné toutes les possibilités des conditions météo extrêmes qu’on peut avoir sur ce nombre d’années. 19812010 est la normale de référence actuelle. Par exemple, on regarde tous les 30 janvier depuis 30 ans, et on se dit, celui-là il a été plus chaud ou plus froid. La prochaine normale sera calculée l’année prochaine sur 1991-2020. On me dit souvent : « Météo France, vous n’avez pas crié au loup très tôt sur le réchauffement climatique ! ». Mais il a fallu attendre 2001 pour vraiment confirmer ce qu’on commençait à observer dès 1990, soit que les températures moyennes augmentent. Dire que les 10 dernières années font partie des plus chaudes du siècle, c’est faire de la météo. En revanche, le réchauffement climatique, c’est mettre en évidence une évolution des normales. Prenons l’exemple des notes de classe. Vos notes, c’est la météo. En fin d’année on fait la moyenne générale, et ça c’est le climat. Quand on dit que vous avez progressé, c’est que votre moyenne a augmenté, pas forcément toutes vos notes ! Là, c’est la même chose. Le réchauffement
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climatique, ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de vagues de froid. Et ça ne voudra pas dire non plus qu’elles seront moins fortes. Mais tout cela se produit, globalement, dans une atmosphère de plus en plus chaude qui, elle, traduit le réchauffement climatique. On a l’impression cette année de ne pas avoir eu de vrai hiver : il faisait doux, il n’y a pas eu de neige, ou très peu… Alors ça, c’est de la météo ou du réchauffement climatique ? Vous savez, j’aime bien montrer des images d’antan lors de mes conférences. En l’occurrence, celle d’un tacot à vapeur dans le village de mon enfance, à
« Entre 1880 et 1921, à votre avis, c’est quoi l’enneigement moyen à Mouthe le 5 février, période où il y a le plus de neige ? Tout le monde dira que c’est la hauteur du piquet de pâture, hé bien non, la hauteur moyenne c’est le premier barbelé, soit 23 cm »
Bruno Vermot-Desroches et sa cabane au fond du jardin.
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« À partir de 2070, le souvenir de la sécheresse de 2018 sera le souvenir d’un été frais » 38
Chatelblanc (ndlr : dans le Doubs à plus de 1.000 m d’altitude), qui ne peut pas passer car il semble y avoir plus de 3 m de neige tout autour. Il y a plein de photos comme ça autrefois. Seulement on faisait les photos quand il y avait de la neige, pas quand il n’y en avait pas... Pour le tacot, si on observe bien, on voit que les collines derrière sont dégarnies. La conclusion est que, contrairement à ce dont on a l’impression, il n’y pas tant de neige que ça plein champ et que ce sont juste les congères qui forment cet amas impressionnant de neige tout autour du tacot. Les photos qu’on retrouve de l’ancien temps, ce sont des photos qui donnent des indications sur les conditions météo, ce n’est pas du climat. Les gens sont tous persuadés qu’il y avait plus de neige quand ils étaient enfants, et cela à n’importe quel âge, mais c’est une vision déformée de la réalité climatique. Quand on est petit, on voit également la neige bien plus haute qu’elle ne l’est en réalité. Vous épluchez les albums photos ? Pas que ! Je suis en train de dépouiller tous les relevés de neige de Mouthe entre 1880 et 1921. J’ai moyenné les hauteurs de neige chaque jour et fait une moyenne sur 40 ans. À votre avis, c’est quoi l’enneigement moyen à Mouthe le 5 février, période où il y a le plus de neige ? Tout le monde dira que c’est la hauteur du piquet de pâture. Hé bien non, la hauteur moyenne, c’est le premier barbelé, soit 23 cm. Alors effectivement, ces 20 dernières années on a perdu 3 cm. Il fait plus doux. Mais par contre c’est faux de dire qu’avant « il y avait toujours 1 m ! ». On ne se souvient que de la hauteur maxi de l’hiver. La grand-mère de ma grand-mère disait déjà la même chose et pourtant on ne parlait pas de réchauffement climatique à son époque. Vous savez, à l’école, on nous apprend que la Franche-Comté se situe dans un climat semicontinental. C’est faux. On est sur un climat océanique. Très doux et arrosé. Un climat continental, c’est Moscou. C’est le cliché de la petite Sibérie ? Exactement. Dans la réalité météo de notre région, un mois de janvier, il est doux et arrosé. Pour les gens, la normalité c’est qu’il neige en janvier, mais la vraie réalité climatique dans notre région, ce n’est pas ça. Les hivers froids et neigeux sur toute la durée sont des hivers exceptionnels. Alors est-ce à cause du réchauffement climatique qu’il n’y a pas eu de neige cet hiver ? Je n’en sais rien, des hivers comme ça, j’en trouve dans le passé. Ce qui est réel en revanche c’est qu’on va désormais vers une recrudescence des records battus en termes de températures et une diminution de la durée d’enneigement. Il y a 100 ans, l’enneigement durait 2 mois et demi, aujourd’hui il dure 2 mois. On constate 15 jours d’enneigement de moins à 900 m d’altitude. Le réchauffement climatique, ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de neige, ça veut dire une fréquence d’enneigement qui diminue progressivement au fil des années car l’atmosphère est de
plus en plus chaude. La probabilité d’avoir de la neige un jour donné, disons début février, s’amenuise donc petit à petit, un peu comme si le relief perdait de l’altitude progressivement, de l’ordre de 40 à 50 m tous les 10 ans. L’enneigement d’une station comme celle de Chapelle-des-Bois à 1.100 m d’altitude dans 80 ans ressemblera à ce qu’on observe aujourd’hui vers 600 m. Les stations de ski en moyenne altitude pourraient avoir de plus en plus de difficultés et commencent déjà à en voir les conséquences. Vous parlez d’atmosphère de plus en plus chaude - on rappelle que l’objectif de la COP21 est de contenir le réchauffement planétaire à + 1,5° par rapport au niveau préindustriel - on en est où en BFC concernant l’évolution des températures ? On mesure deux paramètres. Les minis et les maxis. C’est avec ça qu’on fait la moyenne. On constate que les minis augmentent sans discontinuer depuis 1880 (le début des relevés ici), elles montent de façon régulière et même s’accélèrent récemment. En revanche les maxis montent dans les années 20, redescendent dans les années 70 et remontent à nouveau. Cela s’explique par les cycles du soleil. On sait que dans les années 70, le soleil était un peu moins actif, ce qui nous vaut des maximales plus faibles ces annéeslà. Ce qui nous vaut aussi les hivers les plus enneigés du siècle. Ils sont dans les années 70, pas avant. Pour toute une génération, c’était normal de mettre des pistes de ski à Bolandoz ou à Pierrefontaine-les-Varans dans le Doubs, soit à 700 m d’altitude, mais ce n’était pas la réalité climatique ! Le soleil enchaîne des phases actives, moins actives… Entre parenthèses, là-dessus aussi ça ne va pas dans le bon sens car le soleil est de plus en plus actif. Bref, ce qu’on constate depuis 1980, c’est que ça monte régulièrement et que ce n’est plus un accident météo. Sur une période de 50 ans, c’est indéniable. Aujourd’hui la température de Besançon est celle de Lyon il y a 100 ans. Figurativement, on avance de 10 m par jour vers le sud. Ça fait du 3 ou 4 km par an… 2018 est l’année la plus chaude de juin à octobre jamais observée depuis 1880 à Besançon et la plus déficitaire en pluie. 2018 et 2019 étaient à peu près à +2,5° au-dessus des normales, hé bien typiquement la sècheresse du Doubs sur laquelle vous avez fait votre papier (cf. Sparse n° 26), c’est un échantillon d’un monde à +2,5°… Alors, concrètement, à quoi s’attendre niveau météo dans notre région ? Tout dépend de nos actions actuelles. Mais si on reste sur la même trajectoire, c’est le scénario catastrophe qui l’emporte et sur ce scénario, à partir de 2070, le souvenir de la sécheresse de 2018 sera le souvenir d’un été frais. Dans les projections les plus optimistes du GIEC (ndlr : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), on finit figurativement à Orange, mais selon les études, dans la trajectoire actuelle nous pourrions avoir, dès 2050, des températures semblables à Arezzo en Toscane et en 2080 à
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Sécheresse du Doubs, octobre 2018.
Le Doubs, gelé, au même endroit. Hiver 2012.
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« Le problème, c’est que les gens ne s’inquiètent que quand ils ont le nez dans le caca » Ioannina en Grèce. Et ça, ça veut dire également que des espèces vecteurs de maladie, comme le moustique tigre, remontent aussi. Malgré les idées reçues, il pleut plus aujourd’hui qu’autrefois et notre régime pluviométrique devrait rester constant dans le futur. Seulement, quand on augmente la température de 1°, l’évapotranspiration augmente considérablement, il faudra donc s’attendre à plus de sécheresse. Ça va se passer comment, l’évolution dans le temps ? Régulièrement ? On n’a pas un calendrier dans les mains, mais disons qu’il y a deux phases. Les 20/30 ans qui viennent où l’on va connaître une hausse de l’ordre de 1,5°C. On pourra vivre avec. Puis il y a l’après 2050, et c’est donc maintenant qu’il faut agir pour cette période. Le problème c’est que les gens ne s’inquiètent que quand ils ont le nez dans le caca. Si l’été prochain il pleut et que tout se passe bien, on pensera moins au réchauffement climatique, notamment à cause de la confusion météo/climat. Le Comté et les vins de BFC seront-ils, un jour, de lointains souvenirs ? Alors ça… Un agriculteur me demandait l’autre jour : « c’est quoi notre région à +7° ? ». Hé bien je lui ai répondu : « Casablanca, des chameaux et des dromadaires ». Je dis ça brutalement pour la provoc’ mais c’est un changement brutal +7°, un monde qu’on ne connaît pas. Alors comment s’adapter ? On ne sait pas. On peut encore s’adapter sur les 30 ans qui viennent. Mais ensuite, on ne sait pas ce que sera l’agriculture de demain. Ce dont on est sûr, c’est que ce ne sera pas celle d’aujourd’hui. Le cahier des charges du comté ne sera plus tenable à terme. Il faudra réduire les cheptels… Les vins, quant à eux, devraient être profondément touchés par le réchauffement climatique car plus de soleil signifie plus de sucre dans le raisin, donc plus d’alcool dans le vin et donc un changement de ce qui fait leurs caractéristiques. Avant, quand on voulait un vin un peu costaud, à 15°, on achetait un Sidi Brahim, maintenant
on achète un côtes-du-rhône, un châteauneuf… Les viticulteurs voient également leur calendrier des récoltes complètement perturbé ces dernières années. Avant, les vendanges se faisaient fin septembre. Maintenant, elles commencent 15 jours plus tôt. Là on parle de l’agriculture et de la viticulture mais la sylviculture va également être impactée. Les forêts seront sûrement moins denses pour que tous les arbres puissent avoir accès à l’eau de la nappe phréatique. Les résineux comme les sapins et les épicéas, plus sensibles aux fortes températures risquent d’être plus touchés. Pour faire simple, les arbres qui ne s’habitueront pas disparaîtront. Vu la rapidité et l’intensité du réchauffement, il est encore difficile de savoir exactement quelle essence s’adaptera. Il y aura également des risques accrus de feux de forêts étant donné les sécheresses. Au-delà de l’aspect économique, cela va profondément modifier nos paysages. Au vu de ce tableau assez pessimiste, gardez-vous tout de même un peu d’espoir ? Pensez-vous qu’il soit encore judicieux de faire des enfants en 2020 ? Compliqué de dire si c’est raisonnable d’avoir des enfants… Ce qui donne de l’espoir c’est de voir que ça émerge au niveau des consciences, on en parle de plus en plus. Après, on n’a pas forcément idée de l’ampleur géopolitique globale que le réchauffement climatique va provoquer du fait de la montée des océans, des migrants climatiques, puis qui dit sécheresse dit famine… Le GIEC met en évidence un risque accru de conflits au-delà des 3°… Je ne suis pas collapsologue. Mais c’est sûr que c’est très alarmant comme situation. L’ensemble de l’Europe sera touché. Pas besoin d’aller occuper un bunker en Suède. C’est certain que le réchauffement climatique accentue et accentuera les inégalités, et hélas les plus riches trouveront toujours des endroits où il fait bon vivre. Pour l’heure, il faut déjà se poser la question de savoir comment habiter notre territoire avec plus d’intelligence et aussi agir à son niveau, ça reste très important, chaque geste compte et, surtout, ne pas baisser les bras car la bataille n’est pas complètement perdue ! // D.F
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FORT KNOX Comment on affine le Comté au fort des Rousses, la forteresse de l’or en meule. Par Chablis Winston, aux Rousses (39) Photos : Alexandre Claass
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35.000 meules de comté... Vertigineux. En débarquant dans la petite station de sports d’hiver au cœur du massif jurassien on essaie de s’imaginer... 135.000 meules qui s’affinent tranquillement. Des trésors cachés comme ça ? Après tout on n’est qu’à 1 km de la Suisse, ça tient debout. Des centaines et des centaines de fromages, sur des kilomètres de galeries, posés les uns à côté des autres qui attendent le bon moment. Un spectacle hallucinant. La plus grande des caves fait 214 m de long pour 6.000 meules. En entrant, on se croirait à la Banque de France, c’est un lieu protégé qui se mérite. Le fort des Rousses est une énorme forteresse en pierre en plein milieu du village des Rousses. C’est tout simplement la 2ème forteresse de France en superficie après le Mont Valérien, à Suresnes. 21 ha, 2,8 km de tour d’enceinte. Un monstre.
L’idée de construire une forteresse dans le coin vient de Napoléon Bonaparte, pour protéger le coin d’une attaque de Prussiens par la Suisse et la vallée de Joux, qui fait face aux Rousses comme un corridor naturel. Le temps de trouver le financement et c’est finalement en 1840 qu’on commence à ériger le fort. Napoléon III en accélère le processus mais c’est seulement en 1910 que le fort est fini. 70 ans de construction... Autant dire qu’en 1910, le Prussien ne risque plus de débarquer par la vallée mais la peur de l’Allemand est encore bien présente. Le fort des Rousses est occupé par des militaires, c’est une garnison et ensuite un lieu où on passe le service militaire. De nombreux appelés sont passés par ici jusqu’en 1995, date où Jacques Chirac se fait aimer de toute une génération en réformant le service militaire… Le fort est alors revendu par l’armée. C’est là que commence l’histoire de l’affinage aux Rousses.
De nombreux appelés sont passés par ici jusqu’en 1995, date où Jacques Chirac se fait aimer de toute une génération en réformant le service militaire. Jean-Charles Arnaud, venant d’une famille de fromagers de Poligny depuis deux générations, a passé un an de service aux Rousses dans ses jeunes années, il se souvient très bien du fort et de ses caves. Il a eu tout le temps d’imaginer comment les utiliser. Ça trotte dans sa tête. Il acquiert une grande partie du fort en 1996 et commence ses tests dans les 50.000 m² de caves. Température, humidité, tout est relevé pour se rendre compte que le lieu est parfait. Seulement 1° d’amplitude de température. 6-7°. On lance ! En 1998, la première meule de comté débarque dans le fort...
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« Le morbier, c’est 50 jours d’affinage, le mont d’or, 21 jours seulement, alors que le comté s’affine de 4 mois à 36 mois. Au fort, c’est minimum 12 mois. C’est pas le même processus, c’est long. » jusqu’à en avoir près de 140.000 en 2020. Le plus grand lieu d’affinage du comté du monde. Bon, tu vas me dire, l’aire de l’appellation comté, c’est dans le Doubs, le Jura et un peu dans l’Ain seulement. Mais c’est quand même le plus gros du Monde. Aux Rousses, on affine la marque Juraflore, la marque des fromageries Arnaud, mais, ici, on ne fait pas le fromage, on l’affine seulement. Le fromage vient de 16 « fruitières » du coin, les coopératives où sont élaborés les fromages de longues conservations en montage, issus du lait des Montbéliardes. On affine ici, tiens-toi bien, 15 % de la production totale de comté. Un gros machin mais qui reste une entreprise familiale indépendante, avec une cinquantaine de salariés. Sodial, un grand groupe laitier, sort presque 30 % de la prod’ de comté. L’affinage, c’est le processus de maturation du fromage. Nathalie Tomasetti nous explique le processus. Elle nous accompagne dans les coins les plus secrets de l’ancien complexe militaire. Elle qui est là depuis le début de l’aventure du comté aux Rousses connaît les moindres recoins et les moindres détails du fort et de la fabrication. C’est cette sympathique quinqua à l’accent du coin, qui accompagne ceux qui veulent visiter le fort de nos jours. Après un petit cours sur l’histoire du lieu, elle nous équipe et nous ouvre les portes du Saint des Saints. Première impression : c’est vertigineux toutes ces meules et ça prend à la gorge ! Une odeur de vieux fromage (pas de surprise) mais aussi d’ammoniac (on s’y attendait moins), nous saisit. « C’est naturel », nous avoue Nathalie. « Le comté secrète de l’ammoniac au bout de quelques mois en s’affinant, faut s’habituer à l’odeur ». C’est dangereux pour les travailleurs ? « Pas du tout », fin de la discussion. Pour fixer l’ammoniac au sol, on met de l’eau dans le fond des travées entre les rangs de comté. On patauge donc dans 2 cm d’eau dans les caves du fort. Inattendu. « Le morbier, c’est 50 jours d’affinage, le mont d’or, 21 jours seulement, alors que le comté s’affine de 4 à 36 mois. Au fort, c’est minimum 12 mois. C’est pas le même processus, c’est long. » On entre dans le détail de l’alchimie qui nous donne le comté avec Nathalie. Le comté arrive en meule « en blanc » des fruitières, elles sont ensuite marquées, pour plus de traçabilité. Une meule de comté est unique, par son goût et son immatriculation. Les meules sont ensuite placées en « cave chaude », à 14°, pour lancer la maturation, c’est là qu’on commence à developper les textures et les goûts. C’est ensuite qu’elles débarquent dans les immenses « caves froides » à 6-7°pour le reste de l’affinage de 12 à 36 mois. Dans ces immenses caves, il faut sans cesse retourner les
meules, les saler ou mettre de l’eau dessus, la classique de l’affinage. Une tâche effectuée par... des robots. On les appelle « robots de soin » dans le métier, c’est mignon. Et moi qui me rappelais de la pub de mon enfance « Avec le temps vient le temps du comté ». Tu te rappelles ?! Elle te donnait faim cette pub, incroyable ! On y voyait des grand gaillards retourner les meules dans des gestes qui paraissaient ancestraux. « C’est fini depuis 40 ans ça ! Ici ça a toujours été automatisé. » Nous assure Nathalie. Le travail est trop dur. Les meules pèsent en moyenne 40 kg. Avant y’avait de jeunes du coin qui voulaient se muscler mais franchement, là c’est trop dur... ». Les robots sont programmés pour aller chercher les bonnes meules dans les allées et travailler dessus. Vu le gigantisme des allées, un robot met entre 20 et 24 h pour s’en faire une entière (en moyenne 100 m de longs et 15 de haut…), donc un homme, il mettrait 2 semaines et il n’aurait plus de dos…
Mais alors le travail de l’homme c’est quoi là dedans ? « Déjà c’est programmer les robots, c’est fastidieux, faut pas se tromper » nous explique notre guide du jour. Mais aussi les recharger en sel et en eau, faire la maintenance, nettoyer les Et au milieu coule une rivière. planches sur lesquelles on pose les meules (des kilomètres de rayonnages). Mais aussi, bien sûr, trier et estimer le temps d’affinage du comté, le plus important. Xavier est maître affineur. Franchement, c’est pas la classe comme titre ? « Je suis Maître affineur », ça claque plus que « je suis assureur », franchement ? Mais Xavier se la joue modeste. « Avec l’habitude, quand les meules arrivent, en fonction de la fruitière d’où elles viennent on sait à peu près ce que ça va donner pour l’affinage ». Ensuite vient le temps de l’observation. La croûte, la texture... Les meules sont scrutées à l’extérieur, et à l’intérieur aussi, grâce à « la sonde », le petit outil des affineurs. Avec le manche, on « sonne » la meule, c’est-à-dire qu’on tape dessus et en fonction du son, on sait ce qu’il se passe dedans. Avec l’autre côté de la sonde, on va carotter la meule, en prélever un échantillon. On regarde la couleur, la texture aussi, et
on goûte. « En fonction de tout ça, on va savoir combien de temps affiner une meule de comté. Mais ça ne se fait pas en 2 jours. C’est un processus qui peut prendre 6 à 8 mois pour savoir ce qu’une meule va donner », nous précise Xavier. « En fait, c’est comme un vin en cuve. Le goût va évoluer et à un moment, il va tomber. Nous, on doit anticiper ça, anticiper la courbe de hausse de goût pour en tirer le meilleur avant qu’il ne s’effondre. » Un savoir-faire qui s’acquiert sur le long terme, comme un vigneron. Mais il faut savoir que ce n’est pas le temps d’affinage qui définit un bon comté. « Certains sont très bons mais ne nécessitent que 10 mois d’affinage pour arriver à leur maximum. Chaque meule est vivante et vit sa propre vie », assure Xavier.
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Traces de pneus.
Dans ces immense caves, il faut sans cesse retourner les meules, les saler ou mettre de l’eau dessus, la classique de l’affinage. Une tâche effectuée par... des robots.
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Le Maître affineur, c’est lui qui sait tirer toute la capacité du goût du comté, avec le timing approprié. Un comté peut être plus vieux et plus fort, sans être forcément meilleur. Ça dépend du style de chacun. Les meules sont placées en caves en dépassant un peu de la planche pour être attrapées plus facilement, mais pas trop pour ne pas laisser de grosses marques sur la croûte. Les jeunes meules sont disposées à côté des vieilles. « On mélange les âges. Comme ça les jeunes vont ‘partir’ plus vite en maturation. On ne dispose pas les meules par catégories d’âge car ça casserait ‘l’ambiance’ », nous explique Nathalie. L’ambiance, c’est important dans une cave d’affinage, et une bonne ambiance, c’est un beau mélange. Pas de communautarisme. Comme en soirée en fait. Aux Rousses ? C’est bonne ambiance. Chill. Une ambiance relax mais qui peut virer à l’inquiétude, quand on sait que ces dernières années, les braquages de comté se sont multipliés. Dans le Haut-Doubs, en 2015, c’est pas moins de 4 T qui sont parties. Aux Rousses, 135.000 meules, de 40 kg, à 15 euros le kilo en moyenne (au bas mot). Je te laisse faire le calcul. Ça s’écoule facilement sur les marchés, tout le monde aime le fromage… D’après Nathalie, « le fort est dissuasif, ces gros murs d’enceintes...
La Batmobile n’était donc qu’un Fenwick®.
on n’a jamais eu de problème. Bon, on a un système de sécurité élaboré quand même ». Mais c’est vrai que défoncer la porte d’un entrepôt et défoncer un mur de 7 m d’épaisseur, c’est pas la même. Comme une bonne meule de comté, le fort est toujours en évolution depuis sa reprise en 96. Des nouvelles caves ont été creusées, dans la roche, qui encercle les bâtiments. Pour la dernière en date, c’est pas moins de 36.000 m³ de roche qui ont été évacués pour créer 3.500 nouvelles places pour les comté. Le style du fort est gardé, si bien qu’on passe de caves en caves sans se rendre compte si on est dans de l’ancien ou du neuf. À part pour la plus grande d’entre elles, où a été mise une petite ambiance néon violet lounge mi-cave d’affinage / mi-club libertin pas désagréable. Quand on sort du fort, on doit bien avouer que l’ammoniac qui nous reste dans les narines nous empêche d’avoir envie de nous jeter sur le premier comté 18 mois venu. On les prend et on se les garde pour plus tard. On essaie d’aller faire un tour au parcours aventure, qui passe d’arbre en arbre dans l’enceinte du fort et qu’on a fréquenté, il y a quelques années. « C’est nous qui gérions ça », nous apprend Nathalie. « Mais c’est fini. On a arrêté l’accrobranche et tout ça, c’est pas notre métier. Nous on affine du fromage, et c’est déjà pas mal ». Mieux que ça même. // C.W.
MONSIEUR
DAMES
Il est maître national, a dix titres de champion de France de jeu de dames dans la musette et est diplômé fédéral d’échecs et de dames. On est allé à Montceau-les-Mines à la rencontre de Pierre Monnet, un champion ultra capé dans sa discipline. L’homme est modeste et frontal. Autant vous dire que c’est pas le moment de parier votre bagnole sur une partie pendant l’apéro.
Texts et photos : Cédric de Montceau, à Montceau-les-Mines (71)
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Comme Dave, Pierre aime l’edam.
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Il est Bourguignon. Né à Bourbon-Lancy en Saône-et-Loire, il y a presque 50 ans, il a vécu ses dix premières années dans la ville thermale puis est arrivé à Montceau-les-Mines. Son père y avait dégoté un job. Il était directeur adjoint de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie. Pierre passe un bac lettres et arts options arts plastiques. Étonnant quand on pratique une activité aussi calculatoire... Ensuite, il est parti deux ans en Afrique dans les commandos d’infanterie de marine pour faire son service militaire. « C’est pas vraiment la marine, c’est la coloniale, hein ! La grande rivale de la légion. Les coloniaux sont tout aussi fous ! Moi, j’y allais surtout pour voyager ». Pierre a découvert le jeu de dames là-bas, à Dakar. C’est en Afrique que ta passion est née. Oui, il y a d’excellents joueurs là-bas ! Puis de retour au pays, je me suis mis à jouer dans les bistrots. Notamment au Galion, un bar mythique de Montceau. Je me suis inscrit au club de Dijon où il y avait Henri Cordier, ancien champion de France 1979, à Valence. C’est un maître national reconnu. Il est aussi problémiste, c’est-à-dire qu’il crée des problèmes en disposant des pions et ensuite les blancs jouent et gagnent. À toi de trouver. Il était aussi écrivain et poète, il doit avoir aujourd’hui 85 ans je pense. Son fils Arnaud est 16 fois champion de France. Sinon, avec Dijon, on a gagné une coupe de France des clubs en 1997. Et ensuite je me suis confronté aux joueurs de niveau national.
«c’est un jeu passionnant. Un jeu diabolique et renversant. » Tu as eu plusieurs titres ces dernières années. Ce qu’il faut comprendre dans mon profil de damiste, c’est que je pratique différentes formes du jeu. Le jeu de dames en 100 cases où j’ai un titre de champion de France en semirapide en 2004. Sinon j’ai sept titres en 64 cases et deux en 144 cases. Je les ai obtenus entre 2011 et 2020. Joli palmarès ! Oui bien sûr mais je ne suis pas un super cador. L’épreuve reine c’est le 100 cases, c’est un peu comme le 100 mètres à l’athlétisme. Moi j’excelle sur le 64 cases, donc c’est moins glorieux on va dire. Je suis dans les bons, j’ai fait quelques coups qui me donnent des titres mais je ne suis pas le super cador. Je me suis classé 20ème aux Jeux de l’esprit à Lille en 2012 sur une quarantaine de joueurs. C’est une compétition internationale. C’est inespéré vu mon profil. J’ai commencé à 20 ans, c’est déjà trop tard pour espérer être au top. On parle de sport de l’esprit, es-tu d’accord avec cela ? Moi, je parle plutôt de sport cérébral. Dès lors qu’on parle de haut niveau, je pense qu’on peut utiliser le mot « sport ». C’est vrai qu’il y a quand même un impact physique. Quand tu fais un championnat d’une semaine avec 2 parties par jour de 4 ou 5 heures, c’est sûr que celui qui gagne c’est celui qui encaisse le mieux la fatigue nerveuse, celui qui gère au mieux la concentration. Après tant de temps de réflexion intensive et d’isolement mental, des fois faut un apport de
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Dame-lui le pion !
sucre. Il y a un impact physiologique fort. Avant de grandes compétitions, Kasparov, le grand maître d’échec, faisait du footing et soignait son alimentation. La préparation est importante. Pour ma part j’ai toujours été sportif. Je suis boxeur amateur, j’ai fait 10 ans de full-contact et j’ai gardé la ligne. Aujourd’hui, je pratique plus le vélo et la marche mais je pratique aussi le Qi Gong et le yoga qui m’aident à entretenir le mental et le corps. Tu es plutôt un artiste à la base et un sportif donc, pourtant ce jeu fait appel à l’esprit mathématiques, non ? C’est plus calculatoire que mathématique. Si tu regardes Des Chiffres et des lettres, les concurrents doivent anagrammer des lettres. Ils font des calculs, ils ne se servent pas de théorèmes mathématiques. Le seul Africain à avoir été champion du monde ne savait ni lire ni compter. Ce jeu est un jeu de calcul spatial. Effectivement tu peux tout expliquer avec les mathématiques mais le raisonnement de ce jeu c’est du calcul spatial comme pour les athlètes de sport collectif. Au football, par exemple, tu sais où est le numéro milieu récupérateur, les défenseurs, les ailiers etc. Le raisonnement est combinatoire. On peut même aussi dire que c’est littéraire dans le sens où une partie de dames, c’est une histoire. Les ouvertures, je dispose les pièces sur le jeu, je développe, je contrôle les cases centrales, j‘évite les pions les plus éloignés du centre. Deuxième phase en milieu de partie, j’essaye de provoquer une faiblesse dans le jeu adverse ou je compense une des miennes contractées dans l’ouverture. Troisième phase, fin de partie, j’essaye de concrétiser un avantage gagnant ou alors j’essaye d’égaliser. Bref, il y a bien une articulation intro - développement - conclusion qui est typique de la logique littéraire. Les parties de jeux de plateaux s’articulent comme une histoire. Après, le calcul t’aide à prendre des décisions qui vont animer ce plan. Il n’y a jamais deux parties identiques.
Vu comme ça... Tu sais c’est un jeu passionnant. Un jeu diabolique et renversant. Aux dames, ce qui est spectaculaire, c’est de voir un mec qui fait exprès de te donner ses pions dans un ordre bien précis et à la fin tac tac tac tac, il ramasse 5, 6 ou 7 pions. C’est un rapport de force qu’il faut gérer, et opérer des choix stratégiques. Le sacrifice est inhérent à ce jeu ? Oui mais au final, le sacrifice c’est plus le facteur tactique. On distingue la stratégie de la tactique aussi bien aux échecs, aux dames ou à Othello. La stratégie est un plan de bataille global, c’est une ligne directrice. La tactique ce sont toutes les petites armes ou astuces instantanées au service de la stratégie. Tu comptes aller chercher encore des titres ? Je ne sais pas, on verra. Il y a un mécène de Saint-Vallier qui a fait un don à mon association pour que je puisse faire les championnats du monde. Il tient à rester discret mais je tiens d’ailleurs à le remercier. Quitte à faire une compétition internationale, autant que ce soit les championnats du monde plutôt que ceux d’Europe. Grâce à ce généreux donateur je vais me faire massacrer par le haut du panier mondial du jeu de dames (rires). // C.d.M.
« L’épreuve reine c’est le 100
cases, c’est un peu comme le 100 mètres à l’athlétisme. Moi j’excelle sur le 64 cases, donc c’est moins glorieux. »
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LA RUÉE VERS L’EAU Par Arthur Guillaumot, dans l’Auxois (21) Illustrations : Michael Sallit
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Trouver des sources avec un pendule ? Sentir la présence souterraine de l’eau avec son corps ? Impossible ? Sourcellerie, radiesthésie, chercheurs d’eau, taux magnétique et bachibouzouk... On est parti à la découverte de ce domaine insondable, avec deux de ses spécialistes.
Le pendule, l’outil du sourcier, tournoie au-dessus du cadastre. Sur le plan, il y a un champ, comme il y en a beaucoup, ici, dans l’Auxois. Son propriétaire aimerait savoir s’il y a une source, si on peut imaginer creuser un puits. Jean* a de grosses mains, de celles qui connaissent la terre, elles tremblent un peu. C’est une force rocailleuse, noble d’expériences récoltées après une vie dans le domaine agricole. Pas d’état de transe, juste un sourire au moment où il met le doigt sur la carte. C’est là. Il y a de l’eau ici. C’est le pendule qui le dit. Et lui, il le ressent. Jean est sourcier. Avant lui, son père cherchait l’eau, mais quand il était jeune, Jacques n’en avait pas le goût. Il y a 10 ans, il a fait lui-même appel à un sourcier. Il a senti l’appel de l’eau et a tâté le pendule. Avec succès. Depuis, il se balade, conseillant, consultant, initiant. Une histoire de ressenti selon lui. Nous sommes chez Marcel*, que Jean a formé. La véranda donne une vue très large sur l’Auxois. « Dans le coin, les gens nous connaissent, on a cherché sur beaucoup de terrains », confientils. Marcel est curieux, il a beaucoup lu sur le sujet, pendant que Jean l’initiait. Quand Marcel a pris sa retraite, Jean est venu au pot de départ et lui a offert un pendule, juste comme ça. Et il a senti l’appel de l’eau, lui aussi. Les deux préfèrent qu’on ne dise pas « sourcellerie » mais qu’on parle plutôt de « chercheurs d’eau ». « Ça fait un bon titre aussi, et puis ça laisse moins penser qu’on peut finir sur un bûcher », s’amusent-ils. Comme dans tous les domaines qu’habite le mystère, la sourcellerie compte plusieurs écoles. Oups, on dit radiesthésie. C’est du grectin, mélange du latin « radius » le rayon, et du grec « aisthêsis », la sensation. Ceci n’est pas un exposé. Mais bon, il faut bien revenir à la source. Depuis la nuit des temps, les hommes ont un rapport de nécessité à l’eau. Ils ont soif, quoi. Et ils aiment avoir des caleçons propres. Alors, il a fallu chercher l’eau.
Jean est formel. « Notre recherche de l’eau a quelque chose d’instinctif. C’est un reste de notre état de nature. » Il me parle de nos taux de cristaux magnétiques. Ça serait la grande réponse, qui fait qu’on peut tout contrôler. Même voler. Ah non ? Quand même pas ? « Non, quand-même pas. Par contre, je peux faire plein d’autres trucs, je peux voir si un lieu est habité par des morts et je peux chasser ceux qui errent. » La question du don chez les sourciers est un peu une question tabou. La poser, c’est prendre le risque d’assécher l’interlocuteur. Mais alors, Jean, il n’y a vraiment pas de don ? « Non. Par contre on a tous un taux magnétique différent dans le corps. Certains en ont un plus haut que les autres. » Marcel acquiesce. « Celui de Jean est bien plus haut que le mien. En fait, il n’y pas de don mais on peut parler d’hérédité pour le taux magnétique. » Jean défend encore le camp du « il n’y a pas de don » : « C’est comme avec la musique, pour l’oreille absolue ». Un don qui n’en est pas un. Comme la taille du zgeg. C’est pas le taux qui compte en fait. « Quelqu’un qui a un taux très faible, il peut trouver des sources. Ce qui compte c’est de s’écouter. C’est une question de ressenti. » Ça tourne un peu sexo ou je rêve ?
« Notre
recherche de l’eau a quelque chose d’instinctif. C’est un reste de notre état de nature. »
* Les prénoms ont été modifiés.
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Au fil de la discussion, le ressenti revient beaucoup. Ils confient même qu’une technique de radiesthésie consiste à méditer. Ils abordent la sourcellerie par un versant scientifique et même historique. « Tu savais que le père de Michel Rocard, Yves, s’est beaucoup intéressé à la radiesthésie ? Ça lui a coûté un prix Nobel de physique. » Si on résume, ce qui compte, c’est le corps. Mais le pendule dans tout ça ? « L’outil, c’est un amplificateur de mouvement. Quand on passe à côté d’un champ magnétique, c’est notre corps qui décèle la variation. » Jean avoue même que parfois il oublie son pendule. Un sourcier se déplace beaucoup. Parfois très loin. Pour être efficaces, Jean et Marcel préparent en amont leurs recherches. Comme sur le cadastre. Pour délimiter un périmètre précis, sur des terrains parfois immenses. « Ça nous évite quelques kilomètres de marche », s’amusent les deux amis. Travailler en amont, c’est important surtout que toutes les demandes ne se ressemblent pas. Jean explique que ses services sont très demandés, qu’il ne veut pas de pub. Même si tous les jours
«
Y’a pas de don, mais on a tous un taux magnétique différent dans le corps. Certains en ont un plus haut que les autres.
ne sont pas les mêmes, la veille, il a eu 4 appels. Un pour un golf, un pour un parc régional, et deux particuliers. De quoi l’occuper. « Si pour les particuliers, on va être sur des volumes assez faibles, pour le golf c’est plutôt de l’ordre de 50 m3/h et 30 m3/h cube pour le parc régional. Ça nécessite des forages profonds. On va parfois jusqu’à 100 m. » Creuser à cette profondeur sur une intuition, ça fait cher la marge d’erreur. « Un forage à 100 m, ça peut coûter 10.000€ », estime Jean. Quand même. Quand le client décide de faire creuser, sur les conseil du sourcier, les pelleteuses se mettent à l’œuvre. Ou alors l’entreprise de forage. Pas mal de logistique, alors c’est mieux si à la fin il y a la mer en dessous. Mais Jean est zen, pas de pression. « Il ne faut pas chercher l’eau en pensant qu’on ne va pas la trouver. Oui, il y a une marge d’erreur. Il y a des échecs, mais il faut avoir confiance en soi. À 100 m, ça tourne entre 15 et 20 % d’échecs. Mais en dessous de 10 m, c’est plutôt 10 %. » Il avoue volontiers que « tout dépend des surfaces. » Différentes couches, on passe à la géologie. « On consulte des bases de données comme InfoTerre. Par exemple, la marne brouille les pistes, mais dans le granit tout est plus simple. » Les deux complices s’accordent pour témoigner d’un engouement pour la recherche des sources, ces dernières années. « L’eau, ça causera des guerres », professe Marcel. Alors, fréquemment, ils donnent de petites formations. Toujours dans l’idée de transmettre l’apprentissage des ressentis. Trouvez la source qui est en vous. Le public s’en empare, parce que ça fait du bien même pour le corps. Il y en a qui veulent juste savoir, si jamais. Si jamais, c’est les fameux inquiets des guerres et de l’effondrement. La collapsologie, qui fait des adeptes un peu partout. Jean et Marcel savent que ça existe, eux croisent surtout des gens qui veulent savoir s’il n’y a pas un moyen d’arroser le verger avec de l’eau qui vient du fond du jardin. Mais c’est vrai que l’eau, avec les canicules qui s’enchaînent, elle vaut cher. « Nous deux, on connaît bien le domaine agricole, on y a travaillé toute notre vie. Il y a beaucoup de puits un peu partout. Ici, sans eau, rien ne pousse », argue Jean. Maintenant, on l’appelle pour un tas de choses.
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La collapsologie, Jean et Marcel savent que ça existe, eux croisent surtout des gens qui veulent savoir s’il n’y a pas un moyen d’arroser le verger avec de l’eau qui vient du fond du jardin. 4 traits de coupe.pdf 4 17/02/2020 11:56:58
Couteau suisse de la radiesthésie, il dégaine son pendule au-dessus d’un cadastre et trouve une source. Il sait de quel côté du lit on dort, et où sont cachés les morts. Moi je dis qu’il est fort, lui il dit que c’est son taux magnétique. Ainsi, Louis*, qui travaille dans l’immobilier, a fait appel à plusieurs sourciers pour construire sa maison, près de Mâcon. À chaque fois, l’histoire est un peu différente. L’un d’eux a vu un massacre de masse sous le terrain, un autre a insisté sur le fait qu’un enfant avait été noyé dans le puits. De vraies histoires, pas des fables. D’ailleurs, Jean voit les corps lui aussi. Il a plus de mal à expliquer ça. Évidemment, il y a toujours les champs magnétiques et nos ressentis, mais aussi un peu de mystère. « On peut trouver beaucoup d’explications, mais il y a une part de psychisme. Chacun a sa manière d’exercer », confie Marcel. Jean a une sérieuse réputation dans le coin. Il nous a demandé de lui trouver un pseudo parce que chez les chercheurs d’eau, on se liquide facilement. Non, en fait c’est parce qu’il ne veut pas de pub. Il y a eu un article sur lui une fois dans un grand hebdomadaire. Depuis on l’appelle de partout et pour tout. Alors il préfère la discrétion. Et puis un de ces jours, une grande firme pourrait lui tomber dessus, comme Nestlé, Coca ou Pepsi, qui achètent un maximum de sources, pourtant bien commun. Ils savent que sous la terre, ça peut valoir de l’or. Comme à Vittel dans les Vosges, où Nestlé possède presque toutes les sources du coin. Un jour, la frénésie sera sous nous et à la recherche de l’eau, nouvel or, nouveau Klondike, les sourciers seront les rois. // A.G.
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Par Maëlle Caugant, à Dijon (21) Photo : Pierrick Finelle
Jardiland À l’occasion de sa venue au festival GéNéRiQ, rencontre avec Jardin aka Lény Bernay, son univers musical au confluent de l’électro, du post-punk, de l’experimental et du rap, et son univers visuel zinzin. Une interview où il est question de son EP One World One Shit, de rap, d’espoir, de fringues, de politique, et de son culte pour l’église de l’Euthanasie*.
Tu as commencé la musique par le rap. Comment en es-tu arrivé à la techno ? Quand j’étais ado, j’animais une émission de radio avec des amis et on écoutait déjà de la musique électronique. Il y avait déjà un mélange. Mais il y a eu une rupture où j’ai arrêté de faire de la musique. Puis, j’ai repris goût à la musique, à remonter sur scène, en passant de la musique en soirée. C’est revenu en mixant pour des soirées publiques avec un micro… Jardin a commencé comme ça. Le rap, c’était avant, très tôt. Jeune, j’écrivais de manière compulsive. Et j’ai été séduit par la dance music et dans le même temps j’ai fouillé du côté du punk. Ce qui me plaisait dans ces deux styles musicaux, c’était le synthétisme de ces lyrics.
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Et finalement, comment tu en es revenu au rap en 2019 avec ton EP One World One Shit ? Pfff… il y a eu plein de raisons, mais surtout l’envie de déplier le discours, de pouvoir rentrer dans plein de complexités… Je crois que dès le début de Jardin, il y a eu cette envie de se décomplexer par rapport à la musique, de retrouver une sensualité par la danse, une spontanéité par le cri, il y avait beaucoup d’improvisations en live comment lors des DJ sets quand j’improvise du texte, quand j’ajoute des lyrics par-dessus les disques que je passe… Et à un moment donné, je suis revenu à l’essence de mon truc : le message assez fort que j’ai toujours porté. Je suis revenu à ce que je connaissais. Le rap est une musique qui a été développée pour mettre le plus de texte
*Groupe religieux fondé par Chris Korda en 1992. Il prône la réduction de la population humaine dans le but de préserver l’environnement. Son unique commandement est « Tu ne procréeras point » (« Thou shalt not procreate ») et ses quatre « piliers » sont le suicide, l’avortement, le cannibalisme et la sodomie.
« Enculez-vous ! »
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possible. Et donc, c’était une manière pour moi d’exprimer des choses complexes, avec plus de nuances… Disons que là, en ce moment, il y a des choses à dire et qu’il faut les exprimer avec plus de précisions. C’est aussi un moyen pour toi de passer le message de Chris Korda, née en 1962, et l’église de l’Euthanasie. Oui, c’est vrai que c’est difficile de parler de cette posture artistique et de cet engagement idéologique, suicide, avortement, cannibalisme et sodomie, les quatre piliers de cette église, en deux trois mots c’est clivant. Parler de Chris Korda en un peu plus de mots c’était une manière de rendre ça accessible. Mais en vérité, dans l’EP One World One Shit, je n’ai pas déployé beaucoup de lyrics sur ça. Disons plutôt que l’univers de Chris Korda est dans l’EP mais c’était important de remettre le propos de cet artiste audevant de notre génération. Pour la release party à Bruxelles, Chris Korda nous a fait l’honneur de venir et des gens de sa génération, qui avaient écouté sa musique à l’époque, m’ont remercié d’avoir remis l’accent sur son travail militant et artistique. Mais qu’est-ce qui t’a séduit chez Chris Korda au point de lui dédier le nom, One World One Shit, ce sont des paroles extraites d’un de ses morceaux ? La première fois que j’ai écouté un de ses morceaux, grâce à Madame Patate, j’ai été frappé par la puissance. Il y avait une espèce de force, une synthèse de punk et de queer qui émanait des ÉtatsUnis, contemporaine aux attentats du 11 septembre, avec un regard critique sur ce qui était mis en place dans la société américaine par l’État, le gouvernement et la communication médiatique qui allait avec… Il y a une force subversive hyper sharp, très précise, radicale et en même temps des sons hyper poétiques, une énorme douceur dans la musique, quelque chose de très coloré, très ensoleillé pour dire des choses très dures. Je me suis tout de suite retrouvé, ça m’a parlé très fort tout de suite. Je pense que sur le premier disque de Jardin A Girl With A Dog In A Rave, il y a des choses très difficiles qui sont dites
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« Faire de l’art c’est politique parce que ça concerne la sphère publique. Même quand des artistes de la sphère électronique disent ‘je fais de la musique pour qu’on s’amuse, pour qu’on se détende’ je trouve que c’est aussi politique puisque c’est une démarche qui concerne le ‘être ensemble’». mais sur des petits morceaux housy et avec un plaisir de dire les choses. Il y a cette ambiguïté entre le constat sur le monde, pas forcément facile à dire ou à entendre, et en même temps une joie de vivre et un espoir porté à travers ça. (silence) Alors, un « espoir » à prendre avec des pincettes, c’est l’idée d’amener sa pierre à l’édifice
pour faire bouger les états d’esprit de construire et donc de construire quelque chose qui nous plaît plus. Un « espoir », je ne sais pas dans quelle mesure il est… …Justement, la philosophie de Chris Korda peut aussi paraître nihiliste. Pour moi, ce n’est pas nihiliste du tout. Le message est assez simple, on peut continuer à se comporter comme ça à consommer toutes les ressources, nous on va s’éteindre mais la vie elle va continuer. Donc en soi ce n’est pas nihiliste. Il s’agit pour nous, en tant qu’espèce vivante, de nous repositionner au sein du vivant et pas au centre du monde. Ça va au-delà du no future. Quand on commence à penser comme ça, on commence à penser de manière harmonieuse et écologique. Pour le coup, ça c’est positif. Dans One World One Shit, tu es arrivé à un équilibre rap/électro/post-punk. Est-ce que tu penses que ton style va encore évoluer, sachant qu’il évolue d’un EP à l’autre ? La musique, c’est comme la vie, c’est toujours en mouvement. Il ne faut pas se contraindre, il faut continuer à mélanger. C’est ce que j’attends d’un artiste… De ce mélange des flux émerge une petite nuance qui vient s’ajouter au flux de la création des petits êtres humains. Des morceaux de cet EP ont émergé dans un album que je prépare et on est toujours bien sur un mélange de textes avec pas mal de flow et de la musique électronique – avec un spectre très très large –, donc dans la lignée de One World One Shit. Dans le live pour GéNéRiQ, il y aura trois nouveaux titres qui seront sur ce nouvel album : Drone, 2019 Niquez des pères et le troisième…. j’ai oublié son nom ! (rires) On sent dans tes clips qu’il y a un travail esthétique, sur la danse.
En live, on doit s’attendre à quoi ? Moi, j’ai tendance à gigoter sur scène. J’essaye de ne pas me perdre dans mes textes et mes mouvements de corps (rires). Pour les derniers lives de Dijon et Besançon, on sera sur scène à deux avec de très beaux vêtements prêtés par Leila Nour Johnson qui fait des pièces uniques après des rencontres avec des gens. Ça parle souvent de métissages ou de personnes apatrides. Ou de traumatismes. En l’occurrence, je sais que je vais porter un vêtement qui concerne une de ses amies qui s’est fait agressée en Corse où elle s’est défendue. Du coup, ça devient des espèces de fétiches. Leila me parle d’armures même. Elle utilise parfois des textes malfaisants, des mails qu’elle pouvait recevoir et en fait une « armure ». Je trouve que c’est une démarche assez forte, tout d’un coup quand on porte ses vêtements, on porte plusieurs choses avec soi. Au-delà de Chris Korda, ta musique porte un message très politique, dans une conception très personnelle de la philosophie queer. Faire de l’art c’est politique parce que ça concerne la sphère publique. Même quand des artistes de la sphère électronique disent « je fais de la musique pour qu’on s’amuse, pour qu’on se détende ». Je trouve que c’est aussi politique puisque c’est une démarche qui concerne le « être ensemble ». Libre à chacun d’aborder les sujets qui lui importent. Moi, ça passe par les sujets qui passent par l’intime… On a besoin de raconter et de se raconter publiquement ses récits, de raconter le monde qu’on imagine parce que, plus que jamais, il y a des choses à faire. Il faut bouger pour arrêter de s’exploiter les un(e)s les autres, d’exploiter la planète comme on le fait, d’accéder à une vie plus harmonieuse et de mettre un terme à un modèle économique qui, en fait, est un modèle politique qui nous détruit. // M.C.
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ATTENTION TOUT PEUT PÉTER ! Photos : Raphaël Helle
Depuis la catastrophe Lubrizol à Rouen, on sent remonter la panique. Nous vivons peut-être à côté de bombes à retardement. Comme s’il avait fallu attendre 2020... Rappelle-toi AZF à Toulouse ou encore Seveso en Italie. Oui, car le nom Seveso n’est pas un acronyme, mais vient d’une catastrophe qui a marqué l’Italie en 1976 dans la ville du même nom. Depuis, on fait des classements dits « Seveso », une sorte d’hommage... et si tu habites dans une ville de la région, tu as forcément un établissement classé pas loin de chez toi. « Seveso bas » ou « Seveso haut », les sites sont catégorisés en fonction du tonnage de produits dangereux stockés, de leur degré de toxicité sur l’homme ou de leur capacité plus ou moins grande à s’enflammer... On est allé voir les sites « Seveso haut » dans la région, dark tourism. Ils sont quand même au nombre de 29 en tout à être considérés comme « à haut risque », la plupart à proximité d’habitations. Bienvenue dans la BFC des stocks de pétrole, de gaz et de produits chimiques.
La carte des sites Seveso en BFC est consultable sur le site de la DREAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement).
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page 63 Raffinerie du midi, Longvic (21). Dépôt Butagaz, Deluz (25), dépôt de pétrole liquide et de propane. Enterrés sous les talus. page 64 Usine Solvay, Tavaux (39), stockage de gaz et de liquides très toxiques, fabrication et stockage de liquides inflammables. Dépôt Butagaz, Deluz (25). page 65 GE Water Process & Technologies, Crissey (71), commercialisation de produits chimiques. La « manche à air » sert à savoir où vont partir les produits toxiques en cas de vent. Titanobel, fabricant d’explosifs, Pontailler-sur-Saône (21). Solvay, Tavaux (39). page 66 EDIB, Longvic (21), traitement des déchets industriels. Raffinerie du midi, Longvic (21).
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Raffinerie du midi, Longvic (21), stockage de pétrole.
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* Et si c’était plutôt mon bouillon de courge qui mijote ?! > Et si c’était plutôt mon couillon de bourge qui mijote ?! ||| Habile, je m’occupe de trois gîte à la fois ! > Agile, je m’occupe de trois bite à la fois ! Mh… la belle côte de boeuf ! > Mh… la belle botte de keuf ! ||| Sortez visiter la berge du verger ! Ce soir, c’est gamelle de morille ! > Sortez visiter la verge du berger ! Ce soir, c’est mamelle de gorille !
* Des nouilles encore ! Et c’est cuit dans son jus ! > Des couilles en or ! Et c’est j(o)uit dans son cul ! ||| J’aime le goût de ce blanc ! > J’aime le bout de ce gland ! C’est une fine appellation ! > C’est une pine à fellation ! ||| Tu bois ça vite ! > Tu vois sa bite ! ||| L’important quand on dîne, c’est la purée ! > L’important quand on pine, c’est la durée ! Je vous prépare une farce goutue pour demain ! > Je vous prépare une garce foutue pour demain ! ||| … Ou une tourte aux cailles peut-être ? > … Ou une tarte aux couilles peut-être ? (suite page suivante) J’ai de superbes chambres au mois ! > J’ai de superbes membres au choix !
* Je préfère les touristes connus ! > Je préfère les choristes tous nus ! ||| Les cailles donnent un mauvais goût au poulet ! > Les couilles donnent un mauvais goût au palais ! Le cuisinier secoue les nouilles > Le cuisinier se noue les couilles ||| Je suis fin prêt > Je suis pain frais ||| Il fait beau et chaud > Il fait chaud et beau Les Nippons sont cause du soulèvement de la Chine > Les nichons sont cause du soulèvement de la pine ||| Et… mets ta casquette ! > Et… masse ta quéquette
* Votre compère a l’air d’un saint ! > Votre saint père a l’air d’un con ||| Apéro ? > Opéra ? ||| Reste-t-il un peu de votre croûte à pâté ? > Reste-t-il un peu de votre croupe à tâter ? A qui ai-je l’affaire en main ? > A qui ai-je la mère enfin ? ||| On peut dire que vous avez bouclé l’édito ! > On peut dire que vous avez boudé les clitos !
psycho test Par Nicdasse Croasky Illustrations : Hélène Virey
TRUAND UN
Si tu arrivais au pouvoir, genre maire dans une ville du 9-2 pétée de thune (ça commence par Levallois et ça finit par Perret), ou encore qu’on te donnait les clés du ministère des Finances, ou, pourquoi, pas Premier ministre, voire président, dernier étage de l’ascenseur social : à quoi serais-tu prêt(e) pour garder le pouvoir et jusqu’où te vautrerais-tu dans la démesure permise par le pouvoir ? Hein, on fait moins le malin là, face à ces questions (quasi) existentielles ! Peut-on se regarder un peu droit dans le fond des yeux et s’avouer la vérité ? Tu serais une belle ordure ! Non ?
1. Ta garde-robe est surtout composée... A. B. C. D.
De costumes Arnys collection chasse au sanglier, généreusement offerts par un ami à qui tu ne devras rien ! De chemises cintrées et de costumes rouges ou bleus que tu ne mettrais jamais dans le civil mais qui font de toi un homme, un vrai ! De bérets basques et des trench-coat ringards, idéal pour faire popu sous les halles du marché municipal du samedi matin, et ramasser des voix quand il le faut. Ta garde-robe est surtout pillée par tes potos députés qui viennent se servir dans tes costards pour aller à leur cocktails, mais oublient généralement de te les rendre…
2.
Faire le contraire de ce que tu promets ?
A. B. C. D.
JAMAIS, plutôt crever. Et le sens de l’honneur merde ! Autant se faire Hara-Kiri. C’est pas grave, y’aura toujours une partie des gens satisfaite, même si c’est pas celle qui croyait l’être. L’important, c’est de gagner, tous les moyens sont bons. Tu t’arrangeras avec tes électeurs ensuite… Une autre raison à tes nuits blanches (nombreuses).
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JOUR, TRUAND TOUJOURS 3. Ton film préféré ? A. Les Tontons Flingueurs – Georges Lautner B. La vérité si je mens – Thomas Gilou C. Le Parrain – Francis Ford Coppola D. J’accuse – Roman Polanski 4. Utiliser des valises de liquide pour orienter les résultats des élections en ta faveur ? A. En 6ème tu refusais ostensiblement de te mouiller dans le trafic de carambar local. D’autres moyens existaient… B. OK mais discret alors avec des virements sur des comptes suisses intraçables : la vérité est ailleurs. C. Aucun problème, t’as du liquide jusque dans les poches de ton peignoir, prêt à arroser (acheter) la paix sociale. D. Pas besoin, je suis élu au premier tour. 5. On dit de toi que tu es un traître et qu’on ne peut pas te faire confiance. Que réponds-tu ? A. Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ! B. Tu le dis yeux dans les yeux à tes détracteurs, c’est faux. C. Qu’ils ont raison ! La fin justifie les moyens et tu n’hésites d’ailleurs pas à dénoncer ou dénigrer tes ennemis. D. Salauds !
> Maximum de A
Tu es François Fillon, le père la morale. À trop vouloir en faire, on finit par tout foutre en l’air. Spécialiste
de la vertu et la morale droit dans tes bottines Jean-Marie Weston, ta carrière risque de violemment se crasher dans le mur de la honte, pour cause de révélations sur tes bassesses cachées, genre emplois fictifs… Le Judas qui balancera la première boule puante viendra de ton propre camp, usé par ton hypocrisie. Ton modèle : Jésus, mais sans les clous, la croix et le désert. > Maximum de B
Tu es Jérôme Cahuzac, tu respires autant que tu mens. Tu es comme tous les gosses qui se font
pincer, c’est tellement plus simple pour toi de raconter des bobards avec un aplomb maximal, genre plus c’est gros plus ça passe, plutôt que de dire la vérité, tout simplement. En fait, ça casse quand même souvent, et on se fout de ta gueule régulièrement, parce que tes bobards sont à l’art du mensonge ce que les nanards sont au 7ème art. Mais au moins avec toi, on se marre bien ! Ton modèle : Christophe Rocancourt, best lyer in the world. > Maximum de C
Tu es Patrick Balkany, tu y vas à fond. « Les cons, ça ose tout et c’est à ça qu’on les reconnaît » et « J’préfère être le roi des cons que le larbin des intellos » sont tes deux mamelles intellectuelles de ta philosophie politique. Très tôt tu as su que te goinfrer sur le dos des autres en leur faisant aimer ça, c’était le meilleur moyen de gagner des thunes sans se forcer et d’allier l’utile et l’agréable. Tu aimes être aimé. Ton modèle : Toto Riina. Capo de tuti capi. > Maximum de D
Tu es Pierre Bérégovoy, les sales rumeurs t’ont fait passer pour un truand. Cessons de salir ta mémoire ! Toi qui consacres ta vie au service public et qui es prêt à donner 30 ans à des réunions de merde en mairie ou dans d’obscurs conseils départementaux jusqu’à des plombes dans la nuit… Alors si un jour, un collègue insiste pour te prêter (un peu généreusement) du pognon, refuse ! Ton modèle : Jean Jaurès bordel ! Puisqu’on vous dit que Bérégovoy a les mains propres ! 75
horoscope Par Ladislas René Illustrations : Mr. Choubi
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Alors, c’est toujours aussi fat d’être Gémeaux ? Peut-on être intrépide comme un.e Verseau, sans se vautrer sur les pavés qui pavent le chemin de la vie ? Peut-on faire du sexe avec des gens qui ont le même signe que Christophe Maé ? Que vous réservent les trois mois à venir ? On a interrogé les astres pour voir ce qu’ils avaient à vous dire. Don’t shoot the messenger, comme disait Shakespeare.
Les Français.e.s passent en moyenne neuf minutes, par visite, sur les sites coquins. Neuf minutes, c’est pile le temps qu’il a fallu à Céline Dion pour plier la billetterie des Vieilles Charrues. On parle d’une Bélier qui, malgré une dentition pas top à la base, a su croquer la vie. Comme elle, vous êtes né.e avec une paire de deux en main ? Jouez tapis ! Santé : à quand remonte votre dernier détartrage ?
On vous dit colérique, inconstant.e, enclin.e à la jalousie ? Plus que des défauts, ce sont des traits de caractère qui vont s’adoucir avec le temps. Comme Sophie Davant et George Clooney, vous êtes la preuve vivante que le Taureau se bonifie avec l’âge. Amour : une fois bonifié.e, déménagez dans le PoitouCharentes, « mature » y est la recherche n°1 sur PornHub. L’effet Ségolène, peut-être.
Amour, gloire et beauté… Vous cochez les trois ! Pour vous, c’est du gros ciel bleu. Si le pouvoir de prescription de Sparse est tel qu’on l’imagine, suite au dernier horoscope, vous avez passé l’hiver à coucher avec 11/12ème de la BFC. On espère que vous avez eu du fun. On espère aussi que vous vous êtes protégé.e. Santé : si ça gratte en bas, checkez info-ist.fr.
Vous êtes un mystère… Comme Mimie Mathy et Dany Boon, ça ricane sec dans votre dos, mais au petit jeu de la « personnalité préférée », vous raflez toujours la mise. En ces temps troublés, votre côté tièdou fédérateur est une valeur refuge. Argent : et si vous demandiez une augmentation ? Pour dire, Mimie prend 125 000 par Joséphine et Dany 2,5 millions par film.
Comme Madonna ou Obama, vous pensez que les nouvelles générations font de la merde ? Votre tendance à rabaisser les gens peut blesser. Jouez plutôt de votre principale qualité – l’hypocrisie – pour ménager les susceptibilités. Santé : si vous êtes surmené.e après avoir rattrapé l’incompétence de tous ces gros nuls autour de vous, faites un break. Comme Diam’s ou Whitney Houston.
Beyoncé, Hugh Grant, Eve Angeli, Keanu Reeves… N’en jetez plus ! Comme toute Vierge, vous symbolisez le c.h.a.r.m.e a.b.s.o.l.u... Et si vous utilisiez ce levier pour faire de notre monde une better place for you and for me ? Un joli message, porté en son temps par Michael Jackson, Vierge qui aurait dû le rester. Santé : attention, vous êtes du même signe qu’Amy Winehouse et Benoit Poelvoorde.
Balance ton quoi ? Depuis que la vidéo de Sparse avec Angèle a tapé les 650k sur YouTube, vous êtes le signe du printemps. Partout, on vous désire. Partout, on entend murmurer « Balance is the new Gémeaux. » C’est génial. Amour : faites le plein, now ! Quand les gens capteront que vous êtes du même signe qu’Anne Roumanoff et Christophe Maé, votre hype devra sucer des pastilles mentholées.
Si vous lisez ces lignes, c’est que vous n’êtes pas tombé sur votre horoscope précédent. On résume pour les newbies : les autres signes vous détestent et vous leur rendez bien. Pour que tout le monde soit bien rilax, on devrait tous vous envoyer dans le Morvan. Là-bas, ça devrait matcher avec les Parisiens en virée « deep forest ». Santé : ligature des trompes / vasectomie.
Comme Woody Allen ou Britney, vous incarnez une certaine idée de la jeunesse ravagée. Mais un mauvais départ dans la vie n’est pas une fatalité ! Prenez Katie Holmes. Après Dawson, un mariage pourri avec un vieux scientologue et So You Think You Can Dance, elle a fini par… attendez, bougez pas, on vous trouve un autre exemple pour le Sparse n°31. Santé : comme Hondelatte, oubliez vos malheurs, grâce à ceux des autres.
Vous suez le charisme par tous les pores, comme Kate Moss ou Depardieu. Et comme eux, vous passez votre vie à faire la bamboule, sans raquer à la caisse du temps qui passe. C’est simple, vous êtes le Phénix des soirées en BFC. Santé : ultrasollicité.e, pensez à vous ménager. Etre Capricorne, ce n’est pas la jeunesse éternelle, garantie 24 carats. Demandez à Carla Bruni.
Téméraire, vous êtes du genre à chercher « vieilles+charrues+mature » sur des sites interlopes. Cet esprit d’aventure vous rend unique, même si, 9 fois sur 10, il vous mène à de belles désillusions (cf. les résultats « vieilles+charrues+mature »). Persévérez ! La 10ème fois sera la bonne. Amour, travail, argent : choisissez et foncez ! NB : c’est un conseil non contractuel, 9 fois sur 10, les stats, c’est pété.
Vous avez beaucoup de personnalité. Au point d’en avoir plusieurs qui, parfois, s’opposent. Genre, Bruce « Yippee-ki-yay » Willis et Alan « Je vais compter jusqu’à trois » Rickman sont tous les deux Poissons… Un jour jovial.e, un jour sombre, comme Stromae ou le serial killa BTK, votre humeur tire à pile ou face, tous les quarts d’heure. Santé : lâchez ces cachetons, sortez, détendez-vous au bar (pas le poisson, hein).
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courrier des lecteurs
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Max |
Dijon (21) Dites-moi, par hasard, ce serait pas vous le Corbeau qui a envoyé des courriers à plein de monde dans lequel on pouvait lire que Sylvain Comparot, le candidat LREM à la mairie de Dijon, aurait un peu magouillé du temps où il était en poste à l’université de Bourgogne ?
réponse de la rédaction Non. C’est pas nous (on ne sort rien sans preuve, et quand on en a, on met ça directement dans notre magazine, et on signe).
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Stéphanie
| Nevers (58) Salut Karl Lagerfeld, le retour du pull camionneur, on en dit quoi ? réponse de la rédaction Ah Stéph ! (Je peux t’appeler Stéph ?) Je ne sais plus quoi dire... On a hurlé à l’époque du jogging slim, on a porté plainte au moment du retour du sweat-shirt chauve-souris, on a beaucoup saigné des yeux pour le come-back de la laine polaire. Mais il faut se rendre à l’évidence, on ne pourra rien contre le retour des 90’s. Figure-toi que j’ai passé la soirée avec un jeune en pull camionneur et doudoune sans manche orange. Oui, ça m’est arrivé. On passe tous par des moments durs dans la vie. Après un premier évanouissement, je me suis ressaisi. Et je me suis dit : ce jeune, lui aussi, a le droit de vivre. Alors j’en appelle à ta tolérance, Stéphanie. On doit faire avec. On doit aller de l’avant. Un jour, Stéph, le pantacourt deviendra hype. La mode va s’effondrer. C’est de la pure collapsologie vestimentaire. La fin d’un monde... Il faut s’y préparer. Bon courage.
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S. |
Besançon (25) Salut Médiapart ! Alors là, on peut faire péter la République ! Je suis prêt à vous filer du matos pour que vous le publiez sur les rézos socios ! Une bombe ! J’ai en ma possession une vidéo compromettante de la présidente de la Région, Marie-Guitte Dufay, en train de....
réponse de la rédaction Hop hop ! Tais-toi ! Non, on ne veut pas savoir. Chut ! Ça ne passera pas par nous. Efface ça.
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Martine |
Poligny (39) Salut Europacorp, il paraît que Carlos Ghosn s’est inspiré d’une vidéo à vous pour se glisser dans un flight case de musicien pour s’échapper du Japon. C’est vrai ça ?
réponse de la rédaction Ah ouais. Tu as vu cette fameuse vidéo à 650k de vues qui circule avec la chanteuse Angèle en guest ? À un moment, on se planque dans une flight case pour rentrer gratos en concert. Carlos, qui est un abonné historique de Sparse, a flairé le bon coup. Bon, nous on avait pas les moyens de se payer un jet privé, sinon, on aurait payé notre place de concert... Mais on sent clairement les inspirations du fugitif le plus célèbre du monde. Alors Carlos, je vais être honnête et, comme les Japonais, je vais te le dire : « Paye ! ». Y’a des droits d’auteurs. Carlos, c’est le Gad Elmaleh de l’évasion. Il vole les idées aux autres, impunément. Tu nous dois de l’oseille, Carlos. Et on a des avocats très puissants.
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JUIN 2020
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Salut Juan Branquignol,
tu sais quoi ? J’ai en ma possession une petite vidéo qui se passe le mercredi dans un lieu de loisirs pour adultes du côté de Chenove en Côte-d’Or. Tu l’as envoyée par erreur à une de mes amies retraitée non voyante de l’EHPAD des Marronniers. Ça te parle ? On te reconnaît plutôt bien sous ton masque Casa De Papel. A ce qui paraît, il y a plein d’autres robes noires suspendues dans le vestiaire avant les douches. Alors, si toi et ta horde de grévistes privilégiés, vous ne cessez pas votre mouvement et n’appelez pas à soutenir la loi de réforme des retraites et notre gouvernement de progrès, j’ai créé un petit site d’information du public dont tu seras la première guest star. Sinon, en termes légaux, tu qualifierais ça comment ta petite vidéo ? Outrage sexiste ? Harcèlement sexuel ? Exhibition sexuelle ? Benjamin.
Bonjour Benjamin, Laissez-moi vous dire, en termes chiraquiens, que ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Pourquoi ? Je vais vous le dire. D’abord le mercredi soir, je regarde Arte avec mes amis du Juristes Associés Football Club. Il n’est donc aucunement prouvé que je sois derrière ce masque, qui tient très chaud par ailleurs. Ensuite, l’envoi par erreur d’une vidéo, même dénudée, à une personne non voyante, ne saurait être qualifié d’outrage sexiste ou sexuel, de harcèlement sexuel ou d’exhibition sexuelle, faute d’élément intentionnel, et même matériel de l’infraction, dès lors que sa destinataire était dans l’incapacité d’être touchée par les images. En revanche, le fait de diffuser une vidéo à caractère sexuel sans le consentement de son auteur constitue le délit d’atteinte à l’intimité de la vie privée, réprimé par l’article 26-2-1 du code pénal et vous expose à une peine de 2 ans de prison et 60.000 euros d’amende. Ceux qui partageraient cette vidéo seraient complices de ce délit et s’exposeraient aux mêmes peines. Tout détenteur de cette vidéo, fut-il non voyant, est donc dans l’obligation de la détruire. J’ai donc le regret de vous indiquer que je ne déférerai pas à votre demande de soutien de la loi de réforme des retraites, libre à vous de vous exposer à une condamnation justifiée. Loin de moi l’idée d’intervenir dans ce débat d’actualité, mais les avocats comme l’ensemble des professionnels libéraux (infirmiers, médecins, orthophonistes, etc.) me semblent fondés à s’étonner qu’on leur applique, au nom de l’égalité, un taux de cotisation double de celui des autres Français, au motif qu’ils ne sont ni salariés, ni patrons, mais les deux à la fois, et ce, sans qu’aucune étude n’ait été réalisée, avant le vote de la loi, sur les conséquences inévitables du doublement des cotisations sur la situation des moins bien lotis de ces professionnels, pourtant associés étroitement aux services publics de la justice et de la santé. Maître Fougnard. Si vous ne savez pas comment emmerder le monde, n’hésitez pas, nous pouvons vous aider : posez votre question, nous y répondrons (ou pas).
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from helle
Dans chaque numéro, carte blanche au photographe Raphaël Helle
Gérald Mainier 19782019, une exposition au musée Courbet à Ornans (Doubs). Gérald était mon voisin à Saizenay (Jura), il m’arrivait de lui rendre visite à son atelier parce qu’il avait un réel talent et que c’était un type bien. Malheureusement il est décédé bien trop tôt. Alors je remercie Frédérique Thomas-Maurin la conservatrice du musée de lui rendre hommage : « il a toute sa place chez nous ». C’est évident, l’exposition dure jusqu’au 4 mai.
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