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Edito
EDITORIAL
SOURCE#103
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"L'inconnu", tel est le mot à la fois le plus courant et le moins explicite pour décrire notre situation actuelle, fin octobre, alors que nous sommes là à attendre l’hiver. L'été 2020 tire sa révérence et, tout bien considéré, dans l'ensemble les détaillants de sports de glisse peuvent s'estimer relativement contents. On entend pas mal de merveilleuses histoires de croissance à trois chiffres pour des fabricants de skateboards, des shapeurs de planches de surf et des fabricants de combinaisons incapables de suivre la demande. Mais, alors que nous entrons dans l'automne et l'hiver, c'est au tour des détaillants de snowboards de faire face à la crise maintenant. Nous sommes confrontés à une période vraiment bizarre, à un moment qui, habituellement, est déjà très bizarre. Alors que la COVID-19 se profile toujours à l'horizon et que les gens mettent tout en œuvre pour protéger leurs entreprises de la pandémie, en s'assurant que leurs efforts actuels et à venir les mettent à l'abri d'un tel virus, c'est complétement dingue de penser que l'industrie des sports d'hiver est à ce point dépendante de la neige, notre imprévisible maîtresse. C'est la période de l'année où, en France, les anciens comptent les couches de leurs oignons pour prédire les chutes de neige et où il faut espérer que votre graine de kaki soit en forme de cuillère plutôt que de fourchette ! Dans cette année si pleine d'inconnues, nous revoilà encore en train de prier pour la neige. Priant pour avoir la chance de connaître le meilleur hiver de tous les temps, qui nous permettre de démarrer l'hiver même avec des débuts des plus timides. Vous pouvez oublier votre boule de cristal et jeter vos oignons et vos graines de kaki à la poubelle, car de nombreux rapports météo indiquent que le phénomène climatique de La Niña est bien en place alors que nous entrons dans l'hiver ! La Niña (la petite fille en espagnol) est l'opposé d'El Niño (le petit garçon ou l'enfant du Christ). Là où El Niño apporte généralement des conditions hivernales plus sèches que la moyenne, pour nos homologues nord-américains (du nord), La Niña est plutôt porteuse de bonnes nouvelles, avec des climats généralement plus humides et plus frais. Bien qu'il n'y ait pas de corrélation directe entre La Niña et les chutes de neige en Europe, ce genre de bonnes nouvelles pourraient bien nous aider à ouvrir le bal.
Au moment d'écrire ces lignes, les ouvertures des glaciers de Tignes, Hintertux et Kaunertal ont toutes eu lieu, et les exposants font état d'un réel engagement des clients présents sur place et, malgré les restrictions COVID en vigueur, de nombreuses sources différentes rapportent un enthousiasme palpable sur chaque événement.
Le localisme est à l'honneur en 2020, rivalisant définitivement avec "l'inconnu" et, comme les marques cherchent des chaînes d'approvisionnement plus proches de chez elles pour éliminer de futurs goulots d'étranglement, les consommateurs se tournent de plus en plus vers le local. Nous croyons fermement que l'hiver 20/21 sera l'hiver du localisme ultime : les Français rideront en France, les Suisses en Suisse, les Autrichiens en Autriche etc. Dans notre Zoom sur le marché suisse (Contenu Pro en ligne), nous apprenons que, dans de nombreuses stations de ski de régions plus reculées, les réservations pour les vacances sont en hausse de 20% par rapport à l'année dernière. Chez Skinorwest, une agence de voyages spécialisée dans les cours, la location et les vacances de sports d'hiver en Écosse, basée à Aviemore (Ecosse), ils ont remarqué à travers tout le Royaume-Uni une forte augmentation des réservations, de la part de personnes préférant planifier leurs vacances de Noël dans le havre de paix des Cairngorms, plutôt que de risquer une éventuelle période d'auto-isolement à leur retour des Alpes. Skinorwest a également constaté un démarrage beaucoup plus précoce des demandes de réservation et signale une forte augmentation des réservations de Noël : de nombreux Britanniques, après avoir passé l'été confinés à la maison, considérant les vacances d'hiver en plein air comme le moyen idéal de passer du temps en famille. Il est intéressant de noter que sur les 19 000 personnes interrogées par le Ski Club de Grande Bretagne, 96 % de ceux qui ont réservé des vacances de sports d'hiver en 2020 prévoient de faire de même en 2021. L'appétit pour les sports d'hiver est clairement confirmé cet hiver !
Je vous laisse sur quelques mots plus positifs pour accompagner la fin de votre pause toilette. Nous avons contacté quelques magasins de snowboard espagnols de la Sierra Nevada dans les Pyrénées, qui nous ont dit attendre de pied ferme l'arrivée des snowboardeurs les plus fortunés d'Espagne, qui optent généralement pour des voyages dans les Alpes pour dépenser leurs euros durement gagnés au pays. Un sentiment que l'on retrouve dans toute l'Europe, avec l'espoir que les économies réalisées sur les frais de voyage et d'hébergement se répercuteront plutôt sur les produits. Les marques snow ont dû réduire leur voilure pour faire face au manque de confiance des détaillants au moment de passer les commandes en mars. Il sera intéressant de voir ce qui se passe si les étoiles s’alignent, si les graines de kaki sont en forme de cuillère, si La Niña tient toutes ses promesses de neige. Assisterons-nous à un boom du snowboard similaire à celui vécu par nos frères du skate et du surf cet été ? Seul le temps nous le dira, mais les magasins snow seraient mal avisés de ne pas tenir compte des pénuries d'approvisionnement observées dans d'autres sports de glisse cet été. Doit-on s'attendre à une pénurie de matériel snowboard cet hiver ? Les détaillants de surf et de skate ont dû travailler avec de toutes nouvelles marques pour répondre à la demande. Si oui, quelles sont les marques les mieux à même de capitaliser ? J'ai hâte d'entendre parler de nombreux nouveaux partenariats.