5 minute read

TESS LEDEUX

Next Article
BEN CAVET

BEN CAVET

BIG Tess LITTLE

1,58m d’explosivité, un mélange d’audace et de

Advertisement

“Petite, je suivais beaucoup de skieurs, mais le premier qui m’a mis des étoiles dans les yeux, c’est mon cousin, Kevin Rolland ! Toute la famille se réveillait au milieu de la nuit pour suivre ses compétitions.” Forcément, quand on a des gènes communs avec un champion du Monde de half-pipe, on est naturellement plus légèreté. Depuis 5 ans, Tess Ledeux squatte les podiums mondiaux de free-style en enchaînant les figures les plus haut-dacieuses. Et quand elle s’envole, difficile de ne pas être scotchés… PAR MÉLANIE MARULLAZ matin les freestyleurs partir à l’entraînement et je n’attendais que d’intégrer leur groupe.” Une petite tête de Gretel, de la détermination jusqu’au garçons, plus âgés, qui les tirent vers le haut, sans les ménager. “Je me rappelle très bien mon jour de test. On est parti en free-ride, en dehors des pistes, et excitée par l’idée de défier les airs que bout des tresses et un sacré carafond, tout le monde a sauté un rocher. Moi, je celle de toucher du piquet. “On nous les coaches de La Plagne n’ont pas le ne suis pas allée assez loin, à l’atterrisobligeait à faire deux ans d’alpin avant choix : à 9 ans, soit deux ans avant l’âge sage, je me suis pris un genou dans le de passer au freestyle, et ce n’était pas requis, Tess est exaucée, elle rejoint le nez !” Mais il faut plus qu’un nez cassé du tout mon truc, je n’étais pas à ma côté « libre » du ski. pour l’effrayer. “Pour commencer, il faut place. C’était quand même un bon ter- Avec Charlie, sa sœur aînée, elles ne être un peu insouciant. rain de jeu, mais je regardais tous les sont que deux filles dans un groupe de Après, on a besoin d’une part de

© Louis Garnier

peur pour canaliser les choses, ne pas faire n’importe quoi. En grandissant, on réalise qu’on n’est pas invincible, qu’on peut se blesser, c’est là que l’adrénaline s’installe. Mais jamais personne ne m’a dit « fais attention, tu vas te faire mal !»”.

UNE GRANDE PARMI LES GRANDS

Pour être sûre de sa vocation et s’occuper à la fonte des neiges, Tess s’essaie quand même à d’autres sports : danse classique, escalade, tennis… mais elle n’a que le ski en tête. Et dans le sang. Très rapidement, ses résultats confirment qu’elle a trouvé sa voie. Elle a tout juste 15 ans quand elle prend son envol au niveau international. “Je venais d’entrer en équipe de France, tout était nouveau, les sponsors, la pression… Pour ma 1re Coupe du Monde, je pensais que j’étais à la ramasse, je n’attendais rien. Mais finalement les conditions étaient horribles, il neigeait, il y avait du brouillard. C’était à celle qui arriverait à poser son run du haut en bas, et j’ai gagné. J’ai vu que j’avais des qualités, que je pouvais prendre les choses au sérieux, que mes rêves pouvaient devenir réalité.” A peine quelques mois plus tard, elle est la première Française à participer

aux XGames, l’événement mythique qui concentre, à Aspen aux Etats-Unis, tout ce que la glisse extrême compte de surdoués. Elle y décroche une médaille d’argent en slopestyle – descente sur une piste aménagée avec des tremplins et des rampes sur lesquels les skieurs ou snowboardeurs peuvent réaliser des figures –, avant de finir la saison 2016-2017 couronnée du titre de championne du Monde. Alors oui, à ce niveau-là, on peut dire que les choses deviennent sérieuses.

ENTRE CIEL ET TERRE

Un peu trop peut-être. “Tout se passait super bien, je m’impressionnais de compétition en compétition. Je suis donc arrivée aux J.O. de PyeongChang sur petit nuage, en mode « c’est acquis ». Mais je me suis rendu compte que même avec de bons résultats, tout

pouvait basculer...” Tess est en effet éliminée dès les qualifications, après une chute. C’est sa première défaite. Son monde s’écroule. “Après ça, j’ai eu une espèce de dégoût, je n’ai participé à aucune compétition pendant 6 mois.” Elle fait alors un gros travail sur ellemême, avec son coach, pour retrouver sa confiance en elle, réussir à dédramatiser, gérer le surplus de pression et garder les pieds sur terre. Sans réfréner son incroyable élan. Elle se remobilise donc, de la pointe des bâtons jusqu’au bout des spatules, pour devenir, l’année suivante, la toute première championne du Monde de Big Air, ce tremplin sur lequel il faut «plaquer » les plus belles figures et qui sera discipline olympique en 2022. Mais n’en parlons pas trop tôt. Non pas que la Plagnarde soit superstitieuse. En début de carrière, c’est vrai, elle portait les mêmes sous-vêtements à chaque compétition, mais aujourd’hui, le petit cochon en peluche qui l’accompagne partout n’est pas un gri-gri, c’est un doudou qui lui rappelle ses premiers coaches et la rassure. Elle n’est donc plus superstitieuse, mais veut, tout en avouant avoir de « gros objectifs » pour Pékin, rester concentrée sur le moment présent.

FAIM DE LOOP*

Après une blessure au genou qui l’a privée des dernières compétitions de 2019-2020, Tess aborde donc cette nouvelle année à la manière d’une bouteille de champagne qu’on aurait sabrée, prête à pétiller après avoir projeté son bouchon haut et fort. C’est en effet un double « cork » (bouchon en anglais), série de rotations désaxées qu’elle n’avait jamais réussi à poser en slopestyle, qui lui vaut son premier or de la saison en Coupe du Monde en novembre. La belle 2e place qui a suivi début janvier ne l’a pas tout à fait contentée. Issue d’une famille de restaurateurs, Tess est une vraie gourmande, elle adore la pâtisserie, mais cet hiver, si elle est affamée, c’est de victoires qu’il faudra la rassasier.

*Lincoln Loop, rotation à 360° désaxée sur le côté

This article is from: