Hélène Strohl, pour une solidarité sociale souple et en réseau

Page 14

la société actuelle de communautés de proximité, auparavant porteuses de solidarités de voisinage, ou familiales. Bien sûr, les villages et surtout les quartiers des villes ne sont plus tout à fait ces lieux où tout le monde connaît et aide tout le monde. Mais il existe d’autres modes de regroupements envisageables. La solidarité que je défends, qualifiée dans votre question de « bottom-up », serait une solidarité où l’on aiderait, où l’on permettrait aux gens de s’organiser, de construire eux-mêmes la résolution d’un certain nombre de problèmes, mais aussi où les professionnels du terrain, quelle que soit l’institution à laquelle ils appartiennent, pourraient travailler ensemble en définissant collectivement leur propre mode d’organisation. Car le type de solidarité qu’à l’inverse je critique, « top-down » selon vos termes, isole non seulement les bénéficiaires, mais aussi les acteurs sociaux, qui agissent quant à eux séparément les uns des autres. C’est donc l’organisation de notre système social que vous critiquez ? En France, l’action sociale est coupée entre de multiples catégories. Nous avons séparé le social du médical, le médico-social du social, et le médical du médico-social, mais également le privé du public, même lorsque leurs activités sont les mêmes, comme nous avons créé une frontière entre le privé à but lucratif et le privé à but non lucratif. Pour rendre le système encore plus fragmenté, et compliqué, les financements relèvent le plus souvent de multiples collectivités ou institutions. Un établissement, un service, peuvent être national, régional, départemental, communal, public, semi-public, privé à but lucratif ou non lucratif, associatif, sociétaire, etc. Les travailleurs sociaux peuvent relever d’une convention collective de l’enfance inadaptée ou des établissements sanitaires et sociaux, ou encore d’une convention collective mutualiste, mais ils peuvent aussi appartenir à l’une des trois fonctions publiques (d’État, territoriale, hospitalière). En matière médico-sociale, interviennent par exemple les services territoriaux de l’État dans le département, l’Agence régionale de santé, les services du conseil général, la Caisse d’allocations familiales, la Sécurité sociale, sans parler de l’Éducation nationale, des services du ministère du Travail, de Pôle emploi et des nombreuses associations concernées, qu’elles soient représentatives ou gestionnaires d’établissements et de

>>


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
Hélène Strohl, pour une solidarité sociale souple et en réseau by Solidarum - Issuu