Le logement progressif au Maroc, des théories aux réalités

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REMERCIEMENTS

Que toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce projet de fin d'études soient ici remerciées. Je tiens en premier lieu à exprimer gratitude et profonde reconnaissance à mon promoteur, Monsieur Pierre Blondel pour son engagement et sa disponibilité durant tout le long de l'élaboration de ce mémoire. Ce mémoire n'aura pas pu s'élaborer sans ses critiques constructives et ses précieux conseils.

AFAILAL Ismail Promoteur: BLONDEL Pierre Faculté d'Architecture La Cambre - Horta Université libre de Bruxelles Mémoire de fin d'études en vue de L'obtention du diplôme de Master en architecture Année académique 2019-2020

Je dédie une mention particulière à ma famille, grâce à laquelle j'ai pu réaliser ce travail. Leur soutien, leur accompagnement le long de mes études et leurs sacrifices m'ont motivé à donner le meilleur de moi-même dans tout ce que j'entreprends. Je remercie également les habitants du quartier 'Hay Nahda' et toutes les personnes du milieu professionnel, que j'ai pu interviewer, rencontrer lors des visites.. Des gens incroyables qui m'ont permis de vivre une belle expérience humaine.

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ABSTRACT

L'architecture offre un espace à la vie qui n’est qu’une multitude d’évolutions dans une traversée de temps. La capacité de l'architecture à s'adapter aux changements d'usage, d'activité et d'usager n'est pas toujours satisfaisante. A présent, quelle réorganisation serait possible pour une architecture évolutive à caractère hasardeux, naïf et non codifié ? Si un quartier dont l’évolution illustre un paysage urbain et architectural chaotique, quel serait le rôle de l’architecte, afin de construire un cadre régulateur qui allie homogénéité ordre esthétique ? Parmi les sujets possibles et imaginables, cette thèse développe une recherche (tant du point de vue théorique que pratique), sur la capacité d'adaptation de l'espace. Celle-ci fait clairement partie du projet architectural depuis son idée, et son amélioration est un facteur décisif pour le confort de l'habitant et pour la durabilité collective. La recherche puise également sur les travaux des différents auteurs qui ont fait de l'évolution de l'architecture, de la transformation et de l'adaptabilité un axe majeur de la théorie des projets architecturaux.

Mots clès :

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Habitat Progressif

Celle-ci se fait principalement en travaillant avec des cas d'étude à différentes échelles, afin qu’en aboutissement, on puisse pratiquer certains de ces théories. Sur la base d'une réalité physique existante, nous soumettrons l'architecture à différentes hypothèses d'évolution. La réponse à ces changements dépendra de la capacité à comprendre la préexistence et à donner la solution la plus simple, pertinente et efficace qu’elle soit. Au Maroc, Témara est connue sous le nom de la ville sans architectes. Entre appropriation individuelle démesurée, et négligence des autorités vis à vis des règles régulateurs, la problématique de l’habitat évolutif atteint son paroxysme. Dans le cadre général de tous les champs de réflexion, la seule constante de l’univers est le changement. Le monde change, et aujourd’hui l’habitat est en train de changer. Quelle que soit la gravité de la problématique dont celui-ci peut faire preuve, il s’agit tout de même de notre puissance humaine collective de nous adapter aux changements, et de donner forme à notre futur.

Appropriation

Evolutivité

Flexibilité

Adaptabilité

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Table des matières Introduction Les objectifs . Délimitation de l'étude et objectifs du mémoire . Choix du sujet et approche personnelle . Méthodologie I- Etat de l'art du logement progressif dans le monde A. German Samper: les prémices du logement auto-construit en Colombie B. ELEMENTAL: l'évolutivité comme essence du projet II- L’habitat traditionnel marocain : un espace à habiter en évolution A-Compréhension de l'Habitat Marocain

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09 11 12 15 16 20 26 27

Partie 01 - Dans sa dimension historique et sociale I. La philosophie arabe en matière d’habiter II. Le marocain comme individu a. Vie en communauté b. Famille patriarcale c. Famille élargie d. Rapport intime au foyer

27 27 28 28 30 30 30

Partie 02 - Dans sa dimension urbaine : La Médina . Les artères principales : lieu d’échanges et de rencontres . Les ruelles secondaires : des espaces tampon . Les impasses : Une proximité spatiale et sociale   Partie 03 - Dans sa dimension architecturale

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I. Une architecture qui tourne autour du regard a- Voir sans être vu : une façade aveugle b- L’entrée en chicane ‘SKIFA’ c- Le plan introverti : . Le patio .Salon marocain .Cuisine/ espace de réserve B- L’évolutivité de date pas d’aujourd’hui Partie 01 - L’espace domestique marocain à toujours été évolutif : I. Le modèle traditionnel est l’évolution de la tente II. Un espace à habiter en évolution a- Typologie embryonnaire et typologie complète b- La culture « debout » et la culture «assise »

Partie 02 - Les transformations de l’habitat traditionnel: I. Au niveau de l’appropriation .De la maison plurifamiliale à la maison unifamiliale II. Au niveau fonctionnel a.De l’introversion à l’extraversion b.Redistribution de l’espace domestique c.Changement de l’aspect fonctionnel du Patio III. Au niveau formel .Extension Horizontale et Verticale

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Partie 03 - Conséquences de transformation : I. Au niveau du bâti II. Au niveau du tissu urbain

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III- L’habitat collectif au Maroc, les premières expérimentations

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I. Les carrières centrales de Casablanca et la trame 8*8 II. Immeuble “Nid d’abeilles” à Casablanca

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IV- L’habitat collectif au Maroc vers une approche évolutive

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Introduction Le programme national “villes sans bidonvilles” A- In situ : la ville de Témara a.Bref rappel historique b.Limites et Site c.Urbanisation d.Habitat

77 77 79 81

B- Cas d’étude : Le quartier Hay Nahda , Témara, Maroc ,1994 Introduction

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. Partie 01 - Hier : I- Analyse du Projet réalisé a.Dimension urbanistique b.Echelle du quartier d.Dimension architecturale e.Gestion sociale du projet II- Critique du projet initial a.Dimension urbaine b.Dimension architecturale c.Extension théorique

94 94 94 95 100 104 107 107 108 109

45 46 46 48

. Partie 02 - Aujourd’hui : 26 ans après I- Analyse du Projet réalisé a.Dimension urbanistique

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b. Dimension architecturale c. Gestion sociale du projet C-Etudes de 3 maisons d’Aujourd’hui Cas 01 : Récit I. 5 temporalités : .1994 Bref rappel Analyse et critique .1995 Mise en contexte et description du logement Analyse et critique .1996 Mise en contexte et description du logement Analyse et critique .1998 Mise en contexte et description du logement Analyse et critique . 2019 Mise en contexte et description du logement Analyse et critique

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Cas 03 : Récit I. 3 temporalités: .1994 Mise en contexte et description du logement Analyse et critique .1996 Mise en contexte et description du logement Analyse et critique . 2019 Mise en contexte et description du logement Analyse et critique

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II. Synthèse du développement progressif du cas d’étude 01 a. L’évolution du Patio b. L’évolution du statut fonctionnel c. L’évolution des rapports mitoyens et de vis-à-vis d. L’évolution de l’organisation spatiale de l’espace domestique e. L’évolution de la façade f. L’évolution volumétrique

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III. Mesure de la qualité architecturale

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Cas 02 : Récit I. 3 temporalités : .1994 Mise en contexte et description du logement Analyse et critique .1996 : Mise en contexte et description du logement Analyse et critique . 2019 : Mise en contexte et description du logement Analyse et critique

II. Synthèse du développement progressif du cas d’étude 02 a. L’évolution des usages b. L’évolution de l’organisation spatiale de l’espace domestique c. L’évolution de la façade d. L’évolution volumétrique

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II. Synthèse du développement progressif du cas d’étude 03 a. L’évolution des usages b. L’évolution de l’organisation spatiale de l’espace domestique c. L’évolution de la façade d. L’évolution volumétrique D- Aspects techniques de construction

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V- Bilan des projets de logements progressifs étudiés

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179 181 189 192 193 197 199 199 200 202 203 204 206 207 208 210 214 216 217 225 228 229 234

.Partie 01: Les réalités architecturales des développements progressifs I. Usages et spatialités variés II. Conservation des éléments architecturaux traditionnels III. Défaillances

235 235 236 237

. Partie 02: La recherche des limites du logement progressif . Scénario 01 : Laisser faire . Scénario 02 : Intervention des autorités . Scénario 03 : Adaptation

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. Partie 03: Critéres pour une future programmation I. Critères de conception II. Critères pour une progression réussite

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Conclusion générale Glossaire Bibliographie

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INTRODUCTION :

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.Délimitation de l'étude et Objectif du mémoire

Aujourd’hui , plus de 3 milliards de personnes vivent en situation urbaine, dont 1 milliard en dessous du seuil de pauvreté1. Nombreux sont les habitants qui attendent des engagements sérieux de la part des Etats pour des logements qualitatifs à prix abordables. Pour répondre à ce besoin , des pays en cours de développement telle la Colombie, le Pérou et le Chilé ont remédié par une forme de construction à titre évolutif.

Delà, la question du logement évolutif se manifeste :

Au cours de ces dernières années, le Maroc a adopté une politique de construction de logements évolutifs dans l’intention de lutter contre le phénomène des bidonvilles et de l’habitat insalubre. Suite à cela, l’Etat a élaboré un plan d’urgence dans le but de reloger un certain nombre de familles à faibles revenus. Pour que ce plan voie le jour, il était important selon l’état d’élaborer des logements de type évolutif, une démarche peu connue dans le monde de la construction2.

Le logement Progressif : est-il un modèle à suivre pour remédier à l’habitat insalubre dans les pays en cours du développement ?

Cette pratique évolutive voit le jour dans les villes de Rabat et Casablanca. Le quartier Hay Nahda 1 et 2 à Rabat demeure aujourd’hui un lieu emblématique pour ce type de logement. Or, la situation actuelle de ces logements devient alarmante et menace le devenir de la région. La cause principale selon l’état demeure dans l’évolution croissante et aléatoire de ces logements qui échappent au contrôle des autorités et deviennent obsolètes.

Que peut-on tirer des anciennes pratiques tentées pour ce type de logement ? Quelles leçons architecturales peut-on ressortir de cette pratique ?

De ce fait , aucune étude n’a été élaborée depuis l’inauguration de ces logements en 1994. Par conséquent, une étude de cas s’estimait évidente afin de comprendre la logique du développement de ce quartier et mesurer le degré du décalage entre les attentes de l’état et la réalité. L’étude du mémoire fera l’objet d’une recherche à travers le dessin de l’architecture, qui trace le portrait de l’évolution de ces logements qui ont réinterrogé le logement économique durant cette dernière décennie.

Comment peut-on améliorer ou promouvoir cette pratique sur le long terme ?

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et de là : Quelles sont les limites de cette forme d’habitat ?

Comment peut-on contrôler l’expansion de ces logements ? Quels sont leurs impacts sur la ville ?

SUDJIC, D. ET BURDETT, R., living in the endless City, Londres, 2011. ELLABA (Amine), « Laâyoune : Le logement évolutif contre les bidonvilles », L’Economiste, Edition N° :912, 2000.

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.Choix du sujet et approche personnelle

.Méthodologie

L’intérêt porté à ce sujet est lié en premier temps à mon vécu, en particulier à l’évolution de la maison où j’ai passé une grande partie de mon enfance.

L’Habitat progressif dans le monde Pour poser les premiers pas dans la phase de recherche, il semble logique de procéder par une recherche sur l’état du monde de l’habitat évolutif, les différentes pratiques élaborées dans plusieurs pays comme le Chili et la Colombie. Cette étude est sous forme d’analyse des logements évolutifs. Pour ce faire, une documentation bibliographique et iconographique puis une grille analytique seront élaborées pour structurer et trier les cas d’études selon leur contexte, leur nature y compris leur type de flexibilité.

Etant l’ainé, j’ai pu observer les changements réalisés au sein de notre appartement afin de préparer l’arrivée de mes deux petits frères. (Différentes appropriations des espaces, recherche d'une nouvelle flexibilité)

L’appartement faisant partie d’un bel immeuble espagnol -qui date de la période de colonisation- marqué par un style art-déco et donnant sur le détroit de Gibraltar. La superficie avoisinait les 150m² et se composait de : 3 chambres, 3 WC , 1 cuisine avec balcon, et un séjour.

Le Maroc vers une approche évolutive Mes recherches sont orientées vers le cas du Maroc, un pays qui a opté pour cette approche évolutive comme solution à l’habitat insalubre qui a envahi les villes marocaines cette dernière décennie.

Cette configuration semblait plus que satisfaisante pour un petit ménage. Or, avec la croissance de notre foyer, la sphère privée s'est rétrécit et il est devenu difficile de vivre avec 5 membres de famille dans la même composition spatiale.

En premier temps, une étude de l’habitat marocain dans son contexte historique a été élaborée, notamment les différentes pratiques expérimentées jusqu’au modèle évolutif évalué durant cette dernière décennie.

Le modèle apparenté au protectorat espagnol ne s’adaptait pas aux besoins des foyers marocains. En effet, la maison marocaine traditionnelle se caractérise par la présence d'un grand séjour ( west-ed'dar) contrairement à la maison espagnole où le séjour est restreint. Ainsi, on s’est mis à réaménager notre appartement et l’adapter à nos nouveaux besoins.

L’identification des cas d’études fera l’objet de la seconde étape de cette phase suite à une analyse urbaine et démographique de la ville de Rabat et son extension (Témara). Cette phase a pour but d’analyser le projet réalisé dans son contexte urbain, son rapport avec la ville entre hier et aujourd’hui. La mise en miroir a été élaborée en 4 temporalités de l’inauguration en 1994 jusqu’ aujourd’hui.

La notion de l’évolutivité s’est plus ancrée après avoir intégré la faculté d’architecture, où j’ai pu analyser plusieurs modèles de logements évolutifs de manière plus proche et concrète.

La troisième phase s’est focalisée sur l’échelle architecturale, l’évolution des logements et leur rapport au quartier. Ceci a pour but de comprendre les différentes formes d’appropriations élaborées dans ces logements et les transformations effectués par les habitants. Ce qui va nous permettre de comprendre l’état actuel de ces logements.

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In situ L’enquête : Le premier axe se focalise sur les habitants du quartier. La rencontre avec les habitants m’a permis de comprendre la réalité du lieu avec un oeil objectif, afin de pouvoir toucher de manière proche les faces cachées et les défaillances du projet. Le relevé : Le deuxième axe est un travail de relevé et de restitution graphique des éléments importants identifiés. Cette phase sous forme d’état des lieux se focalise sur la mise en situation de ces logements et leurs rapports. Le but est d’étudier les formes d’expansions et d’appropriation effectuées par les habitants, pour ensuite en déduire l’impact de cette appropriation sur la qualité architecturale du logement. Pour en faire une étude fructueuse, des questionnaires, des interviews et des formulaires de satisfaction ont été envisagés.

Pour conclure, une ouverture sur ce propos est envisagée : Comment peut-on améliorer cette pratique et élaborer un modèle plus développé et contrôlé pour remédier à l’habitat insalubre ?

La rencontre : Le troisième axe a pour but d’interroger les professionnels du secteur du bâtiment au Maroc. La rencontre avec l’agence Urbaine de Rabat m’a permis de procurer les documents nécessaires sur l’historique du quartier, les diagnostics démographiques et aussi les documents d’urbanisme de la Zone étudiée (Plans courants + plans d’extension). D’autre part, la rencontre avec l’architecte et les différents maitres d’ouvrages a rendu possible le partage d’un point de vue professionnel des intentions derrière cette pratique évolutive. Cette phase est de nature interrogative, dans laquelle j'ai requestionné le projet afin de comprendre son développement, ses péripéties, ainsi les contraintes qui se sont manifestées durant la construction du projet et surtout après sa livraison. Le but est de mesurer le degré du décalage entre les attentes et la réalité du projet y compris la compréhension de la limite du contrôle ou de responsabilité de l’architecte.

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A- Germàn Samper : Pionier de l’architecture évolutif en Colombie

La colombie vers une approche évolutif participatif

I

“Juntas de Accion comunal” Action communautaire

Etat de l’art du logement progressif dans le monde

La Fragua est un projet de logement populaire renasalisé en 1958 à Bogota par l’architecte colombien German Samper. L’objectif était de construire, avec une communauté, des logements accessibles pour des familles à revenus faibles. Le projet s’est élaboré sur deux formes. En premier temps, le système constructif autoconstruit a été réalisé. Ensuite, un dessin de cellule de taille réduite en petites parcelles pour un faible cout de construction et un prix d’achat du sol réduit. Ce système d’auto-construction s’est converti avec le temps en une politique du logement national en Colombie. Les autorités ont cherché à développer de nouveaux processus de participation citoyenne3.

Dans ce chapitre, nous allons parcourir l’histoire de l’approche évolutive à travers un aperçu sur les différents modèles élaborés dans le monde. Cette phase va permettre de mieux comprendre la notion de l’évolutivité étudiée dans le contexte de ce mémoire.

Fig.01 : Ilot de German Samper, Circa 1973. © German Samper Personal Archive.

NB :Les dessins non référenciés sont dessinés par l'auteur de ce mémoire 3

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BALKRISHNA Doshi, ET AL., Germàn Samper, Bogota, Editions Diego Samper, 2011.

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Germàn gamper, un architecte colombien moderniste né en 1924, a travaillé dans les années 50 dans l’atelier de le Corbusier où il a participé à l’élaboration du plan pilote de Bogot y compris au plan urbanistique de Chandigarh. Il est connu par son intérêt au logement social et au développement urbain de la ville en Amérique latine4. Il a réalisé à Bogota ”La Fragua” qui a eu beaucoup d’écho par sa particularité qui favorise l’autoconstruction et l’entraide sociale. Ce type de logements est le premier réalisé en Colombie, il est passé d’un modèle expérimental en une politique du logement national. En effet, les autorités nationales ont cherché à développer de nouveaux processus de participation citoyenne par l’établissement du système d’auto-construction dirigée comme un des moyens principaux pour combler les difficultés du logement social de l’époque 5. Le projet se divise en deux îlots d’une capacité de 20 parcelles chacun avec une rue de service intermédiaire, 95 maisonnettes de 42m² ont donc été auto-construites. La disposition intérieure et la hauteur sous plafond permettent d’acquérir une future extension sous forme de mezzanine. La construction était dirigée par les professionnels suivant un dessin constructif facile à suivre. Ces logements ont subi diverses transformations par les habitants, certains ont gardé le même aspect initial tandis que la grande majorité a eu des transformations radicales avec le rajout d’un à deux étages.

“Avec les années, le quartier est méconnaissable : du point de vue de l’architecte, il s’est perdu l’unité, s’est généré le chaos(..) Petit à petit, le quartier ressemble de plus en plus à un quartier typique du développement spontané. Il existe sans aucun doute une culture populaire en matière d’édification, qui croît dans toute la ville et des similitudes impressionnantes avec d’autres pays latino-américains” 6

Fig.4: Photographie de la place de la Fragua Crédit: German Samper Gnecco Arquitecto

Fig.2 : Plan d’implantation La fragua, German Samper,1958 Crédit: German Gnecco Arquitecto

Fig.3 : Coupe d’une maisonnette de la Fragua Crédit: German Gnecco Arquitecto

Fig.5: Photographie d’une maison de la Fragua aujourd’hui Crédit: Luis Gustavo Maria

4 ibid.p.162. 5 ibid. 6 ibid.p.165.

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B- ELEMENTAL : le logement économique vers un nouvel air évolutif et participatif

Le logement social a toujours été le centre d’intérêt du bureau , Aravena et ses confrères ont lancé des recherches théoriques sur ce thème sous forme d’ateliers en partenariat avec l’université Catholique de Santiago (Chilé) dans le but de promouvoir et améliorer le logement social. Dans le même contexte et comme suite de leur recherche , ils se sont basés sur l’histoire de l’architecture sociale d’Amérique latine ainsi des modelés de logements évolutifs déjà existant tel Previ au Pérou comme point de départ pour donner naissance à leur premier prototype de logements sociaux fondé sur le concept de l’évolutivité 7 .

Fig.6: Extension de la maisonnette au niveau de la mezzanine Crédit: German Gnecco Arquitecto

“Ses constructions donnent des opportunités économiques aux moins privilégiés, atténuent les effets des catastrophes naturelles, réduisent la consommation d’énergie et procurent des espaces publics accueillants” Tom Pritzker – Fils du fondateur du prix

Fig.7: Plan de deux maisonnettes de La Fragua Crédit: German Gnecco Arquitecto

Fig.8: L’intérieur d’une maison Crédit: German Samper Gnecco Arquitecto

Fig.9: Quinta Monroy, Elemental, Chilé, 2003 Crédit: Archdaily 7

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ARAVENA,Alejandro, et IACOBELLI, Andrés. op.cit.p.98-173

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Basé à Santiago, le Bureau se base sur une approche liée au processus de conception à trait participatif qui rassemble le secteur public et l’usage. Depuis 200, Ils ont élaboré plusieurs projets ayant un impact social au Chilé et de par le monde. En 2016, le pionnier de la pratique collaboratif et le fondateur du bureau ELEMENTAL Alejandro Aravena a été nominé au Pritzker Prize grâce à son approche sociale de l’architecture connue par « social architecture » , favorisant les logements évolutifs 8. Dans le même contexte et comme suite de leur recherche, ils se sont basés sur l’histoire de l’architecture sociale d’Amérique latine et des modelés de logements évolutifs existant tel Previ au Pérou comme point de départ pour donner naissance à leur premier prototype de logements sociaux fondé sur le concept de l’évolutivité 9 . Le premier projet voit le jour en 2003 suite à la demande du gouvernement chilien. Leur mission avait pour but de trouver une solution basée sur leurs recherches au dernier quartier informel, nommée Quinta Monroy de la ville d’Iquique. Le bureau a alors dessiné un projet de 100 logements sur un terrain d’un demi-hectare occupé déjà depuis une trentaine d’années de maniéré illégale. Les premières recherches ont commencé par une étude de nombre de foyers du quartier, de leur style de vie dans le but de comprendre leurs besoins et répondre à leurs attentes. Le travail a été marqué par la synergie entre les habitants et le bureau d’architecture autrement dite d’une manière participative. Une unité de logement s’inscrit dans une parcelle de 9x9 mètres dont un volume initial de 6x6 mètres en plan et 2,5 mètres en hauteur est construit. Ce dernier comporte une salle de bain et un espace de vie et une salle à manger.

Un duplex vient se mettre en place au-dessus où a été construite seulement la moitié avec un espace vide en double hauteur. L’habitant est donc invité à achever la construction selon son besoin et ses moyens. « l’édifice parallèle a été dessiné comme une structure poreuse, un support pour les agrandissements improvisés. Les pores-espace destinés aux extensions que fera chaque famille – ont été encadrés de structures solides et séparés par portions d’édifice , de telle manière qu’on puisse contenir et rationaliser le potentiel chaos des extensions. Selon cette logique, il était très important que les composants de cet édifice initial fussent stratégiquement collés au bord des parcelles, pour pouvoir contrôler ainsi sa qualité du front urbain futur 10.»

Fig.11: Plan R+2 de la Quinta Monroy Crédit: ELEMENTAL

Le quartier jusqu'à présent représente un modèle réussi par la qualité spatiale qu'il offre en terme flexibilité et d'usage ainsi par son insertion urbaine. Il symbolise une variante de l'habitat économique dans lequel l'espace domestique s'adapte aux besoins progressifs de ses habitants sur plusieurs temporalités. Cependant, l'évolution individuelle des extensions peut altérer progressivement la qualité des façades urbaines. La réussite de ce modèle sur le long terme reste sous la responsabilité de tous. Elle dépendra des mesures de suivi et de contrôle des extensions ainsi de l'engagement sérieux des habitants.

Fig.12: Plan R+1 de la Quinta Monroy Crédit: ELEMENTAL

Fig.10: Plan d’implentation de la Quinta Monroy Crédit: ELEMENTAL

Fig.13: Coupe longitudinal de 3 logements Crédit : ELEMENTAL

8 ibid 9 ibid 10 ibid.p.105

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Mise en contexte Depuis la dernière décennie, l’habitat social représente une des préoccupations majeures de l‘État marocain ainsi qu'un dossier épineux auquel ont dû faire face, les gouvernements successifs.11 Fig.14: Photographie de la Quinta Monroy

Cela dit, face aux carences, l’habitat social est devenu synonyme de dégradation de l’environnement. Ceci se traduit par la production en masse de logements face aux situations d’urgences et de précarité.

Crédit: ELEMENTAL

La présente recherche est inscrite dans l’étude des appropriations qui ont amené à l’évolution des logements évolutifs telles qu’elles sont aujourd’hui. Elle se traduit par le conflit entre intentions des concepteurs (architectes) et pratiques des usagers (habitants) dans lequel l’espace proposé est refusé et ainsi transformé.

Fig.15: Photographie récente de la Quinta Monroy Crédit: ELEMENTAL

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23

ELLABA (Amine), « Laâyoune : Le logement évolutif contre les bidonvilles », L’Economiste, Edition N° :912, 2000.

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II

L’habitat traditionnel marocain : un modèle dépassé Avant d'aborder la question du logement évolutif au Maroc, nous apporterons brièvement l'attention sur l'histoire de l'habitat marocain. L'objectif de cette premier étude est d'étudier l'habitat traditionnel marocain dans son contexte large aussi que les différentes formes d'appropriations qui ont contribué à son évolution progressive jusqu'à son dépassement.

Fig.16: Photographie intérieure d’une maison de la Médina 25

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A-

COMPREHENSION DE L’HABITAT MAROCAIN

Partie 01 - Dans sa dimension historique et sociale

II- Le marocain comme individu :

I- La philosophie arabe dans le terme “habiter” :

a- La vie en communauté : Le foyer marocain se compose généralement d'une structure familiale de type élargi où plusieurs membres de famille habitent sous le même toit formant de petites communautés.

La maison est connue en dialecte marocain par l’appellation « ad’dar », qui signifie en arabe classique tourner ou faire un tour. Dans la maison traditionnelle marocaine, ceci figure dans l’articulation des pièces autour du noyau central.

Un lieu immatériel se noue entre ceux qui partagent la même maison. En général, le foyer change peu de locataires, c'est un lieu occupé successivement par les descendants de la même famille.

Dans la langue arabe, ce mot porte une nuance subtile par l’usage de la ‘shdda’ , celleci est utilisée pour accentuer la prononciation dans le but de renforcer ou appuyer le sens d’un mot. Dans ce cas, elle sert à exprimer quelque chose de fructueux, qui produit des bénéfices, qui rapporte de l’argent, rémunérateur, qui est avantageux et rentable12.

Ce sens de famille élargie dépasse parfois les liens de parenté, avec l’inclusion de serviteurs ou d’employés. Cette structure familiale va contribuer au façonnement des espaces de l’habitation.

Le verbe « sakn » ( habiter) peut être conjugué pour désigner où l’on habite. « Soukna » et « sakina », sont deux dérivés du même verbe qui désignent respectivement le calme et la sérénité. De ce fait, les deux mots dévoilent l’importance d’un ‘chez soi’, d’un intérieur paisible où toute la famille se met en abri de l’extérieur13.

En effet, l'espace domestique obéit à la structure familiale de ses occupants de sorte que chaque chambre abrite un ménage. (Fils et son épouse, enfatns, Grands-parents)

Le Marocain a toujours vécu en communauté, il fait partie d’une microsociété qui favorise les rapports sociaux entre les voisins. Ce type de rapport résulte à la fois de la configuration urbaine de la médina et de l’héri14 tage culturel et religieux de la société.

Taha Bouhassoun tente de décrire l’habitat marocain traditionnel dans son livre ‘ Essai d’interprétation de l’espace médinal’ :

En effet, le tissu compact de la médina avec son habitat dense et ses ruelles étroites ‘derb’ contribuent à valoriser les rapports humains en rapprochent les individus les uns des autres, les habitants sont donc ‘poussés’ à se croiser et créer des liens sociaux, ils sont donc entraînés à former une société communautaire.

« La demeure étant une habitation à l’écart, un espace qui se cache jalousement, loin de tout regard indiscret ; un espace où la dimension de l’enclos prend toute sa forme. C’est un lieu exclu du reste du tissu tout en faisant partie et qui, à son tour, exclut tout le reste. C’est un monde à part au cœur d’un univers particulier. » Taha bouhassoun

12

Dictionnaire en ligne : www.Almaany.com (consulté le 1 janvier 2020)

13

RAPORT Lisa, Clés de compréhension de l’espace domestique marocain, Bruxelles,2015

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PINSON, D., L’habitat contemporain au Maroc, son rapport à l’évolution des modes de vie, Rapport N°2, Nantes,1998.

De même, les coutumes marocaines et le poids religieux incitent au maintien d’un bon rapport aux voisins. En abordant le rapport social des individus dans la médina, D.Pinson évoque une certaine “sociabilité forcée” visible dans l’espace public comme l’espace domestique marocain.15 Au niveau urbain, le système de voiries de la médina suit une figure structurée contrairement à son apparence. Sa particularité réside dans la variation dans la taille de voiries, juxtaposées pour former un maillage de ruelles et d’impasses étroits. Ce réseau étroit permet de créer des connexions avec les artères commerciales principales, la zone d’habitation et les placettes publiques et favoriser ainsi le rapport des individus. De plus, l’entassement des maisons dans un tissu compact crée des impasses qui favorisent les relations de voisinage. Ces derniers sont exploités comme des espaces conviviaux par les mitoyens. Au niveau architectural, la “sociabilité forcée” se matérialise dans la manière avec laquelle les espaces domestiques se distribuent et s’orientent. La maison traditionnelle suit un plan carré qui s’articule autour d’une cour intérieure centrale, cette configuration spatiale amène les espaces intérieurs à s’ouvrir naturellement sur la cour, source de lumière et d’air. Cela dit que les usagers sont forcés à rejoindre l’espace central pour se déplacer et circuler 15 ibid

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au sein de leur foyer.

b- La famille patriarcale

Cette disposition se poursuit à l’étage où les chambres s’ouvrent aussi sur le patio. L’usage des chambres est flexible, ils peuvent faire office d’un ou plusieurs salons dédiés à tous les membres de la famille, l’intimité personnelle est donc quasi inexistante dans l’espace domestique marocain, ce qui appuie la notion de la sociabilité forcée.

La famille patriarcale était et est encore le modèle social de base du foyer marocain, le père symbolise l’équilibre et le bien-être, il est responsable de son foyer : c’est lui qui nourrit sa famille. Le rôle de la femme ou l’épouse complète celui de son mari, son rôle social est fondamental dans l’univers domestique. Elle fait de la maison un espace sacré et protégé, elle assure la bonne entente au sein de son foyer, ainsi que du bien-être des membres de famille.

“Le Marocain aime la vie en communauté, en partenariat, l’entraide. La Maison traditionnelle c’est aussi la famille.”

Dans la hiérarchie domestique, c’est la grandmère qui représente l’autorité étant donné qu’elle est la personne la plus mature dans le foyer, elle est la mère des hommes de la maison et celle qui les a élevées16.

“Il y a une espèce de qualité qui existe chez nous au Maghreb et dans les pays arabes et que je regrette : c’est la convivialité.” Driss Chraïbi, romancier

hiérarchie basée sur la structure familiale, il est souvent occupé par plusieurs membres de familles de différentes générations . La division et l’organisation des espaces domestiques se fait en fonction de nombre des habitants, leur âge et leur statut social. Dans le cas fréquent, les parents et les grands-parents occupent l’étage tandis que les enfants se partagent le rez-de-chaussée. Du point de vue marocain, la maison n’est pas seulement refuge mais elle représente un symbole familial, un héritage où se crée une communauté familiale sous le même toit. «La structure de la maison arabe est celle d’une unique coquille protectrice destinée à réunir l’ensemble de la famille et dont les 17 membres sont intimement liés »

c- La famille élargie et son rapport intime au foyer L’organisation sociale de la Médina repose sur la famille élargie. La maison présente un lieu d’accomplissement de l’acte procréateur et le lieu d’élevage de la descendance qui est indispensable à la continuité de la lignée patri lignagère. Traditionnellement, l’unité familiale se fait par la transmission de l’appartenance à la lignée patriarcale. Le fils est ainsi plus attendu pour compléter cette lignée et prend le relais. Pour cela, il doit impérativement rester au foyer paternel pour veiller sur leurs parents vieillissants et sa femme sous le même toit. les filles quant à eux, sont amenées à fonder une famille en dehors de son foyer paternel et rejoindre son époux. L’espace domestique est donc conçu pour accompagner le développement du foyer et assure son épanouissement, il suit une

Fig.17: Carte postale, Médina de Rabat

Fig.18: Portrait d’une famille élargie,1980 Crédit: Zoubair Said

L'intérêt porté à cette étude demeure dans le rôle fondamental du 'Marocain' dans l'évolution de son logement. Il s'agit d'étudier son mode de vie, son rapport avec son logement et autrui pour comprendre le développement de la hiérarchie de l'habitat marocain. Nous allons voir que les points évoqués auront une grande l'influence sur l'évolution du modèle évolutif.

16 ibid.p.35. 17

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HALL T., la dimension cachée, Paris, Seuil, 1971

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La Médina : un labyrinthe organisé Partie 02 - Dans sa dimension urbaine

‘L’espace de la médina est un espace quasi domestique, son organisation dépend plus de la tradition que d’une réglementation objective. Les rues et les impasses sont le résultat d’un sens pratique et non la conséquence d’un plan directeur conçu préalablement par une instance quelconque. Elles surgissent en même temps que s’édifient les maisons et les 18 quartiers .’

L'étude du modèle traditionnel dans son contexte urbain s'avère fondamentale pour comprendre l'organisation et la hiérarchie de la ville marocaine et de son habitat. L'objectif est de montrer la transition d'une structure dense et compacte vers un étalement extramuros sous forme de lotissements dont l'habitat évolutif en fait partie.

Roberto Berardi

Les voies de communication sont élaborées sous forme d’un tracé structuré qui suit la hiérarchie de la société marocaine et ses valeurs fondées sur les rapports entre les individus et le monde extérieur. ( le public et le privé, l’inclus et l’exclu)

L’espace urbain suit un ordre socio-spatiale organisé par la juxtaposition de deux espaces à la fois adverse et complémentaire qui sont les pleins ( les maisons, les mosquées,..) et les vides. Il existe un réseau hiérarchique des voies qui donne au plan urbain sa forme particulière, leurs tailles varient en ordre décroissant de l’entrée ( grandes portes dans la muraille) au centre. Les grandes voies principales sont les plus grandes, ils encerclent la médina et mènent aux rues secondaires donnant accès au quartier. Les quartiers de la médina sont connus par leur densité, l’encombrement des maisons, l’accès se fait par l’impasse (le dernier élément dans cette hiérarchie)

Le plan urbain suit un parcours organisé autour des équipements importants : La mosquée, le souk, les portes de la cité et la

Fig.19: Vue aérienne de la médina de Rabat Crédit: archives du Maroc

Casbah, résidence de pouvoir.

· Les artères principales : lieux d’échanges et de rencontres

Les parcours principaux dans la médina sont ceux qui relient le centre spirituel ( mosquée) et économique (souk,kisariya), ils sont très fréquentés par les habitants, ils forment une artère commerciale qui19se développe sur tout au long de la rue formant une série linéaire d’une maille compacte . C’est un lieu public, un lieu social d’échange. Leur rôle principal est de canaliser le parcours des étrangers dans la médina sans pouvoir y accéder à la zone d’habitation. Cette artère s’articule autour de la mosquée et le souk qui forment le centre fonctionnel de la Médina et l’expression de l’unité.

· Les ruelles secondaires : des espaces tampon Contrairement aux artères principales, les ruelles secondaires et les impasses sont des espaces transitoires très calmes desservant les maisons. Elles permettent de lier les maisons au centre et les connecter avec l’ensemble des équipements à travers des cheminements étroits ne dépassent pas 3 mètres de largeur. Les ruelles secondaires permettent d’assurer des fonctions élémentaires en regroupant les équipements nécessaires pour la vie quotidienne tel le four, le “hanout” (épicerie), le Hammam, la fontaine (pour l’approvisionnement d’eau) et l’école coranique.

18 METLASI Mohamed,PRIVITERA Francesca, Le signe de la Médina: la morphologie urbaine selon Roberto Berardi, Dip. di Architettura (Firenze), 2016 19

31

SIJILMASSI, M., Civilisation marocaine, édition Oum actes SUD, 2000

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· Les impasses : Une proximité spatiale et sociale

Les logements forment des unités denses et compactes qui longent les ruelles étroites de la médina, cette configuration donne naissance à un tissu urbain sous forme d’un maillage serré entre le bâti et les rues. Les maisons enclavées au fin fond des ruelles sont desservies par les impasses, c’est l’aboutissement d’une chaîne de rues qui se divise à partir du parcours principal.

Fig.23: l’espace privé : le Patio

L’impasse est un espace purement résidentiel et domestique, dépourvu de toute vocation économique. Son rôle ne se résume pas dans la desserte assurant la ségrégation entre l’espace public et privé mais a renforcé les liens de voisinage. En effet, il permet de constituer une petite communauté solidaire et d’entretenir des relations dépassant les simples relations de voisinage.

Fig.24: l’espace convivial: le “Derb”

Bâti Cimetière

Fig.21: Rapport plein/vide de la Médina de Rabat

“Derb” : impasse

Fig.25: la zone de transition : le quartier “huma”

“Zenka” : ruelle

Fig.26: la rue commerçante : Le “Souk”

Résidence Industrie Artisanat-Commerce Jardins Cimetière Souk Mosquée

“Chari’i” : rue

Centre de commandement Axe privilégié Axe interne Axe secondaire

Fig.22: Principe de l’organisation de la Médina Crédit: Ministère de l’urbanisme, Maroc. J. et S. Hensens, étude 1972

Fig.20: Rue,ruelle,impasse 33

Fig.27: la place de la mosquée

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Partie 03 - Dans sa dimension architecturale I- Une architecture qui tourne autour du regard a. Voir sans être vu : une façade aveugle Contrairement à la maison occidentale, la maison traditionnelle marocaine se dote d’une façade sobre et muette par ses murs extérieurs presque aveugles. L’expression de la façade génère une forme d’ambiguïté du premier regard.

La façade qui est souvent monochrome peut être parfois habillé d‘ornementations au niveau des ouvertures (dans le cas d’une famille riche). Elle peut être matérialisée ainsi par l’usage d’une multitude d’éléments architecturaux que nous allons découvrir.

Son enveloppe extérieure est marquée par l’absence d’ouvertures et d’ornementation, elle se compose légèrement de petites fenêtres timides et de la porte d’entrée. Ainsi, la vue reste limitée de sorte que le regard ne peut jamais pénétrer dans la maison, il est orienté vers un seul sens : celui de l’intérieur vers l’extérieur.

L’introversion de l’espace domestique marocain résulte d’un héritage socioculturel et religieux basé sur la discrétion et la protection de l'espace de vie, les habitants cachent, dissimulent et réduisent donc au maximum les ouvertures à l’extérieur.

“la dialectique vu/non vu est centrale dans la philosophie arabe, principe d’intimité et d’organisation spatiale. Voir en médina est un acte socialement déterminé. Le regard ou surtout l’œil sont des symboles de ce qu’il y a de précieux ( le mot ‘Ain’ signifie à la fois l’œil et la source). Les relations visuelles qui se règlent à travers les limites sont très subtiles. Le degré de visibilité ou d’invisibilité, de clôture 20 et d’exclusion est primordial “.

Dans la société marocaine, la femme doit être protégée des regards extérieurs, son espace doit être en abri des intrus/visiteurs. Cette idéologie est connue sous le nom de “la Horma”.

Fawzi Zniber Mohammed

Sa sobriété est directement liée à l’introversion de l’architecture marocaine (replié sur elle-même) héritée des anciens pratiques influencé par l’islam. "Dans l’islam, il ne faut pas montrer la différence entre le riche et le pauvre. De la rue on ne doit pas reconnaître la maison du riche"

Fig.28: Façade d’une maison traditionnelle d’une famille riche La présence d’ornementations en façade témoigne de la richesse du propriétaire, les portes sont grandes et ornées par rapport à celle de la maison avoisinante qui est petite et timide. Plusieurs types de moucharabieh et de bois sont aussi présents.. La façade reste tout de même aveugle, le principe de l’introversion reste le même mais représenté par des outils différents.

Squalli Said, écrivain Marocain

20 FAWZI ZNIBER Mohammed, la conception de l'espace au Maroc: à la rencontre d'une culture, des diffèrences et de soi-même, P.24, édition Oum actes SUD, 2000

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‘Qu’il s’agisse du ‘Ksar’ ou de la tente, nous voyons que les familles, même alliée, protègent toujours efficacement leur intimité. C’est là une constante qui se retrouve dans tous les habitats’ Petonnet Colette

Kaddour Zouilai définit la “Horma” chez les Arabes dans son livre “Des voiles et des serrures” par le territoire ou la limite spatiale de la maison qui ne doit être violée en aucun cas, elle se manifeste de deux manières: l’une matérielle et concrète, l’autre symbolique et abstraite 21.

Fig.29: Fenêtre en bois ornée de verre iraqi Crédits: Almanara

b. L’entrée en chicane “SKIFA”

Fig.31: Vue depuis une "Skifa"

La “Horma” est sensiblement associée à la femme, elle peut désigner à la fois la mariée et l’espace qui l’encercle. La relation entre la femme est son foyer est intime au point que l’inviolabilité de la maison est considérée comme l’inviolabilité de la femme en soie. De ce fait, on constate que la Horma est sacrée 22 et sainte dans la société arabe .

Crédits: Maroua Lahbib

Pour préserver l’intimité du foyer marocain, son honneur et sa dignité, les familles font recours à des systèmes ingénieux à savoir la chicane. L’entrée en chicane est l’un des éléments qui caractérisent l’architecture traditionnelle marocaine, elle prend forme d’un espace transitoire/ tampon entre l’extérieur et l’intérieur. Cet espace joue la même fonction d’un hall d’entrée où les personnes étrangères sont invitées à attendre dans cet espace jusqu’à ce que le chef de famille vienne les accueillir. Ces derniers ne pourront y accéder au cœur de la maison seulement si l’accord a été attribué par le père de famille afin de permettre à la femme d’avoir le temps de regagner sa place ( Cuisine, chambre conjugale, salon) pour se préparer.

La répartition spatiale intérieure de la maison et l’aspect extérieur obéissent donc à la protection de la ‘Horma’ à travers la sobriété de la façade et la répartition intérieure de l’espace domestique basé sur la séparation des espaces publics (espace de réception, salon) des espaces privés ( Cuisine, « bit-glasse ») dans le but d’assurer le bien-être et la sécurité de la femme dans son foyer.

L’entrée en chicane permet aussi de préserver l’intimité du foyer en cassant les vues directes venant de l’extérieur. Elle assure à la fois la sécurité et l’intimité du foyer.

Fig.30: Photographie de fenêtre (combinaison jalousie/moucharabieh) Crédits: Almanara

Fig.32: Photographie de la porte d’entrée d’une maison traditionnelle marocaine

21 ZOUILAI K., des voiles et des serrures, Paris, L’Harmattan,1990. 22 ibid.p.66

Crédits: Maroua Lahbib

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c. Le plan introverti La maison marocaine d’autrefois été clairement un lieu introverti. Visible depuis son enveloppe, le mur extérieur forme un obstacle brute qui sépare l’intérieur (chez soi) de l’extérieur (rue).

Fig.33: Plan d’une entrée en chicane

Fig.35: Coupe de maison traditionelle à Rabat d’une famille aisée Crédit: ElMiss Tarik

Mis à part les petites ouvertures sur la façade, aucun lien avec l’extérieur n’est recherché, la maison s’ouvre ainsi sur elle-même à travers le patio. Ce plan introverti est répandu dans toutes les médinas maghrébines sous le principe de l’introversion, il s’organise autour d’ une cour intérieure, souvent entourée d’un jardin, qui constitue le cœur même de la bâtisse. C’est autour de cet espace que s’articulent les différentes pièces qui, la plupart du temps, ne communiquent pas entre elles. Même les fenêtres donnent sur cette cour, ne laissant aucun contact avec l’extérieur, et ceci pour plusieurs raisons : Sécurité, discrétion, calme, mais également protection contre la poussière extérieure.

Fig.36: Plan Type de la maison traditionnelle de la médina de Rabat. Crédit: ElMiss Tarik

La présente étude vise à comprendre les composants importants dont une maison traditionnelle se constitue. La prise de connaissance de l’histoire de ses espaces est fondamentale pour toucher concrètement les divers changements établis sur ces espaces jusqu’à aujourd’hui.

Fig.34: Ambiance intérieure d’une chicane

Fig.37: Coupe de maison traditionelle à Rabat d’une famille moyenne Crédit: ElMiss Tarik

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LE PATIO

Comme mentionné auparavant, l’introversion est l’un des principes fondamentaux de l’organisation spatiale d’une maison traditionnelle marocaine. Fermé de l’intérieur, la maison traditionnelle s’ouvre sur elle-même à travers le Patio.

Ses usages : Un noyau multifonctionnel

« La cour est une échappatoire naturelle qui paraît rétablir un équilibre vital. C’est une soupape minimale de respiration, imposée à l’étouffement du nœud que constitue la maison. À travers la cour, on voit un peu d’extérieur, un morceau de ciel bleu, de l’air, de la lumière. On y perçoit même les bruits du dehors. On y déplace, on vit. La maison possède une cour, mais on aurait envie de dire : elle n’a que la cour,- les chambres ne venant qu’à titre de phénomène secondaire s’adjoindre à cette cour essentielle. Par son ouverture, la cour fait introduire une extériorité au cœur de la maison. Et c’est dans cette extériorité que réside l’intérieur de l’habitation23»

Au-delà de son aspect fonctionnel qui se caractérise comme ‘un vide’ qui permet à la maison de respirer en apportant à la fois l’aire et la lumière, le Patio est surtout le noyau de la maison : le cœur autour duquel toutes les fonctions domestiques s’articulent. Il est vécu comme un espace spirituel où l’on a un ciel à soi. Sa centralité fait de lui un lieu d’union et d’exclusion.(où les membres de la famille se rejoignent)

De plan quadrangulaire, la cour est un espace clos qui assure l’articulation entre deux, trois ou quatre pièces qui l’entourent, au rez-de-chaussée.

Fig.38: Les patios

Zouilai Kaddour

Son aspect peut varier à mesure de la richesse et le niveau social de ses usagers, son aspect esthétique est un symbole de distinction sociale. Couvert ou en plein air, sa superficie peut aller de 9m² à 100 m². C’est souvent l’endroit où l’on voit apparaître une ornementation plus ou moins raffinée (des zelliges multicolores , du plâtre, de la mosaïque et du moucharabieh)

Au-delà de son rôle distributif (terrain de vaet-vient pour les usagers), le patio est généralement utilisé comme extension de la cuisine, un espace dans laquelle plusieurs tâches ménagères sont effectuées : laver des objets, faire la vaisselle ou la lessive, dépoussiérer les tapis et les couvertures. C’est aussi un espace de jeu pour les enfants, leur échappatoire qui leur permet d’acquérir plus d’espace.

Le Patio implique aussi une division sexuelle de l’espace, il sépare l’espace privé dédié à la femme ( la Horma) : Cuisine/ stockage, chambre de séjour “bit glasse” de l’espace public, celui des invités.

En été, le patio devient à la fois un lieu de prise de repas et de repos à ciel ouvert. Fig.39: Photographie d’un patio traditionnel d’une famille riche Crédit: Maroua Lahbib 22 ibid

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LE SALON

LA CUISINE

En temps normal (pas de réception) et dans le cas d’une famille nombreuse, sa fonction peut changer durant la même journée ( Matin : Réception / Soir : chambre des enfants ), il est donc flexible.

Cet espace est placé au fond de la parcelle, il ne possède pas d’accès direct à la cour. Mis appart les éléments évoqués précédemment, les autres espaces domestiques sont aussi de nature flexible. Comme pour le salon, les chambres à l'étage peuvent changer facilement de fonction et évoluer en permanence au cours de la journée. Tandis que les activités qui se déroulent habituellement au patio peuvent avoir lieu au toit en été. ( espace de détente,

Comme le patio, le salon est aussi un élément de prestige, où les propriétaires se permettent d’aller au-delà de leurs moyens pour aménager et orner cet espace pour attirer le maximum d’attention. Le salon

Si le patio est l’endroit où la petite famille se réunit tous les jours, c’est au salon où les invités sont reçus occasionnellement. Par sa grande dimension, Il est conçu pour accueillir un grand nombre de mondes (familles, visiteurs) que ce soit dans les réunions de famille ou dans les fêtes.

C’est l’endroit où ils exposent leur richesse durant les fêtes (tapies et coussins dont les étoffes et la variété, plateaux en métal décoré, lumières, peintures et fresques murales).

La cuisine

Pour des questions de sécurité et de fluidité, le salon est placé toujours près de l’entrée dans le but de tenir loin toute pénétration d’étranger dans la maison et éviter la traversée de la cour.

Dans une maison traditionnelle, la cuisine est un lieu exclusivement féminin, c’est le seul espace qui communique directement avec le salon intime ( “bit-glass” : Espace de repos) ,ce qui permet aux femmes d’accéder de la cuisine à l’espace de repos sans passer par la cour centrale.

Plusieurs éléments ( tapis, coussins, banquettes..) sont mis en harmonie pour créer un espace accueillant et attrayant. Le salon de réception est un espace multi fonctionnel qui s’adapte aux différentes temporalités, les banquettes qui se reposent sur la longueur des murs serviront de divan et de lit pour les invités (au cas où ils resteraient passer la nuit).

séchage, lavage.)

Nous pouvons conclure que la notion de flexibilité est omniprésente dans l'espace domestique marocain traditionnel. Nous verrons plus tard que ces pièces vont avoir un rôle majeur dans l'organisation de la maison évolutive, sa flexibilité et son évolution.

Cette connexion établie entre les deux espaces forme un bouclier pour éviter que les femmes de la maison ne rencontrent malencontreusement un visiteur. L’espace de réserve se situe généralement entre la cuisine et l’espace de repos.

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B- L’évolutivité de date pas d'aujourd'hui Partie 01- L'espace domestique marocain à toujours été évolutif I- Le modèle traditionnel est l’évolution de la tente

a. Typologie embryonnaire et typologie complète

Des fonctions sont aussi attribuées aux espaces selon les besoins des usagers. ( salon, cuisine, stockage, WC, terrasse, chambres..)

Au Maroc, deux démarches se distinguent dans la conception et la construction de la maison. Le premier est embryonnaire, sous forme d’une structure semi-finie capable de croître et d’élargir sa surface sur un temps ouvert tandis que le deuxième est complet et difficilement modifiable24.

Dans les milieux sahariens, l’habitat se résume dans la tente, planté dans le sable, elle assurait un refuge pour les nomades. Selon l’auteur, la manière de l’appropriation et la répartition de l’espace intérieure est similaire à celle dans les maisons traditionnelles. L’installation de l’habitat quelle que soit sa forme ( tente ,maison, temple) est dominée par un souci constant lié aux besoins de s’exposer ou se protéger du soleil. L’espace intérieur naît ainsi suivant la séparation de l’espace domestique en deux parties : celui des hommes (partie droite) et celui des femmes ( partie gauche), cette séparation est réalisée à travers l’encombrement des réserves alimentaires formant un muret. Elle permet aux femmes de se protéger de toute pénétration d’intrus, cela dit que la notion de la Horma datait depuis longtemps. Même si les échelles sont différentes, le principe reste le même. La disposition qu’on retrouve aujourd’hui dans l’habitat traditionnel est le résultat de l’évolution de la tente, ils sont tous les deux basés sur la protection de la Horma , l’intériorité et la séparation de l’espace homme/femme. Les deux parties sont protégées par le ‘sitar’ ( voile, cache) qui joue le rôle du patio aujourd’hui. Contrairement à la tente des nomades divisés en deux espaces distincts sans attribution de fonctions précises, la maison traditionnelle suit une logique bien définie. En effet, les espaces sont bien structurés prenant en comptes les usages, l’orientation et les relations des individus.

Les typologies évolutives se développent selon une coutume particulière, capable de s’étendre verticalement pour abriter de nouvelles fonctions , elles peuvent être considérées définitives dans un temps ultérieur (après l’extension).

Fig.40: Séparation des espaces (Hommes/Femmes)

Afin de mieux comprendre les deux démarches aux différences sensibles, ils seront matérialisés par le dessin. Pour la typologie embryonnaire, elle représente le cas d’une maison de base à une seule travée dont la surface est discrète et non spécialisée qui se transforme en espace à multiples travées dans lequel la surface au sol augmente et permet d’acquérir de nouveaux espaces spécialisé et adéquat aux besoins des usagers. Il ne s’agit pas ici d’une multiplication d’un ordre d’unité dans un espace déterminé par une limite physique (mur de clôture..) mais de générer un nouvel ensemble à habiter qui va au-delà de cette limite.

Fig.41: Ouverture de l’éspace de réception

En ce qui concerne la typologie définitive, elle concerne les habitations où l’emprise au sol est condamnée par une limite extérieure. Dans ce cas, la maison peut évoluer délicatement à partir d’une multiplication d’un volume de base (chambre) où il n'y a pas de changement de travée ou de module, l’extension se fait à l’intérieur(dans la cour), où de nouveaux espaces de vies naissent.

Fig.42: Schéma de l’organisation spatiale d’une tente

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Typologie embryonnaire

Scanned with CamScanner

D’après Kaddour Zouilai « Des voiles et des serrures » , l’organisation spatiale de la maison traditionnelle qu’on connaît aujourd’hui est le résultat de l’évolution de la tente.

II- Un espace à habiter en évolution :

Fig.43: Modification volumétrique par la multiplication des travées

Plan type 01

Extension 01

Extension 02

Extension 03

Fig.44: L’évolution du plan par la multiplication des travées ( type embryonnaire)

NOURISSIER Gilles, Architecture Traditionnelle Méditer ranéenne, Issuu, 2015

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Typologie Complète

b. La culture "debout" et la culture "assise" Les Marocains ont souvent tendance à mettre leur main dans le projet et aiment modéliser l’espace à leur manière. Ceci revient à la pratique traditionnelle où les espaces de vie étaient flexibles et pouvaient être facilement adaptés ou utilisés autrement selon les besoins des habitants. Par ici, nous pouvons évoquer la culture ‘debout’ et la culture ‘assise’, deux pratiques opposées très fréquentes dans l’appropriation de l’espace domestique marocain.25

Chambre

Fig.45 : Mur de clôture d’une maison à patio

Etable

Chambre

Fig.46 : Typologie complete : Module de base

La culture assise fait référence à la vie au sol où l’espace est aménagé d’un minimum possible de meubles, ce qui permet à l’espace d’évoluer en permanence selon les besoins et de changer d’usages sans limite physique ou visuelle. Ce type d’appropriation est le plus fréquent dans la culture marocaine, être debout est momentané tandis que toutes les activités domestiques (Conversation, Repas, TV, Jeux) s’effectuent en position assise. Or, ceci peut varier selon les saisons, s’assoir sur le sol ne peut s’effectuer qu’au climat chaud (été ou printemps). Dans le cas contraire, c’est la hauteur des assises (chaises) qui détermine l’organisation de l’espace. Ce dernier devient ainsi restreint et la liberté d’occupation devient donc limitée.

Etable Coin feu

Cour

+2

De là, nous pouvons déduire que la notion d'évolutivité ne date pas d'aujourd'hui, le modèle évolutif actuel ne peut être que l'aboutissement de cette évolutivité progressif.

Dans une maison traditionnelle, chaque geste ou position de corps par rapport au sol est importante. Un simple élément peut changer la perception de l’espace et remettre en question les échelles. Cela dit la contiguïté, l’ameublement, l’encombrement ou le dégagement des lieux influencent directement l’espace et remettent en question sa polyvalence.

Coin feu

Cour

+1

Ainsi,l’espace domestique marocain traditionnel a toujours été en changement permanent, en s’adaptant au climat. Il est évolutif dans le sens où il suffit d’évacuer les objets d’une activité pour que l’espace redevienne disponible pour pratiquer une autre.

+3

Fig.47: Multiplication du module de la chambre

25

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Fig.48: Culture debout

Fig.49: Culture assise

RAVEREA (André), « Apprendre de la tradition », Technique et Architecture, Paris,1982.

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Partie 02- Les transformations de l'habitat traditionnel

Le bâti traditionnel est l’aboutissement d’un long et dense parcours historique des individus et de la société. Ce parcours est marqué par la succession de plusieurs périodes qui ont subi des types d’appropriation différents. Ces transformations observées sur le bâti traditionnel ont été à la fois d’ordre fonctionnel et formel, ils sont généralement effectués dans des temporalités distinctes, on parle d’ici des transformations très lentes qui ont accompagné toute une génération. Les différentes transformations qui étaient autrefois justifiables et récurrentes demeurent aujourd’hui brutales causant la disproportion et la difformité de l’aspect formel et fonctionnel du bâti. Ces transformations correspondent aux changements survenus à partir du moment où la standardisation et l’industrialisation de masse des matériaux entrent en scène entraînant automatiquement et brusquement l’effacement du savoir-faire traditionnel. Nous allons tenter de découvrir les multiples transformations afin de comprendre l’évolution du bâti traditionnel marocain.

I-

Elle représentait et représente toujours l’union, la descendance et l’héritage familial. Les espaces domestiques étaient adaptés à la structure familiale : l’étage est dédié aux parents et enfants mariés tandis que le Rdc est occupé par les petits enfants et la grandmère. Ceci résulte de la polyvalence des espaces de vie, et leur adaptation rapide aux usages et besoins quotidiens. (les salons deviennent des chambres pour les enfants).

Aujourd’hui, cette coutume n’est plus d’actualité, le Maroc a connu après son indépendance une forte migration vers la ville, ceci a donné lieu à l’abandon des grandes demeures de la médina et surtout de la maison plurifamiliale.

Fig.50: Coupe d’une maison pluri-familiale

Fig.52: Structure familiale dans une maison pluri-familiale

Fig.51: Coupe d’une maison Uni-Conjugale

Fig.53: Structure familiale dans une maison Uni-Conjugale

Cette migration vers une nouvelle forme d’habiter est héritée de l’occupation française, un mode de vie inadéquat par son échelle réduit, et ses espaces standardisés. Les nouvelles maisons s’organisent sous forme de superpositions d’appartements mono familiaux, ils sont composés d’un salon, d’une cuisine, d’un WC et de deux chambres. Un mode de vie exposé qui rompt avec les coutumes anciennes de l’introversion par la fonctionnalisation des locaux.

Au niveau de l’appropriation

.De la maison plurifamiliale à la maison uni-familiale Le logement marocain aujourd’hui est réduit à la dimension de la famille uni-familiale, il marque la rupture brutale avec l’ancien mode de l’habitat traditionnel. Auparavant, la maison marocaine abritait les membres de famille de différentes générations, les grands-parents, parents, enfants et petits-enfants vivaient tous sous le même toit.

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II- Au niveau fonctionnel a. De l’introversion à l’extraversion : L’habitat marocain a connu un changement radical au niveau de son rapport à l’extérieur. Désormais, l’espace domestique s’ouvre vers l’extérieur à travers des ouvertures qui donnent directement sur la rue. La façade, qui était auparavant aveugle et négligée, devient l’élément-clé du nouvel habitat. En effet, avec la disparition du patio, l’espace domestique ne s’ouvre plus sur luimême, la nécessité d’aération et d’ensoleillement oblige l’ouverture sur la façade et permet ainsi de communiquer avec l’extérieur. Or, ceci contredit les fondements de l’habitat marocain basés sur l’introversion et la protection de l’intimité (aussi connue sous “la Horma”). L’observation de ce fait permet de mieux assimiler le passage des façades aveugles ‘voir sans être vu’ aux façades ouvertes basées sur le fait de ‘ voir et donner à voir ce que l’on veut et quand on veut’. Pour comprendre cette tension complexe mise en jeu entre l’envie de s’ouvrir et de se protéger au même temps, les usagers tentent de chercher l’équilibre entre les deux par la juxtaposition de plusieurs éléments :

Ouverture vers l’intérieure

Ouverture vers l’extérieur Fig.54: De l’introversion vers l’extraversion

Au niveau des usages et répartitions intérieurs : par la mise en place des espaces semi-privés au niveau de la rue pour former un espace tampon qui brise le regard traversant vers “Ouest-ed-dar” (milieu de la maison) Au niveau de la façade : les espaces de vie les plus appropriés au quotidien sont protégés par des modifications matérielles au niveau des ouvertures, des grillages en fer forgé sont ajoutés sur les fenêtres pour marquer la séparation et des jardinets sont placés au seuil des fenêtres pour empêcher toute pénétration visuelle à l’espace vitale. Les Volets sont les interventions les plus utilisés pour se protéger de l’extérieur. Ils sont de nature flexible, formant une barrière physique.

Toit-terrasse

Ouverture des chambres sur le patio arrière

L’ouverture vers l’extérieur ne se limite pas seulement au niveau des fenêtres. En effet, le maintien des portes d'entrée ouvertes durant la journée témoigne d'une autre forme d'ouverture. Il s'agit de s'ouvrir sur la rue pour assurer une ventilation naturelle de la maison et profiter des seuils pour créer un coin de détente. (Les chaises, les tables sont sorties à l’extérieur). Ainsi, la rue est considérée comme l’extension de la maison. L’espace intérieur reste protégé par un drap ou un tissu transparent qui forme un obstacle très symbolique limitant la visibilité depuis l’extérieur.

Ouverture du salon sur la rue

Porte maintenue ouverte durant la journée Les volets

Fig.55: Apparition du Toit-terrasse

Le toit-terrasse est aussi un lieu d’ouverture. Or, ce dernier est délimité par la hauteur importante des murs mitoyens. L'objectif est d'empêcher toute pénétration du regard extérieure, c’est un endroit où on peut voir sans être vu. Toutes ces manœuvres montrent l’adaptation et la flexibilité des usagers avec cette nouvelle forme d’habiter. Nous allons voir que ces appropriations sont omniprésentes dans le modèle évolutif expérimenté au quartier Hay Nahda.

Fig.56: Façade introvertie

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Fig.57:Façade extravertie

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b. Redistribution de l’espace domestique Ce dernier, autrefois très généreux (2.5m de largeur sur 6m de longueur), obéit aujourd’hui à la nouvelle pratique basée sur la standardisation des espaces, sa superficie devient restreinte et ses fonctions sont donc limitées.

Le nouvel espace-logement marocain réduit à la dimension unifamiliale marque la rupture brutale avec l’ancien modèle de l’habitat traditionnel. Ceci se manifeste essentiellement avec l’effacement de certains espaces clés d’habitations et par le changement d’autres espaces, en dimension et en forme.

Comme mentionné dans le chapitre précèdent, le salon marocain est le lieu le plus privilégié des rencontres, qui est à la fois symbole d’hospitalité et un moyen d’exposer la richesse familiale.

Aujourd’hui l’habitat marocain n'existe plus en grandes surfaces horizontales formant un encombrement de maisons à faible hauteur mais il se joue en verticalité par la superposition de plans types formant des immeubles d’appartement. L’organisation spatiale de l’espace domestique suit un schéma classique qui se compose d’un salon, d’une cuisine, de pièces d’hygiène et de deux chambres. La première chambre et le salon s’ouvrent du côté de la rue tandis que les autres espaces s’ouvrent sur la petite cour intérieure (imposé par la réglementation).

Sa grande superficie lui attribuait une certaine flexibilité d’usage qu’on ne retrouve plus aujourd’hui, son aspect multifonctionnel (détente, d’activité réception, chambre pour les enfants...) est actuellement limité uniquement à

la réception. La réduction d’échelle a touché l’ensemble des autres pièces, la cuisine était et demeure le lieu le plus fréquenté par la femme dans son foyer mais cet espace devient, lui aussi restreint. Sa nouvelle dimension ne permet pas aux usagers d’accomplir toutes les tâches ménagères, l’espace dédié au stockage qui était très présent dans les maisons traditionnelles n’a plus de place dans la cuisine actuelle. L’insuffisance de cet espace a poussé les usagers à prendre de nouvelles mesures d’adaptation, la cuisine gagne ainsi plus d’espace en s’ouvrant sur le balcon, il devient donc une extension de la cuisine pour abriter tout ce qui est buanderie, séchage et stockage.

Fig.58: Modèle d’immeuble d’apparte ments à double façade Crédit: Pintrest

Contrairement au patio dans l’habitat traditionnel, la nouvelle cour n’est pas un espace transitoire accessible autour duquel toute la maison s’articule, il garde seulement ses caractéristiques relatives à l’ensoleillement et l’aération naturelle. Dans l’esprit des nouveaux concepteurs, les deux ou trois niveaux identiques superposés sont destinés à des familles restreintes (jeune couple, parents...), la superficie de ces espaces ne permet ni l’élargissement des pièces ni l’accueil de la famille. Il s'agit des maisons finis dont les habitats ont un rôle passif. La réduction d’échelle est aussi la cause de la transformation de certains espaces fondamentaux dans l’habitat marocain comme le salon.

le patio qui faisait leur jonction, ces espaces sont aujourd’hui réunis en un seul (séjour) où on peut trouver le salon, la salle à manger et le “bit-ed-dyaf” séparés seulement par des limites visuelles (couleurs et textures). Le séjour est l’endroit dans lequel toutes les activités familiales ont lieu (TV, salle à manger...), il permet aussi de distribuer les chambres et de séparer les espaces privés (chambre, cuisine) des espaces semi-privés (salon, WC).

Ch02

Patio

Ch01

Ouest-ed’dar

SAS

Fig.60: La façade dans son état initial

La disparition de la cour centrale autour de laquelle l’ensemble des espaces s’articulent à donner naissance à un autre espace qui joue le même rôle distributif : le séjour

Salon

Dans la maison traditionnelle, les espaces domestiques étaient fragmentés et séparés par Fig.61: Le façade aprés l’appropriation des usagers (balcon comme extension de la cuisine)

Fig.59: Plan type d’un appartement marocain Crédit: Amine Ellaba

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Réduction de la superficie = Réduction des fonctions

c. Changement de l’aspect fonctionnel du Patio Le ‘‘oust ed-dar” qui signifie ‘ le milieu de la maison’ était jadis utilisé pour désigner le patio. Aujourd’hui, le modèle traditionnel n’est plus d’actualité et les espaces se sont standardisés (Changement disposition spatial : la disparition du patio). De ce fait, l’attribution de ce mot est liée dans le logement marocain actuel au salon ou ‘sala’. C’est l’espace de réception et de rencontre où la famille passe le plus de temps durant la journée. (Autrement dit le séjour)

Fig.62: Salon traditionnel dans une maison traditionnelle marocaine

Ces paramètres ont amené le changement des aspects fonctionnels et formels du patio qui s’est réduit à ces simples fonctions. Ce dernier a été adapté à la dimension de la famille conjugale en prenant de nouvelles formes : petite cour, jardin, véranda ou balcon.

Cette disposition limite parfois l’ouverture de l’espace domestique sur une seule façade comme le cas de “Hay Nahda” (cas d’étude). Au niveau du dimensionnement, le patio perd la moitié de sa superficie ce qui le rend parfois inaccessible et sa fonction se limite à aérer les espaces intérieurs. Les changements évoqués résultent d’une chaîne complémentaire de paramètres socio culturel, architecturaux et urbanistiques que nous allons tenter de comprendre et d’analyser dans les cas d’études de ce mémoire.

La loi 12-90 qui régit la plupart des articles concernant la planification urbaine et architecturale, s'est renouvelée en 2005 en se basant principalement sur plusieurs problématiques concernant l'habitat, parmi elles, la contrainte du patio comme élément architectural et parcellaire.

Fig.63: Salon dans une maison uni-conjugale

(2.5 m x 6 m)

Salon traditionnel marocain

La nouvelle pratique basée sur un système de lotissement sous forme de parcelles est très fréquente. Ces dernières peuvent prendre plusieurs formes. (Adjacentes ou distinctes)

Ainsi, plusieurs changements ont eu lieu au niveau du patio, sa centralité n’est plus fondamentale, il est placé aujourd’hui au fond de la parcelle. Cela dit qu’il ne joue plus son rôle de distribution et d’union, cette configuration résulte de la nouvelle réglementation qui consiste à s’ouvrir sur la façade côté rue favorisent certains espaces sur d’autres (placé au fond

Un espace polyvalent et multifonctionnel (Coin de réception-Coin de détente-Chambre de repos- Chambre pour les enfants- Lieu de prière..)

(2.5 m x 3 m)

de la parcelle).

Un espace réduit à sa fonction d’accueil

Salon dans une maison uni-conjugale

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III- Au niveau formel

Le changement de l’aspet fonctionnel et formel du patio

. L’extension horizontale et verticale. Disparition de la notion de centralité ‘Ouest-ed’dar’

Fig.64: Le patio comme noyeau de la maison (position centrale:” Ouest-ed’dar”)

La modification de l’habitat traditionnel est un phénomène souvent observé dans la société marocaine, ce sont des transformations qui résultent à l’envie d’élargissement de l’espace habitable devenu inadéquat aux usages domestique. En général, ses différentes formes d’appropriations sont élaborées par les habitants, ils sont donc considérés actifs en participant à la modification de leur mode de vie ( rajout chambre, démolition des murs..). Or, ces changements intérieurs, génèrent directement des modifications sur le niveau de l’enveloppe extérieure de la maison et modifient l’aspect esthétique de la façade.

Fig.65: Le patio au fond de la maison et réduction de sa taille

Le changement du profil volumétrique est palpable, il apparaît sur deux formes différentes : l’un horizontale et l’autre verticale. Dans les deux cas, la densité intérieure est en croissance, ce qui peut affecter la qualité de la vie dedans et dehors la maison (le quartier).

Ouest-ed’dar Aujourd’hui

Le premier type de transformation est discret, il s’effectue généralement dans le cas d’une maison à patio où les espaces domestiques s’étendent sur le patio pour donner naissance à un ou plusieurs espaces de vie. Ce sont ainsi des modifications intérieures qui ne sont pas visibles depuis l’extérieur et se font d’une manière illégale.

Ouest-ed’dar Auparavant

.Organise la circulation .Aération + Ensoleillement de l’ensemble des piéces

Ce type de transformation répond généralement à la nécessité d’agrandissement dans le cas du développement du foyer.

Le deuxième type de transformation est très visible et facilement repérable, il s’agit d’un développement en verticalité où de nouveaux étages sont construits sur la base du plan au sol.

.Noyeau de la circulation .Aération + Ensoleillement

(partielle)

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Partie 03- Conséquences de transformation I- Au niveau du bâti

Fig.66: Extension

Ces interventions résultent de la volonté des usagers à s’adapter à la modernisation et aux aspirations contemporaines. Par conséquent, ces différentes modifications sur l’aspect du bâti aboutissent très souvent à des dysfonctionnements sur plusieurs niveaux.

Verticale

Rajout d’un étage ou plus

Au niveau structurel, la dégradation du bâti est accélérée par l’augmentation des charges ou les déplacements des murs porteurs. Cela implique le changement de l’organisation et hiérarchie dans la distribution spatiale traditionnelle qui devient méconnaissable. Au niveau formel, les conséquences de ces transformations demeurent dans la défiguration de la typologie, les interventions aléatoires sont souvent lourdes à assumer à cause de la méconnaissance des habitants au niveau technique et la négligence du contrôle des autorités.

Fig.67: Extension

Ces interventions peuvent générer aussi des pathologies facilement repérables. Elles sont principalement causées par l’usage des matériaux et enduits d’une qualité médiocre (pour des raisons économiques) et aussi par la juxtaposition des matériaux traditionnels et nouveaux qui sont incompatibles.

Fig.68: Dégradation du bâti dans la médina de Rabat

L’équilibre entre le vide et le plein est perturbé avec le rajout de nouvelles ouvertures sur la façade, ce qui bouscule la verticalité et la hiérarchie dans l’ordonnance des baies surtout avec l’inexistence et l’inefficacité du cadre législatif qui autorise et contrôle ce genre de transformation. De ce fait, une nouvelle forme désordonnée de façade voit le jour.

Horizontale

Elargissement de l’espace domestique par le rajout d’une ou plusieurs chambres

L’usage excessif des textures, de couleurs et la multiplication des ouvertures a entraîné un choc esthétique sur l’ensemble du bâti.

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II- Au niveau du tissu urbain a. La crise de la Médina:

b. Vers une nouvelle structure urbaine

À l’époque du protectorat français, les médinas marocaines ont connu une sorte de déséquilibre entraîné par l’opposition du modèle arabe au modèle européen.

La ville marocaine a vécu une crise d’identité avec l’instauration d’un dualisme urbain pendant la période coloniale qui a provoqué la rupture avec l’ancien modèle traditionnel intra-muros, le nouveau modèle a surgi par la multiplication de nouvelles zones d’habitat et d’équipement à l’extérieur de l’enceinte de la médina.27

Scanned with CamScanner

Le nouveau modèle introduit dans la société marocaine a amené une forme de désobéissance dans laquelle les Marocains étaient face à un dilemme: celui d’entretenir la culture traditionnelle ou de s’ouvrir à la nouvelle culture européenne.26

Médina de Rabat

La nouvelle ville est sous forme d’un étalement urbain qui suit des nouvelles normes d’urbanisation instauré par le protectorat. Il se caractérise par la très forte emprise de la voiture dans le tissu urbain par l’élargissement de l’infrastructure, de voiries et la mise en place d’une nouvelle hiérarchie. Le nouveau tissu urbain prend forme avec le développement progressif du bâti et d’équipements administratifs et commerciaux ( Banques, marchés,..), vers lesquels convergent les réseaux viaires et flux.28

La difficulté du choix revient à la forte relation de la société marocaine avec ses coutumes, son passé et son héritage culturel au même moment où la qualité de vie dans la médina se détériore. Plusieurs causes tangibles ont amené à l’obsolescence de la médina et sa détérioration, l’espace urbain devient de plus en plus dense et incapable de s’adapter aux nouveaux besoins et pratiques à cause de sa structure dense encerclée par la muraille et les ruelles étroites. Cette configuration est incapable d’assurer l’accès automobile au sein de l’enclos et de s'adapter aux nouveaux besoins des habitants. La volonté de décohabitation et le désir de s’ouvrir sur un nouveau mode de vie en dehors de l’enceinte de la médina se manifestent dans la société marocaine. Or, cela provoque la dégradation progressive de l’habitat traditionnelle.En effet, les maisons sont ainsi abandonnées ou louées à des familles pauvres, tandis que les plus aisées mutent vers les cités-jardins.

26

Le bâti se regroupe souvent sous forme de lotissements pavillonnaires de densités faibles dédiées aux familles aisées (villas, maisons individuelles), ces lotissements ont marqué le tissue urbain par leur aspect soigné, leur ordonnancement et leur régularité. Ce n’est que depuis deux décennies que l’habitat social ou économique se manifeste sous forme de lotissements ou d’un morcellement parcellaire structuré. En effet, la forte migration d’individus causés par prospérité de la ville nouvelle, a provoqué un étalement spatial accompagné de l’apparition de l’habitat sociale économique. La densité des lotissements se multiplie aléatoirement en périphérie et donne naissance à des nouveaux quartiers formant de véritables villes-champignons.

Artères principales Fig.69: Développement “Extra-Muros “ de la Médina de Rabat

27 28

TROIN Jean-François, Maroc : Régions, pays, territoires, Paris, Maisonneuve & Larose,2002.

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Fig.70: Plan de lotissement d’habitat économique Crédit : Archives de l'agence urbaine de Casablanca

ibid.p265. ibid.p270.

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III L’habitat collectif au Maroc, les premières expérimentations Après l’indépendance, le logement marocain a subi à un changement radical. Fortement influencée par le modèle occidental et par les pratiques française du protectorat, l’architecture ‘marocaine’ a connu une rupture avec le modèle traditionnel. Le modèle social prend place comme réponse imminente à la forte demande de logement due à l'accélération de l'exode rurale. Cependant, le mode d’habiter des Marocains est bouleversé en laissant derrière un grand héritage culturel et un riche savoir-faire traditionnel. Nous allons étudier quelques modèles d'habitat sociaux qui n'ont pas été destinés à être évolutifs mais qui ont évolué contre leur gré. Fig.71: “HENTSCH Jean, STUDER André | Sidi-Othman Social housing| Casablanca , Morocco | 1955

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I-Les Carrières Centrales de Casablanca et la trame 8×8 Le quartier des Carrières-Centrales à Casablanca est la première expérience d’application réelle de la trame 8*8, élaborée par Ecochard. L’objectif du projet est d’élaborer une multitude de types d’habitation dédiée à la communauté musulmane , adéquate à leur usage et adaptée à leurs besoins. Ces maisons sont inspirées de la maison traditionnelle marocaine généralement organisée autour d’un patio. La spéculation comme essence du projet: Le programme prévoit la résorption provisoire des bidonvilles. La réponse architecturale proposée suit à la fois les principes de la maison traditionnelle au rez-de-chaussée par une superposition de patios et la conception européenne par son ouverture à l’extérieur, et son développement en hauteur. Ecochard, spéculateur et visionnaire ne se limite pas à l’échelle de l’unité de l’habitation en soie , sa réflexion va au-delà de la dimension architecturale. En effet, à l’échelle du quartier (Houma), Ecochard préconise la conception d’unités de voisinage organisées autour d’équipements et structures reliées par des parcours favorisant la mobilité douce. Ses structures peuvent être éducatives comme le MSID ou l’école coranique , religieux comme la mosquée ou encore de bien-être : “Le Hamman”.

“Dès 1914, Henri Prost, sous le Protectorat Français, avait déjà formulé l’hypothèse de nouveaux quartier indigènes, permettant de transférer les ouvriers et de détruire les taudis insalubres. Mais, mise à part quelques rares épisodes, il faudra attendre le deuxième après-guerre pour que ces questions trouvent des solutions réelles.” -Jean-louis COHEN ‘Casablanca, Mythes et figures d’une aventure urbaine. ‘

“La figure de Michel Ecochard est ici emblématique, pour son action en tant qu’urbaniste. Entre 1946 et 1952, Ecochard dirige le Service d’urbanisme du Protectorat, élaborant des plans pour les grandes villes, et, plus particulièrement, à partir de 1949, pour Casablanca. L’exode rural de masse et l’accélération de l’urbanisation exigent des solutions urgentes. La théorie de l’habitat pour le plus grand nombre est formulée pour la première fois à l’occasion d’une conférence, qu’il tient en février 1950, intitulée ‘ Urbanisme et construction pour le plus grand nombre’ “

Après une analyse pointue des données (besoin de logements, standing des familles, habitudes, voiries et canalisation), Ecochard propose des trames spécialement étudiées de 8*8 mètres, ‘ ces trames permettent les orientations favorables, c’est-à-dire le Sud et l’Est. Chaque cellule a son entrée soit dans la rue, soit sur un espace libre, soit sur impasse. Les cellules, elles-mêmes de 8*8, comprennent deux pièces ouvrant sur un patio, une cuisine, un W.c Le nombre d’habitants, est précisément défini ( 1800 par unité, soit 350 habitants par hectare).

Fig.72: A. Michel Ecochard, “Urbanisme et construction pour le plus grand nombre”,Annales de l’ITBTP, octobre 1950.

- Publiée en octobre 1950 par les Annales de l’institut technique du bâtiment et des travaux publics.

Fig.73: Vue aérienne des carrières Centrales de Casablanca, Published 20/02/2016 by Mahja 65

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Ce dispositif dérive de l’approche développée par Clarence Perry aux Etas unis connue par « 29 Neighborhood units ». La cité résidentielle des Carriéres Centrales à Casablanca à été donc proposée comme une alternative à la trame horizontale, un nouveau modèle d’habitat adéquat à l’usage du ‘marocain’. L’innovation typologique est devenue primordiale. “Le Sémiramis, orienté Est-Ouest. Les logements s’adaptent à la morphologie du terrain en pente. L’accès aux logements se fait par les coursives en façade menant directement aux patios privés. Les appartements sont traversants et font environ 35 m² habitables, aménagés de façon très simple ; l’escalier extérieur conduit aux coursives, puis au patio, puis au vestibule -coin cuisine qui distribue les pièces d’eau et les deux chambres. Au moins trois dispositifs filtrent le passage du public au privé : escalier-pallier, galerie, patio.” Letizia CAPANNINI , Habitat collectif méditerranéen et dynamique des espaces ouverts : Cas d’étude en Europe et en Afrique du Nord ( 1945-1970), Laboratoire ACS-Université de Paris VIII.

Fig.75:Plan de trame horizontale” (M. Ecochard, architecte-urbaniste, 1955).

Fig.74: Plan et coupe d’une cellule-minimum-type Fig.76: Regroupement de base 4 maisons sur la parcelle de 8×8. Michel Ecochard.

PERRY Clarence, “The Neighborhood Unit : a Scheme of Arrangement 29 for the Family Life Community”, dans Regional Plan of New York, vol. 7, New York : Regional Plan Association”, 1929. La notion est introduite par la délégation américaine au congrès Ciam de Bridgewater en 1947.

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II-Immeuble “Nid d’abeilles” à Casablanca.

L’évolution de la trame Ecochard 1952-2020

Dans les années 1950, les bidonvilles de Casablanca étaient le centre d’intérêt des jeunes architectes de l’époque. La zone des Carrières Centrale a été le champ de plusieurs expérimentations. Le logement Nid d’abeilles de Casablanca été le fruit de minutieuses enquêtes sociologique et technique. Les architectes George Candillis, Alexis Josic et Woods Schadrac ont élaboré deux projets de logements “verticaux” à proximité du bidonville des Carrières Centrales. Le projet Nid d’Abeilles a été parmi les premières tentatives du Protectorat français de conception de logements en faveur des Marocains. Ces logements ont été dédiés à des travailleurs à faible revenu pour un logement à prix abordable. De nature révolutionnaire, le projet offre une nouvelle forme d’habiter. Par ses pleines et vide dans l’enveloppe extérieure, la forme géométrique des patios avec ses hauts murs vise à valoriser la notion de l’intimité. L’usager est désormais protégé des regards extérieurs.

Fig.77: La Trame Ecochard Aujourd’hui Crédit: Alberto Sols

Densification du tissu urbain

L’étalement en verticalité Apparition du toit terrasse Naissance d’un façadisme

Fig.79: Plan type de l’immeuble “Nid d’abeilles” montrant l’accès aux balcons et patios

Si ce modèle se voyait révolutionnaire durant les années 50, il demeure aujourd’hui emblématique. En effet, 60 ans après que le projet Nid d’abeilles soit inauguré, ce dernier a subi à plusieurs formes d’appropriations qui font que , aujourd’hui les cellules perdent leurs qualités architecturales. L’évolution des foyers était la raison derrière le changement de l’aspect de ces logements. En effet, de nouveaux besoins se manifestent : des espaces de vie pour accompagner les nouveaux membres de la famille. Les espaces au-dessus des terrasses ont été murés et convertis en chambres ou salons. À l’intérieur comme à l’extérieur, l’espace de vie est lui aussi modelé et divisé pour offrir plus d’intimité et d’ergonomie à l’usager.

Fig.78: La Trame Ecochard dans sa première phase 1952

Fig.80: Coupe montrant l’organisation intérieure de l’immeuble 1. Accès au balcon 2. Patio

5. Chambre 6. Double hauteur du Patio

Crédit: Alberto Sols

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L’état actuel des modèles évoqués est le résultat de plusieurs facteurs socio-économiques. Ces modèles ,qui, initialement n’ont pas été destinés pour être évolutifs ont subi une transformation lourde et ont évolué contre leur gré. Plusieurs types d’appropriations ont eu lieu suite aux changements dans la structure des foyers, au besoin d’acquérir plus de surface pour agrandir l’espace domestique.

Fig.81: Evolution de l’immeuble : état d’aujourd’ui Crédit: Alberto Sols

Fig.83: Photographie de l’immeuble “nid d’abeilles” dans son état actuel (après l’évolution) Crédit: Archives du Maroc

L’aspect actuel de ces logements génère une forme d’identité ambiguë par la densification du quartier et l’étalement des cellules en verticalité. (Cas de la trame Ecochard 8*8) Les éléments architecturaux initiaux comme le patio,les balcons et les coursives ont subi des transformations qui ont engendré leur disparition progressive. Ces modifications résultent du changement au niveau de la disposition intérieure de la cellule, ou les espaces proposés sont inadéquats avec l’usage des familles marocaines.

Fig.82: L’immeuble ‘Nid d’abeilles’ tel que conçu dans les années 50 Crédit: Alberto Sols

Fig.84: Photographie de l’immeuble “nid d’abeilles” dans son état initial Crédit: Archives du Maroc

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Une spéculation pas très aboutie ou des besoins indéterminés ? Nous avons pu observer le déséquilibre entre une spéculation pas “très aboutie” et les besoins indéterminés des acquéreurs. L’inadéquation de ces modèles qui étaient à la base expérimentale a donné naissance à un nouveau type d’habitat. Le Maroc a tenté d’expérimenter l’habitat évolutif, sous forme de lotissements sur la base d’un plan type capable de croitre avec le temps pour s’adapter aux besoins des habitants. Nous allons tenter ainsi d’évaluer ce modèle par l’analyse du quartier Hay Nahda à Témara qui est un symbole emblématique de cette pratique au Maroc.

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IV

L’habitat collectif au Maroc vers une approche évolutive Le Maroc a tenté l’approche évolutive à travers l’inauguration d’un nouveau programme d’aide pour l’auto-construction de maisons individuelles. Cette méthode de construction permet aux foyers à faibles revenus d’acquérir une maison individuelle tout en ayant la possibilité d’extension et de modification dans le futur. Ces maisons utilisent le principe du semi-fini ou du logement « incomplet».

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INTRODUCTION

Le programme national ‘‘Villes sans bidonvilles’’ L’exode rural massif dans les grandes villes marocaines et l’incapacité de celles-ci à faire bénéficier aux nouveaux arrivants des infrastructures minimales a causé la naissance et le développement exponentiel des bidonvilles.30 Les bidonvilles au Maroc comme ailleurs s’inscrivent dans un contexte historique de la construction clandestine, qui a longtemps été toléré mais qui, aujourd’hui, pose un grand problème d’intégration. Depuis 2004, un large programme d’éradication des bidonvilles et de relogement de leurs habitants a été lancé par le Roi Mohammed VI. Le Maroc, comme plusieurs pays dans le monde, a adopté la déclaration du Millénaire des Nations Unies, visant l’amélioration des conditions de vie des populations. Le programme national ‘‘Villes sans bidonvilles’’ (VSB) est aujourd’hui l’une des priorités majeures du gouvernement marocain dans le domaine du développement social et de 31 la lutte contre la pauvreté.

« ce que nous visons, en définitive, ce n’est pas uniquement d’avoir des villes sans bidonvilles, ni d’y substituer des blocs de béton sans âme, réfractaires à toute sociabilité. Nous entendons, plutôt, ériger nos cités en espaces propices à la vie en bonne intelligence, dans la convivialité et la dignité, et en faire des pôles d’investissement et de production, et des agglomérations attachées à leur spécificité et à l’originalité de leur cachet. »

Ce projet a pour but l’éradication de l’ensemble des bidonvilles dans 85 villes du Royaume. Cela concerne plus de 348.000 ménages résidant dans près de 1.000 bidonvilles.32

Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la Rencontre Nationale des collectivités locales. Agadir, 12/12/2006

Le programme « Villes sans bidonvilles » a suscité un investissement d’environ 25 milliards de dirhams, dont une subvention du Fonds Solidarité Habitat, estimée à près de 10 milliards de dir33 hams.

30 Loudni, A. (2013, juin 26). «Ville sans bidonvilles», une expérience marocaine non sans difficultés . Consulté le 22 novembre 2019, à l’adresse http://www.slateafrique.com/293001/%C2%ABville-sans-bidonvillesC2BB-une-experience-marocaine-non-sans-difficultes

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ibid

32 ibid 33 ELLABA (Amine), « Laâyoune : Le logement évolutif contre les bidonvilles », l’Economiste, Edition N° :912, 2000.

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Kénitra ( Port-Lyautey) Superficie : 672 Km² Population : 431 282 Hab (2014) Densité : 642 Hab./km²

A- IN SITU : Témara, Maroc

Témara est une ville côtière d’une

superficie de 33.56 km² bordée par l’océan Atlantique à l’ouest et la commune de Tamesna à l’Est. La ville de Témara est connue comme l’extension urbaine de la ville de Rabat, séparée par celle-ci par la ceinture verte (Un lieu naturel boisé) .

Casablanca : Capitale économique Superficie : 219 km² Population : 3 359 818 Hab (2014) Densité : 15 342 Hab./km²

RABAT : Capital du Maroc Superficie : 11 850 Ha = 118.5km² Population : 577 827 Hab (2014) Densité : 4876 Hab./km²

Fig.85: Carte de la région centrale Maroc

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a. Bref rappel historique

b. Limites et Site

La ville de Témara comme extension urbaine de Rabat Rabat, Capitale administrative du Royaume, exerce à ce titre une attraction sur tout le Maroc ; la population urbaine de l’agglomération Rabat-Salé a triplé en 1960 et 1982 . Aujourd’hui la préfecture Rabat-Salé-Témara a atteint les 3 123 595 habitants 34. Cependant, le développement de la ville de Rabat est resté modéré et contenu, la croissance s’est donc reportée vers Salé, qui a doublé de population entre 1971 et a982, puis vers Témara, qui à son tour, est passé de 48 644 habitants en 1982 à 126 303 habitants en 1994.35

.LIMITES COMMUNALES Les extensions résidentielles périphériques présentent les mêmes caractéristiques : régulières, peu denses bien desservies, aérées par de grands équipements et des espaces plantés à Rabat ; denses, irrégulières, mal desservies et sous-équipées à Salé, où de grands bidonvilles se sont constitués à L’Est et jusqu’à Bouknadel au Nord-Est38.

La municipalité de Témara est située à 12 km au Sud-Ouest de Rabat, ces limites territoriales sont les suivantes : • Au nord-Ouest, l’autoroute Casablanca-Rabat qui limite la commune de Harhoura. • Au nord-Est, les communes de Yacoub el Mansour, Agdal-Ryad et Youssoufia

Les mêmes phénomènes qu’a connu Salé se sont reproduits à Témara, donnant lieu à une extension anarchique qui menace les terres agricoles et l’environnement.

• Au sud-Est, la commune de Mers EL Kheir limitée par la conduite de Fouarat et les opérations destinées à la résorption des bidonvilles.

En 1982, Rabat abritait donc 58% de la population urbaine de la Wilaya, Salé 35% et Témara 5%, mais cette dernière affichait un taux de croissance annuel plus de trois fois supérieur à celui de Rabat-Salé 36.

• Au sud, la commune d’Ain Attig. La limite communale est formée par la zone des carrières, la ligne ONCF et la zone industrielle. À l’intérieur de ces limites, l’aire d’urbanisation du Plan d’aménagement de Témara couvre 1725 ha environ.

En 1994, la population des Communes urbaines de la Wilaya s’élevait à 1376 000 habitants, soit une augmentation de 35% par rapport à 1982 et un taux moyen d’accroissement annuel de 3.6%.

.SITE

La ville de Rabat ne représentait plus que 45% de l’ensemble, celle de Salé 42% et Témara 13%. De part et d’autre de Bouregreg ( vallée séparant les deux villes jumelles Rabat-Salé), les Médinas de Rabat et de Salé, noyaux originels, se sont progressivement vidées de leurs occupants initiaux, densifiées et dégradées, tout en perdant considérablement de leur importance relative par rapport à l’agglomération37. Les extensions à caractère dense ont été relativement ordonnées à Rabat, alors qu’à Salé, non planifiée. Cela a donné lieu à de très importantes débordements d’habitat irrégulier.

34

Extrait du Rapport diagnostic de la ville de Témara, (Note méthodologique,Diagnostic et Analyse Recommandations et orientations), Novembre 2016

La topographie du site est représentative des abords de la plaine atlantique de la Mesara. Le relief descend en pente douce depuis une altitude de 110 m environ jusqu’à la cote. Le plateau est découpé en bandes longitudinales parallèles par les différentes voies de circulations existante entre Casablanca et Rabat : route côtière (RR 403), autoroute Casablanca-Rabat (RP36-A1), voie ferrée couplée à la RN1, conduite d’eau et chemin de tertiaire, les points de franchissement, très peu nombreux, rendent les liaisons difficiles entre les quatre zones.

Ceinture verte Fig.86: Shéma de développement de la ville de Rabat

35 36 37

ibid. ibid.p.12. ibid

38 39

ibid. ibid.p.18.

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.DIVISION SÉCTORIELLE La ville de Témara a été planifiée suivant le plan d’aménagement (SDAU) qui va donner naissance à plusieurs quartiers. Leurs spécifiés respectives seront brièvement décrites ci-dessous pour la compréhension de l’insertion urbaine des logements dans leur contexte. Témara Nord et Est :

Témara Sud :

La Casbah de Témara, important référant urbain et seul monument historique de la ville occupe une place importante dans cette partie de la ville.

Cette partie de Témara, bloquée par l’emprise de la zone industrielle, constitue une fin de ville. Elle assure la liaison entre la ville et la zone industrielle par une bande d’équipements ( administration, sport et enseignement). Les axes longitudinaux principaux de la partie centrale viennent buter sur les équipements et seulement trois d’entre-deux permettent d’accéder à la zone industrielle. Les axes majeurs du quartier sont en grande partie, destinés à des utilisations privées, les localisations d’équipements étant décentrées par rapport à ces axes qui participent à structurer une composition urbaine cohérente.

Le quartier est fortement délimité par la ceinture verte, les voies majeures de la RN1 et de la Fourat et l’emprise de la Casbah de Témara. Il est essentiellement marqué par l’initiation de lotissement d’habitat économique sur les terrains “Guich”. Sa restructuration a visé, d’une part à traverser le quartier, et ainsi à le relier au reste de la ville et, d’autre part, à créer deux pôles de centralité autour de grandes places. Les équipements publics ont été localisés préférentiellement autour de ces places.

Hay Nahda

Ce secteur, également couvert par les lotissements d’habitat économique dont notre cas d’étude en fait partie.

Fig.87: Division séctorielle de la ville de Témara Témara centre

Témara Prefecture

Mers El-khir

Témara Nord (Zone d’étude)

Témara Sud

Témara Centre : La densité des lotissements existants ou autorisés et leur morphologie rendent difficile sa structuration et à fortiori la création d’une composition urbaine majeure. Les axes principaux sont accompagnés d’une part au niveau des poches urbaines par des équipements de quartier, et d’autre part par des servitudes architecturales, alignements d’immeubles ou création d’arcades au rez-de-chaussée.

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Mers EL kheir : Cet important secteur qui constitue la principale zone d’extension future de l’agglomération de Témara, située sur la commune de MERS El Kheir, est destiné à pallier le déficit enregistré en matière d’équipements publics, notamment en ce qui concerne l’hôpital régional, les casernes des sapeurs-pompiers et des compagnies mobiles d’intervention, les instituts de formation professionnelle, lycées, parcs, cimetières. De même, il permet le bouclage de la ville, par le retournement des principales voies d’orientation Nord-ouest/ Sud-est, reliant la cote à la route de “Fouarat”, qui deviennent des axes majeurs longitudinaux organisant les différents secteurs réglementaires, et permettant ainsi n rééquilibrage de la trame urbaine de cette future importante agglomération.

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Fig.88: Emplacement de la Kasbah de Témara, la RN1 et la Cité-jardin entre 1971

ROUTE N.01

KASBAH

c-Urbanisation : D’une ville rurale à une ville urbaine

“Cité-Jardin”

La localisation de TEMARA aux portes de la capitale, l’existence d’importantes voies de communication et la présence de terrains “Guich” disponibles ont provoqué une explosion urbaine désordonnée, marquée par le développement très important des bidonvilles et l’habitat irrégulier ; cette énorme croissance sans planification constitue une entrave aux efforts d’aménagement. Selon le rapport diagnostic de la commune de Témara (2002):

Cités-jardins Terrains vierges

Fig.89: Début de densification urbaine et emergence des bidonvilles à Témara 1983

Ville active depuis les années 90, Témara est devenue d’une région rurale à l’activité économique fondée sur l’agriculture, à une extension urbaine rattachée à la préfecture de Rabat, ensuite à une ville dynamique indépendante après la création de la préfecture de Skhirate-Témara en 2001. ( dans le cadre de la politique de décentralisation et de déconcentration administrative).

• La commune, encore rurale en 1971, s’est développée, dans un premier temps, entre un important lotissement de type ‘Cité Jardin’ des vieux Marocains,la Kasbah de Témara, et le long de la RN1.(Route national 01)

KASBAH

• De 1970 à 1983, une quarantaine de lotissements privés ont constitué l’essentiel de l’urbanisation. Puis des bidonvilles et de l’habitat clandestin se sont développés, essentiellement sur des terrains Guich et le long de la RN1.

Bidonvilles Terrains vierges

• Depuis 1983, des grandes opérations initiées par les pouvoirs publics ont augmenté l’aire urbanisée de la commune. En parallèle, des opérations de lotissements privés ont été jusqu’à recouvrir la totalité des terrains compris entre la RN1 (avenue Hassan II), la Kasbah, la RR403 (Route Sidi Yahia des Zaers) et la RP 4007 ( route Fouarat)

KASBAH

Fig.90: Densification urbaine et emergence des lotissements fin des années 80

L’urbanisation est donc bien avancée sur le territoire communal : elle est composée de types d’habitat différenciés ; les quartiers de villas(dont le lotissement des ‘vieux marocains’ est le plus important, les lotissements économiques réguliers, l’habitat irrégulier, les opérations publiques, les bidonvilles.

Lotissements des annés 90

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d-HABITAT .Typologie : KASBAH

Quatre grands types d’habitat sont présents sur le territoire de Témara. Ils correspondent en général au découpage parcellaire des lotissements. Il s’agit, par ordre croissant : d’un logement par parcelle, de villas implantées sur de grandes parcelles, de maisons de type marocain comportant deux ou trois niveaux, de petits immeubles collectifs de quatre à cinq niveaux, et de l’habitat insalubre implanté en bidonvilles ou dans des lotissements irréguliers. Il subsiste aussi quelques implantations agricoles, mais elles sont trop peu nombreuses pour être représentatives de l’habitat de la commune.

Fig.91: Zone villas

• Les villas se trouvent en majorité dans le lotissement des vieux Marocains et, plus ponctuellement, aux abords d’équipements publics où elles servent de logements de fonction.

KASBAH

Bindonvilles

• L’habitat de type traditionnel, largement majoritaire sur le territoire de la commune, est présent à la fois dans le secteur central de l’agglomération et dans les grandes opérations publiques. Il constitue l’essentiel des projets de lotissement déposés auprès de l’administration.

Fig.92: Zones d’équipements génralement situés au bord de l’artère principale RN1

• Les immeubles collectifs, largement majoritaires sur le territoire de la commune, sont présents à la fois dans le secteur central de l’agglomération et dans les grandes opérations publiques. Il constitue l’essentiel des projets de lotissement déposés auprès de l’administration. Les immeubles collectifs sont essentiellement localisés dans les opérations publiques de lotissement, toutefois, certains lotisseurs privés prévoient ponctuellement la réalisation de ce type de bâtiments.

KASBAH

Fig.93: restructuration urbaine et emergence d’Habitat social

• L’habitat de type bidonvilles devrait à terme disparaitre avec la réalisation des opérations publiques. Certains lotissements irréguliers bâtis en dur sont restructurés pour être inclus dans des secteurs d’habitat économique. Le quartier Hay Nahda rentre dans ce modèle de restructuration où les bidonvilles sont transformés en logements évolutifs abordables pour les familles démunies. 87

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B- CAS D’ÉTUDE : LE QUARTIER HAY NAHDA - TEMARA, MAROC,1994

Fig.94: Plan de situation

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La croissance démographique de la ville de Témara a engendré la prolifération de bidonvilles et de l’habitat précaire. Le tissu urbain de Témara a été créé par la succession et la juxtaposition des lotissements indépendants les uns des autres.

Fig.95: Bindonvilles à proximité du site

De ce fait, il existe plusieurs combinaisons entre habitats économiques, villas, bidonvilles. Une situation chaotique que représente la ville aujourd’hui. Le projet ‘Hay Nahda vient comme une réponse à cette croissance exponentielle du logement informel qui commençait à détériorer la ville de Témara. L’État marocain a ainsi fait recours à Khalid Bennani, l’un des architectes les plus réputés de l’époque pour élaborer un plan d’aménagement du nouveau quartier. Ce projet rentre dans le cadre du recasement des bidonvilles et la restructuration du quartier dont l’objectif est de concevoir des lotissements pour les familles en difficulté.

Fig.96: Terrains vierges

Les logements étaient destinés aux anciens militaires qui occupaient les bidonvilles à proximité. Ce projet voit le jour en 1994 et connaît un grand écho au Maroc par son caractère expérimental. Il s’agit de l’élaboration de plusieurs parcelles de 65m² (y compris le patio) abritant chacune un logement de nature “évolutif” capable de croître et évoluer selon les besoins de ses habitants. C’est de cette approche révolutionnaire et spéculative tentée pour la première fois au Maroc à la fin des années 90 que nous allons essayer de comprendre en analysant le processus de son développement.

Fig.97: Terrains agricoles

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PARTIE 01 . HIER

I- Analyse du projet réalisé a.Dimension Urbanistique

.Localisation et accessibilité En 1994, la ville de Témara n’était pas urbanisée. Les zones d’habitation s'étalaient d’une manière aléatoire ce qui a permis aux logements informels de s’étendre sur toute la zone du quartier étudié. Bordé par des bidonvilles au nord et des terrains agricoles au Sud, le quartier Hay Nahda était la transition entre les zones d’habitat et les zones non urbanisés. Sa proximité de la route nationale (N1), le rendait accessible. Or, on ne parlait pas encore de la Commune de Témara comme entité indépendante de la ville de Rabat. Ainsi, son emplacement était un peu excentré de la ville de Rabat et difficilement accessible par les moyens de transports en commun. Comme mentionné auparavant, l’environnement immédiat du quartier était sous forme de quartiers informels présents jusqu’à aujourd’hui. Sans oublier la caserne militaire qui occupait une grande partie de la zone à l’Ouest. Le terrain est en légère pente qui suit le relief de la ville de Témara qui tend vers l’océan en formant deux plateaux.

Fig.98: Connexion du quartier “Hay nahda” avec la ville de Rabat.

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Place de la mosquée

b. Echelle du quartier Le quartier Hay Nahda était morcelé et tramé suivant les nouvelles règles d’urbanismes élaboré à la fin des années 90 par le ministère de l’urbanisme de l’époque. Les voiries sont alors divisées en 3 types : • La grande rue principale qui longeait la bordure du quartier, principalement dédiée aux voitures.

Les voies piétonnes étaient favorisées surtout avec la quasi-inexistence des voitures au quartier à l'époque. En effet, les revenues modestes des familles ne leur permettaient pas de posséder des voitures. Ainsi, les rues tertiaires sont transformées en place publique où les enfants du quartier se rendent pour jouer. Un grand nombre d’ilots disposait de sa propre placette appelée ‘Saha’. Fig.99: Plan de lotissement du quartier

• Les rues intermédiaires occupaient le cœur du quartier, elles assuraient la perméabilité au site et permettaient aux habitants d’y accéder en voiture. • Les rues tertiaires sont piétonnes, elles mènent aux quartiers rédidentielles. L’axe de la rue principale est occupé par plusieurs commerces de proximité. Il est souvent dédié aux activités liées à la mécanique (réparation de voiture vue la proximité de la grande rue menant à Rabat). À l’époque, l’habitat marocain était encore influencé des pratiques traditionnelles. Les activités commerciales se déroulaient au Souk, du côté de la mosquée. Ainsi, les marchés ambulants occupent les espaces publics deux fois par semaine en formant une bande commerciale qui permettait aux habitants de faire leurs courses. Hormis le souk, on retrouvait souvent une épicerie par quartier pour les besoins quotidiens. La mosquée était à la fois un espace religieux et une école coranique pour les enfants du quartier. L’école ‘ Al mouahidine’ était la seule école du quartier, elle se situait du côté nord de la grande rue qui séparait le quartier des bidonvilles.

“Derb” dans un groupe d’habitation

“Hay” rue commerçante

“Charie” Grande rue

Généralement piéton

Accès automobile privilégié

Rue principale

2m

5m

10 m

Fig.100: Types de voiries

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9m Fig.104: Coupe transversale sur la grande rue Fig.101: Ambiance de grande rue ( automobile)

6m Fig.105: Coupe transversale sur rue piètonne

Fig.102: Ambiance d’angle du côté des terrains agricoles

Les rues du quartier Hay Nahda en 1994 étaient similaires, elles dégageaient un sentiment d’isolement à cause de l’absence d’équipements et d’activités. Les façades dans leur état brut sont sobres, elles se dotent que du strict minimum d’éléments. ( portes, fenêtres) L’ambiance des rues dégage une certaine ordonnance et symétrie. Le quartier dans son état initial se caractérisait par la répétition du même bloc. Cette multiplication donnait naissance à des ilots identiques.

Fig.103: Ambiance de rue pietonne

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c.Dimension architecturale

. Projet initial On retrouve deux typologies dominantes dans le quartier : La maison à patio et la maison d’angle (sans patio). Elles sont livrées semi-finies, leur configuration spatiale est ‘basique’ : elle ne comporte que du strict minimum pour vivre. D’une superficie allant jusqu’à 65m² (maison à Patio), l’unité individuelle est composée d’un hall d’entrée , d’une chambre, cuisine, salle de bain et d’un patio. Ce dernier est l’élément-clé pour ce type d’habitat. En effet, par sa superficie généreuse (approximativement la moitié de la superficie totale) il peut servir de plusieurs fonctions à la fois. La maison individuelle est dessinée

pour être flexible et accompagner les besoins de l’habitant au fil du temps. Pour ce faire, cette unité fonctionnelle peut s’étendre à la fois horizontalement ou verticalement. À l’arrière, deux chambres peuvent être ajoutées autour de la cour, ce qui double l’espace exploitable au rez. L’habitant n’a pas l’ultime liberté pour modeler son logement. A vrai dire, l’extension est guidée par le concepteur et se fait grâce aux plans fournis par l’’État. Ceci rend la tâche plus sûre et aisée à l’habitant qui n’a plus qu’à exécuter les plans.

Fig.106: modèl de logement initial (Composition par 4)

Cu

pa

Ch: Chambre Hall

Ch

Cu: Cuisine Pa: Patio

Fig.107: le quartier en 1994 Vue depuis les terrains agricoles au Sud Fig.108: Plan Type 01 de rez-de-chaussé 99

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Plan Type 1 Superficie de la parcelle : 65m²

Fig.112: Coupe Longitudinale

Fig.109: Plan de toiture

Fig.110: Elévation coté rue

Fig.111: Elévation coté Patio

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Fig.113: Isomètrie

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. Extensions théoriques Au niveau des réglementations, le permis de construire autorise la construction d’un étage supplémentaire (R+1) qui suit l'organisation du plan du dessous (Rdc). Situé au fond de la parcelle, le patio peut être conservé comme poumon de la maison (source d’aération et d’ensoleillement), aussi peut-il être utilisé pour incorporer des espaces de vies (chambres, salons...) en plus dans le cadre d’une extension horizontale.

Fig.114: Elevation coté rue

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Ce type d'appropriation permet au Rdc de croitre et d’acquérir plus d’espace.

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Fig.115: Elevation coté Patio

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Fig.118: Coupe Longitudinale

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Mise à part l’aide financière de l’état dans l’attribution des parcelles, aucune gestion sociale ou aide financière n’a été élaborée après la livraison du projet. Les plans d’extensions ont été communiqués aux habitants à titre informatif et des réglementations urbaines ont été imposées en ce qui concerne le gabarit. L’habitant prend en charge sa maison et sa transformation.

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Nouveau salon

d. Gestion sociale du projet

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Fig.117: Plan R+1

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Fig.119: Plan de toiture REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

RDC Fig.116: Plan Rdc

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Plan Type 02 :

Maison d’angle

Superficie de la parcelle

: 80m²

Mis appart la superficie généreuse et sa double ouverture sur la rue, la maison d’angle, suit le même principe que la typologie à Patio conçue pour être évolutive et accompagner les besoins progressifs de ces acquéreurs. La maison est livrée sur deux niveaux dont le premier est dédié initialement au commerce. Les extensions horizontales ne peuvent avoir lieu qu’au niveau du Rdc tandis que le second étage ne peut accueillir plus d’espace qu’à travers l’extension verticale. La liaison entre les deux niveaux se fait par la cage d’escalier située au fond de la parcelle. Les plans d’extensions sont livrés à la demande et suivent le même plan du dessous.

Fig.120: Plan de toiture Fig.123: Coupe transversale

Fig.124: Façade côté commerce Fig.121: Plan R+1

Fig.122: Plan Rdc

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Fig.125: Façade côté entrée 106


b.Dimension architecturale

II- Critiques du projet initial

.Projet initial La cellule proposée est largement plus grande que celle proposé en Amérique Latine :

a.Dimension urbanistique

Dans le projet de l’architecte Samper German au Pérou, le gouvernement avait proposé des cellules de 54 m² (Patio inclus) tandis qu’au Maroc, la superficie proposée est légèrement plus généreuse (65 m²). Les logements sont livrés dans leur état brut (sans enduit et peinture) sous forme de cellules individuelles dotées du strict minimum d’espace de vie. Cette configuration ne prend pas en compte les grands foyers (+3 membres) qui doivent être relogés et qui sont souvent très nombreux.

Le projet tel qu’il était pensé, est le fruit d’un plan d’aménagement strict qui visait à structurer les parcelles selon un quadrillage sous forme d'une trame répétitive. Ce qui à donner naissance à des parcelles presque identiques. La planification urbaine élaborée négligeait certains éléments importants, ce qui a mené vers une multitude d'anomalies qui se traduisent par : Le manque de places publiques est palpable, les vides sont peu présents et ne représentent que les voiries et les patios. En effet, le quartier tel qu’il a été conçu ne favorise pas l’échange entre les habitants vue l’absence des espaces communs à l’extérieur.

Une grande partie d'îlots est constituée de la même typologie de logement. Ce sont uniquement les logements situés aux angles des rues qui se dotent d’une typologie différente. Pour un projet de telle ampleur, plusieurs typologies doivent être élaborées par la prise en compte de leurs orientations et emplacements.

Pour un quartier d’une superficie et densité importante, un réseau d’espaces verts et de places publiques doit être primordial. Le manque de ce dernier peut aboutir à un encombrement rapide du tissu urbain.

Place de la mosquée

En effet, la dalle du premier étage (qui joue le rôle de la toiture) peut facilement être endommagée par les intempéries à cause du manque d’enduit de finition. Ainsi, des anomalies peuvent ainsi avoir lieu à ce niveau si les travaux d’extension verticale sont retardés. La qualité des matériaux utilisés dans ce type de logement est basique, cela peut affecter simultanément la qualité architecturale de l'espace domestique surtout avec le manque d'isolation au niveau des cloisons.

La disposition spatiale initiale de l’espace domestique favorise l’ouverture de la chambre sur la rue plutôt que sur la cour intérieure. Ce qui peut générer parfois des problèmes de sécurité et d’intimité. En effet, l’ouverture directe de l’espace de vie sur l’extérieur et l’absence de protection encouragent les pénétrations visuelles et physiques à l’intérieur.

Bordé de grands axes aux extrémités et tranché par trois axes principaux du nord au sud, le quartier -par sa structure urbaine- révèle un manque de centralité. Les commerces occupaient les extrémités du quartier (fig126), la place de la mosquée était utilisée pour abriter les marchands ambulants le jour du marché (Souk). L'emplacement des commerces rendait la tâche plus difficile aux habitants pour effectuer leurs courses quotidiennes. Pour certains, Il fallait parcourir une grande distance pour arriver à l'épicerie.

Dans un environnement humide comme celui de Témara, ces logements risquent de ne pas être qualitatifs en matière d'usage et d'ergonomie.

La double ouverture de l'espace domestique (côté rue/patio) permet d’assurer un bon apport solaire et une bonne aération. Or ces qualités peuvent disparaitre lors d’une extension démesurée sur le Patio.

Fig.126 Zones commercial en temps normal

Le sas joue le même rôle qu’une chicane. Il s’agit d’un vestibule qui empêche l’accès direct à l’espace domestique.

Axe commercial le jour du Souk

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Les points évoqués dans ce chapitre sont des hypothèses que nous allons tenter de vérifier par une étude minutieuse de quelques logements évolutifs du quartier Hay Nahda. Les points abordés ici sont sommaires et seront donc analysés en détail dans le chapitre qui suit.

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. Extension théorique c.Gestion sociale du projet Aucun suivi n’a eu lieu durant la première phase de développement du projet.

Vide sur Patio

Rajout d’un étage

EXTENSION VERTICALE

Il existe deux formes d’expansion établies : - La possibilité de s’étendre horizontalement via le Patio, ce dernier peut abriter deux chambres supplémentaires aux RDC et permet ainsi de gagner une surface habitable importante allant jusqu’à 55 m². Cette configuration peut être qualitative ou non selon la manière dont le patio a été exploité.

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. Si le patio est entièrement occupé, la maison individuelle ne serait ouverte que sur une seule façade, dans ce cas, les espaces intérieurs ne seront pas éclairés.

- La maison individuelle peut s’étendre verticalement (R+1), dans ce cas cette forme d’expansion permet aux habitants de construire petit à petit en fonction de leur budget. Or, l’expansion en hauteur nécessite une connaissance technique pour son élaboration.

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. Si le patio est partiellement exploité, la qualité architecturale pourrait être conservée.

Chambre rajoutée

EXTENSION HORIZONTALE

Ainsi, des risques peuvent avoir lieu au niveau de la structure des murs porteurs si l’expansion n’est pas correctement effectuée ou n’a pas été contrôlée. La liberté d’usage n’est pas vraiment attribuée aux habitants, le second niveau doit parfaitement ressembler à celui du RDC pour des raisons de sécurité et de maitrise mais est-ce que ces règles seront respectées par les habitants ?

Chambre rajoutée

Chambre Transformé en salon

Hall transformé en cage d’escalier

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RDC

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PARTIE 02 . Aujourd’hui 26 ans après

IN SITU: Les premières impressions

I- Analyse et critique du projet réalisé Une fois sur place, j’étais surpris car je ne m’attendais pas à cette forme d’expansion. La situation actuelle des logements ne correspondait pas à ce que j’avais pu imaginer. Une grande partie de bidonvilles est toujours présente dans le site et encerclait le quartier. Ce dernier ressemblait à un quartier populaire normal, vivace et plein d’ambiance et d’activités. Les bâtiments qui devraient ne pas dépasser le niveau autorisé sont désormais variés entre r+1 et le r+3 donnant ainsi un rythme désordonné aux façades. Les expressions de façades varient tout au long du quartier, plusieurs changements formels et fonctionnels ont été établis. Le quartier est devenu très dense, plusieurs équipements de proximité ont vu le jour. Du côté des grandes rues, de nombreux commerces occupent le RDC des logements. Les rues sont devenues des extensions pour les maisons, l’espace extérieur est approprié par les habitants, des chaises sont mises à l’extérieur, les commerces à leur tour s’étendent vers la rue. Le quartier est désormais très dynamique, les rues piétonnes intérieures et les culs-de-sac sont moins bruyants.

a.Dimension Urbaine

.Localisation et accessibilité Aujourd’hui, le quartier Hay Nahda fait partie intégrante de la ville de Témara. Situé au nord de la ville et à proximité de la route N1 qui mène à Rabat, le quartier demeure aujourd’hui un lieu dynamique de la ville par le développement de plusieurs zones commercial à proximité. Les terrains vides à proximité sont actuellement des zones urbaines, ainsi, de nombreux logements sociaux ont vu le jour. Le quartier est désormais entouré de la maison communale et de plusieurs équipements culturels et commerciaux. Ce dernier est facilement accessible et perméable, par la multiplication des lignes de bus et de taxis.

Fig.127: Shéma illustrant l’état actuel du quatrier

Fig.128: Vue depuis la rue principal coté Sud.

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Les connexions avec la ville de Rabat et les autres secteurs communaux s’effectuent par les réseaux viaires récemment développés par le SDAU.

.Voirie,espace public, équipements Plusieurs équipements de proximité ont vu le jour au quartier Hay Nahda et de nombreux logements ont été loués pour abriter des écoles primaires et maternelles. En effet, l’ensemble des RDC des maisons situées sur l’axe commercial se sont transformés en locaux commerciaux. Ainsi, la rue centrale est devenue un axe commercial où plusieurs supermarchés et épiceries se sont installés. Cette dernière est devenue très fréquentée par les habitants du quartier et de la ville de Témara.

Fig.129: Photographie récente des logements à proximité des bidonvilles

La rue sert temporairement comme parvis pour les marchands ambulants le jour du marché et les trottoirs sont utilisés pour exposer les produits. (Les artisans s’en servent comme une vitrine). Certaines rues secondaires sont toujours dans leur état initial (en gravier), d'autres sont revêtus et facilement accessibles pour les habitants et les commerçants (automobile). Peu de rues résidentielles sont aménagées comme espaces verts accueillantes. .Règles d’urbanisme Les règles relatives aux limites de gabarit autorisé n’ont pas été suivies, l’espace public (la rue) a connu plusieurs types d’appropriation et les hauteurs d’extension des bâtiments n’ont pas été respectées.

Fig.130: Ente les deux entités: la limite Fig.131: l’artère commerciale entre le logement formel et informel

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Fig.132: Photo d’un petit espace vert au coeur d’un ilot résidentiel

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In situ : Observations “l’habiter” ne s’arrête pas aux frontières du logement. Il s’agit bien de regarder l’usager habiter tout l’espace urbain.

Fig.133: Différence du revêtement au sol utilisé entre la rue secondaire et tertiaire

Fig.134: Des rues négligées

Fig.135: Une rue secondaires piétonne non exploitée et marquée par la présence automobile .

Fig.136: Une rue secondaire très large et délaissée

Fig.137: Absence de pavé dans certains rues + appropritaiton des murs (expréssion libre)

Fig.138: Incohérance au niveau de la planificaiton

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Fig.139: Rajout des arbres sur les bords de rues +exploitation des trottoirs pour le parking

Fig.140: La recherche de l’ornementation et l’amélioration du quartier par le rajout des jardints sur le trottoir.

Fig.141: le quartier “houma” lieu de loisirs pour les enfants.

Fig.142: Le quartier un lieu de divertissement

Fig.143: La rue, un hub social et commercial. Ocuupation des Rdc par les commerçants.

Fig.144: La rue comme extension de la maison. Le seuil éxploité pour le séchage.

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b.Dimension architecturale

.Le quartier, un espace d’appropriation Le type d’occupation de l’espace public varie d’une manière remarquable selon le type de rue et sa vocation (commercial, résidentiel...). En effet, la rue centrale du quartier Hay Nahda a connu un changement radical durant ces dernières années où plusieurs commerces et équipements de proximité se sont installés. Ce changement est représenté par la transformation des Rdc des logements en locaux d’activités commerciaux. Ce dernier est justifié par un besoin de s’auto-financer pour acquérir un revenu complémentaire. Cette forme d’appropriation a émergé petit à petit dans la rue centrale jusqu'à ce qu'elle marque son identité. Une autre forme d’appropriation s’est manifestée, il s’agit de l’occupation permanente de l’espace public par des activités diverses, les trottoirs servent de dépôt de marchandise, d’un atelier “outdoor”, de parking tandis que la rue est devenue une extension pour les commerçants : c’est un lieu où ils exposent leurs produits. Ce type d’appropriation est temporaire, ses traces disparaissent au moment de la fermeture. Un autre type d’occupation de l’espace public a été observé lors de la visite, il s'agit des modifications apportées par les habitants pour protéger leur espace domestique.

Le quartier s’est développé sur plusieurs phases suite aux différentes appropriations de ses habitants.

En effet, plusieurs éléments de protections ont été mis en place par les habitants pour marquer la limite de la sphère privée. Ces éléments peuvent être sous forme de grilles en fer pour les fenêtres, et des jardinets aux trottoirs et au seuil des maisons.

Aujourd’hui, le projet a dépassé les phases d’expansion prévues. Certaines maisons se sont développées plus que la limite autorisée, ce qui donne l’aspect d’un quartier informel et non contrôlé.

D’autres types d’appropriations se sont développés dans les quartiers résidentiels aux rues étroites.

La cellule individuelle telle que conçue auparavent s’est transformée aujourd’hui à une maison uni-familiale multifonctionnelle.

La proximité des logements a donné naissance à un espace tampon où certaines activités féminines peuvent avoir lieu dans différentes heures de la journée : installation de détente (chaises, canapé...), séchage de linge, lessive… Ces rues servent aussi d’espace de jeu pour les enfants.

Vu l’ancienneté du projet , il nous a été difficile de retrouver les premiers habitants du quartier mais cela nous a pas empêché d’obtenir les informations nécessaires sur le projet.

Les conséquences des appropriations individuelles sont parfois néfastes, et engendrent souvent des problèmes d’hygiène. Cela résulte de l'indifférence des habitants vis-à-vis de l'intérêt commun. (Les trottoirs sont utilisés comme dépôt de poubelle). Ainsi, l’espace domestique (maison) et l’espace extérieur (rue) font partie de la même matrice et subissent tous les deux les différentes formes d’appropriations qui fabriquent leur identité. Nous pouvons conclure que les habitants n’habitent pas seulement leurs maisons mais aussi la rue.

c.Gestion sociale du projet

Le quartier est contrôlé par la commune de Témara-Skhirat, un nouveau plan d’extension a été mis en place autorisant une extension verticale au R+2. Cette démarche a pour but de regagner le contrôle du quartier, et d’élaborer de nouvelles règles pour son organisation et son développement. Les questions publiques et de voisinage sont traités avec la commune. Les habitants du quartier sont dirigés par le “Mkadem” (responsable du quartier représentant la loi) qui prend en compte leurs besoins.

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118


II-Etudes des maisons aujourd’hui (Visites effectuées en Mars 2019 et Février 2020)

Fig.145: Maison avec Rdc commerçant

L’étude de cas vise à analyser deux typologies dominantes dans le quartier qui ont évolué différemment aussi que leurs formes d’appropriations.

Fig.146: Maison donnant sur l’artère commerciale

01 : Maison à Patio dans une rue commerçante avec un Rdc commercial. 02: Maison à Patio dans une rue résidentielle transformée en Club d’Aikido. 03: Maison située à l’angle d’une rue résidentielle avec un rdc commercial (épicerie) et éducatif (crèche privée). L’étude se focalisera dans un second temps sur l’impact des extensions sur la qualité architecturale de ces logements. Une analyse approfondie va nous permettre de déduire les réalités architecturales des développements progressifs et de mesurer le degré du décalage entre attentes et réalités.

Fig.147: Maison encours d’extension en R+2

Fig.148: Maison d’angle (extension R+2)

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Cas d’étude 01 : Maison à Patio dans une rue commerçante

Méthodologie d’étude:

Bonjour Si Brahim, depuis combien de temps vous vivez ici?

Je me suis rendu sur site à plusieurs reprises aux différents moments de la journée.

Bonjour, cela fait à peu près 25 ans que je vis ici, J’étais parmi les premiers à m’installer dans ce quartier. Tout ce que tu vois ici maintenant n’était que des petites maisons entourées de champs et de bidonvilles. À l’époque cette zone était connue par son souk c’était l’unique vocation de ce quartier.

J’ai dû rencontrer plusieurs obstacles liés à la sécurité, il m’a fallu faire preuve de patience et parfois de courage. Les habitants n’ont pas été très accueillants au début mais cela ne m’a pas empêché à gagner leur confiance pour s’approcher d’eux et effectuer le relevé. L’objectif était de pouvoir interroger les habitants dans un premier temps, ensuite d’ entrer dans leur domicile. La première visite m’a servi pour repérer les cas d’études. Le caractère introverti des habitants m’a poussé à trier mes questions de sorte qu’elles soient rassurantes. Plusieurs tentatives d’approches ont été établies, certaines d’entre elles ont pu porter leurs fruits. Le choix des cas d’étude est fait en fonction de diversité et de pertinence de celles-ci. Les noms des habitants sont fictifs pour des raisons d’intimité.

Récit: C’était une belle journée du samedi lorsque je me suis rendu au quartier pour la première fois. Sur place, le quartier était très animé, les marchands ambulants occupaient les grandes rues et les trottoirs du quartier. Il m’était difficile de repérer les habitants du premier coup, j’ai décidé d’approcher l’épicier ‘Moul lhanout’ dans le but de m’éclaircir et m’orienter. Ce dernier m’a permis de repérer le domicile des anciens habitants du quartier. Pour démarrer l’enquête, je me suis rendu aux adresses recommandées par l’épicier, c’est là que j’ai aperçu monsieur Mostapha, l’un des premiers habitants du quartier. Rencontre avec les habitats : Fig.149: Croquis du cas d’étude 01

Entretien 01 : Monsieur Brahim,60 ans, père veuf de deux enfants.

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Entant que premier à habiter le quartier, que pourriez-vous me dire sur les changement fonctionnels et formels que ce quartier à subit ? A vrai dire, le quartier a beaucoup changé, plusieurs activités commerciales se sont développées au fil du temps ce qui a donné un nouveau souffle au quartier. Plusieurs familles sont venues s’installer dans le coin, le cout de vie est relativement moins cher qu’a Rabat, et les logements sont à des prix abordables pour une classe sociale défavoriser comme la mienne. Avant, il n’y avait que des champs. Pour se rendre à l’hôpital ou à la pharmacie il fallait partir à Rabat. La vie n’était pas facile pour nous au début vu le manque d’équipements à l’époque. Grâce à Dieu, je ne pourrais pas espérer mieux aujourd’hui. Les habitants ont développé leurs maisons au fur et à mesure, l’État autorise la surélévation d’un étage, cela nous permet d’agrandir la surface habitable de notre logement et de s’adapter aux changements. Pour mon cas, je vivais seul à l’époque avec ma femme et mon petit-fils , aujourd’hui j’ai eu l’opportunité d’agrandir ma maison pour accueillir mes petits-fils. Est-ce qui ‘il y a mieux de regarder ces petits-fils grandir devant ses yeux ? (rires) Qu’est-ce qui te plait le plus dans le nouveau quartier et quelles sont les choses que tu aimerais changer? Aujourd’hui, le quartier est facilement accessible, il est connecté avec Rabat et les environs par un réseau développé de transports en commun. La proximité est une chose très importante.. Tout est accessible maintenant , je ne suis plus obligé de parcourir de longues distances pour emmener mes petits-fils à l’école ou aller me soigner. Monsieur Brahim paraissait un peu soucieux pour le devenir du quartier et sa capacité à accueillir plus de gens tout en assurant un cadre de vie paisible (surtout avec la croissante démographique importante).

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1994 Il reprend : Tu sais jeune homme, j’ai bien peur que le quartier finit par devenir désordonné. Aujourd’hui le quartier est beaucoup plus dense et surtout avec le manque d’espace vert et de places publics.. le quartier a besoin de respirer.. Comment trouves-tu ce type d’habitat ? êtesvous satisfait du projet ? Je ne peux pas espérer mieux, avant je vivais avec ma petite famille dans les bidonvilles à côté, tu ne peux pas imaginer comment le fait d’avoir un toit et des parois solides à changer ma vie. Aujourd’hui, je vis plus dans la peur, j’ai une maison entièrement pour moi et ma famille que je peux agrandir progressivement selon mes besoins et mes ressources. C’est une très bonne initiative pour mettre en avant ce type de logement. La parcelle initiale était très grande par rapport à celle qu’on avait avant et avec la possibilité de s’étendre en r+1 je ne peux qu’être satisfait de ce modèle.

La maison de ‘Si Brahim’ fera l’objet de ma première étude. Etant donné qu’elle a subi à de différents changements à travers le temps, l’étude du processus de cette transformation est intéressante. Pour ce faire, l’étude s’organisera autour de différentes temporalités pour essayer de comprendre les différents types d’appropriation pour ensuite mesurer les qualités/ dégâts que peuvent apporter ces changements.

T

0

T+6mois T+12

T+24

1995

1998

mois

1996

T+26

mois

ans

2019

Composition du ménage Initial Si Brahim 40 ans Ouvrier

Je vois que vous construisez un deuxième étage, faites-vous cela de manière légale ? Pourriez-vous me dire sur combien de phase votre maison a été construite? Quelles sont les raisons de cette extension ?

Lala Khadija

Younes

30 ans Femme au foyer

17 ans Etudiant

Composition spatiale de la cellule

Monsieur Brahim surpris me répond : Tu vois toutes ces maisons à côté, elles sont toutes sur la même perspective. Si mes voisins se sont permis de rajouter un étage ( illégalement) pourquoi donc ne pas en rajouter aussi ? Si je devrais être sanctionné, tout le monde doit subir le même sort.

T1 : 1Chambre + Cuisine + Salle d’eau + Patio

Le deuxième étage est pour mon fils, il va bientôt avoir un nouvel enfant..

S=35m²

-Ah! bonne nouvelle, félicitations ..

Salle d’eau

Monsieur Brahim continue : ma maison est unifamiliale, il existe un grand nombre qui se loue pour une collocation.

Patio

Le voisin d’en face, il construit le deuxième étage pour le louer entièrement à une autre famille qui souhaite venir s’installer ici prochainement. Chacun son histoire jeune homme ..

Cuisine

Ma maison je l’ai construite en3 étapes, j’ai agrandi le Rdc en rajoutant 2 chambres au niveau du patio en premier temps, en second temps ( après 24 mois environ), j’ai construit le premier étage et maintenant je suis en train de construire le 3 pour mon fils. Quant au Rdc je l’ai transformé en commerce pour le louer, cela va me permettre de rentabiliser la construction.. émme

1Chambre, unique piéce de vie

Fig.150: La maison de “Si Brahim” dans son état initial (1994) 123

124


1995 Bref rappel T La maison est livrée avec une superficie initiale de 65m² ( Patio compris) abritant un sas, un espace de vie de 15m² , une cuisine et une salle d’eau. L’entrée ne mène pas directement à l’espace de vie, un espace tampon les sépare. (le sas) La cuisine et la salle de bain se situe au fond de la parcelle, l’aération se fait à travers des petites fenêtres du côté de la cour tandis que la chambre s’ouvre du côté de la rue.

0

Le patio occupe une place importante dans la maison, la famille de Si Brahim s’en sert comme espace extérieur polyvalent. Pendant l’été, il devient un espace de vie, les tables et les moquettes sont sorties à l’extérieur et utilisées pendant les repas et pour les siestes. Il est aussi utilisé comme extension de la cuisine. (la Buanderie) La cour permet aussi d’aérer la cuisine et la salle d’eau situées à l’arrière. Elle est l’élément-clé pour ce type de logement qui permet d’accueillir jusqu’à deux chambres supplémentaires en cas de besoin.

T+6mois T+12

T+24

1995

1998

mois

1996

T+26

mois

ans

2019

Composition du ménage

Si Brahim 41 ans Ouvrier

Analyse et Critique

Lala Khadija

Younes

31 ans Femme au foyer

18 ans Etudiant

Composition spatiale de la cellule

Le sas d’entrée peut être un espace convenable pour mettre en place l’escalier en cas d’extension verticale. La composition initiale offre un seul espace de vie par unité. Pour le cas de SI Brahim (un ménage composé d’un couple et un adolescent) l’espace est très restreint .

T1 : 2 Chambres + Cuisine + Salle d’eau + Patio

S=45m² T+6

Salle d’eau

La seule chambre était à la fois utilisée comme une chambre commune pendant la nuit et comme salon pendant la journée. Pour préserver l’intimité des parents, un store en tissu a été mis en place pour séparer l’espace en deux pièces.

Patio

Cuisine

L’espace de vie est lumineux, une grande fenêtre s’ouvre sur la rue mais cela ne permet pas d’assurer une sécurité pour les usagers. Pour cela, des grilles ont été rajoutées après quelques jours de la livraison.

Chambre 02 (Extension 01)

Chambre 01

Fig.151: La maison de “Si Brahim” dans sa première extension horizontale (1995). 125

126


REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Cu

CH

SA

Coupe longitudinale

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Fig.156: Façade côté Patio

Analyse et Critique

Une chambre double a été rajoutée. Hormis cela, la disposition spatiale est restée la même qu’au moment de la livraison.

Au niveau des ouvertures, un grillage a été rajouté à la rue ainsi qu’au niveau du patio, un petit jardin a été planté.

L’aspect formel de la maison n’a pas changé, le gabarit est resté le même. La façade elle aussi est restée dans son état brut ( mur maçonné) aucun enduit n’a été rajouté durant cette phase. La nouvelle chambre s’ouvre sur la cour, elle bénéficie ainsi d’un ensoleillement et une aération directe.

La maison semble bien fonctionner dans cette phase. Aucune anomalie n’a été signalée.

ére

Fig.153: 1 extension du plan

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Fig.152: Plan de toiture après la première extension horizontale

Fig.154:

Fig.155: Façade côté rue

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Cette nouvelle disposition a permis au couple d’avoir leur propre espace intime. Quant au fils, il occupera le salon le temps que la famille ait assez d’argent pour financer une seconde extension.

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Quelques mois après avoir emménagé, le couple était dans l’obligation de démarrer les travaux pour rajouter une nouvelle chambre pour leur fils. L’extension horizontale s’est faite au niveau du patio où un espace de 10m² voit le jour.

La disposition reste la même, rien n’a été modifié sauf la chambre rajoutée du côté du mur mitoyen à gauche. La surface habitable s’étend à 45m² habA L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT itableREALISE avec un espace extérieur de 20m².

Chambre rajoutée

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Mise en contexte & Description du logement

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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1996 T

0

T+6mois T+12

T+24

1995

1998

mois

1996

T+26

mois

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ans

Mise en contexte & Description du logement

2019

L’objectif de la seconde extension est d’étendre l’espace domestique pour abriter une seconde chambre. À l’époque, la famille de si Brahim devait accueillir leur second enfant. Pour ce faire, une extension horizontale est possible du côté du patio.

Composition du ménage

Si Brahim 41 ans Ouvrier

Lala Khadija 31 ans Femme au foyer

Younes

La grande chambre se transforme en salon tandis que les deux autres chambres sont dédiées aux parents et leurs enfants.

Said

18 ans Etudiant

5 mois

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Salle d’eau

Cuisine

Salon

S=55m²

Chambre parentale

T+12

Chambre pour enfants

Chambre 02 (Extension 02)

)

CU

Chambre 01

Salon

Fig.157: La maison de “Si Brahim” dans sa seconde extension horizontale (1996).

Fig.158: Plan de toiture (inaccessible) 129

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T1 : 1 Salon+ 2 Chambres + Cuisine + Salle d’eau + Patio

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Composition spatiale de la cellule

Fig.159: l’évolution du plan Rdc 130


1998 T

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

0

Chambre 02 rajoutée (coté Patio)

T+6mois T+12

T+24

1995

1998

mois

1996

T+26

mois

ans

2019

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Composition du ménage

Fig.160: Coupe longitudinale

+

Famille de SiBrahim

Composition spatiale de la cellule Fig.161: Façade coté rue

+ Younes &Souad Jeune mariés

*YOUNES FILS DE BRAHIM

Mère de Souad

Surélévation R+1 : T3 x 2 : (1 Salon+ 2 Chambres + Cuisine + Salle d’eau) x2 + Patio

Analyse et Critique

S=(55m²) X 2 T+24

Salle d’eau Chambre 04

La superficie du patio a diminué de 75%, sa fonction va se limiter à la buanderie (extension de la cuisine).

Une porte aurait pu être rajoutée du côté de la cuisine pour permettre aux deux espaces de communiquer, mais cela attendra la prochaine intervention.

Cuisine

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Un espace d’accueil / salon va voir le jour, l’espace central qui était un espace de vie privé s’est transformé en espace d’accueil. La maison s’est transformée d’une cellule individuelle à une maison capable d’accueillir plusieurs membres. Le patio n’est désormais plus accessible, ses entrées sont devenues celles des chambres rajoutées.

Au niveau de la façade, le gabarit n’a pas changé mais l’expression de la façade quant à elle a subi des changements après l’intervention sur les ouvertures côté rue (2 ouvertures au lieu d’une très grande) pour limiter le champ de vision depuis l’extérieur. De plus, la texture de la façade a changé, une couche d'enduit et de peinture ont été rajoutées au niveau de l'enveloppe extérieure.

Chambre 03

Salon

Fig.162: La première extension verticale de la mai son de “Si Brahim” 131

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Mise en contexte et Description du logement

Fig.165: Coupe longitudianle

CU

Le plan d’extension est identique à celui du Rez.

ch 01

SA

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ch 02

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Younes (fils de Brahim) va se marier, la maison dans son état actuel (T+12 mois) ne peut pas accueillir de nouveaux membres. Pour remédier à cela, la famille a décidé de s’étendre verticalement en R+1. La maison sera donc divisée en deux appartements, le Rdc restera pour la petite famille de sidi Brahim (son épouse et son petit-fils) tandis que le second étage sera dédié aux jeunes mariés et la maman veuve de la mariée. Les autorités autorisent l’extension en R+1 sous-condition d’appliquer le même plan du Rdc. Or, ils ne prévoyaient pas que les habitants feraient 2 logements distincts. Un petit débord peut est autorisé au niveau du R+1 pour gagner plus d’espace au salon. REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Fig.166: Façade côté Patio

Fig.167: Façade côté rue

Fig.164: Le plan d’extension vertical ( R+1)

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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Fig.163: Le plan de toiture

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Analyse et Critique de l’extension verticale

L’extension en R+1 nécessite une circulation verticale, un volume abritant la cage d’escalier va naitre à proximité de la porte d’entrée. Cette disposition va permettre d’assurer une circulation simple et fluide.

Au niveau fonctionnel, L’espace dédié aux jeunes mariées est généreux, la seconde chambre pourrait accueillir un invité ou encore des enfants. Cette disposition semble adéquate pour un jeune couple contrairement à celle du père à l’époque.

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Cage d’escalier commune

Supérposition du meme plan Rdc

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Son emplacement a été déjà pensé auparavant par l’architecte, cela va permettre d’assurer une composition spatiale adéquate avec le Rdc. Située à l’entrée, la circulation verticale pour être à usage ‘public’ dans le cas de collocation, chaque famille sera servie par une cage d’escalier commun qui mènera directement à leur appartement. La cage d’escalier est directement aérée par l’ouverture directe sur la façade. La reprise du même plan à tous les niveaux revient sans doute moins cher pour la construction mais cela n’assure pas une liberté totale à l’usager pour édifier son appartement à son goût.

Ouverture sur escalier

cô té

ru e

Au niveau formel, l’expression de la façade a cependant changé. Des ouvertures ont été rajoutées au niveau du R+1 conformément au RDC ainsi que des petites ouvertures du côté de la cage d’escalier.

Patio

Débord de façade

Fig.168: Les changements effectués sur l’envloppe de la maison

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Pour des raisons financières, le mur maçonné au R+1 garde son aspect brut contrairement au Rdc, ce qui donne un aspect incomplet à la façade.

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2019 0

T+6mois T+12

T+24

1995

1998

mois

1996

T+26

mois

L’extension dans sa forme actuelle se résume dans le rajout d’un second étage suite à un changement dans la structure familiale. Cet étage est bâti de façon illégale, aucun permis de construire n’a été livré pour les travaux d’extension. Plusieurs changements ont été effectués durant cette phase. Sur le plan fonctionnel, une nouvelle fonction a été attribuée au Rdc. Il abrite désormais un local commercial, un investissement permettant à la famille d’apporter de nouveaux gains (Location). La maison devient ainsi un modèle multifonctionnel à la fois rentable et adéquat aux besoins de ses usagers. Le deuxième et le troisième niveau ont gardé la même structure spatiale et fonctionnelle, les deux familles se sont partagé les étages comme auparavant. Un nouvel espace voit le jour : le toit-terREALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT rasse.

ans

2019

Composition du ménage

+

Si brahim et sa femme

+

Famille de Younes sa femme+ 2 enfants

Said, second fils de Brahim

Composition spatiale de la cellule

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T+24

Chambre 06 Cuisine

Chambre 05 Salon

Fig.169: La seconde extension verticale de la mai son de “Si Brahim”

Fig.170: Plan de toiture ( accessible) REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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ch 02

ch 01 CU

SA

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Salle d’eau

S=(60m²) X 3 REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Surélévation R+2 : T3 x 3 : (1 Salon+ 2 Chambres + Cuisine + Salle d’eau) x2 + Patio

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIAN

Fig.171: Plan d’extension (R+2)

ALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

T

Mise en contexte et Description du logement

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Analyse et Critique

Sur le plan réglementaire, l’état n’autorise pas une extension en R+2. Hormis cela, le plan d’extension théorique n’est pas respecté à cause de l’inadéquation des espaces proposés aux besoins progressifs de ces habitants.

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Le manque de suivi des autorités pousse les habitants à s’approprier plus d’espace, ce qui amène à la détérioration de la qualité architecturale du lieu. (la maison et le quartier) REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Le quartier risque de subir une densité croissante qu’il ne peut pas supporter en raison de la planification qui néglige le rapport des habitants avec l’espace public et entre eux. Le grand manque de ces espaces est palpable, aucune intervention n’a eu lieu pour lutter contre ce déséquilibre.

Fig.172: Coupe longitudinale

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Si les maisons continuent à évoluer d'une manière illégale à l'image des logements informels, elles risquent de subir le même sort.

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Fig.174: Façade côté Patio

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Fig.173: Façade côté rue

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II- Synthèse du développement progressif du cas d’étude 01 : REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

a. L’évolution du Patio

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+

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+

T0

Le patio offrait plusieurs qualités pour un usage quotidien agréable. Caractérisé par sa flexibilité, il peut être utilisé sous différentes formes et fonctions. En T=0 , le Patio occupait une place très importante dans la maison , sa superficie constituait approximativement la moitié de la surface totale. Durant cette période, la maison contenait une seule et unique pièce de vie. Cela va pousser la famille à l’utiliser comme extension de la maison pour abriter les fonctions domestiques. L’extérieur sera donc utilisé comme terrasse, jardin ou salle à manger.. Cette surface généreuse permettait aussi d’abriter un coin de lavage/ séchage de vêtements. Plusieurs possibilités d’usage sont donc possibles. La grande surface à ciel ouvert ne permettait pas d’équilibrer le manque d’espace intérieure. Il a fallu attendre les travaux d’extension pour que la maison soit adéquate à la famille.

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T+6

mois

La première extension horizontale a eu lieu durant cette phase, elle comporte une chambre supplémentaire de 15 m² au fond de la parcelle (niveau du patio). La superficie du patio se réduit, mais sa qualité architecturale et fonctionnelle est conservée. L’équilibre entre la surface habitable intérieure et la cour extérieure est désormais établi. L’accès au Patio se fait à travers la porte située au fond de la parcelle du côté gauche.

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REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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T+24 mois

La maison commence à prendre sa forme d’extension finale au niveau du Rdc. Une seconde chambre est rajoutée au niveau du patio. Cette extension a eu un impact direct sur la qualité spatiale de l’ensemble de la maison. Le patio perd sa flexibilité d’usage, il devient désormais non seulement restreint et compact mais aussi incapable de maintenir les fonctions qui offraient auparavant. Le patio devient une petite cour inaccessible, l’accès qui lui était dédié est désormais celui de la nouvelle chambre. Aujourd’hui, il communique avec la maison seulement à travers les fenêtres au niveau des chambres et de la cuisine. Une équation qui reste à la merci des besoins des usagers et le développement de leur foyer.

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b. Changement du statut fonctionnel

‘Du patio au toit-terrasse’ REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Coin de détente

Stockage

‘D’une maison individuelle à une maison unifamiliale’ REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Jardinière

Fig.175: Isomètrie du cas d’étude 01 dans son état actuel

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

Séchage

L’évolution progressive de la maison individuelle va engendrer des changements d’usages de quelques éléments et l’apparition d’autres.

Malgré leurs similarités au niveau fonctionnel, il ne s’agit pas du même espace. C’est une dalle qui couvre l’enveloppe de la mais son au niveau du toit.

La qualité spatiale du patio a diminué petit à petit avec l’extension progressive de la maison. Ce dernier qui permettait d’acquérir une terrasse généreuse et un jardin agréable auparavant devient très restreint après l’extension horizontale (2chambres).

Facilement accessible par les escaliers, sa fonction varie selon les temporalités:

L’évolution de la maison en verticalité a accentué ceci. En effet, le patio devient non seulement un espace restreint mais aussi non accessible. Aujourd’hui, c’est le toit-terrasse prend place du patio.

En été, les matelas seront sortis pour donner naissance à une ‘glissa’ (salon) extérieur ainsi qu’en hiver il se limiterait aux besoins de stockage et de séchage. Fig.176: Usages et appropriations

Nous pouvons déduire que le toit-terrasse est l’aboutissement de l’extension verticale qui transcrit les fonctions du patio sous une nouvelle forme.

Rdc commercial + Division de la maison en appartements

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c. L’évolution des rapports de mitoyenneté

Coupe sur la rue commerçante

Séparation au niveau du toit Espace végétal

Chambres côté Cour protégées

mur mitoyen rehaussé

Mur mitoyen haut : l’intimité recherchée

Fig.177: Les rapports de mitoyenneté et de vis à vis (2019)

La rue : un Hub social

Rez-de-chaussée commercial

Le Patio : un espace loisirs intime

Le Patio: un espace de détente privé

145

146


d. L’évolution de l’espace domestique

Le salon, un espace multifonctionnel - Réception - Lieu de prière - Lieu de détente - Salle à manger - Coin TV - Coin de devoir pour les enfants - De loisirs

Fig.179: le salon

“Ouest-eddar” (milieu de la maison) - Espace de transition - Espace d’attente - Espace de service - Espace de stockage (vitrines,rangements...)

Fig.180: “Ouest eddar”

Fig.178: les différentes appropriations des espaces domestiques

147

148


ch La cour

cu

- Espace de stockage - Espace végétal - Cour d’aération

Local commercial

>

Fig.181: La cour

ch

Escalier

cu

- Espace de service - Espace de stockage ( chaussures) - Espace d’attente

ch

SA Fig.182: L’escalier

cloisons rajoutées cloisons démolies

Fig.183: Conversion du RDC en commerce

149

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Toiture inaccessible

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Grande ouverture sur la rue REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

> La matérialité de la façade est dans son état brut. ( mur maçonné)

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T0 = Façade dans son état brut

> Le volume est simple.

Maçonnerie apparente sur la façade

Toiture inaccessible

Débort sur la façade au niveau du R+1

Ouverture sur circulation vérticale

T+ 2 ans = Façade en cours de progression (Extension verticale et horizontale)

> La matérialité de la façade dans son état semi-fini reste brute.

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e. L’évolution de l’aspect formel de la façade et de sa matérialité

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Maçonnerie apparente sur la façade (dans son état brut) Ajout des grilles de sécurité au niveau des ouvertures

> Jeu de volumétrie ( débord en R+1).

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> Des grilles de sécurité sont rajoutées au niveau des ouvertures.

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> Apparition de nouvelles ouvertures au niveau des escaliers.

Toit-terrasse Volume de circulation verticale

T+15 ans = Façade dans son état définitif

Changement des ouvertures

(Fin des travaux d’extension)

Bandes décoratif

> Changement de texture de la façade.

Revêtement peinture

> Ornementation ( couleurs, textures, matériaux). > Jeu de volumétrie ( débord en R+1 + cage d’escalier).

Rdc commercial

> Toiture accessible (Toit-terrasse) engendre l’apparition de nouveaux éléments ( garde-corps..)

Fig.184: L’évolution de la façade

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f. L’évolution volumétrique T0 > T+26 ans

1996

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2019

1995

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1998

1994

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III- Mesure de la qualité architecturale

> Circulation intérieure:

‘Un double apport lumineux’

‘une disposition spatiale fonctionnelles’

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La qualité architecturale du logement dépend de plusieurs paramètres et composants essentiels à savoir l’ensoleillement des espaces domestiques.

‘ une desserte fluide aux espaces de vie. ‘

La maison bénéficie d’un ensoleillement direct des deux côtés ( Rue + Patio). Nous pouvons dire que durant toutes les phases d’expansion la maison a conservé ses qualités architecturales liées à l’ensoleillement.

L’espace domestique est facilement accessible depuis la porte d’entrée. Les pièces sont séparées par un espace tampon appelé ‘Ouest-ed’dar‘ ou le cœur de la maison. C’est l’un des espaces fondamentaux dans un habitat marocain, il permet à la fois de structurer et diviser les espaces ( Public/Privé) ainsi offrir un espace de transition accueillant.

Fig.185: Ensoleillement direct des chambres

. Une ventilation naturelle ‘Un apport d’air naturel sur tous les niveaux’

Grâce à sa double façade, la maison bénéficie d’une ventilation naturelle. De plus, la connexion de la cage d’escalier avec la toiture terrasse permet de créer un flux d’air naturel sur tous les niveaux. (surtout quand les portes sont maintenues ouvertes)

Volumétrie de la cage d’escalier

Fig.186: Le patio permet de s’ouvrir sur le côté arrière. Les chambres bénéficient ainsi d’un apport lumineux très satisfaisant. REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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. Ensoleillement direct des espaces de vie

. Une circulation fluide > Circulation Verticale commune : Cage d’escalier ‘Une cage d’escalier commune et facilement accessible’

Situé du côté de l’entrée, elle assure un accès direct et fluide aux appartements et à la toiture-terrasse. Son emplacement est idéal pour un usage quotidien pratique.

Fig.187: La ventillation naturelle dans la cage d’escalier grâce à la toiture-terrasse 155

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Public

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Privé

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CH

Cas d’étude 02: Maison à Patio dans une rue résidentielle

Fluidité circulation Salon marocain REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT

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Fig.189: Division Privé VERSION ETUDIANT REALISE A L'AIDE D'UNPublic/ PRODUIT AUTODESK

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Fig.188: Espace tampon: “Ouest Ed’dar”

Fig.192: Croquis de la façade

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Fig.190: Couloir de distribution

Fig.191: Séjour, salle à manger et salon : un espace commun

157

158


Choix d’étude : Situé au milieu d’un quartier résidentiel, la maison se démarque par son usage et sa façade vêtue d’illustrations et de calligraphie. L’intérêt porté à ce cas d’étude de cas revient à la particularité de son usage (Club Aikido) et à son gabarit qui n’a pas beaucoup évolué depuis sa construction. C’est une typologie similaire au premier cas d’étude (façade unique avec une cour intérieure) mais qui a évolué différemment.

Fig.193: Plan de situation Fig.195: illustration de l’ambiance de la rue coté Nord

Fig.194: La maison dans son contexte Fig.196: illustration de l’ambiance de la rue coté Sud 159

160


Récit: En se faufilant dans les ruelles du quartier Hay Nahda j’ai aperçu un groupe de jeunes enfants habillé en kimono devant une maison. En se rapprochant, je me suis rendu compte que c’était un Club Aikido qui occupait le Rdc d’une maison au coeur d’un quartier résidentiel. La coexistence de ces deux fonctions dans une maison n’est pas courante dans ce quartier. De ce fait, j’ai demandé au responsable d’assister à une de ces séances pour voir comment s’organisent les espaces intérieurs. Rencontre 02 : Hamid, 45 ans, Propriétaire de la maison et responsable du Club Aikido

Bonjour, êtes-vous le propriétaire de la maison ? Bonjour, j’habite ici depuis 1998. J’ai acheté la maison quelques années après l’élaboration de ces logements. Comment pourrais-je vous aider ? Après lui avoir expliqué les raisons pour lesquelles je suis au quartier, M.hamid n’a pas manqué d’hospitalité et de bienveillance, ainsi l’échange s’est développé progressivement Très bien, pourquoi avez-vous choisi d’habiter dans ce quartier et à quoi ressemblait votre maison à ce moment-là ? A vrai dire, j’étais à la recherche d’une maison où je pourrais évoluer.. Je voulais faire de ma maison un endroit où habiter et travailler au même temps. Tu sais, Il faut bien choisir sa maison car c’est un investissement à long terme(...) ça fait un bon moment que j’exerce comme entraineur d’aikido et que je vis avec.. Dans un autre endroit je ne pourrais pas assurer cela. Au début, la maison se limitait au Rdc comme la plupart des logements ici.. L’espace été convenable pour ma femme et moi vu que nous n’avions pas d’enfants à l’époque..

Pourquoi ne pas avoir choisi la maison d’angle vu qu’elle offre plus d’espace habitable avec un plan libre au Rdc très généreux pour accueillir une salle d’entrainement plus grande ? Pour deux raisons.. La première est financière, les maisons d’angles proposés sont plus chers que celles à patio, malgré les qualités qu’elles offrent je ne disposais pas de ressources suffisantes pour l’acheter. La deuxième raison cumule dans l’adéquation de l’espace proposé avec mes futurs besoins. Contrairement à un grand nombre d’habitants, je vois que vous êtes parmi ceux qui ont respecté les normes de gabarit. Avez-vous eu le besoin de s’étendre verticalement ?

En ce qui concerne votre logement, comment qualifierez-vous la disposition des espaces proposés ? Correspond-il à vos attentes ?

Comment occupiez-vous votre toit-terrasse? Pensez-vous l’exploiter pour rajouter une nouvelle chambre ?

L’espace initial disposait d’un strict minimum d’espaces pour la vie quotidienne d’un jeune couple comme ma femme et moi. L’espace domestique se limitait à une seule chambre de vie avec une toilette de service ,une cuisine et une cour arrière. Au début on exploitait la chambre à la fois pour dormir et vivre (Coin de repos et de prise de repas). Avec le temps, il a fallu commencer les travaux pour donner naissance au salon. On peut dire que l’espace proposé est relativement convenable pour un jeune couple et non pas à une famille nombreuse...

Sincèrement, je ne porte pas beaucoup d’intérêt à cet espace... comme tu vois son état s’est détérioré à cause du manque d’entretien. Ma femme l’utilise pour laver et sécher le linge tandis que moi je me contente de stocker mes outils de bricolages et des anciens matériels d’entrainement.

Permettez-moi de vous demander comment avez-vous transformé votre Rdc en une salle de sport ?

La majorité des habitants du quartier vivent en famille nombreuses, on retrouve souvent 6,7,8 membres sous le même toit. Ceci pousse les habitants à chercher à s’approprier plus d’espace pour élargir leur espace de vie parfois même sans l’accord des autorités. Ce fléau se répond de plus en plus.. ça devient une nécessité..

Mon envie de coexister mon espace de vie avec celui de mon travail m’a poussé à construire l’étage. Cela, va me permettre d’acquérir un espace entièrement dédié au Club d’Aikido ouvert sur le Rdc tandis que mon espace de vie aura lieu au- dessus.

Pour mon cas, j’occupe cette maison avec ma femme et mon petit enfant de 5 mois.. l’espace est convenable pour nous, je ne me sens pas dans la nécessité de rajouter un étage pour l’instant. Si jamais je me trouve dans l’obligation, je le ferai.

Nous avons procédé par la suppression des cloisons au niveau du Rdc pour libérer plus d’espace. Au niveau de la chambre, un mur maçonné a été rajouté pour diviser l’espace en deux. (Douche+ Vestiaire). À l’étage, le plan suit la même disposition que celle du Rdc, il est marqué par un débord de 1m du côté de la rue.

C’est tout à fait compréhensible..., Je vois que vous avez un sas d’entrée commun dédié à la fois pour votre famille et les apprentis. Comment faites-vous pour gérer ce flux ?

Et que devient la cour intérieure après cette extension ?

Les séances sont organisées 4 fois par semaine selon les groupes. Comme vous avez vu, la porte d’entrée reste fermée tout le temps même pendant les jours d’entrainement pour des raisons de sécurité.

Malgré sa taille réduite, la cour assure toujours la ventilation naturelle de la cuisine et des chambres situées au fond de la parcelle. Nous l’utilisons aussi pour le séchage et le stockage.

Les apprentis sont invités à attendre à l’extérieur tandis que la porte s’ouvre une fois l’heure d’entrainement approche. La porte est maintenue ouverte durant un temps réduit, ainsi aucun retard n’est toléré... C’est un sport de discipline ..

161

162


1994 T

T+4

0

T+25

ans

1996

ans

Mise en contexte & Description du logement

2019

La maison est livrée avec une superficie initiale de 65m² qui s’étend sur un seul niveau (Rdc).

Composition du ménage

Comme pour cas d’étude 01, la maison se dote d’une seule façade côté rue et d’une cour arrière située au fond de la parcelle. Hamid 32 ans Sportif

+

Fatiha

L’accès à la maison se fait à travers la porte d’entrée située à l’Est du côté de la rue piétonne et mène directement au sas d’entrée. Il s’agit d’un espace tampon qui joue le même rôle qu’une “skifa”.

22 ans Femme au foyer

Composition spatiale de la cellule

La maison dispose d’une typologie T1 qui se compose d’une chambre unique, une salle d’eau, une cuisine et la cour.

T1 : Sas d’entrée+ Chambre + Cuisine + salle d’eau + cour arrière

S=45m²

Habitable

Durant cette phase, la maison était occupée uniquement par M.Hamid et sa femme.

S=65m²

Totale

Cuisine

Fig.198: Plan de toiture

Cour

Patio Chambre W.C

Cuisine Ouest ed’ddar

Ch 01

Fig.197: La maison de “Hamid” dans son état initial après la première appropriation

Salon

W.c

sas d’entrée

Fig.199: Plan du Rdc 163

164


T

T+4

0

T+25

ans

1996

1996 ans

2019

Composition du ménage

Hamid

Fig.200: Coupe transversale

+

24 ans Femme au foyer

34 ans Sportif

Composition spatiale de la cellule

Fatiha

T2 : Sas + 2 Chambres + Cuisine + Salon + Salle d’eau + Cour arrière S=55 m² Habitable

S=65 m²

Totale

Cour Fig.201: Façade coté rue

Chambre

Cuisine

Analyse et Critique Salon

Comme pour la “skifa”, le sas d’entrée est un espace de transition qui permet aux habitants de sécuriser leur espace domestique et empêcher toute pénétration visuelle ou physique à l’intérieur. Le sas d’entrée mène au Hall ou “Ouested’dar”, il s’agit d’un espace servant autour duquel les pièces s’articulent. Cet espace joue le rôle distributif que le patio central offrait dans la maison traditionnelle marocaine. En ce qui concerne l’espace initial, il est restreint et limité à la chambre.

Face à cela, Hamid et sa femme ont fait de la chambre un espace flexible à multiusages qui peut servir à la fois pour dormir, regarder la télé et prendre le repas. Hormis l’insuffisance spatiale de l’espace domestique, son ouverture sur la rue fait de lui un espace exposé et non sécurisé. Suite à cela, la famille a rajouté un grillage et un store au niveau de l’ouverture. La cour située au fond de la parcelle permet à la cuisine de bénéficier d’une aération naturelle et d’un ensoleillement direct. La cour est l’élément-clé de la maison, c’est à travers elle que les extensions horizontales peuvent se faire.

Fig.202: La maison de “Hamid” dans sa première extension horizontale (1996).

165

166


Mise en contexte & Description du logement La maison a accompagné le développement des besoins du foyer, une seconde chambre a été rajoutée pour élargir l’espace domestique. Cette extension horizontale a suivi la même forme que le premier cas d’étude, il s’agit de construire dans la cour arrière. Fig.205: Coupe transversale

De ce fait, l’espace domestique s’étend avec quelques changements au niveau des usages. La chambre existante qui donne sur la rue se transforme en salon tandis que la chambre prend place au niveau de la cour. Dans cette phase, la cuisine et la salle d’eau n’ont pas subi de transformation formel appart un changement de texture et de revêtement (carrelage, Zellige,...)

On parle ici d’un changement de typologie qui se caractérise dans le passage d’un T1(chambre unique) à un T2 (2 chambres). La superficie de l’espace domestique a augmenté ainsi de 10 m².

Fig.203: Plan de toiture Fig.206: Façade coté rue

Cour

Analyse et Critique

Chambre

L’espace domestique après son extension horizontale a permis à la famille d’acquérir plus d’espace et séparer la salle de repos ou “bit-eg’glass” de la chambre. Ouest ed’ddar

Cuisine

Cette transformation donne naissance à une nouvelle composition spatiale qualitative. Au niveau du plan, nous pouvons constater la division entre les espaces Privés et semi-privés par le hall ou “Ouest’eddar”. La chambre placée du côté du patio permet d’acquérir plus d’intimité et de sérénité contrairement à la situation initiale. Le salon est un espace semi-privé, son emplacement près de la porte d’entrée favorise la fluidité d’accès des invités et empêche le passage par l’espace privé.

Salon

Fig.204: Plan Rdc après l’extension horizontale 167

Cet espace s’ouvre directement vers la rue à travers deux ouvertures qui permettent à la fois d’aérer et ensoleiller l’intérieur. Son emplacement fait de lui un espace convivial. L’extension horizontale a diminué la surface de la cour mais cela ne l'a pas empêché de préserver ses qualités. Il s’agit d’un espace à ciel ouvert qui permet d’aérer à la fois la cuisine et la nouvelle chambre. Au niveau des transformations formelles, l’extension a amené un nouveau volume au fond de la parcelle. Cela donne naissance à une seconde façade à l’arrière.

168


2019 T

0

T+4

T+25

ans

1996

Mise en contexte & Description du logement

2019

Cette phase est marquée par l’extension verticale de la maison, il s’agit de la superposition du plan courant au niveau de R+1. De ce fait, l’organisation spatiale de l’espace domestique est maintenue identique à celle du Rdc (T2). De plus, une cage d’escalier a été rajoutée au niveau du Sas d’entrée pour assurer l’accès à l’étage.

Composition du ménage

Hamid 57 ans Sportif

Composition spatiale de la cellule

+

Fatiha 47 ans Femme au foyer

Au niveau du Rdc, l’appartement à subit à diverses transformations fonctionnelles et formelles par la suppression/ rajout des cloisons pour permettre au club d’Aikido de prendre place.

T2 : Sas + 2 Chambres + Cuisine + Salon + Salle d’eau + Cour arrière S=55 m² Habitable

S=65 m²

Totale

Fig.208: Plan de toiture

Cuisine Chambre 02 Chambre 02

Cour

Chambre

Cour Vestiaire

W.c

W.C

Ouest ed’ddar

Cuisine

Salle d’Aikido

Salon

Fig.207: La maison de “Si Brahim” dans son état actuel

Fig.209: Plan du Rdc ( Salle Aikido) 169

Fig.210: Plan R+1 170


Fig.211: Coupe longitudinale

Fig.213: Coupe transversale

Analyse et Critique La superposition du même plan a permis à l’espace domestique de préserver les mêmes qualités spatiales et architecturales. Le salon bénéficie d’un ensoleillement direct depuis les ouvertures sur la façade principale tandis que la cuisine et la chambre par celles situés au niveau de la cour. Au niveau du Rdc, un plan libre fluidifié par la suppression des cloisons au niveau de la cuisine. Du côté de la chambre, l’espace a été divisé en deux entités pour abriter le vestiaire et les douches. Au niveau formel, un débord léger de 1m est réalisé au niveau du R+1 du côté de la rue. Hormis son effet esthétique, le débord permet au plan de bénéficier d’une superficie légèrement plus grande.

Fig.212: Façade côté commerce

171

Au niveau de la cuisine d’où sa superficie a augmenté de 3m². L’extension verticale à donner naissance à une nouvelle façade caractérisée par deux volumes distincts: D’une part celui de la cage d’escalier jusqu’au toit-terrasse avec ses petites ouvertures. D’autre part par le jeu de décalage au niveau de l’extension. Ce volume est aussi marqué la présence d’illustrations et de calligraphie, ceci dévoile une forme d’appropriation figurative. Du côté de la toiture-terrasse, elle se distingue par son garde-corps et le débord volumétrique de la cage d’escalier. 172


Fig.215: La salle d’Aikido au Rdc Le Rdc est transformé en un espace ouvert dédié au sport. Les cloisons ont été supprimées pour libérer l’espace et assurer une fluidité d’usage.

Fig.214: Sas d’entrée Le sas d’entrée permet de distribuer la circulation et organiser le flux pour accéder au Club et à l’appartement de l’étage. Ses murs sont ornés par du “zellige”. Il s’agit d’un espace partagé semiprivé

Fig.216: Une salle accueillante

173

La nouvelle disposition permet aussi d’accueillir un grand nombre d’apprenties. Le sol est vêtu d’un tapis adéquat à l’usage de la salle tandis que les murs sont peints et décorés par un grand miroir qui donne la profondeur à la salle.

174


Fig.217: Les escaliers, un espace lumineux Contrairement au cas d’étude précédent, la cage d’escalier bénéficie d’une ouverture directe sur la façade principale.

Fig.219: Ambiance de la cour Un espace à ciel ouvert, bordé par les murs mitoyens.

Fig.218: “Ouest-ed’dar” un espace servant

Fig.221: La cour, un espace de stockage

C’est l’espace autour duquel les espaces domestiques s’articulent.

Fig.220: le salon ou “Bit’egglasse” C’est l’espace de détente et de prise de repas. Il est de nature flexible et s’adapte aux différents besoins quotidiens

La cour est l’extension de la cuisine, elle permet de stocker les différents objets et outils. Il s’agit aussi d’un espace de séchage.

Fig.222: le toit-terrasse, un espace de séchage Il est généralement dédié aussi au stockage. 175

Fig.223: le toit-terrasse, un espace délaissé Le toit est mal entretenu par les habitants, il est aussi l’endroit où les objets inutiles sont stockés. 176


II- Synthèse du développement progressif du cas d’étude 02 :

177

178


T

0

a-L’évolution des usages et son impact sur l’organisation spatiale.

T1

1994

Gabarit: Rdc Fonctions: Rdc : T1

T2

1996

Gabarit: Rdc Fonctions: Rdc : T2

2019

Gabarit: R+1 Fonctions: Rdc : Salle d’Aïkido R+1: Appartement

Toit-terrasse

Appartement “Hamid” Hamid et sa femme

Club d’ Aïkido Fig.224: La maison dans son état actuel

179

180


b- L’évolution de l’organisation spatiale et son impact sur sa qualité architecturale. Cour

Chambre

4

Cuisine

5

Salon

2

3

Il s’agit de démolir le mur pour libérer l’espace au Rdc.

Cour

Vestiaire

Douche 1

Salle d’aikido Fig.226: L’organisation actuelle du Rez-de-chaussée

1. Hall d’entrée

Fig.225: Conversion du Rdc en salle d’aikido Des cloisons sont rajoutées au niveau du vestiaire ( ancienne chambre) pour donner naissance aux douches.

2. Salle d’entrainement

3. Toilette

4. Patio/Stockage

5. Vestiaire+Douche

cloisons rajoutées cloisons démolies 181

182


Vers l’étage Vers le club

3m

3m

Fig.227: Le Sas d’entrée, un espace distributif Il est considéré comme espace semi-privé dédié à la fois pour les usagers de la salle Aïkido et aux habitants de l’étage.

Fig.229: La cour arrière : un espace d’aération et de stockage La cour arrière est un espace à ciel ouvert qui permet d’aérer les espaces situés au fond de la parcelle. Elle permet aussi de stocker du matériel et des outils d’entrainement. Séparation / Division

Espace servant

Fig.228: La salle d’Aikido : un espace flexible La salle s’adapte aux différentes temporalités, elle peut accueillir à la fois les garçons et les filles. Les deux espaces sont séparés par une cloison amovible. 183

184


Chambre 01

Cuisine

6

7

W.C

5 2

4

Salon 1

Fig.252: “Ouest-ed’dar” un espace servant.

3

Fig.230: L’organisation du plan R+1.

1. Sas d’entrée

2. Couloir de service

3. Salon

6. Cour

3. Chambre

Ouverture directe sur la rue 4. Cuisine

5. W.c

Fig.231: Le palier, un espace de stockage et d’attente.

185

186


Ouverture sur la cour

3,50 m

2,50 m

Ouverture sur la cour

3m 3m

Fig.232: L’évolution de la cuisine Le débord volumétrique au niveau du R+1 a permis à la cuisine d’acquérir plus d’espace pour un usage adéquat aux besoins. Le nouvel espace abrite un congélateur et des rangements.

Ouverture directe sur la rue Fig.234: Le salon, un espace multifonctionnel Cet espace est utilisé à la fois comme coin de détente, de réception, de prière et de prise de repas. Il bénéficie d’un ensoleillement direct depuis l’ouverture qui donne sur la rue.

Fig.233: L’évolution de la cuisine La chambre située au fond de la parcelle est aérée par l’ouverture qui donne sur la cour.

187

188


c-L’évolution de la façade

Fig.235: L’aspect formel de la façade dans son état initial Extension théorique

T

0

Fig.236: L’extension théorique conçue par l’architecte

T2

1994

2019

Extension projetée

Nous pouvons constater qu’il existe un léger décalage entre l’extension théorique conçu par l’architecte et l’aspect formel de la façade actuelle après l’appropriation. - Changements des ouvertures ( escaliers+ étage) - La recherche de l’ornementation ( Bandes décoratives+ illustrations+ couleurs) - Dispositifs de protection ( volets, seuil de fenêtres , couche d’enduit de protection au Rdc) Cet aspect résulte de l’évolution des usages et les différentes formes d’appropriations effectués dans l’espace domestique. Le changement permanent d’usages et de fonctions des pièces intérieures ( chambre, salle de sport, cuisine...) affecte et modifie l’expression de la façade. Fig.237: L’aspect de la façade dans son état final après l’extension.

D’autres paramètres justifient cette forme de développement comme le goût et la situation financière de ses habitants.

189

190


Maçonnerie apparente sur la façade

Toiture inaccessible

d- L’évolution volumétrique

T0 = Façade dans son état brut Gabarit : R+1 Occupations: Rdc : Club de sport R+1: Appartement (T2)

La maison dans son état initial se caractérisait par sa simple volumétrie et son aspect brut. Dominée par la maçonnerie, elle dévoile un aspect incomplet par l’absence d’enduit et de peinture.

2020

La façade se composait du strict minimum, une double ouverture sur la rue et une porte d’entrée. D’une hauteur de 3 mètres, la toiture reste accessible à l’aide d’une échelle. Ouvertures au niveau de l’escalier

T+25 ans = Façade dans son état définitif

Revêtement peinture

Toit-terrasse

(Fin des travaux d’extension)

La façade a subi un changement permanent qui a accompagné l’évolution de ses usages. Le rajout d’ouvertures symétriques sur le même axe de celle du Rdc, sauf que celles-ci sont légèrement plus grandes et protégées par des volets en bois. La cage d’escalier est un élément important qui se manifeste dans l’expression de la façade par sa volumétrie verticale et la forme réduite de ses ouvertures.

Gabarit : Rdc Occupations: Maison unifamiliale (T2)

1996

Gabarit : Rdc Occupations: Maison unifamiliale (T1)

1994

Volets Bandes décoratives

Ornementation+ synalisation

Le toit-terrasse par son garde-corps participe lui aussi à la composition de la façade. C’est un espace qui a accompagné la croissance verticale de la maison. On retrouve aussi la naissance d’ornementation par la juxtaposition des couleurs,de matériaux et de dessins ( bois, peinture,enduit,illustration,calligraphie...) Nous pouvons déduire l’organisation spatiale de la maison depuis l’extérieur. Enduit de protection

Fig.238: L’évolution de la façade

191

192


Cas d’étude 03: Maison située à l’angle d’une rue résidentielle

Fig.239: Croquis du cas d’étude 03

193

194


Choix d’étude : En parcourant le quartier, j’ai aperçu une maison qui occupait l’angle au sein d’un quartier résidentiel. Sa typologie à double façade n’est pas très courante dans le quartier. Le rez-de-chaussée s’ouvre vers l’extérieur des deux côtés en offrant une diversité d’usage. La maison au Rdc se compose à la fois d’une crèche et d’un commerce sous un immeuble d’habitation. L’expression de la façade dégage une forme de confusion, à travers la juxtaposition des couleurs, des panneaux de signalisation et les marchandises exposées de l’épicerie. Tout cela a suscité l’intérêt de découvrir cette maison.

Fig.240: Situation Fig.242: l’ambiance de la rue animé coté commerce (Ouest)

Fig.243: l’ambiance de la rue coté entrée

Fig.244: la rue, un hub commercial

Fig.241: Ambiance de la rue

195

196


Récit: Durant ma deuxième visite du site, j’étais interpelé par un jeune homme curieux de voir un étranger dans son quartier. Il s’est précipité pour savoir si j’ai besoin d’aide. il m’a proposé de me guider dans ce quartier réputé avec le manque de sécurité. Alors que je prenais des photos d’une maison située à l’angle, l’épicier qui occupait une petite partie du rdc m’a invité à se rendre chez lui. Entre la surprise et la méfiance, il voulait savoir la raison pour laquelle je prenais en photo son domicile. Rassuré par ma réponse, il m’a invité à prendre un thé chez lui. Entretien 03 : Talal, 26 ans, épicier et père de deux enfants. Bonjour, vous êtes propriétaire de cette épicerie ? Bonjour, en effet cette épicerie appartient à mon père. J’ai hérité ce métier de mes ancêtres... j’étais initié au commerce depuis mon jeune âge, j’aidais mon père quand je revenais de l’école tous les jours jusqu’à aujourd’hui où j’ai pris le relais. Très bien, vous occupez ce local depuis combien de temps ? A vrai dire, mes parents font partie des premières familles qui ont habité ce quartier. J’ai 26 ans, tout ce que tu vois maintenant n’était qu’une étendue de terre crue et de terrains vierges. Pourquoi avoir choisi une maison d’angle ? À l’époque, mon père voulait faire de la maison une entreprise familiale avec sa double façade commerçante. Une maison d’angle est largement plus spacieuse que celle du modèle courant avec patio. Certes elle ne permet pas une extension horizontale mais la superficie proposée est adéquate pour nos usages quotidiens.

Je suppose donc que vous avez des choses à me dire sur l’évolution du quartier et de votre logement... Je vois que vous louez une grande partie du Rdc pour une crèche. D’où vient l’idée de coexister plusieurs fonctions à la fois ? Comment cela se passe-t-il au niveau de réglementation ?

Permettez-moi de vous demander avec qui vous vivez ici ? je vois que vous avez un double étage plus un toit-terrasse, comment s’organise votre logement et comment a-t-il évolué ? Je vis ici avec ma mère, ma soeur, mon épouse et mes deux fils. Il y’a 20 ans, mes parents, ma soeur et moi occupions le premier étage, le rdc quant à lui était vide, il a fallu un peu de temps pour ouvrir notre commerce. Au fils de temps, la maison s’est développée. Après mon mariage, mon père m’a autorisé d’occuper le second étage. Aujourd’hui, j’occupe toujours le second étage avec ma femme et mes enfants..

En fait, l’ultime et seule raison de la location du rdc est financière. Mon père est décédé il y a 6 ans, ainsi je porte son fardeau depuis ce temps-là. Tu sais, ce n’est pas facile de prendre en charge une famille de 7 personnes avec un revenu d’épicier.. La crèche est louée à mon voisin, sa femme est institutrice et c’est elle qui gère la crèche. La location me permet d’acquérir un revenu supplémentaire. En ce qui concerne le côté réglementaire, les rdc sont à vocation commerciale dans l’ensemble des habitations situées sur les rues commerçantes. Par ailleurs, dans mon cas la demande se fait à la commune pour ce genre de projet. La nécessité d’avoir des instituts éducatifs s’est développée avec la croissance démographique du quartier. De ce fait, l’État autorise la location de quelques locaux situéS au coeur des ilots résidentiels.

Si vous aviez le choix entre le logement économique et ce modèle évolutif que choisiriezvous ? J’opterais sans doute sur le modèle évolutif... comme je vous ai dit, je suis très content du résultat. Les surfaces proposées dans les logements économiques sont très réduites et manquent de flexibilité. C’est comme “des cages d’oiseaux“ (rires)

Et le toit-terrasse ? j’ai aperçu une ouverture à ce niveau, vous avez construit une chambre? Un peu gêné de ma question, il m’a affirmé que le toit a été exploité pour construire une petite chambre pour accueillir des locataires. La chambre était ainsi louée aux étudiants de la faculté (ISTA) à proximité pour un prix abordable. Etant donné que vous êtes parmi les premiers habitants du quartier, que pourriez-vous me dire sur sa situation actuelle? Le résultat aujourd’hui est-il satisfaisant ?

C’est tout à fait compréhensible..., Je vois que vous avez un accès commun à la fois pour la crèche, votre épicerie et votre maison, comment faites vous pour gérer la sécurité de ces flux ?

Tout ce que je peux vous dire à ce propos c’est que le passage d’un endroit désertique et délaissé à une zone urbanisée et dense est impressionnant. Je me souviens des moments de mon enfance nous avions peur des sangliers qui sortaient la nuit manger les poubelles (rires). Aujourd’hui c’est une zone d’habitation dense et très bien connectée à la ville.

Bien vu, c’est vrai que c’est un peu désagréable d’avoir la porte d’entrée ouverte tout au long de la journée et le cri des enfants dès le matin (rires)... A vrai dire, on n’avait pas le choix, on devait agir par ordre de priorité. Chaque façade devrait avoir une seule porte, la solution la plus adéquate pour nous est d’ouvrir épicerie sur la rue ce qui à donner naissance à cette composition. En ce qui concerne la sécurité, les habitants du quartier sont connus et les intrus sont facilement repérables, de plus le bureau d’accueil de la crèche est situé près de l’entrée.

En ce qui concerne votre logement, la disposition proposée est-elle adéquate à vos attentes ? Sans la possibilité d’extension, la situation aurait été infernale. Je trouve que c’est une très bonne initiative, c’est grâce à ce type de logement que je vis à côté de ma famille tout en prenant soin de l’épicerie. Je pense que ce modèle doit être testé dans plusieurs endroits.. je ne peux pas espérer mieux que cela.

197

198


1994 T+15

ans

1996

ans

La maison avec une superficie initiale généreuse de 80m² par étage s’étendait sur 2 niveaux ( RDC+ R+1).

2019

Le Rdc est dédié pour le commerce ainsi les espaces domestiques s’organisaient à l’étage.

Composition du ménage

+

Soukaina

+

Talal et sa soeur

30 ans Femme au foyer

55 ans Ex-militaire

1 ans 10 ans

Connecté avec le sas d’entrée, l’escalier assure l’accès au second niveau. L’étage se compose de 3 chambres, 1 salon,1 cuisine et 1 WC articulé autour de “Ouest’eddar” ou séjour.

Composition spatiale de la cellule T3 : 3 Chambre + Cuisine + Salon / étage

PRODUCED BY AN AUTO

S=81m² (R+1)

Fig.246: Plan de toiture

Escalier Salon

W.c Cuisine

Escalier

Cuisine

Chambre 01 Chambre 02

SAS d’entrée

PRODUCED BY AN AUTO

Ch 01 Ouest ed’dar

Chambre 03

Commerce

Ouest ed’ddar

PRODUCED BY AN AUTODESK STUDENT VERSION

Farid

Cette typologie ne contient pas de cour arrière vue sa double ouverture sur l’extérieur. L’accès se situe du côté de la rue secondaire (Est) tandis que l’escalier est situé au fond de la parcelle.

PRODUCED BY AN AUTODESK STUDENT VERSION

T+4

0

SK STUDENT VERSION

T

Mise en contexte & Description du logement

Commerce Ch 02 Salon Ch 03

Fig.245: La maison de “Farid” dans son état initial après la première appropriation

SK STUDENT VERSION

Fig.247: Plan du R+1 199

Fig.248: Plan Rdc commercial 200


Fig.249: Façade côté commerce

Fig.251: Coupe transversale

Analyse et Critique Ce modèle à double façade et sans patio est“semi-fini”, il ne prend pas compte l'extension horizontal. L'espace domestique initial était adéquat aux besoins de la famille de Talal. De plus, un salon spacieux s’ajoute à l’ensemble. Il est d’une importance majeure, c’est l’espace dont la famille occupe le plus durant toute la journée. Son usage est multifonctionnel, il sert à la fois d’espace de détente, de repas, de prière et de rassemblement pour les membres de la famille. Le ‘ouest eddar’ permet d’assurer une

articulation fluide de l’ensemble des pièces de la maison, il crée une sorte de centralité dans la disposition spatiale intérieure. Cet espace sert aussi d’un lieu d’attente pour les visiteurs. Dans ce genre de logement, l’emplacement de la cage d’escalier est important et décisif. Il doit ainsi être placer d’une manière intelligente pour assurer à la fois la fluidité de circulation et la qualité spatiale intérieure des chambres. Dans ce cas, l’emplacement de l’escalier au fond de la parcelle permet de gagner un espace lumineux.

Fig.250: Façade côté entrée

201

202


1996 T

0

T+4

T+15

ans

1996

Mise en contexte & Description du logement La maison a accompagné le développement du foyer de la famille, un second étage a été rajouté après le mariage de Talal. L’extension verticale a suivi la même forme que le premier cas d’étude à travers la superposition et la duplication du plan type courant. De ce fait, la disposition spatiale reste la même mis appart quelques modifications sur les usages des chambres. On retrouve dans ce cas, un double salon et deux chambres au lieu de 3 chambres et un salon. La superficie de l’appartement pour un jeune couple est plus que satisfaisante, permettant d’accueillir aisément des futurs enfants. La circulation verticale suit la même trame au fond de la parcelle. La nouvelle maison prend forme d’un logement collectif dont chaque étage se compose d’un appartement autonome. Au niveau du Rdc, une épicerie donnant sur la rue principale a été rajoutée.

ans

2019

Composition du ménage

Farid et sa femme

Composition spatiale de la cellule

+

Talal,sa femme et sa belle-mère

T3 : 2 x (3 Chambre + Cuisine + Salon)

S=81m²/ étage S(Totale)=160m²

Salon

Fig.253: Plan de toiture

Cuisine SAS d’entrée

Chambre 04

Escalier

Cuisine

Chambre 05

Ch 01 Ouest ed’ddar

Commerce

Chambre 06 Ch 02 Salon

Epicerie “Talal”

Ch 03

Fig.252: La maison de “Si Brahim” dans sa première extension horizontale (1995). Fig.254: Plan d’extension R+1 203

Fig.255: Plan Rdc commercial 204


Fig.256: Façade côté entrée

Fig.258: Coupe transversale

Analyse et Critique Les ouvertures rajoutées sont simplifiées pour des raisons financières. Le langage de la façade est perturbé par la juxtaposition de couleur et de panneaux de signalisation du côté du commerce. Le nouvel étage a conservé les mêmes caractéristiques architecturales du plan inférieur, les chambres sont ensoleillées et aérées naturellement par les ouvertures sur les façades. La cage d’escalier située au fond de la parcelle est sombre. Hormis son rôle distributif, elle est aussi utilisée pour le stockage, les paliers sont ainsi utilisés comme rangements.

La cage d’escalier continue désormais jusqu’au toit-terrasse, c’est le seul espace partagé après l’escalier. Le toit-terrasse est caractérisé par sa flexibilité et sa capacité à abriter plusieurs usages à la fois.(jardinets,stockage...) Il est aussi l’extension de la cuisine : un espace que les femmes s’approprient très souvent pour le lavage des vêtements, de tapis et le séchage. Cette appropriation est souvent liée au manque de l’espace adéquat pour les usages quotidiens au niveau de la cuisine.

Fig.257: Façade côté commerce 205

206


2019 T

0

T+4

T+15

ans

1996

Mise en contexte & Description du logement

ans

2019

Cette phase est marquée par la construction d’une chambre au niveau du toit-terrasse dédié à la location. Cette chambre de 12 m² est généralement destinée aux étudiants. L’espace rajouté est équipé du strict minimum : une petite salle d’eau, une kitchenette et un lit. Il s’agit d’une extension illégale.

Composition du ménage

Farid et sa femme

Composition spatiale de la cellule

+

Talal,sa femme, sa belle-mère et son fils

T1 : 1 Chambre + Cuisine

+

Au niveau du Rdc, le plan a été morcelé pour donner naissance à une division qui permettra de bénéficier d’un maximum de locaux. Le rez-de-chaussée est désormais loué au profit d’une crèche. Ce type d’appropriation peut causer des nuisances acoustiques aux mitoyens.

Ilyas ( étudiant)

S=18m² Kot étudiant ( toit-terasse)

Fig.260: Plan de toiture

Chambre pour location (étudiant)

Cage d’escalier

Toit-terrasse

Crèche au Rdc

Fig.259: La maison de “Si Brahim” dans sa seconde extension horizontale (1996).

Fig.261: Plan du R+2 207

Fig.262: Plan Rdc ( commerce + Créche) 208


Fig.263: Façade côté entrée Fig.265: Coupe transversale

Analyse et Critique La maison dans son état actuel est le résultat d’une succession de formes d’appropriations. Elle témoigne aujourd’hui le passage d’une maison unifamiliale à une forme d’immeuble de rapport. La maison dégage clairement par l’expression de sa façade la diversité de ses fonctions. Au Rdc, une multitude de couleurs se juxtaposent par la coexistence du commerce et la crèche. La façade est ainsi marquée par l’ornementation au niveau des murs (peintures,calligraphies,couleurs.) et des ouvertures (grillage,jardinets..). L’incohérence des ouvertures rajoutées est frappante et génère un décalage entre l’existant et son extension.

L’organisation du plan du rez-de-chaussée représente quelques anomalies au niveau fonctionnel. Le commerce, la crèche et les appartements disposent d’une seule et unique entrée . Le sas d’entrée se transforme en lieu de transition public qui peut manquer à la fois de sécurité et de fluidité dans les heures de pointe (entrée/sortie des enfants). Le commerce possède une entrée directe depuis la maison, or, ce passage est très brusque vu qu’il passe directement à travers la crèche. Le va et vient de Talal et son fils qui s’occupe du commerce nuit souvent au personnel de la crèche et engendre des problèmes de distribution. (Fig274.p217)

Fig.264: Façade côté commerce 209

210


Fig.267: Ouverture au niveau de la cuisine La fenêtre de la cuisine à l’étage est marquée par le grillage, rajouté pour renforcer la sécurité.

Fig.268: Le palier, un espace de rangement (Toit-terrasse)

En raison du manque d’espace à la cuisine, le palier est exploité pour stocker, ranger les outils ménagers comme le four, le seau de lavage.

Fig.266: Sas d’entrée Le sas d’entrée permet de distribuer la circulation et organiser le flux pour accéder à la crèche, le commerce et les escaliers qui mènent aux appartements. Ses murs sont ornés par des illustrations et des affiches colorées pour marquer l’entrée de la crèche. Il s’agit d’un espace partagé et commun.

Fig.269: Le salon ou “bit-eglass” un espace multifonctionnel, généralement occupé tout au long de la journée, sert aussi de salle à manger. 211

Fig.270: Le wc ou “bit-lma” Le Wc est un espace restreint utilisé aussi pour la douche et le stockage du linge. Ce dernier n’est pas équipé de douche jusqu’à l’heure actuelle, les habitants y remédient par l’usage du seau.

212


Fig.271: le toit-terrasse, une espace de séchage Dans l’habitat marocain, les toitures terrassessont souvent exploitées pour le lavage et le séchage.

II- Synthèse du développement progressif du cas d’étude 03 :

Fig.272: le toit-terrasse, une espace de stockage

L’inadéquation ou l’insuffisance des espaces proposés peut facilement être remarquée du fait qu’elles sont surchargées. De ce fait, les espaces partagés (le toit-terrasse et l’escalier )sont souvent exploités comme extension de l’espace domestique. Les photos témoignent aussi du caractère multifonctionnel des espaces intérieurs qui peuvent être exploités pour des usages différents selon plusieurs temporalités.

213

214


T1

T

0

a-L’évolution des usages et son impact sur l’organisation spatiale

1994

Gabarit: R+1 Fonctions: Rdc : vide R+1: Appart 01

T2

1996

Gabarit: R+2 Fonctions: Rdc : Commerce R+1: Appart 01 R+1: Appart 02

2019

Gabarit: R+3 Fonctions: Rdc : Commerce R+1: Appart 01 R+1: Appart 02 R+1: Chambre

Chambre étudiant (Toit-terrasse)

Appartement “Talal” sa femme+ fils + belle-mère

Appartement “Farid” Farid et sa femme

Créche+ commerce

Fig.273: La maison dans son état actuel

215

216


Vers le commerce

Vers la crèche

Vers l’étage

b- L’évolution de l’organisation spatiale et son impact sur la qualité architecturale de l’espace domestique

Vers les ateliers

Fig.274: Le Rez-de-chaussée dans son état actuel Le Hall de la crèche est un espace d’accueil et d’articulation, il mène aussi à l’arrière du commerce et crée ainsi la jonction entre les deux programmes.

217

218


Accès privé

5 2 1 6 3

7 4

Fig.275: L’organisation de la crèche au niveau du Rdc

1. Hall d’entrée

2. Salle des éducateurs

3. Cuisine

6. W.c

7. Atelier 02

4. Atelier 01

Fig.276: L’organisation du local commercial actuel et son ouverture vers la rue. 5. Buanderie

219

220


Fig.203: Le palier, un espace de stockage et d’attente Cuisine

Chambre 02

W.C

Chambre 01

Chambre 03

Salon Fig.278: “Ouest-ed’dar” un esapce servant Fig.277: L’organisation du plan type Pour les deux étages, le plan a conservé la même disposition spatiale, on retrouve quelques petites différences au niveau de l’appropriation des espaces domestiques au niveau des chambres et du salon. Il s’agit d’un changement d’affectation ou transformation de la chambre à un salon ou vice versa.

221

222


2,20 m

4,10 m

Ouverture directe

Fig.279: Organisation de la cuisine

La cuisine s’étend sur une superficie de 8m², sa capacité de stockage est donc très restreinte et ne permet pas d’effectuer tous les travaux ménagers. De ce fait, le four et l’espace de buanderie sont placés au toit-terrasse.

4,80 m

2,80 m

Fig.281: Organisation de la toiture-terrasse La toiture-terrasse abrite une chambre indépendante, une buanderie, un espace de stockage et un coin végétal. Il s’agit donc d’un espace multifonctionnel. Fig.280: Le salon, un espace multifonctionnel Cet espace est utilisé à la fois comme coin de détente, de réception, de prière et de prise de repas. Parfois les enfants s’approprient cet espace pour faire leur devoir. 223

224


c-L’évolution de la façade et le changement permanent de son aspect Situation théorique :

Fig.282: L’aspect formel de la façade dans son état initial

Fig.283: L’extension théorique conçue par l’architecte

T2

T

0

1994

2019

Situation projeté:

Fig.284: L’aspect de la façade après la première extension 1996

225

Fig.285: L’aspect de la façade dans son état final après l’extension.

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d- L’évolution volumétrique

Toiture inaccessible

Maçonnerie apparente sur la façade

T0 = Façade dans son état brut

Gabarit : R+1 Occupations: Rdc : vide R+1: Appart 01

> La matérialité de la façade est dans son état brut ( mur maçonné)

1994

> Volume simple > Toiture inacessible

T+ 2 ans = Façade en cours de progression (Extension verticale)

> La matérialité de la façade dans son état semi-fini reste brute. > Des grilles de sécurité sont rajoutées au niveau des ouvertures.

Ouverture du commerce sur la rue Toiture inaccessible

l’incohérance des ouvertures de l’extension avec le R+1

Débort sur la façade au niveau du R+1/R+2 Agrandissement des ouvertures au Rdc

> Jeu de volumétrie (débord en R+1).

Gabarit : R+2 Occupations: Rdc : Commerce R+1: Appart 01 R+2: Appart 02

1996

> Agrandissement des ouvertures au niveau du Rdc Enduit + peinture

T+15 ans = Façade dans son état définitif (Fin des travaux d’extension)

> La façade est marquée par une multitude de couleurs, de teintes et de matériaux. L’absence d’enduit au niveau de la toiture marque la façade et lui donne une apparence incomplète. > Ornementation (couleurs, textures, matériaux).

Chambredu Toit-terasse

Toit-terrasse

Changement des ouvertures

L’extension dans son état brut (maçonnerie)

Bandes décoratives

> Jeu de volumétrie (débord en R+1/R+2). > Hétérogénéité des ouvertures > Toiture accessible (Toit-terrasse) engendre l’apparition de nouveaux éléments (garde-corps...)

Revêtement peinture

Façade commercial

Gabarit : R+2 Occupations: Rdc : Commerce Crèche R+1: Appart 01 R+2: Appart 02 R+3: Chambre

2020

Fig.285: L'évolution de la façade

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228


01 La première étape consiste à construire la limite de la nouvelle chambre. Pour ce faire, un mur maçonné a été construit au niveau de la cour suivant la trame existante.

D- Aspects techniques de construction Fig.286: Construction du mur maçonné au niveau de la cour arrière.

Les habitants font généralement appel au maitre maçon pour l’exécution de l’extension. C'est une coutume très répandue dans le quartier et qui date du modèle traditionnel. Ceci revient au coût attrayant proposé par le maitre maçon. Les plans d'extensions sont rarement pris en compte, les travaux d'extensions se font ainsi d'une manière intuitive. Nous allons voir dans ce chapitre les différentes étapes de construction des extensions au quartier 'Hay Nahda'.

02 La seconde étape se résume dans la préparation du plancher par : - La vérification des hauteurs des murs pour assurer la bonne liaison entre les éléments porteurs et les poutrelles. - Dans ce cas, la largeur de l’appui est étroite, il a fallu placer les lisses de rive pour mettre en place les poutrelles. - La pose des poutrelles sur les éléments porteurs : murs maçonnés et poteaux.

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Fig.287: Préparer le plancher ( pose des lisses de rive + la pose des poutrelles+ mise en place des Hourdis

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05

03 Cette étape se caractérise par la mise en place des appuis stables pour les poutrelles.

Les chaînages périphériques sont placés au croisement des poteaux et du chaînage pour préparer le coulage du béton.

Fig.288: Mise en place des étais Fig.290: La mise en place des chaînages périphériques + le coulage du béton

04 Durant cette étape, les hourdis sont placés entre les poutrelles afin de couvrir toute la surface. Cette surface servira comme base de coffrage dans laquelle les treillis soudés seront mis en place.

Fig.291: Shèma structurel de la maison à Patio Fig.289: La pose des entrevous et des planelles + la mise en place des treillis soudés.

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V- Bilan des logements progressifs étudiés

Ce chapitre se compose de 3 parties : Nous verrons dans un premier temps les caractéristiques spatiales et d’usage ainsi les différents éléments architecturaux traditionnels conservés dans le modèle progressif du quartier Hay Nahda. Ensuite, nous allons tenter de définir les facteurs qui ont mené au développement informel de ce quartier. Il s’agit de mettre en évidence l’impact des extensions sur la qualité architecturale des maisons et sur le quartier. Une tentative de recherche des limites du logement progressif aura lieu dans un second temps. La troisième partie est dédiée à la détermination des critères pour une programmation future en se basant sur la compréhension du modèle actuel.

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234


Partie 01 : Réalités architecturales des développements progressifs

I. Usages et spatialités variés :

.Changement du statut fonctionnel.

Nous avons pu observer tout au long de notre recherche l’importance des ressources économiques dans le développement des logements. Pour améliorer leur cadre de vie, les acquéreurs font des choix d’extensions par intérêt individuel qui peuvent nuire à l’intérêt commun et altérer les éléments qualitatifs du projet.

Actuellement, les maisons se transforment progressivement en immeubles d’habitat urbain plurifonctionnel. Cette nouvelle tendance qui émerge le quartier naît du besoin d’acquérir des revenus supplémentaires. Les observations recueillies permettent de toucher plus concrètement la multifonctionnalité des maisons à travers l’occupation commerciale des rez-de-chaussée au niveau de la grande rue.

. De multiples étapes de développement Les travaux d’extension sont élaborés sur plusieurs étapes. De manière générale, ils s’organisent selon l’ordre de priorité en tenant compte des ressources financières disponibles. Nous pouvons distinguer trois étapes distinctes mais complémentaires dans l’élaboration des extensions. La première est horizontale, les travaux se font dans un temps déterminé et réduit. Il s’agit du rajout d’une ou plusieurs cloisons pour donner naissance à un nouvel espace (chambre ou salon). La deuxième est verticale, elle nécessite plus de temps et d’argent. La construction se fait sous différentes phases à partir des gros oeuvres ( dalle d’étages, poteaux , cloisons), étanchéité jusqu’aux travaux de finition. La troisième est décorative, généralement sous forme de rajout de couleurs, grillages, jardinets en façade. Les habitants en fonction de leurs ressources financières cherchent à embellir les façades. Cette volonté naît de la soif des habitants à exposer leur bien pour acquérir “une distinction sociale”malgré leurs revenus modestes. De ces différentes étapes d’extensions que les logements actuels ont évolué à leurs rythmes et selon leurs économies.

II. Conservation des éléments architecturaux traditionnels : L’organisation interne de l’habitat marocain était et demeure très sensible aux coutumes et aux modèles culturels qui traversent les différentes familles. L’occupation plurifamiliale de l’habitat a toujours influencé de manière directe l’esprit de l’aménagement des espaces domestiques.

Ce changement d’affectation est aussi présent dans les rues secondaires (piétonnes) où on retrouve l’émergence des équipements éducatifs :crèches, écoles privées, centre artisanal, salle de sport. (Cas d’études 02-03)

Aujourd’hui, même si le nouveau modèle de lotissement contribue à la décohabitation des grandes familles, cette forme d’appropriation est conservée dans le quartier HAY Nahda.

Le quartier “Hay Nahda” a connu ainsi une transition progressive d’un quartier d’habitations à un quartier à vocation multifonctionnel.

Ces logements initialement dédiés à des petites familles se sont transformés en maisons plurifamiliales dont les étages sont partagés entre leurs membres. Il s’agit d’une forme d’adaptation des anciennes pratiques au nouveau modèle.

.Division de l’espace domestique Deux types d’occupations ont été observés durant l’analyse des maisons. La première consiste à s’étendre verticalement pour donner naissance à une maison unifamiliale où les différents membres de familles se partagent tous les étages. Cette forme d’appropriation qui date de la maison traditionnelle demeure très répandue dans le cas de Hay Nahda (Cas d’étude01 et 02).

.Intériorité, privacité, chicane :

La deuxième consiste à créer un immeuble de rapport dans lequel plusieurs colocataires se partagent la même maison. L’espace domestique est divisé sous forme d’appartements dont chaque étage est dédié à son propre locataire (Cas d’études 03). Ainsi, la maison est considéré comme un instrument financier qui permet à ses habitants d’acquérir des revenus supplémentaires.

Les observations recueillies montrent que l’espace domestique se définit toujours par la séparation de l’espace public et privé. Dans l’ensemble, la subordination de la femme se manifeste d’une manière assez évidente dans la définition du plan.Les espaces féminins (cuisine-chambre/ chambre de repos) sont ainsi placés loin des espaces semi-privés (salon- sas d’entrée).

La notion de la privacité ou de la protection de la ‘Horma’ fait partie des éléments très présents dans l’habitat progressif de Hay Nahda. L’influence occidentale n’a pas empêché les habitants de garder les principes fondamentaux du logement marocain.

235

Cette division conservée est une forme de protection de l’intimité familiale plutôt qu’un enfermement. Le principe de l’intériorité est présent sous plusieurs formes : - Il se traduit dans l’ouverture des espaces domestiques sur la cour intérieure plutôt que sur la rue. Dans la première extension horizontale (le cas d’étude 01) la chambre initiale qui donnait sur la rue a été déplacée au niveau de la cour. Cette volonté de placer l’espace intime au fond de la parcelle explique l’importance de l’introversion et l’intériorité dans l’habitat marocain. - La privacité est mise en évidence par le rajout des grilles, volets, jardinières au niveau des fenêtres pour empêcher les pénétrations visuelles. - Le sas d’entrée est un élément présent dans toutes les typologies, il joue pratiquement le même rôle qu’une chicane. Il s’agit à la fois d’un espace transition et de protection. .Flexibilité des espaces : La flexibilité des espaces domestiques est omniprésente dans l’habitat traditionnel et aussi dans l’habitat évolutif. Par exemple, la multifonctionnalité des pièces et leur adaptation progressive aux besoins quotidiens de ses occupants comme le salon (qui se transforme en lieu de prière, prise de repas, repos, télévision, réceptions..) , les chambres, le patio et le toit-terrasse. (buanderie, stockage, séchage).

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III. Défaillances nombreuses a. Du point de vue urbain: impact des extensions sur le quartier. . La détérioration du bâti 26 ans après son élaboration, le quartier témoigne d’une dégradation frappante du bâti entrainé par la juxtaposition de plusieurs facteurs. D’une part, par le manque d’entretien des maisons, d’autre part, à cause du développement aléatoire des extensions sans contrôle des autorités.

Cette hétérogénéité se traduit aussi dans l’incohérence des styles généralement d’intérêt individuel donnant naissance à des façades hétérogènes.

Fig.292: Des gabarits variés

Fig.293: Une expression urbaine ambiguë

Fig.294: L’aspect innachevé des logements

Fig.295: Façades brutes et sobre

Fig.296: Juxtaposition des couleurs, des textures

Fig.297: Hétérogéniete des façades

Cela s’affirme encore plus dans l’usage exagéré de couleurs, enduits, matériaux, teintes, grillages au niveau des enveloppes extérieures des maisons.

Le manque de contrôle de l’Etat a entrainé une course vers un investissement minimal pour la réalisation des extensions. Cela a poussé les habitants à : - faire appel aux maitres maçons pour la réalisation des extensions plutôt qu’un architecte. - acquérir des matériaux d’une qualité inférieure. - ne pas respecter le dosage du mortier pour déduire le coût de construction. Les appropriations aléatoires et clandestines des espaces domestiques ont influencé simultanément l’expression urbaine du quartier. Nous nous retrouvons ainsi face à une hétérogénéité de l’expression urbaine. En effet, le développement aléatoire des extensions verticales provoque une inégalité d’élévations frappante et donne naissance à une expression urbaine désordonnée sous forme de gabarits inachevés.

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b. Du point de vue architectural

Le modèle évolutif élaboré dans le quartier Hay Nahda est le fruit de la volonté d’amener le Marocain et son mode de vie vers le modèle Occidental à travers une démarche progressive. Dans l’esprit des aménageurs, urbanistes et architectes du projet, la retranscription du modèle occidental dans le contexte marocain s’avère une bonne solution. Cette volonté d’adaptation se traduisait par la fusion des éléments architecturaux traditionnels (skifa, patio) au plan-type occidental. Or, cette adaptation a montré ses défaillances peu de temps après les premières appropriations.

. L’impact sur la qualité architecturale L’entassement de l’espace domestique n’est pas la seule anomalie observée. Le non-respect des extensions théorique et l’émergence des appropriations clandestines des habitants influencent simultanément la qualité architecturale de l’espace domestique. Par exemple la réduction des caractéristiques du patio à cause de l’extension horizontale au-delà de la surface autorisée. (Cas d’étude 01) Partie 02 : La recherche des limites du logement progressif

L’espace domestique a subi à une diminution progressive de ses qualités architecturales peu de temps après les premières appropriations.

L’avenir du quartier est incertain et échappe au contrôle des autorités à cause du manque de suivi et la soif démesurée des habitants pour acquérir plus d’espace.

.La crise de surpeuplement L’augmentation en taille de la famille, au cours du cycle de vie, constitue une pression favorisant la restructuration interne de l’habitation et son extension. L’occupation de l’espace intérieur se veut ainsi optimale, ce qui explique l’exploitation pressante des toits-terrasses.

Nous pouvons imaginer trois scénarios possibles de l’avenir du quartier ‘Hay Nahda’ sur différentes phases et temporalités.

Les extensions progressives ont abouti à un surpeuplement qui rend la cohabitation délicate et parfois insupportable. Nous pourrons évoquer à ce propos l’exemple de la maison d’angle dont sa capacité d’accueil actuelle a dépassé 10 membres. Ainsi l’appropriation clandestine des toitures terrasses face à l’encombrement de l’espace domestique. La densité intérieure de l’espace domestique est très répandue dans le quartier, elle est clairement visible dans l’expression des façades hasardeuse.

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Scénario 01 : Laisser faire (Obéissance)

Scénario 02 : Intervention des autorités

Cette hypothèse ne doit pas être négligée, elle représente la projection de l’état actuel dans un futur proche qui encourage le développement informel des extensions. Le devenir du quartier peut être désastreux à cause du manque de sécurité provoqué par les extensions clandestines.

Il s’agit d’une solution radicale immédiate dont sa réalisation peut être délicate vu qu’elle nécessite la coopération des habitants concernés. Ce type d’intervention entraine souvent un conflit qui finit généralement par le désaccord des habitants et leur refus. L’objet de cette intervention est de limiter les extensions en R+2 d’une part et de démolir les extensions illégales qui dépassent cette nouvelle hauteur autorisée.

Les autorités se retrouvent actuellement face à une situation épineuse qui échappe à leur contrôle dû à la propagation rapide de ces extensions. L’intervention immédiate des autorités est nécessaire pour empêcher le retour inévitable à l’habitat informel.

Le nombre des extensions qui dépassent aujourd’hui cette hauteur est limité ce qui rend la tâche légèrement plus exécutable aux autorités. Les démolitions peuvent être divisées en phases selon les zones ( Nord,Sud,..) pour mieux assurer une bonne gestion.

R+2

Fig.298: La propagation irrégulière des extensions informels : une nouvelle forme de bidonvilles.

Fig.299: Limiter les extensions en R+2

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Scénario 03 : Adaptation Il s’agit de prévoir une nouvelle planification à long terme dans laquelle un nouveau plan d’extension (R+3) sera élaboré. Les constructions seront ainsi contrôlées et limitées à 3 niveaux. L’intégration des habitants dans le processus d’extensions pourrait être décisive dans cette nouvelle planification. L’objectif est d’accompagner ce développement par une intervention légère avec moins de dégâts. Cependant, la réussite de ce plan nécessite un grand investissement des autorités par la multiplication des contrôles et le suivi des extensions.

Partie 03 : Critères pour une future programmation : Il s’agit de tirer leçons du développement du quartier Nay Nahda et tenter de définir quelques critères élémentaires pour la réussite du modèle évolutif. Il faut noter que l’avenir du quartier est une responsabilité partagée entre les habitants et les autorités. Cette situation alarmante ne peut ainsi progresser que par la synergie et l’investissement des deux côtés.

R+3

Fig.300: Limiter les extensions en R+3

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I. Critères de conception Si le modèle de Hay Nahda a été fortement influencé des pratiques occidentales, la future programmation doit impérativement prendre en compte l’insertion urbaine, environnementale, sociale et culturelle. Il ne s’agit pas de faire table rase mais de proposer des solutions pertinentes basées sur la compréhension des modèles étudiés et leur organisation. a-Les points à retenir du modèle actuel . Le plan simple et fonctionnel Le projet initial par son volume simple et son organisation spatiale minimale permet d’assurer un développement efficace et simple de l’espace domestique. Les extensions horizontales se font instinctivement à travers le patio par la mise en place des cloisons tandis que les extensions verticales suivent le plan inférieur.

II. Critères d’une progression réussite . La prise en compte des espaces publics dans la planification urbaine

par l’État comme indemnisation. Le coût de construction du modèle de base avoisinait les 2500 € à l’époque(1994). Ainsi les extensions sont construites progressivement sur un long terme selon le besoin et les moyens financiers des acquéreurs. Le coût des constructions varie selon les étages rajoutés avec une moyenne de 3000 €/ étage (sans finitions) Nous pouvons déduire par la simple comparaison avec les prix des logements sociaux commercialisés dans le marché à 20.000 € que les prix des logements évolutifs sont largement moins chers et attrayants.

L’implication de ces espaces dans la planification urbaine permettra d’améliorer les rapports sociaux et le cadre de vie au sein du quartier. . L’élaboration de plusieurs plans-types Les surfaces proposées aux acquéreurs sont réduites, ils résultent d’un morcellement strict favorisant la quantité des logements plutôt que leur qualité. Ces parcelles identiques sont livrées à plusieurs types de familles (Jeune couple, parents avec enfants , famille élargie..) sans une réelle correspondance à leurs besoins. L’élaboration de ce type de projet nécessite la mise en place de plusieurs parcelles / plans types qui s’adaptent aux différentes structures familiales.

b- Les points à renforcer Nous allons rebondir sur des critères fondamentaux pour une future programmation réussite : . L’étude préalable de la communauté concernée

La transition d’une maison familiale à un immeuble de rapport est très courante, il faut donc envisager préalablement des typologies mixtes pour une meilleure adaptation à la communauté.

. La mixité Nous avons pu remarquer par les différentes formes d’appropriations effectués par les habitants l’émergence d’une cohabitation d’équipements commerciaux et culturels avec les logements. Cette mixité est un atout majeur qui doit être introduit dans une future programmation pour une composition urbaine diversifiée. . Le budget abordable Le projet a été destiné aux anciens militaires qui logeaient dans les bidonvilles, l’enjeu majeur était d’élaborer un modèle à un prix qui s’adapte à la situation financière de la communauté concernée. Les parcelles sont fournies gratuitement

Les concepteurs du projet doivent préalablement cibler la communauté concernée et étudier leurs besoins à long terme. Il s’agit d’une spéculation poussée permettant de concevoir des logements adéquats aux besoins progressifs de ces habitants.

. L’instauration d’un code urbain uni :

La réussite du modèle évolutif est une responsabilité partagée par les autorités et les habitants du quartier. Il faut : . Renforcer les relations mitoyennes Les relations humaines entre les habitants du quartier ne sont pas à négliger, leur rôle est décisif sur le devenir du quartier. Il faut donc améliorer les rapports de mitoyenneté et introduire les habitants dans la conception. Cela va apporter un sentiment d’appartenance fort au quartier et mener à son respect. . Simplifier la compréhension des plans En général, les acquéreurs se retrouvent face à des documents qui ne savent pas lire, ce qui explique le développement intuitif des extensions. Les habitants doivent ainsi être initiés à la compréhension des plans. . Contrôler les extensions Le contrôle et le suivie des extensions est primordial à ce sujet, il est indispensable de multiplier les contrôles par la mise en place d’un comité agrée responsable du suivie.

Pour faire face à la progression des façades individualisées incohérente, les autorités pourraient introduire un code urbain qui limite l’usage des couleurs, des textures et de matériaux et les unifier.

. Le renforcement de l’insertion urbaine En 1994, le quartier était isolé et marqué par le manque d’équipements. Il a fallu attendre environ 12 ans pour que la région de Témara se dynamise. La future programmation devrait donc impérativement prendre en compte l’insertion urbaine du projet.

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Conclusion générale : Le modèle évolutif expérimenté à Témara témoigne de plusieurs qualités urbaines et architecturales. Néanmoins, son évolution révèle plusieurs faiblesses qui relèvent un réel défi. On pourrait résumer les dysfonctionnements de ce modèle observé en se basant sur deux points fondamentaux : Une pauvre gestion des autorités d’une part, et l’indifférence des habitants vis à vis du bien commun d’autre part. Une question que l’on doit se poser, est celle qui met en relation le contrôle des extensions face à la soif démesurée des appropriations individuelles. Le suivi du développement progressif pourrait être l’une des clés de la bonne réussite du projet. Cela permettra une appropriation en règle et empêchera ainsi un développement hasardeux. L’engagement sérieux des autorités et des habitants se veut sans aucun doute comme une base fondamentale pour le bon développement du modèle évolutif. Il s’agit d’une responsabilité partagée qui nécessite de trouver la balance entre liberté des habitants et contraintes des autorités sans empêcher le développement de l’habitat. “Une ville ne vaut pas plus qu’un jardin de roses” José Santos Chocano , La ville de fer

Si l’implication des enjeux socio-économiques et culturels est fondamentale dans l’élaboration du modèle évolutif et de sa réussite, il n’y a pas lieu de négliger le rôle de l’architecte. Ce dernier pourrait être le médiateur entre les autorités publiques et les habitants. Il assurera ainsi le suivi du projet et assistera à la construction des extensions. Dans le cadre de la démarche opérationnelle d’une bonne conception d’un projet qui se veut progressive, il faut prendre en compte la compréhension du savoir-faire local dans sa diversité et sa spécificité.

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Il est important d’envisager une intégration des éléments architecturaux identitaires du tissu urbain en question (traditionnels), dans le nouveau modèle standardisé afin d’instaurer une dimension contextuelle à l’image du champ d’étude proposé. Un autre point par rapport à la limite des extensions est à considérer. Une fois contrôlée, un nouveau compromis entre les habitants et les autorités s’installe dans le but de garder l’équilibre entre harmonie du paysage urbain, et liberté de l’usager en question. Ce dernier doit soumettre aux règles collectives du bien commun, afin d'éviter toute forme d’extension intuitive hasardeuse. Dans le cadre du projet, plusieurs réglementations pourraient être instaurées pour réussir les extensions. Il s’agit d’imposer des limites par rapport à la taille, la hauteur et la densité du bâti. Par exemple, la surface d’extension au niveau du patio pourrait être limitée de sorte que la surface vide ne va pas en-dessous des 30% de la superficie totale. L’habitat évolutif au Maroc est un défi de tous les jours. Sa réussite implique une multitude de paramètres dans lesquels interviennent une autorité efficace, un cahier des charges minutieux, ainsi qu'un suivi et coordination continus de l’architecte, et sans aucun doute une prise de conscience responsable des habitants. Le respect et l’application de ces codes à la lettre permettra d’instaurer un modèle d’habitat plus résilient, pour une communauté plus responsable, pour un avenir plus prometteur.

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Glossaire

Bit (pluriel byut) Bit ed-dyaf Bit ed-drrari Bit el-glès Char’rie Dar Derb Ouest-ed’dar Maallam Makhzen Moqqadem Mrah Msid Sala Zanka

piéce(s). pièce des invités pièce des enfants. séjour, littéralement pièce pour s’assoire, s’installer. grande rue. maison. impasse ou rue. ittéralement « centre de la maison » désignant le Patio. maître-maçon. ’Etat, les pouvoirs publics. «chef du quartier » ; responsable administratif du quartier. cour découverte. école coranique. salon. rue.

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« Même l'organisation la plus parfaire a besoin d'évoluer tous les dix ans.» bernard calvet

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