Promotio Iustitiae 104

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2010/1

d) La foi Pour nous les chrétiens, notre foi n'est pas une opinion de plus parmi de multiples autres opinions. Elle exprime la conviction la plus intime qui donne sens et corps à l’ensemble de la réalité, et marque la règle d’une action morale en cohérence avec le sens des choses, en commençant par les personnes et en suivant toute la réalité dans son ensemble. Par conséquent, même si dans le panorama social, dans un contexte multiculturel et multireligieux, elle peut apparaître comme une opinion de plus parmi beaucoup d’autres, pour nous ce n’est pas le cas. Le panorama multiculturel ne possède pas de connotation négative pour la foi chrétienne, puisque lors de la Pentecôte, il est dit que toutes les personnes entendirent les merveilles de Dieu dans leur langue propre. Dans le christianisme, il n'y a pas de langue sacrée qu'il faudrait imposer à tous ceux qui se convertissent, mais chacun vit la foi dans sa propre langue, dans sa propre culture, montrant ainsi la richesse de la foi chrétienne et sa capacité d’annoncer dans les différentes langues et les cultures5. Le christianisme ne peut opter pour le fondamentalisme, parce que nous chrétiens, nous sommes convaincus que la foi chrétienne, reflétant authentiquement la vérité de Dieu, de l'homme et du monde, est un cadeau et une grâce de Dieu, qui ne limite pas la liberté. Imposer la foi est un contresens. On peut proposer la foi avec joie, avec conviction et avec le témoignage d’une vraie vie qui en procède, mais on ne peut jamais l’imposer. D'autre part, la foi chrétienne non seulement depuis les Pères apologistes du IIe siècle, mais aussi depuis 1Pe 3.15 insiste sur la nécessité que nous avons, nous les chrétiens, d’expliquer notre espérance à qui nous le demande et de le faire, en outre, « avec douceur et respect » (1Pe 3.16). Finalement, le fondamentalisme, comme attitude religieuse, ne cadre pas avec les paramètres de la foi chrétienne. En outre, le Concile Vatican II a préconisé comme attitude face au monde et aux autres religions le dialogue, dialogue qui n’implique ni l’amoindrissement des convictions propres, ni l’abandon de la mission6. Il a déclaré que le dialogue est le lieu privilégié de la rencontre avec les autres, qui sont différents et qui pensent différemment. D’autre part, la foi chrétienne possède une dimension publique et politique inhérente. Tout d’abord, la foi produit des réalités sociales et publiques. L’Église est une réalité à caractère historique et social ; les sacrements génèrent par leur propre dynamique des effets juridiques. La foi chrétienne ne peut se réduire à des convictions personnelles, subjectives ou à des émotions intérieures. Pour le christianisme, l’Esprit, la foi, cherchent à s’incarner, et à construire une histoire. C'est pourquoi, la foi est non seulement exprimée et

5Cf.

G. URÍBARRI, Multiculturalidad. Una perspectiva teológica: Razón y Fe 253 (febrero 2006) 131-142. PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX ET CONGRÉGATION POUR L'ÉVANGÉLISATION DES PEUPLES, Instruction Dialogue et annonce (19.05.1991) : Acta Apostolicae Sedis 84 (1992) 414-446 6CONSEIL

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