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Introduction

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Conclusion

Conclusion

Le mouvement moderne au début du XXe siècle, a redéfini la pensée architecturale en faisant table rase des significations, dans une société de plus en plus industrielle et productiviste. Dans ses prémices, il est incarné par le mouvement Art-déco. Au plan architectural, c’est un retour à la géométrie classique, et un rejet des formes régionalistes ou organiques. Il est question à ce moment-là de composition, d’ordonnancement, de symétrie, de hiérarchie des formes dans le dessin en plan.

Par la suite, le mouvement moderne a recentré la pensée sur l’espace, le mouvement et la liberté des flux dans ces espaces. Ce sont d’abord les congrès des CIAM qui ont défini la doctrine moderne au début du XXe siècle. Durant le premier congrès des CIAM en 1928 en Suisse, les intellectuels définiront une nouvelle pensée de la ville, une pensée fonctionnelle. La ville ne doit plus avoir de considération esthétique mais simplement répondre aux usages, que sont l’habitation, le travail, les distractions et la circulation. Ils soulignent qu’il faut dorénavant une utilisation intelligente des terrains, pour favoriser la planification de la ville et donc une gestion collective de la ville.

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Le Corbusier, lui-même membre des CIAM, va beaucoup influencer la doctrine moderniste. Il participe d’abord à l’écriture de la charte d’Athènes. Elle énonce de grands principes urbains : la répartition des espaces urbains en quatre fonctions (habiter-travailler-récréer-circuler) ; la séparation entre le bâti et la voirie ; la hiérarchisation des voies ; l’aération des espaces urbains pour le bien-être ; la proximité des équipements scolaires et de loisirs des habitations ; la juste distance entre les zones industrielles et les zones d’habitation. Le Corbusier précise sa pensée et se détache de ses contemporains dans ses écrits où il offre ses cinq points de l’architecture moderne : les pilotis ; le toit terrasse ; le plan libre ; la fenêtre en bandeau ; la façade libre. Ce sont ces grands principes architecturaux, qui caractérisent les espaces urbains modernes. Ce sont de grands espaces fluides et continus au sol sur lequel viennent se poser des bâtiments assez hauts mais généreusement espacés et orientés par rapport à la course du soleil. Le bâti est fait de béton armé en structures avec souvent des éléments préfabriqués de remplissage en façade.

C’est à travers ces éléments décrits par Le Corbusier et les CIAM qu’il a été possible d’interroger la morphologie de Royan. Par ailleurs un corpus de trois ouvrages ( A-M, Préaut, 2012 ; G.Binot, 1999 ; G. Ragot, 2003), l’observation des plans des projets successifs pour la ville, et l’analyse des doctrines contemporaines à ceux-ci, ont permis de relire le paysage urbain, la typo morphologie du bâti. Mais c’est bien le travail de parcours dans la ville et l’interrogation des habitants actuels par des questions ouvertes qui permet aussi de témoigner de ce qu’est l’habitat royannais aujourd’hui.

L’application la plus pure et radicale des principes modernes s’est faite dans des villes coloniales, ou dans des villes reconstruites suite à la seconde guerre mondiale. Royan fait partie de ces villes reconstruites, où une pensée moderniste a pu se réaliser à l’échelle du territoire.

Royan entretient un rapport tendu avec la modernité. Elle a certes été détruite à 80% en son centre mais garde une partie de son bâti. C’est une ville de pêcheur au XXIIIe siècle qui est devenue une ville balnéaire à partir du XIXe siècle avec la mode des bains de mer dans la bourgeoisie. Une ville qui s’organise autour d’une grande plage, et un bourg avec des quartiers de villas en périphérie. Les habitations étaient régionales ou classiques, les espaces urbains n’avaient que peu subi de planification. La confrontation de la doctrine moderne avec cette ville, jusque-là hors de toute modernité architecturale et urbaine telle que définie par les CIAM, interroge un rapport de rupture de production de la ville et donc de l’habitat. L’habitat considéré comme l’habitation et l’ensemble des espaces publiques pratiqués par les habitants.

C’est ce rapport particulier que l’on observe encore aujourd’hui dans l’ensemble de l’habitat royannais. A la fois parce que le bâti ancien côtoie le projet moderne et à la fois parce que la pensée moderniste a insufflé une dynamique balnéaire et a modifié les modes de production du bâti par la suite.

Comment la doctrine moderne a engendré dans les années 50 à Royan, une rupture dans les modes de production de l’habitat ?

Pour comprendre la rupture, il faut comprendre ce qu’était Royan avant d’être détruite en 1945. Quels étaient les modes de production de la ville, vers quoi voulaient-ils tendre ? Comprendre par l’étude de projet à l’échelle urbaine quelles étaient les doctrines d’avantguerre.

Puis, par la suite comprendre les enjeux de la reconstruction et pourquoi cette ville a-t-elle été un lieu d’application de la doctrine moderne, et dans quelles circonstances. Il faut aussi identifier les références des architectes de la reconstruction, et leur positionnement face à la doctrine moderne.

Et enfin, il sera question d’identifier les effets des doctrines modernes appliquées à la reconstruction de Royan et donc de témoigner de cette rupture doctrinale par l’étude des espaces urbains créés et de la retranscription du vécu des habitants.

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