L'kounach 2010

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Mai 2010

Esprit libre et creation urbaine


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Sommaire 5 EDITo 6 Les petites histoires de l’année

44. Chinese man, la quête de l’esprit zen continue 45. Pro7, le set et le fouet // Kareem Raïhani, en transe avec les anges 46. Le peuple de l’Herbe, Electro féroce 47. Haoussa, feel the noise

8. On fabrique du son

48. La résidence, tout en rythme

9. Rocking hard ASIDD

49. L’expo, Down side up and outside in

10. The day Michael died // Le bédo s’est éteint 11. Maarif way 12. Zahra Hindi, Envoûtante 13. Cachez ces pieds que je ne saurais voir 14. Saad TV // Mastodontes culturels 16. This is Maroc // L’hymne écolo 17. Dark bendir, recette génétique 18. Une deuxieme chance 19. Le comeback d’une salle // 13 pour la friche 20. Un maroc propre // En studio pour le prochain

50 AU BOUT DU CHEMIN, L’AFRIQUE

52. Being african...

54. Itw. Didier Awadi : «l’unité africaine: Voilà mon but» 56٫ Le rap, outil contestataire // Une Marche pour l’Unite 57٫ Le Rap, outil educatif 58. A journey to Hip Hop Harmony in Northwest Africa

22. Tremplin 2010

64 LES ANNEES 2000,

24. Jamal Nouman, le rescapé

66. 12 ans au carré

21. On vous raconte les infos // Profession artiste

C’EST FINI

67. Le cap de la connerie

26 L’Boulevard 2010 29. Sepultura, Metal do Brasil

31. Itw. Andreas Kisser : “Rise Sepulnation” 32. Metal around the world 34. Oua bba bellouma 36. Do rock not Bombs 38. Atmosphear, c’est du lourd // Sakadoya, puissance en vue 39. Hardonik, hard et harmonique

68. J’ai tout misé // Un flic intègre 69. Mes années 2000 70. Remises en question 71. ça ira mieux demain

Et aussi ... 72. Pratik

74. La post-génération

40. Ma memoire de metalleux 42. Le rock chaotique expliqué par Hoba

L’Kounache del L’boulevard 2010

Rédactrice en chef : Chadwane Bensalmia. Rédaction : Reda zine, Amale Samie, Stéphanie mollé, Amine Hamma, Ayla Mrabet, Meryem Saadi, Layal Rhanem, Mehdi El Kindi, Najib Tadili, Seddik Khalfi, Aïda Semlali, Rita Khaldi, Mehdi Bounouar, Mafalda, Ali Kettani, Salma Oulad, John Rabot et O. Ferlaine, Mehdi Metallica, Indira Valo, Aisha Fukushima, Maria Laraki, Loubna Darrazi, Shivani Ahlowalia, Alma Lotfi, Younoussa Soumah, Condé Laye Mamadi, Setti Fatma. Direction artistique : Achraf El Kouhen. Graphisme : Meriem Ihsane, Zakaria Latouri. Illustrations : Oumnia nia, 3wina, Doris. Crédits Photo : Jif, Zak, Eric Lagarde, Mohamed Smyej, Aicha El Beloui, Yann Sivault, Yassine El Mansouri. Marco Ricci.


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EDITO

2010, Khemsa ou Khmiss

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n a dû en rire une bonne demi-heure ce soir-là. 2010, Khemsa ou Khmiss. Une blague facile lâchée au dernier coup de minuit ; le 31 décembre 2009, tous perchés à la montagne, Tassemmitt, le combat d’Asidd, le repaire de Tonton, dans l’arrière-pays où il se bat depuis des années pour bâtir, école, dispensaire, coopérative, gîte touristique, bref une petite économie, une vie digne et une raison de croire en l’avenir. Depuis ce 31 décembre, Tonton a pu en construire une deuxième d’école. Le gîte est désormais ouvert. Et les travaux du dispensaire démarreront cet été. 2010, Khemsa ou Khmis. L’aménagement du Boultek est terminé. Il a déjà quelques bœufs au compteur, trois quatre show cases programmés et un set privé de Amazigh, cadeau du Cowboy Kabyle à l’équipe de l’EAC, au lendemain de son concert au Tremplin. Le Boultek sera bientôt ouvert. Les zicos d’ici-bas pourront dès cet été

y répéter, tous les jours, les soirs, et monter le son à s’en crever les tympans si ça les chante. 2010, Khemsa ou Khmiss, les bureaux de l’assoc ne désemplissent plus. D’anciens camarades de route se retrouvent. De nouvelles rencontres se font, des musiciens, des associations, des bénévoles, des graphistes, des techniciens, des vidéastes, des circassiens. Des projets naissent, d’autres grandissent. Le cycle du documentaire musical, le Rock Salé, le Tremplin, le souk associatif, le premier album de Haoussa, la Fabrique des Abattoirs, la webradio … 2010, Khemsa ou Khmiss. L’Boulevard est dans quelques jours. Les temps durs seront bientôt oubliés. On revient au COC, à ciel ouvert, 30 000 personnes, du gros son, la sueur, l’adrénaline, la transe, la célébration, la liberté, le rock, la revendication, la différence, le bénévolat. Et un anniversaire, le 16 mai... avec Sepultura. L’équipe L’BOULEVARD


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Au Boultek

On fabrique du son Ça sonne bon au Boultek ces jours-ci. Barry répète au Ground 0, le plus grand des 3 studios de répet’, au rythme de 10h par jour. Il a enfin remonté un groupe, où on retrouve entre autres un revenant, Brahim Terkmani, le batteur des feus Total Eclypse. Khalid et Nadir des Haoussa ne devraient pas tarder. Ils prendront le relais au Ground 0, pour une petite heure de répét’, guitare et vocal. Et dans deux jours, ce sera au tour de la résidence L’boulevard - Pirineos Sur, d’occuper le studio. Le seul opérationnel pour le moment. Les autres studios de répét’ attendent les dernières finitions. Au Boultek, ces jours-ci, on prépare L’boulevard. Enfin là. La dernière édition s’était faite dans la douleur, le surendettement et le nomadisme. En juin 2008, L’boulevard s’était soldé par un cumul d’un demi millions de dirhams de dettes et une assoc toujours à la rue. Le Boultek, Centre de Musiques Actuelles était alors tout juste un titre. La couverture d’un dossier sommaire d’une vingtaine de pages, qui a grandi avec la liberté

d’imagination qu’offrait le sous-sol du Technopark, premier mécène du Boultek. Dans les faits, et pour rester fidèle à l’histoire, le Boultek a démarré avec seulement 15 000 dhs – à peine de quoi abattre les chambres froides du sous-sol - un dossier financier qui a aura pris six mois de travail et beaucoup d’obstination. Entre-temps aussi, un don royal de deux millions de dirhams a permis à l’assoc d’éponger les dettes accumulées. D’autres mécènes ont suivi. Le chantier du Boultek aura, en tout et pour tout, pris onze mois pour être bouclé, à quelques détails près. Les dernières tâches de ciment au sol, deux trois tours de ponceuse et de la moquette au sol. Il reste aussi à trouver les fonds pour acheter le Back line des studios de répét’, équiper le studio d’enregistrement, la web radio, le 36, et préparer les plannings de répét’, avant de pouvoir ouvrir les portes, officiellement, pour tous. D’ici la fin d’été. Sans doute. C.B


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Tassemmitt

Rocking hard ASIDD C’est vrai qu’elle rock cette association depuis sa création en 2002. Pas à pas, le dur rocher de Tassemmitt a accès à des plaisirs aussi simples qu’indispensables. Des plaisirs tellement basics que les urbains ne les voient même plus. Accès à l’éducation, à la santé, au développement durable, au tourisme solidaire et à l’agriculture coopérative sont au programme. Les montagnards adhérents d’ASIDD ne sont pas étrangers à ces plans. Ils sont d’ailleurs le cœur même du développement responsable de leur environnement et gèrent désormais l’avenir de leur montagne de manière collective. Comme le disait le vieux maître Lao, «Un chemin de mille lieues commence toujours par un premier pas». Dans notre cas, le premier pas a du poil au menton et s’appelle Amale SAMIE. Le chemin n’est pas encore terminé, les mille lieues ont pourtant été parcourues et la pente a tenu ses promesses de dénivellation, mais ASIDD et son président n’ont jamais baissé les bras. Imperturbables. Solides comme un roc. Réunions après assemblées générales, rendez-vous chez les autorités après dossiers de demandes de subventions, pierre par pierre et sac de ciment par sac de ciment, le Tonton ne fatigue pas. Il accompagne les Aït Slimane de Tassemmitt dans la construction d’un avenir plus serein, moins éreintant, un avenir qui n’imprimera plus autant de profonds sillons sur les visages. De toute façon, il n’aurait pas supporté de rester planté sous un olivier centenaire à siroter un thé, alors qu’une gamine chétive et va-nu-pieds, s’acharne devant lui, sur sa corvée d’eau quotidienne sans rien n’y faire. La dynamique est lancée, et, dés 2005, avec le soutien du l’Boulevard et des groupes comme Hoba Hoba Spirit, ASIDD parvient à ouvrir une première école .

Ce n’est jamais qu’un commencement. ASIDD a beaucoup de projets sur le coeur et en particulier celui de faire découvrir les paysages de cette route vers les contreforts de l’Atlas aux visiteurs qui sauront respecter la splendeur de cet environnement hors du commun. Les appétits de ceux qui ne savent être rassasiés que par les coulées de béton trouvent face à eux une volonté de respect de la nature. ASIDD lance alors en concertation avec l’assemblée des habitants, un plan de tourisme solidaire et responsable. Parcours de randonnées, festivités et surtout hébergements voient le jour. Pendant ce temps-là, Amale est de tous les fronts. Il poursuit l’aménagement d’un premier gîte de montagne alors même que se profile une nouvelle mission de construction d’école sur les versants les plus reculés du massif. Aujourd’hui, ce gîte à la fois écologique et confortable est entré en activité. Il propose d’accueillir les groupes, les familles ou les voyageurs solitaires pour des séjours à la frontière de la magie. A la rentrée 2009-2010, et grâce à l’acharnement tontonesque, ASIDD ouvre en grande pompe une nouvelle école. Une école qui là encore, ouvre une pléiade de perspectives d’avenir en attendant la relève. S.K


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Pop

the day Michael died Tout le monde se rappelle de ce qu’il faisait le soir où la mort de Michael Jackson a été annoncée. Jeudi 25 juillet 2009, A 22h30 (heure locale), le site people américain TMZ.com annonce la mort du roi de la pop, à l’âge de 50 ans. Les premiers à apprendre la nouvelle sont ceux postés devant leur ordinateur. La toile s’emballe dans les quatre coins de la planète. Au Maroc, le désarroi est «facebooké». En quelques minutes, des milliers de statuts se figent sur le deuil. Les vidéos de Michael doublées en darija ; les photos de sa visite éclair à Casablanca en 1996 ressurgissent sur les écrans. Personne ne veut y croire. Les jours et semaines suivants, les hommages se multiplient. Dans la rue, les cafés, à la radio, «Billie Jean», «Beat it» et «Black or white» se font échos. Les initiés aux légendes urbaines de Casa ont une pensée pour les «Frères Michael» made in Casa-city. Tarek et Mohcine, les sosies casablancais, pros du Moonwalk pour avoir habitué la populace du centre ville, entre Maârif et Mers sultan depuis une quinzaine d’années déjà. La paire ne se fera pas voir dans la rue avant des semaines. Même pas au dance tribute que les fans casablancais avaient organisé, tant bien que mal, au jardin du Nevada. Nos condélances le monde. M.S

Bande Dessinée

LE BEDO S’EST ETEINT Par définition, un bédo ça s’allume, ça se partage, ça se consume… puis par définition, aussi, ça s’éteint. Sauf que quand il ne s’agit pas de fumette, mais bien d’un bimensuel d’information basé sur la bande dessinée, gratuit, original, décalé, innovant, bien écrit et dessiné… qui s’éteint, beh ! On sait qu’il ne suffira pas d’en rouler un autre pour que le plaisir reprenne. C’est malheureusement ce qui est arrivé à Bédo Mag, qu’on a croisé durant trois numéros courant 2009 dans les rues de Casablanca, dans certains spots stratégiques de la ville, ou bien en téléchargement sur Internet. Le projet, mené par Abdou Slaoui à la direction artistique, Louis Jacquin aux pinceaux, Hamza Chaoui au commercial, Mehdi Laaboudi à la publication et Hassan Kadiri pour la production, était pourtant prometteur. Au sommaire, de l’info nationale et

internationale - politique, polémique et culturelle traitée sans ménagement, avec un ton impertinent et des personnages hurluberlus inspirés de notre quotidien : Abdou le gardien de parking, Jmi3a la bonne, les expaterrestres et Rizky & Hutch. En somme, Bédo c’était du jamais vu dans la presse marocaine, une vision fraîche et décalée de l’info à destination des casaouis ! Vraiment de la bonne came ! Cela dit, si c’était aussi l’avis de nombreux lecteurs durant sa (trop) courte existence, ça n’était pas vraiment l’opinion des annonceurs, soutien irremplaçable sur lequel comptait le support, puisque gratuit. La loi des affaires est donc allée de pair avec la loi tout court : si publicité il n’y a pas, point de Bédo tu ne…liras ! Encore une belle initiative qui serait pourtant venue enrichir le panorama de la presse écrite marocaine, une idée inspirée et créative que le conformisme et la frilosité sont venus briser. Avec un tel nom, peut-être était-il prédestiné à s’éteindre... ? Pourtant, ce Bédo là, ça n’était pas de la dobe ! M.T


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Derb Culture

Trés vite Vinyles vintage

Maarif way

Pour les nostalgiques des 33 tours, le Label EMI réédite l’ensemble des albums du groupe «VARIATIONS» en Vinyles Replica Deluxe, version identique aux originaux. Et pour les impatients, le premier album « Nador » est déjà disponible depuis le 15 mars 2010.

La bonne volonté de Hoba… Passe chez nous au Maârif ! Passe nous voir, et vient partager de bons moments ! C’est le message simplissime du 1er festival « 3endna FIMaarif », organisé par le RESAM, réseau qui fédère les associations du quartier le plus effervescent de Casa : le Maârif. « Cet appel s’adresse bien entendu aux festivaliers qui viendront participer à un ou plusieurs des événements programmés, mais surtout aux habitants du Maârif eux-mêmes », précise Simo Smyej, concepteur et directeur culturel de l’événement. Le quartier et certes commerçant, mais cela ne veut pas forcément dire qu’il n’y a que des commerces au Maârif. Il faut se réapproprier l’espace, créer du lien social, faire revivre le quartier. Et pour y arriver de façon ludique, plusieurs ateliers de photo, théâtre, vidéo, sculpture, graf, magie et customisation, ont été installés au complexe culturel ZafZaf, devenu QG du festival depuis le 19 avril. Exemple : le sténopé, ancêtre de l’appareil 10 Millions de pixels, propose aux enfants de prendre le temps de photographier leur quartier avec des boîtes à chaussures. L’artiste graffeur Morrane a mobilisé des jeunes du Maârif pour redonner des couleurs contemporaines aux rideaux de fers des boutiques délaissées. Bien qu’urbain jusqu’au bout des espas, le festival n’en a pas moins une fibre écolo. Abdelhak El Youssi vient de faire revivre la fontaine de la rue du Jura en y installant une sculpture faite à partir d’un arbre mort récupéré à proximité, et de chutes de fer recyclé. Malik Sekkat, jeune créateur a quant à lui pris le parti de faire de la pédagogie en douceur. Pour cela, il customise avec les enfants les poubelles publiques. Autre initiative lancée par les Maâriffeurs : le marathon des fumeurs. Kézako ? Simplement une manière de faire de la prévention sans avoir l’air d’y toucher. Parce qu’il est vrai que les discours moralisateurs, y’en a marre. Un bon jogging sur 5 km et entre potes vaut mieux qu’un long discours d’endocrinologue. S.K

Le dernier album «Nefs & Niya» de Hoba Hoba Spirit est sorti en janvier dernier. Enregistré au studio Real World en Angleterre, il a été produit par Justin Adams. A l’occasion de sa sortie, le groupe a organisé une série de concerts dans 6 villes : Safi, El Jadida, Khouribga, Beni Mellal, Taza et Khemisset. Les recettes ont été reversées à l’association Mama Assia - Amis des Centres de Réforme et de la Protection de l’Enfance. Ce 5ème album est disponible en téléchargement libre sur le portail: www.iam.ma.

Nouveau théâtre dans la ville

Le plus grand théâtre d’Afrique et du Moyen Orient sera casablancais. Au cœur de la ville, à la place Mohamed V, près de 25.000m lui seront dédié. Il s’agira d’un réel petit village culturel qui animera le centre ville. Une grande salle polyvalente de 1800 places, un théâtre de 600 places, des commerces, des espaces de convivialité, une librairie, une salle d’exposition et des galeries d’art, autant dire que la ville de Casablanca n’y va pas de main morte. Cet espace dédié à la création est signé Christian Portzamparc et Rachid Andaloussi, qui ont remporté le concours lancé par la ville de Casablanca et la Fondation des Arts. Le bâtiment promet d’être un chef d’œuvre architectural avec un style fragmentaire et élégant qui s’intègre au paysage et respecte l’identité de la cité. En espérant qu’il ne suivra pas l’exemple des « Dar Chabab » qui n’ont de jeune que le nom, et qu’il sera ouvert aux artistes voulant répéter et se produire, ainsi qu’aux nouvelles mouvances de la scène culturelle sans aucun conservatisme. Au pire les pigeons en feront leur quartier général. L’ouverture du nouveau monument est prévue pour fin 2014, d’ici là il faudra faire avec ce qu’il y a, à savoir pas grand-chose.


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Zahra Hindi

EnvoUtante

pose ses lèvres sur te. A l’instant où elle an ût vo en t es i nd Hi Zahra ux que mystérieux. vient aussi langoure de rd ga re n so o, le micr

Envoûtante aussi avec ses gestes en douceur et la nonchalance des mouvements de ses reins qu’elle ne peut empêcher de balancer. Envoûtante avec les allures d’andalouse que lui donnent ses robes bariolées et ses bracelets qui semblent sortis tout droit de l’univers de Gatlif. Elle pose sa voix délicate sur le micro, et là, tout en volupté, la belle nous fait dresser les poils des avantbras. La magie opère. Elle brasse les influences, se joue des barrières linguistiques et nous fait partager, l’espace d’un instant, son univers si particulier. Zahra Hindi est authentique, elle partage sans retenue et sans rien attendre en retour. Il se susurre d’ailleurs que les festivaliers de Dakhla-09’ se rappelleront longtemps les

douces nuits qu’elle leur a offert lors de bœufs sans fin. La belle amazighe se fait connaître avec un premier morceau, “Our souls”. Un titre au doux parfum d’ambiguïté, qui évoque à la fois «our souls», et «le passé révolu» chanté en berbère… Puis vient «Beautiful Tango», une ballade aux accents d’éternel nostalgique, un hymne à l’amour, comme une pensée triste à faire chavirer les cœurs et âmes sensibles. A tomber. «HandMade», son dernier album débute par cette balade et pose aussi rapidement le décor de son univers. Il cartonne en ce moment dans toute l’Europe, où Zahra Hindi a conquis les cœurs, de Londres à l’Allemagne, et de Hollande à Cartagena en Espagne. Seddik Khalfi


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Chronique

Cachez ces pieds que je ne saurais voir Des godasses blindées. C’est sans aucun doute la seule chose qui pourrait sauver les générations de pieds à venir. Eh oui, au Maroc, les panards aux orteils alignés et aux ongles impeccables ne courent pas les rues. Si vous pensez que cette problématique pédestre ne concerne que les footballeurs, détrompez-vous. C’est un fait : pour les marocains, les pieds, ca ne sert à rien. Sauf, quand même, à marcher. « Pas la peine de s’en occuper, on ne les remarque jamais, c’est pas comme les mains », qu’ils se disent. Et cette pensée est aussi bien ancrée dans la tête du footballeur de votre quartier, celle de votre épicier, ou encore dans celle de votre rappeur ou de votre DJ préféré. Le truc, c’est que tous, mais alors tous, ont eu comme première « chaussure » l’éternelle Sendala D’Mika. Pas chère, aérée, confortable, on ne peut pas nier ses multiples avantages. Sauf que l’excès nuit, même aux pieds : à force de jouer au foot avec, de courir avec, de nager avec, de dormir avec, de fêter l’heure d’été et le réveillon avec… Eh ben, ça donne des orteils totalement difformes. Et des ongles que même une semaine intensive de pédicure ne pourrait sauver. Un véritable drame esthétique. A la piscine,

au Hammam ou à la plage, on pourrait presque frôler la syncope. A ce sujet, combien de fois, en louchant sur un canon en train de faire bronzette, n’avez-vous pas eu le sentiment d’être projetés dans un film d’horreur en glissant le regard sur ses pieds ? Inutile de préciser que les jolies tongues fleuries que chausse l’objet de votre désir n’amoindrit en rien l’effroi que vous pouvez ressentir. De deux choses l’une : soit vous prenez la poudre d’escampette, soit, si c’est l’amour de votre vie, vous lui imposez le port permanent de la belgha. Tout aussi pratique et confortable, cette pantoufle traditionnelle est surtout fermée. Et pourrait au moins cacher l’unique défaut de votre bien-aimé(e). En tout cas, pour sauver votre descendance de la malédiction des « ugly feet », n’oubliez pas : les godasses blindées ! Indira Valo


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Parodie

SAAD TV Il s’appelle Saad, il a 21 ans, et depuis quelques mois, c’est une petite star de l’Internet. Non, ce n’est pas lui qui aime Alisson, très forte très forte. Ses vidéos sont quand même mieux montées, il ne s’amuse pas à chanter, et lui, au moins, il sait qu’il fait rire. Pensée émue pour Walid Djaghlouf, et retour au sujet. Aux chaînes locales soporifiques, Saad a préféré créer un channel YouTube. Tapez SaaadTV (oui oui avec trois « a ») sur le site d’hébergement vidéo, ou arakoum l’ffraja. Sa première vidéo est une introduction à la géo anthropologie. Que ça ne vous fasse pas peur, c’est juste un prétexte pour parler du Maroc et de ses contradictions. Son mot d’ordre : « raise public awereness », comme il dit, et y mettre son petit grain de folie. Et ça marche : outre les milliers de views et

de commentaires, on commence à reconnaître Saad dans la rue. « Au début, ça me faisait bizarre. Genre ah ouais, c’est moi que tu reconnais ? » . Eh oui, le monde merveilleux de La Toile. Et puis, on commence même à lui proposer de « vendre » son concept. Et Saad, passez-lui l’expression, a un peu « le cul entre deux chaises ». D’où moins de régularité dans les vidéos postées. En tout cas, il faudrait qu’il se décide, et vite, parce que nos internautes commencent déjà à s’impatienter. Alors Saad, tu fais ce que tu veux, mais tu alimentes vite ton channel. Ça commence à nous manquer. www.youtube.com/saaadTV A.M

Distribution

Mastodontes culturels Il y a du nouveau côté culture. Alors que plus personne n’y croyait, pas moins de deux mégastores ont décidé de s’installer chez nous ! D’un côté, à Marrakech, Virgin a déjà pris ses marques. Ouvert depuis le mois d’avril, le magasin s’étale sur deux étages pour une superficie de 2000m. Dans ses rayons : livres, CD, DVD, jeux, objets dérivés et matériel de papeterie… Ainsi, les albums de Nass El Ghiwane, vendus à 15 Dhs, côtoient les nouveautés internationales, comme Charlie Winston, qui peuvent atteindre les 300 Dhs. A l’étage, le Virgin Café se veut un lieu de rencontre des écrivains et des artistes autour de séances de signatures ou de concerts en live. C’est d’ailleurs Muslim qui a ouvert cette nouvelle scène marrakchie, le 3 avril dernier. Mais Casablanca n’est pas en reste, puisque dès janvier 2011, la Fnac ouvrira ses portes en grande pompe ! Sur plus de 2200 m, livres, musiques, micro-informatique, photo, son, TV-vidéo, jeux, vidéo et DVD se partageront les rayons. Avec en prime un café et un forum pour laisser libre cours aux manifestations culturelles de toute sorte. Ces deux grands dealers de produits culturels promettent

d’autres ouvertures dans les prochaines années sur Rabat, Fès, et Tanger. Plus petit, mais tout aussi ambitieux, le premier Mawazine Store a vu le jour au Twin Center de Casablanca le mois dernier. Destiné à la billetterie du Festival Mawazine dans un premier temps, il devrait rapidement se transformer en magasin de CD et de produits dérivés, pour la production musicale marocaine et spécialement celle issue de Génération Mawazine. Un second Mawazine Store est déjà en cours à la gare de Rabat. Si le marché des produits culturels s’ouvre, reste à voir s’il est rentable ! Suite au prochain L’Kounache… S.M


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Docu musical

This is Maroc Les Hat Trick Brothers, ça vous parle ? Ce trio de choc signe son premier film, «This is Maroc». Un road-docu intimiste consacré à la nouvelle scène, et filmé en 2009 sur les routes du Maroc. Chanteurs, musiciens, artistes, organisateurs et animateurs radio livrent leurs impressions pour parler de l’effervesence de la scène des musiques actuelles, de la naissance du mouvement urbain à la réalité qu’ils rencontrent aujourd’hui. On y verra entre autres les confessionsanalyses de Would Cha3b, des H-Kayne, des Fez City Clan, du manager Hicham Kabbaj, de Khansa Batma… «Nous ne sommes pas allés vers les gens comme des reporters, mais comme des personnes curieuses, avec un réel intérêt d’écouter ce que les différents acteurs avaient à nous raconter de leur conception du mouvement», explique Nicolas Orsini, l’un des trois réalisateurs. Derrière la caméra, Yann Sivault signe la photographie et

Jawad Tazi, comme les deux autres acolytes, réalise et produit. Peut-être que la sensibilité acoustique de Jawad et Nicolas, membres par ailleurs du groupe de rock Chibani, leur permettra d’apporter ce petit truc en plus à ce documentaire socio-musical. Les Hat Trick Brothers projettent déjà d’autres aventures audiovisuelles, dont un documentaire sur la musique country en France. Quant à This is Maroc, après une première projection qui a remporté un franc succès dans une galerie londonienne en décembre dernier, projo doublée d’une exposition photographique, le docu devrait bientôt être dévoilé à Paris, Casablanca et Rabat, avant une diffusion plus large sous différents formats. À suivre ! A.S

Journée de la Terre

l’hymne ecolo Le classique et l’urbain se sont croisés, mêlés et ont fini par fusionner avec brillo le samedi 24 avril à Rabat. Oum, Tachinuite, Adil Bencharoun (H-Kayne), Hayat El Idrissi, Hamid El kassri, Adnane Laayouni et d’autres, ont participé à une résidence artistique, initiative du comité d’organisation de la journée de la terre, pour une clôture tout en musique, avec le morceau «Akal», le tout sous la direction de Hicham Bajjou, ex-chanteur de Dayzine, Kingstoune et Total Eclipse. Allant d’un son Jazzy accompagné du Luth au tendance Hassani sur la voix d’Oum, mutant vers un beat un peu plus Hiphop pour accompagner la voix d’Ali, puis s’adoucissant pour accompagner le Malhoune de Hayate El Idrissi, qui ouvre le bal à un Bajjou jonglant avec les mots avec aisance. Le rythme s’accélère, crescendo et prend les tons du sud pour mieux suivre une Tachinuite au tempo rapide et un Hamid El Kasri qui ponctue la compo avec Hajhouj et krakebs.

Les bases rythmiques changent d’un couplet à l’autre. Le texte vole d’un accent à l’autre, d’une région à l’autre. Un Hassani mélodieux, une Darija différente qui va du slam à la poésie du Malhoune, et un Tachelhite naturellement mélodieux. «Akal», chante la nature, avec un œil critique sur le comportement quotidien des marocains. Mafalda


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Chronique

Dark bendir, recette genetique On retrouve dans le tajine génétique du Marocain toutes sortes d’épices, d’ici et d’ailleurs. L’origine des saveurs est indéfinissable voire impossible à retracer. La recette ? Pas besoin de tests scientifiques, d’études géographiques, ni de «chance» google. Les porte-parole de la Hayha Music s’en sont chargés pour tous. Et dans le lot de leur dernière testimony, rien de mieux que Dark Bendir Army, sur fond tribal, rythmes de nos guerriers de l’Orient Maroc Express, pour définir les règles de la haute gastronomie génétique marocaine, façon Hoba Hoba Spirit. Secrets d’une recette «Spécial futurs géniteurs», les quantités sont à titre indicatif, 3ainek Mizanek. Etape 1 : Versez dans un grand mélangeur contenant 50 cl d’Afrique en concentré: 50 cl de culture berbère, Zlafa dial la culture arabomusulmane, Ness Kass d’héritage judéo–chrétien, quelques branches d’héritage tribal ou ethnique selon goûts et habitudes, 2 cuillères à soupe de poudre mauresque, 2 cuillères à soupe du mélange d’héritage portugais, français, espagnol (se trouve dans les commerces traditionnels dits «el 3achab post colonial» ), 1/2 verre de jus de schizophrénie et 1 zest de Fhamatorisme (déconseillé pour les estomacs sensibles). Mélangez le tout et versez dans la Gamila. Etape 2 : Laissez mijoter 9 mois sur feu doux, vérifier la cuisson régulièrement. Etape 3 : Pendant la cuisson. Saupoudrez le plat d’une bonne dose de mondialisation. Placez dessus une cou-

che consistante de Nefs et de Niya grossièrement hachée. Râpez 1 éducation entière et 1 gousse fraîche de civisme. Versez le mélange directement sorti du feu sur le plat. Félicitations, vous êtes désormais un cordon-bleu de la génétique marocaine. Il ne vous reste plus qu’à dresser la table et monter le son ! Rita Khaldi


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Rap

UNE deuxieme chance

«Tu veux bien écrire la bio de Jallouta. il n’en a pas». Personne ne le connaît, le Jallouta en question. Timide à en rougir, discret, avec une prononciation approximative du «r» qui lui donne un côté enfantin. Jallouta s’installe et raconte son histoire. D’abord l’enfance, un combat de force à l’image de ce que deviendra sa vie d’adulte. Quelques épisodes drôles dont l’origine de son surnom; le nom d’un monstre imbattable dans un jeu qu’il aimait enfant et qu’il a réussi à battre, contrairement à ses copains. Puis l’adolescence, le besoin de s’affirmer dans la rue, de se faire une place. Et là en toute simplicité, honnêteté et vérité, il raconte. La drogue, la criminalité, la prison, la folie, la loi, les criminels, les juges… le bien et le mal, tels qu’on nous les a «appris», se mêlent, s’alternent, s’affrontent et finissent par se confondre. Quand les autres racontent leurs expériences dans la musique, Jallouta se met à nu. Quand ils rappent les histoires de rues, lui les vit. Il livre tout ce qu’il est. Un peu gêné, un peu maladroit, il ne sait pas ce qu’on veut l’entendre dire,

scrute pour savoir quand s’arrêter. La rue, la justice, les gangs. Il décrit son parcours de chef de gang, dans les rues de Rabat, devant les juges et derrière les barreaux. Au total, il aura accumulé 8 années de prison. A sa dernière incarcération, pour échapper aux règlements de compte, il va jusqu’à feindre la folie. Le mensonge lui sera salutaire, au-delà de ses espérances. Isolé, contraint au retranchement, Jallouta se trouve pour compagnon l’écriture. Il écrit pour s’en sortir, pour garder un lien avec la réalité. D’une rime à une autre, il voit sa deuxième chance pointer. Le rap. Vendredi 19 avril 2010, Jallouta chante ses textes, sur scène, au Tremplin. Le premier pas dans sa «nouvelle» vie… d’artiste. Habillé en combinaison de prisonnier, il donne tout ce qu’il a et tout ce qu’il est. Des textes durs et authentiques déferlent. Au public d’en faire ce qu’il veut. Jallouta, lui a juste assez de volonté et de hargne pour forcer sa chance. Mafalda


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Trés vite

Abattoirs de Casa

Mobydick …la mixtape

13 pour la friche Expositions, concerts de musique, pièces de théâtre, spectacles de danse, ateliers pour enfants, cirque, défilés de mode, projections de films, conférences et tables rondes sont des activités qui font l’objet d’un engagement solidaire entre différentes entités culturelles à Casablanca. Après avoir hébergé un éventail aussi riche qu’éclectique d’événements artistiques et culturels, la Fabrique Culturelle de Casablanca donne naissance à une nouvelle association. Créé en Novembre 2009 sous le nom Abattoirs de Casablanca, le collectif des Abattoirs de Casablanca regroupe l’ensemble des 13 associations, engagées dans

le projet de la reconversion en friche artistique et de la gestion du site depuis Février 2009. Son objectif étant de développer un réseau de connexions et d’échanges culturels entre Casablanca et les différentes métropoles internationales, il permettra tout autant de continuer à tisser des liens avec la population du quartier Hay Mohammadi, peu concernée par l’acte artistique. In fine, l’association œuvre pour l’inscription de ce bijou architectural dans le paysage culturel international et l’amélioration de la situation de la culture urbaine, particulièrement, à Hay Mohammadi L.D

Rabat

le comeback d’une salle Après avoir été fermé pendant plusieurs années, l’ancien cinéma Renaissance - à Rabat - a enfin réouvert ses portes en janvier ! Rbatis ou pas, cette rennaissance a rendu le sourire à bien du monde. Et pour cause. Dans la capitale, la salle a été «the place to be» des décennies durant. Construite dans les années 30, la salle «Rennaissance» a connu ses plus belles heures de gloire dans les sixties et les seventies, où elle affichait tout le temps complet. Sa fermeture il y a quelques années avait désolé les cinéphiles, tout plein d’espoir désormais de la redécouvrir dans sa nouvelle de vie de

salle de cinéma et projection, mais également de spectacle. Explications. Dépendant de la Fondation Hiba, association dirigée par Fayçal Laraichi le patron de la SNRT (Sociét Nationale de Radio Télévision), la salle a été totalement rénovée avec l’argent personnel du roi Mohammed VI. L’ambition de la Fondation est d’en faire un espace pour les jeunes artistes marocains, toutes sensibilités confondues. Une initiative sympathique, qui devrait faire réfléchir les collectivités locales sur l’avenir de leurs salles de théâtre et de cinéma en sursis de vie. M.S

Mobydick alias L’moutchou et Med Da Deejay ont signé une spéciale mixtape, avant goût du prochain album de Mobydick. «Dars khass 9abla l’album» est un opus qui rassemble d’anciens titres de Mobydick, de nouvelles compositions, des reprises et différentes collaborations avec Anouar Assif, Amir, Caprice, Hablo, Mehdi K-Libre, Nores, Smowko et Would Chaab. La production musicale est signée entre autres : Uness, Dj Van, Masta Flow, Nores.

Haoussa à Babel Med Le 27 mars 2010, Haoussa a clôturé le Babel Med, festival des musiques du monde de Marseille. les punky casaouis ont livré, en avant-première, les titres de leur premier album. Enregistré en France dans les studios Davo, l’album, produit conjointement par L’Boulevard et Basaata Productions, contient 14 titres. Il sera dans les bacs cet été sous un nom encore tenu secret...

Muslim’s back Après une longue disparition, Muslim fait son comeback avec un album baptisé «Al Tamarroud» - la révolte. Muslim y signe pas moins de 20 morceaux. Textes travaillés et un beat détonnant. Deux clips vidéo sont également disponibles sur Youtube pour les morceaux «Belbala » et «Fine 7a9na».

Fini les amplis ! La villa des arts remet le couvert et accueille pour la deuxième année, les «acoustic sessions», organisée par la Fondation ONA, tous les samedis de mai. La cession 2010 a invité Hoba Hoba Spirit, Oum, Barry et Haoussa, en acoustique et dans un cadre intimiste. L’objectif de la Fondation ONA : «offrir aux artistes, ainsi qu’au public, une scène live originale et diversifiée ».


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Chronique

un maroc propre Quoi de plus naturel que de parler verdure en ce début de printemps. Car au pays du soleil, de la végétation luxuriante et des paysages, on a aussi compris l’intérêt de protéger notre flore, notre patrimoine. On parle désormais d’un «Maroc vert». Le pays a ratifié les principales conventions internationales sur l’environnement, engagé de nombreuses réformes institutionnelles et législatives… La mise en place reste cependant à la traîne.Car répondre aux besoins des générations présentes implique un changement radical des comportements et des modes de production. Ce afin de ne pas compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Changement radical… cela prend évidemment du temps. Restons cependant positifs ! Parler développement durable est déjà en soi une avancée, et cela participe déjà à la sensibilisation de toute une population : on en parle, on en entend parler, l’idée plane et des idées voient le jour : Ecotourisme, préservation du patrimoine biologique,

lutte contre ladésertification, restauration de certains paysages forestiers ou encore développement du marché de l’énergie solaire. La nation se dote, en prévision du plan «Maroc Vert», d’actions à valeur démonstrative, qui visent à intégrer la préoccupation environnementale dans la course au développement national. Bien sûr, il faudra débourser des budgets énormes pour instaurer ces réformes. Mais il faut savoir que plus tard, ces petits riens pourront devenir une source d’innovations éthiques. Des innovations génératrices de revenus et valorisantes pour le patrimoine marocain. Une sorte d’échange fructueux entre nature et société. Il ne faut tout de même pas se méprendre. Ces nouvelles mesures «durables»ne doivent pas uniquement servir de faire-valoir à l’international. Il faut nourrir cette envie de revenir à des valeurs simples, alliant technologie et écologie. Nourrir cette envie de vivre en respectant son prochain, de penser, de développer et d’améliorer la qualité de vie de tout un chacun. Pour un Maroc propre et citoyen ! Maria Laraki Paysagiste

Mazagan

En studio pour le prochain Amateurs de chaâbi groove, ouvrez bien grand les oreilles ! Le groupe Mazagan est sur le point de sortir son troisième album. Issam Kamal et ses joyeux lurons sont actuellement en studio, en train de travailler sur le successeur de La tradition qui coule (2005) et de Doukkala Airlines (2008). Composé d’une dizaine de titres, cet album autoproduit est le fruit de plusieurs mois de réflexion. « Cet opus sera indéniablement plus rock que ce que nous avons fait avant », explique Issam Kamal. Autre particularité de cet album, il ne sera composé que d’une seule reprise. Mais pas des moindres. Amateurs d’expérimentation musicale, les membres du groupe ont décidé de faire une reprise électro-acoustique… d’un standard de Aita Marsawiya. Et enfin, last but not least, cet album contiendra également un morceau en featuring avec le Maâlem Hamid El Qasri. Un album plein de surprises en perspectives. M.S


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Théâtre actuel

On vous raconte les infos Lumière sur les planches. Des femmes au hammam discutent et déblatèrent du feuilleton entre ciel et terre, de l’enchaînement des catastrophes naturelles, de la grippe H1N1 au doublage de séries turques en darija. Noir. Dans une file d’attente, hommes et femmes, passeports en main, espèrent l’arrivée de l’homme à la veste qui tamponnera «humains» sur leurs pièces d’identité. En attendant, ils se demandent «wash bnadem houwa l’insan». Noir. Le ministre entrant est francophone, le ministre sortant arabisant. Ils sont coincés dans un ascenseur et se jettent leurs vérités à la gueule… Les saynètes décrites proviennent de Lkhbar Fl’Masrah, work-in-progress présenté par Dabateatr Citoyen. Une semaine par mois, ce laboratoire pluridisciplinaire (musique, vidéo, danse, etc.) fait de Rabat la capitale de l’art contemporain, remettant le théâtre au cœur même de l’agora. Et consacre deux soirs à Lkhbar Fl’Masrah. Le principe ? Modeler la matière médiatique avec de la pâte théâtrale, s’inspirer de l’actualité pour donner forme à un théâtre de l’urgence. «Lkhbar Fl’Masrah n’est ni une version marocaine des guignols ni une série de sketchs sur

l’actualité qui passe. C’est du théâtre, des personnages, des situations, dont la construction dramatique puise dans les infos sa matière première», répètent Driss Ksikes et Jaouad Essounani à qui veut l’entendre. Le dramaturge et le directeur artistique, à l’initiative du projet, offrent un spectacle audacieux et novateur, drôle et acerbe, cinglant et pétillant, profond sans être lourd. De quoi se nourrir l’esprit et lire entre les lignes. Choquant pour les bien-pensants, brillant pour les autres. Ben oui, les braves gens n’aiment pas que… A.M

Législation

PROFESSION artiste

Sept ans déjà que les artistes attendent une définition de leur statut professionnel… un texte de loi a bien été voté en 2003, mais les décrets d’application n’ont toujours pas vu le jour. Parmi les rares réalisations, ou presque, du Ministère de la Culture : la carte d’artiste. Délivrée à des centaines d’artistes, elle ne leur sert absolument à rien, parce qu’encore une fois, la loi n’a pas suivi. A terme, elle devrait donner à son possesseur à peu près les mêmes avantages que l’attestation de nécessité (chahadat al i7tiaj) délivrée par lmquaddem du quartier,

c’est-à-dire : des réductions dans les transports et l’accès à certains services sociaux. Là où le ministère nous a fait croire qu’il avait marqué une petite avancée, c’était en 2006, au lancement de la couverture médicale pour les artistes : au début, on en a choisi 700 en privilégiant ceux qui ont une famille, et aucun autre gagne-pain… Depuis le temps, la Mutuelle aurait déjà du être généralisée au reste des artistes, old & new generation, plasticiens ou rappeurs… Le hic, et c’est encore une histoire de loi, c’est que le budget annuel que le ministère doit verser à cette mutuelle, soit 2 millions de DHS, n’apparaît nulle part. La mutuelle n’a pas reçu un centime en 2009 et aucune disposition n’a été prise pour cette année. Pourquoi ? La subvention avait été validée, pendant le mandat de Touria Jabrane, par une commission ad hoc sans jamais passer par le Ministère des Finances. Il faudra encore une bonne dizaine de lois et de décrets pour que ce dossier avance. Le temps d’attente est loin d’être fini. L.R


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Arrêt sur images

TREMPLIN 2010


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Interview

Jamal Nouman, le rescape On pensait que Jamal Nouman le chanteur de feu Aba Raz (un des premiers groupe de fusion casablancais cf. L’Kounache 2008), avait disparu de la scene musicale, il n’en est rien ! Ce petit cachottier a simplement ete se mettre a l’abri des regards pour travailler sa musique loin des tumultes de la Nayda. Ni bling bling au phrasé lourd, ni gnawi-ska-rock-adonfbouhali, la musique de Jamal Nouman est douce et fragile, à son image. Les noctambules du festival de Dakhla 2010 s’en souviennent, venu animer des ateliers musicaux à destination des enfants de la ville, le grand monsieur avec un bonnet et une moustache en a surpris plus d’un lors des jams au bivouac. Fer de lance d’une musique marocaine moderne, il saupoudre sa tambouille de Melhoun, de Gharnati, de bossa

ou de taktouka et ses chansons s’envolent parfois vers le cante flamenco. Mais l’homme n’est pas du genre prise de tête, ses morceaux ne sont pas intellectualisé et jamais vous ne l’entendrez se targuer d’avoir révolutionné quoi que ce soit. Car Jamal est quelqu’un de simple et son humilité ne cache aucune fausse modestie. Nourri par les chansons de Dahmane El Harrachi, Haj El Anka, Houcine Slaoui ou par la virtuosité du maalem gnawi Bakbou il aime à dire qu’il n’en est qu’un petit héritier. Ses autres influences viennent de ce qui a pu atteindre ses oreilles et son cœur. Interview d’un guitariste hors pair qui s’est découvert une passion pour le chant et la poésie. M.E.K


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2004 a marqué la fin d’Abaraz, où étais tu passé depuis ? Dans un premier temps, je suis retourné à Larache et j’y ai posé mes valises pendant un petit moment. J’ai eu besoin de me reposer loin de l’énergie casablancaise. Quelques soucis de santé, un ras le bol généralisé et j’ai plié bagage. Puis il y a mon autre métier, le théâtre, j’ai voulu y consacrer plus de temps, j’ai joué dans différentes pièces au Maroc et ailleurs. Côté musique, j’ai commencé à me construire une nouvelle histoire. J’ai eu cette envie de travailler une musique plus douce que celle jouée avec Abaraz. Après une résidence artistique à Fès, j’ai monté un petit spectacle avec un joueur de hajhouj, un djumbéfola et une chanteuse : Aurélie Malka. Ça c’est appelé « Sur les traces de la musique marocaine », c’est un spectacle que l’on a pas mal joué à Toulouse et dans sa région. J’ai aussi essayé de structurer la scène musicale de Larache, apprendre aux jeunes la scène, leur donner goût à la composition et l’arrangement ce travail m’a fait rencontrer les gens de l’association « Larache Al Mada » qui m’ont proposé d’être le directeur artistique du festival local « Guitarra y Cante », une bonne expérience. J’ai intitulé mon papier « le rescapé de la Nayda » tu trouves que ça te correspond ? (silence) Écoute, je n’y avais jamais réfléchi mais par la force des choses, oui, tu peux le dire, mais j’ai pris la tangente quand tout a commencé et avant qu’on ne se mette à parler de Nayda, quand les jeunes pousses commençaient à grandir et s’émanciper. J’ai préféré travailler ma musique, mon lot de terre, faire demi-tour en quelque sorte pour revenir à l’essence de ce qui m’avait amené sur scène la toute première fois.

d’Abaraz, c’est un groupe auquel je reste très attaché, je continue de voir quelques membres de la formation et on joue pas mal ensemble on s’encourage dans nos démarches personnelles. C’est une vraie amitié qui nous lie !

C’est joli quand tu parles, tu crois pouvoir faire aussi fort en me parlant de ton actualité ?

Je vois que monsieur prépare tranquillement son retour sur la scène musicale, parle moi de ces morceaux ?

(rires) D’accord je la fais autrement, j’énumère et toi écris ! Tu veux la jouer comme ça ? (rires) Plus sérieusement, mon actualité la plus récente est autant théâtrale que musicale. Je viens dans un premier temps de finir la composition de la musique de « Lalla Jamila », une pièce de Zoubir Bouchta. Je travaille aussi comme compositeur et acteur d’une pièce de la troupe régionale de Rabat sous la direction de Mohammed Zouhir. Je viens également d’enregistrer 4 titres dans le studio de « Steeve » Lukacic, le guitariste de Precious Makina. Les morceaux sont actuellement en mixage à Paris. J’en suis très content car on peut entre autre y entendre la clarinette de Mohammed El Kendri un des anciens

On peut rien te cacher à toi ! (rires) Ce sont des morceaux plutôt personnels que l’on aura bientôt l’occasion d’écouter, des morceaux qui ont eu le temps de germer depuis 2004 et faire leur bonhomme de chemin. Ce n’est qu’aujourd’hui que j’en suis content ! Tu vois je prends mon temps ! (rires) Pour ce qui est de la scène, j’y reviens tranquillement en jouant et testant mes morceaux dans des lieux intimistes, des soirées privées… etc. Tu sais je vais te dire franchement, j’ai le pressentiment que l’avenir promet de belles choses ! Propos recueillis par Mehdi El Kindi


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Sepultura


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metal do Brasil Surgis au milieu de nulle part, pas loin de la jungle amazonienne à Bello Horizonte, en 1985, les deux frangins Cavalera (Igor et Max) forment avec Paulo Jr et Jairo T, ce qui deviendra le groupe le plus révolutionnaire dans l’histoire du metal. Définitivement culte. Vous dites Brésil à n’importe qui et il pensera Football, Carnaval ou …Sepultura. Le virtuose Andreas Kisser rejoindra le groupe en 1986 et enregistre «Schyzophrenia» en 1987, (produit au Brésil) qui révélera leur talent. Ils parviennent à pactiser avec le label Roadrunner et composent un des albums les plus violent et rapides de l’époque,

«Beneath the remains crossover» très réussi entre speed-thrash et death metal. «Arise» sort en 1991 et c’est la consécration pour les brésiliens qui font leur première tournée mondiale (en headliners). Ensuite, le fabuleux «Chaos A.D» est pondu, le signal est lancé. C’est un groupe à connotation politicosociale engagé. Visiblement le quartette aime l’effet surprise et déroute ses fans de la première heure, en jouant la clé de la diversité. Rythmes Batucada et tribaux, morceaux acoustiques, groove syncopé, Hardcore et indus. Ils se sont démocratiquement projetés dans un territoire musical singulier et un terrain d’expression bien dégagé. Désormais, ils ne sont plus dans la catégorie de thrash US.


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En 1996, «Roots» les propulse en haut des charts du monde entier. Ils démêlent toutes leurs influences, Punk Hardcore Thrash Tribal et Nu metal en ralentissant encore plus le tempo. Ils peuvent toucher un non-metalleux et se le sont permis. Pari risqué et réussi. Mais c’est aussi l’album qui partagea leurs bases de fans en deux à l’époque, dû (pour certains progressistes) au choix du producteur Ross Robinson (Korn, Limp Bizkit, Slipknot…). Mis à part le succès commercial, ils gagnent en authenticité par l’efficacité et la légitimité des arrangements en incorporant le Berimbau, des percussions ethniques et des guests. Le penchant traditionnel se marie parfaitement avec les lourdes sonorités, les plus heavy de leur carrière. Le leader «rasta-metal» quitte le navire pour former Soulfly en 1997… Depuis son départ et l’intronisation de D. Green, les neo-Sepultura ont sorti 5 galettes (quand même !!!). Dans une tendance plus Hardcore et (plus ou moins) expérimentale voire nuancée, avec une première expérience de concept album, «Dante XXI» basé sur «la divine comédie». En 2006, c’est au tour de Igor de quitter le groupe (il rejoint Max dans l’éphémère aventure, Cavalera Conspiracy). A. Kisser ne lâche pas l’affaire et recrute un nouveau batteur inconnu, J. Dolabella (parallèlement dans le projet Rockfellas avec Paul Diano) dont le jeu est moins tribal mais bien «straight»… Le dernier né dans la discographie du band «A-lex» fait suite aux idées du précédent opus. Dans la même lignée, le quatuor creuse encore plus dans le mélodique-symphonique, toujours HXC et s’inspire cette fois, du livre «orange mécanique» de A. Burgess. Légende déchue ou résurrection inattendue ? Leur prestation énervera-t’elle les aigris ou satisfera-t’elle les férus ? Bref, ce qui est sûr c’est que «Andreas & co», le soir du 16 mai, et pour leur premier show en Afrique, vont méchamment envoyer du bois… Le Sud Transmet le Message. «CAN YOU TAKE IT ?» Amine Hamma


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Interview

Andreas Kisser, Guitariste

Qu’est ce que vous pouvez dire à propos de la nouvelle formation (l’arrivée du batteur Jean), comment s’est déroulé l’enregistrement ? C’était énorme, Jean est un batteur fantastique. il apporte beaucoup de nouvelles influences et surtout beaucoup de motivation. L’enregistrement et tout le processus d’écriture étaient géniaux, on a vraiment passé de bons moments et la tournée se déroule à merveille. Votre inspiration sur “Dante XXI” était un peu éxperimental et symphonique mais toujours hardcore et puissante. Pourquoi le choix de l’oeuvre “Orange Mécanique” pour votre second concept album? Le livre écrit par Anthony Burgess, “Orange mécanique” et surtout le film réalisé par Stanley Kubrick, sont mondialement connus. ce sont des classiques et beaucoup de fans peuvent se rapporter à l’histoire quand ils écoutent notre album. C’est un livre brutal, trés réel et futuristique en même temps. ça parle de politique, de religion, des amis, de la famille, des drogues, de violence et de la technologie. Donc, nous pouvions parler de nos points de vue, en respectant toujours l’histoire. Qu’en est-il de la réception de l’album par les médias et le public ? C’était vraiment bien, on a entamé la tournée européenne pour la quatrième fois pour cet album et nous avons encore pas mal de concerts à faire jusqu’à la fin de cette année. Beaucoup de fans connaissent les nouveaux titres, ils les chantent avec nous et ils aiment les illustrations aussi. Tout est trés positif.

Que peux-tu dire à propos de l’influence de Sepultura sur les groupes du monde entier, spécialement sur les groupes du tiers monde (pays ou il n’y a pas d’industrie musicale)? On a joué partout dans le monde, de Cuba aux Philippines, on a été partout et je trouve quand même ça génial, que malgré la religion ou le système politique, le Metal soit fort partout dans le monde. Le feedback est magnifique, et ils connaissent toute l’histoire du groupe depuis le tout début. Nous avons reçu au Maroc, au L’boulevardFest quelques groupes étrangers. Kreator, Moonspell, Paradise Lost, Gojira and The exploited. Comment vous prévoyez votre concert á Casa? Je suis trés content de jouer au Maroc pour la première fois, on en est tous trés excités. Ca sera un nouvel autre endroit pour Sepultura et avec bon espoir, le premier de plusieurs prochaines visites, et ça sera l’occasion de découvrir de nouvelles cultures. Un mot pour les fans d’Afrique du Nord?! Nous ne pouvons attendre pour vous voir tous au spectacle. Nous jouerons l’histoire entière de Sepultura. Nous célébrons 25 ans et nous sommes heureux que nous puissions le célébrer avec vous, au Maroc. See you ALL at the show, THANKS FOR THE SUPPORT. RISE SEPULNATION! Propos recueillis par Amine Hamma


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Musicologie

metal around the world

Le Rock a toujours été massivement diffusé, partout à travers le monde, et là ou il y a une télé, une radio, ce genre musical irrévérencieux a été joué, scandé et parfois, pavoisé. Le revers de la médaille, est bien stipulé sur les biographies d’Elvis, les Stones, The beatles, et beaucoup d’autres ténors. Ils ont tous subi les foudres de la censure et des chatiments de la part d’une minorité d’obscurantistes « éclairés » et manipulateurs au nom de la raison, des moeurs ou autres, condamnant l’hérésie et lançant des campagnes de « chasses aux sorcières ». Il faut pas oublier l’histoire ! Dans les années 1980, de nombreux « procès à grand spectacle » ont souvent basculé dans le ridicule. Ils ont été constitué contre des chevelus (Judas Priest, Ozzy), après avoir écouter leur vinyls à l’envers. L’impact médiatique est très important. L’imagerie dans ce genre est parfois fondamentale car troublante et attrayante et certains groupes ne se sont pas privé pour en faire leur fond de commerce.

Le Hellfest, (festival de Metal et Hardcore Punk à Clisson en France)... rappelle le travail acharné du L’Boulevard en faveur des musiques amplifiées et aussi l’affaire des metalleux, cataliseur médiatique au Maroc en 2003. Faut pas oublier l’histoire !!! Le Hellfest séduit à l’étranger par son écléctisme, seul moins 40% du public vient de l’hexagone, et on y repère aussi les drapeaux du monde arabe (Egypte, Algérie...et même d’Arabie Saoudite). Néanmoins, ce rassemblement attire les foudres dans le milieu conservateur qui menace de boycotter car le festival invite des groupes dont le nom n’est pas très catholique..., mais ce n’est qu’un nuage passager, l’important c’est qu’il y a de plus en plus de projecteurs sur ce qui est le plus important festival de Metal au monde. Motley Crue, Marylin Manson pour l’édition précedente et Twisted Sister, Kiss et Alice Cooper cette année, ou encore dans le même registre de show provocateur mais plus extrême, Immortal: « One for the money, two for the show » Mais dans un système globalisé, il y a plusieurs façon d’analyser les récuperations médiatiques dans le showbiz. Que ça soit dans les relations de couple « people », ou dans les affaires montés par les labels hiphop dans le rap gangsta, ou en passant par les messages subliminaux/satanistes proférés par le heavy metal... Phenomène qui était reservé jusqu’alors


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aux US. Le metal, décidémment plus provocateur, est néanmoins une culture de masse qui a pénétré les systèmes les plus infranchissables (libérales ou même totalitaires). MTV et le phénomène « Monsters of Rock » (le plus médiatisé est celui de Moscou 1991-URSS) ont beaucoup contribué à faire connaître le mouvement, partout dans le monde. La technique utilisée par les industries culturelles et la propagande sont les mêmes. Du coup, le fait que Metallica soit repris au Botswana ou Led Zepp en Iran, signifie-t-il que le Metal soit libéraliste ?

World-Metal : Loin d’un débat politique, ce qui est intéressant, c’est la magie des médias dans un « village globalisé » (Marshall Mac Luhan) et ce qui est sûr c’est que nul n’échappe aux effets d’homogénéisation, c’est à dire d’imposition d’une musique à vocation universaliste. Peut-on parler de péril de la création artistique? On découvre, dans ces 20 dernières années une nouvelle philosophie de création “Think local, Act Global”. Paradoxalement, la répercussion de la mondialisation sur l’économie culturelle, est indéniable, sans pour autant tomber dans l’ethnocentrisme. L’avénement des « musiques d’ailleurs » a inquiété les disquaires, qui se voyaient inondés par des productions venant du sud, au point d’inventer le terme World Music. Alors, va-t-on assister bientôt à la création d’un rayon World Metal ? La problématique émane de la différenciation et l’ascension de restrictions de plus en plus selectives sur la circulation des créations (et des artistes). Les réactions à cette universalisation de valeurs se sont cristalisèes d’une manière identitaire. Par recherche identitaire, ethnique, religieuse, plusieurs courants se sont créés au

fi l s des années, chacun met sa sauce «Taqwacore», «afro-punk», « celtic metal »… On pense systématiquement à deux exemples hors circuit traditionnel dans le metal: les succés d’Orphaned Land (Metal oriental) et Sepultura pour « le reste du monde ». L’évolution de ce dernier vers un registre ethno-tribal, s’est remarqué depuis leur début en ’91, par leurs tattoos tribaux ensuite, par l’intégration progressive d’instruments traditionnels. Le metal est devenu plus qu’un hobby du dimanche, l’attitude est purement “punk”, et le parler-franc, n’est pas sans ambuche. Quand le brésilien d’origine italienne, installé aux US, Max Cavalera, évoque dans ces textes la corruption policière ou les problèmes de drogues ou des activités illégales de son gouvernement, c’est qu’il était baigné dedans mais ne cache pas sa paranoia à chaque fois qu’il rentre dans son pays, le Brésil. « la caravane passe... » A part quelques trés rares succès à l’international, beaucoup de difficultés s’imposent : pudeur, refus esthétique, manque de moyens ou controverses? Les explications sont multiples. Certains n’ont pas baissés les bras et par manque de moyens ils ont trouvé la recette pour exprimer leur… colère. aMinos hamMax


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Chronique

Oua bba bellouma «Oua bba bellouma oua bba bboum toutffourré, w‘abellounou. Bibap a louuula shiz maille bey bi». Je connais les paroles du rock par cœur depuis 45 ans, âge canonique qui me vaut l’indulgence de la tribu hirsute des musicos de 15 ans. Bon, j’étais de 3 ou 4 ans trop jeune pour danser sur Bee bop a lula, mais 10 secondes après, sans que je me rends compte qu’il y a eu Youuuuuuuu’re just liiiiiike…. crosstown traffic, mais juste avant, les Beatles et les Stones nous avaient appris à planer : It’s all over now puis Honky Tonk woman. Mais en chemin, on avait été emportés par If you need me, parce qu’il fallait bien frotter son ventre sur le ventre des filles. On a arrêté de s’en vouloir quand on a compris que la chanson était bien plus qu’un «slow» à danser. On aura plus de mal à assumer Angie qui vous emmerde à jeun et qui vous fait pleurer comme un veau quand vous êtes paf. Angie c’est une chanson de Chab Hasni. J’avais des potes, quand j’habitais Oujda, qui avaient créé un groupe avec du matos de récup, quand ils jouaient, on avait l’impression de niquer la radio. C’était des stonemanes. Ça fout un coup au ventre quand on a 12 ans. Avoir 18 ans durant les seventies a été une expérience dont on a failli ne pas revenir, grâce à dieu. Où tu vis à plein ou tu mégotes. Si tu mégotes, tu finis fan de Ghita Benabdeslam et Mezgueldi. Si tu vis, tu reviens, la plupart du temps, même si tu reviens pas mal entamé, tu te fais pas honte et tu passes directement de It’s all over now à Iron Maiden en passant par Moulay Drix, l’homme qui a fait regretter aux guitares d’être nées. J’ai eu la tâche désagréable de dire à des jeunes que Dreamtheater, c’était de la variété rock, j’ai été mal compris, en apparence, mais je sais que sur le long terme, ma dénonciation de l’imposture allait faire son chemin, avec mes excuses à mon pote batteur. Alors quand tu es pratiquement né avec Nass el Ghiwane, ta vie est unie compacte, y a une logique et tu as le vaste choix sur

50 ans de musiques, tu peux tout écouter, y compris lmoussi9a el maftou7a de Adil Fender Rizqi qui nous a quittés pour aller aux Amériques. Une fois, y avait Karim Ziad et Bnat el Houariat au Hay Mohammadi. En première partie, y avait un groupe américain, sérieux et bien mis, qui jouait de la mousi9a maftou7a. Alors, la musique c’était comme ça : le guitariste jouait un accord, on attendait religieusement 5 minutes, alors le mec du triangle donnait un coup pour faire sonner la ferraille. On attendait de «partir», aller au ciel avec cette musique géniale exécutée par ces musiciens ultra expérimentés à qui Dieu venait de confier le secret de la musique et l’art de la communiquer. On les a virés au bout de 20 minutes et ces cons, ils pigeaient pas. Ils ont dû avoir beaucoup d’indulgence pour nous : «C’est normal, c’est des Arabes, il faudrait revenir et les prendre avec patience». Nous on hurlait «Oua drebni bel Moussi9a, oua rdekh dine moui m3a lard, oua che7tou m3ana be ssda3». C’est quand même Bob Marley qui dit Hit me with music !? Alors on attend Sepultura en espérant que le changement total de «personnel» aura laissé un groupe uni, Trash, Death ou Metal, hit us with music ou on vous vire rejoindre les Americains qui ont eu la tâche impossible de nous faire attendre Karim Ziad. Pour revenir à Metallica. Tonton


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Chronique

Do rock s b m o B not absurdités «Ceux qui peuvent vous faire croire des cités» peuvent vous faire commettre des atro Voltaire

Attentat sonore. L’idée a brillamment été synthétisée dans le visuel du boulevard 2007 sur fond d’une Casablanca à l’architecture décadente et l’atmosphère glauque, des bombes sonores parcourent les ruelles de la ville, sèment la panique. Sous titre «Le temps spectaculaire». On y est, on y reste. De toute façon, le slogan de mon festival préféré est «faites de la musique pas des bombes». Ça fait sourire quelques malins, mais dans mon pays, on est loin de la métaphore, même l’Etat l’a compris. «Avant cette histoire de rockers (le procès) t’avais l’impression d’être avec un cadavre sur les bras, maintenant on sait que ce pays vit. Il vit dangereusement mais il vit, il respire il palpite et je suis content d’être là. Quand je voyage en dehors du Maroc, je suis super bien, mais je suis super content de rentrer. Ici, t’as pas l’impression d’être à la périphérie de la banlieue du monde. T’es au centre de quelque chose et c’est quelque chose qui te concerne, qui concerne ta famille, ton entourage, tes voisins, la société dans laquelle tu vis et ça engage des modifications graduelles, une libération des esprits (…)» Ces propos, tirés d’un entretien avec Amale Samie en 2005, sont toujours d’actualité.

Le pays qui mange ses enfants Pour tout rockeur, tout musicien à Casablanca et ailleurs au Maroc, l’année 2003 a été décisive…. pour arrêter de faire l’autruche et de se gargariser avec les phrases toutes faites : «le plus beau pays du monde» vous passe le bonjour des bidonvilles. Il a fallu deux évènements choc, deux traumatismes, pour réveiller la société civile et dire que l’ennemi, c’est la violence. Notre pays a connu les limites de la violence à la fin des années 70. Aujourd’hui, nous sommes à la recherche d’un projet civil.


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L’art, catalyseur des pulsions suicidaires Il y ’a eu février 2003 et l’affaire des zikos en taule qui a fait plus de bien que de mal à la scène. Deux mois après, un autre séisme, cette fois beaucoup plus violent, car il constituait un périple presque inédit et beaucoup plus puissant que le précédent. On sort d’un cauchemar pour entrer dans un autre. Ce 16 mai 2010, sept ans après les premiers attentats de Casablanca, on invite Sepultura, un groupe qui n’est plus à présenter et dont la présence ce jour de triste anniversaire pour les boulevardeux aura plus d’un sens.

Bruyante aussi, ça ira. Y a pas de blème, on est un pays tolérant et qui aime les touristes. Les excès de cette officialisation de « la politique des festi-vaux » va aboutir à des schismes au sein même du mouvement boulevard, etc… mais tant que la critique est constructive et que chacun fait son chemin, y’a pas de mal, au contraire. On s’était fait mille demandes au sujet de l’édition 2003 du Boulevard, qui devait avoir lieu quelques jours à peine après les mois les plus mouvementés à Casablanca. Une édition qui a eu des caractéristiques très spécifiques : logo mortel de Zayan Freeman, la programmation de Gnawa Diffusion mais surtout le contexte : sortir de la petite salle de la F.O.L pour occuper le stade du C.O.C. Fallait avoir des couilles, de la persévérance, une bonne dose de folie et pas mal de baraka pour faire ce saut historique. L’Etat qui nous a toujours regardé du haut de son parloir comme des parasites a commencé a s’intéresser (ô miracle de la générosité arabe) au monde des jeunes et leur volonté d’épanouissement. Du point de vue des régimes arabes, on est passé d’une occidentalophobie post 11 septembre (qui a vue les mouvements islamistes se caresser la barbe de satisfaction) à une islamophobie aveugle au lendemain des attentats à nos portes. Du coup, les jeunes à la recherche de modèle se sont vus encouragés à cracher leurs veines dans les micros plutôt que dans d’obscurs projets subversifs. On préfère que vous fassiez de la musique, oui comme vous voulez.

Bladi roots Toute nation a des dates commémoratives qui lui servent de rappel, de points de repère. Connaître son Histoire ancienne mais aussi moderne et le cas échéant – en ce qui concerne la rédaction du L’Kounache, contemporaine. «Do rock not bombs» n’est pas un simple slogan, car chaque mot a son pesant de TNT. Après Kreator, Paradise Lost, Moonspell et autres calibres du Metal mondial, cette année ce sont les brésiliens (3rd word connection – souvenez vous de M. Cavalerra qui n’avait, le pauvre, que 4 cordes à sa guitare) qui nous font le plaisir de nous dérailler le cou à coup de «roots bloody roots» et de partager ce douloureux et important anniversaire de notre Histoire. Reda Zine


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Atmosphear

c’est du lourd! Ils s’appellent Atmosphear, ils viennent de Rabat, et ils ne font pas que passer en coup de vent. Il n’y a qu’à voir les dégaines d’Ismaïl, Yassir, Youssef, Samir et Amine pour comprendre: le Metal, c’est leur way of life, comme dirait l’autre. Des gars comme ça, ça se réveille avec du Meshuggah, ça bouffe du Strapping Young Lad à midi et ça s’endort comme des bébés sur Pantera ou Lamb Of God. Cinq ans déjà que le groupe existe, avec les problèmes de Line-Up, scènes et identité musicale que ça implique. Mais là, sérieux, c’est de la bombe. Atmosphear ont arrêté de se chercher. Ils font du bon gros Metal, à l’image du Death et du Trash qui les fait headbanger. Ils font aussi des choses plus douces, comme le superbe Better Day, qui en plus d’être bien construit, a un clip de la mort-qui-tue, dakshi black&white épuré, jolis plans et tout le tralala. Pour les écouter : www.myspace.com/atmosphearofficial. Et pour les voir, c’est le 16 mai au stade du COC, en avant-première de Sepultura. Ayla Mrabet

Sakadoya

Puissance en vue 2008, le tournant, Sakadoya, remporte, à la fois, le premier prix Rock/Metal du Tremplin l’Boulevard et le concours de Génération Mawazine. Contrairement à beaucoup de groupes -non moins talentueux- qui s’endorment sur leurs lauriers et finissent par disparaître de la circulation après quelques concerts, les membres de Sakadoya ont décidé et eu raison de s’accrocher. Leur premier album, «Back to The Age of Slaves», sorti cette année même, sera le tout premier de l’histoire du metal marocain, puisqu’aucun groupe n’a jusqu’à présent réussi à sortir plus qu’un EP. Entre metalcore et Death Metal, cet opus est à la fois puissant et mélodique. Et les Sakadoya sont un groupe avec lequel il faudra compter. Ils sont arrivés là même s’ils font du Metal et que leurs paroles sont en anglais. De quoi redonner espoirs aux groupes de Metal en herbe. Non, il ne faut pas forcément chanter en darija, faire du Rap ou intégrer des 9ra9ebs dans sa musique pour percer. Sakadoya en est la preuve. Meryem Saâdi


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Hardonik

HARD ET HARMONIQUE

En Italie, leur musique ne passe pas inaperçue. Hard rock harmonique, c’est ainsi qu’ils la définissent. Un métissage culturel assez bourrin, mélange de tonalités aussi lourdes que mélodiques. Le chant accompagné d’une gratte, parfois convertie en guembri, porte une crête marocaine du nom de Reda Zine, co-fondateur et ex-vocal du collectif Café Mira, en France, et Carpe Diem, au

Maroc. Les pédales, elles, portent des pieds argentins au nom de Fernando Ferrer. La basse, la trompette et le saxo-mandoline sont italiens, Massimo Tortola, lauréat de l’Académie Musicale de Londres, Luca Acquarelli et Gianluca Sia. Ensemble, ils s’inspirent chacun du répertoire musical de leur pays d’origine pour y insuffler les regards croisés d’une immigration nationale et internationale. Le groupe se défonce dans l’électrification d’une fusion multilingue, entre darija, français, anglais et italien. Depuis 2008, date de création de Hardonik, le quintet compte à son effectif un Extended Play de 4 titres, visa main levée pour le concours Crossmode Martelive, catégorie nouveaux citoyens. Aujourd’hui, le groupe s’apprête à entrer en studio pour un premier album promis fin 2010. En attendant, le refrain «No border Nation» continue de caresser les oreilles des auditeurs italiens des radios Rai 1, Città Del Capo et Fujiko. Et pour ne pas trop attendre, rendez-vous au C.O.C. Vendredi 14 mai. Aperçu hardonique. Loubna Darrazi


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Chronique

Ma memoire de metalleux

Dimanche matin, il est 1h50, prise d’antenne dans 5mn, la chose peut paraître anodine sauf qu’il s’agit d’une émission de… Metal. Le chemin aura été long et tumultueux, parsemé d’obstacles pour la simple et unique raison que c’est de Metal qu’on parle. Une musique comme les autres pour certains, et pour d’autres… une mouvance à dominante satanique, depuis ce fameux 16 février 2003, l’abracadabrant “procès des 14“, qui semait la confusion en les présentant comme des «illuminés du satanisme».

En 86, Metal Rock

Les clichés ont la peau dure. Et Le Metal la vie dure. Mais il perdure ! Des groupes émergent partout au Maroc (Wanted ou Raining Madness de Tetouan, Atmosphear ou Old School de Rabat, Sakadoya de Settat, Govils d’Agadir, Imperium de Méknes, Vicious Vision ou Despotism de Casa). Des concerts s’organisent tant bien que mal. On voit de plus en plus de metalleux et de metalleuses arborant des Tee-shirts à l’effigie de leurs groupes, l’Boulevard est toujours là. Et puis, il y’a une émission hertzienne «Metal United» tous les week-ends. Non pas que ce soit la première jamais consacrée au Metal. Il y eut l’épisode «Headbanging» en 2007 et...20

ans plutôt, en 86 très exactement, «Metal Rock», diffusée le jeudi soir de 22h à minuit. Il y avait des différences technologiques de taille. Les CD, MTV et surtout le téléchargement n’existaient pas, mais on arrivait tant bien que mal à se procurer des cassettes ou des 33 tours de l’étranger qu’on s’échangeait «précieusement» sans se faire trop d’illusions sur leurs retours. En 89, les groupes ne se bousculaient pas, seuls quelques-uns comme Anesthesia, Hellbender ou Camel Spit arrivaient à se produire dans des concerts à comité très restreint, à l’école américaine ou à Lyautey.


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Bien avant l’arrivée des Metalcore, Black Metal, Grind, Deathcore et autres «néo-styles», au Maroc comme partout dans le monde, les années 80 étaient Heavy (Iron Maiden, Saxon, AC/DC ou Kiss) et Thrash Metal (Metallica, Slayer, Megadeth, Testament ou Anthrax). A l’époque, une chose était sûre et rassurante. On pouvait écouter bien fort notre musique et s’habiller en noir sans pour autant passer pour des adorateurs de Satan en puissance. Les «Hardos» étaient regardés bizarrement, mais n’étaient pas pour autant stéréotypés dans une quelconque mouvance. Il n’y avait toujours pas de MTV et de téléchargements, pas de shops où acheter des fringues «métalliquement»

corrects, pas de revendeurs de CD. Les hardos n’étaient pas nombreux et on les prenait pour des allumés, voir des drogués. Au fond, ça n’a pas trop évolué depuis.

Tout semblait rouler, jusqu’à ce dimanche 16 février 2003 - on connaît tous l’histoire. Tout ce qui avait été fait auparavant, tant dans la culture Metal, en termes de création des groupes que dans la production de concerts, s’est écroulé. Le coup était dur.

2000, metal survival

Mais on s’en est remis depuis. Et puis, la musique est plus accessible aujourd’hui. Les chaînes satellitaires nous permettent de suivre l’évolution des groupes et le téléchargement se fait sans limite. Après Kreator, Moonspell, Paradise Lost, Gojira, Psykup et The Exploited, cette année c’est au tour de Sepultura de monter sur une scène marocaine pour des metalleuses et metalleux marocains en manque d’adrénaline. Du bon son et surtout de gros Live : tout se fait crescendo. Les groupes jouent toujours aussi lourd que leurs aînés, ils se produisent au bled et à l’étranger, ils ont tous leur «myspace» et ils arrivent même à enregistrer leurs albums ! Elle est pas belle la vie ? Bien sûr, la stigmatisation et la réticence se font toujours sentir.Elles sont omniprésentes. Mais on s’en fout, ça fait partie de notre lot de contraintes. Le fait est que nous sommes toujours là, notre musique est une musique comme les autres, nous ne nous imposons pas, nous demandons juste à être acceptés pour ce que nous sommes.

90, Metallica sur 2M

La popularisation du metal est arrivée avec le début des années 90 grâce notamment aux Bandes son de films et au Black Album de Metallica. En 92, un spécial Metallica était même diffusé sur 2M ! Ces années-là évoquent aussi la fameuse Fiat Uno, un «METALLICA» calligraphié sur les portes et sur le capot. Les gens commençaient à changer leur vision sur le Metal. Les Metalheads se faisaient plus nombreux, la culture metalleuse prenait forme un peu partout dans le Maroc, doucement mais sûrement. C’était le début des Nekros, Reborn, Immortal Spirit et Infected Brain, groupes solidement ficelés, qui jouaient du Metal bien bourrin, et qui se produisaient au Boulevard à la F.O.L. On réalisait chaque jour un peu plus le changement. Nous étions beaucoup plus de metalleux à tracer aux concerts, beaucoup plus fréquents.

IN METAL WE TRUST… WAL HAAARD !!!... & ….HELLYEAH!!!! Mehdi Metallica


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Interview

Le Rock chaotique explique par Hoba Cinquième album et cinquième concert au Boulevard. Pour les Hoba, le temps ne fait que renforcer une conviction, profondément ancrée dans chaque membre du groupe : jouer c’est d’abord pour s’amuser !

Dans leur dernier, «Nefs & Niya», les fondateurs de la Hayha Music survolent joyeusement raï, rock, disco, ska, groove et infLuences marocaines. Le tout relevé d’une bonne dose d’autodérision..Rencontre.

Nefs & Niya ça veut dire l’orgueil et la bonne foi : c’est plein de bons sentiments tout ça… Pourquoi ?

Vous pensez qu’on s’en sort vraiment avec Nefs & Niya ?

Parce qu’on a vieilli, on a des enfants, et on a envie de les élever dans le respect des valeurs familiales, des traditions marocaines et de la religion musulmane. Nous sommes devenus très respectables… (Rires). Sinon, on a remarqué que le rap patriotique marchait bien, alors on a décidé de faire du rock patriotique ! Voir du rock chaotique… (Rires) Bon, on plaisante là...

Non, les paroles de la chanson ne disent pas ça. C’est une chanson sur le doute, sur les gens qui se posent des questions, sur des gens qui ne savent pas s’ils sont sur la bonne voie, s’ils avancent sur le bon chemin, s’ils sont prêts d’arriver ou s’ils ont juste démarré. Comme disait Churchill : «Ce n’est pas la fin. Ce n’est même pas le début de la fin. Cependant, c’est peut-être la fin du début»… Dans les paroles, il est question de gens qui s’accrochent à ce qu’ils ont : l’orgueil et la bonne foi, parce que c’est tout ce qui leur reste.


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Justement : est-ce qu’on s’en sort avec ça ? Je ne sais pas : on vous dira ça dans dix ou vingt ans. Ce n’est pas un album qui dit qu’on peut s’en sortir ou qu’on va s’en sortir. Alors c’est quoi le message de l’album ? Il n’y a pas de message ! Si vous voulez un message, consultez votre boîte vocale ou votre facebook ! Sérieusement, plus on vieillit, et plus c’est complexe, plus on doute, plus c’est compliqué. C’est facile de faire des slogans à 18 ans. Après on peut jouer un rôle et se transformer en émetteur de messages, mais ce n’est pas notre objectif. Le chant prend plus de place dans cet album, quelle est la nouvelle configuration du groupe ?

paroles, leurs intros, leurs mixages. Une fois en studio, on s’est posé et on a dit : ça on garde, ça on jette. Et on a juste enregistré les morceaux qu’on a choisi. Monter sur la scène de l’Boulevard, ça vous fait quoi à chaque fois ? L’Boulevard, c’est une date spéciale. On joue à domicile. Notre premier Boulevard reste un souvenir monstrueux ! On s’en souvient toujours quand on remonte sur cette scène. On était avec nos maillots de foot orange… Ca ne s’oublie pas ! Surtout qu’au Stade du COC, il y a un truc spécial : c’est qu’on voit bien le public ! Dans les concerts, il y a souvent une grosse foule, mais on ne la voit pas : c’est une question d’éclairage. Au Boulevard, on la voit très bien ! On voit cette vague qui bouge en même temps que nous… Sur «Ida Nzour Nbra» quand ça a basculé rock, il y a eu une vague humaine qui s’est mise à sauter… C’était un moment particulièrement fort. Ce sont des souvenirs importants. Très importants.

Dans la genèse des morceaux, leur création, leur écriture, c’est vraiment la première fois qu’on a tous participé. Même si cela fait 3 albums qu’Othmane est là, maintenant il est plus à l’aise et nous aussi. Dans le processus de création, est-ce que ça a changé votre façon de travailler ? Aujourd’hui, tous les membres du groupe savent dans quelle direction on va. On a fait 5 albums ensemble, ça doit donner une cinquantaine de morceaux enregistrés. C’est devenu très difficile de dire : cette idée a été amenée par Anouar, Saâd, Adil, Othmane ou moi. Il y a des morceaux qui traversent plusieurs chanteurs : «Les anesthésistes» par exemple, a été chanté par Ohtmane, par Anouar et Reda ! Mais ce sont des versions que vous n’entendrez jamais… sauf si on meurt ! (rires) Cet album est vraiment bien calé ! Tous les titres sont très différents : ça va du raï au rock, du ska à la disco… En fait sur cet album, on a fait des maquettes avec notre ingénieur du son, Hamza, dans notre local. Hamza est un ami avant tout, et notre local c’est chez nous. Donc on n’a pas été pressé par un studio loué ou par un ingé-son étranger. On a eu le temps de tout tester, d’aller au bout de nos idées, de faire tourner la bande en continu. On ne l’avait jamais fait avant. Les cœurs un peu soviétiques de Nefs&Niya, sont nés comme ça : on écoute le morceau et on décide sur un coup de tête d’essayer un truc comme ça. Dans un studio, si on a une idée, il faut attendre la prochaine cession pour enregistrer, et puis si ça ne marche pas du premier coup, tout le monde fait la gueule, on perd du temps et de l’argent... Là on est allé jusqu’au bout ! On a fait ces chœurs X-file et le lendemain on les a réorganisés. Il y a beaucoup d’idées sur l’album qui ont vu le jour parce qu’on avait du temps et des conditions d’enregistrement très correctes. On a pu faire plus de morceaux entiers, avec leurs

Propos recueillis par Stéphanie Mollé


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Chinese Man

La quete de l’esprit zen continue La publicité est à la télévision, ce que Chinese Man est au Trip-Hop français et international (style puisant dans le funk, le dub, le reggae, le jazz, le rock, la musique électronique et ayant pour rythmique de base celle du hip-hop), à savoir un incontournable ! Et ce n’est peut-être pas un hasard car, bourré de talent, le collectif Chinese Man, s’est fait connaître du grand public par la publicité (et oui, comme quoi ça ne sert pas qu’à nous pousser à consommer). En effet, ce sont les concepteurs – inspirés eux aussi – d’une campagne promotionnelle de Mercedes qui avaient choisi en 2006 la chanson I’ve Got That Tune du premier album The groove Sessions pour la musique de la publicité (oui vous vous rappelez sûrement cet air à la fois rétro et entraînant). Enfin, si malgré tout vous ne connaissez pas, il est temps de vous y mettre…Et vous n’allez pas être déçu !! Composé notamment des DJ marseillais Zé Mateo et High Ku, et des beatmakers SLY et Leo le bug, le Collectif Chinese Man – porté par le label Chinese Man Records – a été crée en 2004 et est basé à Marseille. Il a sorti quelques maxis vinyls (The Pandi Gruve en 2005, The Bunni Groove en 2006 et The Indi Groove en 2007), mais c’est réellement en 2008 que le groupe connaît la consécration avec la sortie de son premier album The groove Sessions. Accompagné d’un succès sans faille, suivront l’album The Groove Sessions volume 2 en 2009, mais aussi le maxi vinyl Hong Kong Dragon Speaking en 2009. Leur crédo ? Des samples à la sauce Trip-Hop : le titre Indi Groove contient par exemple un sample extrait de la version originale du film Pulp Fiction, la batterie de fin de Ordinary Man est samplée du morceau You are no good d’Amy Winehouse ou encore la sublime voix entendue sur He said, appartient à l’actrice Bonnie Beecher qui chante Come Wander With Me dans “L’Homme à la guitare” un épisode de la série télévisée “La Quatrième Dimension”. En somme, Chinese Man c’est de la création musicale équilibrée, rythmée et inspirée… idéale pour se lever du bon pied ou pour accompagner un long trajet routier. De la création qui derrière la musique n’a pas oublié l’humain, avec son lot de messages, de clins d’œil culturels et d’humour. Aujourd’hui, entre compositions et concerts, Chinese Man ne chôme pas et assure également par le biais de son label la production le management de cinq compositeurs et de trois DJ. Il collabore aussi avec un grand nombre d’artistes en France et aux États-Unis.

Muriel Tancrez


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PRO7

Le Set et le fouet Avec ses airs d’allumé, déguisé, voire dérangé, cet enfant de Casa découvre un nouveau jouet en France et se fait une place en or derrière ses platines. Subtil mélange bordélique, accro au rock et au break beat, fan incontesté de daft punk, il surfe théâtralement sur les sons, avec un amusement agaçant, en attaquant de plein fouet la vague électro. Amine pro7 nous prouve que le ridicule ne tue pas et qu’il peut même faire danser ! En témoignent les soirées “travesties monsters”, entre rock et pop, nées de la sulfureuse rencontre avec une styliste déjantée, “Miss pop” et son duo électro rock explosif “Le catcheur et la pute”. Seul objectif de ces soirées délurées, entrer en interaction avec le public, et permettre la rencontre des gens et des genres. Toujours en décalage, volontairement provoquant, entre attitude suave et esprit trash, tout le monde y passe, relookage obligatoire à l’entrée, un véritable carnaval de styles faisant sauter les pudeurs. Le pari est réussi ! Pro7 ne tarde pas à se faire reconnaître dans le milieu. En duo ou en solo, il quitte Toulouse pour conquérir le reste du monde et tous les teuffeurs rencontrés sur la route en redemandent... Sous chapiteau dans la boue, ou avec la crème des clubbers parisiens, fidèle à lui même, Pro7 fait danser les foules sans complexes et sans tabous. Âmes

sensibles, s’abstenir ... En 2008, il monte son popre label “Big splash record”, très solicité par de nombreux DJ reconnus qui a pour objectif la vente de vinyles, cds, et mp3. Il débarque à Casa pour notre plus grand plaisir, avec un set exceptionnel, concocté pour l’occasion. Amis boulevariens, préparez-vous à vous laisser emporter par un tourbillon d’énergie brute, mélangeant riffs de guitare et rythmes électriques, refrains punks et basses analogiques… Une seule chose à ajouter, ouvrez-bien grand vos yeux et surtout vos oreilles !

Leila Julliac

Kareem Raïhani

En transe avec les anges «Je voudrais savoir où sont passés les anges?» s’interroge-t-il. Kareem Raïhani donne pourtant les airs de quelqu’un qui les a trouvé ou effleuré en tout cas, au hasard de ses rencontres, de ses voyages... Là où il puise son inspiration. Il mélange les styles avec aisance, le sourire toujours aux lèvres, se laissant traverser par l’essence des musiques qu’il ramène dans ses bagages. Adepte de l’ectro, il la marie avec tout ce qui trouve sur sa route. Ce dj performeur jongle délicieusement avec les sons, en faisant des mix surprenants mais pas moins détonnants. Il se balade dans les plus gros festivals du monde et joue avec les plus grand, avec légèreté et simplicité, curiosité et enthousiasme, toujours en demande de nouvelles rencontres, de nouveaux échanges, de nouveaux projets. Sa musique nous attire, nous entraîne, nous emporte, nous prend par les trippes.

Partout dans le monde, Kareem Raïhani fait danser les foules. Pendant ses concerts, il garde toujours un oeil sur la création de ce «moment special» où les corps dansant deviennent des sons, ses sons, où la tête s’envole et où la transe vous prend. Ce marocain de Hollande revient à ses racines, plein d’envie et d’énergie pour nous embarquer dans son trip. Un language universel qui crée un lien entre tous les hommes quelle que soit leur culture. C’est comme ça qu’il le vit et qu’il nous le donne, et on en reprend avec plaisir. «A travers la musique et la danse, on embrasse le passé et le futur, l’acoustic et l’électronique, le tribal et l’urbain, le high tech et les racines, se connecter avec soi, la terre mère et l’univers» résume-t-il. Que dire de plus ? Qu’il ressemble à ses rêves, une vrai gueule d’ange. Leila Julliac


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Le peuple de l’herbe

Photo By © Gilles Garrigos

Electro-fEroce

Instrumentaux féroces, électro surprenante, dubs et breakbeats puissants, visuels et imagerie forte, le peuple de l’herbe enchaîne des disques à l’énergie folle ! Mais le peuple semble avoir trouvé depuis ses débuts la formule magique pour un renouvellement incessant, rafraîchissant, qui rend à musique du genre inclassable. Pee, Psychostick, N’Zeng, Spagg, JC001 et Sir Jean n’aiment d’ailleurs pas parler de classification musicale. Ils préfèrent en faire et le font plutôt bien ! L’histoire commence en 1997 dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon. Pee et Stani sont deux potes dj’s qui à force de mixer ensemble, finissent par se dire que «faire des morceaux à eux, ça pouvait être pas mal». Le duo sera par la suite rejoint par Psychostick, le batteur de la formation et N’zeng, le trompettiste. C’est dans cette configuration que le groupe signera

deux titres pour la bande originale de «Baise-moi», le film de Virginie Despentes. Le succès de ne se fait pas attendre. Le premier album «Triple Zéro» sortira peu de temps après. En 2002, le rappeur anglais Jc001 rejoint l’équipée et enregistre sur le second album «Ph Test Two». En 2005, le line up est encore une fois modifié et Stani est remplacé par Spagg. Cet épisode marquera le retour à un son plus organique. Profond et ample. L’avant dernier album, «Radio Blood Money», est un disque conceptuel, plutôt «ambitieux» comme ils se plaisent à dire. C’est sur cet opus que Sir Jean viendra prêter main forte. Il s’y plaît tellement qu’il enchaîne illico sur le suivant «Tilt». Sir jean et Jc001 agissent désormais comme deux catalyseurs essentiels au son du groupe, un son grisant, qui fera, à coup sûr, son effet sur son public... l’autre peuple de l’herbe. Mehdi El Kindi


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Haoussa

Feel the noise

Ils en ont pété de la corde, depuis ce mois de juin 2002, quand la meute de punk-rockers a craché sa rage à la gueule des boulvareux et du jury Rock de la compét’. Les concerts de Haoussa ont toujours eu un quelque chose de surréaliste, urbain et tribal à la fois, rustre et poétique, chaotique, mais définitivement beau. Un peu à l’image de leur parcours, un long cycle de Splits et reconfigurations. D’un line-up à l’autre, l’esprit n’a pourtant pas concédé une once de terrain au temps. Leur son, du genre à se bonifier avec l’âge. Live ou acoustique, des premières maquettes de Human insanity au Master de leur premier album. Haoussa, c’est aussi les textes de Khalid, un esprit libre, quatre kilos de métaphores la minute et une

Darija belle à faire pâlir de honte tous les paumés du panarabisme. En faisant l’addition, il leur aura fallu huit ans avant de pouvoir entrer en studio… Il faut avoir les boules - et en avoir aussi - pour tenir la distance, malgré les fracas. Pour la peine d’ailleurs, l’album sera très probablement Eponyme. Bruyant pour sûr, colérique, techniquement propre. Parfait pour ainsi dire. Avec une belle surprise au dos de la pochette. Une rencontre du nom de Daniel Jamet, l’ex-lead guitare de la Mano Negra, croisé au festival de Dakhla 2009. Il a mis son petit grain de génie dans cinq morceaux de l’album, à découvrir cet été. En attendant, on se retrouve au Boulevard, le 15 mai, to feel the noise. Chadwane Bensalmia


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La résidence

Tout En rythme Premier jour, notre super Quatuor exclusivement masculin, non pas par choix, mais par dépit ; Khansae n’a finalement pas pu embarquer dans l’aventure - arrive au local de répèt’ à Saragosse. Le travail commence à l’heure européenne et finit à l’heure marocaine. Du 9h 22h non-stop. Premier face à face donc depuis le début du projet, chacun derrière son instrument. Les 5 musiciens espagnols se connaissent tous, pour être les membres de la même formation. Ils arrivent avec leur playlist toute faite et des années de travail en commun. Le versant marocain de la résidence réunit lui 4 musiciens aux parcours individuels. Barry, Brahim Terkmani, Yacine Chraibi et Mohamed Ali Aït Tahiri se connaissent bien sûr. Ils se croisent, «s’écoutent», mais n’ont jamais performé ensemble. «Il nous fallait très vite rattraper le rythme. Ce qui n’était pas évident d’autant que ne nous parlions pas les mêmes langues» confie Brahim. Le soir même, réunion d’urgence dans son cagibi. Au programme : organisation et choix des morceaux marocains. Le deuxième jour, on n’ose pas encore gribouiller sur les notes d’Alejandro Monserrat, guitariste et compositeur connu et reconnu, intimidant pour ainsi dire. C’est encore trop froid. «On se la refait ?»…. L’humain d’abord. Le feeling. La complicité. On commence par se rebaptiser Los Vecinos. Alejandro et Josué deviennent Hmed et Houcein, Yacine et Ali, Super Nacho et Frekholito. On arrange les horaires, l’intégration à l’envers. Désormais, les matinées seront douces et les soirées un peu plus longues. Tout le monde est sur la même fréquence ? Le tehlal peut commencer. «En fin de compte, les deux cultures ne sont pas si éloignées l’une de l’autre du moins musicalement, confie Ali Aît Tahiri, j’ai beaucoup appris sur leurs techniques, que je ne connaissais pas du tout». Les réarrangements fusent, on se démerde pour se comprendre. Un mot en français, deux en anglais, un autre en espagnol, un langage des signes improvisé et en désespoir de cause, la démonstration musicale. «Il n’était plus question des préparatifs pour un ou deux concerts, mais d’un projet complet» poursuit Brahim.

Un répertoire de 10 morceaux dont 7 proposés par Alejandro, 2 compositions de Barry dont une «Loughzayel Meyel», est empruntée à la tradition Hassani et une dernière «Ayta» proposée conjointement par Brahim et Barry. Dans le lot, on retrouve un hiphop en 5 temps, une Ayta/Buleria populaire, un tempo Hassani Gnawi Reggae Buleri. «Leur musique aussi est très rythmée, le défi de chacun était de trouver sa propre mélodie, changer les rythmes de base tout en restant en harmonie avec l’ensemble, décrit Brahim. Une fois chacun a sa place, les idées ont pris forme. La deuxième partie de la résidence sera d’ailleurs probablement teintée de rythmiques blues». On ne vous en dira pas plus. D’ailleurs, la suite ne se raconte pas. Elle s’écoute, au Boultek, à l’heure où nous mettons sous presse, pour les dernières répétitions. Verdict sur scène, le Samedi 15 mai. Mafalda


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L’expo

Down side up and outside in

Cette année, l’Expo l’Boulvart investit un tout nouvel espace, la très blanche Villa des Arts de Casablanca, qui se prête au jeu de la création urbaine en accueillant, pendant quatre jours, sept artistes. Le septuor, composé de Abdelmalek Rafi aka Molokov, Jif, Mohamed Kadem aka A3wina, Ali Guessoum, Abdelhaq El Youssi, Mohamed Smyej et Morran Ben Lahcen, se réunit autour d’une réflexion bien urbaine. Au sens Street du terme ? Pas que...! Car si Morran et A3wina, nos deux experts façadiers, ont une pratique de rue, ils utilisent cette fois leurs instruments à couleurs comme un porte voix invitant à la balade intra muros. L’œil, happé par la réalisation du ravalement en direct live ne tardera pas à guider le corps vers l’ascension

des marches, au détour d’une sculpture métalleuse d’Abdelhaq, à travers les travaux photo ou graphiques de Simo, Molokov, JIF ou Ali, au hasard d’un mot, d’une image, d’une matière, empreintes de villes, chargée d’urbanité. Le défi de chacun : bousculer la blanche neutralité de ce magnifique édifice à fort caractère anarchitectural, en y apportant le joyeux tumulte des zones à forte densité humaine… Hâtons nous !!! Le club des sept ne nous prête leurs délires que quatre petits jours et s’en repartiront créer dans leurs rues, leurs ateliers, leurs écrans jusqu’à une prochaine ! John Rabot et O. Ferlaine


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Chronique

being african... En juillet 2009, je me suis lancée dans un projet pour explorer le RAPtivisme autour du monde pendant un an. Jusqu’à présent, j’ai eu l’occasion de vivre à Copenhague (Danemark), à Cape Town (Afrique du Sud), à Dakar (Sénégal) et ici, à Casablanca. À la base, pour moi, le concept de RAPtivisme va de concert avec les efforts réalisés au sein de différentes communautés, dans les milieux du rap et du hip-hop, pour justice sociale, l’égalité et l’unification des peuples. Depuis toute petite, j’ai été sensibilisée dans le cadre familial à la culture, surtout celle des années 1980-90. Partant de là, j’ai développé un véritable enthousiasme pour le hip-hop, lié à mon engagement pour la justice sociale. Même avec la culture du ‘bling bling’ et ‘booty’ qui prolifère beaucoup à cette époque, il me semble que le hip hop garde toujours cette capacité à éveiller les gens et à nous faire penser. De plus, le hip-hop est un phénomène international auquel peuvent s’identifier des gens des quatre coins du monde. En Afrique surtout, je trouve que le hip-hop est très important pour la jeunesse, non seulement du fait de la musique, de la culture et de la mode, mais aussi par rapport à nos façons de voir le monde qui nous entoure. Au cours de mes voyages en Afrique du Sud, au Sénégal et au Maroc, le post-colonialisme est apparu dans chacun de ces pays comme un thème

commun aux discours de rap et de hip hop conscients. Les implications contemporaines de l’oppression colonial, l’esclavage et les questions d’identité sont des sujets dont parlent aujourd’hui tous les artistes engagés et “RAPtivistes”. De plus en plus, l’idée d’une solidarité et d’une unité africaine attachée à l’avenir du continent rapprochent nos communautés hip-hop au Sud, à l’Ouest et au Nord de l’Afrique, indépendamment de la langue dans laquelle on rap – anglais, darija, français, wolof, afrikaans, xhosa ou setswana. Il me semble que, pour la plupart des pionniers du hip-hop avec qui j’ai travaillé, comme Didier Awadi au Sénégal ou Emile YX (Black Noise) en Afrique du Sud, il n’y a pas de temps à perdre pour parler de choses qui ne touchent pas à la réalité des peuples et qui ne défendent pas nos libertés personnelles. Il y a, dans un sens, ce que Martin Luther King a décrit comme “the fierce urgency of now” (‘l’urgence absolue du moment’), qui nous encourage toujours en tant qu’artistes, fans et citoyens du monde à être conscients de ce qui se passe autour de nous en espérant pouvoir jouer un rôle afin de l’améliorer. De plus, le fait que des gens aussi divers que John Legend, Outlandish, Zolani Mahola (Freshly Ground) et DMC champion DJ Noize aient participé à ce projet indique qu’il existe de nombreux artistes soutenant le concept de RAPtivism – chacun à sa façon.


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Un jour, pendant mon séjour à Cape Town, Emile YX m’a dit que l’Afrique était le continent le plus riche du monde. Chaque jour, je comprends un peu mieux cette phrase, non seulement du point de vue des ressources, mais aussi en ce qui concerne l’art, la

monde du hip-hop qui oeuvrent, tous les jours, pour nous rappeler qu’il y a une histoire et une identité beaucoup plus profonde et complexe que ce que les publicités et la majorité des médias dominants nous présentent.

culture, les traditions intellectuelles et spirituelles... En même temps, étant donné la grande diversité de l’Afrique, ses pays, ses régions, ses villes et ses villages, il est facile d’oublier les valeurs que l’on partage. Si les grandes entreprises multinationales s’évertuent à accumuler stéréotypes et clichés du «being African», j’ai rencontré pour ma part beaucoup de personnes dans le

C’est surtout cette richesse et cette diversité de l’Afrique qui nous divise en même temps qu’elle nous unifie. D’après Afrika Bambaataa, la connaissance de soi est un élément essentiel du hip-hop qui, à mon avis, révèle l’importance du respect de soi et des autres. Ce genre de respect est à la base du RAPtivisme et à l’origine de beaucoup d’espoir pour les générations futures du hiphop en Afrique et dans le monde. Aisha Fukushima


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Interview

«l’unite africaine: VOILA mon but» Pionnier du rap au Sénégal, Didier Awadi est surtout un leader reconnu et respecté du rap africain francophone. Co-fondateur en 1989 avec le rappeur Doug E. Tee de Positive Black Soul (PBS), un groupe qui a gagné une notoriété internationale avec ses paroles conscientes et engagées et son style original, Awadi est aujourd’hui artiste et entrepreneur. Il gère son propre studio et son propre label, tous deux basés à Dakar. Depuis PBS, il a sorti deux albums solo et vient de signer Présidents d’Afrique, un projet multimédia qui célèbre les 50 ans d’indépendance des pays africains, et qui est un hommage aux pères fondateurs tels que Nelson Mandela, Martin Luther King, Thomas Sankara et Frantz Fanon. L’album compte des collaborations avec plusieurs artistes dont nous citerons M1 de Dead Prez (USA) et Skwatta Kamp (Afrique du Sud). Où puisez-vous votre inspiration Awadi ? Dans le manque de liberté d’expression dont souffrent beaucoup de pays. Vous parlez souvent de l’Unité Africaine. Pourquoi, à votre avis, est-il aussi important d’unifier l’Afrique à notre époque ? Je pense que l’Unité Africaine est très importante parce que nous sommes faibles. Le Sénégal, par exemple, est seul, la Guinée est seule, le Mali est seul... Et quand on est seul, on est trop faible pour défendre l’économie de son pays. Alors que si on s’y met à plusieurs, on est respecté. Voilà pourquoi on a besoin d’être uni aujourd’hui. Uni parce qu’on a le même agresseur, qu’il soit culturel,

économique ou industriel. On a les mêmes agresseurs, qui se battent contre nous, alors que nous sommes faibles, divisés. Si on était uni, ils auraient plus de mal à nous berner. Je pense donc que la seule solution pour nos pays, c’est de se rassembler, de défendre ensemble les valeurs que nous avons en commun. Comment est-ce que le hip-hop peut contribuer, selon vous, à cette unification ? Il faut que les jeunes l’écoutent. Les jeunes représentent 60% de la population de notre pays (Sénégal). Il faut donc profiter de tous ces jeunes qui écoutent le hiphop pour faire passer des messages qui ne sont pas seulement ‘blow’, qui ne sont pas seulement danse, qui ne sont pas seulement ‘the hoes and money’, mais qui véhiculent aussi des messages de conscience. Puisque cette musique est écoutée par les jeunes, il faut en profiter pour leur faire passer des messages importants. Si on vient leur donner des cours d’histoire, ça ne les intéressera pas, des cours de politique non plus. Mais si tu mets ça dans la musique, peut-être qu’ils prêteront une petite oreille à ce que tu as envie de leur dire. Quel rôle lajeunesse peut-elle jouer dans cette Unification de l’Afrique ? L’Unité de l’Afrique pourra se faire lorsque les peuples décideront de s’unir et non pas tant que les politiciens décideront pour les peuples. Donc si on peut avoir de l’influence sur les peuples avec la musique, les peuples pourront avoir de l’influence sur les politiciens.


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En tant qu’artiste et activiste, quel est ton plus grand but? Le début de l’Unité africaine : c’est ça mon but. Qu’on ait une monnaie commune, un passeport commun et qu’on établisse un Conseil de Sécurité avec un droit de veto, comme tout le monde. Qu’on commence à casser les frontières et qu’on ait davantage d’échanges. Et, en tant que musicien, qu’on crée un marché pan-africain, qui soit moderne, capable de s’imposer dans le monde entier. On dirait que vous avez beaucoup changé à travers le travail que vous avez réalisé pour votre projet ‘Présidents d’Afrique’. Ça se voit ? Oui, en fait, c’est vrai que depuis que j’ai commencé le projet, j’ai rencontré beaucoup de personnes, des personnages historiques ou proches des personnages historiques, qui m’ont beaucoup influencé. J’ai beaucoup lu aussi. Tout ça a changé ma vision du monde. Je pense qu’aujourd’hui, je connais un peu mieux mon histoire et j’observe le monde avec un peu plus de maturité. J’ai rencontré le fils de Lumumba, la famille de Thomas Sankara, et ça m’a fait vraiment plaisir, c’était un rêve. J’ai rencontré aussi le fils de Sékou Touré, l’ancien Président de Ghana J.J. Rawlings, l’ancien Président d’Algérie Ahmed Ben Bella. Tout ça te conforte dans la voie que tu as décidé de suivre. C’est encourageant. Propos recueillis par Aisha Fukushima


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D’un pays à l’autre

Le rap, outil contestataire Le rap africain est en plein essor. Avec son mélange d’instruments traditionnels et modernes, il est devenu l’outil idéal de revendication et de contestation. Flow musical relié au hip hop, une culture ayant ses propres normes, ses pratiques et ses valeurs, il se rapporte à la vie dans le ghetto. Le rap africain, né de la contestation, s’enracine dans les tréfonds de la tradition africaine, pour mieux interpréter l’idéologie du peuple africain. Il cumule un aspect festif et un aspect revendicatif et contestataire. Les thèmes abordés varient selon les temps et les époques. La musique rythmée et les textes véhiculent des revendications sociales ou politiques, qui deviennent un véritable hymne de la communauté africaine. Ainsi, le célèbre rappeur Sénégalais Awadi n’hésite pas à dénoncer les maux dont souffre la jeunesse africaine. Son dernier album se révolte contre ces jeunes qui veulent fuir l’Afrique, pour trouver un meilleur avenir en Europe. Un autre groupe en GuinéeConakry, Sembèdèkè, qui signifie en soussou « la source de la force », sort un nouvel opus très contestataire intitulé le « Pouvoir Africain ». Yeleen du

Burkina-Faso est aussi un exemple de mouvement de lutte et de métissage culturel. Yeleen qui veut dire «lumière» en Bambara créé un rap inspiré uniquement de mélodies africaines, mélange de style musical du nord et du sud. Le rap en Afrique, c’est la révolution du verbe. Il permet d’aborder des problèmes de société en musique et d’éveiller les consciences. C’est aussi un outil de dynamisme culturel, car il participe à faire revivre les dialectes. On le sent dans les textes du groupe Caporegime du Cameroun, un groupe composé de quatre personnes venant des banlieues de Yaoundé, qui défend à tout prix l’essentiel de la culture rap en Afrique. Si avant en Afrique, le rap était considéré comme la musique des déracinés, des acculturés, des enfants de la rue, il faut dire qu’aujourd’hui, il est devenu une musique de lutte par excellence, qui participe aux changements de condition de vie du peuple africain, et influence beaucoup les décideurs politiques. Dans ce contexte, le rap est respecté par sa vocation et développe sa propre identité Condé Laye Mamadi

Afrique du sud

Une Marche pour l’Unite Connu pour sa musique «Motswako» (mélange en Setswana), Hip Hop Pantsula (HHP) est l’un des plus grands rappeurs en Afrique du Sud. Il a presqu’une décennie de carrière derrière lui. Accompagné de 11 musiciens en live, il a partagé les scènes d’artistes tel que Snoop Dogg, Saul Williams, Will Downing, Angelina Kidjo et Jamie Cullum. Lauréat de plusieurs prix de SAMA - South African Music Awards-, nominé pour la catégorie de Best African Act en 2007 par MTV Europe et gagnant de l’Award pour la meilleur vidéo aux MAMA - MTV African Music Awards en 2009, il est aujourd’hui un artiste accompli, constamment à la recherche de nouveautés pour enrichir son art. En 2007, Hip Hop Pantsula a gagné le premier prix de ‘Strictly Come Dancing’ une émission télé-réalité de danse, dans laquelle les célébrités performent avec des danseurs professionnels. Plus récemment, il a fait un voyage aux Etats-Unis où il a collaboré avec son idole de rap US, Nas pour son dernier album, «Dumela». Inspiré par livre de Paulo Coelho, «The Pilgrimage», Hip Hop Pantsula prépare aujourd’hui son futur grand projet : une longue marche de Mafikeng -sa ville natale- en Afrique du Sud jusqu’à Nairobi, Kenya, où la marche apparaît comme un geste symbolique pour l’Unité Africaine. Le coup de départ est programmé pour mars 2012 et l’arrivée, six mois

plus tard. «C’est d’abord pour renforcer l’idée d’une Unité Africaine dans l’esprit des gens» explique-t-il, en ajoutant, «le tribalisme, le racisme, la xénophobie, sont des choses qui empêchent le Continent de se développer». Une équipe télé le suivra ainsi durant son voyage pour capter les moments forts de sa traversée au cours de laquelle il apprendra à parler Swahili, l’une des langues les plus parlées en Afrique. Hip Hop Pantsula projette aussi d’inviter des stars internationales solidaires de la cause. Utopique ? Non. Optimiste. Il sait ne pas pouvoir changer l’Afrique entière à travers son voyage, mais espère pouvoir planter des graines qui créeront le changement dans l’avenir… «Pole Pole» vous dirait-il, s’il parlait déjà Swahili Doucement, doucement. A.F


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Focus Guinée

Le Rap, outil educatif Si rapper signifie bien lutter, alors le rap en Guinée est un combat continu… Un combat contre la corruption généralisée, contre l’autorité et son racket permanent, contre la démission des politiques en matière de jeunesse, contre l’analphabétisme, la délinquance, la drogue, la prostitution, bref les fléaux qui gangrènent la société. Souvent engagé, le rap guinéen se veut surtout «éducatif» et accessible à tous. «Le Rap Aussi», le plus grand festival hip hop en Guinée, enregistre chaque année plus de 50.000 spectateurs, et est devenu depuis 2001, un instrument de communication envers les jeunes. À travers ce festival, des programmes de sensibilisation sont développés en faveur des populations sur qui repose l’avenir de la nation. Autre action allant dans ce sens, des ateliers de formation qui visent à professionnaliser l’exercice des activités artistiques en Guinée, s’articulent autour de l’écriture de texte rap, le management artistique, la technique de dj et la danse hip hop. L’aspect éducatif du rap guinéen, c’est aussi redonner à la jeunesse une certaine fierté de sa couleur et de son histoire, sur un continent encore trop complexé vis-à-vis de l’occident. C’est ce à quoi s’emploient nombre d’artistes pro africanistes. Le rap en Guinée est une philosophie, qui vient à point nommé, dans un moment où le pays a besoin d’un nouveau souffle pour préserver l’attitude positive qui fait son identité. Younoussa Soumah


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Carnet de route

A journey to

Hip Hop Harmony

in Northwest Africa

Ma vie actuelle peut être décrite comme la lourdeur après la légèreté, l’orage après le calme. Je ne peux me rappeler le dernier calme, mais je peux vous en dire un peu sur l’orage.

By Shivani Ahlowalia

Quelques semaines auparavant Les eaux turbulentes étaient à l’image de la situation . Des 18 heures que j’ai passé sur la croisière, complètement nauséeuse, mal en point. Tout tombait en morceaux. Révoltée, mon moral en chute libre et mon projet qui m’échappe. Hip Hop And Harmony(HHH) périssait, et moi, je luttais contre les vagues des côtes du Sénégal, essayant de sauver ma dignité, et par la même occasion préserver mon intégrité. J’étais arrivé à Zinguinchor, Sénégal (une heure de la côte de la Guinée-Bissau par la route) la nuit d’avant, après que mon collègue Brian King et moi ayons pris la décision, bien réfléchie de quitter Bissau suite au coup d’état. L’armée Bissau-Guinéenne a temporairement détenu le premier ministre Carlos Gomes Jr. et quelques membres du conseil, le 1er avril. Le jour suivant, il est apparu à la télévision pour annoncer que l’état de la Guinée Bissau est «stable». Après analyse de la situation, on a décidé de prendre une pause du pays, ne serai-ce que momentanée. Le premier ministre a été détenu à 10h du matin, Brian, quelques membres de Big Up BG et moi, nous sommes réunis autour d’un petit pose radio dans la cour arrière du studio d’enregistrement Cobiana Records, essayant de déchiffrer les dernières news et les prévisions des citoyens interrogés. Je ne suis pas habituée à analyser les «on dit» politiques. J’ai alors réalisé que je ne pourrais pas assurer la sécurité de la douzaine de personnes qui arrivent de six pays différents pour le programme de résidence d’artiste Hip Hop And Harmony dans moins de deux semaines.

H H H La mission d’Hip Hop And Harmony est de renforcer la culture urbaine comme moyen de transformation sociale et économique en Afrique. La résidence est la première partie d’un programme qui se divise en deux parties qui ont pour but de régionaliser le Hiphop en créant des ponts, tout en renforçant sa qualité. La deuxième partie de HHH comporte un festival régional qui fera participer cinq pays africains du Nord-Ouest. Les estimations laissent présager environ 45.000 spectateurs.

Dans sa version originale, le projet de résidence d’artiste de HHH devait débuter le 14 avril et prendre fin aujourd’hui, le 24 avril en Guinée-Bissau, Afrique de l’ouest. Le programme était de rassembler un rappeur du Mali, du Sénégal, de Mauritanie, du Maroc, de Guinée-Bissau, un DJ Hip Hop et un technicien à Bissau pour collaborer avec Ze Manel Fortes dans le but de faire une production de musique Hip Hop originale, entièrement africain.


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Nous avions intégré une série d’ateliers et dates de représentation comme plateforme d’échange entre les artistes et les opérateurs culturels participant à HHH et au mouvement local de Hiphop, Big Up GB. Les ateliers comportaient : «DJ : Scratch et mix» avec Gee Bayss, «Les organisations culturelles et l’organisation de festival Hip Hop» avec Amadou Fall Ba «Comment être indépendant à travers le Hiphop : la production de Beat et la vie» avec le rappeur révolutionnaire Didier Awadi, «Graffiti et Arts Graphiques pour la vie de tous les jours» avec Marco, soutenu par The Young Black Entrepreneurs. La Guinée-Bissau est isolée de ses voisins par la langue (Créole portugais), une petite économie, une tumultueuse histoire, récente, de conflits et narcotrafics, et des assassinats politiques. Bien que populaire localement, le Hip Hop Bissau-guinéen a reçu peu de soutien régional et international. L’idée était de préparer une tournée de Bissau pour sortir de la culture de l’isolation tout en renforçant la capacité locale en performance et production. Les professionnels de l’industrie musicale Hip Hop du Mali, du Sénégal, du Maroc, de Guinée-Bissau et de Mauritanie se sont rencontrés Ze Manel Fortes le 17 octobre 2009, pendant le festival WAGA Hip Hop à Ouagadougou, Burkina Faso. Nos missions se sont avérées similaires: ainsi Hip Hop Harmony était né. Depuis son commencement HHH a été logé dans plusieurs pays africains du nord-ouest, le projet a été écrit et modifié plusieurs fois. Et maintenant il ne verra plus le jour – c’est ce que je me suis dit.

Prévoir l’imprévisible

quel être humain, comme n’importe quel bissau-guinéen qui a entendu le bruit de l’explosion. De la façon dont ma vie a été programmée jusqu’ici, un bruit aussi fort n’est pas nécessairement assimilé à une explosion. Les fois

DJ Gee Bayss, member of group Pee Froiss and DJ Producer behind famed African Hip Hop Mixtape, “Egotrip n Scratchness”.

Members of Guinea Bissau’s Hip Hop Movement, Big Up GB

où je me suis réveillée en sursaut, c’était par accident, une porte que le vent a fait claquer, un mauvais rêve, la sirène d’un camion de pompier… Jamais une bombe. Mis à part mon éducation programmée de suburbaine de classe moyenne, il n’avait aucun doute dans mon esprit que le bruit de ce matin était élaboré par des esprits-corps disséminés, coléreux à cause des journées passées sous le soleil du midi. La journée précédant les bombardements a conditionné mon instinct.

Je n’arrive pas à ne pas le prendre personnellement. J’aurai dû voir les choses arriver, calculer l’incalculable. S’il y a une chose que je peux maintenant prévoir, c’est que la situation est complètement imprévisible. Je le savais. Cette leçon-là je l’ai apprise l’année dernière, alors qu’on travaillait sur une série d’assassinats politiques qui ont eu pour victime l’ancien président Nino Vieira, le chef des forces armées, Tagmé Na Waié. Un extrait d’un blog, dans lequel j’ai écrit le lendemain de l’assassinat du president. «Les profondeurs d’une explosion s’approchant graduellement de la Guinée » Mercredi 4 mars 2009… Ce matin, je me suis réveillée en sursaut à cause du bruit, le genre qui vous remue, indépendamment du sexe, de la race, de la taille, du poids ou de la religion. J’avais peur, comme n’importe

March 4th, 2009. Bissau’s Barakas, usually bubbling with activity during Carnival, are empty


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La vieille au soir… … Après quelques heures Brian et moi, nous sommes retrouvé au Lenox, restaurant où ont lieu des concerts… Un appel «officiel» qu’a reçu une personne qui nous accompagnait ce soir-là, nous a conseillé de rentrer et de ne pas mettre les pieds dehors. Le concert qui avait lieu au Lenox avait été annulé. A peine assis, qu’une serveuse prenait déjà notre commande. Pendant ce temps là, le marchant de glace situé en face du restaurant baissait le rideau. Le temps qu’on soit servi et il déguerpissait déjà. A peine nous avions bu la moitié de nos bières que l’endroit était déjà vide. Notre pizza nous a été servi à moitié cuite, le personnel était réduit. A peine nous a t on laissé finir notre plat que les lumières étaient déjà éteintes et le personnel se dirigeait vers la sortie pour quitter les lieux. Nous sommes sorties par la porte arrière pour éviter la rue principale, direction notre «nouvelle» maison et directement au lit. A 4 du matin le bombardement qui a causé la mort du président, m’a terrifié. Des tirs hystériques accompagnés de monstrueux aboiements de chiens. Le quartier a ouvert les yeux tout en gardant la bouche fermée. Je pense que nous avons tous ressenti la même chose curieusement, la peur et la confusion… Peut être que le quartier est mieux préparé à comprendre ce qui se passe, après tout c’est leur quotidien, ils le vivent tous les jours et s’en lavent les mains.

danoise dans leur extravagance, m’ont amené au pays pour gérer leur production. Stroboscopes, piercing, bruit maniaque, Bissau n’a jamais rien vu de tel. On a fait une série de concerts, intégré des talents locaux, enregistré dans les studios locaux, filmé un documentaire, amusé les orphelins d’USSOFORAL. En conséquence, c’était ma première expérience avec le Hip Hop en Guinée Bissau car nous avons collaboré avec le groupe local de Hip Hop «Torres Gemos». Mon éducation familial est basé sur la tradition Indienne, c’est probablement à ma première venue à Bissau que ma famille a pensé que c’était le début de mon errance. Cependant, la réalité c’est que ce voyage a pavé la route qui deviendra mon chemin. Big Up Dansk Fløde! En fait, c’est durant ce voyage en 2008 que j’ai rencontré Brian King et que j’ai connu Cobiana Communications et leur volonté de déplacer le studio de Ze de Oakland, Californie, à Bissau pour encourager ce que Ze appelle «la révolution culturelle» qui commencait.

Je suis étrangère à ce désordre, mais aujourd’hui je suis aussi concernée; un pas de plus qui m’éloigne de mon statut de touriste.

Dansk Fløde performs at Lenox, 2008

On allait vers quelque chose

Ça a commence à prendre forme. Je suis rentré de Guinée Bissau au Danemark où je finissais mon Master dans une école de commerce à Copenhague. Avec mon collègue Therese Johansen, j’ai passé les 9 mois suivant à faire des recherches, à voyager, écrivant autour de la musique et le développement économique. D’après mes recherches au Mali, j’ai appris que «la musique a le potentiel pour être l’industrie meneuse (au Mali) avant l’or, si elle s’organise» - Cheick Oumar Sissoko (Ex-ministre de culture ; Réalisateur et politicien maliens). Nous allions vers quelque chose.

Je suis arrivée en Guinée Bissau en janvier 2009, pour travailler avec Brian King et Ze Manel Fortes pour mettre en place le premier studio d’enregistrement de qualité du pays, et créer l’organisation non gouvernementale, Cobiana Communications. C’était la deuxième fois que je me rendais à Bissau. Exactement un an avant, un groupe Punk Rock danois Dansk Flode, la crème

Pendant ce temps, je suis restée en contact avec Brian, on a mis en place des idées et des stratégies. Après ma diplomation en décembre 2008, Brian m’a invité à Bissau pour relocaliser le studio et travailler les projets de la musique et le développement autour du studio.

Dansk Fløde records at the Mavegro Studio with Mike and Hip Hop group, Torres Gemos (The Twin Towers) 2008


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Energie alternative Janvier 2009, on arrive à Bissau. En parallèle, l’équipement du studio est arrivé des Etats-Unis, et nous attend au port. Malheureusement, régler les soucis en relation avec la bureaucratie nous a pris 3 mois de négociation avec les officiels et à différents bureaux gouvernementaux. Nous avons également été taxés sur les trois mois d’attente. Nous avons pris une maison aménagée en studio, dans le quartier de classe moyenne «Bairo de Adjuda» et on progressait petit à petit.

Dansk Fløde performs for a Balanta Village in the outskirts of Bissau – 2008

Mario Pussek, known Bissau- Guinean artist, struggles to make a living. He has since 2008, moved to Dakar, Senegal.

Là ou il n’y a aucune infrastructure, tu dois construire. Le moins il y en a, le plus cher coute les choses. Je me rappelle parler à mon amie Rachna au téléphone pour lui raconter les citernes d’eau, les sources d’énergie alternative. «Tu sonnes plus comme un entrepreneur qu’une personne qui travaille dans le développement» me disait-elle. C’est un peu comme ça qu’on s’est senti les premiers jours à Bissau. J’ai calculé les dépenses en consommation d’énergie, en filtres d’eau avec Brian - qui a beaucoup plus d’expérience que moi dans ce domaine. Plus le projet prenait forme, plus les dépenses augmentaient. Avoir le studio à Bissau coute trois fois plus qu’à Oakland. Les coûts de ce projet commençaient à dépasser les capacités de nos portes feuilles. C’est ce problème qui nous a menés au Hip Hop.

Artists record at Mavegro Studio, 2008

On a rêvé d’une collaboration qui pourrait nous aider pour que le studio de Cobiana Communication soit opérationnel. La musique Hip Hop à Bissau, comme dans la majorité des pays d’Afrique de l’Ouest et un mouvement mené par les jeunes, avec un large publique de fan et d’MC’s qui rappent leur vérité, quelque soit le prix. La démocratie doit être

supportée. L’environnement dans lequel le Hiphop bissauguinéen subsiste, est quant à lui, impossible. Extrait d’un rapport sur la situation bissau-guinéenne dans l’industrie de la musique que j’ai publié sur mon blog l’an passé :

Musique à Bissau, rapport sur la situation Les opportunités de soutien des artistes de qualité en Guinée Bissau sont rares. Dû à la destruction des institutions de la musique et des instruments pendant la guerre des années 90, il n’y a plus d’école de musique en Guinée Bissau. Quand on arrive à trouver une classe de musique, les instruments y manquent. On peut donc facilement imaginer que les chances qu’a un musicien pour gagner sa vie son très limitées. Les gigs payent rarement, et les acteurs culturels impliqués dans le milieu sont invisibles, laissant derrière eux l’espoir d’un lien, un jour, avec l’industrie lucrative internationale. Ceci justifie, peut être, l’exode des compétences artistiques de Guinée Bissau vers d’autres parties du monde, dans le but de vivre de leur musique. Quant aux artistes qui restent dans le pays, il est commun pour les meilleurs d’entre eux de chercher une structure de management de Lisbonne, Portugal, car un mécanisme adéquat pour produire, promouvoir et vendre la musique à Bissau n’existe pas encore. Produire des enregistrements de qualité représente une tache ardue. Il y a de nombreux studio d’enregistrements à Bissau, dont les plus connus utilisent encore un processus d’enregistrement Low-Tech, simpliste pour les standards internationaux. Ses studios produisent les enregistrements de base pour la plupart des shows live à Bissau. Ce qui veut dire qu’il n’existe pas de Show Live. La majorité des artistes sont des chanteurs playback. Le problème est tellement grave que sur scène il n’y a généralement pas assez de micro pour un groupe de plus de 4 personnes. Alors, l’un porte un micro et les autres simulent avec des bouteilles de Coca Cola à la main. Rarement le Micro est allumé pour donner une impression de live. Il y a un monopole dans ce que les gens de Bissau appellent matériel ou système son. Il y a 3 personnes sur toute la ville avec des baffles et une seule avec un système assez large pour faire un show moyen à Lenox, la plus grande salle de concert à Bissau. Pour un show, Dansk Fløde ont payé 250,000 XOF, la monnaie locale de Guinée Bissau, ou l’équivalent de 6 mois de loyer pour un employé bien payé dans le domaine de la santé. La situation est très complexe, mais elle n’est pas si sinistre que ça…

*Note: Depuis l’écriture de cet extrait, le studio de Cobiana Communications a été construit et est aujourd’hui fonctionnel.


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Big Up GB Hiphop from Bissau Hip Hop fait bouger les masses. A la base de ce constat, notre organisation et NT Productions, ont rallié les rappeurs à la cause pour discuter la possibilité de créer un événement de collecte de fonds, le premier festival Hip Hop live à Bissau – les fonds étaient destinés à rendre le studio opérationnel. Le studio devra alors, en retour, produire une compilation Hip Hop bissau-guinéenne et servir d’espace pour le Hip Hop à Bissau. On a fait une liste des rappeurs, quelques appels, quelques réunions, et le débat est entamé. Je dois dire que la simple tâche d’organiser une réunion peut être très fatigante. La majorité arrive tard, quand elle arrive. Il n’y a aucune constance, assister à une réunion n’implique pas qu’ils assisteront à la suivante. C’est un rythme différent, auquel on doit s’adapter combien même il peut être énervant. Je me rappelle d’un dimanche, ou je roulais dans les rues périphériques de Bissau à la recherche de «Rock Salim» qui ne revient jamais aux réunions. J’ai passé trois heures à le chercher, après mettre rendu à sa maison, à celle de son cousin, je l’ai enfin trouvé dans son coin favori. Son portable n’était jamais chargé aussi, il aimait la vie dans la rue. Même les choses les plus simples à Bissau prennent un temps et une énergie incroyable. Progressivement, une synergie commençait à naître entre les rappeurs, le travail a donc commencé. Je me suis aperçue par la suite qu’il n’y avait pas de DJ Hip Hop dans le pays. Plan B : faire avec ce qu’on a. On a répété

pendant un mois et demi au bungalow de Cobiana ou on a entrainé 16 groupes Hip Hop à performer en live. Nous devions saisir cette opportunité pour banir le playback. Notre espace c’est métamorphosé en Hub pour le Hip Hop. Graffeurs, break dancer et des fans sont apparus, le générateur d’électricité a commencé à marcher et on s’est toujours arrangé pour avoir assez d’essence en réserve. Les activités parallèles augmentaient de plus en plus à chaque répétition.

Graffiti artists prepare for the BIG UP GB event in the Cobiana Bungalow – 2009

The Cobiana Communications Studio and rehearsal space in action, 2010

Graffiti artists prepare for the BIG UP GB event in the Cobiana Bungalow – 2009

Graffiti artists prepare for the BIG UP GB event in the Cobiana Bungalow – 2009

Power! The Balanta Dance – 2008

Matador: MC from Senegal, President of Africulturban

Masta Flow: MC from Morocco


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Le 3 mars 2009, le président et le chef des forces armées ont été assassinés et la vie s’est subitement arrêtée. Cependant le Hip Hop a continué. Nous avons décidé que nous devions profiter du festival pour véhiculer des messages de paix et de progrès face à cette tragédie extrêmement démoralisante. Une nouvelle génération d’artistes qui appelle aux transformations sociales naquit.

cherche à poursuivre la première partie du projet, la production audio-visuelle à Dakar, Sénégal cet automne 2010, au studio Djidjack. Les artistes participants à HHH ont été soigneusement sélectionnés sur la base de deux principaux facteurs : les capacités artistiques et le dévouement à une unité africaine et son développement. Il s’agit de MC ASONE (Jose Zaino Said Zawad) du groupe «Baloberos»- Guinée Bissau, Would Chaâb from - Morocco, AMKOULLEL (Issiaka Bâ) - Mali, MATADOR (Babacar Niang)- Sénégal, et MONZA (Kane Limam) – Mauritania. DJ GEE BAYSS (Georges Martin Lopis) du Sénégal sera le DJ de la résidence. Hip Hop Harmony inclus quelques uns des artistes les plus estimés dans la région de l’Afrique de l’Ouest.

MC As-One: MC from Guinea Bissau

Le Hip Hop ne mâche pas ses mots quand il s’agit de politique et en Guinée Bissau, la règle ne change pas. En quelques mois, l’alliance Cobiana - Big Up GB a réalisé un grand, peut être même historique, moment de communication. Le 23 mai 2009, juste après les assassinats politiques qui ont déstabilisé le pays, Cobiana et Big Up GB ont produit le premier festival national live de Hip Hop, utilisant la musique pour pousser les jeunes à s’engager pour la paix et la stabilité. Début janvier, deux autres assassinats politiques ont remué la capital. Le lendemain, Cobiana et Big Up GB avaient 7 MCs au studio pour rapper leurs ressentis et revendiquer des rénovations sociales pour le peuple Bissau-guinéen. La compil qui en a découlé, « Nunde Ke No Na Bai », a été lancée par le label Hip Hop de commerce équitable Nomadic wax en collaboration avec Cobiana Communications.

Coming Soon J’ai passé la majorité de ma vie d’adulte comme une plume guidée par le vent, libre, et c’était parfait jusqu’à ce que le vent se transforme en cyclone. Je suis usée, fatiguée, ruinée au nom du Hip Hop. Des années à dormir dans des endroits empruntés, sur des matelas gonflables, sur les canapés des gens qui comprennent, et ça ne me dérange même pas, ça doit être fait. Hip Hop Harmony a grandi entre les murs du Boulevard à Casablanca et aux studios de Africulturban à Dakar – les deux ont hébergé et nourri HHH jusqu’à sa maturité, basé respectivement au Technopark et à Pikine. Je suis sure que je ne suis pas seule dans cette bataille. Aux nombreux artistes, aux organisations, producteurs, et supporteurs qui se sont investis dans le projet Hip Hop Harmony, j’ai un mot à vous dire : Hip Hop Harmony

Amkoullel: MC from Mali

Hip Hop Harmony est hébergé par Cobiana Communication, Big Up GB et NT Productions (Guinée Bissau), Festival L’Boulevard (Maroc), Zaza Productions/ Assalamalekoum Hip Hop festival (Mauritanie), AHM: Mali Hip Hop Association (Mali), Africulturban (Sénégal), Festa2H Festival (Sénégal), Nomadic Wax (USA) et est supporté par le récemment formé UMOJA le Festival des Cultures Urbaines Panafricaines (Burkina Faso). Hip Hop Harmony est un projet Hip Hop du nord ouest africain qui vise l’Unité de l’Afrique du nord ouest, le renforcement de la culture Hip Hop et développé l’Afrique Subsaharienne. Pour plus d’information : HYPERLINK «http://www. hiphopharmonyafrica.com/»www.hiphopharmonyafrica. com. HHH est à la recherche de sponsors, de collaborateurs, des média et de booking. Pour contribuer, avoir plus d’information, donner votre avis ou vos suggestions : HYPERLINK «mailto:Shivani@hiphopharmonyafrica. com»Shivani@hiphopharmonyafrica.com. Power & Progress Shivani Ahlowalia (Traduit de l’anglais par Mafalda)


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Zapping de la décennie Bug - Parabole - Cybercafé - Crédit à la consommation - DVD - Télécharger - Portable - Virtuel - Affichage Urbain - Connexion - Mégarama - TNT Court-métrage - Ouarzazate - Martin Scorsese - Documentaire - Transes - pïratage - Micro-crédit - Crédit à la consommation - Censure - Twin Center - Youtube - Tarjama - Bling-Bling - 16 mai - 10 millions de touristes - Ipod - Autoroute - Festival - Franchise - Sahara - Audimat - Universel - Bombes - Ecran Plasma - 3D - Clé USB Black Berry - streaming Numérique - HD - Home-cinéma - Upload - USB - Biométrique - Hackers Nouvelles Technologies - HACA - Société civile - contre-façon - Clandestin

12 ans au carre Dans Avatar, en 2154, les gentils mesurent 2m50, ils sont tous bleus, à la fin ils arrivent à vaincre de méchants humains cupides et à les virer de leur très jolie planète toute en couleurs, un vrai aquarium. Record absolu des entrées en salles…un rêve collectif, un beau fragment d’imaginaire qui rassemble les foules. A part l’iPad, disponible au Derb, Avatar, c’est dans 144 ans. Pendant que les cowboys chassaient les indiens et que les Européens se tataient pour savoir qui pacifier en premier, l’Afrique noire ou le Maghreb, il y a 144 ans, Jules Verne écrivait “De La Terre à La Lune”, une histoire d’humains qui s’envolent vers la Lune propulsés par un canon surpuissant. Bon d’accord, ça fait longtemps qu’on a marché sur la Lune, mais la chasse continue, la pacification de force continue, les invasions barbares font rage. Alors on résiste, on slamme en darija, on mixe en seventies, on rêve en Shengen, on crée des groupes Facebook pour dire merde à ceci, bravo à cela. Trouver juste l’espace qu’il nous faut entre conquête spatiale et guerre terreste, pour exister, rouler au rythme du carro qui n’aura pas disparu dans 144 ans, surfer la toile mondialiste au rythme inoui des nouvelles connexions, manger des trucs qui ont le même goût que les mêmes trucs d’il y a vingt ans, décrouvrir notre spiritualité alors qu’on veut nous

l’imposer sous de fausses barbes, garder espoir en nos chaînes nationales. On est nombreux à regarder ces grands cycles de 144 ans, 12 ans au carré, il doit y avoir une magie secrète làdessous, c’est sûr, la magie des mythes, de ceux dont on a besoin, pour repousser les horizons, pour être humains demain. 2000, 2012, 2020, 2046,…sous la virtualité, le clonage, l’avatarisation, le mythe absolu de l’homme libéré des gènes, l’Humanité qui se fraye le chemin vers le Ciel. Les bolides de Mad Max ont fini sur la corniche, on bricole un vieux skate, on marche sur la plage, on peut même snober les horaires, être en marge de la course. Alors oui, du coup on peut être en retard parfois, mais pas de panique, le TGV arrive, notre sciencefiction a 30 ans. Dans les trèves d’illusion globale, on crée un nouveau quotidien, une musique, une installation hybride, un vieux poème ressuscité en rap, une couleur qui revient en style, l’amour, ce permanent du spectacle, des moments qui se foutent bien de 12 au carré, pour que notre monde tourne rond, pour faire la vie de maintenant, tout en rêvant à Pandora la belle. Ali Kettani Producteur


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Street wear - Sitcoms - Islamisme - Identité - laïcité - Tram Ways exception culturelle - citoyenneté - écologie - patriotisme - réconciliation - Bidon-ville - Comédie - Justice - Diversité - Cinéma d’immigration Reforme - Corruption - Liberté d’expression - Sidaction - Sniper - Baddou Zaki - Rock - Satanisme - Maghreb - Libre-échange - Tifinagh - Terrorisme - Talk Show - Web Cam - Développement durable - Médias - Le plus beau pays du monde - Logement économique - Transparence - Culture urbaine - mondialisation - Chat - Africanité - Commerce solidaire - Le salon du - livre - Communication - Darija - Save cinéma’s in Morocco - Libéralisation

LE CAP DE LA CONNERIE 2000, pour moi c’est d’abord mon pote Larbi qui refusait d’acheter un nouvel ordinateur avant ce fameux «passage à l’an 2000». Tout ça bien sûr, alors que sa machine sous windows 3.11 ne servait plus à grand chose. «C’est à cause du bug tu vois, c’est débile d’en acheter un qui marchera plus dans un an !» qu’il disait avec sa tête de prédicateur... 2000 pour moi c’était d’abord mon pote Larbi qui allait arrêter de squatter l’ordinateur de ma chambre en attendant l’achat du sien ! Quand l’an 2000 est finalement arrivé, y’a pas eu de bug. Larbi a eu son nouvel ordi, mais windows 2000 c’était pas génial et il a continué de squatter ma chambre… Fin de l’histoire ! Outre le fameux bug, 2000 ça devait aussi être la fin du monde, les prévisions ont depuis été revues à la hausse. Pas des masses, mais revues quand même. Il paraît que ce sera pour 2012. Preuve intangible que nos générations sont plus pessimistes que celles d’avant. Où peut-être la preuve que les prédicateurs des temps modernes ont saisi tout le sens de la fée marketing et cultivé le goût du buzz ? Balancer une connerie qui va être reprise partout, et dont un abruti

pourrait même faire un film. Faire parler un maximum et voir fleurir de nouveaux marchés. Je sais pas pour vous, mais j’aurais jamais pensé tomber sur une annonce web me proposant d’acheter ma place dans un abri anti-atomique. En prévision bien sûr de la fin du monde. Interloquant ! J’avoue d’ailleurs avoir un peu de mal à imaginer un parano quelconque faire confiance à un prestataire de services aussi chelou qui fasse de la pub sur le Net. Par ce qu’il ne faut pas oublier: «Big brother is watching us !» 2000 c’est aussi l’année où j’ai découvert JackAss, un peu tard je pense ! Mais depuis et 10 ans plus tard, encore je me dis que 2000 c’est peut être l’année où l’homme s’est dit : «on passe bientôt le millénaire, gardons le cap de la connerie !» Mehdi El Kindi Musicien, journaliste


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J’ai tout mise Il y a bieeeeen longtemps, carrément à l’âge de pierre, en 1999. Je rêvais de l’an 2000. Dans ma tête, les voitures n’avaient plus besoin ni de roues ni d’essence, Casa était protégée par un immense dôme translucide, des parcs à perte de vue. Le monde idéal pour un marocain lambda. A j-1 mois, mon rêve tomba à l’eau à cause d’un terrien d’origine conne (je ne connais plus sa nationalite) qui avait proclamé la fatalité du fameux BUG de l’an 2000, le chaos total. Après ça, je me suis rabattu sur MAROC 2006, les musiciens ont chanté, les organisateurs ont organisé... et plouf, circulez, il n’y a plus rien à voir. Comme je suis un type bien, grand “SEBBAR”, grand optimiste etc,.... comme la majorité des Marocains, j’ai tout misé sur MAROC 2010 en espérant que les pelouses se transformeraient enfin en parcs et tout et tout. Aujourd’hui, on est en plein dedans (2010) et on s’en sort pas mal...enfin, je trouve.

Certes, les voitures ne volent toujours pas, mais, les couscoussières...si. Les stades toujours pas non plus. On en a un... non, un et demi si on compte le C.O.C et celui de Marrakech. Pour finir, c’est pas grave a drari, kaynine sepultura had el 3am yallah ennawdouha.... Le jour où nos calèches voleront, on aura nos parcs et puis, .de vous à moi... tta achbinnna ou bine les parcs P.S. Pour ceux qui n’ont pas compris le 3aranssiya (arancais= mélange d’arabe et de francais)... c’est pas grave demandez à un grand sebbar, il vous expliquera .avec grand plaisir Mehdi Bounouar Illustrateur, musicien

un flic integre Il y a quelques années, alors que je rentrais d’une réunion politique dans le moyen atlas, j’ai pris en auto-stop un jeune policier en uniforme. Une fois passées les présentations et politesses d’usage, trop heureux et pressé de pouvoir titiller un agent d’autorité, j’attaquais, en mettant insidieusement en boucle Bladi Blad, ma meilleure chanson marocaine des années 2000. Ma surprise fut grande mes amis ! Mohamed, 25 ans travaille à l’école de police de Kénitra. Il y est gardien depuis la fin de ses études. Ne pouvant se permettre d’y louer un appartement, car cela réduirait d’autant la précieuse aide financière qu’il apporte à ses vieux parents démunis, le jeune homme fait la navette Kénitra-Séfrou en auto-stop, quotidiennement, 7 jours sur 7. Et cela fait, pour les amoureux de maths et de géographie, approximativement 5 tours du monde par an ! Pourquoi ce Marco Polo malgré lui ne travaillerait-il pas à la circulation, dans un commissariat ? Je lui ai tout de suite posé la question : «pourquoi tu ne demandes pas à être affecté ailleurs, dans ta région natale

ou alors à Fès, Meknès ?». Sa réponse est tombée comme un couperet. «Ce sont des postes qui t’imposent d’accepter la corruption, et j’ai juré à mon père que je ne deviendrais jamais un flic véreux, un ramasse billets. Je préfère encore faire le tour du monde 10 fois s’il le faut tant que je peux aider mes parents honnêtement et dormir sans remords...». Sur ce, il m’a demandé de faire tourner Bladi Blad en boucle si cela ne me dérangeait pas et s’est endormi. «Bien sûr que non, Mohamed, ça ne me dérange pas le moins du monde. Je te la rejoue encore et encore, jusqu’à Kénitra s’il le faut. Tu viens de m’injecter une piqûre de rappel politique d’au moins dix ans mon ami». Même si tu étais le seul à subir, la tête haute, et tu ne l’es pas. Rien que pour toi Mohamed, il faudrait que, par centaines, par milliers, les femmes et les hommes de ce pays, qui en ont les moyens, l’ambition collective et le courage, s’engagent, militent franchement et fassent porter leurs voix plus haut, beaucoup plus haut. Omar Balafrej Militant de gauche Président de la Fondation Abderrahim Bouabid


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Zapping de la décennie

Mes annees 2000 Au début, il n’y avait rien !!! Mais alors rien de rien ! Sérieusement, mon arrivée au Maroc a été marquée par une absence de tout. Il faut quand même se souvenir qu’au printemps 2001, le semblant de vie urbaine et moderne qui existait, se concentrait sur le Twin Center. Mais le Twin Center de 2001 : avec des boutiques vides, un supermarché style soviétique, et une foule compacte impressionnante d’immobilité. Et autour : le néant ! Ben oui : pas de Zara, pas de Mango, pas de Mac Do ! D’ailleurs ma première sortie au resto: c’était au 6ème étage d’Alpha 55. Pour dire ! Mon premier ciné, c’était dans la petite, mais jolie, salle du Lynx. Ma première expo… ha, non, on oublie la première expo, vu qu’elle n’a existé que des années après. Bref, l’atterrissage depuis la France s’est fait avec pertes et fracas, et c’était pas gagné pour moi. J’en étais réduite à manger des conserves de thon, cloîtrée dans ma chambre d’hôtel avec toilette sur le palier, jusqu’à un certain jour où tout un univers parallèle s’est ouvert à moi. Je ne parle pas de science fiction - quoique à l’époque, ça s’en rapprochait- mais des 3, 4 planches de la FOL qui m’ont apporté une énorme bouffée d’oxygène! Derrière des grilles bleues et cachée au fond d’une cour, le théâtre de la FOL m’a permis de rester cérébralement vivante. Là, un bouillon de culture se développait en toute

impunité. Entre Total Eclipse, Abaraz, Hoba Hoba Spirit et les autres groupes underground de l’époque, j’ai vécu mes premiers émois marocains… Il faut se rappeler de cette scène improbable devenant spectacle vivant jusqu’au bout de la nuit, qui a marqué mes premiers pas dans le Royaume des morts-vivants de la culture. Mai 2004, on y a même assisté au mariage de deux huluberlus en jeans et baskets, pardon: jeans et espas, qui ont fondé une communauté particulière de «refuzniks» du classique, toujours en activité dix ans après. La survie par la résistance culturelle, c’est ça que le L’Boulevard et tous ses enfants m’ont appris. Et rien que pour ça, en 2010, je trouve que tout a évolué, mais que l’esprit n’a pas changé ! Aujourd’hui, je peux grimper jusqu’au 24ème étage pour dîner ou me perdre dans les huit salles du Mégarama voir un film. Je peux écouter du bon son local : du rock, de la fusion, du métal, et même du rap, si vraiment on me force… Mais surtout, je sais, que chaque printemps, pour L’Boulevard, je serais toujours en train de découvrir de nouveaux groupes, de nouveaux sons, et que Momo et Hicham seront toujours au rendez-vous… Rien que pour ça je suis heureuse d’être là et de me dire un peu plus chaque année : ne suis-je pas finalement une vraie marocaine ? Setti Fatma Gawriya ou bikheer


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Le zapping de la décennie

remises en question En janvier 2000, j’ai 20 ans et j’entame la décennie de tous les possibles. Celle où on essaie de mettre en place les pièces qui formeront le puzzle de sa vie d’adulte. Pour le Maroc aussi, la décennie de tous les possibles s’annonce cette année-là. Je ne l’ai pas fait exprès, il se trouve que je suis née en 1980. Flashback culturel. Pour moi, la culture dans les années 80, c’était fréquentation active de ce qui s’appelait encore le Centre Culturel Français (premières lectures, premières BD, premières cassettes audio... bref, premiers émois culturels). Merci le CCF. Les années 90, j’ai continué sur ma lancée, avec en plus quelques sorties ciné (du temps où, dans la capitale, on avait le choix entre la Renaissance, le Zahwa, le Dawliz... tous fermés depuis). Quelques concerts par-ci (ah, Joan Baez à Rabat...), quelques activités parascolaires par-là (théâtre, photographie, danse) et basta. S’annoncent alors les années 2000, avec les balbutiements de certains événements qu’on disait prometteurs. On commençait à vanter le Tremplin et le festival d’Essaouira, un néo Woodstock, s’enthousiasmait-on. Manque de bol et période d’examens oblige, j’ai loupé cette effervescence naissante. Mais c’est quelques temps plus tard, en France, que je serai encore plus déconnectée de la réalité qui se joue alors au Maroc. Jusqu’au jour où un camarade de classe me lance: “Il paraît que dans ton pays, on met les musiciens en taule”. Plaît-il ? “Ben ouais, t’es pas au courant ? Des satanistes, ils disent...”. Non. Entre deux cours de gestion en 2002, l’info m’avait successivement échappée, révoltée et interrogée : quel Maroc j’allais retrouver le jour où j’y

reviendrai ? J’ai fini par le savoir en 2005. Je rentre au bercail, tombe dans le journalisme et découvre le bond culturel... et ses limites. Oui, nous aussi on aurait des festivals grandioses (mais avec des espaces VIP pour cloisonner les classes sociales et mettre un bémol à l’esprit festif). Oui, nous aussi on éditerait davantage de romans, de nouvelles et même des beaux livres (pendant que les librairies continueraient à souffrir dans l’ombre). Oui, nous aussi on aurait un multiplexe (et d’autres salles vides et sinistres, condamnées à fermer). Oui, chez nous aussi la créativité fuserait dans la musique, la mode… (mais sans véritable circuit à même d’absorber ce petit monde). Et oui, nous aussi on aurait des tas d’expos à annoncer dans les agendas culturels (celles des galeries marchandes, mais pas celles de musées). Alors, les choses ont évolué ? Indéniablement. J’en veux pour preuve ce concert au Boulevard en 2006 où, en me faufilant sur scène pour prendre littéralement de la hauteur, j’ai pu constater l’ampleur du bouillonnement culturel chez le public. Voir une vague de milliers de bras au-dessus des têtes face au concert du groupe métalleux Moonspell, et on se dit que l’affaire des 14 n’est plus qu’un amer et lointain souvenir. Un exemple parmi tant d’autres. Tellement d’autres. Mais en profondeur? À quand cette politique culturelle de fond que tous les acteurs du secteur réclament ? Il parait que la trentaine est la décennie des remises en question. 2010-2020 pour le Maroc, aussi? Aïda Semlali Journaliste


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Ca ira mieux demain ! Pour tous ceux qui pensent que pour compter il faut partir de zéro, la première décennie du millénaire à pris fin en 2009. Mais si vous compter comme ma pomme, en commençant par un, y a encore un p’tit bout de chemin à faire avant de la liquider cette première décennie. Mais bon, sans chipoter sur les chiffres, je dois bien admettre que là où l’espoir était autrefois une fatalité, il s’agit désormais d’un symbole auquel je ne crois plus mais auquel je m’accroche néanmoins de toutes mes forces, obéissant à une pulsion primaire qui m’amène à combler un vide, à oublier une angoisse et à me répéter sans cesse, jusqu’à l’obsession, que ça ira mieux demain. Pour l’heure, la seule certitude, c’est que ça va beaucoup mieux que si ça allait moins bien. La décennie s’achève. Et si on faisait les comptes ? Il reste quoi de ces premiers balbutiements du millénaire. Des sons nouveaux, mais pas originaux. Normal, l’originalité atteint aussi ses limites. Ce sont des choses qui arrivent lorsque tout le monde se met en tête de devenir soimême. Et même les nouveaux sons, pas tous, deviennent progressivement redondants jusqu’à sembler s’engluer dans le n’importe-quoi, un domaine inaccessible aux non-initiés et dont le rayonnement n’aura jamais les scintillements de ses ainés. Bien à l’abri dans leurs bulles égotiques, les survivants n’ont plus grand-chose à voir avec les déjà-morts. Fautil alors se débarrasser des émotions et se laisser griser par la technologie ? Nul ne sait. Faut-il jeter aux oubliettes les acquis d’hier, sans pour autant accéder à un monde meilleur, mais en tout cas au plus digital, à un univers post-humain où la focalisation sur le moi tend à remplacer le cri du cœur et nous empêche de prendre le parti de l’autre. C’est vrai, il y a eu Septembre 2001, Mai 2003… des musiques funèbres qui n’auguraient rien de bon. Des complexes et des faiblesses qui laissent la place à l’illusion d’une victoire. Comment alors ne pas voir ce monde qui trébuche ? Entre des tours qui s’écroulent et des bourses qui suivent le mouvement, c’est bel et bien la fin de l’innocence à laquelle on assiste. Avatar ou illustration d’une amère réalité ? Nul ne sait. Cette décennie n’a pas comblé mes envies, mais elle m’a appris beaucoup de choses. Aujourd’hui, à l’aube d’une nouvelle décennie, je sais que je n’ai plus peur des tueurs cagoulés, des esprits obscurs, des marchands de haine. Je prends plaisir à découvrir ceux qui ont choisi la lumière, espérant être éclairés et prenant le risque

qu’elle les aveugle. Je prends plaisir à écouter les marchands de rêve et de bonheur, tous les funambules qui s’égosillent à corp et à cri, qui se donnent à fond, qui prennent des risques, se mettent en danger et déversent leur sang chaud, bouillant, plein de vie, dans tous les abattoirs du monde. Faut-il alors s’acharner sur le temps qui court ? À mon humble avis, loin de là. Ce n’est pas la meilleure décennie, mais elle est loin d’être la pire : elle n’est ni bonne, ni mauvaise. Pour ma part, je repars avec le sourire, des mélodies que je n’ai jamais oubliées, des refrains qui m’habitent, des sons que je découvre, des milliers de souvenirs dans la tête et… un petit dernier pour la route. Et s’il y a quelque chose à attendre de la prochaine décennie, j’attendrai. Najib.Tadli Journaliste


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k i t a r P Prix Decouvertes RFI

Sauti Za Busara

L’appel à candidature pour la programmation du festival de musique internationale Sauti Za Busara 2011 est lancé. Le festival a lieu à Zanzibar en Tanzanie durant le mois de février et propose de la musique venant de toute la région Swahilie, du continent africain et d’ailleurs. La date limite de l’appel à candidature est fixée au 31 juillet 2010. Le dossier de candidature devra contenir : un formulaire rempli, un ou deux enregistrements récents ainsi que des photos du groupe. Les délibérations auront lieu en septembre. Pour plus d’informations : www.busaramusic.org

La mutuelle nationale des artistes Créée à la suite d’un congrès constitutif auquel avait assisté plus de 2000 artistes et avec le soutien des Ministères des Finances, de l’Emploi, de la Culture et de la Communication, la mutuelle nationale des artistes recouvre les frais médicaux de l’artiste, de son conjoint et de ses enfants. La cotisation des adhérents est fixée à 700 DH par an pour l’artiste, 500 dh pour le conjoint et 300 dh pour chaque enfant. Pour bénéficier de la mutuelle nationale d’artiste, une demande doit être déposée contenant : - Une copie de la carte d’artiste ou un document prouvant l’appartenance à une organisation culturelle ou artistique, ou une biographie appuyée d’attestation prouvant l’appartenance au milieu culturel et artistique. - Une copie de la carte d’identité nationale de l’artiste, ainsi que celle du conjoint. - 2 photos du membre et du conjoint - Une copie de l’acte de mariage pour les membres mariés. - L’acte de naissance des enfants de moins de 21 ans et une attestation de scolarité pour ceux âgés de 21 à 26 ans - Concernant les enfants aux besoins spécifiques, un certificat médical délivré par un médecin agréé doit être déposé. - Les artistes mutualistes pourront bénéficier d’une couverture médicale se rattachant à des maladies antérieures à leur inscription.

Le Prix Découvertes RFI a lancé son appel à candidature. Organisé par RFI, en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie, le Ministère des Affaires Etrangères, Culturesfrance, la SACEM et Mondomix, il est destiné aux artistes d’Afrique, de l’Océan Indien et des Caraïbes. Le prix a été remporté par des artistes, tels que Tiken Jah Fakoly (Côte d’Ivoire) à Naby, lauréat 2009 (Sénégal), en passant par Didier Awadi (Sénégal), Rajery (Madagascar), Sally Nyolo (Cameroun), ou encore Rokia Traoré (Mali), etc. Les participants doivent obligatoirement avoir réalisé au minimum 1 CD ou une cassette comprenant un minima de 6 titres ayant fait l’objet d’une commercialisation en Afrique et/ou dans l’Océan Indien et/ou les Caraïbes et/ou en Europe et/ou Amérique du nord. Ils doivent également remettre à RFI un dossier de candidature complet au plus tard le 30 juin 2010. Pour plus d’information : www.rfi.fr/com/evenements-rfi

Carte d’artiste : mode d’emploi Lancée officiellement en 2006, la carte professionnelle d’artiste s’inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre du statut d’artiste est disponible depuis 2008. La carte donne notamment accès à la mutuelle d’artistes qui couvre les frais médicaux de l’individu mais aussi de son conjoint et de ses enfants. Elle est à retirer au Ministère de la Culture à Rabat (17, rue Michlefen , Agdal, Rabat. Une demande doit être déposée comportant : - Un formulaire dument rempli (disponible sur www.minculture.gov.ma) - Une demande manuscrite - Une fiche anthropométrique - Photos - Une copie de la carte d’identité nationale - Un CV - Toutes sortes de documents certifiant l’expérience artistique La carte d’artiste fera bénéficier ses détenteurs d’avantages sociaux, tel que des remises pour les transports publics. En attendant, elle certifie le statut professionnel de l’artiste.


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POST GENERATION

Bebe Barry

Maria Zehouani

Imane moutchou

Maryam Noor Bassou

En route

Née 8-03-2010

Née 06-05-2010

Née 19-01-2010

Chez Barry et Sara

Chez Anouar et Aurélia

Chez Rachid et Essadia

Chez Bassou et xxx

Making of


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MERCI ! Merci à nos partenaires et sponsors pour leur confiance et leur engagement. Merci à tous les artistes qui ont contribué à la réussite de cette édition. Merci à nos bénévoles et à tous ceux qui nous ont prêtés main forte... Merci au COC, à la préfecture de Hay Hassani, la Sureté Nationale, les Forces Auxiliaires, la Protection Civile et la Lydec. L’équipe EAC-L’boulvart


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