Santemag37

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Publication mensuelle spécialisée / Editée par Media Pub Santé

N° 37 Février 2015

Pr Mohamed Tahar Hamlaoui: Les patients, atteints de maladies rares, sont des orphelins du système de santé Pr Azzedine Mekki: Les maladies rares, ne sont pas rares, pour ceux qui en souffrent Pr Zakia Arrada: La mise en place d’un dépistage néonatal, des maladies rares, est une priorité

Une maladie rare est une affection touchant un nombre restreint de personnes à savoir, moins d'une personne sur 2000

Pr Belkacem Chafi: Le cancer du col utérin Dr M. H. Mebarek: Abord coelioscopique des hernies et des éventrations pariétales

Pr Karima Achour: Si on supprime le tabagisme, le problème du cancer du poumon serait résolu Plan Cancer 2015 – 2019



ISSN 2253-0061 Dépôt légal 188-2012

SOMMAIRE Actualité 2 6 8

Dossier 12 Les résultats de l’expérience-pilote de dépistage précoce du cancer du sein ... 13 Cancer avancé de la thyroïde: une nouvelle option thérapeutique ? 13 Une délégation de l'OMS au CHU d'Oran 14 Cancers digestifs: l’alcool coupable 14 le plan cancer a été remis au président de la République 15 Le foie, une arme contre le cancer? 15 Cancers pédiatriques: développer la recherche 16 Pr Karima Achour: Si on supprime le tabagisme, le problème du cancer du poumon... 17 Cancer du poumon: une nouvelle thérapie ciblée ? 18 Pr Belkacem Chafi: Le cancer du col utérin 22 Les efforts de lutte contre le cancer, à Sétif, salués par une délégation de L’OMS 24 Plan Cancer 2015 - 2019 27 Cancer du pancréas: 2ème cause de mortalité, par cancer, en 2020 28 Pr Nabil Benachenhou: La reconstruction mammaire est proposée à la patiente... 29 Journée mondiale contre le cancer: l’espoir est permis

Février 2015 N° 37 Santé-Mag: Magazine mensuel de la santé  Edité par Media Pub Santé Adresse: Cité des 36 logts, les Bananiers, Blida. Tél./Fax: +213 (0) 25 35 01 37 Mob.: +213 (0) 550 95 46 53 / +213 (0) 661 49 57 23 Site web: www.santemag-dz.com Email: sante_mag@yahoo.fr

Directeur de la publication: Achouri Abdelkader Directeur de la rédaction: Achouri Mohamed Email: achourimo@gmail.com

Coordinatrice de la rédaction: Fortas Nadjia

Recherches médicales 31 Pathologie annexielle et cœlioscopie 33 L’épilepsie, une maladie toujours frappée de préjugés

Directrice technique: Abdelatif Rabea Comité de rédaction: Ait Tanina | Maya Harcha | Zahaf Loubna Nahlil Djaouida | Soltane Hania | Ramzy Chahra Badredine Sawsen | Hamdi Rania Conception: Brikh Kamel Correction: Gharnaout Amar Comité scientifique:

BULLETIN D’ABONNEMENT

Pr Salim Nafti Pr Mohamed Arezki Pr Karima Achour-Ameur Pr Kamel Sanhadji Pr Mustapha Sadibelouiz Pr Belkacem Chafi Pr Adda Bounedjar

Dr M. H. Mebarek: Abord coelioscopique des hernies et des éventrations pariétales M. Benberou Abderahmane: Pratiques de ventes des grossistes en médicaments Remise du prix Sanofi Algérie de la recherche en santé

Pr Louiza Chachoua Pr Smaïl Benkaidali Pr Nabil Benachenhou Pr M. Tahar Hamlaoui Pr Azzedine Mekki Pr Zakia Arrada

Évènement 37 38 40 42 43 44 45 46

Pr Mohamed Tahar Hamlaoui: les patients, atteints de maladies rares, sont ... Pr Azzedine Mekki: Les maladies rares, ne sont pas rares, pour ceux qui en souffrent Pr Zakia Arrada: La mise en place d’un dépistage néonatal, des maladies rares, ... Dr Abdelkader Bouras: Nous demandons la mise en place d’un Plan national... Maladies rares: le marché des "médicaments orphelins" Mme Faiza Meddad: Nous nous battons, pour une prise en charge, totale... Témoignage de trois mères de famille, dont leurs enfants sont touchés par les maladies... 2 millions d’enfants atteints de maladies rares et orphelines, en Algérie

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ACTUALITÉ

Abord coelioscopique des hernies et des éventrations pariétales

Les hernies et éventrations abdominales sont des pathologies fréquentes, dont la cure chirurgicale fait partie de la pratique courante de tout chirurgien viscéral. Néanmoins, elles demeurent, pour le patient, une source potentielle d’inconfort et de complications post-opératoires; ce qui impose un opérateur entraîné et la maîtrise des différentes techniques opératoires. Par le Dr M. H. Mebarek *

L

’abord coelioscopique a bénéficié de la technologie des biomatériaux et des procédés de fixation intra-péritonéale. En effet, le développement des prothèses, dites «bifaces», pouvant être interposées en intra abdominal et des appareils d’agrafages, type Sorbafix, ont permis une facilitation du geste opératoire et une meilleure optimisation des résultats. Ainsi, les douleurs post-opératoires et le risque d’infection prothétique et de récurrence, ont sensiblement diminué, en comparaison de la technique "à ciel ouvert". Notre étude a pour but de démontrer la faisabilité et le gain spécifique à la technique coelioscopique. En sont exclues les hernies inguinales et crurales.

METHODE Notre description porte sur un patient de 63 ans, présentant une volumineuse hernie de la ligne blanche, avec un BMI à 32 %, aux antécédents d’HTA, de diabète type 2 et d’appendicectomie, pour abcès appendiculaire, en 1992. Le diagnostic positif comprend, outre l’interrogatoire et l’examen clinique, une TDM abdominale et pariétale, permettant la mesure exacte de l’orifice herniaire et de déterminer la taille de la prothèse; la recherche d’autres orifices herniaires et la recherche de pathologies associées pouvant être traitées concomitamment. (1) Préparation préopératoire Le bilan préopératoire associe les bilans sanguins et cardiovasculaire standard et la pratique d’une EFR. La préparation préopératoire est systématique, avec traitement de toute lésion cutanée, en regard de la hernie: préparation générale, par une antibiothérapie prophylactique, lavage colique et anxiolytique. Rasage complet et toilette soigneuse, la veille et le matin de l’intervention. 1er temps: Installation et mise en place des trocarts Le patient est placé en décubitus dorsal, le bras gauche le long du corps. Le son2

Santé-MAG

N°37 - Février 2015

dage urinaire est inutile; mais, une sonde nasogastrique sera, systématiquement, mise. La position de l'opérateur et l'emplacement des trocarts sont déterminés par le siège de l'éventration. Dans notre cas, ils sont à gauche du patient. Le 1er trocart est placé dans le flanc gauche, en open coelio. Insufflation et mise en place de deux trocarts de 5 mm du même coté, en respectant les règles de triangulation. Un troisième trocart de 5 mm est mis à l’opposé, à droite, pour finaliser la fixation de la prothèse, par les tackers. On utilise une optique de 0°. (2)

Mise en place du trocart et insufflation

Collet herniaire

Intestin Grêle

3ème temps: Mesure de la taille de la prothèse Il nous faut prévoir un débord de 5 cm de la prothèse, par rapport à toutes les limites de l’orifice herniaire. On réalise, alors, le marquage cutané des 4 points cardinaux de fixation de la prothèse. Il s’agit d’une prothèse double face, dont l’une, pariétale, est faite de polypropylène et l’autre, viscérale, est soit résorbable (acide hyaluronique, type PARIETEX), soit non résorbable (PTFE, type Composix). Les prothèses bifaces en PTFE sont les plus utilisées, car elles ont le plus faible pouvoir adhésiogène. (5)

Mise en place des autres trocarts

2ème temps: Exploration Souvent, l’insufflation réduit spontanément le contenu herniaire; mais, on peut, éventuellement, s’aider de manœuvres externes. Si la réduction n’est pas obtenue, une adhésiolyse prudente est faite, de préférence aux ciseaux, en évitant, autant que possible, l’électrocoagulation, car le risque de plaies digestives n’est pas négligeable et l’effraction passe, souvent, inaperçue.(3) Le ligament rond est électrocoagulé et sectionné, pour ne pas gêner la fixation de la prothèse. La résection du sac herniaire est inutile, car elle peut traumatiser la peau. Le muscle est laissé ouvert (Tension Free). (4)

Marquage cutané

4ème temps: Préparation de la prothèse Quatre fils non résorbables, décimale 0, sont passés sur les points cardinaux de la prothèse et leurs chefs laissés, volontairement, longs, afin d’être noués en


ACTUALITÉ

transmusculaire. La prothèse est, ensuite, enroulée et introduite dans la cavité abdominale, par le trocart de 10 mm. Grâce à sa mémoire de forme, elle se déroule dans l’abdomen et se positionne en regard de l’orifice herniaire, face pariétale vers le haut (les prothèses bifaces ont un marquage spécifique, permettant la distinction des faces pariétales et viscérales) Orifice herniaire

Prothèse

5ème temps: Fixation de la prothèse Passage transmusculaire des fils à l’aiguille de Reverdin. On dégonfle l’abdomen, puis les fils sont noués à l’extérieur. Après ré-insufflation, la fixation de la prothèse est complétée par la mise en place, en couronne, d’agrafes résorbables (type Sorbafix), espacées de 2 à 3 cm. (6)

tait une éventration latérale, avec un orifice mesuré à 13 cm. Tous les patients ont eu une prothèse biface en PTFE, fixée par 4 ou 6 points transmusculaires et une couronne de tackers résorbables. L’âge varie entre 28 et 82 ans (moyenne à 55 ans), Durée opératoire entre: 75 – 150 min (moyenne 112 min), Durée d’hospitalisation: 24 à 72 heures, Conversion en laparotomie: 2, secondaires à des adhérences importantes et un contenu herniaire irréductible, Mortalité: 0, Iléus post opératoire: 5, Sérome: 2, Douleurs post-opératoires persistantes: 1, Infection prothétique: 0, Taux de Récidives: 0, Recul moyen: 2 ans.

Prothèse intra-péritonéale biface, fixée par des points trans-musculaires, renforcés par des tackers résorbables. (9)

Bibliographie (1) Guidelines for laparoscopic treatment of ventral and incisional abdominal wall hernias (International Endohernia Society (IEHS)—Part 1 R. Bittner, J. Bingener-Casey, U. Dietz, M. Fabian, G. S. Ferzli, R. H. Fortelny, F. Köckerling, J. Kukleta, K. LeBlanc, D. Lomanto, M. C. Misra, V. K. Bansal, S. Morales-Conde, B. Ramshaw, W. Reinpold, S. Rim, M. Rohr, R. Schrittwieser, Th. Simon, M. Smietanski, B. Stechemesser, M. Timoney, P. Chowbey Surg Endosc. 2014; 28(1): 2–29. Published online 2013 October 11. doi: 10.1007/s00464-013-3170-6 (2) Laparoscopic incisional and ventral hernia repair Amrit Pal Singh Bedi, Tahir Bhatti,* Alla Amin,* and Jamal Zuberi J Minim Access Surg. 2007 Jul-Sep; 3(3): 83–90. (3) Laparoscopic incisional and ventral hernioplasty: Lessons learned from 200 patients. LeBlanc KA, Whitaker JM, Bellanger DE, Rhynes VK.Hernia. 2003;7:118–24. (4) Laparoscopic tension-free repair of anterior abdominal wall incisional and ventral hernias with an intraperitoneal Gore-Tex mesh: Prospective study and review of literature.

Aiguille de Reverdin

Aura T, Habib E, Mekkaoui M, Brassier D, Elhadad A. J Laparoendosc Adv Surg Tech A. 2002;12:263–7. (5) Medium-term follow-up confirms the safety and

Aspect final

Tacker Prothèse

Exsufflation et fermeture de l’orifice de 10 mm, à l’aiguille de Reverdin. Fermeture des différents abords cutanés. On ne draine pas l’abdomen. La poche herniaire est comprimée par des compresses enroulées en boule et maintenues par un bandage élastique. Contention post opératoire, pour réduire le risque de sérome. (7)

RÉSULTATS Entre 2013 et 2014, nous avons opéré 23 patients (14 femmes et 9 hommes); la majorité avec un collet herniaire compris entre 3 et 10 cm. Un seul patient présen-

CONCLUSION L’indication de l’abord coelioscopique des hernies pariétales et des éventrations dépend, essentiellement, du diamètre de l’orifice herniaire et de l’importance des adhérences abdominales. Certaines complications sont propres à cette voie. Ce sont les douleurs postopératoires persistantes (3%), dues au passage transmusculaire des fils et les séromes, survenant dans 7% des cas, qui se résorbent spontanément et dont la fréquence diminue, grâce à la contention post-opératoire. (8) Cependant, le gain apporté, en termes de durée d’hospitalisation, d’infection prothétique et de récidive herniaire, est significatif. De ce fait, nous préconisons l’utilisation de l’abord coelioscopique, pour toutes les hernies abdominales et les éventrations de «première main», dont l’orifice serait inférieur à 10 cm, à condition d’appliquer une technique standardisée: Le sac herniaire est laissé en place, Le plan musculaire est maintenu ouvert (prévenir le radiologue en cas d’échographie, car il risque de confondre avec une récidive),

durability of laparoscopic ventral hernia repair with PTFE. Eid GM, Prince JM, Mattar SG, Hamad G, Ikrammudin S, Schauer PR. Surgery. 2003; 134:599–603-4. (6) Tensile strength of mesh fixation methods in laparoscopic incisional hernia repair. van't Riet M, De Vos van Steenwijk PJ, Kleinrensink GJ, Steyerberg EW, Bonjer HJ. Surg Endosc. 2002; 16:1713–6. (7) Seroma in laparoscopic ventral hernioplasty Tsimoyiannis EC, Siakas P, Glantzounis G, Koulas S, Mavridou P, Gossios KI. Surg Laparosc Endosc. 2001; 11:317–321 (8) Postoperative complications after laparoscopic incisional hernia repair. Berger D, Bientzle M, Müller. A Surg Endosc 2002; 16:1720-1723. (9) Minimal Adhesions to ePTFE Mesh After Laparoscopic Ventral Incisional Hernia Repair: Reoperative Findings in 65 Cases Richard H. Koehler, MD, Dennis Begos, MD, Dieter Berger, MD, Steve Carey, MD, Karl LeBlanc, MD, Adrian Park, MD, Bruce Ramshaw, MD, Roy Smoot, MD, and Guy Voeller, MD JSLS. 2003 Oct-Dec; 7(4): 335–340.

* Dr M. H. Mebarek, Chirurgie viscérale – Coeliochirurgie Cité Garidi - Kouba Alger N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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CONTRE-INDICATIONS: Ce médicament NE DOIT PAS ETRE UTILISE dans les cas suivants: •hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients, •JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: L’utilisation de ce médicament est contreindiquée chez la femme qui allaite un enfant traité par cisapride (voir rubrique «Grossesse et allaitement»). MISES EN GARDE SPECIALES ET PRECAUTIONS D’EMPLOI: En cas d’insufisance hépatique, l’administration de josamycine n’est 1) Agiter le flacon 2) Puis ajouter de 3) Agiter de nouveau 4) Compléter avec 5) Agiter de nouveau pas recommandée. Si elle est nécessaire, elle justiie alors une surveillance l’eau jusqu’au trait et laisser reposer de l’eau jusqu’au trait régulière des tests hépatiques et éventuellement une réduction de posologie. du flacon Des cas de colite pseudomembraneuse ont été rapportés avec la josamycine; il est donc important d’évoquer ce diagnostic chez les patients présentant Préparation de la suspension une diarrhée sévère pendant ou après un traitement par josamycine. Dans c ette situation, des mesures thérapeutiques adéquates doivent être initiées immédiatement. Les médicaments inhibant le péristaltisme sont contreindiqués dans cette situation (voir rubrique «Effets indésirables»). Ce médicament est généralement déconseillé en association avec: •l’ébastine, •les alcaloïdes de l’ergot de seigle dopaminergiques (bromocriptine, cabergoline, lisuride, pergolide), •le triazolam, •l’halofantrine, •le disopyramide, •le tacrolimus. (voir rubrique «Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions»). Concernant les associations faisant l’objet de précautions d’emploi, voir rubrique «Interactions avec d’autres médicaments 1) Bien agiter le 2) Tirer sur le piston 3) Après utilisation, 4) Coller le support 5) Replacer la et autres formes d’interactions». L’administration de josamycine doit se faire flacon avant chaque pour aspirer la rincer la seringue sur le côté du flacon seringue dans son avec prudence chez les patients présentant une hypersensibilité connue à utilisation et plonger suspension jusqu’au avec de l’eau support l’érythromycine ou à d’autres antibiotiques de la famille des macrolides. Une la seringue graduée traitcorrespondant dans le flacon au poids de l’enfant. résistance croisée avec d’autres antibiotiques de la famille des macrolides peut Sortir la seringue du être observée. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, flacon et administrer JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® le médicament. 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Ce médicament contient du saccharose. Son utilisation est déconseillée chez les patients présentant une intolérance au fructose, un syndrome de malabsorption du glucose et du galactose ou un déicit en sucrase/isomaltase. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Ce médicament contient du sodium. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Le taux de sodium est inférieur à 1 mmol par dose de 5 kg soit 5 ml de suspension buvable, c’est-à-dire «sans sodium». JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Le taux de sodium est inférieur à 1 mmol par dose de 10 kg soit 5 ml de suspension buvable, c’est-à-dire «sans sodium» JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Le taux de sodium est inférieur à 1 mmol par dose de 20 kg soit 5 ml de suspension buvable, c’est-à-dire «sans sodium» JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Ce médicament contient du parahydroxybenzoate de méthyle et de propyle et peut provoquer des réactions allergiques (éventuellement retardées). INTERACTIONS AVEC D’AUTRES MEDICA- MENTS ET AUTRES FORMES D’INTERACTIONS: Associations contre-indiquées: + Dihydroergotamine: Ergotisme avec possibilité de nécrose des extrémités (inhibition de l’élimination hépatique de l’alcaloïde de l’ergot de seigle). + Ergotamine: Ergotisme avec possibilité de nécrose des extrémités (diminution de l’élimination hépatique de l’ergotamine). + Cisapride: Risque majoré de troubles du rythme ventriculaire, notamment de torsades de pointes. + Pimozide: Risque majoré de troubles du rythme

Préparation de la suspension

JOSACINE® 125 mg/5 ml, 250 mg/5 ml, 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, (ML Complètes JOSACINE® 2013-1 / Novembre 2013) DENOMINATION DU MEDICAMENT: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: contient 125,00 mg de josamycine base (sous forme de propionate de josamycine). Pour 5 ml de suspension reconstituée. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: contient 250,00 mg de josamycine base (sous forme de propionate de josamycine). Pour 5 ml de suspension reconstituée. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: contient 500,00 mg de josamycine base (sous forme de propionate de josamycine). Pour 5 ml de suspension reconstituée. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: un comprimé pelliculé de 700,35 mg contient 500,00 mg de josamycine base. Excipients: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: saccharose, parahydroxybenzoate de méthyle, parahydroxybenzoate de propyle. FORME PHARMACEUTIQUE: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Granulés pour suspension buvable. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Comprimé pelliculé. INDICATIONS THERAPEUTIQUES: Elles sont limitées aux infections dues aux germes déinis comme sensibles: •angines documentées à streptocoque A bêta-hémolytique, en alternative au traitement par bêta-lactamines, particulièrement lorsque celui-ci ne peut être utilisé. •sinusites aiguës. Compte-tenu du proil microbiologique de ces infections, les macrolides sont indiqués lorsqu’un traitement par une bêta-lactamine est impossible. •surinfections des bronchites aiguës. •exacerbations des bronchites chroniques. •pneumopathies communautaires chez des sujets: - sans facteurs de risque, - sans signes de gravité clinique, - en l’absence d’éléments cliniques évocateurs d’une étiologie pneumococcique. En cas de suspicion de pneumopathie atypique, les macrolides sont indiqués quels que soient la gravité et le terrain. •infections cutanées bénignes: impétigo, impétiginisation des dermatoses, ecthyma, dermo-hypodermite infectieuse (en particulier, érysipèle), érythrasma. •infections stomatologiques. •infections génitales non gonococciques. •chimioprophylaxie des rechutes du RAA en cas d’allergie aux bêta-lactamines. Il convient de tenir compte des recommandations oficielles concernant l’utilisation appropriée des antibactériens. POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION: VOIE ORALE. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Cette présentation est réservée au nourrisson de 2 à 5 kg. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Cette présentation est réservée à l’enfant de 5 à 10 kg. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Cette présentation est réservée à l’enfant de 10 à 40 kg. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Cette présentation est réservée à l’adulte et à l’enfant de plus de 6 ans et de plus de 40 kg. JOSACINE®125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La posologie est de 50 mg/kg de poids et par jour, à répartir en deux prises par jour. Soit en pratique: 1 prise (25 mg/kg) le matin et 1 prise (25 mg/kg) le soir. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Au-delà de 40 kg, il conviendra d’évaluer la possibilité d’utiliser les formes comprimés. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé, JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: 1 à 2 comprimés matin et soir. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé, JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: 2 comprimés (1 g) le matin, 2 comprimés (1 g) le soir. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La dose par prise, est indiquée en fonction du poids de l’enfant sur le piston de la seringue pour administration orale graduée en kilo. Elle se lit directement sur les graduations de la seringue. Ainsi le poids indiqué correspond à la dose pour une prise.. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La seringue pour administration orale est graduée de 2 à 5 kg, chaque graduation successive de 0,5 kg correspond à 12,5 mg de josamycine. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La seringue pour administration orale est graduée de 2 à 10 kg, chaque graduation successive de 1 kg correspond à 25 mg de josamycine. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: La seringue pour administration orale est graduée de 2 à 20 kg, chaque graduation successive de 1 kg correspond à 25 mg de josamycine. Attention, cette seringue pour administration orale ne doit pas être utilisée pour un autre médicament, la graduation étant spéciique à ce produit. Deux prises par jour sont nécessaires. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Par exemple, pour un enfant de 4 kg, la dose à administrer par prise correspond à la seringue pour administration orale remplie jusqu’à la graduation 4. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Par exemple, pour un enfant de 5 kg, la dose à administrer par prise correspond à la seringue remplie jusqu’à la graduation 5. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Par exemple, pour un enfant de 30 kg, la dose à administrer par prise correspond à la seringue remplie une première fois jusqu’à la graduation 20, puis la seringue remplie une deuxième fois jusqu’à la graduation 10, et ce, 2 fois par jour. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Cas particuliers: Angines: 50 mg/kg/jour à répartir en 2 prises journalières. Soit en pratique: 1 prise (25 mg/kg) le matin et 1 prise (25 mg/kg) le soir. La durée du traitement des angines est de 5 jours.

MENTIONS LÉGALES

ventriculaire, notamment de torsades de pointes. + Ivabradine: Augmentation des concentrations plasmatiques de l’ivabradine et par conséquent de ses effets indésirables (inhibition deson métabolisme hépatique par la josamycine). + Colchicine: Augmentation des effets indésirables de la colchicine, aux conséquences potentiellement fatales. Associations déconseillées: + Ebastine: Risque majoré de troubles du rythme ventriculaire chez les sujets prédisposés(syndrome du QT long, congénital). + Alcaloïdes de l’ergot de seigle dopaminergiques (bromocriptine, cabergoline, lisuride, pergolide): Augmentation des concentra- tions plasmatiques du dopaminergique avec accroissement possible de son activité ou apparition de signes de surdosage. + Triazolam: Quelques cas de majoration des effets indésirables (troubles du comportement) du triazolam ont été rapportés. + Halofantrine: Risque majoré de troubles du rythme ventriculaire, notamment de torsades de pointes. Si cela est possible, interrompre le macrolide. Si l’association ne peut être évitée, contrôle préalable du QT et surveillance ECG monitorée. + Disopyra-mide: Risque de majoration des effets indésirables du disopyramide: hypoglycémies sévères, allongement de l’intervalle QT et troubles du rythme ventriculaire graves, notamment à type de torsade de pointes. Surveillance clinique, biologique et électrocardiogra- phique régulière. + Tacrolimus: Augmentation des concentrations sanguines de tacrolimus et de la créatininémie, par inhibition du métabolisme hépatique du tacrolimus par la josamycine. Associations faisant l’objet de précautions d’emploi: + Carbamazépine: Augmentation des concentrations plasmatiques de carbamazépine avec signes de surdosage,par diminution de son métabolisme hépatique. Surveillance clinique et, si besoin, dosage plasmatique et réduction éventuelle de la posologie de la carbamazépine. + Ciclosporine: Risque d’augmentation des concentrations sanguines de ciclosporine et de la créatininémie. Dosage des concentrations sanguines de la ciclosporine, contrôle de la fonction rénale et adaptation de la posologie pendant l’association et après l’arrêt du macrolide. + Antivitamines K: Augmentation de l’effet de l’antivitamine K et du risque hémorragique. Contrôle plus fréquent de l’INR. Adaptation éventuelle de la posologie de l’antivitamine K pendant le traitement par le macrolide et après son arrêt. + Sildénail: Augmentation desconcentrations plasmatiques de sildénail, avec risque d’hypotension. Débuter le traitement par sildénail à la dose minimale en cas d’association avec la josamycine. Associations à prendre en compte: + Théophylline (et, par extrapolation, aminophylline): Risque d’augmentation de la théophyllinémie, particulièrement chez l’enfant. Problèmes particuliers du déséquilibre de l’INR: De nombreux cas d’augmentation de l’activité des antivitamines K ont été rapportés chez des patients recevant des antibiotiques. Le contexte infectieux ou inflammatoire marqué, l’âge et l’état général du patient apparaissent comme des facteurs de risque. Dans ces circonstances, il apparaît dificile de faire la part entre la pathologie infectieuse et son traitement dans la survenue du déséquilibre de l’INR. Cependant, certaines classes d’antibiotiques sont davantage impliquées: il s’agit notamment des fluoroquinolones, des macrolides, des cyclines, du cotrimoxazole et de certaines céphalosporines. GROSSESSE ET ALLAITEMENT: JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé, Grossesse: L’information sur l’utilisation de la josamycine pendant la grossesse est limitée. Les données chez l’animal ne mettent pas en évidence d’effets tératogènes ou de retard de développement aux doses thérapeutiques. L’utilisation de ce produit doit être envisagée chez la femme enceinte ou susceptible de l’être seulement si le bénéice thérapeutique attendu prime sur les risques éventuels. Allaitement: Le passage de la plupart des macrolides dans le lait maternel est documenté, avec des concentrations dans le lait égales ou supérieures aux concentrations plasmatiques. Cependant, les quantités ingérées par le nouveau-né restent faibles au regard des posologies pédiatriques. Le risque majeur consiste en une modiication de la flore intestinale de l’enfant. En conséquence, l’allaitement est possible. En cas de survenue de troubles digestifs chez le nourrisson (candidose intestinale, diarrhée), il est nécessaire d’interrompre l’allaitement (ou le médicament). En cas de prise de cisapride chez le nouveau-né ou le nourrisson allaité, l’administra- tion de macrolides à la mère est contre-indiquée par mesure de prudence, enraison du risque potentiel d’interaction chez l’enfant (torsades de pointes). EFFETS INDESIRABLES: Troubles gastro-intestinaux: Nausées, vomissements, gastralgies, diarrhée, douleurs abdominales, colite pseudomembraneuse. JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: stomatite (fréquence indéterminée). Affections de la peau et du tissus sous-cutané: Eruption érythémateuse ou maculopapuleuse, érythème multiforme, dermatose bulleuse, syndrome de Stevens-Johnson, syndrome de Lyell. Affections du système immunitaire: •Réactions d’hypersensibilité à type de prurit, urticaire, oedème de la face, oedème de Quincke (angioedème), gêne respiratoire, réaction et choc anaphylactique; •Maladie sérique. Affections hépatobiliaires: Augmentation de s transaminases et phosphatases alcalines, ictère, hépatite cholestatique ou hépatite cytolytique. Affections vasculaires: Purpura, vascularite cutanée. Troubles du métabolisme et de la nutrition: Diminution de l’appétit (fréquence indéterminée). Déclaration des effets indésirables suspectés: La déclaration des effets indésirables suspectés après autorisation du médicament est importante. Elle permet une surveillance continue du rapport bénéice/risque du médicament. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté via le système national de déclaration: Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) et réseau des Centres Régionaux de Pharmacovigilance - Site internet: www.ansm.sante.fr. SURDOSAGE: Un surdosage avec la josamycine peut entraîner des troubles gastro-intestinaux tels que nausées et diarrhées, et doivent être traités en conséquence. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES - Propriétés pharmacodynamiques: Classe pharmacothérapeutique: ANTIBACTERIENS A USAGE SYSTEMIQUE, Code ATC: J01FA07. Antibiotique antibactérien de la famille des macrolides. SPECTRE D’ACTIVITE ANTIBACTERIENNE: Les concentrations critiques séparent les souches sensibles des souches de sensibilité intermédiaire et ces dernières, des résistantes: S<1 mg/l et R > 4 mg/l. La prévalence de la résistance acquise peut vari er en fonction de la géographie et du temps pour certaines espèces. Il est donc utile de disposer d’informations sur la prévalence de la résistance locale, surtout pour le traitement d’infections sévères. Ces données ne peuvent apporter qu’une orientation sur les probabilités de la sensibilité d’une souche bactérienne à cet antibiotique. Lorsque la variabilité de la prévalence de la résistance acquise en France (> 10%) (valeurs extrêmes) est connue pour une espèce bactérienne, elle est indiquée ci-après: ESPÈCES SENSIBLES: Aérobies à Gram positif: Bacillus cereus, Corynebacterium diphtheriae, Entérocoques [50 - 70 %], Rhodococcus equi, Staphylococcus méti-S, Staphylococcus méti-R * [70 - 80 %], Streptococcus B, Streptococcus non groupable [30 - 40 %], Streptococcus pneumoniae [30 - 32 %], Streptococcus pyogenes; Aérobies à Gram négatif: Bordetella pertussis, Branhamella catarrhalis, Campylobacter, Legionella, Moraxella; Anaérobies: Actinomyces, Bacteroides [30 - 60 %], Eubacterium, Mobiluncus Peptostreptococcus [30 - 40 %], Porphyromonas, Prevotella, Propionibacterium acnes; Autres: Borrelia burgdorferi, Chlamydia, Coxiella, Leptospires, Mycoplasma pneumoniae, Treponema pallidum. ESPÈCES MODÉRÉMENT SENSIBLES (in vitro de sensibilité intermédiaire): Aérobies à Gram négatif: Neisseria gonorrhoeae; Anaérobies: Clostridium perfringens; Autres: Ureaplasma urealyticum. ESPÈCES RÉSISTANTES: Aérobies à Gram positif: Corynebacterium jeikeium, Nocardia asteroïdes; Aérobies à Gram négatif: Acinetobacter, Entérobactéries, Haemophilus, Pseudomonas; Anaérobies: Fusobacterium; Autres: Mycoplasma hominis. La josamycine possède une activité in vitro et in vivo sur Toxoplasma gondii. * La fréquence de résistance à la méticilline est environ de 30 à 50% de l’ensemble des staphylocoques et se rencontre surtout en milieu hospitalier. PROPRIETES PHARMACOCINETIQUES: Absorption: Prise par voie orale, la josamycine est absorbée rapidement au niveau de la partie initiale de l’intestin grêle. Distribution: Le pic sérique est obtenu entre 1 et 4 heures après la prise orale. La concentration plasmatique maximale atteint 0,2 à 0,3 mg/l après absorption de 1 g de josamycine base et 0,3 à 0,4 mg/l après absorption de 1 g de propionate de josamycine. La pharmacocinétique de la josamycine après dose unique comme à l’équilibre montre une grande variabilité inter et intra individuelle. Ainsi, sa Cmax peut varier dans un rapport de 1 à 7 pour le propionate et de 1 à 10 pour la forme base. Le degré de variation est du même ordre pour l’AUC. La josamycine présente une très forte afinité tissulaire qui se traduit par une diffusion rapide vers les parenchymes notamment dans les poumons et les végétations adénoïdes. Les concentrations tissulaires sont élevées: après administration de 1 g de josamycine en doses multiples, les valeurs médianes atteignent 1,4 microgrammes/gramme pour une moyenne de 3,4 microgrammes/gramme dans le parenchyme pulmonaire, et de 0,7 microgrammes/gramme pour les valeurs médianes et moyennes comparables dans les végétations adénoïdes. Il faut noter une pénétration de la josamycine dans la plupart des tissus et milieux biologiques tels que les sinus, la prostate, les amygdales, les sécrétions bronchiques, le pus de l’oreille, la salive, la sueur et les larmes. Les macrolides pénètrent et s’accumulent dans les phagocytes (polynucléaires neutrophiles, monocytes, macrophages péritonéaux et alvéolaires). Les concentrations intra-phagocytaires sont élevées chez l’homme. Ces propriétés expliquent l’activité de la josamycine sur les bactéries intracellulaires. Le passage transplacentaire de la josamycine est faible. La josamycine diffuse très bien dans le lait maternel avec un rapport lait maternel/plasma de 100 %. La josamycine ne diffuse pas dans le liquide céphalo-rachidien. La liaison aux protéines plasmatiques est de l’ordre de 15 %. Biotransformation: La biotransformation s’effectue au niveau du foie et ne concerne que 40 à 50% de la josamycine absorbée. Les 2 principaux métabolites, qui sont des métabolites hydroxylés, conservent la même activité bactériologique sur le plan qualitatif. Excrétion: L’élimination est principalement digestive: bile et fèces pour 90% environ. L’élimination urinaire est très faible (<10 %). La demi-vie d’élimination est de l’ordre de 2 heures. DONNEES DE SECURITE PRECLINIQUES: Lors de l’administration chez des souris et des rates gravides, une augmentation des morts foetales et un retard de développement ont été rapportés à des doses élevées (3,0 g/kg/jour) chez la souris. Dans des études chez des souris et des rates portant sur l’administration de propionate de josamycine au cours de l’organogénèse, un ralentissement de la prise de poids et une splénomégalie ont été rapportés à des doses élevées (2,0 g/kg/jour) chez la souris femelle gravide. DONNEES PHARMACEUTIQUES: Liste des excipients: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Mannitol, citrate trisodique 2H2O, hydroxypropylcellulose, cellulose microcristalline/carmellose (AVICEL RC), parahydroxybenzoate de méthyle, parahydroxybenzoate de propyle, arôme fraise en poudre (citrate d’éthyle; propylèneglycol; butyrate d’éthyle; héxène-3-ol-1; acide propionique; cinnamate de méthyle; acide acétique; maltol; vanilline; acide méthylbutyrique; caproate d’éthyle; décalactone; maltodextrine), diméticone (rhodorsil 70451), sucre glace. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: canthaxantine à 10% hydrosoluble. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: béta-carotène à 10% hydrosoluble. Teneur en saccharose: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 0,82 g par dose de 5 kg soit 5 ml de suspension buvable. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 0,63 g par dose de 10 kg soit 5 ml de suspension buvable. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 0,82 g par dose de 20 kg soit 5 ml de suspension buvable. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Amidon de maïs, carboxyméthylamidon sodique, cellulose microcristalline, polysorbate 80, povidone, silice colloïdale anhydre, stéarate de magnésium, talc, hypromellose, macrogol 6000, dioxyde de titane (E171). DUREE DE CONSERVATION: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 5 ans. Après reconstitution, la durée de conservation de la suspension est de 7 jours. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: 5 ans. PRECAUTIONS PARTICULIERES DE CONSERVATION: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable, JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Flacon non-ouvert: Pas de précautions particulières de conservation. Pour les conditions de conservation du médicament reconstitué, voir rubrique «Durée de conservation». JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Pas de précautions particulières de conservation. NATURE ET CONTENU DE L’EMBALLAGE EXTERIEUR: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 15 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée avec une seringue pour administration orale. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 15 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée avec une seringue pour administration orale. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 20 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée avec une seringue pour administration orale. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: 20 comprimés sous plaquettes thermoformées (PVC/Aluminium). PRECAUTIONS PARTICULIERES D’ELIMINATION ET DE MANIPULATION: Pas d’exigences particulières. Tout produit non utilisé ou déchet doit être éliminé conformément à la réglementation en vigueur. TITULAIRE DE LA DECISION D’ENREGISTREMENT: ASTELLAS PHARMA S.A.S. 26 Quai Michelet 92 300 Levallois-Perret. Tél Information médicale (Numéro Vert): 0 800 008 619 - Tél Standard et Pharmacovigilance: 01 55 91 75 00. Fax: 01 55 91 75 69. NUMERO(S) D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE: JOSACINE® 125 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Décision d’enregistrement: 14/99/ 13 E 188 /374: 15 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée + seringue pour administration orale. JOSACINE® 250 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: Décision d’enregistrement: 14/99/ 13 E 189 /374: 15 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée + seringue pour administration orale. JOSACINE® 500 mg/5 ml, granulés pour suspension buvable: 14/99/ 13 E 190 /374: 20 g en flacon (verre) correspondant à 60 ml de suspension reconstituée avec seringue pour administration orale. JOSACINE® 500 mg, comprimé pelliculé: Décision d’enregistrement: 14/99/ 13 E 202 /374: 20 comprimés sous plaquettes thermoformées (PVC/aluminium). CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE: Liste I. Médicament soumis à prescription médicale.


ACTUALITÉ

M. Benberou Abderahmane *, à Santé Mag,

Pratiques de ventes des grossistes en médicaments Par Fortas Nadjia

Santé Mag: Certaines informations font état d’enquêtes ouvertes, par la Direction du commerce et des prix, au sujet de pratiques de ventes extra-commerciales, par certains grossistes en médicaments. Qu’en est-il exactement ? M. Benberou: Certains de nos adhérents nous ont fait part, effectivement, d’interventions de la part des services du ministère du commerce, pour les interroger sur certains avantages commerciaux, octroyés par les fabricants locaux, principalement, qu’ils doivent concéder à leur clientèle: les pharmaciens d’officine. 6

Santé-MAG

N°37 - Février 2015

Pour votre information, il faut souligner qu’il s’agit de ristournes que certains fabricants de produits pharmaceutiques se sentent, dans la pratique, obligés de concéder, pour pouvoir mettre sur le marché certains produits génériques qui, autrement, ne pourraient pas trouver preneurs sur le marché. Au regard du Ministère du commerce, même si elles ont pour effet de tirer les prix vers le bas, de telles pratiques seraient, pourtant, interdites ? Si l’on s’en tient à une interprétation, étroite et littérale, de la réglementation

commerciale, on peut les considérer comme telles; mais, à nos yeux, elles révèlent, surtout, le caractère inadapté de cette même réglementation. En effet, si l’on s’en tient à une lecture restrictive de celle-ci, le prix du médicament est administré d’un bout à l’autre de la chaîne; autrement dit, au niveau du fabricant puis, du grossiste et enfin, au niveau du prix à consommateur, auprès des officines pharmaceutiques. L’opinion publique doit savoir que le prix final du produit, pour le consommateur final, est totalement respecté; chaque produit vendu étant, il faut le souligner, accom-


ACTUALITÉ

pagné d’une vignette sur laquelle le prix public est systématiquement inscrit. Aucune anomalie n’est signalée, à ce sujet. La question qui se pose est de comprendre pourquoi imposer un système aussi rigide et procédurier là, où l’administration fait, déjà, respecter un prix final public au consommateur. En revanche, la réglementation a fixé des marges plafonnées au pharmacien d’officine et au grossiste répartiteur qui sont figées depuis plus de 20 ans. Pendant cette période, les pharmaciens d’officine, ont dû, eux-mêmes, s’adapter au système du tiers-payant, en injectant des ressources humaines supplémentaires et en subissant certaines contraintes administratives, comme la gestion de la documentation, imposée par le système du tiers-payant. Les distributeurs, pour leur part, sont soumis à une augmentation conséquente de leurs coûts logistiques (transport, manutention, adaptation aux contraintes du tarif de référence). Dans un tel contexte, pourquoi imposer un système aussi rigide et procédurier là, où l’administration fait déjà respecter un prix final public au consommateur. Face à ces augmentations des dépenses, qui n’ont pas été accompagnées par une révision des marges, équilibre des Caisses de sécurité sociales oblige, les pharmaciens d’officine et les distributeurs ont compensé une partie du surcoût subi, par ces ristournes commerciales. En tant que professionnels, nous n’avons pas arrêté de demander à ce qu’un système de marges-arrières, comme cela existe ailleurs, soit mis en place. Ces marges-arrières constituent la motivation principale des professionnels, dans les pays qui souhaitent, vraiment, stimuler la commercialisation des produits génériques et inciter les pharmaciens à les proposer à leur clientèle. Aussi, plutôt que de s’acharner sur les pharmaciens et les distributeurs, dont le seul tort est de faire de leur mieux, pour élargir la part de marché du générique et du produit fabriqué localement, l’administration ferait mieux de s’attaquer au fond du problème en concertation avec les associations et syndicats concernés. En harcelant le pharmacien et le distributeur, on s’attaque en réalité à la production locale. L’octroi d’avantages commerciaux à la vente en pharmacie est, tout compte fait, un des moteurs du développement de la production pharmaceutique nationale, en particulier, et du médicament générique en général.

A notre niveau, nous sommes, comme du reste toutes les associations professionnelles de la filière, tout à fait disposés à débattre ouvertement de ce dossier, dans toute instance que l’on nous désignera. Mais, il est clair que, pour nous, cette forme de harcèlement devrait cesser. Notre marché est suffisamment sensible comme cela, pour ne pas être davantage perturbé. Quelles conséquences cette situation aurait-elle sur le marché, en bout de course ? Il est clair que si l’administration persiste dans son attitude actuelle, cela aura des effets sur le marché. La première des conséquences est celle qui touchera la production nationale. En effet, le fond du problème est celui de la pression très forte qui s’exerce sur le marché des produits génériques. Chacun sait que les princeps vendus par les grands laboratoires internationaux bénéficient de campagnes mondiales de promotion médicale, avec à l’appui des moyens financiers gigantesques, que les fabricants locaux ne peuvent se permettre. Les usagers préfèrent, souvent, recourir à ces produits de marque, qui sont, le plus souvent, importés. Quand un générique est proposé, alors même qu’il est attesté qu’il a, exactement, le même pouvoir thérapeutique que le princeps, dans la pratique, il présente le défaut d’être beaucoup moins cher et d’offrir des marges plus réduites, souvent insuffisantes, à sa distribution et a sa dispensation. Même les caisses de sécurité sociale, qui sont préoccupées, bien sûr, par la promotion du générique, ont mis en place un système de majoration des marges, qui incite le pharmacien à recourir au générique. Comme l’effet de ce système reste limité, les fabricants sont contraints, dans la pratique, de devoir soutenir leurs produits. Ce serait le comble que l’administration commerciale, par une lecture étroite de la réglementation, en vienne à contrecarrer toutes ces pratiques, qui ont pour finalité de promouvoir le générique. Comme plus de 80% des produits de fabrication locale sont des génériques, vous vous doutez bien que c’est elle qui sera la première pénalisée. Je vous signale que le Syndicat des pharmaciens d’officine a, déjà, commencé à tourner le dos à ces produits et certains grossistes commencent à montrer des réticences, dans la commercialisation d’une partie de la production nationale. Pharmaciens et grossistes sont des

supports incontournables de la diffusion des médicaments. Le taux de couverture de 40% du marché, par la production locale, n’aurait jamais été possible sans leur concours. Il faut bien trouver des formes d’incitations, pour les amener à commercialiser tous ces produits génériques à bas prix et donc, à marge extrêmement réduite. Les pouvoirs publics ne peuvent pas, d’un côté, pousser à la consommation du générique, pour maîtriser la facture et de l’autre, sanctionner des pratiques, qui poussent dans la même direction. Vous semblez particulièrement remontés contre cette intervention de l’administration commerciale ? Il y a de quoi être attristé. Que l’on se pose, simplement, la question de savoir pourquoi un producteur national viendrait à rogner sur sa marge. Le tout sur un marché, dont le prix final, fixé par l’Etat, est totalement respecté. S’il le fait, c’est bien qu’il y est contraint, d’un point de vue économique et commercial. C’est le seul moyen, qui est à sa disposition, pour se battre contre la puissance de la machine financière et commerciale des multinationales. On se demande, d’ailleurs, pourquoi l’administration algérienne, si prompte à sanctionner les pharmaciens d’officine et les distributeurs, reste de marbre face aux pratiques bien connues de celles-ci, à l’égard, notamment, du corps médical national. Cette réaction, qui consiste, pour l’administration, à recourir immédiatement à la sanction, dans un marché, par ailleurs, totalement transparent, est une réaction de facilité, non réfléchie. La filière pharmaceutique, on a tendance à l’oublier, est l’une des rares, au sein de notre économie, qui soit totalement transparente, totalement encadrée par l’Etat, où l’informel n’existe pas. C’est l’une des très rares, également, dans laquelle la production nationale a gagné des parts de marché, par rapport à l’importation. A moins que l’objectif recherché soit, précisément, de détruire le seul secteur industriel qui marche, dans notre pays. Nous souhaitons, vraiment, être détrompés, à ce sujet

* M. Benberou Abderahmane, vice-président de l'ADPHA (Association des distributeurs pharmaceutiques algériens) et président du Conseil de l'ordre régional des pharmaciens de Chlef. N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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ACTUALITÉ

Sanofi s’engage dans la recherche en santé en Algérie Remise du prix Sanofi Algérie de la recherche en santé

Alger, Algérie - le 5 février 2015: Sanofi Algérie confirme, aujourd’hui, son engagement en matière de recherche en santé. Le prix Sanofi Algérie de la Recherche en Santé a été mis en place avec le soutien de la Direction Générale de la Recherche Scientifique et du Développement de la Technologie (DGRSDT), l’Agence Thématique de Recherche en Sciences de la Santé (ATRSS), du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS), et la Direction de la Recherche du Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière (DRMSPRH). Ce prix s’inscrit dans le cadre de la promotion des travaux de recherche, dans le domaine de la santé. Il a été initié lors de la visite, en Algérie, en septembre 2013, par le Dr Elias Zerhouni, Président Monde de la Recherche et du Développement de Sanofi. «Avec ce Prix de la Recherche en Santé, Sanofi Algérie consolide son engagement en matière de recherche en santé. En tant que leader mondial de la santé centré sur les besoins des patients, leader du marché pharmaceutique, en Algérie et acteur dynamique de la santé publique, Sanofi place la recherche médicale au cœur de ses activités. Sanofi Algérie soutient la recherche qui, un jour, pourra prévenir les maladies, ou fournir de meilleurs traitements à ceux 8

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N°37 - Février 2015

qui en ont besoin» a déclaré Pierre Labbé, Président Directeur Général de Sanofi Algérie. Sanofi Algérie a travaillé en partenariat avec la Direction Dénérale de la Recherche Scientifique et du Développement Technologique, afin de désigner le jury et mettre en œuvre les mécanismes, qui ont abouti à la désignation de la lauréate du Prix Sanofi 2014. Le Jury est composé de doyens et professeurs d’universités, et de représentants du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière. Le

jury a été assisté, dans ses missions, par un comité de 20 experts relevant des domaines de la biologie, de la pharmacie et de la médecine. Ce prix, d’un montant de 2.000.000 DA, est destiné à encourager les jeunes chercheurs algériens dans les disciplines biologiques, ou dans la recherche clinique, afin d’accélérer le transfert de connaissances vers des applications diagnostiques et thérapeutiques. La première édition du Prix Sanofi Algérie de la Recherche en Santé a reçu plus de vingt candidatures. L’éligibilité des dossiers de candidature a été étudiée par le jury, au mois d’octobre dernier. Une seconde réunion a été organisée par ce même jury, avec le soutien d’experts, afin d’étudier chaque dossier par au moins deux experts et désigner le lauréat. La lauréate du Prix Sanofi Algérie 2014 de Recherche en santé est Mme Amel MEDJDOUB, Docteur en Physiologie et Biochimie de la Nutrition de l’Université Abou-Bekr Belkaïd, de Tlemcen. Elle a été récompensée, pour son travail sur l’évaluation des effets des pesticides sur la prolifération lymphocytaire et le stress oxydatif in-vitro. Un appel à candidatures est, d’ores et déjà, lancé pour la seconde édition, au titre de l’année 2015





DOSSIER

Les résultats de l’expérience-pilote de dépistage précoce du cancer du sein présentés, en mars, à Sétif

Les résultats de l’expérience-pilote de dépistage précoce du cancer du sein seront présentés au cours d’une rencontre scientifique, prévue en mars prochain, à Sétif, a annoncé, à Batna, le Pr Ahmed Bendib, cancérologue, superviseur de l'opération. Ce dépistage était assuré par l’unité mobile de la caravane, organisée dans le cadre d’un partenariat entre l’association nationale Amel de lutte contre le cancer et Algérie Télécom, a précisé ce praticien; en marge de l’arrivée; à Batna; de la caravane; qui a sillonné les quatre coins du pays. La moitié des cas de cancer de sein sont traditionnellement diagnostiqués, lorsque la maladie atteint les 3ème et 4ème stades de son évolution, rendant "très minces" les chances de guérison, a souligné le Pr. Bendib, relevant que 12

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le dépistage précoce de ce mal, qui affecte, à 20 %, les cellules mammaires et à 80% les canaux galactophores, permet, en revanche, "une guérison assurée à 98 %". Le même spécialiste a fait part de son souhait de voir cette expérience, adoptée par les grandes entreprises, employant un important effectif féminin, à qui il a proposé d’ouvrir, dans leurs

Pr. Ahmed Bendib

locaux, des centres de dépistage; promettant, au passage, de contribuer à la formation de leurs staffs. De son côté, la présidente de l’association Amel, Hamida Kateb, a estimé que l’expérience-pilote est "une réussite", dès lors qu’elle a permis de dépister 7 cas, pour 1.000 femmes auscultées. L’objectif est d’assurer la diffusion de la culture sanitaire chez les femmes, dont sept décèdent, chaque année, du cancer du sein, qui touche, en Algérie, 3.500 femmes, a relevé Mme Kateb, assurant que le dépistage précoce permet de réduire les "complications létales" de ce type de tumeurs malignes. Encadrée par des médecins spécialistes, la caravane réalisera, du 22 au 25 février, des dépistages au profit des travailleuses d’Algérie Télécom, exerçant dans les wilayate de Batna, Biskra, Khenchela et Tébessa.


DOSSIER

Cancer avancé de la thyroïde

une nouvelle option thérapeutique ?

Dans les prochaines années, les médecins pourront disposer de nouveaux traitements, contre le cancer de la thyroïde.

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u nouveau, dans la prise en charge du cancer de la thyroïde, réfractaire à l’iode radioactif. Une thérapie ciblée permettrait d’améliorer la survie, sans progression de la tumeur. Mieux, chez de nombreux patients, la masse tumorale a diminué. Jusqu’en 2010, il n’y avait aucune solution, pour traiter les patients atteints de cette forme de cancer de la thyroïde. Laquelle représente entre 5% et 15% du nombre, total, de tumeurs de cet organe. L’espérance de vie des patients n’était, au mieux, que de quelques années. Aujourd’hui, selon le Pr Martin Schlumberger, chef du service de médecine nucléaire et oncologie endocrinienne à Gustave Roussy (Villejuif), «compte tenu des résultats de cet essai, le lenvatinib pourrait devenir le traitement standard, pour les patients résistants à l’iode 131». L’objectif de cet essai de phase III randomisé, en double aveugle contre

placebo, était de comparer la survie, sans progression, de patients atteints d’un cancer de la thyroïde avancé et réfractaire à l’iode 131. Cette étude a été menée dans plus de 100 centres en Europe, en Amérique du Nord et du Sud et en Asie. Au total, 392 patients ont été inclus, dont une partie a reçu le lenvatinib et l’autre un placebo. Résultats: la médiane de survie, sans progression de la tumeur, a été de 18,3 mois sous lenvatinib, contre 3,8 mois sous placebo. Dans un communiqué, l’Institut Gustave Roussy estime que «cette amélioration est considérable et nettement supérieure à ce qui avait été noté avec d’autres médicaments. De plus, 65% des patients traités ont vu leur tumeur régresser, de manière significative et la tumeur a disparu, chez plusieurs patients». Des effets indésirables ont, néanmoins, été observés. Les cinq plus courants étaient l’hypertension (68%), la diarrhée (59%), une baisse de l’appétit (50%), une perte de poids (46%) et des nausées (41%)

Appui au Plan national de lutte contre les maladies cancéreuses

Une délégation de l'OMS au CHU d'Oran

U

ne délégation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a effectué une visite, au Centre hospitalo-universitaire d'Oran (CHUO), a-t-on appris, du responsable de la cellule de communication de cet établissement de santé publique. "La visite de la délégation, composée de huit représentants de l'OMS, entre dans le cadre de l'appui au Plan national algérien de lutte contre les maladies cancéreuses", a précisé Kamel Babou. Ce groupe d'experts a été reçu, selon la même source, par les responsables des services du CHUO, intervenant dans la prise en charge des patients souffrant de pathologies cancéreuses, tels ceux de la radiothérapie et de la chimiothérapie. Les cadres de l'OMS ont été, aussi, accueillis par le chef de service d'épidémiologie et de médecine préventive, le Pr Zoubir Fouatih, également, responsable du Registre national du cancer, pour la région Ouest du pays. La visite, en Algérie, de la délégation de l'OMS n'est pas limitée au CHU d'Oran; mais, s'étend à l'ensemble des structures hospitalières investies dans la lutte anticancer, fait-on savoir, de même source N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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DOSSIER

le plan cancer a été remis au président de la République Cancers digestifs

l’alcool coupable

E

n France, l’alcool est à l’origine de 9,5% des décès, par cancer. Toxique, pour l’organisme, l’alcool expose les consommateurs à un risque, accru, de cancers des voies aérodigestives. Ce danger apparaît, dès lors, que la consommation devient régulière, même chez les patients qui ne présentent pas d’addiction. Depuis 2004, le cancer est la première cause de mortalité, en France. Entre autres causes, l’hygiène de vie, et plus particulièrement la consommation d’alcool, deuxième facteur de risque, après le tabac, dans le développement des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS). En fait, les tissus de l’appareil digestif sont des passages incontournables, dans le processus de déglutition. Les aliments et les liquides entrent en contact direct avec leurs parois, fines et fragiles. L’éthanol, molécule cancérigène, contenue dans l’alcool, agit, alors, comme un solvant et agresse les muqueuses. LE SYSTÈME DIGESTIF FRAGILE Consommé régulièrement, l’alcool fait le lit des maladies hépatiques, lesquelles dégénèrent, fréquemment, en cancer du foie. Ces excès augmentent, aussi, le risque de tumeurs de la bouche, du pharynx, du larynx, du pancréas, ou encore, de l’estomac, du côlon et du rectum. Troisième cancer digestif le plus fréquent, le cancer de l’œsophage touche particulièrement les fumeurs, les patients obèses et les consommateurs d’alcool; notamment, les hommes âgés de plus de 50 ans. Le risque est tel que les buveurs réguliers sont 10 fois plus sujets à la maladie, comparés aux abstinents. Au total, près de 80% des cancers de l’œsophage seraient attribués à l’alcool, en France. COMMENT PRÉVENIR ? Ce risque accru ne concerne pas que les patients exposés à la dépendance. «Une consommation chronique devient dangereuse à partir d’un verre par jour, en moyenne, qu’elle soit quotidienne, ou concentrée sur un épisode», précise le Programme national nutrition santé 2011-2015. Par ailleurs, toutes les boissons alcoolisées – vins, bières, ou spiritueux – sont concernées. En plus d’une alimentation équilibrée, le meilleur moyen de limiter ce risque est de maîtriser sa consommation d’alcool en la rendant…exceptionnelle. En cas de difficulté, n’hésitez pas à vous faire aider

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Santé-MAG

N°37 - Février 2015

Une nouvelle stratégie de lutte, contre le cancer et ses facteurs de risque est, désormais, définie, dans sa globalité, dans le Plan cancer remis, dernièrement, au président de la République, par le Pr Zitouni, apprend-on auprès du Pr Adda Bounedjar, chef de service oncologie médicale, au CHU de Blida et responsable de la communication de l’Association des médecins arabes de lutte contre le cancer (AMAAC).

L

Par Fortas Nadjia

’objectif, principal, de ce plan cancer est de permettre à chacun, partout, en Algérie, d’avoir les mêmes chances d’accéder aux soins, de guérir et mettre à la disposition des patients atteints de cancer, le plus rapidement possible, des innovations, en matière de prise en charge. Le rapport de 132 pages vise, ainsi, à l’amélioration de la vie des personnes atteintes de cette pathologie et à protéger les personnes saines, pour ne pas être touchées à travers la réorganisation de soins, la formation, le renforcement de la réglementation et la diversité des financements, a affirmé le Pr Bounedjar. Et d’ajouter: c’est ainsi que la prévention et le dépistage constituent les axes prioritaires de ce plan cancer, qui n’a ignoré aucun aspect lié, directement, à la prise en charge de cette maladie et qui a été élaboré en association avec tous les acteurs impliqués dans cette pathologie. «Dans le cadre de la lutte contre le cancer, les nombreuses tentatives de mise en place de programmes et plans, initiés ces dernières années, n’ont pas pris en considération la grande complexité du phénomène, ni les priorités, en termes d’objectifs à atteindre. Tout ceci pourrait expliquer l’insuffisance des résultats, malgré les gros investissements consentis», relève le Pr Bounedjar. Pour rappel, le Pr Zitouni a donné un aperçu sur la maladie, sa progression dans le monde et en Algérie, dont l’incidence avoisine les 50 000 nouveaux cas et son historique. L’analyse des cancers, par localisations, a révélé que 5 cancers devront bénéficier d’une attention particulière - sur les 7 les plus fréquents -, qui représentent 70% de tous les cancers (poumon, col de l’utérus, sein, colo-rectum, col de l’utérus, prostate, vessie, thyroïde, colo-rectum). Le plan cancer Algérie, pour la période 2015-2019, prend en compte les axes principaux, recommandés par l’OMS; à savoir: la prévention, la détection précoce, le diagnostic, le traitement, la réadaptation, les soins palliatifs, la recherche de solutions innovantes, affirme, aussi, le Pr Bounedjar


DOSSIER

INFO

Cancers pédiatriques

Le foie, une arme contre le cancer?

Depuis longtemps, les chercheurs sont en quête d’une arme, pour vaincre le cancer. Selon une nouvelle étude, de l’Université Concordia (Montréal), un remède aux cancers les plus fréquents – sein ou prostate – se situerait dans notre foie! Une bonne nouvelle… à relativiser.

L

es chercheurs révèlent que l’acide lithocholique, un acide biliaire, produit par le foie, s’avère particulièrement efficace, dans l’élimination des cellules malades. «Une fois introduit dans les cellules cancéreuses, il se dirige vers les mitochondries – les ‘usines énergétiques’ des cellules -; puis, transmet des signaux moléculaires, qui entraînent la mort cellulaire», analyse le Pr Vladimir Titorenko, principal auteur de ce travail. «Outre le ralentissement du vieillissement, cette substance aurait un effet anti-tumeur, puisqu’elle détruit les cellules associées aux neuroblastomes et aux cancers du sein et de la prostate». De très bon résultats, donc… mais observés, uniquement, en laboratoire. Là, se situe le bémol de cette étude. Les tests se sont, en effet, déroulés sur… de la levure. «Cette dernière vieillit de la même façon que les cellules humaines», commentent les auteurs. Le Pr Titorenko mène, actuellement, des tests sur des souris, afin de déterminer si l’acide lithocholique peut retarder la progression du cancer de la prostate. «Si l’acide biliaire s’avère efficace, pour combattre les tumeurs, chez les souris, il devrait, vraisemblablement, produire un effet similaire, chez l’homme», conclut le Pr Titorenko

développer la recherche

Deuxième cause de mortalité, chez les moins de 15 ans, en France, le cancer est à l’origine de 500 décès, chaque année.

C

haque année, 2 500 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués, chez les enfants et les adolescents, en France. Point positif, les taux de guérison sont en constant progrès. Ainsi, 8 enfants sur 10 survivent à la maladie. Mais, des efforts restent à faire: accélérer le développement de médicaments spécifiques aux cancers pédiatriques. Un enjeu évoqué à l’occasion de la Journée internationale du cancer de l’enfant. Souvent associé à l’adulte, le cancer est, aussi, une maladie pédiatrique. Ainsi, «le nombre de nouveaux cas de cancers, chez l’enfant de moins de 15 ans, est estimé à 1 700, par an et 700, chez les adolescents entre 15 ans et 17 ans», soulignent les experts de l’INCa, de l’Institut Gustave Roussy et l’association Imagine For Margo. Toutes formes de cancer confondues, «le nombre de patients guéris n’a cessé d’augmenter et aujourd’hui, 80% des jeunes guérissent de leur cancer». Mais, les traitements appropriés aux enfants sont, encore, trop rares. Beaucoup de médecins n’ont d’autres choix que de prescrire des médicaments pour l’adulte. Les posologies sont adaptées au poids de l’enfant, mais le risque de surdosages et donc, de toxicité augmentent et les degrés d’efficacité sont difficiles à évaluer. IDENTIFIER DE NOUVELLES PISTES DE TRAITEMENT En fait, «la recherche sur le cancer est, essentiellement, focalisée sur les can-

cers des adultes. Seuls 2% des fonds sont alloués à la recherche en pédiatrie». La priorité, donc, investir davantage pour «mettre au point de nouvelles molécules spécifiques aux enfants et accélérer les essais cliniques intégrant cette classe d’âge». Plusieurs pistes ont été proposées: simplifier le règlement pédiatrique européen. En vigueur depuis le 12 décembre 2006, il est censé inciter les laboratoires à investir dans les médicaments appropriés. Mais, les démarches, pour mettre au point une nouvelle molécule à usage pédiatrique, sur le marché, sont, aujourd’hui, très longues. Il s’agit, donc: «d’inspirer une réglementation facilitant l’investissement des industries du médicament, dans le domaine de la pédiatrie»; Créer plus de transparence sur les avancées et les budgets alloués par le Plan Cancer 3, Faire de la France le moteur européen de la recherche spécifique sur le cancer des enfants, Et promouvoir les nouveaux programmes européens de médecine ciblée. L’objectif étant d’améliorer la prise en charge des 60 formes de cancers survenant chez l’enfant, en particulier, les plus fréquents, que sont la leucémie (30%), les tumeurs du système nerveux central (24%) et les lymphomes (11%). A l’occasion de la Journée internationale du cancer de l’enfant, un colloque, organisé ce samedi 14 février, par l’association Imagine For Margo, rassemble les professionnels de l’Institut Gustave Roussy, de l’Institut national du Cancer et du Sénat français N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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DOSSIER

Pr Karima Achour*, à Santé Mag,

Si on supprime le tabagisme, le problème du cancer du poumon serait résolu Le cancer du poumon est une tumeur maligne, qui prend naissance dans les cellules du poumon. Le mot «maligne» signifie que la tumeur peut se propager (métastases) à d’autres parties du corps. La consommation de tabac est le principal facteur de risque de ce cancer. Il est, donc, la première cause de mortalité, car le diagnostic de cette pathologie, qui évolue sournoisement, est fait tardivement. Aussi, le pronostic est sombre et la situation du patient ne peut qu’évoluer défavorablement. Le professeur Karima Achour nous en parle et ses propos incitent à arrêter la cigarette, immédiatement. Propos recueillis par Tanina Ait

Santé Mag: Les causes du cancer du poumon sont-elles bien identifiées? Pr Karima Achour: Le cancer du poumon est le plus mortel de tous les cancers et c’est pour cela qu’il est une priorité, sur le plan santé mondiale. Aussi, tous les pays ont établi des plans de lutte, contre ce fléau. Il a été, depuis 1950, établi que la consommation du tabagisme est à l’origine de ce cancer, dans plus des 99,99% des cas. A cet effet, on peut être fumeur, sans développer ce cancer; mais, lorsqu’il est là, dans 99,99%, le tabagisme en est la cause. Ainsi, on connaît la cause principale de cette pathologie, même si d’autres facteurs sont, potentiellement, impliqués dans sa survenue, comme: la pollution atmosphérique, le radon, l’amiante et autres… Tou16

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N°37 - Février 2015

tefois, ces facteurs demeurent minimes. Si on supprime le tabagisme, cette maladie et tous les autres cancers de la voie digestive, en général, seraient résolus. Il est, d’ailleurs, à noter que le tabagisme passif tue, également et 3 personnes, sur 10, développent ce cancer, lorsqu’elles vivent dans l’entourage d’un fumeur. Quel est l’état des lieux du cancer du poumon, en Algérie ? Il est difficile de connaître l’état des lieux de cette pathologie, en Algérie, car nous ne disposons pas d’un plan santé, qui va de la prévention, jusqu'au traitement définitif. A ce titre, nous n’avons pas de chiffres, puisque l’étude épidémiologique, en Algérie, est relativement défaillante. Les épidémiologistes ne possèdent, donc, pas de registre national,

afin d’élaborer des statistiques fiables et exactes. Il existe, cependant, des registres au niveau de quelques grandes villes, qui indiquent que ce cancer est fréquent et que la maladie est dramatique. Qu’en est-il de la prévention ? Sur le plan de la prévention, rien n’est fait, dans ce sens, puisque on s’aperçoit que les gens fument partout. En outre, les cigarettes algériennes sont plus nocives que celles importées des pays étrangers. Les cigarettes light, ou parfumées, qui sont, en ce moment, à la mode, ne font pas exception. Dans ce sens, les lois existent, mais elles ne sont pas, rigoureusement, appliquées. Il y a eu, certes, l’augmentation de la taxe sur les tabacs, mais cela demeure insuf-


DOSSIER

fisant. Il faut, à ce sujet, établir des lois répressives, pour lutter contre le tabac de contrebande. Il serait, aussi, judicieux d’ouvrir plus de centres de sevrage, pour aider les fumeurs à arrêter de fumer et les professeurs des écoles, ainsi que les parents doivent expliquer aux enfants la nocivité de la cigarette. Aussi, l’idéal est de ne jamais commencer.

Cancer du poumon

une nouvelle thérapie ciblée ?

Quels sont les signes, cliniques, de cette pathologie ? Le cancer du poumon est une pathologie sournoise. Aussi, lorsque les signes apparaissent, il est, parfois, trop tard, car la tumeur a entraîné des métastases extra-thoraciques. Généralement, c’est à l’occasion d’une consultation, fortuite, pour une autre pathologie, que la maladie est découverte. Les chances de survie sont, alors, très minces car la maladie est diagnostiquée, dans 80% des cas, aux stades 3 ou 4. La chirurgie est, alors, la première indication thérapeutique; mais, le pronostic de ce malade est très sombre. Les moyens de diagnostic, pour prendre en charge cette pathologie, sont-ils aux normes ? Actuellement, nous ne disposons pas de moyens d’exploration fiables, pour le dépistage précoce du cancer du poumon. Pour vous donner un exemple, dans le service de chirurgie thoracique de Bab El Oued, que je dirige, il y a un déficit en moyen humains et matériels. A travers tout le territoire, nous ne disposons que d’une trentaine de chirurgiens thoraciques et il n’existe que 4 services spécialisés, en l’occurrence, en Algérie. Le Plan cancer est en phase d’application et tout un chapitre est consacré à la prévention; notamment, dans la lutte contre le tabagisme. Cela va-t-il réduire ce cancer ? Pour appliquer le plan cancer, il faut, d’abord, avoir des chiffres, qui sont le début du chaînon de ce plan. Les chiffres ne peuvent pas être établis en une journée; mais, sur plusieurs années. En outre, il faut donner les moyens, aux épidémiologistes, de retirer ces chiffres et de les analyser. A ce moment-là, on saura appliquer le Plan cancer, sur les différents cancers, car on n’investira pas le même budget pour un cancer du sein, ou un cancer du poumon, par exemple * Pr Karima Achour, chef de service chirurgie thoracique, au CHU de Bab El Oued – Alger.

Une anomalie génétique, responsable d’environ 1% des cancers bronchiques, vient d’être découverte par une équipe toulousaine.

U

n traitement ciblé pourrait bientôt être disponible pour les malades concernés. ROS1, c’est le nom du gène porteur d’une nouvelle anomalie génétique, récemment découverte, dans certains cancers du poumon. Une étude européenne, pilotée par le Pr Julien Mazières, pneumo-oncologue à l’hôpital Larrey (Institut Universitaire du Cancer de Toulouse Rangueil-Larrey) et à l’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse-Oncopole a permis de tester l’effet d’une molécule thérapeutique ciblée, le crizotinib, par voie orale, chez des patients porteurs de cette anomalie. «Les résultats sont très prometteurs, puisque 80% des patients répondent à ce type de traitement, avec très peu d’effets secondaires, alors que les taux d’efficacité de la chimiothérapie classique sont de l’ordre de 30%», soulignent les auteurs. Une excellente

nouvelle, dans le travail de recherche de traitements personnalisés dans le cancer du poumon. En effet, «ces données, associées à celles obtenues par des équipes américaines, devraient aboutir à la commercialisation de cette molécule, pour une population de patients qui ne bénéficiait pas, pour l’instant, de traitements réellement efficaces», poursuivent les auteurs. DES ANOMALIES QUI GUIDENT VERS DE MEILLEURS TRAITEMENTS Le cancer du poumon est l’un des plus fréquents avec 40 000 nouveaux cas, chaque année, en France. Il est, aussi, l’un des plus graves car, souvent, diagnostiqué à un stade métastatique. Or, «les découvertes d’anomalies moléculaires de l’ADN des cellules cancéreuses permettent de traiter les patients avec des thérapeutiques ciblées, plus efficaces que les chimiothérapies classiques». C’était, déjà, le cas, par exemple, avec le gène HER2, dont la surexpression est retrouvée chez, environ, 25% des femmes porteuses d’un cancer du sein N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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DOSSIER

Le cancer du col utérin Par le Pr Belkacem Chafi * QU’EST CE QU’UN CANCER ? Le cancer est une maladie de la cellule. La cellule est l’unité de base de la vie. Il existe, dans le corps, humain plus de 200 types de cellules différentes: musculaires, osseuses, vasculaires, nerveuses, sanguines, immunitaires… Chacune de ces cellules a un rôle précis dans l’élaboration, la constitution de l’organisme, ou une fonction bien déterminée. C’est grâce à la multiplication de ces cellules que le corps humain peut grandir, jusqu’à l’âge adulte, que les cellules mortes sont remplacées et que les blessures peuvent cicatriser. Cette multiplication cellulaire est tout à fait normale et indispensable à la vie. La cellule cancéreuse est une cellule qui a fait l’objet de plusieurs modifications. L’organisme répare ces modifications subies par les cellules, qu’elles soient accidentelles, ou liées au vieillissement. Les capacités de l’organisme à réparer ces modifications et à éliminer les cellules anormales s’affaiblissent, naturellement, avec l’âge. Plusieurs types de ces modifications sont nécessaires, avant qu’une cellule ne devienne cancéreuse. Ceci, étant le corollaire d’un processus complexe irréversible, pouvant prendre plusieurs années: 10 à 40 ans, environ.

La cellule devenue, alors, cancéreuse, ou maligne, a perdu toutes ses capacités de réparation. Elle se multiplie, de façon incontrôlée, dans un organe du corps humain et finit par former une masse, que l’on appelle "tumeur maligne". Cette tumeur prendra le nom de l’organe qui la portera: cancer de l’ovaire, du rein, du foie… En l’absence de traitement, le cancer se développe localement, pendant longtemps; mais, les cellules de ces tumeurs malignes peuvent avoir tendance à migrer dans d’autres parties du corps et à s’y développer donnant, ainsi, de nouvelles tumeurs: on parle alors de "métastases". Ainsi, plus le cancer est laissé sur place et plus il détruira l’organe qui le porte, les organes voisins et un peu plus tardivement, d’autres organes à distance. C’est pour cette raison que plus on traite un cancer diagnostiqué précocement, meilleures sont les chances d’avoir un bon résultat et il faut, donc, savoir qu’en l’absence de traitement adapté, tout cancer risque d’évoluer, se compliquer et devenir rapidement mortel. QU’EST-CE QUE LE CANCER DU COL DE L’UTERUS (CCU)?

Développement d'une cellule cancéreuse: plusieurs facteurs et étapes pouvant durer 40 ans

Cancérogène et substances génotoxiques

Plusieurs altérations nécessaires (âge et prédispositions)

Chimie

INVITATION

Facteurs de prolifération

PROMOTION

PROGRESSION

Rx Cellule normale

Virus

Éliminations Métabolisme

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Santé-MAG

Cellule initiée

Effets réversibles, autorégulation, mort cellulaire (apoptose)

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Lésion précancéreurse

Tumeur maligne

Il s’agit d’une atteinte de l’utérus, par une tumeur maligne, touchant, particulièrement, le col utérin. D’évolution lente: - 10 à 15 ans -, elle reste, pendant longtemps, localisée au niveau du col de l’utérus. Cette tumeur peut se propager aux organes voisins et se métastaser, plus tard, à un stade plus tardif. Il s’agit, le plus souvent, d’une tumeur de type viro-induite; c'est-à-dire, provoquée par une infection virale; secondaire, le plus souvent, à une activité sexuelle. On peut dire, ainsi, que toute femme devient à risque de CCU, dès son premier rapport sexuel, puisque le HPV, ou «papillomavirus humain», est amené, dans les voies génitales de la femme, par le sperme. Il s’agit bien d’une infection sexuellement transmise, qui sera à l’origine de cette maladie, qui sera le CCU. Mais, il faut savoir que toutes les femmes ne feront pas, obligatoirement, un cancer du col de l’utérus. QU’EST-CE QUE LE PAPILLOMAVIRUS HUMAINS? C’est le virus le plus courant, dans le monde, avec plus de 600 millions de personnes infectées; soit, les 70% des adultes sexuellement actifs. Il fait partie du groupe des petits virus à ADN, qui infectent, spécifiquement, les épithéliums de la peau, ou des muqueuses. Le taux de mutation de HPV est très bas; environ, 2%, depuis le début de l’humanité. 150 génotypes de HPV ont été identifiés, dont les plus puissants carcinogènes humains. En effet, ces HPV sont subdivisés en deux familles: Les Virus Oncogènes ou HPV: 16,18,31,3 3,35,39,45,51,52,56,58,59. Les Virus Non Oncogènes (ou mal connus) HPV: 6,11,30,34,40,42,43,44,5 3,54,55,61,62,64,66,67,68,69,70,71,72,7 3,74,79,81,82,83,84,85,87… Leur répartition, dans le monde, est tout aussi bien connue, pour les HPV oncogènes 16 et 18, reconnus responsables du CCU, à travers les continents, que les non-oncogènes (voir tableau ci-dessous).


DOSSIER

Europe

Amérique centrale

Afrique

Asie

HPV

%

HPV

%

HPV

%

HPV

%

HPV 16 HPV 18

67.3 8.3

HPV 16 HPV 18

60.1 11.5

HPV 16 HPV 18

51.2 27.6

HPV 16 HPV 18

66.5 9.4

HPV 33 HPV 45 HPV 31

5.6 4.2 3.8

HPV 45 HPV 31 HPV 33

7.3 5.2 3.4

HPV 45 HPV 52 HPV 51

11.3 11.0 10.2

HPV 33 HPV 58 HPV 31

6.0 4.3 4.0

QUELS SONT LES MODES DE CONTAMINATION ? C’est une infection sexuellement transmissible (IST), avec possibilité de transmission mère-enfant, lors d’un accouchement; mais, également, de façon assez rare, une contamination «manuportée» contagion, possible, par les mains; voire, même, par tout objet infecté: table d’examen…

pression des oncogènes viraux E6, E7; ce qui a, pour corolaire, une interaction des onco-protéines virales, avec des protéines cellulaires de régulation négative des sites cellulaires (p 53 et PRB).

CLINIQUE L’infection cervico-utérine à HPV se fait selon 3 formes: Forme clinique: Condylome Acuminé Forme latente: présence intracellulaire de génomes, sans aucune manifestation clinique, ou infra-clinique. Forme infra-clinique: manifestations cytologiques et histologiques, avec d’autres anomalies, visibles au colposcope. L’Incubation dure de 3 mois à 10 ans. La durée, moyenne, de l’infection virale est de 8 mois. La disparition du génome viral est de 70%, à 12 mois et de 90 %, à 24 mois. Le PVH provoque des lésions cellulaires, appelées dysplasies, dont la plupart régressent spontanément. Ces lésions sont précurseur du cancer du col et sont caractérisées par: Leur lenteur d’évolution, Leur capacité de régression.

QUELLES SONT LES FEMMES A RISQUE? Les femmes exposées au cancer du col utérin sont nombreuses. Elles présenteraient un, ou plusieurs, facteurs de risque; à savoir: Des rapports sexuels précoces, avant 17 ans; Un mariage avant 20 ans; Une multiparité de plus de 5 enfants; Le premier enfant avant 20 ans; Un niveau socio-économique bas; Des partenaires sexuels multiples; Des partenaires ayant, eux-mêmes, de multiples partenaires; Diabète, déficience immunitaire (SIDA); Corticothérapie de longue durée… Tous ces facteurs de risque ne sont, en fait, que des facteurs favorisant. Cependant, les vrais facteurs de risques sont: Des infections génitales à répétition; surtout, les infections virales, dont les infections à HPV, dits oncogènes. En Algérie, les virus en cause retrouvés sont, surtout, les 16 et 18 et secondairement, les types 31, 33, 35 et 45.

8 ans, entre le rapport sexuel infectant et l’infection persistante Mécanisme Mécanisme oncogène: HPV 16 et 18. L’intégration, séquence virale aux génomes cellulaires, induit une surex-

Facteurs aggravants La prise d’une contraception orale, pendant une longue durée, chez une femme "HPV positive"; ainsi que le tabagisme, aussi bien actif que passif, représentent des facteurs fortement

Cancers associés aux types HPV 16 et 18 HPV 16, 18

% attribuable estimé

Cancer du col utérin

70 %

Lésions cervicales de haut grade

50 %

Lésions cervicales de bas grade

30 %

Cancer anal

~ 70 %

Vulve/ vagin / pénis

~ 40 %

Cancers de la tête et du cou

~ 3-12 %

Clifford, BJ Ca 2003; Munoz Int J Cancer 2004; Brown J Clin Micro 1993; Carter Cancer Res 2001; Clifford Cancer Epi Biomarkers Prev 2005; Gissman Proc Natl Acad Science 1983; Kreimer Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2005.

aggravants: ‘’Les études de DELGADO, en 1992 et de SCHLESSELMAN, en 1995, concluent à une légère augmentation du risque. Dans la méta-analyse de SMITH, parue en 2003: légère augmentation du risque, corrélée avec la durée de prise: Risque relatif 1,1, pour moins de 5 ans de prise; 1,6, pour 5 à 9 ans de prise et 2,2, pour 10 ans et plus. Le risque se normalise après 8 ans sans pilule. La plus récente méta-analyse, parue Europe

Cas

Témoins HPV+

Infection Multiple Non Oui

N 150 17

%

86.8 10.9

N 11 7

%

Type (s) HPV: HPV 16 HPV 18 HPV 16 et HPV 18 HPV 16 associés HPV 18 associés

104 26 1 16 8

62.3 15.6 0.6 9.6 4.8

9 1 2 1 1

50.0 5.6 11.1 5.6 5.6

Autres types

12

7.2

4

22.2

61.1 38.9

Proportions de types HPV présents, parmi les cas et les témoins. Algérie, 2004;

en 2007, dans le Lancet, a repris l’ensemble des études de la littérature: Augmentation du risque relatif de CCU, avec la durée de la prise au-delà de 5 ans, avec: Risque relatif = 1,2, pour une durée totale de prise de pilule OP, entre 5 et 9 ans; Risque relatif=1,56, pour une durée totale de prise supérieure, ou égale, à 10 ans. Cependant, ces risques cancérigènes, réels mais assez faibles, doivent être mis en balance avec les avantages de la contraception orale’’. Pourquoi l’augmentation de la prévalence et de l’agressivité du cancer du col, chez les utilisatrices de pilule? La pilule modifie l’immunité cellulaire, qui contribue à l’éradication du virus et donc, favorise sa persistance. L’œstrogène de la pilule, en stimulant la transcription des ARNm de HPV (notamment, ceux issus des oncogènes E6 et E7), a une action facilitatrice sur la protéine oncogène E7, propre à favoriser l’intégration du génome viral et la prolifération cellulaire. COMMENT SE FAIT LE DIAGNOSTIC ? Je dirais que «Le frottis dépiste, la colposcopie localise et c’est à la biopsie qu’appartient le diagnostic. Mais, seule la concordance - frottis-colposcopiebiopsie - est le diagnostic de certitude». N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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S’AGIT-IL, RÉELLEMENT, D’UN PROBLÈME DE SANTÉ PUBLIQUE ? Effectivement, car sa fréquence de 900 mille nouveaux cas, chaque année, dans le monde, avec 300 mille décès, par an, est importante. De même, le fait qu’une femme, sur 3 atteintes, en meurt, souligne sa gravité. Et enfin, les 2/3 restants, des femmes atteintes, Une étude effectuée durant 2 années: souffriront d’une morbidité 2851 cas de F.C.U, dont 2660 cas de lésions nongrave: cachexie, douleurs néoplasiques et 191 cas de lésions néoplasiques importantes…; voire, une FCV Normaux 764 cas 28,72% impotence fonctionnelle. Parmi les cancers, le cancer Cervicite 1290 cas 48,50% du col de l’utérus est classé Réactionnel 606 cas 22,78% 8ème au rang des cancers - Ménopause (319 cas) - Remanie. Jonctionnel (168 cas) féminins, en nombre de - Ectropion (119 cas) nouveaux cas et au 15ème rang, en nombre de décès, Répartition des lésions non-néoplasiques des F.C.U. (2660 cas) en France: 5ème rang, après Lésions intra-épithéliales de Bas 60 cas 31,42% le sein, colon, estomac et grade (CIN I) poumon; en Afrique: 1er Lésions intra-épithéliales de Haut 42 cas 21,99% rang (2001, Libreville). grade (CIN I) En Algérie, comme dans les pays maghrébins il est Carcinome épidermoïde 89 cas 46,59% classé au 2ème rang, après Répartition des lésions néoplasiques des F.C.U. (191 cas) le cancer du sein, qui prend la première place, malheuIl faut savoir que le FCU dépiste les dys- reusement. plasies des cellules du col utérin; c’est- Dans la wilaya d’Oran (ouest Algérien), à-dire, des précurseurs de la tumeur le CCU reste le cancer le plus fréquent, maligne du col et non pas de la tumeur. après le cancer du sein, chez la femme, C’est un examen cytologique et non pas avec une fréquence de 10,6% et une incidence de 16,3/100 000. histologique. Ceci est valable tout au début de l’affection. Malheureusement, dans notre pays, le FCV est, plus souvent, un moyen de diagnostic que de dépistage; tellement que, les stades de découverte de la maladie sont tardifs. A cet effet, l’analyse des 2851 FCU, que nous avons effectués, nous a montré:

Frottis inflammatoire

Lésions viro-induites à PVH (Koïlocytes)

SIL de haut grade (Bethesda): CIN3 - Dysplasie sévère

Cytologie

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Histologie N°37 - Février 2015

LES MOYENS CURATIFS ? Nos moyens sont, certainement, les mêmes que partout dans le monde; sinon plus importants, par rapport à beaucoup d’autres pays. Le traitement du cancer du col utérin exige, classiquement, une intervention chirurgicale et une radiothérapie. Cependant, ce schéma thérapeutique, très lourd, déjà, s’adresse à des stades moyens; c'est-à-dire, les stades I et II, non compliqués d’atteintes urinaires. S’il est plus lourd, encore, pour des stades plus avancés III et IV avec, malheureusement, un pronostic réservé, il est, fort heureusement, beaucoup plus léger, pouvant même permettre la conservation de l’utérus, pour une fertilité certaine. Mais, ces situations, de prise en charge de ce CCU, ne sont possibles qu’au début de son évolution, grâce à son dépistage précoce, dont nous pouvons comprendre, aisément, la valeur et l’impact sur le pronostic. Mais, il faut savoir que, pour ces thérapeutiques, il nous manque la bonne organisation des soins, du côté des services de santé et un minimum de civilité, du côté de la population. Les premiers doivent améliorer leur comportement professionnel et humanitaire avec les patientes; les seconds doivent montrer respect vis-à-vis des professionnels, en suivant leurs conseils; mais, également, en se faisant dépister régulièrement. LE TAUX DE GUÉRISON PERMET-T-IL D’ÊTRE OPTIMISTE ? Concernant la thérapie, c’est oui; mais malheureusement, nos patientes, par défaut de dépistage et de sensibilisation sur le sujet, arrivent toujours tardivement, à des stades où le traitement devient impossible et d’un mauvais pronostic. En effet, les patientes, diagnostiquées à un stade très précoce, pourront bénéficier d’un traitement garantissant une guérison totale. Ce qui est possible, par un simple FCU. Y A-T-IL DES MOYENS PRÉVENTIFS? Deux moyens sont à notre disposition: la vaccination et le dépistage précoce, qui permettent la guérison à 100%. En effet, son incidence est de 8.9, pour 100.000 femmes-années, en Algérie. En France, 5.6 /100.000 et 16,9/100.000 femmes-années, en Martinique; 16/100.000, au Maroc et 3.2, en Arabie Saoudite; 5,6 à 9,5/100.00 femmes-années (Alsace).


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Le dépistage se fait par le FCU (frottis cervico-utérin) Il débute, chez la femme, dès l’âge de 25 ans et s’arrête à 65 ans. Un premier FCU est pratiqué et répété une année plus tard, s’il est négatif; puis la surveillance se fera en rythme triennal: 1 frottis/3 ans d’intervalle. En France, il n’existe pas de programme national de dépistage. Par contre, en Algérie, le programme national existe, depuis 2002. Un dépistage, arrivant à 80 %, entraîne une réduction d’incidence à 2,5 %/an, pour les femmes de 25 à 69 ans. Malheureusement, certains professionnels de santé n’en sont pas très convaincus; ce qui perturbe la bonne marche du programme national de dépistage, qui reste notre seul salut, si l’on veut améliorer la prise en charge de ce cancer. En effet, pris en charge précocement, ce cancer ne nécessitera pas de radiothérapie; ce qui allègera la charge, que l’on connaît, au niveau des services de radiothérapie. QU’EST-CE QU’UN FCU ? Contrairement à une biopsie, qui est un examen histologique confirmant le diagnostic, le FCU est un examen cytologique des cellules épithéliales, prélevées sur le col utérin.

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Faux positifs: 5 à 8% (25% séries); Faux négatifs: moyenne 25% (5-55%) ¼ des femmes pourraient être, faussement, rassurées. FCU plus sensible pour les lésions haut grade (91%), que pour les lésions bas grade (75%). Tris annuels: infléchissement de la courbe, à ce niveau, dans la rentabilité du dépistage. Réduction de l’incidence du cancer du col invasif: 93%, si FCu tous les ans. 91%, si FCu tous les 3 ans. 84%, si FCu tous les 5 ans. 64%, si FCu tous les 10 ans.

Lésions géographiques satellites (a) éloignées de la jonction pavimento-cylindriques, évocatrices d’un condylome. (Lésion de bas grade)

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Zone acidophile dense bien délimitée avec des marges régulières et une mosaïque large (lésions CIN2)

3

4

5 Les photos 1, 2 et 3 montrent la technique de prélèvement du frottis cervico-utérin, respectivement avec la spatule d’Ayre, cervicobrosh. Les photos 4 et 5 représentent les techniques de fixation des prélèvements

LE VACCIN ? Le vaccin n’est plus de l’ordre de l’espoir; mais il existe, déjà et ce, depuis plusieurs années (depuis 2006, exactement). Il en existe 2 types. Les 2 types agissent en prévention primaire, en s’attaquant, l’un, aux 2 virus oncogènes, retrouvés dans la genèse du CCU: à savoir, le HPV 16 et le HPV 18. On dit, alors, qu’il est bivalent. Et le 2ème vaccin, qui s’attaque à 4 HPV; c’est-à-dire, non seulement les 16 et 18 du CCU; mais, également, aux HPV 6 et 11, de façon à prévenir, aussi, les tumeurs bénignes - type «Condylomes Acuminés» -, qui se développent au niveau de

la sphère génito-urinaire: vagin, vulve, petites lèvres, méat urinaire, grandes lèvres, région péri-anale et anus. On dit, alors, que c’est un vaccin quadrivalent. Ces deux types de vaccin seront, bientôt, enrichis d’un troisième, qui sera, lui, «nano-valent», agissant sur 9 types de HPV. Quelles sont les indications de ce vaccin? Ce vaccin n’est efficace que s’il est administré chez une jeune fille, ou jeune femme et ce, avant tout rapport sexuel; c’est-à-dire, avant de contracter une infection à HPV. On parle, alors, d’administration de vaccin à des personnes HPV naïve, pour dire HPV négative. Pour cela, les pays européens les ont mis en vente, pour être administrés chez les jeunes filles de 12 ans, en Italie, 15 ans, en France … mais, à condition qu’elles n’aient jamais eu de rapport sexuel infectant. Comment utiliser ce vaccin ? Le vaccin est administré en 3 injections. Après une première, on injecte le 2ème deux mois après et la 3ème injection est faite au 6èmemois. Actuellement, le nombre d’injections a été réduit à deux, qui garantiraient le même taux de protection, qui est de l’ordre de 70 à 80%. Il est, cependant, pour l’heure, obligatoire d’assurer la surveillance de ce cancer, en réalisant des frottis cervicaux utérins, selon les programmes internationaux des dépistages. LA CIRCONCISION PEUT-ELLE AVOIR UN ROLE, DANS SA PREVENTION ? Aux deux moyens, déjà cités, on pourrait ajouter un autre moyen de prévention, déjà bien connu, dans notre culture, qui est la circoncision, dont le principe est l’élimination du réservoir à virus, obtenu grâce l’ablation du prépuce et donc, de son segma. En effet, diverses études ont montré qu’à elle seule, la circoncision réduit de 50% le risque des infections urinaires et de plus de 50% les infections sexuellement transmissibles, dont le VIH / SIDA. EXISTE-T-IL UNE PRÉVENTION DES CANCERS, PAR L'EXERCICE PHYSIQUE? Lors de la Journée mondiale contre le cancer, du 4 février 2011, à Copenhague, L'OMS a insisté sur la prévention des cancers. Dans une série de recommandations, l'OMS fournit, aux pouvoirs publics, des indications sur le rapport entre la fréquence, la durée, l'intensité, N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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le type et le volume total d'exercice physique, nécessaire et la prévention des maladies non transmissibles, dans les divers groupes d'âge. En effet, dans de nombreux pays, les niveaux d'inactivité physique augmentent; ce qui a des répercussions, sensibles, sur l'état de santé général des individus et la prévalence des maladies non transmissibles, comme les maladies cardiovasculaires, diabète et cancer, ainsi que leurs facteurs de risque, tels que l’hypertension, l’hyperglycémie et l’obésité. L'inactivité physique serait la cause première d'environ 21 à 25% des cancers du sein et du colon, 27% des diabètes et 30% des cardiopathies ischémiques, dans le monde. De même, dans les pays de la Région européenne de l’OMS, 86% des décès seraient provoqués par des maladies non transmissibles. «Ces maladies sont, pour la plupart, évitables, grâce à des interventions efficaces, axées sur quatre facteurs de risque répandus: la consommation de tabac, un régime alimentaire peu équilibré, l'inactivité physique et l'usage nocif de l'alcool», déclare le docteur

Gauden Galea, directeur de la Division des maladies non transmissibles et de la promotion de la santé, au Bureau régional de l'OMS pour l'Europe. SURPOIDS ET ACCROISSEMENT DU RISQUE La notion suivant laquelle le surpoids, ou l'obésité augmentent le risque de certains cancers est largement acceptée. L'European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC) a évalué l'influence du surpoids sur divers types de cancer. Dans le cadre d'une étude, menée dans 10 pays d'Europe, sur 520 000 personnes, âgées de 50 à 64 ans, l'EPIC a analysé le rapport entre une série de facteurs (alimentation, état nutritionnel, style de vie et environnement) et l'incidence du cancer et d'autres maladies chroniques. Dans l'ensemble, les études récentes ont permis d'établir que lorsque l'indice de masse corporelle (IMC) augmente de 5 kg/m2, la mortalité par cancer augmente de 10 %. Pour les hommes, une augmentation de cinq points d'IMC a été mise en corrélation avec un risque, plus élevé, de contracter plusieurs types de cancer:

adénocarcinome œsophagien (risque plus élevé de 50 %), cancer de la thyroïde (33 %), cancer du côlon (25%), cancer du rein (25%). Les données correspondantes, pour les femmes, sont les suivantes: cancer endométrial, ou cancer de l’utérus (risque plus élevé de 60%), cancer de la vésicule biliaire (60%), adénocarcinome œsophagien (50 %), cancer du rein (34%). O.M.S.: «La vie sédentaire est l’une des 10 principales causes de décès et d’incapacité, dans le monde». La pratique de plus de 5 h/semaine d’APS s’accompagne d’un gain d’espérance de vie de 6 ans ! Ainsi, l’activité physique, un bon régime alimentaire, l’arrêt de la consommation du tabac et de l’alcool seraient le garant d’une bonne prévention. * Professeur Belkacem Chafi, chef de service de gynécologie, au sein de l’Etablissement hospitalier universitaire d’Oran (EHUO).

Les efforts de lutte contre le cancer, à Sétif, salués par une délégation de L’OMS

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ne délégation d’experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en visite à Sétif, a salué les efforts déployés dans cette wilaya en matière de lutte contre le cancer, a-t-on appris, auprès de la direction de la santé. Cette délégation de 6 personnes dont, également, des représentants de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), est venue s’enquérir de l’expérience algérienne, en matière de prévention et de soins anti-cancer, menée dans le cadre du programme national de lutte contre cette maladie, a ajouté la responsable de la cellule de communication, Ryma Boussouar. Les experts étrangers, accompagnés d’un cadre du ministère de tutelle, ont, notamment, visité le Centre anti-cancer (CAC) et ses services de chimiothérapie et de radiothérapie, Dar Essabr (une structure mitoyenne du CAC, chargée de la prise en charge des malades et de leurs parents, lorsqu’ils ne résident 22

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pas à Sétif). Ils ont, également, visité les différents services du centre hospitalouniversitaire (CHU) Saâdna-Abdenour, où ils ont pris connaissance du registre du cancer, un outil (le premier à avoir été créé, en Algérie) de surveillance et de recherche, d’intérêt local et national, destiné à orienter et à suivre les mesures

de santé publique dans ce domaine. Selon la même source, la délégation de l’OMS et de l’AIEA a constaté, au CAC de Sétif, que cette structure de soins spécialisés a traité, entre juillet et décembre 2014; soit, durant un laps de temps très court, pas moins de 7.373 patients



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Plan Cancer 2015 - 2019

Engagement solennel au plus haut niveau de l’état qui fait du cancer une priorité nationale LETTRE DE MISSION DU PREMIER MINISTRE Evaluation de l’état de mise en œuvre du plan cancer et suggestions quant à son amélioration: Évaluation du dispositif de lutte contre le cancer Définition des bonnes pratiques en cancérologie Réponse aux attentes des patients dans les domaines de la prévention, du dépistage, du diagnostic, du traitement. Prise en charge des équipements Amélioration de la qualité de vie Mise en place d’actions de formations Développement et mise en œuvre de projets de recherche,  CIM DU 03/07/2013 Rapport préliminaire remis au 1er Ministre: Mise en place de 7 groupes de réflexions multidisciplinaire et multi24

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sectoriels qui devront faire des propositions-actions (17/09/2013): 1. Parcours du malade 2. Taches des professionnels 3. Communication 4. Financement 5. Formation-recherche 6. Prévention 7. Réglementation

 LA MALADIE CANCÉREUSE Problème de santé publique, elle se caractérise par: Progression importante et continue Diversité des causes, multiplicité des méthodes diagnostiques, thérapeutiques et de suivi Diversité des domaines abordés Charge financière particulièrement lourde et en constante augmentation risquant de déséquilibrer l’architecture financière du système de santé Réputation de gravité > sentiment de panique

AMPLEUR DE LA MALADIE Dans le monde: 2008: nbre de nouveaux cas = 13 millions avec 7,6 millions de décès. 2020: nbre de nouveaux cas = 15 millions 2030: nbre de décès prévus = 13,1 millions Algérie (14 registres régionaux du cancer): 1990: incidence = 80/100 000 habitants 2010: incidence = 130/100 000 habitants 2013: nombre de nouveaux cas = 45000 Incidence des 4 premiers cancers, identique à celle des pays industrialisés.   PROFIL ÉPIDÉMIOLOGIQUE • Algérie pays d’incidence moyenne: 45000 NC/an • Age moyen au diagnostic: 45 ans • Localisations les plus fréquentes chez l’homme: Poumon, colorectal, vessie, prostate. • Localisations les plus fréquentes, chez la femme: sein, col de l’utérus, thyroïde, colorectal, ovaire. • Localisations les plus fréquentes, chez l’enfant: système hématopoïétique, ganglions lymphatiques, encéphale, os, rein.  7 CANCERS REPRÉSENTENT 70% DE TOUS LES CANCERS Pronostic peut être amélioré par: Prévention: poumon, col de l’utérus. Dépistage: sein colorectal. Détection précoce: prostate, vessie, thyroïde, colorectal .  RAPPORT PRÉLIMINAIRE • Basé sur: Collecte des documents relatifs au cancer, en Algérie; Rapports des experts des 9 groupes ayant élaboré les rapports, pour


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la mise au point du programme de lutte contre le cancer . Présidents des comités nationaux de spécialités Directeurs centraux du MSPRH Gestionnaires des établissements de santé Mouvement associatif national Ministère de la solidarité nationale Visites des structures de prise en charge des patients atteints de maladie cancéreuse, COMENA, SAIDAL, PCH etc... Secteur privé

 PARCOURS DU MALADE • Dysfonctionnements liés à des problèmes d’organisation et à l’absence d’une réelle coordination intersectorielle, • Information sanitaire non transmise aux Registres du cancer, • Manque d’information fournie aux patients, tant en ce qui concerne l’accès au système de soins qu’en ce qui concerne les informations de base (prévention, dépistage etc.). • Disparités régionales des ressources et de l’organisation des soins. • Retard diagnostic, du fait de la non existence d’un réseau cancer: le praticien, consulté en 1er lieu, est dépourvu d’information, pour une bonne orientation de son malade Plusieurs wilayate sans anatomo-pathologistes Absence de protocole de prise en charge pluridisciplinaire par localisation Pénuries en médicaments > retard dans la mise en route du traitement. Investir fortement, en amont, dans la prévention primaire. Maitriser, en aval, le coût des thérapies, par élaboration de consensus diagnostic et thérapeutiques et RCP.  PROPOSITIONS PRÉLIMINAIRES Propositions préliminaires générales: 1. Mettre en place des programmes de prévention contre les facteurs de risque 2. Faciliter le parcours du malade 3. Raccourcir les délais diagnostic 4. Redynamiser le traitement 5. Augmenter le financement Perspectives d’évolution de la réflexion; groupes d’expert 1. Vécu des patients et parcours de soins 2. Taches des professionnels et intersectorialité 3. Règlementation

4. Prévention 5. Formation, recherche 6. Financement 7. Communication

 MESURES THÉMATIQUES SUIVANT LE PARCOURS DU MALADE La veille épidémiologique permanente: 1. Rétablir le SEMEP dans la chaîne de l’information épidémiologique 2. Organiser et institutionnaliser les registres du cancer 3. Généraliser l’utilisation du certificat médical de décès 4. Mettre en place un dossier médical patient unique et informatisé 5. Mettre en place avec M. environnement et M. travail système d’information sur les cancers liés à l’environnement et ceux associés à des facteurs de risques professionnels  MESURES THÉMATIQUES SUIVANT LE PARCOURS DU MALADE Prévention-dépistage: 1. Poursuivre et renforcer le programme national de lutte contre le tabac 2. Contribuer à rendre l’environnement favorable 3. Renforcer la prévention des cancers liés à l’environnement et au milieu professionnel 4. Renforcer la protection vaccinale: HBV et HPV 5. Développer le dépistage des cancers prévalents: Sein, col utérin, colorectal?, prostate ?  ACCUEIL Cellule d’écoute et d’orientation: (circulaire ministérielle du 4/11/2010) à redynamiser: (accueil, Constitution du dossier, RV organisé, accompagnement et suivi à proximité du domicile) Définir rôle exact de chacun des intervenants Renforcer cette cellule (nutritionniste, infirmier)  DIAGNOSTIC: IMAGERIE MÉDICALE • Identifier et renforcer les structures de référence publiques et privées. • Normaliser l’ensemble des services d’imagerie médicale • Améliorer la sécurité en matière de radioprotection • Mettre en place une politique de maintenance • Augmenter le nombre de service de médecine nucléaire et normalisation.

• Acquisition de Pet-Scan.  PLATEAUX BIOLOGIE • Normalisation des services de biologie • Mise en place de services de biologie cytogénétiques et moléculaires dans les CAC; • Renforcement du personnel spécialisé  L’ANATOMOCYTOPATHOLOGIE (ACP) Réorganiser les structures d’ACP sur le territoire national. UnlaboACPparwilaya Réseau de connexion entre les labo ACP Instaurer labo ACP de référence Service de contrôle qualité Parrainage/supervision des petits labo. Mettre les labo aux normes universelles Moderniser les structures Introduire plateforme de biologie moléculaire Optimiser la formation FMCpourlesmédecinsettechniciens Référentiels de bonne pratique. Ouvrir filière anatomocytopathologie pour les techniciens dans les écoles paramédicales . Introduire la télépathologie  TRAITEMENT CHIRUGICAL • La chirurgie carcinologique doit être dispensée dans les EPH et les EHP. • Evaluation des services • Définir un programme de surspécialisation en chirurgie carcinologique.  TRAITEMENT MÉDICAL ONCOLOGIQUE • Cartographie des unités d’oncologie médicale • Etablir des consensus de traitement tenant compte des progrès scientifiques et des réalités économiques. Disponibilité des produits T2 • Etablir les RCP • Développement de la pharmacie oncologique • Développer les capacités des services d’hématologie (GM > prise en charge hémopathies malignes). • Développer capacité de prise en charge de la cancérologie pédiatrique .  RADIOTHÉRAPIE • Centres fonctionnels connaissent beaucoup de contraintes. • Réduire les délais de RV à moins de 6 semaines • Rétablir les capacités des centres des N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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CHU Oran et Constantine . • Nommer un chef de projet unique pour le pilotage des centres en réalisation . • Envisager coopération extérieure pour collaborer à l’accélération de toutes les étapes restantes jusqu’à la mise en fonction des CAC. • Etablir relations contractuelles entre établissements publics et établissements privés pour une durée d’une année renouvelable . • Engager des négociations pour arrêter un tarif en association avec la CNAS. • Identifier les structures privées visées par cette mesure . • Optimiser les 7 centres en projet .  SOINS PALLIATIFS, SUIVI ET ACCOMPAGNEMENT Améliorer les soins de support et faciliter l’accompagnement: Développer les hôpitaux de jour. Promouvoir l’hospitalisation à domicile Développer les unités anti-douleur dans les structures de proximité . Développer les centres d’hébergement pour la malades avec leurs accompagnateurs. Définir le rôle des différents intervenants dans les soins palliatifs . Redynamiser les cellules d’aide et d’accompagnement des malades. Définir le rôle du médecin référent. Définir le rôle des associations .  MESURES TRANSVERSALES DANS LE CADRE DE L’INTERSECTORIALITÉ • Dimension multifactorielle du cancer > approche intersectorielle qui doit se retrouver dans le dispositif de soins, d’évaluation et de suivi . • Formation-recherche: définir compétences du MG en oncologie générale (DIU, CES?). Formation en cancérologie: pharmaciens, pathologistes, biologistes, imageurs. Optimiser la formation de tous les acteurs de la chaine de soins dans le domaine de la cancérologie . Dynamiser la recherche dans le domaine de la cancérologie. • Généraliser l’utilisation de la télémédecine  FINANCEMENT • Budget de fonctionnement multiplié par 5 entre 2003 et 2013. • Montant des crédits retenus au titre exercices 2012/2013: 124 milliards de DA dont 70% pour le traitement de la mala26

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die cancéreuse . • Loi de finance 2011: «fonds de lutte contre le cancer» pour la prise en charge des dépenses liées aux opérations de sensibilisation, prévention et dépistage ainsi que le traitement . • Enveloppe budgétaire (2012) pour le médicament cancer: 29,7 milliards de DA dont 22 milliards pour la thérapie ciblée qui ne concerne que 20% des cancers. • La part des ménages dans la dépense de santé augmente régulièrement ce qui risque de remettre en cause le principe de l’égalité à l’accès aux soins.  FINANCEMENT- PROPOSITIONS • Élargir le financement du plan cancer au financement par les autres secteurs concernés des programmes intersectoriels de lutte contre les facteurs de risque . • Réviser la nomenclature des dépenses du compte d’affectation spécial n°30296 pour l’élargir à la prise en charge des cancers liés au tabac. • Réviser la nomenclature des recettes du compte d’affectation spécial n°302138 et l’élargir à une taxe à lever sur les entreprises rejetant dans l’air et l’eau des polluants toxiques. • Réviser la nomenclature des dépenses du compte d’affectation spécial n°302138 l’élargir à L’acquisition des médicaments de thérapie ciblée. • Revoir la répartition budgétaire du secteur de la santé en révisant à la hausse les lignes budgétaires liées à la prévention, à la formation et au médicament .  TRAVAIL ET SÉCURITÉ SOCIALE • Le MTAS dispose de plusieurs instruments susceptibles de contribuer au plan national de lutte contre le cancer: Dispositif de conventionnement du médecin traitant pourrait être intégré au plan national cancer . Intégration des Centres Régionaux d’Imagerie Médicale et des Centres de diagnostic et de Dépistage de la CNAS dans les programmes nationaux de prévention et de dépistage organisés . Instruments de prévention des cancers professionnels .  RÉGLEMENTATION • Doter l’activité de prévention d’un cadre réglementaire en matière d’organisation, de mise en œuvre et d’évaluation des programmes de prévention . • Mettre en conformité le dispositif lé-

gislatif et réglementaire en vigueur avec les dispositions de la convention cadre de l’OMS. • Optimiser l’utilisation des fonds existants . • Évaluer le dispositif réglementaire relatif à l’utilisation des produits cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques. • Appliquer le décret présidentiel relatif aux mesures de protection contre les rayonnements ionisants .  RÉGLEMENTATION • Prendre des mesures réglementaires pour organiser et normaliser un dispositif national de prise en charge du cancer: Ateliers préparatoires à l’élaboration du projet de texte de ce plan Cancer Mettre en place les textes réglementaires pour la RCP, les consensus thérapeutiques et les réseaux de soins . élaborer texte réglementaire fixant les missions et les modalités d’organisation des établissements exerçant des activités de traitement du cancer . Elaborer et superviser le PLAN CANCER par une structure de coordination interministérielle .  COMMUNICATION • Axe majeure de lutte contre le cancer > mise en place d’une stratégie de communication adaptée. Actions en direction du grand public Actions en direction des malades Actions en direction des professionnels de la santé.  CONCLUSION • Mission confiée par le Président: «proposer toutes mesures utiles à l’effet d’améliorer d’avantage la qualité des soins et du suivi des patients». • L’état des lieux a permis de constater que le pays disposait d’atouts non négligeables en termes d’infrastructures, d’équipements, de ressources humaines et même de disponibilités financières. • Atouts et ressources mal utilisés en raison essentiellement d’un défaut d’organisation. «La réussite de ce plan est, pour nous, un défi et une rude bataille que nous devons de gagner, car elle sera la locomotive qui mènera tout notre système de santé vers des changements auxquels nous aspirons tous». 


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Cancer du pancréas

2ème cause de mortalité, par cancer, en 2020 MIEUX CONNAÎTRE SES SYMPTÔMES ET FACTEURS DE RISQUE Le cancer du pancréas est une tumeur maligne, qui se développe au niveau du pancréas, glande située profondément dans l’abdomen, derrière l’estomac et jouant un rôle dans la digestion et dans la production d’hormones. Ses principaux facteurs de risque sont le tabac, le surpoids, l’obésité et certaines prédispositions génétiques. Ce cancer est, souvent, de pronostic sombre, car les symptômes apparaissent tardivement, lorsque la tumeur s’est développée, en dehors de l’organe d’origine. Par ailleurs, ceux-ci ne sont pas spécifiques d’un cancer du pancréas et peuvent avoir d’autres causes. Il s’agit, entre autres, de douleurs fortes et persistantes derrière l’estomac, ou, au niveau du dos. Mais, aussi, de troubles de la digestion, d’une perte d’appétit, de nausées qui s’installent dans le temps, pendant plusieurs jours, voire semaines. PAS ASSEZ DE RECHERCHE

L

e cancer du pancréas est la 4ème cause de décès, par cancer, en France. Chaque année, 12 000 personnes sont touchées, par le cancer du pancréas, en France. Et il est le seul cancer, pour lequel le nombre de décès ne diminue pas. Méconnu du grand public, il risque, même, de devenir la 2ème cause de mortalité, par cancer, d’ici 2020. Une raison bien suffisante, pour braquer les projecteurs, vers cette pathologie au pronostic sombre. C’est ce qu’ont décidé une série d’associations de patients, au niveau mondial et la Fondation ARCAD, en France, en lançant la première édition de la journée mondiale, dédiée à la maladie, ce jeudi 13 novembre 2014. Le cancer du pancréas est responsable

de la mort de plus de 300 000 patients dans le monde, chaque année. Il est le seul cancer, dont le taux de mortalité est en augmentation. Et pourtant, les Français ont peu d’informations à son sujet. Dans le cadre de la journée mondiale, lancée ce jeudi, une étude a été réalisée, pour évaluer l’état de leurs connaissances. Elle révèle, notamment, que 45% des Français estiment que le cancer du pancréas est rare, ou assez rare, alors qu’il est, aujourd’hui, la 4ème cause de décès, par cancer, dans l’Hexagone. Ils évoquent, plus facilement, le cancer du sein (70%) et celui du poumon (52%). Enfin, 2/3 des Français ne sont pas en mesure de citer les symptômes et 60% d’entre eux n’en connaissent pas les facteurs de risque.

«Très peu de nouvelles molécules, dans cette indication, ont été découvertes, depuis 1997, laissant plus de 100 000 patients, en Europe, avec des possibilités thérapeutiques limitées», souligne, par ailleurs, le Pr Pascal Hammel, gastroentérologue, spécialisé en cancérologie digestive, à l’hôpital Beaujon, à Clichy. Cette journée a, donc, également, pour objectif de faire progresser la recherche. Cette maladie augmente sensiblement et reste l’un des cancers les plus redoutables, risquant de devenir la 2ème cause de mortalité par cancer, d’ici 2020. Et pourtant, elle «attire moins de 2% des fonds de recherche, attribués au cancer et accumule moins de 5% des rapports d’essais cliniques, dans la littérature médicale», commente Mariella de Bausset, Secrétaire générale de la fondation ARCAD. «Le cancer du pancréas ne doit pas rester une fatalité» N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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DOSSIER

Pr Nabil Benachenhou*, à Santé Mag,

La reconstruction mammaire est proposée à la patiente, suite à une mastectomie La reconstruction mammaire fait partie intégrante de la prise en charge du cancer du sein. Elle intervient après l’ablation totale du sein. Il existe, cependant, deux méthodes; à savoir: la technique du lambeau de grand dorsal associé ou non à une prothèse, ou la prothèse, tout simplement, en silicone, qui donne de très bons résultats. Cette chirurgie réparatrice n’est pas obligatoire. En revanche, elle est proposée, par le médecin, à la patiente. Certaines femmes ne ressentent pas le besoin de reconstruire leur sein et d’autres, qui vivent mal cette «mutilation» le désirent, pour des raisons psychologiques et l’envie de se sentir bien dans leur peau. Cette opération chirurgicale se pratique, avec succès, au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d’Alger. Le Pr Nabil Benachenhou, auteur d’un ouvrage, intitulé "Cancer du sein, la chirurgie conservatrice", édité par l'ANEP, revient sur la thématique, dans cette interview, accordée à Santé Mag. Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: Qu’appelle-t-on une reconstruction mammaire ? Pr Nabil Benachenhou: La reconstruction mammaire est une étape de la prise en charge du cancer du sein. D’ailleurs, elle est proposée dès la première consultation, lorsque le diagnostic d’un cancer est établi et que la patiente subira une mastectomie; c'est-à-dire, l’ablation du sein. Aussi, cette idée va murir dans l’esprit de la femme, déjà préparée. Après la mastectomie et les soins thérapeutiques adjuvants, on interroge la femme, pour savoir si elle prête à bénéficier d’une reconstruction mammaire. Après l’obtention de son consentement, on planifie cette intervention chirurgicale. Comment se pratique la reconstruction mammaire ? Il existe deux méthodes à cette pratique: la première consiste, généralement, à extraire un lambeau du muscle du dos, qui se prête très bien à ce type de reconstruction, de par sa vitalité, qui n’est pas compromise, lorsqu’on le transfère. Comment faire ce transfert ? Le lambeau est extrait du dos et placé au niveau du site opératoire. Cela va donner une forme et un volume au sein. Par moment, ce volume est insuffisant parce que, généralement, les femmes algériennes ont un volume mammaire très important et dans ce cas, on peut rajouter, à ce lambeau, une prothèse. La 28

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deuxième solution, par contre, fait appel aux prothèses siliconées, qui sont bien acceptées par l’organisme. Est-ce que cette prothèse, en silicone, est bien tolérée par les femmes ? Il est vrai que la malade nous interroge, pour connaître la nature de cette prothèse. Quels sont les résultats ? Y aurat-il des complications ? Cette chirurgie est elle sans danger ? Ce qui est normal, d’ailleurs. Lorsque des éclaircissements sont apportés à la patiente, cette dernière est, automatiquement, rassurée. A ce sujet, les femmes qui ont bénéficié de cette prothèse, sont satisfaites et retrouvent une certaine esthétique; notamment, dans leurs tenues vestimentaires. Cependant, il y a lieu de préciser qu’une prothèse ne remplacera jamais

un sein naturel. Y a-t-il une forte demande, dans ce sens? Effectivement, il n y a pas une forte demande et lorsqu’on propose cette pratique à la femme, cette dernière est, souvent, réticente. Certaines nous dirons qu’elles ne souhaiteraient plus retourner au bloc opératoire, étant donné que cette pratique se réalise sous anesthésie générale. En effet, ce sont des femmes qui acceptent bien leurs corps et vivent en harmonie dans leur couple. Mais, parfois, la malade ne s’accepte pas * Pr Nabil Benachenhou, chirurgien, auteur d’un ouvrage, intitulé "Cancer du sein, la chirurgie conservatrice", édité par l'ANEP.


DOSSIER

Journée mondiale contre le cancer

l’espoir est permis

«Combattre le cancer: à notre portée».

consommer au moins 5 fruits et légumes par jour, de limiter les aliments à forte densité calorique, tout comme la consommation de viande rouge et de sel et d’éviter la charcuterie… Toujours, en matière de prévention, des études récentes attribuent une part, grandissante, à l’activité physique, dans les moyens d’agir, face au risque de cancers. Elle intervient directement, par un effet protecteur, contre le cancer du sein et le cancer colorectal. Enfin, n’oublions pas l’exposition, excessive, aux rayons ultraviolets, qui demeure la cause principale des cancers de la peau. Et il est, aujourd’hui, prouvé que les UV artificiels des appareils de bronzage augmentent, eux aussi, le risque de mélanome.

C’est avec ce message d’espoir que se tient, ce 4 février, la ’’Journée mondiale de lutte contre le cancer’’. Si ce fléau fait, toujours, des millions de victimes partout sur la planète, une diminution des facteurs de risques et un dépistage précoce apparaissent comme de réelles armes de prévention. Une détection en amont améliore, quant à elle, grandement, les chances de guérison. LE CANCER EN CHIFFRES En France, selon la dernière édition du rapport sur «Les cancers en France» (chiffres pour 2012), ce sont 355 000 nouveaux cas, qui ont été diagnostiqués, en un an (200 000, chez les hommes et 155 000, pour les femmes). Dans la gent masculine, le cancer de la prostate se montre le plus fréquent, suivi par le cancer du poumon et le cancer colorectal. Chez les femmes, le cancer du sein reste prédominant, même si celui du poumon prend une place, de plus en plus, inquiétante. A tel point qu’il devrait devenir, d’après les résultats d’une récente étude, le cancer féminin le plus meurtrier, dans les années à venir. MIEUX VAUT PRÉVENIR… Toujours, selon le rapport, 148 000 patients sont décédés de leur cancer. Fait marquant, dans un tiers des cas, la maladie était imputable au tabac. Rappelons, en effet, que la cigarette ne s’attaque pas simplement au poumon. En fait, le tabac joue un rôle reconnu dans 17 localisations de cancers. Il est, également, responsable de 75% des cancers du larynx et de 50% des cancers de la vessie. Il est, aussi, impliqué dans le développement des cancers du

foie, du pancréas, de l’estomac, du rein, du col de l’utérus, du sein… C’est donc, là, que le slogan «A notre portée» prend tout son sens. Plus de 30% de la mortalité, due au cancer, pourrait être évitée, en modifiant notre façon de vivre. L’alcool, par exemple, représente la deuxième cause, évitable, de mortalité par cancer. Nous savons, aujourd’hui, que 80% des cancers de l’œsophage, 20% des cancers du côlon et 17% des cancers du sein, en France, sont dus à une consommation excessive. En fait, même une consommation modérée (c’est-à-dire, inférieure à 3 verres d’alcool, par jour, chez l’homme et à 2 verres, chez la femme) augmente le risque de cancer. De même, l’alimentation joue un rôle de plus en plus reconnu. En clair, il est recommandé de

PRIMORDIAL DÉPISTAGE Le dépistage est, lui aussi, primordial. Mesdames, si vous ne rendez pas visite à votre gynécologue tous les ans, il est temps de prendre contact. Il pourra, ainsi, examiner vos seins et réaliser un frottis vaginal. Ce geste simple, à répéter tous les 3 ans, permet un dépistage efficace du cancer du col de l’utérus. Autre examen, celui concernant le cancer colorectal. Il s’adresse à tous les hommes et femmes de 50 à 74 ans. Ils sont invités à réaliser un prélèvement simple, à faire chez soi et à renvoyer en laboratoire. La protection passe, enfin, par une stratégie vaccinale: contre le virus du papillome humain (HPV) et contre le virus de l’hépatite B (HBV). Pour en savoir plus, rapprochez-vous de votre médecin traitant N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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RECHERCHES MÉDICALES

Pathologie annexielle et cœlioscopie Revue de la littérature M. Zemouchi, M.Oukid, M.S. Oukid. Service de gynécologie obstétrique, Clinique Hassiba Ben Bouali - CHU Blida

INTRODUCTION La cœlioscopie connaît un développement constant, entre autres, dans la prise en charge de la pathologie annexielle utérine(1). Cette dernière constitue l'un des motifs de consultation gynécologiques et l'une des indications chirurgicale les plus fréquentes en gynécologique(10). L’adaptation de la chirurgie mini-invasive en pays défavorisés, de surcroît en situation d’urgence, dans l’objectif de démontrer que les avantages de la méthode sont reproductibles en termes de moindre agressivité, de confort et de réduction des couts(1). La cœlioscopie constitue un moyen diagnostique, dans 96% des cas et thérapeutique, chez 80%. La pathologie annexielle constitue, environ, 8% des cœlioscopies réalisées dans le cadre de l’urgence(1). OBJECTIF: Revoir les modalités actuelles de prise en charge cœlioscopique de la pathologie annexielle utérine. EPIDÉMIOLOGIE: La pathologie annexielle représente: 5 à 10% des cœlioscopies en cours de grossesse. 5 à 7% des femmes développent une tumeur ovarienne, au cours de leur vie. 5 à 10% des consultations en gynécologie. PATHOLOGIE ANNEXIELLE DE LA FEMME (EN DEHORS DE LA GROSSESSE) ET CŒLIOSCOPIE Diagnostic clinique: Anamnèse: -syndrome douloureux pelvien uni(++) ou bilatéral, fébrile ou non. Anomalies du cycle menstruel, telles la présence de spanioménorrhées, ou d’un retard de règles(++). Signes de compressions+/-. Ex physique: Signes d’hyper-androgénie. Douleurs pelviennes, surtout à prédominance unilatérale(++). Masse pelvienne au toucher bi-manuel, +/séparée de l’utérus, de taille, de consistance et de sensibilité variables.

Diagnostic para-clinique: L’échographie, couplée au doppler, a une sensibilité de 80% et une spécificité de 93%(5). Tous les auteurs s’accordent pour conclure à une amélioration du diagnostic préopératoire de malignité, grâce au doppler(5). L’association des données cliniques, échographiques, vélocimétriques et des marqueurs tumoraux permet un diagnostic de plus en plus précis. La TDM et surtout l’IRM devant une Tumeur ovarienne. Les marqueurs tumoraux (CA 125++): éléments d’orientation diagnostic et de surveillance. l’exploration cœlioscopique quant à elle, est sûre et fiable, puisque pour de nombreux auteurs (M. Canis) sa sensibilité est de 100%, sa spécificité de 93,5%, avec une VPP de 37,8% et une VPN de 100%. L’examen extemporané permet (pour certains auteurs) une meilleure prise en charge de la pathologie tumorale ovarienne. Traitement cœlioscopique: Le risque de malignité doit être estimé systématiquement en préopératoire. Le bilan préopératoire doit être minutieux: demander systématiquement un dosage de CA125 et proposer une imagerie descriptive précise du kyste, associé à un examen doppler. La rigueur et la méfiance doivent exister à chaque étape du diagnostic et du traitement cœlioscopique des kystes ovariens. Un examen extemporané sera réalisé à chaque fois qu’il existe un doute sur la nature maligne de la tumeur, avec recours à une laparotomie immédiate, si le diagnostic de cancer est posé (5). Le réel problème posé par la cœlioscopie est le risque carcinologique dans la prise en charge des tumeurs ovariennes, les cas rapportés par la littérature montrent qu’une mauvaise prise en charge initiale de ces tumeurs malignes ou frontières de l’ovaire, peut avoir des conséquences dramatiques (5). Existe, également, le risque de greffes pariétales, véritables métastases qui se localisent sur les trajets des orifices de

trocarts, après extraction de la lésion cancéreuse, ou de sa biopsie. Selon la littérature ce risque varie entre 0 et 1,6%. Le traitement cœlioscopique des tumeurs ovariennes malignes reste une méthode qui doit être évaluée et discutée, dans le cadre d’équipes d’oncologie. Cependant, il est admis que l’on ne peut pas distinguer avec certitude un kyste ovarien, macroscopiquement bénin, d’une lésion réellement maligne; d’autant plus que l’examen extemporané est, de plus en plus récusé par les anatomo-pathologistes.

GEU isthmique vue coelio

vue coelio de torsion d’un pédicule annexiel

Kyste Ovarien Fonctionnel

Kyste Ovarien Fonctionnel N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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RECHERCHES MÉDICALES

Dans ces conditions, afin de diminuer le risque de dissémination, des précautions doivent être prises devant toute kystectomie et une laparotomie sera réalisée, au moindre doute. Malgré ces risques liés au seul fait de la cœlioscopie, certaines études récentes ont évalué le bénéfice d’un premier temps cœlioscopique de staging, aussi bref que possible, pour limiter les conséquences du pneumopéritoine sur la dissémination. La laparotomie doit, ensuite, être immédiate, si l’histologie confirme la malignité. Dans la prise en charge des kystes ovariens jugés bénins, la cœlioscopie joue, donc, un rôle et elle est réalisable pour la plupart des patientes(5). Cependant pour des kystes suspects, elle doit être réalisée dans un centre où une éventuelle chirurgie oncologique pourrait être faite. PATHOLOGIE ANNEXIELLE DE LA FEMME GRAVIDE ET CŒLIOSCOPIE(6, 7) 5 à 10% des cœlioscopies en cours de grossesse. Elle constitue l’essentiel de la pathologie gynécologique chirurgicale au cours de la gravidité. Le recours à la cœlioscopie en cours de grossesse a soulevé, initialement, de nombreuses réticences. Celles-ci reposaient, essentiellement, sur la crainte d’endommager l’utérus gravide, lors de la réalisation du pneumopéritoine, ou lors de la mise en place des trocarts; mais, aussi, sur les risques de difficultés d’exposition, ou de retentissement du pneumopéritoine au CO2 sur l’équilibre acidobasique du fœtus[2].Progressivement, la littérature s’est enrichie de séries rapportant des issues favorables, pour les mères et les fœtus, après une intervention menée par cœlioscopie; y compris, au-delà de 28 semaines d’aménorrhée. Les bénéfices de la chirurgie mini-invasive, tels que la réduction du traumatisme pariétal et

de la douleur post-opératoire, la reprise plus rapide du transit et la mobilisation précoce se sont confirmés comme des atouts précieux, en situation de grossesse. Cette évolution a conduit de nombreuses sociétés savantes à rédiger des recommandations laissant une large place à la cœlioscopie, en cas de chirurgie abdominale pendant la grossesse La grossesse extra-utérine (GEU): survient dans 2% des grossesses, environ. Elle touche 15 000 femmes, en France, chaque année. ¾ des GEU sont ampullaires.. Sa prise en charge thérapeutique est, aujourd’hui, cœliochirurgicale, puisque les avantages de l’endoscopie sur la laparotomie sont démontrés, en termes de pertes sanguines, de consommations analgésiques post-opératoires, de durée d’hospitalisation et de convalescence (NP2). Le risque adhérentiel est moins important après cœlioscopie (NP3). Les seules indications actuelles de la laparotomie sont: les contre-indications générales et locales de la cœlioscopie, les conversions secondaires pour difficulté d’hémostase et, plus relativement, l’importance de l’hémopéritoine. La concertation, entre chirurgien et anesthésiste, est un élément important du choix de la voie d’abord (NP4). Lors des étapes initiales du traitement cœliochirurgical, la toilette abdominale et l’adhésiolyse sont recommandées; mais, leur intérêt en termes de fertilité ultérieure, n’est pas démontré (NP5). La salpingotomie laparoscopique transampullaire est le traitement classique de la GEU (NP5). Son alternative est la salpingectomie. Le choix, entre traitement radical et conservateur, se fonde, avant tout, sur l’importance des lésions tubaires, bien que la sévérité de celles-ci ne soit pas une indication formelle à un geste radi-

cal (NP3). L’âge de la patiente et son désir de grossesse sont des éléments importants de la discussion (NP3). En cas de traitement conservateur par cœlioscopie, la persistance de trophoblaste est un risque faible; mais, supérieur à celui observé après traitement par salpingectomie, ou par salpingotomie laparotomique (NP4). Il est reconnu sur le pourcentage de décroissance du taux d’hCG, estimé dès le deuxième jour post-opératoire (NP3). La suture de la trompe n’a pas apporté la preuve de son intérêt (NP4). Le traitement radical n’altère pas la fonction ovarienne (NP4). Il ne diminue pas le risque de récidive de grossesse ectopique (NP3). PATHOLOGIE ANNEXIELLE DE L’ENFANT ET CŒLIOSCOPIE Dès les années 50, Raoul Palmer, auteur français, a eu l’idée d’insuffler un gaz dans la cavité abdominale (CO2) et d’y introduire une optique, afin de réaliser des actes gynécologiques à visée diagnostique(3) L’apparition des vidéo-caméras fut un grand progrès. Les progrès technologiques, concernant les optiques et les sources de lumière, ont permis la miniaturisation des instruments et l’application de la coeliochirurgie en pédiatrie (première série publiée: SL Gans, 1971)(3). Principales indications pédiatriques (3) Après une période de réticence, de la part des chirurgiens pédiatres, la coeliochirurgie s’est, désormais, imposée en tant que technique complémentaire, par rapport à la chirurgie ouverte. La pathologie pelvienne de l’enfant, anomalies acquises ou congénitales des annexes, la recherche de testicules impalpables, constituent une excellente indication diagnostique et thérapeutique de cette nouvelle approche.

Auteurs

Effectifs (indications)

Complications obstét

Complications post op

Amos et al.

7 cœlioscopies (appendicite,cholécystite)

4 pertes fœtales sous 8 jours (péritonite appendiculaire)

Non

Reedy et al.

1552 laparo- 413 coelio

Pas de différences significative entre les deux techniques

Pas de différence significative entre les deux techniques

Soriano et al.

54 laparotomies 39 cœlioscopies (masses annexielles

Pas de différence significative entre les deux tech

Pas de différence significative entre les deux techniques

Mathevet et al.

48 cœlioscopies (masses annexielles)

1 perte fœtale sous 4 j

Non

Boughizane et al.

25 cœlioscopies (masses annexielles au-delà du 1er trimest)

Non

Non (une conversion)

Upadhyay et al.

11 cœlioscopies (pathologie non obstétricale, troisième trimestre

Un acc préma à 34SA

Un hémopéritoine massif au 3ème jour, justifiant une cesarienne

Principales séries rétrospectives publiées, à l ’égard des complications obstétricales, ou opératoires, associées à la cœlioscopie en cours de grossesse (7).

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Santé-MAG

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RECHERCHES MÉDICALES

1. Chez le nouveau-né: a) ambigüité sexuelle: La biopsie gonadique semble être la seule indication de cœlioscopie, même si sa faisabilité est sujette à discussion. b) les kystes de l' ovaire néonatals: La cœlioscopie est, pour certains, une alternative à la ponction échoguidée en dirigeant, sous contrôle direct de la vue, l’aiguille à ponction. Elle permet de vérifier l’autre ovaire et éventuellement, de le fixer. L’approche cœlioscopique peut être une alternative à la laparotomie et peut consister en une kystectomie, une ovariectomie, ou une annexectomie, bien que sa réalisation en période néonatale, soit techniquement difficile. 2. Chez la fillette: a) les torsions d'annexes: La cœlioscopie s’impose, pour faire le bilan lésionnel et tenter de sauver le parenchyme ovarien restant ainsi que la trompe. Par contre, la torsion d’annexes saines est beaucoup plus rare et de diagnostic difficile; voir, retardé. b) les syndromes douloureux pelviens atypiques de causes gynécologiques: La cœlioscopie peut diagnostiquer et

éventuellement, traiter les algies en rapports avec de petits kystes para-ovariens, de tératomes, des salpingites, une malformation utéro-annexielle, la torsion de reliquats embryonnaires, ou la présence d’adhérences, ou appendicite pelvienne atypique. c) puberté précoce idiopathique. d) transposition d’ovaire, avant radiothérapie (11) e) excision gonadique bilatérale, pour syndrome de Turner (11) CONCLUSION: La pathologie annexielle a bénéficié, énormément, de l’apport de la cœlioscopie. Cela a amélioré aussi bien le diagnostic que la possibilité de parfaire le traitement par la seule voie endoscopique; ce qui est une grande avancée thérapeutique, dans la prise en charge de ces patientes. Bibliographie (1) La laparoscopie en urgence à la clinique chirurgicale de l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar: les 100 premiers cas M Cissé, et coll. (2) Cœlioscopie et cancer de l'ovaire: dangers et précautions. JTA 2000 C. Renolleau, E. Daraï, P. Madele-

nat, J.L. Bénifla Service de Gynécologie, C.H.U. Bichat - Claude Bernard. (3) Coelioscopie et coeliochirurgie pelvienne chez l’enfant.Thierry Merrot, Pierre Alessandrini. Service de Chirurgie Pédiatrique, Pavillon Mère-Enfant, CHU Nord, Chemin des Bourrelys, 13015, Marseille (4) Thomassin-Naggara I., Perrot N., Salem C., Marsault C., Bazot M. Pathologie tubaire. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Radiodiagnostic - Urologie-Gynécologie, 34-610-A-10, 2008. (4). (5) KYSTE DE L’OVAIRE: CONFRONTATION ECHOGRAPHIQUE, COELIOSCOPIQUE ET ANATOMOPATHOLOGIQUE A PROPOS DE 100 cas.S Khaled Boudhraa,. La tunisie Medicale - 2009; Vol 87 (n°08): 516 – 520 (6) Traitement cœlioscopique des kystes de l'ovaire au cours de la Gr. Gyn Obs& Fert Vol 34, Issue 2, Feb 2006, P 101–106 Y. Lengleta,,, J.-L. Poulya, G. Magea, M. Canisa. Gynécologie Obstétrique & Fertilité Volume 34, Issue 2, Feb 2006, P 101–106 (7) Cœlioscopie en cours de grossesse: expérience du centre hospitalier universitaire (CHU) de ClermontFerrandA.-S. Azuar a, a, M.Canis a, F. Bolandard b,B. Storme b Gyn Obst & Fert 37 (2009) 598–603 (8) GEU et intérêt de la coelioscopie diagnostic. Série de 418 cas de suspicions cliniques de GEU.M. KHARMACH, et coll Médecine du Maghreb - n° 124 - Mars 2005 - pages 32-34 (9) Chirurgie laparoscopique au deuxième trimestre de la grossesse: indications, technique et retentissement foetal: A propos de neuf observations et revue de la littérature. BATALLAN A. et coll P. Service de Gyn et Obstét, Hôpital Bichat. Annales de chirurgie, 1999, vol. 53, no4, pp. 285-290 (36 ref.) (10) Tuméfaction pelvienne chez la femme – Kyste des ovaires CNGOF 2010 -2011 Univ Médicale Virtuelle Francophone (11) Laparoscopy in adnexal pathology in the child: a study of 28 cases HELLORY Y. and al Europian Journal of Pediatric SURGERY 1993, vol. 3, n°2, pp. 75-78 (10 ref.)

INFO

L’épilepsie, une maladie toujours frappée de préjugés

De nombreux traitements existent contre l’épilepsie. Ce 9 février est marqué par la Journée internationale de l’épilepsie. Cette maladie, qui concerne 600 000 Français, reste, encore, largement méconnue du

public. L’Association Epilepsie France souhaite lutter contre les idées reçues, liées aux crises et informer sur la maladie. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), «l’épilepsie est une affection, chronique, du cerveau, qui touche toutes les populations du monde. Au total, 50 millions de personnes en souffrent. Et plus de 5% de la population est susceptible de faire, un jour, une crise. La maladie se caractérise, en effet, par des crises récurrentes se manifestant par de brefs épisodes de tremblements involontaires, touchant une partie du corps (crises partielles), ou l’ensemble du corps (crises généralisées). Ces dernières résultent de décharges électriques, excessives,

dans un groupe de cellules cérébrales». Dans environ 50% des cas, l’épilepsie n’a pas de causes connues. Dans ce cas, les spécialistes parlent d’épilepsie essentielle. Pour l’autre moitié, la maladie peut être due à des causes génétiques. Or, si les cris, les convulsions, la perte de connaissance sont les manifestations les plus spectaculaires de la crise d’épilepsie, l’association Epilepsie France rappelle que cette maladie «ne se réduit pas à ces quelques symptômes». Les patients peuvent, en effet, arrêter de parler pendant quelques secondes, ou lâcher un objet. L’épilepsie est, encore, perçue comme l’une des dernières maladies honteuses. Et seulement 20% des Français savent qu’elle traduit un dysfonctionnement neurologique. A la complexité de cette pathologie s’ajoutent, donc, des préjugés, qui perturbent la vie des patients et de leurs proches. Ces malades font face à de nombreuses difficultés, pour travailler, être scolarisés, être acceptés socialement N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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ÉVÈNEMENT

Pr Mohamed Tahar Hamlaoui*, à Santé Mag,

les patients, atteints de maladies rares, sont des orphelins du système de santé Les maladies rares et orphelines nécessitent une véritable stratégie de prise en charge et un programme national de soins, pour permettre aux malades de mener un train de vie normal et équilibré. Il s’agit du principal appel, lancé par le Pr Mohamed Hamlaoui, chef d’unité de réanimation pédiatrique, au CHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet), à l’occasion du forum du quotidien national DK News. Par Tanina Ait

U

ne maladie rare est toute maladie dont la prévalence concerne moins d’une personne sur 2000. A ce sujet, le nombre de maladies orphelines est de 8000 et 300 d’entres elles sont répertoriées. Dans ce cadre, le Pr Hamlaoui précise que 80% des maladies rares sont d’origine génétique (gènes défaillants) et 20% sont causés par des facteurs environnementaux (médicaments, pollutions, produits toxiques et stress). S’agissant des causes génétiques, le spécialiste a spécifié que la consanguinité est le facteur, majeur, responsable de ces pathologies, appelant, ainsi, les couples à faire un test génétique prénuptial. En outre et en ce qui concerne le diagnostic, le conférencier a évoqué le dépistage ciblé, destinés aux enfants issus de familles présentant un ou plu-

sieurs enfants atteints de maladies rares. Il a recommandé, à ce, titre la création d’un centre de référence équipé de tous les moyens médicaux adéquats et employant des experts, pour l’établissement de diagnostics sûrs et fiables. Dans le même ordre d’idées, il a appelé à la formation du personnel médical aux diagnostics des maladies orphelines, expliquant qu’il existe des clignotants, qui peuvent être détectés à la naissance et alerter sur la maladie. IMPORTANCE DU DIAGNOSTIC CIBLÉ Il a, ainsi, noté l’importance du diagnostic précoce, pour administrer les traitements adaptés, car un retard de diagnostic peut conduire à l’handicap mental et/ou moteur, dans le cas de la phénylcétonurie, par exemple, ou à des cancers du foie, dans le cas de la tyrosinémie.

Pour ce qui est des médicaments, le Pr Hamlaoui a indiqué qu’ils sont disponibles depuis 2013; notant, toutefois, des pénuries, dues aux lenteurs de procédures d’enregistrement. Sur le même volet, il a parlé des coûts des farines alimentaires destinés aux malades atteints de phénylcétonurie et de tyrosinémie et la nécessité de la subvention étatique, pour aider les familles des malades à subvenir aux besoins de leurs enfants malades. Par ailleurs, le Pr Hamlaoui a relevé certaines insuffisance du système de santé, du système éducatif et du système de transport, appelant à l’amélioration des conditions d’insertion sociale de ces malades qu’il a, en outre, qualifié d’orphelins du système de la santé. De surcroît, le même intervenant a plaidé pour la création d’un registre national de données épidémiologiques, relatives aux maladies rares, pour le recensement du nombre exact de patients. S’exprimant sur le volet alimentaire, le Pr Hamlaoui a expliqué que pour certaines maladies rares, les enfants devaient suivre un régime alimentaire adéquat et pour ce faire, il serait important de former des diététiciennes et des nutritionnistes, dans ce sens et de prévoir une diététicienne dans chaque service de pédiatrie. La journée mondiale des maladies rares se célébrée, comme chaque année, le 28 février, en présence des médecins, des malades et du mouvement associatif * Mohamed Tahar Hamlaoui, professeur en pédiatrie, à l’hôpital Nafissa Hamoud (ex-Parnet) - Alger. N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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ÉVÈNEMENT

Pr Azzedine Mekki*, à Santé Mag,

Les maladies, qualifiées de rares, ne sont pas rares, pour ceux qui en souffrent Propos recueillis par Tanina Ait Santé Mag: On parle de maladies rares et de maladies orphelines. Quelle en est la différence ? Pr A. Mekki: Oui, en effet, il y a une différence, parmi ces deux appellations. Les maladies rares sont des maladies dont la prévalence est faible; au demeurant, d’après les définitions nationales, les incidences de la maladie sont variables: cela concerne une naissance vivante sur 1.500, ou une sur 500 naissances vivantes, selon le type de maladie et nous, nous sommes dans la moyenne. On considère qu’une maladie rare est définie selon une incidence d’un cas, pour 2.500 naissances vivantes. Les maladies orphelines quant à elles, peuvent être fréquentes; mais, ne bénéficient pas de traitement, car la recherche scientifique et l’industrie pharmaceutique ne leur ont pas encore trouvé de médicaments. Je vous donne un exemple: la maladie d’Alzheimer est une maladie fréquente; mais, considérée comme étant une maladie orpheline, car elle n’a pas de traitement, jusqu'à ce jour. La fréquence de ces maladies est elle connue ? Il faut savoir que, jusqu'à ce jour, il existe jusqu'à 8.000 maladies rares et donc, si on multiplie ces 8.000 maladies rares par le nombre de personnes, qui sont atteintes par ces pathologies, nous aurons une population d’enfants, ou d’adultes, considérable. C’est vrai, il y a peu de malades, pour chaque maladie; mais, comme il en existe 8.000 et 38

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ont une empreinte génétique, dont on retrouve une mutation et à ce niveau, il faut faire le diagnostic, qui est à 100% fiable, quand la mutation génétique est prouvée). Aussi, en identifiant cette mutation, par la même on fait, justement, le conseil génétique et c’est à ce niveau que le dépistage anténatal intervient, pour rechercher cette mutation, chez le fœtus ou l’embryon. Dans la mesure où une mutation génétique est constatée, le plus souvent, ce sont les deux parents qui la portent et transmise aux enfants. Dans ce cas, les parents sont stomatiques.

d’autres en train d’être découvertes, cela fait du nombre. En Algérie, combien de maladies rares et orphelines sont identifiées ? Environ, une centaine et lorsque je dis identifiées, c’est seulement par le clinicien et je ne parle pas de ces maladies qui doivent être confirmées, par la biochimie, ou la génétique. Il y a, donc, un travail terrible à faire, chez nous: de formation, car il faut former les médecins à reconnaître ces maladies; ensuite, une fois ces maladies identifiées cliniquement; c'est-à-dire, phénotypiquement, il faudrait que la biologie, suive par la génétique (car il faut savoir que, maintenant, la majorité des maladies rares

Les causes des maladies rares sont-elles, toutes, d’origine génétique ? La grande majorité des maladies rares sont, en effet, d’origine génétique; c'est-à-dire, plus de 80% et malheureusement, en Algérie, nous avons un taux de consanguinité très important. D’ailleurs, selon les derniers chiffres de l’Office national des statistiques, le taux de mariages consanguin est de l’ordre de 26%. Ce taux fait que les maladies génétiques sont en augmentation et par conséquent, les maladies rares d’autant; bien entendu, ces malades en souffrent durant toute leur vie. Y a-t-il des maladies rares qu’on peut, facilement, diagnostiquer, dans notre pays ? En Algérie, il y a certaines maladies rares qui sont, effectivement, faciles à diagnostiquer et nul besoin d’être performant, en biochimie ou en génétique,


ÉVÈNEMENT

pour affirmer ces maladies. Malheureusement, comme les signes de ces différentes maladies ne se présentent pas de la même manière; notamment, les maladies neurologiques, ou d’expression neurologique, cela fait qu’elles restent des pathologies méconnues. Que faut-il faire, pour éviter que des enfants ne deviennent des handicapés à vie ? Peut-on faire de la prévention ? C’est très difficile de faire de la prévention car, pour cela, il faut réduire le taux de consanguinité, qui fait augmenter ces maladies. Or, ceci est un tabou, dans le sens où on ne peut pas interdire ce type de mariage. Toujours est-il que nous devons expliquer que les mariages consanguins; notamment, ceux du premier, ou deuxième degré, sont susceptibles de favoriser la survenue des ces maladies. Il faut, par conséquent, faire un travail de sensibilisation, envers les populations, sur les dangers de la consanguinité. En cas de grossesse, même lorsqu’on procède à un test anténatal et que celui-ci est positif; c'est-à-dire, quand l’anomalie génétique est constatée, ou même une malformation du fœtus avérée, on ne peut faire une interruption de grossesse, car la loi ne l’autorise pas. Le seul cas où la loi l’autorise, c’est lorsque le pronostic maternel est en jeu. Par ailleurs, une fois que les maladies sont là, il faut que le praticien sache bien mettre une étiquette-diagnostic sur la maladie. Enfin, le conseil génétique est très important; car, souvent, la maladie n’a pas encore de traitement et que le diagnostic n’est pas chose aisée, pour les raisons que je viens de citer. La seule chose, donc, qu’on peut faire, encore une fois, c’est d’éviter les mariages consanguins et de poser le bon diagnostic. Peut-on agir sur l’embryon, en cas d’identification d’une mutation génétique ? A ce niveau, il s’agit de thérapie génique et cela reste un peu compliqué. Les recherches, en ce sens, sont en cours. En Algérie, la recherche est, encore, au stade de l’identification et de la reconnaissance de ces maladies génétiques. Il y a, certes, des ébauches de certains centres qui nous aident, par rapport à la biochimie; mais, nous sommes loin du compte. Les maladies génétiques, ou rares, bénéficient-elles, toutes, d’un traitement ? Il y a celles qui bénéficient d’un traite-

ment, dans notre pays; d’autres, non. Dans notre service de pédiatrie, à l’hôpital Nafissa Hamoud (ex-Parnet), des enfants, atteints de maladies génétiques, bénéficient d’un traitement: il s’agit de l’enzymothérapie substitutive, car la plupart des maladies génétiques sont dues à un déficit enzymatique. Cette carence de l’enzyme est responsable de la maladie; c'est-à-dire que le substrat, en amont, va s’accumuler dans les différentes cellules, tissus et organes; ce qui entraîne un dysfonctionnement multi-viscéral. Aussi, la plupart de ces maladies nécessitent un traitement enzymatique de substitution, pour pallier à l’enzyme défaillante. On parle, en ce moment, d’un dépistage néonatal. Cela pourrait-il diminuer le handicap, certain, chez l’enfant ? On peut, effectivement, réaliser un test néonatal de certaines maladies et c’est ce qu’on appelle le screening néonatal. Il faut savoir que cela se fait dans les pays occidentaux et même dans les pays arabes. Il y a des maladies qui sont recherchées systématiquement, quelques jours après la naissance, dont l’hypothyroïdie, la phénylcétonurie, l’hyperplasie congénitale des surrénales, la mucoviscidose et dans certains pays, la drépanocytose. Grâce au screening néonatal, jusqu'à 40 maladies rares sont dépistées, à la naissance, dans les pays développés. Pourrions-nous disposer, un jour, dans notre pays, du screening néonatal? Il faut un budget et des équipements, pour faire le screening néonatal. En outre, lorsqu’on dépiste ces maladies se pose, alors, le problème de la prise en charge; sinon, cela n’a pas de sens. Au demeurant, certaines maladies ne nécessitent pas un traitement onéreux; par contre, d’autres exigent un régime alimentaire, qui coûte très cher et qui doit être lancé, néanmoins, rapidement; dès le diagnostic, afin d’éviter les séquelles. Y a-t-il un bon suivi pour ces malades; des structures spécialisées, un soutien psychologique, pour les parents ? C’est cela le problème, car ces enfants nécessitent une prise en charge thérapeutique multidisciplinaire quotidienne: psychologique, orthophonique, neurologique, lorsqu’il s’agit des maladies à expression neurologique et comme je le disais, c’est un parcours du combattant, pour les parents mal orientés; ceci,

même à Alger, qui est, pourtant, une grande ville. En effet, nous n’avons pas assez de médecins rééducateurs, pas de kinésithérapeutes, ni de psychomotriciens et de neuropsychologues, ou, enfin, d’ergothérapeutes. Ces spécialités paramédicales doivent être valorisées et hélas, elles ne le sont pas. En ce qui concerne la question de l’existence d’institutions spécialisées, pour ces enfants, c’est, pratiquement, le désert. Dans quelle situation se trouvent les enfants atteints de ces maladies et leurs parents ? Pour les parents, c’est le parcours du combattant, car il faut savoir que les trois-quarts des symptômes de ces maladies surviennent durant les 2 ou les 3 premières années de la vie d’un enfant et donc, c’est le pédiatre qui vient en première ligne. Par ailleurs, je tiens à souligner que les maladies qualifiées de rares ne sont pas rares, pour ceux qui en souffrent: les enfants et les parents. Comme je vous le disais, certaines maladies sont, facilement, reconnaissables; mais, la majorité, notamment, celles qui touchent le système nerveux central, sont difficiles à diagnostiquer. On n’imagine, donc, pas ces parents qui vont d’un médecin à un autre, pour poser le diagnostic et de surcroît, la moitié de ces maladies non pas de traitement, ou purement symptomatique; c’est à dire que lorsque la maladie est accompagnée d’épilepsie, on soigne celle-ci, ou quand les symptômes se présentent sous forme de spasticité, on les confie au médecin rééducateur, tout comme les déformations osseuses sont pris en charge par le chirurgien orthopédique… Ceci dit, les parents ont besoin qu’on pose une étiquette-diagnostic et de leurs expliquer de quoi souffrent leurs enfants; c'est-à-dire, comment survient cette maladie? Quelles sont les modalités évolutives ? Cette étape est importante et je dirais que c’est, déjà, la moitié de la prise en charge de la maladie et la fin du calvaire des parents. Ceci est d’autant plus crucial qu’on constate deux ou trois malades dans une même fratrie. Généralement, l’évolution de ces maladies est stéréotypée chez les mêmes membres de la famille. On imagine, donc, le désarroi et la détresse de ces parents * Professeur Azzedine Mekki, chef de service pédiatrie, CHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet) - Alger. N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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ÉVÈNEMENT

Pr Zakia Arrada*, à Santé Mag,

La mise en place d’un dépistage néonatal, des maladies rares, est une priorité La phénylcétonurie et l’hypothyroïdie congénitale, deux maladies, dites rares, représentent la première cause d’handicap évitable acquis. Pourtant, un simple dépistage néonatal permettrait de les déceler. Aussi, avec une prise en charge thérapeutique précoce, l’enfant évoluera normalement. Malheureusement, ce dépistage n’est pas systématique, dans notre pays et les faits sont là: on enregistre, en Algérie, environ, 100 à 200 nouveaux cas, pour chacune de ces pathologies, par an. Et c’est pour cette raison, justement, que le professeur Zakia Arrada plaide pour un dépistage néonatal. Ecoutons-là. Propos recueillis par Tanina Ait

l’hypothyroïdie congénitale - cette dernière est la plus fréquente – mais, toutes deux représentent la première cause d’handicap évitable acquis.

Santé Mag: Que représente, concrètement, le terme de «maladies rares», pour les professionnels de la santé ? Pr Zakia Arrada: Tout d’abord, je dirais qu’une maladie est dite rare, lorsque sa fréquence est inferieure à une sur 2.000 naissances vivantes; par ailleurs, on dit: «une maladie n’est rare que dans un cadre général; mais, jamais rare, pour les personnes qui en souffrent». En tant que professionnels de la santé, nous dépasserons, toutefois, cette définition, tout comme celle des maladies orphelines, pour faire remarquer que ces pathologies sont qualifiées ainsi, car 40

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elles ne reçoivent pas de subventions en pharmaceutique, ou autres, pour évoluer dans leurs thérapeutiques. Au demeurant, rares ou orphelines, pour nous, il s’agit d’enfants malades que nous devons prendre en charge. En outre, au-delà de cette prise en charge thérapeutique, nous voudrions faire avancer l’idée que certaines de ces maladies, dites rares, peuvent être décelées très tôt; c'est-à-dire, à la naissance. Dans ce cas, les enfants pourront évoluer normalement et deviendront, alors, des adultes normaux. Ceci est très important à signaler, car il existe des maladies rares; notamment, la phénylcétonurie et

Le dépistage de la phénylcétonurie et l’hypothyroïdie congénitale est-il difficile à réaliser ? Il s’agit d’un examen très anodin et ces deux pathologies les plus fréquentes peuvent être dépistées, dès la naissance, par un test néonatal du buvard. Pour ce faire, on prélèvera quelques gouttes de sang, au niveau de la main du nourrisson, lesquelles seront analysées sur un papier buvard, en laboratoire. Cet examen est, systématiquement, demandé dans tout les pays développés, au cours des deux premières semaines qui suivent la naissance de l’enfant. Lorsque la maladie est décelée, il sera, alors, administré un traitement idoine et avec un bon suivi médical de l’enfant, il pourra, ainsi, mener une vie normale. Dans le cas contraire et malheureusement, cela se passe dans notre pays, la constatation de la maladie intervient à un stade avancé: des mois, voire des années après la naissance, lorsqu’il est trop tard, car la maladie a évolué vers un handicap mental profond, avec des troubles psychiatriques, agressivité, violence … et le pronostic de ces enfants est irrémédiablement altéré. Si le dépistage néonatal de ces maladies rares est facile, pourquoi, alors, nous ne


ÉVÈNEMENT

le mettrions pas en place, dans notre pays ? Beaucoup de gens, justement, sont persuadés qu’il faut mettre en place le dépistage néonatal. En fait, à mon sens les principales contraintes sont les suivantes: d’abord il faut qu’il y ait une volonté politique et ceci est une condition sine-qua-non. A cet effet, nous avons, souvent, sollicité notre tutelle, qui semble être sensible à ce dépistage néonatal; mais, il faut qu’elle passe à l’action et mette en place l’équipement et le budget y afférents. La deuxième contrainte à lever est, quant à elle, d’ordre organisationnel et ceci relève des professionnels de la santé car, comme action de santé publique, ceci exigera la participation de tout le corps médical et cette action est tout a fait réalisable, puisque ce dépistage se fait dans d’autres pays, pourquoi pas chez-nous ? Depuis le temps où vous vous battez, pour la mise en place du dépistage néonatal y a-t-il des échos favorables ? Le ministère de la Santé a été effectivement sensible, dès le départ, à notre demande de mise en place du dépistage néonatal. Il a répondu, dans un premier temps, tout à fait favorablement, en organisant, avec l’aide de l’Unicef un Workshop d’une semaine, avec la venue d’un professeur étranger, référent de dépistage, avec lequel nous avons mis en place une feuille de route, pour un dépistage. Ce dépistage se fera, d’abord, sur trois maternités-pilotes, que nous avons désignées; puis, cette action sera étendue, dans un deuxième temps, à l’échelle régionale, puis nationale. Malheureusement, depuis 18 mois, ce projet a l’air de battre de l’aile car, il nous est dit, par la tutelle, qu’il ya d’autres priorités, alors que moi je dirais que ce dépistage néonatal des maladies handicapantes est nécessaire et ceci est, aussi, une priorité. Connait-on les chiffres de ces maladies, en Algérie ? On n’a pas de vrais chiffres mais, des estimations. Si on estime que la phénylcétonurie, ou l’hypothyroïdie congénitale représentent une naissance sur 5000 mille. Pour chacune de ces maladies; c'est-à-dire, 1 cas pour 5000 naissances vivantes, alors, à raison d’environ 1 million de naissances vivantes, par an, en Algérie, cela donnerait 100 à 200 nouveaux cas, pour chacune de ces pathologies, par an.

Y a-t-il un suivi adéquat, une fois qu’on a découvert ces deux pathologies ? La prise en charge thérapeutique de ces deux maladies est différente. Concernant l’hypothyroïdie congénitale, sa prise en charge est relativement simple, dans la mesure où ces enfants seraient dépistés précocement et confiés à des endocrinologues, ou des pédiatres, spécialisés en endocrinologie. Ces praticiens administreront à l’enfant des hormones thyroïdiennes; en l’occurrence, des gouttes de thyroxines, dont le dosage sera adapté selon les résultats des examens biologiques et bien sûr, avec un suivi. Il en sera tout autrement pour la phénylcétonurie, car cette pathologie est liée aux enfants par le fait qu’ils ne peuvent pas métaboliser les acides aminés; en l’occurrence, la phénylalanine. Donc, ces enfants ne doivent pas consommer des protides, ni animales ni végétales, sauf à des quantités très faibles. Ainsi, il faudra leurs donner une alimentation très spécifique; aussi bien pour les laits, ou les aliments (riz, pâtes, couscous…). En cela, il faudra faire appel à des diététiciens, des nutritionnistes, pour orienter le régime alimentaire de l’enfant globalement et des biologistes, pour effectuer les dosages de la phénylalanine, afin de la stabiliser, dans un souci de lui adapter une thérapeutique donnée. Ce personnel est présent, d’ailleurs, dans notre structure, au CHU Nafissa Hamoud et il est associé, du reste, aux pédiatres et psychologues. Nous voyons bien que c’est une prise en charge spécialisée et pluridisciplinaire. Un message à transmettre ….. Le message que je désirerais transmettre, c’est de mettre en place, en toute urgence, un dépistage néonatal. Ceci est très important, car il pourrait éviter à des centaines d’enfants d’être handicapés mentaux. Ce dépistage, à l’évidence, est fait dans l’intérêt de tout le monde; dans l’intérêt de l’enfant, en premier lieu, bien évidemment, dans celui de sa famille et enfin, de la société parce que le coût du dépistage est, de loin, inférieur à celui du traitement de la maladie déclarée * Professeur Zakia Arrada, chef de service de pédiatrie (B), au CHU Nafissa Hamoud (ex Parnet) – Alger.

INFO

Un nouveau vaccin, contre les papillomavirus, efficace à 90%

Un nouveau vaccin, contre les papillomavirus humains (HPV), serait plus efficace que la version précédente et protégerait contre 90% des cancers du col de l'utérus, révèle une étude, publiée dans une revue américaine. Ce vaccin, le Gardasil 9, est commercialisé par le laboratoire américain Merck, qui a, également, réalisé cette étude, menée auprès de 14.200 femmes, âgées de 16 à 26 ans et publiée dans le New England Journal of Medicine. Le Gardasil 9 protégerait contre 9 sortes de HPV, parmi lesquels 7 sont responsables de la plupart des cancers du col de l'utérus. Le vaccin sur le marché, actuellement, le Gardasil (du même laboratoire), ne protège, lui, que contre deux d'entre-elles. La mise sur le marché, en 2006, de ce dernier avait provoqué une levée de bouclier de certains parents, pédiatres et élus aux Etats-Unis. Ils estimaient que la vaccination des adolescentes pourrait encourager des activités sexuelles précoces, ou risquées et des Etats se sont opposés à une vaccination obligatoire N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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ÉVÈNEMENT

Dr Abdelkader Bouras *, à Santé Mag,

Nous demandons la mise en place d’un Plan national des maladies rares Propos recueillis par Tanina Ait

Néanmoins, au sein de notre association, nous avons formé des médecins, des kinésithérapeutes et des psychologues, afin de prendre en charge ces malades, de manière adéquate. Toujours est-il, nous relevons 8 groupes à ces maladies, qui sont connues; à savoir: la dystrophie musculaire, la myopathie, la myasthénie, l’amyotrophie spinale, la sclérose latérale, la myotonie, la dystrophie musculaire de Duchenne et la myopathie de Becker. Ces différents groupes se subdivisent en types et nous enregistrons plus de 200 types. En Algérie, il est constaté, environ, 50.000 de patients atteints de maladie neuromusculaire.

Santé Mag: Vous êtes président de l’Association des maladies neuromusculaires. Pouvez-vous nous expliquer ce que sont ces maladies ? Dr A. Bouras: Les maladies neuromusculaires sont des maladies génétiques, qui font partie des maladies rares. Ces maladies touchent les muscles et entraînent une atrophie musculaire et à la longue, le malade va se retrouver sur un fauteuil roulant. En fait, il existe plus de cent maladies différentes et ces maladies, qui atteignent les cellules nerveuses motrices, sont dues aux mariages consanguins. C’est pourquoi elles sont constatées au Mzab et en Kabylie, dans une certaine mesure, en ce qui concerne notre pays. La gravité de ces maladies et leurs complications sont cardiaques, respiratoires et orthopédiques. 42

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Qu’en est-il de la prise en charge de ces maladies ? Elle est, malheureusement, insuffisante par rapport au diagnostic, au traitement et à l’accès aux médicaments. La prise en charge est, par ailleurs, multidisciplinaire et fait, donc, appel à plusieurs spécialités. En outre, ces pathologies sont méconnues par les médecins et très peu de spécialistes les connaissent et les diagnostiquer est très difficile, car cela nécessite plusieurs examens et c’est pour cette raison que nous demandons la création d’un centre de référence, avec des laboratoires spécialisés, pour diagnostiquer toutes les maladies rares, en général. À l’heure actuelle, ces maladies sont du ressort de la neurologie, car leurs spécificités sont à ce niveau. Aussi, Il faut que les professionnels de la santé soient formés, dans ce sens.

Avec un bon suivi médical, les malades, souffrant de ces pathologies, peuventils avoir une vie normale ? La majorité de ces pathologies n’ont pas, encore, de traitement; sauf, pour la myasthénie. Celle-ci, d’ailleurs, n’entraîne pas un handicap moteur et son médicament est commercialisé. En revanche, pour d’autres; par exemple, la sclérose latérale, son traitement n’est pas commercialisé, en Algérie et son coût est excessivement cher. Aussi, ce ne sont pas tous les malades qui peuvent se le procurer, à partir de l’étranger; alors, nous faisons appel aux autorités concernées, pour le règlement de ce problème. Concernant, précisément, la dystrophie musculaire de Duchenne, qui est la pathologie la plus sévère - car, le sujet atteint ne peut pas vivre au- delà de 20 ans, Il existe, cependant, un nouveau médicament, en Europe et nous demandons, aussi, à l’Etat de l’importer, vu que le nombre de malades ne cesse d’augmenter * Docteur Abdelkader Bouras, président de l’Association Shifa des maladies neuromusculaires (ASMNM).


ÉVÈNEMENT

Maladies rares

le marché des "médicaments orphelins" De 2015 à 2020, le marché des maladies rares passera de 100 milliards de dollars à 176 milliards.

A

travers l’Europe et les EtatsUnis, les 7 000 maladies rares, décrites par la science, affectent 60 millions de patients. Chroniques, la plupart de ces pathologies diminuent, fortement, l’espérance de vie des malades. Véritable niche financière, pour les laboratoires, le marché des «médicaments orphelins» est en plein essor. Comment les laboratoires investissentils dans la recherche ? Les précisions, à l’occasion de la 8ème Journée mondiale des maladies rares, organisée ce samedi 28 janvier. «Une maladie est considérée comme rare lorsqu’elle atteint moins d’1 personne sur 2000», décrit l’Agence européenne du médicament. C’est par exemple le cas de l’hémophilie, des cancers de la moelle osseuse, ou encore, de maladies moins connues, comme le syndrome de Williams et Beuren. Aujourd’hui, on estime que les patients concernés représentent entre 6% à 8% de la population

de l’Union européenne. «Dans 8 cas sur 10, l’origine est génétique. Toutes ces pathologies chroniques engagent le pronostic vital du patient», poursuit Eurordis, l’Organisation européenne pour les maladies rares.

Evaluate Pharma, les ventes de «médicaments orphelins» vont augmenter de 11% d’ici à 2020, contre 4% prévus, sur le marché des médicaments classiques, adaptés aux soins d’une plus large population.

DE 40 À 400 MÉDICAMENTS La recherche, sur la prise en charge des maladies rares, a été impulsée par le vote de l’Orphan Drug Act aux EtatsUnis, en 1983. A cette date, il n’existait que 40 médicaments, pour soigner les patients concernés. Actuellement, les médecins ont le choix entre 400 traitements différents, et ce marché florissant n’a pas, encore, dit son dernier mot. Aujourd’hui, la communauté médicale mise, en effet, sur le développement de «médicaments orphelins». Lesquels sont spécifiquement prescrits, pour le diagnostic, la prévention et/ou le traitement de maladies rares, graves; voire, létales. Pour preuve, selon le cabinet d’études

UN MARCHÉ PLUS PÉRENNE De telles prévisions de croissance sont plausibles, en partie grâce à la simplification des essais cliniques menés, pour évaluer les bénéfices-risques de ces traitements. A titre d’exemple, des études regroupant des milliers de volontaires sont nécessaires, pour la commercialisation d’un médicament, dit classique. Pour les maladies rares, en revanche, de plus petites cohortes, comprenant une dizaine ou une centaine de malades, suffisent à prouver l’efficacité de la molécule. Par ailleurs, les délais d’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) sont raccourcis, les coûts engendrés moins élevés N°37 - Février 2015 Santé-MAG

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ÉVÈNEMENT

Mme Faiza Meddad *, à Santé Mag,

Nous nous battons, pour une prise en charge, totale, de ces enfants handicapés et pour un dépistage néonatal Propos recueillis par Tanina Ait

Santé Mag: Madame Meddad, vous êtes présidente de l’Association du Syndrome de Williams et Beuren et votre combat dure, déjà, depuis des années. A quelles difficultés êtes-vous confrontées ? Mme Fazia Meddad: Tout d’abord, je vous remercie pour m’avoir interviewée; cela me permet, effectivement, d’exposer nos problèmes. En tout état de cause, il y a un certain écho, depuis 2013, de la part des autorités concernées; mais, cela reste insuffi44

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sant. En effet, se posent, à ces enfants, des problèmes de scolarité adaptée, de manque de médicaments et nutritionnels, compte tenu des spécificités de leur régime alimentaire; notamment, en ce qui concerne la phénylcétonurie, dont le traitement repose sur un régime alimentaire à base de farine et des pâtes spéciales. Ce régime doit être extrêmement strict et débuté le plus tôt possible. Nous rencontrons, en outre, un problème d’intervention chirurgicale, pour les enfants qui souffrent de malformation cardiaque congénitale.

Dans quelle direction agissez-vous, donc, globalement ? Nous nous battons pour une prise en charge totale de ces enfants handicapés. Ceci passe, forcément, par l’élaboration d’un plan national des maladies rares. Ce plan aura, alors, pour axes, d’abord le dépistage néonatal, le diagnostic précoce, car il y a, encore, une méconnaissance de leur maladie; ce qui entraîne une errance de diagnostic. Par ailleurs, il est, extrêmement, urgent d’élaborer un registre de ces pathologies. Nous demandons, également,


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l’approvisionnement, régulier, en médicaments et farine alimentaire, par la Pharmacie Centrale de l’Hôpital (PCH). Et enfin, la réinsertion, dans la société, des enfants touchées par cette maladie. C’est, cela, l’objectif de nos associations, en général et de celle dont je suis la présidente, en particulier. Dans cet ordre d’idées je vous précise que je suis présidente de dix maladies rares et ce, depuis 2010. Auparavant j’étais présidente uniquement de l’Association Syndrome de Williams et Beuren, une maladie rare, dont souffre mon fils, Ahmed, aujourd’hui âgé de 23 ans. Cette maladie entraîne une malformation cardiaque congénitale. Notre association intervient, en collaboration avec le ministère de la Solidarité nationale et la Direction de l'action sociale (DAS). Quelles sont toutes les maladies, dont votre association est responsable ? Depuis 2010, je prends en charge, environ, 10 maladies rares, excepté la tyrosinémie, qui relève d’une autre association. Au sein de mon association nous nous occupons, entre- autres de l'hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN), le syndrome hémolytique et urémique (SHU), le syndrome de Williams-Beuren, le syndrome de Rett, le syndrome Prader-Willi et le syndrome de West. La liste des maladies rares est longue, il en existe 8.000. Avez-vous une idée du nombre de malades, pour chacune des maladies rares identifiées, dans notre pays ? Pour le syndrome de Williams-Beuren, on en compte, environ, 400. La phénylcétonurie, environ, 500, au plan national. Au sein de mon association nous avons, pour le syndrome Prader-Willi, 10 enfants et pour le syndrome de West 25 enfants. Un dernier mot….. Je répéterai qu’il faut prendre en charge les enfants; mais, également, venir en aide aux parents qui souffrent, en les orientant dans les dédales des structures sanitaires et surtout, veiller à l’approvisionnement en médicaments et farines alimentaires, qui coûtent excessivement cher, lorsqu’ils sont importés par leurs propres moyens et c’est ce qui grève, d’autant, des budgets souvent faibles * Mme Fazia Meddad, présidente de l’Association du Syndrome de Williams et Beuren.

TÉMOIGNAGE DE NADIA, SARAH ET HOURIA: Trois mères de famille, dont leurs enfants sont touchés par les maladies rares: la phénylcétonurie et la tyrosinémie

Mme Nadia nous informera qu’elle est mère de deux enfants, une fille et un garçon, atteints de la phénylcétonurie, qui résulte l’accumulation, progressive, dans l’organisme, de la phénylalanine. Celle-ci peut-être toxique pour le cerveau, chez l’enfant entraînant, ainsi, des troubles neurologique et un retard mental. Aussi, la fille de Nadia, appelée Meriem, son aînée, âgée aujourd’hui de 10 ans, présentait, dès l’âge de 9 mois un retard psychomoteur; mais; sa maladie n’a été dépistée qu’a l’âge de deux ans. Son retard mental est irréversible. Meriem est suivie en psychiatrie; car elle est hyperexcitable et agressive. A la naissance de son deuxième enfant, Nadia, en femme avertie par l’expérience, a soumis son fils, Toufik, à des examens néo-natals, examens qui ont montré que son garçon souffrait, également, de la même pathologie génétique que sa sœur; mais, comme Toufik a été très tôt pris en charge, il évolue normalement. Sa maladie, bien traitée, n’a eu aucun retentissement sur son développement et il poursuit, donc, une scolarité normale. Néanmoins, elle met un bémol à cette situation, car se pose le problème de l’approvisionnement des aliments spécifiques. Madame Sarah, Nous parlera de sa fille Ikram. Cette dernière, qui souffre d’une tyrosinémie, a eu plus de chance, sa maladie est moins lourde, car détectée à temps. Aujourd’hui, Ikram a intégré l’école, à l’instar de ses camarades. Elle pratique une activité physique et semble bien évoluer, dans la vie. Sarah est convaincue que, seule, la mise en place d’un Plan national de dépistage néonatal sauvera des centaines d’enfants d’un handicap certain. Houria souffre de voir sa fille, âgée de 7, ans attardée mentale, faute d’un diagnostic précoce. La fillette est atteinte de la phénylcétonurie qui n’a été, malheureusement, décelée qu’après un long parcours du combattant et une errance d’hôpital en hôpital; ce qui a retardé, donc, sa prise en charge, précocement. Ceci étant, elle souhaite, comme toutes les mamans d’enfants handicapés, le dépistage précoce des enfants, ainsi que la création d’établissement spécialisé, pour prendre en charge ces enfants, qui sont, déjà, handicapés à vie. Aussi, en l’absence de telles structures, toutes ces femmes s’angoissent, quant à l’avenir de leur enfants, lorsqu’elles ne seront plus de ce monde. Pourtant un simple examen néonatal, consistant à prélever quelques gouttes de sang, de la main du nourrisson; puis, testé en laboratoire et un bon suivi médical précoce, permettront à tous ces enfants d’avoir une vie normale.

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Célébration de la journée mondiale des maladies rares

2 millions d’enfants atteints de maladies rares et orphelines, en Algérie La Journée mondiale des maladies rares est célébrée le 28 février de chaque année, à travers le monde. Cette occasion sera mise à profit, pour sensibiliser les professionnels de la santé, le grand public et les autorités, sur les maladies rares et leur impact, sur la vie des patients, en Algérie.

U

ne maladie rare est toute maladie dont la prévalence concerne moins d’une personne sur 2000. A ce sujet, le nombre de maladies orphelines est de 8000 et 300 d’entre-elles sont répertoriées. Dans ce cadre, le Pr Hamlaoui précise que 80% des maladies rares sont d’origine génétique (gènes défaillants) et 20% sont causées par des facteurs environnementaux (médicaments, pollutions, produits toxiques et stress). 2 millions d’enfants atteints de maladies rares et orphelines, en Algérie, selon le professeur Mohamed Hamlaoui, chef d’unité pédiatrique, au CHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet). En Algérie, la journée mondiale sera célébrée le 28 février 2015, à Alger, par les associations du syndrome Williams et Beuren et Shiffa, des maladies neuromusculaires, en partenariat avec GENZYME A SANOFI COMPANY. En néphrologie comme en pédiatrie, en neurologie et en hématologie, il y a de nombreuses maladies orphelines, très souvent héréditaires. 46

Santé-MAG

N°37 - Février 2015

Les maladies orphelines, avec une atteinte rénale prédominante, ou majeure, les plus fréquemment rencontrées dans notre pays, sont: la maladie de Fabry, le syndrome d'Alport, la cystinose, la néphronophtise, les syndromes néphrotiques génétiques, l'hémoglobinurie paroxystique nocturne (ou HPN), le syndrome hémolytique et urémique génétique (ou SHU atypique). Leur prise en charge est difficile, puisqu’elle nécessite un suivi rigoureux, depuis le bas âge. Meddad Faïza, présidente de l’Association syndrome williams et Beuren, indique que «des obstacles bureaucratiques empêchent les enfants, atteints de maladies orphelines, d’accéder à plus d’égalité». Et d’ajouter: «des enfants souffrant de différents handicaps peuvent s’inscrire dans des écoles spécialisées». Mais, ce n’est pas le cas, pour les nôtres. Ils sont autistes, trisomiques, ou atteints de maladies rares. Plusieurs milliers d’enfants, victimes de handicap physique, ou mental, souffrent, aujourd’hui, de marginalisation. Ils grandissent sans aucune prise en charge sociale, scolaire; parfois même médicale, faute de structures spécialisées et de personnel qualifié. «Il est très difficile de vivre, en Algérie, avec un enfant ayant une pathologie, atteinte de xeroderma pigmentosum». Les enfants, souffrant de cette maladie, sont aussi appelés «enfants de la Lune».

S’agissant des causes génétiques, les spécialistes affirment que la consanguinité est le facteur majeur responsable de ces pathologies, appelant, ainsi, les couples à faire un test génétique prénuptial. En outre et en ce qui concerne le diagnostic, les experts algériens évoquent le dépistage ciblé, destinés aux enfants issus de familles présentant un, ou plusieurs, enfants atteints de maladies rares. L’Algérie compte parmi les rares pays du Maghreb et d’Afrique qui prennent en charge les maladies orphelines, même les plus coûteuses. Il est bon de souligner que les efforts financiers consentis sont colossaux. Les médicaments, pour la maladie de Fabry, la cystinose, les syndromes néphrotiques, sont importés et «distribués» aux malades en milieu hospitalier. La prévention est la seule solution, à long terme, grâce au conseil génétique, grâce aux chercheurs cliniciens et biologistes, qui dépisterons les cas index, ou multiplex. Notre pays passera, progressivement, de la phase actuelle, marquée, essentiellement, par le diagnostic phénotypique (on attend les symptômes et on traite) vers la phase de diagnostic génétique précoce. Les spécialistes estiment que nous avons toutes les raisons d’être optimistes et de donner de l’espoir à tant de patients et de familles



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