Access Cameroon jan-fév-mars 2011

Page 9

R ej oignez nou s s ur www. a c c es s - c a m eroon . org

INTERVIEW Entretien avec Honorable MBAH NDAM Joseph, Vice-Président de l’Assemblée Nationale Camerounaise, Député SDF (Social Democratic Front), un des partis politiques de l’opposition représentés à l’AN. une loi dont généralement le projet vient du Gouvernement, et adoptent en plénière les textes. Pendant ces mêmes sessions, les députés contrôlent l’action du Gouvernement à travers les questions orales adressées aux Ministres et membres du Gouvernement. Le travail des députés ne se limite pas qu’aux seules sessions parlementaires, les députés peuvent également par le biais des enquêtes parlementaires contrôler l’action des membres du Gouvernement sur des points particuliers. Honorable MBAH NDAM, en tant que parlementaire, et au vu des missions que vous exercez au quotidien, comment définissez le Député ? Pour comprendre ce qu’est Député, il faut se référer à notre Constitution, texte fondamental qui en son article 2 alinéa 1 dispose de manière claire que : « (1) La souveraineté nationale appartient au peuple camerounais qui l’exerce soit par l’intermédiaire du Président de la République et des membres du parlement, soit par voie de referendum ». Et l’article 4 d’ajouter que : « l’autorité de l’Etat est exercée par : - le Président de la République ; - le Parlement. ». Vous convenez avec moi que le Député est le représentant du peuple souverain. Le Député est cet homme-là qui est investi d’un pouvoir

Le Député étant un élu du peuple, comment le citoyen électeur a-t-il accès à un député de l’assemblée nationale, et comment ce dernier communique–t-il avec le peuple? L’accès au député est un droit accordé au peuple, car le peuple est le détenteur du pouvoir souverain. Le député doit toujours être disponible pour le peuple, et je pense qu’on essaye vraiment d’être ouvert. La preuve, vous avez pu m’interpeller dans les couloirs de l’Assemblée pour une interview. Par ailleurs, le député est sensé résider dans sa circonscription électorale, et donc être en interaction permanente avec le peuple. C’est vrai qu’en l’état actuel des choses, plusieurs députés ne résident pas dans leurs localités, ce qui rend

“Le travail des députés ne se limite pas qu’aux seules sessions parlementaires, les députés peuvent également par le biais des enquêtes parlementaires contrôler l’action des membres du Gouvernement sur des points particuliers.” décerné par le peuple, pouvoir souverain, d’exercer et de représenter non plus une localité, mais la Nation entière. Le Député est, au même titre que le Président de la République, une autorité suprême dont la mission spécifique est d’élaborer et de voter les lois, en même temps qu’il participe au contrôle de l’action du Gouvernement, afin d’équilibrer les pouvoirs. Les députés de l’Assemblée Nationale se réunissent trois par an -mars, juin et novembre- : en quoi consiste le travail d’un parlementaire, et se limite-il à la participation à ces seules sessions? Au Cameroun il existe un arsenal juridique assez important qui régit le travail du député. Les textes prévoient de manière claire que le député est chargé de légiférer, c'est-à-dire d’élaborer des lois et de voter les lois en vertu de l’article 26 de notre Constitution. Le travail du député est structuré ainsi qu’il suit : lors des trois sessions ordinaires (il peut arriver toutefois que les députés se réunissent en session extraordinaire pour débattre de questions précises), les députés travaillent dans les commissions pour élaborer

leur saisine difficile. Toutefois, le Député étant une élite, il assiste à des cérémonies, effectue des voyages dans sa circonscription, ce qui lui permet d’interagir avec les communautés. Pour ma part, j’essaye d’appuyer les communautés de ma circonscription pour la création d’organisations culturelle et de développement à l’instar de la Batibo Cultural and Development Association, et bien d’autres. Je les aide à identifier les besoins prioritaires de la communauté, j’apporte un appui financier et je les aide à mobiliser les fonds pour la réalisation de ces projets communautaires. Si le peuple n’est pas satisfait, et estime que son député n’est pas accessible, il peut refuser de lui renouveler sa confiance dans le cadre des élections. Les députés camerounais bénéficient de dotations financières appelées micro-projets. Quelles sont les règles qui entourent l’attribution et le contrôle de gestion de ces micro-projets ? A titre d’anecdote, et ceci pour confirmer avec vous que l’accès à l’information est une chose assez complexe chez nous au Cameroun, ce n’est

qu’en 1997, en tant que Président du groupe parlementaire SDF, que j’ai appris pour la première fois que les huit millions (8 000 000 FCFA) qu’on donne aux députés annuellement constituent en fait des dotations pour impulser le changement dans leur circonscription. Cela a créé beaucoup de problèmes car mes collègues députés considéraient qu’on n’avait pas à dire combien on recevait et certains considéraient cet argent comme un argent de poche. Dès le départ, il n’y a pas eu de règles claires pour l’attribution de ces fonds. Toutefois, les choses ayant évolué, les questeurs de l’AN sont les organes de contrôle de la gestion de ces microprojets. Ils sillonnent en conséquence le pays pour apprécier et vérifier l’utilisation de ces fonds. En plus de ce contrôle en interne, le véritable contrôle est la sanction du peuple car chaque député est comptable devant ses électeurs ; aussi, les mauvais gestionnaires ne bénéficient pas du renouvellement de mandat quand les électeurs sont insatisfaits. En tant que Député, quel usage faite vous de l’accès à l’information qui vous permet de contrôler l’action du Gouvernement ? Comme vous le savez, le droit d’accès à l’information est un outil pour la transparence dans la gestion, qui permet aux parlementaires de contrôler l’action du Gouvernement à travers les commissions d’enquêtes parlementaires. Parlez-nous de vous : qui êtes-vous, d’où venezvous, que faisiez-vous avant d’être député, combien gagnez-vous et que vous confère la qualité de député camerounais. L’Honorable Mbah Ndam est un Député SDF, originaire du département de la Momo, région du Nord-Ouest. Né en 1955 à Batibo, marié et père de six enfants, donc vous voyez, je suis un homme ordinaire. Je suis titulaire d’un Doctorat de troisième cycle en droit et ancien Avocat au Barreau du Cameroun. Député SDF depuis 1997, Président du groupe parlementaire de 1997 à 2007, et depuis lors, un des cinq Vice-Présidents du Bureau de l’AN. Alors combien je gagne : mon salaire s’élève à environ un million de francs CFA (1 000 000F), sans compter les avantages liés à mon statut de Vice-Président notamment le logement à Yaoundé, la voiture de service, le garde du corps, le personnel de mon secrétariat (au nombre de quatre), le personnel domestique (chauffeur, cuisinier).

Access Cameroon - Jan - Fev - Mars 2011

9


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.