Recueil des lois relatives à la marine et aux colonies. T. 7. (1)

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(160) accusations auxquelles l'examen de la situation de SaintDomingue pouvait donner lieu. Mais quand les faits parlent, quand plus 'de deux cents blancs, peut-être, de tout âge et de tout sexe , ont été inhumainement masssacrés par les ordres des hommes de couleur ou même de leurs propres mains , faut-il encore hésiter à les accuser Je poursuis au reste mon récit, et j'en puise les particularités dans les diverses dépêchés et actes de la Commission de Saint-Domingue, et dans d'autres pièces dont je parlerai successivement. Cette Commission observe que des indices certains « lui ap« prirent qu'une faction dominatrice avait voulu empêcher la s» Délégation du Sud de descendre à terre ; mais que les auteurs x du projet manquèrent d'audace à cette époque ». Quoiqu'il en soit, les Délégués parvenus au port des Cayes, chef-lieu du département du Sud , y furent accueillis avec des démonstrations au moins apparentes d'égards et de soumission à l'autorité dont ils étaient revêtus. Ils exercèrent, dans les premiers temps, cette autorité sans trouble et sans résistance. Ils accompagnèrent même le général Rigaud à une attaque dirigé» par lui contre la ville de Jérémie, attaque qui n'eut point de succès, et sur laquelle je n'ai point de renseignemens précis à vous offrir. Mais bientôt ces dispositions paisibles des esprits s'altérèrent sensiblement. Les Délégués avaient été chargés spécialement de l'exécution de l'arrêté de la Commission , du 27 prairial, qui mandait Pinchinnat au Cap pour rendre compte de sa conduite. « Cet » arrêté fut notifié à Pinchinnat, qui promit d'y obéir, dit la » Commission , quoique bien décidé à s'y soustraire ». •• Quelque temps après, ajoute la Commission dans sa lettre » du 18 vendémiaire, Pinchinnat sortit de la ville des-Cayes, » accompagne d'Augustin Rigaud, frère du général de ce nom, » Ensemble ils parcoururent les ateliers ; ils cherchèrent à exci» ter les esprits contre la Délégation ; ils insinuèrent aux noirs » que les blancs nouvellement arrivés d'Europe n'étaient reve» nus que pour les remettre aux fers, et qu'il était temps de les x exterminer, afin de n'avoir plus rien à craindre d'eux; que les » blancs n'avaient jamais voulu sincèrement la liberté des noirs » ni des hommes de couleur ; que les hommes' de couleur et » les noirs étaient les véritables habitons, les vrais propriétaires » des colonies; que tout leur appartenait, et que les blancs » devaient être exterminés ou chassés ». Ces insinuations perfides corrompirent ainsi l'opinion des noirs ; et il ne fallait plus qu'une occasion pour réaliser les projets exécrables des agitateurs. Elle ne tarda point à s'offrir. Le nommé Lefranc, homme de couleur, ci - devant commandant de la place Saint - Louis, ville située à "environ dix lieues des Cayes, avait été destitué da


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