La femme dans les colonies françaises : études sur les moeurs au point de vue myologique et social

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EN AMÉRIQUE

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le pays, ou de parents Créoles blancs qui peuvent les élever et leur donner les moyens de prospérer, montent vite dans catégorie des gens du monde. Il y a déjà bon nombre de milles de ce genre. Mais le fruit des relations de la Nègresse -se avec des Européens peu fortunés, de passage dans la Col nie (surnommés Massogans), ou même de simples soldats, forment une catégorie de déclassés. « Il faut remarquer que le Mulâlre provient presque toujours du Blanc avec la Négresse, une fois sur mille seulement de la Blanche avec le Noir. C'est une sélection bien nette et bien franche, dans laquelle la femme représente l'élément inférieur et l'homme le pur-sang. Signalons en passant que les naissances féminines l'emportent de beaucoup sur les naissances masculines. Il n'y a pas, comme au Chili, quatre ou cinq femmes pour un homme, mais il y en a certainement plus de deux. « La Négresse, qui met au monde un enfant plus blanc qu'elle, s'impose les plus durs sacrifices pour l'élever; elle fera tous les métiers et s'usera à la peine pour assurer l'existence de sa progéniture et « li gain quéque sous maquès » (sou marqué, monnaie de billon). Mais la vie est si facile, dans un paysoùl'onn'a besoin ni de bois ni de charbon pour se chauffer, et où l'on se nourrit de bananes cuites(bacoves), de fruits, de poisson, de vase, de cassave et de manioc ! « Faire un enfant n'est pas un déshonneur pour une Négresse ou Mulâtresse, surtout si l'enfant vient d'un Blanc. Elle lui donne comme parrain (considéré comme père putatif) celui de tous ses amants dont la position sociale est la plus élevée. Je ne veux pas dire par là qu'elle ne soit pas capable de fidélité à l'amant en titre. Mais cette fidélité n'est que relative. Elle trompera cet amant avec un homme d'une position supérieure mais jamais au-dessous. » En général, les femmes sortent peu, qu'il s'agisse de la créole, de la mulâtresse ou de la quarteronne. Elles se tiennent chez elles pour éviter l'ardent soleil. Vêtues d'un large peignoir, elles se balancent dans le hamac à l'ombre du feuillage, ou se plaisant à rêver, ou lisant quelque livre.Parfois, levant les yeux sur le jardin, leurs regards vont se


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