Cinquante jours aux Antilles : lettres a un ami

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se nourrir des fruits des forêts et passer leur temps à dormir sous les arbres. L'argent, ne leur est pas nécessaire, ils n'ont besoin ni de vêtements, ni de chauffage, ni même de maison proprement dite. Nos ateliers à Chalvet doivent occuper chaque jour 160 à 180 ouvriers, chacun est séparé, c'est-à-dire qu'il y a une escouade pour chaque travail, surveillée et dirigée par un ancien ouvrier choisi parmi les plus intelligents qu'on appelle le commandeur. Le tout est sous la surveillance du contre-maître qui lui-même ne fait qu'obéir aux ordres du gérant de l'habitation, aussi l'un et l'autre doivent-ils être à cheval du matin au soir pour ne pas laisser les travaux sans une direction incessante. Tous les ouvriers sont à la tâche, ils doivent la faire dans un temps déterminé et convenu d'un commun accord. J'arrive tout naturellement à devoir vous parler de la difficulté énorme que nous avons à recruter des ouvriers travailleurs. Sans détour, comme sans arrière-pensée, je dois dire combien les lois faites autrefois, qui pouvaient être supportables alors, avec les modifications que le conseil souverain de l'île voulait y apporter, nous sont aujour-


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