La main-d'oeuvre dans les colonies françaises

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— 131 — au noir sous forme de produits à récolter ou de journées de prestations. Nous croyons utile de rappeler les paroles qu'un colonial compétent1 prononçait à ce sujet. Il disait : « Les noirs libérés sont souvent bien gênants. Passés sans transition de l'esclavage à la liberté, ils commencent par ne prendre que ce qu'il y a de vicieux, de défectueux et de mauvais dans les mœurs européennes, c'est là un point noir de la croisade. « Dans ces conditions, nous pensons qu'en échange de la liberté assurée à l'esclave et dans son propre intérêt, on est en droit d'exiger de lui un certain travail au profit de la société. Ce serait évidemment préférable que de les abandonner à euxmêmes. En Afrique, il faut des bras pour cultiver ; puisque l'esclave travaille chez son maître, il doit aussi travailler chez nous et pour nous, pour lui-même, pour le pays qui lui offre à la fois la liberté et la sécurité. » Nous avons dit que le contrat de louage individuel ne saurait procurer aux colons le travail qui leur manque. Nous avons vu que pour se le procurer, il fallait s'inspirer des coutumes et des mœurs indigènes, à condition de n'empruntera celles-ci rien d'inhumain ou de barbare. Les seuls mobiles qui fassent agir le nègre sont le besoin de manger, le respect de la force, l'orgueil, la vanité. Le premier mobile, le besoin de manger, ne nous semble pas devoir être suffisant pour l'inciter à travailler. La nature lui offre en abondance tout ce qu'il peut désirer pour sa nourriture. Il n'est d'ailleurs pas bien difficile et il sait que s'il se soustrait au travail, il trouvera facilement dans la brousse de quoi apaiser sa faim. 1. Binger.


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