Mémoires de Malouet. T. 2 (2)

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APPENDICE.

détritus de végétaux entraînés par les pluies et charriés à la mer par les fleuves. Cette zone est couverte d'épaisses forêts de mangliers et de palétuviers, qui occupent toute l'étendue des côtes. Le mouvement de la mer réunit les masses d'alluvions en bancs de vases molles; le temps les solidifie, les lise au continent et les élève peu à peu au-dessus des eaux. Après cette région vaseuse et ces forêts de palétuviers, une autre partie des terres basses, plus étendue, se prolonge dans l'intérieur en plaines généralement noyées par les pluies de l'hivernage et par les marais. On y rencontre de vastes marais formés par les débordements des fleuves, et d'où s'élèvent des forêts de mangliers; ceux de ces marais qui sont le plus profondément inondés ont reçu des naturels le nom de pripris1 Ceux que diverses circonstances ont concouru à dessécher se sont changés en immenses prairies, où les palmiers pinots ont à la longue remplacé les mangliers, et qui sont connues dans le pays sous le nom de pinotières. Tout cet ensemble de terres basses ne s'étend pas uniformément du bord de la mer aux cataractes des rivières, c'est-à-dire à la ligne des terres hautes proprement dites. De petites chaînes de coteaux, même de petites montagnes, soit isolées, soit dépendantes des terres hautes proprement dites, constituent par la nature de leur sol, au point de vue de la culture, de véritables terres hautes, et partagent les terres basses en une multitude de bassins. Tel est du moins l'aspect de la partie de la Guyane comprise entre le Maroni et l'Oyapoc. C'est cette distribution en bassins que Malouet entendait dépeindre par la comparaison familière d'un plat d'œufs au miroir. Guisan employait une comparaison du même ordre, lorsqu'il écrivait au gouverneur de la Guyane hollandaise qu'en « coupant par « le milieu des poires de toutes grandeurs et ligures, les unes « dans leur largeur, les autres en travers, et qu'en les posant « sur leur coupe, en les disposant sur un plan incliné vers la « mer, on se formerait en petit une idée exacte de la plupart « des cantons de la Guyane française, dans toute la partie qui « borde la mer jusqu'à douze ou quinze lieues dans les terres. » 1. Mol indien qui signifie marécage.


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