Histoire de la Nouvelle France contenant les navigations découvertes et habitations

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DE

LA

NOVVELLE-FRANCE.

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du long de la côte sans en pouvoir trouver. Ce Diepois apporta deux flaccons de vin avec du pain de froment, qui furent départis à la pluspart de la compagnie. Chacun peut penser si cela leur apporta de la réjouissance. Car le Capitaine même n'avoit point beu de vin il y avoit plus de sept mois. La requeste de l'Anglois accordée, il vint trouver le Capitaine Laudonniere dans vne || grande barque accompagné de ses gens honorablement vetuz, toutefois sans armes, et fit apporter vne grande quantité de pain et de vin pour en donner à vn chacun. Le Capitaine ne s'oublia à lui foire la meilleure chere qu'il pouvoit. Et à cette occasion fit tuer quelques moutons et poules qu'il avoit jusques alors soigneusement gardez, esperant en peupler la terre. Car pour toutes sortes de maladies et de nécessitez qui lui fussent survenues, il n'avoit voulu qu'vn seul poulet fust tué. Ce qui fut cause qu'en peu de temps il en avoit amassé plus de cent chefs. Or ce-pendant que le général Anglois estoit là trois jours se passèrent, pendant lesquels les Indiens abordoient de tous cotez pour le voir, demandans à Laudonniere si c'estoit pas son frere, ce qu'il leur accordoit, et adjoutoit qu'il l'estoit venu secourir avec si grande quantité de vivres, que de là en avant il se pourrait bien passer de prendre aucune chose d'eux. Le bruit incontinent en fut épandu par toute la terre, si bien que les ambassadeurs venoient de tous cotez pour traiter alliance au nom de leurs mai très avec lui, et ceux mêmes qui par avant avoient envie . de lui faire la guerre se declarerent ses amis et serviteurs, à quoy ils furent receuz. Le général coneut

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