Almanach américain, ou Etat physique, politique, ecclésiastique et militaire de l'Amérique I

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ÉTAT

DE

L'AMÉRIQUE.

que au niveau de la mer, dans un terrein fans pente, n'offrait qu'une eau saumâtre & maifaine. Deux ou trois fontaines que l'on découvrit dans l'Isle, suppléaient faiblement à ce défaut. Les puirs ne fournissaient que rarement de l'eau. Il fallait du tems pour conftruire des citernes. L'air n'était pas plus attrayant pour les nouveaux Colons, Une Isle plate, & couverte de vieux arbres, ne permettait gueres aux vents de balayer les exhalaisons infectes dont fes marais épaississaient l'athmosphere. Il n'y avait qu'un moyen de remédier à ce inconvénient , c'était de brûlet les forêts. Aussi-tôt les Français y mettent le feu , & s'embarquant fur leurs vaisseaux , contemplent de la mer, durant des mois entiers , l'incendie qu'ils avaient allumé dans l' Isle. Dès qu'il est éteint, ils redescendent à terre. Les champs se trouvèrent d'une fertilité .incroyable. Le tabac , le coton , le rocou l'indigo , le sucre y réussissaient également. Tels furent les progrès de cette Colonie , que, il ans après fa fondation , elle comptait 822 blancs , avec un nombre d'efclaves proportionné. Elle marchait d'un pas rapide à la prospérité, lorfqu'on mit à (on activité des entraves qui la firent rétrograder. Sa décadence fut aussi prompte que fon élévation avait été rapide. Il ne lui reliait plus que 147 hommes , avec leurs femmes & leurs enfans , Se noirs, quand on transporta en 1696 cette population a Saint-Domingue,


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