Voyage aux trois Guyane françaises et aux Antilles

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VOYAGE AUX TROIS GUYANES.

toutes ces maisons sont en bois et revêtues d'une peinture grise ou blanche, ce qui fatigue sensiblement la vue quand un soleil chauffé à blanc les couvre d'une lumière aveuglante. La fondation de Paramaribo remonte à 1640. A cette époque les Français, chassés de Cayenne, construisirent une forteresse à l'embouchure de la rivière Surinam, à l'endroit où se trouve aujourd'hui le fort Zelandia. Le palais du gouvernement est le plus beau des colonies de l'Amérique centrale. A gauche une splendide allée plantée de tamariniers y donne accès ; à droite une allée de manguiers sert d'entrée à la ville. Devant l'édifice s'étale une grande pelouse, coupée par des sentiers et s'étendant jusqu'au bord de la rivière Surinam, qui baigne la ville. Le dimanche et le mercredi, la musique militaire s'y fait entendre. Sur la rivière se trouve un cercle avec jardin, où de temps eu temps on donne des fêtes. L'hôpital civil et militaire est un vaste établissement qui fait honneur à la colonie. Les métisses et les mulâtresses de Surinam, même les négresses, sont, avec celles de Saint-Thomas, les plus coquettes des colonies américaines ; malheureusement elles n'arriveront jamais à se débarrasser de l'odeur spéciale qui se dégage de leur corps et qui rappelle celle de l'ail ou du cancrelat écrasé. Elles dépensent tout ce qu'elles gagnent pour leur toilette, et aiment, comme toutes leurs congénères, à se parer de couleurs voyantes. Le besoin de luxe se manifeste en outre chez les femmes de Paramaribo dans la façon dont la robe, en cotonnade le plus souvent, est empesée. Rien de plus curieux que de les voir se promener le dimanche à la musique, simulant un embonpoint fantastique, produit


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