Voyage aux trois Guyane françaises et aux Antilles

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VOYAGE AUX ANTILLES.

sur la place d'Armes, est médiocre, d'après ce que m'ont affirmé des voyageurs qui y ont séjourné. Toutefois j'accepte avec empressement l'offre obligeante de M. Bieber, chef d'une des premières maisons de commerce de la métropole, d'aller m'installer dans sa belle villa de Turgeau, située à 5 kilomètres du port sur un terrain élevé qui domine la ville et la mer. Turgeau est la résidense de la plupart des négociants étrangers et des consuls; on y respire un air frais, une atmosphère salubre, et les panoramas qui se déroulent de ses hauteurs sont des plus variés, des plus pittoresques. Malheureusement la route qui y conduit est encore un véritable chemin haïtien, rempli de pierres et d'ornières profondes. Dans ces conditions, une voiture de maître serait, à bref délai, mise en piteux état. Il ne faut donc pas s'étonner si personne n'en possède. On en est réduit à se faire conduire eu ville et ramener à la campagne par une voiture de louage. Plusieurs personnes aussi font régulièrement le parcours à cheval. Pour l'approvisionnement des familles établies à Turgeau on se sert d'une mule. Une des négresses appartenant à la maison descend en ville le matin, fait son marché et retourne au logis, chargée par devant et par derrière. Depuis ma dernière visite en 1876, Port-au-Prince compte quelques maisons modernes et confortables de plus, et possède un marché en fer, mais c'est en vain que je cherche quelque autre progrès, quelque ébauche de bien-être. Les rues de la ville ne valent guère mieux que celles de Jacmel et des Cayes; ce sont des fumiers où la pluie et le vent seuls font quelques nettoyages. Certain jour, la rue des Miracles (le nom était de circonstance) était obstruée par un mulet mort; le lende-


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