De Paris à Cayenne : journal d'un transporté

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DE PARIS A CAYENNE

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Quant au plus jeune fils, qui n'avait pas 14 ans, le père me pria d'en surveiller l'éducation, obligé qu'il était, par l'accroissement de ses affaires, de ne plus s'en occuper personnellement, et ce qui, dans toute autre circonstance, m'eût semblé une corvée, devint un véritable plaisir pour moi. J'aimais à voir cette jeune intelligence, si bien préparée déjà, se développer sous mes yeux et marcher d'un pas égal dans la voie du perfectionnement intellectuel et moral. Mes relations avec cette excellente famille, la recommandation qu'elles me valaient dans la ville ne me permettaient guère de sentir les inconvénients de la position qui m'était faite par les règlements auxquels j'étais nominalement soumis. Vainement une partie de la population s'acharnait-elle à confondre les détenus politiques dans la catégorie générale des transportés, il était assez difficile de croire qu'un homme aussi respecté que M. Franconie accordât son amitié à quelqu'un qui n'en eut pas été digne. En même temps, il se disait qu'avant et depuis 1848 j'avais été à la tète d'un journal, que j'avais même rempli des fonctions publiques, et aux yeux des réactionnaires les plus enragés, c'est-à-dire de la très-grande majorité


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