De Paris à Cayenne : journal d'un transporté

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DE PARIS A CAYENNE

tions me réveillait en sursaut et renouvelait mes dégoûts. Le chemin de fer n'existait pas encore entre Marseille et Toulon, et il avait fallu employer la poste pour traîner la lourde machine qui nous transportait, ce qui ne nous empêcha pas de mettre plus de douze heures pour arriver à Toulon. Cependant, un peu avant six heures du matin, nous étions à la porte du bagne, attendant le coup de canon réglementaire avant lequel elle ne peut s'ouvrir. Enfin, mes gracieux compagnons descendirent tant bien que mal ; leurs jambes enflées par la pression des fers et l'absence prolongée de mouvement pouvaient à peine les porter. Ils étaient attendus par une nuée d'argousins qui les emmenèrent sans tarder. Quant à moi, je fus conduit à la prison, que je quittai le lendemain pour le fort Lamalgue. Le fort Lamalgue a joué un grand rôle dans l'histoire militaire de Toulon; il est situé à peu de distance de la ville, sur une éminence qui commande la partie septentrionale de la rade. C'est une lourde masse de granit, que surplombent les montagnes chauves et grises qui font une sorte d'amphithéâtre au plus fréquenté de nos ports de guerre. En m'y rendant, sous la


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