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M A N U E L D E S
DE
H A B I T A N S
SAINT-DOMINGUE.
MANIOC.org Bibliothèque Schoelcher Conseil g é n é r a l de la
Martinique
DE
L'IMPRIMERIE
DE
MARCHANT.
M A N U E L D E S
H
A B I T A N S
DE S A I N T - D O M I N G U E , C O N T E N A N T UN p r é c i s d e l ' H i s t o i r e d e c e t t e I l e , d e p u i s s a d é c o u v e r t e ; la D e s c r i p t i o n T o p o g r a p h i q u e et S t a t i s t i q u e d e s p a r t i e s F r a n ç a i s e e t E s p a g n o l e ; le T a b l e a u d e s p r o d u c t i o n s
naturelles
e t d e s c u l t u r e s C o l o n i a l e s ; l ' A r t d e fabriquer l e Sucre
et
l ' I n d i g o , d e r é c o l t e r e t p r é p a r e r le Café,
le
le Coton
et
Cacao j u s q u ' à leur e m b a r q u e m e n t , e t d e faire le Rum à la. manière Anglaise : S U I V I D'UN T r a i t é de MÉDECINE DOMESTIQUE appropriée aux Iles , d'une PHARMACOPÉE AMÉRICAINE ; du premier VOCABULAIRE FRANÇAISCRÉOLE , et de CONVERSATIONS FRANÇAISES-CRÉOLES pour donner une idée de ce l a n g a g e , et se faire entendre des N è g r e s ; O u v r a g e utile à tous ceux qui désirent se procurer des notions exactes sur la manière de se conduire dans la t r a v e r s é e , et les m o y e n s de fortune que présentent les cultures et le Commerce de S a i n t - D o m i n g u e ; orné d'une carte de cette Ile , et de T a b l e a u x concernant sa population et ses productions.
P A R S. J.
D U C Œ U R J O L Y , A n c i e n Habitant de Saint - D o m i n g u e . TOME SECOND
A PARIS, C H E Z L E N O I R , L I B R A I R E , RUE
DE
M. D C C C I I . — A N X .
SAVOIE,
N°
4.
M A N U E L DES
H A B I T A N S
DE SAINT-DOMINGUE.
C
H
A
P
I
T
R
E
P R E M I E R .
C A F E T E R I E . TERRE
PROPRE
A L A P L A N T A T I O N
DU,
CAFÉ.
Troisième
Habitation,
Les établissemens convenables à une habitation plantée en c a f é , s o n t , u n m a g a s i n , des glacis, des fosses pour p o u r r i t la chair que l'on h o m m e ce* risé, et qui sert d'enveloppe à la g r a i n e , qui est le café ; plusieurs moulins à p i l e r , afin de séparer le p a r c h e m i n de cette graine, et la netfoyer. L e café d e m a n d e à être planté dans une terre c i e r g e o u , c o m m e n o u s nous exprimons a u x îles, Tome II. A t
2
M A N U E L
DES
H A B I T A N S
dans des bois neufs. Les terrains des mornes sont de peu de d u r é e , attendu que la chute des eaux de pluie entraîne avec elle la superficie de la terre, la dégrade , et y fait des fosses qui l'amaigrissent et la rendent stérile. D e pareils accidens obligent de planter u n certain n o m b r e de pieds de c a f é , tous les a n s , pour maintenir le r e v e n u en proportion des pertes qui sont inévitables. I l est aisé de c o m p r e n d r e , par ce que je viens de d i r e , que le terrain des mornes ne dure pas l o n g temps : aussi, pour en prolonger la jouissance , il faut très-sévèrement défendre aux nègres d ' a r r a cher , en défrichant les b o i s , aucune de ces r a c i n e s , q u i , rampant sur la terre, et l'entrelaçant en tout s e n s , servent à l'affermir. O n conçoit la grande Utilitédecetteprécaution pour conserver le terrain ; c a r , tant que ces racines subsistent et lient la terre, les eaux n'ont aucune prise sur elle , les pieds de café ont le temps de croître, e t , à leur t o u r , de c o u v r i r de racines la terre qui les environne a v a n t l'entière consommation des autres ; ce qui leur donne lieu de résister quelques années de plus. O n ne doit jamais sarcler à la h o u e , de crainte de bécher la terre, q u i , étant ainsi fouillée, part a u moindre grain de pluie, et se trouve usée a v a n t que l'arbre ait le, temps de fructifier.
S T. - D O M I N G U E .
A R T I C L E Manière
3
P R E M I E R.
de planter
le
Café,
L a façon de planter le café est assez s i m p l e ; mais elle demande de l'attention. D ' a b o r d , bien nettoyer le terrain o u i on veut le m e t t r e , et fouiller d ' a v a n c e tous les trous : cette préparation est i n dispensable; car la pluie pénètre plus facilement la terre; Il y a m ê m e plusieurs trous o ù l'eau séjourne, et ce bain salutaire sert à conserver la fraîcheur à la jeune plante, qui alors a le temps de former de nouvelles racines a v a n t que la c h a leur du soleil y ait fait impression. J ' a i l'habitude de contribuer à l'entretien de Cette f r a î c h e u r , par u n petit mortier de b o u e Claire dont je fais envelopper le chevelu de c h a q u e pied de café ; par ce m o y e n il reprend facilement, la plante et les feuilles étant d'une consistance naturellement forte, résistent long-temps à la c h a leur. A u m o y e n de cette p r é c a u t i o n , il n'en périt que fort p e u , o u point d u tout. E n arrachant les pieds dé cafés pour les planter, je fais fouiller, à la h o u e , la terre où ils sont : par c e p r o c é d é , le chevelu reste entier, et se maintient dans son état naturel; car il est démontré que le c a f é , arraché à la m a i n , sort tordu ou é b r a n l é ; que la meilleure partie de son chevelu reste dans la terre; et c'est cependant ce dont il a le plus besoin.
4
M A N U E L
DES
H A B I T A N S
A R T I C L E
A
quelle
distance
on plante
II.
le
Café.
L e s sentimens sur, la distance qu'on doit donner aux plantes d u c a f é , sont très-partagés : quelques habitans ne leur donnent que quatre pieds de distance; d'autres moins encore. Quant à m o i , je pense qu'il faut tracer les rangs de six en six pieds, et planter l'arbre de cinq en cinq : cela s'entend d a n s une terre médiocre. Il est v r a i qu'il en coûte b i e n plus d'entretien ; mais cette perte est c o m pensée par bien des avantages : d ' a b o r d , on retire plusieurs sortes de vivres pendant les deux ou trois premières années. D ' a i l l e u r s , l'arbre devient bien plus b e a u , et rapporte a u q u a d r u p l e , parce que les branches trouvent m o y e n de s'étendre en pleine liberté ; e n f i n , les rangs de cafés a y a n t un espace c o n v e n a b l e , les nègres ne sont pas sujets à être mouillés en le cueillant; ce qui mérite la plus sérieuse attention. P o u r satisfaire la curiosité du lecteur , je vais d o n n e r une table de la quantité de cafiers qui entrent dans u n carreau de t e r r e , suivant la distance qui se trouve entre chaque pied,
DE TA BLEAU
du nombre
contenus A
ST.-DOMINGUE.
dans
5
de pieds
un carreau
de
de
Café
terre.
3 p i e d s , sur 3 pieds d e distance , 13,611 Cafiers .
10,633
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12 . . . . . .
A R T I C L E
. .
85a
III
Profondeur des trous; L a profondeur des trous ne doit p a s e x c é d e r six à sept pouces, et la hauteur du plant dix-huit. P l u s p e t i t s , ils occasionnent souvent une année A S
6
M A N U E L
DES
H A B I T A N S
cío retard ; plus .grands, ils réussissent mal. A v a n t de poser les plants dans les t r o u s , on a soin de leur couper l'extrémité du p i e d , q u i , à son ordin a i r e , cherche toujours à creuser; de sorte que si le roc ou la terre glaise sont près de la r a c i n e , elle les atteint et l'arbre périt dans le temps qu'on le croit affermi. ARTICLE En quelle saison
IV. on plante
. le
Café.
II est de l'intérêt de l'habitant de choisir un temps p l u v i e u x , afin que là plante soit bien a r r o sée. L e mois de n o v e m b r e étant la saison la plus h u m i d e , et OLI les nords sont plus fréquens, il convient d'en. profiter; car il est absolument n é cessaire que les cafiers reçoivent la pluie quelques jours après qu'ils ont été plantes ; niais c o m m e les t r a v a u x d'une habitation ne se font que par deg r é s , et selon qu'ils se présentent, il y a aussi plusieurs, mois de l'année qui sont propres à cet o u v r a g e , lorsque les saisons sont pluvieuses. A i n s i , on s'occupe à planter, depuis novembre jusqu'au mois de m a i , à mesure qu'on trouve du terrain p r é p a r é ; car tout ne sauroit l'être à la fois. Les derniers plantés croissent bien plus vite que les autres, parce qu'on les plante dans le fort du printemps, où la terre travaille plus qu'en toute autre s a i s o n , au lieu qu'en hiver elle est c o m m e
DE
ST.-DOMINGUE.
7
stérile par l ' a b o n d a n c e des pluies qui la rendent trop froide pour la végétation des cafiers ; mais quoiqu'elles soient plus de trois ou quatre mois sans v é g é t e r , lorsqu'on les plante en h i v e r , on est a u moins certain que la plantation est faite a v e c plus de succès q u ' e n été ; c a r alors on est obligé de la réitérer plusieurs fois ; ce qu'on appelle recouvrage , et ce qui fait qu'ils ne produisent pas tous ensemble. A R T I C L E Vivres
V.
qu'on peut planter dans les rangs Cafés pendant leur croissance.
de
Pendant le temps de la crue de l'arbre, la terre ne reste pas oisive; l'habitant en retire de grandes d o u c e u r s , attendu qu'on a soin de la remplir de p o i s , de m a ï s , et de riz , dont on fait d'abondantes moissons pendant les deux premières a n n é e s , surtout lorsqu'on plante les cafés à une b o n n e d i s tance ; mais il faut observer de n ' y mettre a u c u n pois qui r a m e , et les éloigner des pieds de c a f é , auxquels ils pourroient nuire; de m ê m e , lorsqu'on y veut planter d u r i z , on n'en doit mettre qu'un, seul r a n g entre les cafés. Il n'y a que ces seuls vivres qu'on puisse fructueusement planter entre chaque r a n g : ceux qui en placent d'autres n ' e n tendent pas leurs intérêts. P l u s i e u r s , p a r e x e m p l e , plantent u n r a n g de A 4
8
M
ANUEL
D ES
H A B I T A N S
m a n i o c entre deux rangs de café. J ' a c c o r d e qu'uni seul r a n g de m a n i o c n'y sauroit préjudiciel'; mais, lorsqu'on viendra à lé fouiller, n'est-il pas clair que la racine du m a n i o c se trouvera si près de celle du c a f é , qu'on ne pourra arracher l'une sansnuire à l'autre ? A u t r e i n c o n v é n i e n t , et pire que le premier : cette terre ainsi fouillée, étant e m portée au moindre grain de p l u i e , occasionne desfosses, et se trouve usée dans le temps où l'arbre c o m m e n c e à fructifier. J e ne parle pas de c e u x qui mêlent les patates a u x c a f é s , parce qu'il faut être fou p o u r s'en a v i s e r , ou n ' a v o i r a u c u n e expérience. A R T I C L E Moyens
de conserver
V I .
les pieds de
Cafés,
L e m o y e n le plus efficace p o u r conserver les pieds de c a f é s , est de les maintenir à une h a u t e u r proportionnée à la qualité du terrain qu'ils o c c u pent ; dans u n terrain m é d i o c r e , à trois pieds seulement; dans une terre p r o f o n d e , à quatre; et dans la meilleure, à c i n q . C e pied de café ainsi a r r ê t é , tout le corps de l'arbre doit nécessairement e n recevoir plus de nourriture ; la sève a y a n t fort peu à m o n t e r , et les branches ne p o u v a n t multiplier d a v a n t a g e , elles se convertissent en u n bois presque aussi solide que le tronc m ê m e . L ' a r b r e rapporte moins de fruits ; et ses b r a n c h e s , se
DE
S T.-DoMING U E .
9
trouvant plus fortes, sont en état de supporter le peu qu'elles produisent ; ce qui doit incontestablement les maintenir. A R T I C L E Manière
d'arrêter
VII. les
Cafés.
C h a c u n arrête les cafés à sa manière. Il y en a qui prétendent qu'il faut les laisser produire leur premier r a p p o r t ; c'est u n abus. P o u r m o i , sitôt qu'un café est p a r v e n u à la hauteur que je viens de désigner, je casse l'extrémité de la t i g e , qui est fort tendre ; ce qui l'empêche de hausser davant a g e , et donne lieu a u x branches de s'étendre en l o n g et en l a r g e , et de multiplier leurs' scions. Cette opération fait que l'arbre se f o r m e en rose ; d é g a g é d'un superflu i n c o m m o d e , il n'est pas s u r c h a r g é , et dès lors les fruits en sont m i e u x n o u r r i s , et moins sujets à couler. Il en résulte m ê m e u n autre a v a n t a g e , c'est la commodité de pouvoir les cueillir sans e n d o m m a g e r les b r a n ches , c o m m e il arrive à c e u x q u i , croissant e n l i b e r t é , ont le tronc si foible faute de substance, que le seul poids de leurs fruits fait pencher toute la tige. D a n s cet é t a t , l'arbre a c c a b l é sous son propre f a i x , périt dans le temps o ù il promettoit le plus.
10
M A N U E L
DES
H A B I T A N S
A R T I C L E Déclin
1
V III.
de l ' A r b r e .
A mesure que l'arbre vieillit, cette a b o n d a n c e cesse, et le café en est plus beau et plus estimé. O n croira peut-être qu'il vient plus gros parce qu'il produit peu ; c'est tout le contraire. Il est tout petit; et c'est en cela seul que consiste sa qualité. T e l pied q u i , à son second r a p p o r t , produisoit deux livres de c a f é , aura de la p e i n e , à son cinq u i è m e , d'en fournir u n quarteron ; ensuite il ne produit plus que tous les deux ans ; car il y a une année où il rapporte p e u , et l'autre quelque chose de plus. D'après c e l a , il est facile de concevoir combien il est important d'en multiplier le n o m b r e tous les a n s , afin de prévenir le détriment ou le déchet de c e u x qui se détériorent, A R T I C L E Description
IX.
de l ' A r b r e .
L'aspect d'un pied de café de dix-huit mois o u deux a n s , a quelque chose de charmant : vous le v o y e z alors dans toute sa vigueur. Ses feuilles sont d'un vert v i f et f o n c é , fort lisses, un peu recourbées, et c o m m e dentelées tout a u t o u r ; l'arbre est touffu, et a p p r o c h e , p o u r la figure, de celle du laurier ; il croît naturellement
DE
ST.- D O M I N G U E .
11
Fort r o n d , et pousse ses branches régulièrement depuis le bas jusqu'en h a u t , où elles vont toujours en diminuant jusqu'à l'extrémité de la t i g e ; les branches sortent du tronc, deux à d e u x , et opposées les unes aux autres ; les premières commencent ci un pied de t e r r e , lorsque l'arbre est f o r m é , et les autres se s u c c è d e n t , de trois en trois pouces ; mais elles se rapprochent à mesure que l'arbre vieillit, et elles grossissent proportionnellement. L a figure régulière de l'arbre se perd sitôt qu'il est arrête ; alors les branches d'en haut s'allongent c o m m e celles d'eu b a s , et se garnissent de scions (qu'en terme du pays nous appelons pattes d'oie), qui tous produisent successivement, et qui n'ont d'abord qu'un pied de l o n g , la première année de leur c r u e , mais qui augmentent tous les a n s , pour remplacer l a stérilité des premières branches ; car il est à r e m a r q u e r que l'arbre ne produit pas deux années de suite, dans les mêmes endroits, de son bois , mais qu'il fructifie immédiatement après ceux où l'on vient de cueillir, jusqu'à l'extrémité des b r a n c h e s , et a u x nouvelles que le pied a coutume de multiplier tous les ans. L e s feuilles s o r t e n t , de deux en deux , p a r c h a q u e n œ u d des b r a n c h e s , et c'est dans ces nœuds que se forment les fruits qui y sont attachés par un pédicule fort c o u r t , ainsi que le raisin l'est sur la grappe. Quoique ces nœuds soient fort près les uns des autres, on y compte souvent jus-
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M A N U E L
DES
H A B I T A N S
q u ' à quinze et vingt fruits , et presque autant d e nœuds à chaque b r a n c h e ; ce qui fait que lorsque l'arbre fleurit, les fleurs sont si près les unes dea autres que chaque branche pourrait fournir u n e guirlande bien garnie. II n'est point de saison e n A m é r i q u e , qui rappelle plus celle du printemps d ' E u r o p e , ni qui l'imite davantage , que q u a n d ces arbrisseaux sont en fleur ; aussi fleurissent-ils en mars et a v r i l ; mais les jeunes cafés de deux ans fleurissent quelquefois six fois dans une année à mesure qu'ils croissent, et qu'ils ont le temps f a vorable. y
A R T I C L E Fleur
du
X.
Café.
L a fleur du café est une petite étoile b l a n c h e , , découpée en cinq p a r t i e s , dont chaque séparation est garnie d'une étamine de la m ê m e c o u l e u r , a v e c une autre dans son milieu, qui se termine en f o u r c h e , et reste assez l o n g - t e m p s collée sur son fruit. L a fleur ne dure que deux fois vingt-quatre h e u r e s , après quoi elle c o m m e n c e à se faner , et tombe quelques jours après. C'est à cette fleur que succède le fruits A R T I C L E Forme la
de son
X I . fruit.
forme de son fruit imite celle de l'olive»;
DE
S T . - D O M I N G U E .
13
a v e c laquelle il a bien de la ressemblance., jusq u ' à ce qu'il ait acquis sa grosseur naturelle. A mesure qu'il approche de sa m a t u r i t é , sa c o u leur verte se c h a n g e en un jaune pâle : c e l u i - c i , à son t o u r , lait place a u beau rouge incarnat qui lui succède. A l o r s il ressemble à u n e cerise oblongue ; sa chair est u n e espèce de p u l p e , assez insipide a u goût. A cette pulpe succèdent deux petites fèves jumelles, accollées , couvertes d'un fort p a r c h e min qui précède une pellicule extrêmement fine et adhérente, qui la c o u v r e dans son entier. C e n'est qu'environ un mois avant la m a t u rité du fruit, qu'on s'apperçoit c o m b i e n l'arbre en est chargé. Cette belle verdure c h a n g e de c o u l e u r , toutes les feuilles jaunissent, et semblent a n n o n c e r la langueur de l'arbre. Il paroît nous avertir qu'il a besoin d'être déchargé. C'est ce qu'il ne faut pas n é g l i g e r , sitôt que son fruit r o u g i t , ni d'émonder les branches gourmandes qui repoussent vivement après qu'on a arrêté o u étêté le pied. A cette é p o q u e , il sort aussi une quantité de b o u r g e o n s , dont il faut le délivrer. C h a q u e fois qu'on sarcle, on ne m a n q u e pas de l'éla g u e r , en ne lui laissant simplement que sa maîtresse tige ; p a r ce m o y e n , le pied devient plus v i g o u r e u x , et se soutient infiniment d a vantage. A mesure qu'on délivre l'arbre de son fruit,
14
M A N U E L
DES
H A BIT AN S
on le voit renaître, et reprendre une nouvelle force. C'est principalement dans ce temps qu'il a besoin que les rosées de pluie le secourent souv e n t ; car le café demande beaucoup d'humidité, et un terrain qui soit toujours frais ; ce qui lait qu'il ne réussit pas dans la p l a i n e , où les pluies sont extrêmement r a r e s , et qu'il n'y a que les inornes qui lui sont propres , et sur-tout les terrains nouvellement défrichés. A R T I C L E Le Café
ne mûrît jamais
X I I . ensemble.
L e fruit du café ne mûrit jamais tout à la fois, et c'est en quoi on est très-heureux; c a r , sans c e l a , on perdroit une partie de son r e v e n u , puisqu'on est o c c u p é , le quart de l ' a n n é e , à recueillir. Cela provient de ce que l'arbre fleurit en différens temps, et que les fruits étant extrêm e m e n t serrés les uns contre les autres, il y e n a u n quart qui presse tellement le reste , q u e Ceux-ci sont forcés d'attendre la récolte des premiers , pour p o u v o i r jouir de la m ê m e liberté. C'est ce qui procure quatre Ou cinq récoltes, q u i , toutes e n s e m b l e , n'en font q u ' u n e , parce qu'elles se suivent^immédiatement, sans aucune interruption , et m ê m e sans qu'il soit possible d'éviter Une perte de temps considérable, quelque diligence qu'on fasse.
DE
S T . - D O M I N G U E
A R T I C L E En quelle
saison
15
X I I I .
on cueille
le
Café.
L e fruit est m û r lorsque son rouge c o m m e n c e à brunir ; c'est ordinairement à la fin de septembre, et la récolte continue jusqu'à l a fin de l'année : mais lorsque l'arbre est à son premier et second r a p p o r t , dès le mois de juillet on peut c o m m e n c e r ; alors il y a un intervalle de quelques s e m a i n e s , que l'on emploie à bien nettoyer la place ; car lorsqu'on est dans le fort de la c u e i l l e , o n ne peut se détourner un moment sans perte. Les nègres qui y sont o c c u p é s , se munissent chacun d'un panier, dans lequel ils font tomber le c a f é , à mesure qu'ils dépouillent L'arbre. Sitôt que ce panier est rempli, on le vide dans u n autre plus g r a n d , dont chaque nègre est é g a l e ment p o u r v u , qui peut contenir sa c h a r g e , et sert à porter le café au moulin. O n fait observer a u x nègres de n'arracher que le fruit seulement, et de laisser la queue adhérente à la b r a n c h e y pour ne point entamer son écorce ; ce qui porteroit préjudice à l'arbre. A R T I C L E Trois
espèces
de Cafés
X I V . inférieurs.
Il y a trois espèces de cafés inférieurs, qu'il faut éviter de m ê l e r ensemble. Premièrement celui
16
M A N U E L
DES
H A B I T A N S .
qui est é c h a u d é , ou p r é m a t u r é , par le défaut de p l u i e , qui sécherait plutôt sur l'arbre que de r o u g i r , et q u ' o n est obligé de cueillir quand il Commence à jaunir et à se tacher. Il convient d o n c de ne pas le mêler a v e c le b o n . Il y a encore une autre espèce de café é c h a u d é , pire que la p r e m i è r e , qui sèche sur l'arbre a v a n t de parvenir à la moitié de sa maturité ; c'est ce qui arrive ordinairement aux pieds des cafés qu'on laisse croître en toute liberté. Celui-ci s'appelle crocros. Enfin il y a une troisième e s p è c e , q u ' o n n o m m e les écumes : on ne la d é c o u v r e que lorsqu'on lave le c a f é , et après qu'il a passé a u moulin. C e sont autant de cafés f a u x , qui surn a g e n t , et q u ' o n a soin d'écumer. A R T I C L E Arrangement
X V .
de la case à
moulin.
A p r è s que les paniers sont remplis , c h a q u e nègre emporte le s i e n , et le vide dans des espèces de séparations , en forme de coffre, q u ' o n pratique a u x côtés de la c a s e , et qui peuvent contenir autant de c a f é , et m ê m e beaucoup a u delà de ce que les nègres en peuvent cueillir dans la journée. A la nuit t o m b a n t e , on dispose le n o m b r e de nègres nécessaires pour le passer a u moulin : sept suffisent, et tous les soirs ils doivent être relevés par
D E S T . - D O M I N G U E .
17
p a r le m ê m e n o m b r e , pendant que les autres sont à leur case pour apprêter la nourriture de c e u x - c i ; de façon que lorsque l'ouvrage est fini, ils trouvent leur repas tout prêt. C'est ordinairement les femmes qui ont c e soin. D e cette m a n i è r e , personne ne sauroit se p l a i n d r e , et le travail v a " rondement. E n moins d'une heure et demie toute la cueillette de la journée a passé a n m o u l i n ; et voici en quoi consiste cet o u v r a g e , q u i est le plus rude. A R T I C L E Comment
on
passe
X V I .
le Café
au
moulin.
Il y a deux nègres destinés à tourner le m o u lin du côlé du g r a n d r ô l e , et u n autre au petit rouleau. L e premier de ces m o u l i n s , c o m m e le plus r u d e , a deux manivelles , et le petit n'en a qu'une. Il y a u n quatrième nègre posé au haut de la t r é m i e , pour donner à m a n g e r au m o u l i n , et pousser le café à mesure que le moulin l'engloutit. U n c i n q u i è m e , devant le m o u l i n , reçoit les cerises qui tombent à terre, et qu'il a soin d'écarter avec un petit r a b o t , parce qu'il faut qu'elles repassent une seconde fois pour les purger des restes de café qui ont échappé a u x r o u leaux. L e s deux autres nègres sont e m p l o y é s , l'un à vider le café dans la trémie, pendant que l'autre remplit le panier de celui qui l'y porte. C e u x Tome II. B
18
M A N U E L
DES
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ci r e l è v e n t , de temps en temps, les nègres du. g r a n d rouleau qui reprennent alternativement la place des travailleurs qu'on vient d ' y mettre; p a r ce m o y e n , ils se soulagent tour à tour. L e café est naturellement enveloppé d'un suc extrêmement gluant , de façon q u e , pour peu q u ' o n le presse, il quitte sa cerise a v e c p r é c i pitation. C'est l'effet que produisent les r o u l e a u x , après quoi les cerises et le café tombent p ê l e mêle sur l'hébichet, qui est une espèce de c r i b l e , dont les mailles sont de fil de l a i t o n , p r o p o r tionnées à la grosseur du café. C e fruit dirigé p a r le mouvement de l'hébichet et par sa propre g l u e , se précipite à travers les mailles, pendant que ce mouvement secondé par une pente d o u c e q u ' o n donne à l ' h é b i c h e t , chasse d e v a n t lui les cerises, trop grosses pour p o u v o i r passer a u travers des mailles : elles tombent nécessairement sur le petit r o u l e a u , et ces cerises passées par l'un et l'autre , tombent au pied d u m o u l i n par le m o u v e m e n t d u petit h é b i c h e t , dont le petit rouleau est également p o u r v u . A R T I C L E Observations
X V I I .
sur le travail
du
moulin.
A p r e s quelques tours d u m o u l i n , il convient de visiter le c a f é , et voir s'il est à son point : trop s e r r é , il s'écrase; o n s'en apperçoit aussitôt,
DE
S T . - D O M I N G U E .
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p a r son p a r c h e m i n qui se lève en écailles, et c'est une marque certaine que le rouleau a p proche de trop près les gencives de la pièce mobile. E n ce c a s , on arrête u n moment; pour donner de l'ouverture a u c a f é , p a r le m o y e n des coins de bois qui sont a u x extrémités de la pièce mobile , et qui servent à resserrer ou à lâcher le moulin , selon q u e le cas l'exige ; et c'est à quoi il faut être exact à c h a q u e fois q u ' o n met au m o u l i n , parce que le café n'est pas toujours d'égale g r o s seur. Q u a n d o n a trouvé le point f i x e , o n continue le travail jusqu'à ce que le coffre du moulin soit r e m p l i ; pour lors o n l'arrête, pour le vider dans des bassins, c a n o t s , ou b a r r i q u e s , q u ' o n a p o u r cet usage. O n continue ainsi jusqu'à la f i n , après quoi l ' o n passe les m ê m e s cerises une seconde f o i s , pour a c h e v e r de les purger du reste de café qui y étoit demeuré. C'est le m o m e n t d'ouvrir u n e petite p o r t e , pratiquée v i s - à - v i s le m o u l i n , p a r où les cerises passent à mesure qu'elles t o m b e n t , et que les nègres poussent à quatre pas de là pour n'en être pas i n c o m m o d é s . O n laisse ainsi le café dans le bassin toute la n u i t , a u m o y e n de quoi il se détache plus f a c i lement de sa g o m m e ; ce qui donne une g r a n d e facilité p o u r le laver. O n a soin de bâtir la case à moulin près d e quelque r a v i n e , pour éviter la multiplicité des B
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DES H A B I T A N S
travaux. O n se sert d'un bassin de maçonnerie. dans lequel on remue un rabor pour en détacher la glue. D ' a u t r e s font usage d'une espèce d ' a u g e , o u canot ; et ceux qui n'ont ni l'un ni l'autre , se servent de grands paniers qui font le m ê m e effet, mais qu'on est obligé de c h a n g e r souvent. A R T I C L E Description
X V I I I . des
glacis.
L e s glacis sont faits de m a ç o n n e r i e , élevés de terre d'environ six pouces , a v e c des bords à l'entour, de m ê m e h a u t e u r , dans lesquels on p r a tique des soupiraux d e distance en distancé, pour donner lieu a u x eaux de s'écoule. L e u r g r a n d e u r n'est pas limitée, mais proportionnée à la quantité de café que l'habitant doit cueillir; ainsi il y en a de différente g r a n d e u r , les uns de cent pieds c a r r é s , les autres dé moins. A p r è s - l ' a v o i r BIEN caillouté dans le f o n d , ON passe dessus un. b o n e n d u i t , de façon qu'il paroîtroit fout d ' u n e pièce sans les séparations q u ' o n est obligé d'y faire.. Elles servent à p r é v e n i r les accidens qu'une pluie trop abondante pourroit causer en entraînant, dans u n m o m e n t , tout le café q u ' o n y aurait mis. L e s c o u r a n s de l'eau sont bornés p a r le m o y e n de tous ces compartimens q u i en arrêtent la rapid i t é , et donnent a u x eaux le temps de s'écouler p a r les soupiraux de c h a q u e r é d u i t , à mesure
DE
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qu'il les r e ç o i t , sans avoir celui de former a u c u n c o u r a n t , pour en faciliter l'évacuation; o n donne au glacis une petite pente d o u c e , qui conduit les eaux vers les soupiraux sans a u c u n e violence. C'est sur ces glacis qu'on expose le c a f é , pour être s é c h é , et o u a soin de le remuer s o u v e n t , pour en presser l'avancement. T r o i s ou q u a t r e journées de b o n soleil suffisent, si on a soin de l e mettre à l'abri tous les soirs, et d'éviter qu'il ne se mouille ; alors on le serre à demeure dans le m a g a s i n , d'où on ne le sort que quand on le veut p i l e r ; c'est ce qu'on appelle café séché en par-, chemin. Il y a une autre façon de le faire s é c h e r , qui paroît bien plus expéditive, attendu qu'on n'a pas besoin de moulins ; mais cette manière est sujette à b e a u c o u p d'inconvéniens. Sitôt qu'il est cueilli on le jette sur le g l a c i s , o ù il reste jusqu'à ce qu'il soit entièrement s e c , nuit et jour , sans s'inquiéter m ê m e de la pluie. O n peut bien juger q u e , de cette m a n i è r e , il est fort long à s é c h e r , et fort sujet à s'avarier, étant sans cesse exposé a u x injures du temps. D'ailleurs il faut nécessairement que , parmi le grand n o m b r e , il y ait des grains qui sèchent en langueur , parce qu'ils se trouvent couverts par les a u t r e s , quelque précaution q u ' o n prenne de les r e m u e r ; et s'ils ne sont pas mouillés le j o u r , ils ne sauB 3
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DES
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raient manquer de l'être la nuit. A force m ê m e de les r e m u e r , plusieurs se dépouillent de leurs cerises : c e u x - c i ne sauroient manquer de b l a n c h i r , et d'autres de noircir. C'est autant de cafés inférieurs qui augmentent le t r i a g e , diminuent le r e v e n u , et occupent un temps infini, qu'on emploiroit bien plus utilement à d'autres travaux. Il faut encore observer que ce café a besoin d'être séché au double de l'autre, p a r c e que la cerise conserve toujours un certain sel qui le rend m o i t e , pour peu qu'il contracte d'humidité ; or , i l est bien difficile de l'en garantir, sur-tout dans les mornes où le nitre est t r è s - a b o n d a n t , et les brouillards très-fréquens. Si on m a n q u e à ce p o i n t , o n court g r a n d risque que le café ne s'échauffe , et ne tombe en pourriture. P o u r prévenir cet a c c i d e n t , il convient de le sonder s o u v e n t , et si on s'apperçoit de la moindre c h a l e u r , il ne faut pas balancer de le mettre au soleil. D a n s quelle peine ne se trouve-t-on pas en pareil c a s , si le glacis est couvert de café vert ? Il faut nécessairement que l'un fasse place à l'autre ; voilà à quoi on est exposé quand on le fait sécher e n cerise, au lieu que celui qui sèche dans son p a r c h e m i n , étant l a v é , se conserve des années entières en m ê m e état, parce que l'eau le purge de son suc g l u t i n e u x , et il n'est aucunement sujet à c h a n g e r si on a soin de le garantir de toute h u m i -
DE
dite, car il
ST.-DOMINGUE.
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est extrêmement susceptible d'impres-
sion. A R T I C L E
En quel temps
X I X .
on pile le
Café.
C o m m e ordinairement dans la récolte on est trop o c c u p é , on attend qu'elle soit finie pour piler le café. Les travaux se suivent r a p i d e m e n t , et le passage à l'un nuit nécessairement à l'autre. Il faut savoir partager son t e m p s , chaqne j o u r doit être employé à propos; par cette sage conduite tout est en ordre. C'est ce qui fait que bien des h a bitans font plus d'ouvrage avec p e u de m o n d e , que d'autres a v e c b e a u c o u p , parce que ces d e r niers entreprennent trop à la fois. S u r ce p r i n cipe , o n ne doit piler le café que lorsque le tout est s e r r é , à moins que ce ne soit par nécessité, o u qu'on ne trouve quelque intervalle pendant l a récolte. E n ce c a s il faut en profiter, car les premiers cafés sont souvent les plus beaux , p a r c e qu'ils n'ont pas eu le temps de s'avarier; mais il ne faut rien omettre pour le faire bien s é c h e r , et r e doubler ce soin lorsqu'on veut le p i l e r , c a r le café . n o u v e a u est sujet à c h a n g e r , n'ayant pas eu le temps de s'affermir. Il est alors d'un vert de c o r n e transparent, et tout-à-fait propre à tromper le plus habile connoisseur ; aussi, quelque sec qu'il p a roisse, je conseille à ceux qui en feront acquisiB 4
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tion, de l'exposer quelques jours a u soleil avant de l ' e m b a r q u e r ; par ce m o y e n ils pourront lui c o n server sa qualité. A R T I C L E Comment
on pile le
X X . Café.
A v a n t de piler le c a f é , il convient dé l'exposer a u soleil pendant deux j o u r s , et ne commencer q u e le troisième ; encore faut-il attendre que le soleil l'ait échauffé. C'est ce qu'il faut bien observ e r ; car le 'plus beau café blanchira sous le pilon s'il n'a pasde degré de sécheresse qui lui convient ,il s'aplatira m ê m e ; en un m o t , le café ne saurait être trop sec , et plus il l'est, plus on a de facilité à le piler. C h a q u e habitant le pile différemment ; l ' u n p a r le m o y e n d'un m o u l i n , l'autre dans un c a n o t , u n troisième dans de grands mortiers de bois. Il est assez indifférent de quelle manière on le pile , p o u r v u qu'il le soit ; niais je trouve que la dernière méthode est la plus avantageuse. E n effet les coups de pilons sont bien plus sûrs et plus réglés ; le café en est moins sujet à être é c r a s é , il en échappe bien inoins au pilon , et il se trouve q u ' o n a v a n c e davantage. Cela s'entend du café séché en p a r c h e m i n ; pour celui qui l'est en cerise, je pense que le canot, et le moulin lui conviennent mieux, p a r c e
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qu'étant plus dur à p i l e r , il faut que les coups de pilons portent avec plus de force. Sitôt que le soleil c o m m e n c e à être chaud , les nègres se mettent à l'ouvrage ; ils sent deux à deux à chaque mortier ; c h a c u n a y a n t un pilon à la m a i n , frappe à coups m e s u r é s , et alternativement l'un après l'autre. C'est ainsi qu'on délivre le café de son p a r c h e m i n , et de sa p e l l i c u l e , q u i se détachent sans beaucoup de p e i n e , puisque quinze nègres en peuvent piler deux milliers par jour. Cette facilité à le p i l e r , prouve bien que la dépense d'un moulin est assez superflue ; cependant ceux qui s'en servent peuvent occuper leurs nègres ailleurs. A R T I C L E Comment
le
Café
X X I . se
vanne.
Pendant que les uns pilent, les autres s'occupent a vanner. Il y a encore un troisième moulin qui en fait les fonctions, et qui est très-utile , sur-tout lorsqu'on m a n q u e de v e n t , ce qui n'est pourtant pas c o m m u n ; mais il arrive quelquefois qu'il est trop foible ; alors le moulin est d'un g r a n d secours, et nettoie le café infiniment mieux que le v a n ord i n a i r e , c a r , outre qu'il en ôte entièrement la poussière, et le parchemin pulvérisé, il le p u r g e encore des petits graviers auxquels il est fort sujet ; et, jettant à part le café qui avoit échappé a u x
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pilons, ainsi que celui que les pilons écrasent, on a m ê m e trouvé le secret aujourd'hui de réunir ces trois moulins en un seul, qu'on emploie à ces trois differens t r a v a u x , par le m o y e n d'un cheval ou d ' u n mulet. A p r è s que le café est v a n n é , et trié de ce qu'il avoit de défectueux, on l'expose de nouveau a u soleil jusque vers le m i d i , que le soleil darde le plus vivement ses rayons. O n le transvase tout brûlant c o m m e il est, dans des futailles qu'on a soin de bien couvrir ; cette précaution lui est n é c e s s a i r e , elle affermit le g r a i n , en bouche les p o r e s , le rend moins susceptible des impressions de l ' a i r , et lui rend sa première couleur que le s o leil avoit ternie ; on le laisse cinq à six jours dans cet é t a t , ensuite encore une journée de soleil p o u r lui donner la dernière façon. A p r è s tant de préparations, et après avoir mis tout en usage pour le perfectionner, on se t r o m peroit si o n s'imaginoit qu'il est à l'abri de toute impression , il conserve toujours un certain sel , q u i , à la moindre h u m i d i t é , le dilate et le rend flexible; après q u o i , venant à le ternir d ' a b o r d , il le b l a n c h i t ensuite totalement. E n contractant cette h u m i d i t é , toute son huile s ' é v a p o r e ; il c o n vient d o n c de lui choisir l'endroit le plus sec. Cette délicatesse est cause que les habitans ne le font piler qu'à fur et à mesure qu'ils veulent le débi-
DE S T . - D O M I N G U E .
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t e r , et pas plus à la fois qu'ils n'en peuvent charr o y e r , pour n ' e n pas courir les risques. O n observe aussi de ne le pas piler dans u n temps humide. V o i l à tous les t r a v a u x relatifs à la cafèterie.
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T R E
II.
C o T O N N E R I E. Quatrième
Habitation.
L E cotonnier est u n arbuste qui s'élève à la h a u teur de six à sept pieds ; il s'étend en buisson ; il a l'écorce brune ; la couleur de sa fleur varie selon la qualité du terroir, tantôt violette, tantôt d'un j a u n e d o r é ; sa gousse se noircit en mûrissant. Ses feuilles sont à peu près de la g r a n d e u r de celle de la v i g n e , et chaque tige porte u n e o u plusieurs gousses vertes, qui succèdent à une fleur b l a n c h e , et qui s'ouvrent en quatre lorsqu'elles sont p a r v e nues à leur maturité ; alors le c o t o n , qui étoit extrêmement resserré, sort, s'étend ; e t , si on ne se hâte de le cueillir, le vent en enlève une partie c o n s i d é r a b l e , le disperse entre les feuilles et les b r a n c h e s de l'arbre , où il s'attache et se perd. L e cotonnier vient également bien p a r - t o u t , dans les m o r n e s , dans les terrains secs ou humides ; c e u x mêmes où les autres plantes périssent lui sont propres. O n le plante ordinairement en q u i n c o n c e , à huit ou dix pieds de d i s t a n c e , u n peu de pluie suffit pour faire sortir la graine de terre. A u bout de trois s e m a i n e s , ou u n m o i s , suivant le temps sec ou pluvieux que l'arbre a essuyé depuis
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ST.-DOMINGUE.
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sa p l a n t a t i o n , on le s a r c l e , et o n arrache les plantes superflues , en ne l a i s s a n t , dans c h a q u e trou,- que deux ou trois tiges. Lorsqu'elles o n t atteint la hauteur de quatre à cinq p i e d s , on les arrête pour contraindre l a sève de se porter vers les branches collatérales, qui sont celles qui portent lé plus de fruit. Il faut r o m p r e toutes les branches verticales , p a r c e qu'elles absorbent la sève en pure p e r t e ; ' o n doit m ê m e arrêter les b r a n c h e s latérales, lorsqu'elles poussent des jets trop l o n g s . Ces r e t r a n c h e m e n s , sagement exécutés , forcent les branches à se s u b d i v i s e r ; c'est par ce m o y e n qu'on: procure à cette plante toute la fécondité dont elle est susceptible. A u bout de sept à huit mois que la graine a été mise en t e r r e , p o u r v u que la saison ait été f a v o r a b l e , o n c o m m e n c e à recueillir les gousses. L a récolte dure trois mois. Q u a n d elle est faite ; o n coupe l'arbre au p i e d , dans u n temps de p l u i e , et la souche qui est restée en terre pousse des rejetons qui portent du fruit plus promptement que les j e u n e s plantes. L e coton doit se cueillir fort sec ; l'humidité le feroit fermenter, et la graine germeroit. L e p r e mier soin ensuite, c'est de l'éplucher, c'est-à-dire de séparer le duvet d'avec l a graine. O n se sert, p o u r cet effet, d'une m a c h i n e composée de deux rouleaux , d'environ quatorze à quinze pouces de l o n g u e u r , et d'un p o u c e de diamètre, c a n -
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nelés dans toute leur l o n g u e u r , et posés horizontalement l'un sur l'autre. U n e manivelle que le nègre met en m o u v e m e n t avec le p i e d , fait tourner ces rouleaux sur leur a x e , dans u n sens contraire. Ils sont suffisamment éloignés l'un de l'autre, pour laisser passer le coton qu'on leur p r é s e n t e , et qu'ils attirent p a r leur m o u v e m e n t de rotation; mais ils sont en m ê m e temps trop serrés pour laisser passer les graines : elles sont obligées de se détacher d u coton qui les e n v e l o p p e ; elles tombent à terre , devant les r o u leaux , et le coton est reçu dans un sac q u ' o n tient ouvert par derrière. Cette machine s'appelle moulin à coton. U n nègre habile en é p l u c h e ordinairement v i n g t à vingt-cinq livres par jour. L o r s q u e le coton est bien é p l u c h é , on l ' e m balle. V o i c i c o m m e n t on procède à cette o p é r a tion : O n prend un sac fait de grosse toile, bien c o u s u , de six à sept p i e d s de h a u t e u r ; on le suspend en l ' a i r , en l'attachant p a r en haut à des traverses, de b o i s , portées sur des poteaux de sept à huit pieds de hauteur : on le m o u i l l e , afin que le coton s'y a t t a c h e , et ne glisse point. U n nègre entre dans le s a c , y foule le coton avec ses p i e d s , et a v e c une pince de fer. Par-dessus la première c o u c h e o n en met une seconde. Pendant ce t r a v a i l , u n autre nègre a soin d'asp e r g e r , de temps en t e m p s , le sac a v e c de l'eau , sans quoi le coton ne seroit point a r r ê t é , et r e -
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S
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-DO
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montèrent m a l g r é le foulage. Q u a n d le coton a été suffisamment foulé, on coud le sac a v e c de la ficelle, et o n pratique a u x quatre coins des poignées, pour p o u v o i r le remuer. U n sac ainsi p r é p a r é , se n o m m e balle de c o t o n ; il en c o n tient plus ou moins , selon qu'il est plus o u moins foulé. L a balle pèse ordinairement trois cents à trois cents cinquante livres. L e c o t o n n i e r , depuis l'instant de sa plantation jusqu'au moment de la parfaite maturité de ses fruits, est attaqué, dans ses différens â g e s , p a r une multitude d'insectes qui se succèdent les uns a u x a u t r e s , et qui semblent avoir entre e u x conjuré sa perte. L e s vers, les cloportes, diverses petites mouches* scarabées pénètrent jusques dans l'intérieur des trous o ù la graine a été d é p o s é e , et ils en rongent la substance q u e le développement d u g e r m e a attendrie. L e s g r a i n e s , échappées à c e premier d a n g e r , produisent bientôt d é j e u n e s plantes qu'on voit sortir de terre. A l o r s les criquets ou grillons les attaquent d u rant la nuit, et les jeunes feuilles sont dévorées en plein jour par des diables ou diablotins. L e diable est un scarabée de la grosseur d'un petit hanneton d u p a y s , mais dont le corps allongé est diversement bigarré de noir et de j a u n e , ou r a y é de rouge et de noir. S a tête, fort m e n u e , est g a r n i e de deux longues antennes ; ses pattes sont déliées
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et armées de c r o c h e t s , par lesquels il s'attache fortement a u x endroits où il se pose. L e diablotin est un autre scarabée beaucoup plus petit ; sa c o u leur est d'un vert pâle. Les chenilles printanières viennent à la suite des diables et des diablotins, pour dévorer leurs restes. L e cotonnier, à qui la dent meurtrière de ces insectes a fait g r â c e , s'élève en trois mois à la h a u teur de dix-huit à vingt pouces. D e u x ennemis redoutables l'attaquent alors c o m m e de concert : ce sont le m a o k a et l'écrevisse. L e premier est u n gros ver blanc qui ronge sa racine et fait sécher l a jeune p l a n t e ; le second naît d'une m o u c h e qui pique l ' é c o r c e , y déposé un œ u f d'où sort un petit v e r dont la forme est spirale : c'est sans doute ce qui lui a lait donner le n o m d'écrevisse. C e v e r , aussitôt qu'il est é c l o s , ronge la partie ligneuse de l ' a r b r e ; il s'y forme un c h a n c r e , et la partie attaquée devient si fragile, q u e le moindre vent suffit pour la r o m p r e . L ' a r b r e , v a i n q u e u r de cette foule d ' e n n e m i s , se pare de ses fleurs; mais les punaises v e r t e s , o u de toutes couleurs, viennent l'attaquer ; lorsqu'elles se trouvent en g r a n d n o m b r e , elles en font tomber les fleurs , et les fruits avortent. L e puceron vient aussi quelquefois seconder les p u n a i s e s ; l'arbre languit, devient stérile, et périt à la fin. L e punaises rouges et noires dédaignent les feuilles
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feuilles et les fleurs du cotonnier ; elles attendent q u e la gousse vienne à s'ouvrir pour en sucer les graines, qui sont alors vertes et tendres. L e s graines altérées, n ' a y a n t plus de substance, passent entières en s'aplatissant, o u s'écrasent à travers les b a guettes. L e coton se trouve taché par l a fiente jaune et huileuse de cet insecte; ce qui le fait mettre au rebut. M a i s l'ennemi le plus redoutable pour une h a b i tation plantée en coton , est sans contredit la chenille à coton. Cet insecte se jette quelquefois avec tant de voracité sur les pieds des cotonniers , qu'en deux ou trois j o u r s , et quelquefois m ê m e e n vingt-quatre heures, il les dépouille de toutes leurs feuilles. L e c o t o n , après sa r é c o l t e , est déposé dans des magasins qu'il est bien difficile de préserver d e l'approche des rats. Ils tirent parti du coton q u i leur sert à garnir les endroits o ù ils font leurs nids ; mais la perte qu'ils occasionnent est de peu de valeur. J e ne puis en dire d a v a n t a g e relativement à u n e habitation plantée en cotonniers : cette culture n'est point difficile à exploiter; elle ne craint seulement que les accidens que j e viens de d é tailler.
Tome
II
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C H A P I T R E C U L T U R E
D U
III. C A C A O .
L E c a c a o est le fruit d'un arbre appelé c a c a o y e r . A p r è s le c o t o n , c'est la denrée dont la culture exige' le moins de travail. I l se plante de graine ; toute terre ne lui est pas indifférente, c o m m e a u coton ; il f a u t , avant que de planter u n e c a c a o y è r e , sonder le terrain qu'on y destine. L a maîtresse racine du cacao pousse avant dans la t e r r e , perpendiculairement à son tronc. U n lit de pierre ou de t u f qu'elle rencontre la fait rebrouss e r , et l ' a r b r e , ne trouvant plus de nourriture, périt bientôt. I l faut q u e la terre ait a u m o i n s quatre à cinq pieds de profondeur. L o r s q u ' o n a trouvé u n terrain de cette n a t u r e , et q u ' o n l'a n e t t o y é , on divise et on trace l'étendue q u ' o n veut y employer ; à cet effet on se sert de c o r d e a u x , de la longueur du t e r r a i n , divisés p a r d e s nœuds à la distance de huit pieds ; on plante un piquet à chaque n œ u d . L o r s q u e le premier alignement est f a i t , o n remporte le cordeau à huit pieds de d i s t a n c e , et o n continue ainsi de suite. Il y a plusieurs raisons d e prendre cet alignement ; 1° pour l ' a g r é m e n t , l'ordre est préférable à la confusion ; 2 ° . dans
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une cacaoyère bien a l i g n é e , les nègres au travail ne peuvent échapper aux y e u x du c o m m a n d e u r ; 3 ° . dans le temps de la c u e i l l e , on suit les allées les unes après les autres , et ainsi on ne laisse point de fruit a u x arbres. Les cacaoyers se plaisent ordinairement sur des collines , près des ruisseaux , dans des lieux qui ne sont ni trop secs , ni trop humides. Plusieurs personnes croient que le vent fait d u tort aux c a c a o s , je ne connois que les ouragans qui puissent leur n u i r e ; au surplus, il est facile d'y r e m é d i e r , en plantant des lisières autour d e la c a c a o y è r e , ou en laissant, autour, des bouquets de bois. Il est bien plus important de les abriter du soleil, lorsque les arbres sont jeunes ; ce qu'on fait en plantant des bananiers auprès d'eux. L e terrain étant aligné et d i v i s é , on porte à chaque piquât un petit panier , dans lequel on a fait germer des graines de cacao ; on les enfouit en terre selon l'alignement des piquets. L a délicatesse de ce jeune arbre exige , dans les terres où il y a des f o u r m i s , criquets, ou autres petits insectes, la précaution de planter la graine dans des paniers de la forme d'un cul de c h a peau ; un nègre en fait trente par jour. O n fait lever la graine dans u n endroit choisi où les fourmis ne donnent pas ; lorsque les plants ont acquis une certaine force , ils sont moins exposé G a
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a u x torts que peuvent leur faire les insectes ; on les plante alors en pleine t e r r e , et le panier s'y pourrit. L o r s q u e la nature du terrain n'exige pas ces précautions , on sème les graines dans des trous creusés à la profondeur de quatre à cinq pouces. L ' a m a n d e doit y être mise d r o i t e , le gros en b a s ; on en met trois dans chaque trou. L o r s que les arbres ont un pied et demi de h a u t e u r , o n laisse le plus b e a u , et on lève les deux autres s'ils sont venus. Les pépinières de c a c a o ne c o n viennent n u l l e m e n t , c a r l a racine de ce jeune a r b r e est si délicate , qu'en le levant de terre, et le r e p l a n t a n t , il est impossible de ne la pas offenser. L e panier remédie à cet inconvénient. O n plante, c o m m e je l'ai déjà d i t , des b a n a niers ou du manioc dans les allées, pour p r é server ce jeune arbre des rayons du soleil, et o n entretient la terre bien p r o p r e , en la sarclant. L e m a n i o c ne s'arrachant qu'au bout de dix mois ou d'un an , et poussant plus rapidement que le c a c a o , fait l'office d'un parasol à cette plante d é licate pendant ce temps là. A u bout de deux ans et d e m i , le cacaoyer a quatre pieds de h a u t , et c o m m e n c e à fleurir. L e fruit qu'il rend alors est si peu de c h o s e , que bien des personnes font tomber les premières f l e u r s , p o u r que l'arbre se. fortifie d a v a n t a g e ; à
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trois ans on cueille d u fruit : à six a n s le cacaoyer est dans toute sa force. Lorsqu'il est p a r v e n u à une certaine h a u t e u r , il n'exige aucun soin de sarclage ; l'ombre qu'il donne à la t e r r e , e m p ê c h e l'herbe de venir , et ses feuilles qui tombent servent à le fumer. L o r s q u ' o n cueille le c a c a o , il faut avoir attention d'en ôter les guis , d'arracher ou de faire tomber les vieilles cabosses , et de couper les branches s è c h e s , ainsi que les branches g o u r mandes. L a précaution de tailler le bout des b r a n c h e s de cet arbre me paroît nécessaire ; le temps de le faire est quinze jours a v a n t l ' h i v e r n a g e ; les Espag n o l s de Garraque en usent a i n s i , et je crois que c'est à cette pratique q u e le c a c a o de cette p r o vince doit la réputation dont il jouit. L a forte récolte du cacao se fait a u mois da juin ; il est bon alors de visiter souvent le c a c a o y e r , dans la crainte de laisser germer o u noircir les cabosses qui tombent quelquefois d ' e l l e s - m ê m e s , lorsqu'on laisse trop long-temps le fruit sur l'arbre. L o r s q u e les nègres cueillent les cabosses de cacao , il faut empêcher qu'ils ne secouent trop les arbres avec leurs serpettes emmanchées : ils font tomber alors quantité de fleurs, dont l'arbre G 3
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est souvent chargé lors de la r é c o l t e , et appauvrissent par là là récolte à v e n i r , clans laquelle ces fleurs tombées eussent donné des fruits. C h a q u e nègre a son panier qu'il remplit de c a bosses , pour les porter de la c a c a o y è r e à la case destinée à les recevoir. Lorsqu'il fait beau t e m p s , on casse la cabosse sous le cacaoyer m ê m e , et o n la jette au pied de l'arbre qui l'a produite ; elle lui sert de fumier , et on ne porte que les graines à 3a case. D a n s le cas où on y porte les c a b o s s e s , il ne faut pas que les graines y restent plus de trois j o u r s , sur-tout dans le temps des p l u i e s , car elles sont sujettes à germer. Les cabosses ont neuf à dix pouces de long sur trois à quatre de d i a m è t r e ; elles ressemblent à des c o n c o m b r e s partagés par des c ô t e s ; elles renferment c o m m u n é m e n t vingt-cinq amandes. A u s s i tôt que les amandes sont rendues à la c a s e , on les met soit dans des c u v e s , soit dans des vases , ou des canots pour en exprimer le v i n ; on les c o u v r e de feuilles de b a l i z i e r , on met des planches et des pierres dessus pour les charger et aider la fermentation qui s'y excite. Elles fermentent ainsi pendant quatre à cinq j o u r s , on a soin de les brasser , et de les remuer tous les matins. Lorsque les amandes ont acquis une couleur rouge o b s c u r , on les tire de la c u v e et ou les expose au soleil pour sécher. O n les met ensuite en m a g a s i n , d'où on les sort de temps en temps
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pour les sécher ; elles ont l'avantage d e ne se point rancir. O n retire du cacao une huile en consistance de b e u r r e . , qu'on n o m m e beurre de c a c a o . Cette huile réunit la vertu anodine des autres h u i l e s , elle a l'avantage de ne point contracter d'odeur «et de sécher promptement ; c'est un b o n cosmétique qui rend la peau douce et polie sans qu'il y paroisse rien de gras ni de luisant. O n fait avec les a m a n d e s de c a c a o , préparées à peu près c o m m e les noix d e R o u e n , une excellente confiture, propre à fortifier l ' e s t o m a c , sans trop réchauffer. L o r s q u ' o n veut préparer les amandes de c a c a o pour en faire du c h o c o l a t , on les dépouille de leur écorce par le m o y e n du feu , on les pèle , o n les rôtit dans une bassine à feu m o d é r é , o n les pile dans un mortier bien c h a u d , et on en forme une pâte q u ' o n mêle a v e c u n poids presque égal de sucre. L e c h o c o l a t , ainsi préparé , s'appelle chocolat de santé ; on peut y m ê l e r u n e légère quantité d e v a n i l l e , qui en facilite la d i g e s t i o n , par sa vertu stomachique et cordiale. D a n s nos Colonies on fait des pains de c a c a o pur et sans addition ; et lorsqu'on veut prendre du c h o c o l a t , on réduit ces pains en poudre et on y ajoute plus ou moins de c a n n e l l e , de sucre e u p o u d r e , et de fleur d'orange. L e chocolat ainsi p r é p a r é , est d'un p a r f u m exquis et d'une g r a n d e G 4
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délicatesse. Quoique la vanille soit c o m m u n e a u x î l e s , on n ' y en fait point du tout usage dans le chocolat. V o i l à tout ce q u ' o n peut dire concernant la culture du cacao ; il n'y a point d'autres détails qui lui soient relatifs; cette plantation ne demande q u ' u n peu de s o i n , sans causer b e a u c o u p de p e i n e , n i exiger de grandes dépenses. J e ne parlerai point de la culture du tabac , les habitans de St.-Domingue ne s'en occupent point. Il n ' y a que les gens de couleur qui le cultivent en petite q u a n t i t é , pour se procurer celui dont ils ont besoin ; ils vendent seulement ce qu'ils en ont de trop pour leur consommation.
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C H A P I T R E
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IV.
DIALOGUE E N T R E U N A M É R I C A I N E T U N E U R O PÉEN SUR L E P A S S A G E A
ST.-DOMINGUE, E T L A
MANIÈRE D ' Y VIVRE.
J E parlerai dans ce chapitre de la température de l'île de S a i n t - D o m i n g u e ; d u p a s s a g e ; des m o y e n s de f o r t u n e ; de la manière d'y v i v r e ; des plaisirs qu'on peut y goûter ; de la nourriture et de l'entretien ; de l'hospitalité qu'on y exerce ; et enfin d u retour de cette Colonie e u Europe. J e ne prétends pas prendre le titre d'écrivain , je me borne à présenter les objets dans le style le plus simple , de peur de m ' é g a r e r , et de m e rendre inintelligible, en voulant entreprendre a u dessus de mes forces. J e vais exécuter ce que je viens d ' a n n o n c e r , et le présenter e n forme de d i a l o g u e , entre u n A m é r i c a i n et u n E u r o p é e n . C e petit tableau pourra faire plaisir aux personnes q u i , n ' a y a n t point été dans les C o l o n i e s , désirent en a v o i r connoissance par un fidèle r a p port. M a i s c o m m e tout est c h a n g é depuis l a r é v o l u t i o n , je ne puis présenter qu'une p e i n ture de l'état antérieur à cette époque.
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M A N U E L
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A R T I C L E Géographie
H A B I T A N S
P R E M I E R , de l'ile.
L'Européen. J'ai si favorablement entendu parler de l'île de S a i n t - D o m i n g u e , que je brûle du désir d ' y passer. J e vous prie de me donner les instructions relatives à cette Colonie. O n dit que l'île est une des plus grandes des Antilles. L'Américain. Elle est effectivement la plus g r a n d e , après celle de C u b a . L'Européen. Quelle l o n g u e u r , quelle l a r g e u r , et quelle circonférence peut-elle avoir ? L'Américain. Elle a cent soixante lieues de l o n g , trente dans sa m o y e n n e largeur , et cinquante de côtes. L'Européen. les Français ? L'Américain.
Quelle est la partie habitée par
C'est celle d'occident.
A R T I C L E Climat
de
II.
Saint-Domingue.
L'Européen. Quel est le climat de cette île? L'air qu'on y respire est-il salubre, et y fait-il aussi chaud qu'on le dit ? L'Américain. L ' a i r y est assez sain; il n'y a p o i n t , c o m m e en E u r o p e , de brouillards; le ciel est
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plus net , l'azur plus b r i l l a n t , et si le soleil y paroît quelquefois o b s c u r c i , cela ne dure pas long-temps. L a chaleur , à peu près la m ê m e pendant toute l ' a n n é e , y est supportable : elle n'augmente que lorsque l'air n'est point rafraîchi par les brises qui régnent presque toujours dans l'île. L'Européen. brise ?
Qu'entendez - vous p a r le mot
L ' A m é r i c a i n . C e sont des vents r é g l é s , qui se succèdent alternativement, et qu'on distingue par brise de m e r , et brise de terre. Celle de m e r souille pendant le jour ; celle de terre reprend ensuite, et se fait sentir durant la nuit. Ces brises sont quelquefois très-fortes , et ouïes n o m m e alors brises carabinées. L'Européen. M a i s lorsque ces brises ne se font point sentir, q u ' é p r o u v e z - v o u s alors ? L'Américain. Nous é p r o u v o n s , dans cette circonstance , des chaleurs considérables q u i , fort heureusement, ne durent pas long-temps. L ' E u r o p é e n . L e s jours y sont-ils susceptibles d'augmentation et de diminution ? L'Américain. L e s jours y sont presque é g a u x , et il n ' y a , dans le cours de l'année, qu'une demi heure de différence entre le lever et le c o u cher du soleil. L ' a u r o r e et le crépuscule y sont
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peu sensibles; mais il y a quatre heures et demie de différence à l'égard du cours solaire. P a r exemple, lorsqu'il est quatre heures et demie en F r a n c e , il n'est que midi à S a i n t - D o m i n g u e . L'Européen. Y a-t-il des pluies abondantes , et éprouve-t-on des révolutions par les variations des temps ? L ' A m é r i c a i n . Il y a une saison où les pluies se déclarent en a b o n d a n c e , et c'est ce qu'on appelle hivernage. C e temps vient ordinairement a u x approches, et pendant l'équinoxe de septembre. Il y a aussi des années où l'on éprouve des ouragans et des coups de vent f u r i e u x , v e nant de la partie du s u d , ou du n o r d , et qui font des ravages considérables, tant sur mer que sur terre. L e s pluies q u i tombent , quelquefois pendant le cours de l ' a n n é e , viennent par g r a i n s ; les gouttes d'eau sont fort larges, et tombent souvent par avalasses. A R T I C L E Ouragans
et tremblemens
II. de
terre.
L'Européen. Pendant le n o m b r e d'années que vous avez demeuré à S a i n t - D o m i n g u e , vous a v e z sans doute v u de ces furieux ouragans ? L'Américain. U n des plus terribles que j ' y aie vus c'est celui de 1 7 7 2 . E n voici la description :
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S T.- D O M I N G U E .
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Ce fut l a nuit du 4 au 5 août que ce redoutable fléau répandit l'épouvante et la désolation dans la partie du s u d , et principalement dans les quartiers de Saint L o u i s , de C a v a i l l o n , des C a v e s , de T o r b e k , et de T i b u r o n . Il s ' a n n o n ç a , dès le 3 , par u n vent du n o r d très-violent, et par u n déluge d'eau é p o u v a n table. L a journée du 4 fut constamment si pluvieuse , que les nègres ne purent aller au jardin. V e r s les n e u f heures du soir, le vent tourna a u nord-est. C e fut alors que les fortes bourasques se firent sentir, et qu'on entendit de toutes parts un sifflement horrible. L a case où je m'étois retiré avoit soixante pieds de l o n g u e u r , sur vingt-quatre de large : elle étoit couverte en essentes , et soutenue sur de gros poteaux de bois de fer , qui entroient cinq à six pieds en terre. A la première b o u r a s q u e , elle fut défaîtée : la seconde emporta la moitié de la g a lerie située à l'est. L e vent n'étoit pas uniforme ; il mollissent de temps en t e m p s , et au bout de quelques m i n u t e s , il se déchaînoit a v e c fureur , et remplissent l'air d'un bruit effroyable, causé p a r la chute des arbres trop foibles pour résister à son impétuosité. C h a q u e coup de vent ébranloit la c a s e , et la faisoit plier en tout sens. C o m m e elle étoit défaîtée; la pluie y tomboit de tous côtés: le tonnerre grondoit sourdement ; le bruit d u veut l'emportoit et les éclairs étaient terribles.
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V e r s les deux heures du m a l i n , le vent comm e n ç a à m o l l i r , les bourasques devinrent moins fréquentes et moins violentes. Durant l'espace de cinq heures que d u r a ce furieux o u r a g a n , des a r b r e s , d'une grosseur énorme , ont été d é r a cinés ; d'autres brisés ; quelques uns fendus dans toute leur longueur; les autres, dépouillés de leurs t r a n c h e s , ne conservèrent que le tronc. T o u s les chemins furent bouchés ; on ne pouvoit p é nétrer dans les bois que la h a c h e à la main. A v a n t la n u i t , les forêts étoient ornées d'une a g r é a b l e v e r d u r e , le lendemain , elles représentoient les horreurs d'un hiver i n c o n n u dans ces brûlans climats. Les bananiers furent tous brisés ; quantités de pieds de cafés arrachés ou fracassés ; des pièces de cannes couchées à terre et dérac i n é e s ; des jardins plantés en i n d i g o , culbutés et entraînés par les torrens. A u c u n e c a s e , soit p o u r n è g r e s , soit pour b l a n c s , n'est restée i n tacte. Les unes ont été décomblées ; d'autres renversées ; toutes endommagées ; c e qui a causé de très-grandes pertes à plusieurs habitans, surtout à ceux dont les magasins étoient remplis. L a plupart des navires qui étoient en rade , a u x C a y e s du f o n d , ainsi que les goëlettes , c h a loupes, canots, etc. , ont été brisés contre les récifs; et la côte étoit couverte de débris. L a ville des C a y e s a été presque i n o n d é e ; dans p l u sieurs m a i s o n s , sur-tout du côté de l ' H ô p i t a l ,
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ST.- D O M I N G U E .
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Il y a eu jusqu'à quatre pieds d'eau. L e s r i vières , gonflées par les torrens, sont sorties de leurs l i t s , et ont c h a r r i é , durant plusieurs j o u r s , des arbres entiers, a v e c leurs branches et leurs r a c i n e s , qui en entraînoient d'autres dans leur passage, avec la terre qui les portoit. L a journée du 5 fut assez semblable à celle du 3 ; le vent souffla a v e c violence, et la pluie fut continuelle. L e s a n i m a u x domestiques disparurent durant ces trois jours. O n t r o u v a , dans les bois et dans les s a v a n e s , plusieurs oiseaux tués ou n o y é s . A p r è s ces temps de c a l a m i t é , le soleil d a r d a ses r a y o n s ; la nature se ranima. L e s troncs d'arbres qui avoient résisté à la violence de la tempête, commencèrent à b o u r g e o n n e r , en t r a çant à nos y e u x l'image du printemps, qu'on éprouve en F r a n c e ; et ils furent, quelques jours après , couverts de verdure. L'Européen. O n dit que cette île est souvent exposée à des tremblemens de terre. L'Américain. Ces évènemens ne sont pas f r é q u e n s ; le tremblement de terre le plus considérable fut celui qui se fit ressentir, au Port a u P r i n c e , en 1 7 7 0 . J e v o u s en ferai le récit avec d'autant plus de v é r i t é , que j'étois nouvellement a r r i v é de F r a n c e , et d é b a r q u é dans la ville le 20 mai de cette a n n é e .
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L e 3 juin 1 7 7 0 , jour de la Pentecôte, sera long-temps g r a v é dans la mémoire des habitans de Saint-Domingue. O n é p r o u v a , dans la m a tinée , u n e chaleur étouffante, qui fut s u i v i e , dans quelques quartiers, d'une grosse p l u i e , après laquelle la chaleur devint aussi incommode que s'il n'a voit pas plu. L e s brises, toujours r é g u lières , ne se firent presque point sentir durant la journée. A sept heures et un quart du s o i r , il régnoit par-tout le plus g r a n d c a l m e qui n'étoit troublé p a r aucun souffle de vent. L e ciel sans n u a g e s , l'atmosphère chargée de vapeurs qui éclipsoient les étoiles, la lumière pale de la l u n e , tout n'inspiroit que le deuil et l'effroi. L a terre c o m m e n c e à s'ébranler assez d o u c e ment ; mais tout à c o u p elle semble sortir de son assiette : des secousses violentes , dirigées d'abord de l'est à l'ouest, et qui font ensuite le tour du c o m p a s , se succèdent a v e c rapidité, toute la nature paroît proche de sa fin ; le sol est c o m m e flottant ; les rochers se f e n d e n t , s'entrouvent, et font rejaillir les eaux souterraines ; des arbres monstrueux sont détachés de leur base ; ceux que leurs racines étendues affermissent, plient et font toucher leurs branches jusqu'à terre. Des parties de montagnes s'écroulent; les eaux stagnantes deviennennt des mers agitées, qui franchissent leurs a c o r e s , et inondent les lieux qui les avoisinent ;
D E S T . - D O M I N G U E. 49 avoisinent ; les édifices qui paroissent les plus s o lides, s'ébranlent, perdent leur à - p l o m b , se d é composent , et s'écroulent avec fracas; les a n i m a u x de toute espèce ne se reconnoissent p l u s , ils courent çà et là dans les s a v a n e s , tombent lourdement , se relèvent avec i n q u i é t u d e , et se tourmentent. U n repos de cinq à six minutes fait espérer que les feux souterrains, qui ont causé ces désastres , sont éteints. Espoir illusoire! Les secousses r e c o m mencent a v e c autant de violence que les p r e mières ; e t , Ce qui les rend plus terribles, c'est qu'elles sont accompagnées de certaines c o m m o tions intérieures de la terre qui semblent repousser en haut tout ce qui touche à sa surface. A ce choc combiné a u c u n ouvrage humain ne résiste que foiblement : ce qui n'a voit été qu'ébranlé par les premiers m o u v e m e n s est bouleversé par ceux-ci. L a chute de tant d'édifices r é p a n d dans l'air une poussière épaisse qui gêné la respiration. T o u t e la nuit se passe dans une agitation continuelle ; des bruits souterrains , qu'on a p pelle le gouffre, se font entendre de temps en temps ; c h a c u n est dans l'incertitude du sort qui l'attend ; personne n'a jamais rien v u de semblable , et l'on appréhende que l'île entière ne soit submergée. L e jour enfin p a r o î t , et vient é c l a i r e r , p a r g r a dation, les désastres de la nuit. Quel c o u p - d ' œ i l , Tome II. D
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g r a n d D i e u , et sur-tout dans les villes! Ce qu'on appelloit le G o u v e r n e m e n t , l'Intendance, l'Eglise , l'Hôpital, tout cela n'est plus qu'un amas confus de pierres, de b o i s , et de meubles fracassés ; c h a c u n met la main à l ' œ u v r e , et tâche de sauver les débris de sa fortune. L e gouffre se fait cependant toujours entendre, la terre est de temps en temps agitée, et permet à peine a u x mains laborieuses l'exercice de leur courage. Les villes du P o r t - a u - P r i n c e , de L é o g a n e , et d u petit G o a v e , ont été renversées de fond en comble; des bourgs assez considérables, ont été plus ou moins maltraités. O n a v u paraître des sources d'eau chaude dans plusieurs endroits des mornes o ù il n'y avoit point eu d'eau auparavant ; elles ont tari depuis. Les parties du nord et du sud ont reçu peu de dommages : les quartiers du Port-auPrince , du cul - de - sac de L é o g a n e , du petit G o a v e , de N i p p e s , et d ' A q u i n , ont le plus souffert , la plaine du Cul-de-sac sur-tout, que l'on croit voisine du f o y e r , étoit méconnoissable, le lendemain de cette affreuse nuit. L a terre s'étoit entr'ouverte dans quelques h a bitations , et il sembloit que la charrue y eût passé. D e s mornes très-élevés, c o m m e la Selle-à-cheval, ont été tellement agités, qu'il n ' y restoit plus que le tuf, et que plusieurs chemins publics sont devenus impraticables. Heureusement qu'alors la plupart des habitans étoient à se promener sous leurs
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galeries, et qu'ils ont eu le temps de se j e t t e r a i t milieu des rues , qui sont très-larges. Si cet é v é n e ment étoit arrivé plus t ô t , les églises auraient servi de tombeau à un g r a n d nombre de citoyens, que la solemnité du jour y avoit rassemblés; quelques heures plus tard ils auraient presque tous péris sous les décombres de leurs maisons. M a l g r é les circonstances heureuses du jour et de l'heure qui les en tenoient éloignés , plusieurs cependant ont été victimes de ce terrible fléau ; e t , quoiqu'on n'en ait pas su le nombre au juste, o n peut assurer qu'il monte a u moins à quarante personnes à L é o g a n e , et à deux cents a u P o r t - a u Prince. L e s jours qui suivirent ce désastre, ne se passèrent pas tranquillement.La terre fut,durant le reste du mois, plus ou moins agitée ; etlegouffre s'est fait souvent entendre. Durant le mois de juillet, il y eut une vingtaine de secousses : on n'en c o m p t a que neuf durant tout le mois d'août; le nombre et l a violence ont toujours été en décroissant, le reste de l'année. E n 1 7 7 1 , la terre n'éprouva qu'une douzaine de secousses en différens temps, mais sans causer de d o m m a g e , parce qu'elles furent moins v i o lentes , et que les habitans avoient pris la p r é c a u tion de ne bâtir qu'en bois. L ' a n n é e 1772 fut encore plus tranquille. O n ne remarqua , dans le quartier du P o r t - a u - P r i n c e , D 2
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que sept secousses, s a v o i r , le 1 4 f é v r i e r , le 28 a v r i l , le 12 et le 1 7 mai, le i 3 , le 1 4 , et le 1 8 juin. E n 1 7 7 3 , il n'y eut qu'un tremblement déterre remarqua ble* au commencement de juin. Les e x h a laisons , qui se sont fait jour par les crevasses qu'on trou voit part-tout, ont corrompu la masse de l'air, et ont causé une espèce d'épidémie, qui s'est étendue jusqu'au C a p . Elle a enlevé un g r a n d n o m b r e d'habitans , sur-tout au P o r t - a u - P r i n c e , et au Cul-de-sac. A R T I C L E I V, Passage
à
Saint-Domingue.
L ' E u r o p é e n . D i t e s - m o i , je vous prie, c o m m e n t on doit s'y prendre pour se procurer un e m b a r quement ; quelle est la saison la plus favorable pour le faire; et si l'on t r o u v e , dans tous les ports de F r a n c e , des navires qui fassent voile pour l'île de S t . - D o m i n g u e ? L'Américain. L o r s q u ' o n se dispose à passer dans ce pays , il faut faire choix du port dans lequel on veut s'embarquer. Ceux o ù l'on trouve le plus communément des n a v i r e s , pour celte destination , sont B o r d e a u x , N a n t e s , et le H a v r e ; les ports de la R o c h e l l e , de M a r s e i l l e , et de D u n kerque , arment aussi quelques vaisseaux pour cette colonie. Les embarquemens les plus nom-.
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breux se font en avril et septembre, parce que c'est le temps le plus convenable à cette n a v i g a tion , pour profiler des vents alizés. A r r i v é dans un des ports ci-dessus désignés, o n v a à la Bourse pour s'informer des navires qui sont prêts à partir; on demande quel peut être le plus commode pour un passager; il faut demander aussi si le navire qu'on vous indiquera est bon voilier ; s'il n'est pas trop vieux de s e r v i c e , et si les officiers qui le commandent sont expérimentés; car le salut d'un vaisseau dépend souvent de la manière de manœuvrer. D'après tous ces renseig n e m e n s , on va chez l'armateur pour fixer le prix du passage. L ' E u r o p é e n . Quel est le prix qu'on paie pour aller à St.-Domingue? L'Américain. Pour être nourri à la table du capitaine, le prix ordinaire est de cinq à six cents l i v r e s ; mais si les moyens ne permettent pas de donner cette s o m m e , o n peut vivre à la table des officiers mariniers , qui sont , le maître d ' é q u i p a g e , le contre-maître, le charpentier , et le t o n nelier ; dans ce c a s , il n'en coûte que deux cent cinquante à trois cents livres pour le passage. L'Européen. Est-on o b l i g é , lorsqu'on retient une place pour son passage, de payer à l'armateur la totalité du prix c o n v e n u avec lui ? L'Américain.
N o n ; mais on donne ordinaire-
P
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H A B I T A N S
ment la moitié de la somme c o n v e n u e , attendit qu'on peut changer de façon de penser, en c h e r c h a n t e passer sur un autre navire que l'on croira plus commode et plus sûr. Alors la moitié du p r i x donné à l'armateur lui reste pour le dédommager de la dépense qu'il est sensé avoir été obligé de faire pour les provisions de bouche. L'Européen. versée?
Est-on bien nourri pendant la tra-
L"Américain. Il y a des capitaines qui font meilleure chère les uns que les autres ; mais pour l'ordinaire on vit assez bien. L'Européen. Quelles sont les provisions que lele capitaine embarque ordinairement pour sa table? L'Américain. A v a n t que de partir du p o r t , ON e m b a r q u e de la viande fraîche , pour quelques jours ; et, lorsqu'elle est c o n s o m m é e , o n fait usage des autres provisions. IL y a ordinairement à bord du navire deux ou trois cents volailles , p o u l e s , d i n d o n s , o i e s , et c a n a r d s ; le reste consiste en b œ u f s a l é , en jambons langues fourrées, saucissons, morues , r i z , œ u f s , et fèves. L e dessert est composé de fromage et de fruits secs ; on met aussi u n e couple de cochons et quelques moutons à bord d u navire , pour être tués durant la traversée. Les capitaines nantais sont assez dans l'usage d'embarquer quelques y
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vaches , pour vendre en A m é r i q u e ; ce qui fait qu'on profite du lait qu'elles peuvent donner. L'Européen des matelots.
Quelle est la nourriture ordinaire
L'Américain. Elle consiste en biscuits , qui sont des galettes de p a i n , passées deux fois au four d u b œ u f salé , de la morue , et des fèves. L'Européen. d u vaisseau ?
A v e z - v o u s des cuisiniers à b o r d
L'Américain. I l y en a ordinairement deux l'un qu'on n o m m e écuyer ou c h e f ; celui-là sert l'état-major, et les passagers. L e second s'appelle coq,, il sert de cuisinier à l'équipage. L ' é c u y e r est ordinairement b o u l a n g e r ; il pétrit, tous les d e u x o u trois j o u r s , pour fournir du pain frais à la table d u capitaine. L'Européen. E n outre des provisions d u n a v i r e est-il nécessaire d'avoir en particulier quelques petites douceurs ? L'Américain. O n peut se m u n i r de quelques sirops, c o m m e d'orgeat, de limon , et de vinaigre. Il est b o n aussi d'avoir quelques pots de confit u r e s , ainsi que des p r u n e a u x ; c a r ce fruit relâche b e a u c o u p lorsqu'on en prend l'infusion et qu'on? est échauffé.. L'Européen. L e s heures du repas s o n t - e l l e s réglées à bord ? D 4
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L' Américain. L e matin on fait la prière en c o m m u n , on déjeune à huit heures, on dîne à m i d i , on soupe à sept heures, et la, prière du soir se dit à huit heures ; ensuite c h a c u n se c o u c h e , si b o n lui semble, observant cependant de ne point faire de b r u i t , pour laisser aux gens de l'équipage le temps convenable à leur repos. L'Européen. navire ?
A v e z - v o u s un chirurgien sur le
L'Américain. Il y en a un sur c h a q u e vaisseau, et l'on y embarque aussi un coffre de chirurgie , qui contient une petite pharmacie. L'Européen. Est-il facile d'avoir un perruquier durant la traversée ? L'Américain. L a plupart des navires n ' o n t point de perruquiers à bord ; on est obligé , pour cet effet, d'avoir recours au plus adroit matelot ; c'est pourquoi je conseille à celui qui veut s'emb a r q u e r , d'apprendre à se raser l u i - m ê m e , il évite par ce m o y e n le désagrément de confier sa tête à des mains souvent mal-propres. L'Européen. du navire ?
T r o u v e z - v o u s un lit garni à bord
L'Américain. C e n'est point l'usage , il faut faire p r é p a r e r , avant que de s'embarquer , un couple de matelas de bord. Ils sont ordinairement de 18 à 20 pouces de l a r g e , sur environ 6 pieds d e long. O n se munit aussi d'un oreiller, d'une
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légère couverture , et d'une couple de paires de draps. L e lit se place dans une cabane pratiquée e x p r è s , soit dans une petite c h a m b r e particulière , soit dans la g r a n d ' c h a m b r e , le long des bordages du n a v i r e ; mais si l'on pouvoit se procurer u n cadre , au lieu d'une c a b a n e , on seroit moins i n c o m m o d é du roulis dans les mauvais temps; il n'y auroit que le désagrément de ne pouvoir se coucher dans le courant de ta j o u r n é e , parce q u ' o n démonte ces cadres pendant le jour, pour qu'ils ne gênent point. L'Européen. D e quelle manière l'équipage faitil le service à bord du vaisseau ? L'Américain. L'équipage est partagé en deux b a n d e s : l'une que l'on n o m m e tribord, c'est-àdire le côté à droite du n a v i r e , et l'autre babo d, du côté à gauche. C h a q u e côté est de service tour à tour pendant quatre heures ; c'est ce qu'on n o m m a faire le quart. L e côté qui n'est point de s e r v i c e , se repose en attendant son tour ; mais dans les momens de danger ou de nécessité, tout le monde de l'équipage est sur le p o n t , pour travailler à la manœuvre. L e s passagers prêtent aussi la main , dans des cas urgens. L'Européen. Est-il permis d'embarquer ce qu'on veut d'effets, et le port en est-il franc ? L'Américain. O n peut embarquer deux ou
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trois m a l l e s , qui sont sensées contenir les choses propres à son u s a g e ; mais si on avoit b e a u c o u p d'objets à e m b a r q u e r , il faudroit en payer le fret, suivant la quantité de tonneaux qu'ils p o u r roient contenir. L'Européen.
Qu'entendez-vous par tonneau
?
L'Américain. U n tonneau pèse ordinairement d e u x milliers, et c'est pour désigner la grandeur d'un vaisseau qu'on dit tel bâtiment contient trois ou quatre cents tonneaux. L'Européen. A v e z - v o u s la jouissance de toutes v o s malles à bord d u navire?' L'Américain. N o n ; il faut en garnir une d e toutes les choses dont on peut a v o i r besoin p e n dant la traversée; et lorsqu'on est obligé de l ' o u v r i r , il ne faut rien laisser traîner dehors, pour éviter a u x matelots les occasions de prendre. L e s autres malles sont serrées dans la c a l e , pour n e point embarrasser. L'Européen. Q u e l genre de vie mène-t-on pendant la traversée? L'Américain. O n s'occupe à la lecture, ainsi qu'à la m u s i q u e , lorsqu'il y a des a m a t e u r s ; et les personnes instruites se rassemblent pour passer agréablement le tempsL ' E u r o p é e n . L e navire fait-il relâche en allant à Saint-Domingue?
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L'Américain. Il n ' y a que les évènemens f â c h e u x qui puissent l ' y o b l i g e r , telle qu'une voie d ' e a u , le désempareraient des m a n œ u v r e s , et la fracture des mâts. L'Européen. la traversée?
C o m b i e n met-on de temps p o u r
L'Américain. Cela d é p e n d du vent ; lorsqu'il est f a v o r a b l e , la traversée est alors de q u a r a n t e à quarante-cinq jours. L'Européen. A v e z - v o u s , durant le v o y a g e , l'amusement de la pêche ? L'Américain. Lorsque le navire est en pleine m e r , on met des lignes d e h o r s , et l'on prend quelquefois des t h o n s , des bonites, des d o r a d e s , et des requins ; o n harponne aussi des marsouins. A R T I C L E
V.
Pacotille. L'Européen. Est-il a v a n t a g e u x pour la p e r sonne qui a de l'argent c o m p t a n t , de le porter a v e c elle dans la Colonie ? L'Américain. Il vaut beaucoup mieux le c o n vertir en une pacotille bien assortie, et dont l a vente soit convenable au p a y s ; p a r ce m o y e n , l'argent profite et d é d o m m a g e des frais q u ' o n peut avoir faits pour l'embarquement.
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L'Européen. Indiquez-moi , je vous prie , quelle espèce de pacotille on peut emporter pour Saint-Domingue ? L'Américain. Il y en a de deux sortes ; la première consiste en h u i l e , s a v o n , c h a n d e l l e s , f r o m a g e s , beurre, jambons, farine, v i n s , eaud e - v i e , liqueurs, confitures, et autres objets de consommation pour la bouche ; c'est ce qu'on appelle comestibles. L a seconde espèce est c o m posée de marchandises, comme toiles de toutes qualités, mouchoirs de tous p r i x , bas de. fil b l a n c , c h a p e a u x , basin, souliers, tant pour hommes que pour femmes, des modes faites clans le dernier goût , pièces de draps de diverses couleurs, soierie , indiennes à meubles, mousselines , taffetas u n i s , r u b a n s , parasols légers, un peu de parfumerie et de bijouterie, et de la petite clincaillerie. Il faut principalement que les objets de luxe soient des plus beaux et des plus à la mode. V o i l à ce qui forme la plus grande partie de la cargaison d'un navire; mais lorsque c'est une paticotille particulière, il vaut mieux se charger d'un assortiment en marchandises de la seconde sorte; et il faut les acheter de la première main , afin que les bénéfices soient plus considérables. L'Européen. S'il arrivoit que la pacotille se trouvât avariée dans le n a v i r e , sur qui peut-on avoir son recours ?
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ST.- D O M I N G U E .
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L'Américain. Si les marchandises étaient a v a riées par les évènemens de la m e r , comme tempêtes et mauvais temps , le capitaine alors n'en est point responsable, parce que, dans une pareille circonstance , il dresse un procès-verbal de l a . position dans laquelle il s'est trouvé; mais si elles étoient gâtées , faute de soin ou d'attention , elles demeurent alors à sa charge. L'Européen. Si la pacotille est considérable, n ' y a-t-il pas des moyens certains pour éviter de la perdre, dans tous les cas possibles ? L'Américain. Dans chaque port de F r a n c e il y a une chambre d'assurance , o ù les assureurs répondent de tous les évènemens , moyennant u n e taxe médiocre , qui varie du plus au m o i n s , suivant la longueur des voyages et la qualité des navires. Cette taxe augmente de beaucoup en temps de guerre, en raison des risques qu'il faut courir. A R T I C L E Moyens
de
V I .
fortune.
L'Européen. M e voilà parfaitement instruit pour ce qui concerne rembarquement ; dites-moi maintenant de quelle manière on peut s'employer utilement dans la Colonie ? L'Américain.
Il y a plusieurs moyens
qui
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peuvent conduire à la fortune. Il faut d ' a b o r d se procurer de bonnes lettres de recommandation pour les personnes qui sont en place dans le p a y s ; ces recommandations vous procurent un pied à terre en y arrivant, Si l'on est homme de l o i , on peut se placer chez un praticien; cet état y est des plus lucratifs, sur-tout lorsqu'on peut p a r venir à obtenir une commission d'officier de justice, attendu qu'il n'y a pas de charges v é nales , ni de maîtrise à payer dans les Colonies. Si l'on a du goût pour la culture, on peut faire alors un apprentissage dans cette partie ; cela vous conduit à être E c o n o m e , ensuite G é r e n t ; et la confiance que vous pouvez acquérir dans cet état, vous procure souvent des procurations ad Negotia. S i , au contraire, on ne veut pas prendre un de ces deux partis, et qu'on veuille se déterminer à faire le c o m m e r c e , on peut alors louer u n m a g a s i n , qu'on garnit de sa pacotille, et l'on p r e n d , par la suite, des marchandises à compte ouvert chez les capitaines; c e qui augmente insensiblement votre c o m m e r c e , au point de devenir ce qu'on appelle négocians; et la bonne réputation que vous pouvez vous faire, vous met quelquefois dans le cas de correspondre a v e c des maisons de commerce établies en F r a n c e , qui pourront vous charger de leurs affaires dans ce pays,
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S i vous entreprenez le c o m m e r c e , il faut que v o u s soyez surveillant à la rentrée de vos f o n d s , et ne pas trop vous livrer au crédit avec le premier v e n u ; c a r , dans ce p a y s , chacun est fort avide d'acheter; mais aussi beaucoup de personnes sont peu jalouses de payer. L'Européen. Quel est le terme de crédit que les capitaines accordent ? L'Américain. Ils accordent ordinairement six mois , après lesquels ils entrent en recouvrement; et ils sont les seuls, dans le commerce , auxquels o n accorde la contrainte par corps. L'Européen. L e s personnes qui savent un état trouvent-elles facilement de l'occupation dans la Colonie ? L'Américain. Ceux qui sont chapentiers , menuisiers, m a ç o n s , tonneliers, serruriers, c h a r r o n s , selliers, carrossiers, horlogers, o r f è v r e s , bijoutiers, tailleurs, perruquiers, y trouvent a i sément de l'emploi. L a main-d'œuvre s'y paie très-cher, et elles peuvent, par une bonne c o n d u i t e , se faire un sort très-honnête. Il y a encore deux autres états qui y sont trèsUtiles et très-lucratifs; ce sont ceux de médecin et de chirurgien. L e premier est souvent obligé de n'exercer que la c h i r u r g i e , parce qu'il trouve plus facilement à faire des abonnemens avec les habitans , pour soigner leurs nègres.
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A R T I C L E Influence
V I I .
du climat sur les Européens dans les colonies.
arrivant
L'Européen. Faut-il absolument que les n o u veaux débarqués paient un tribut au p a y s , et les maladies y sont-elles fréquentes ? L'Américain. Il y a beaucoup de personnes qui se trouvent exemptes de ce tribut qui est peu de c h o s e , lorsqu'on a l'attention de se faire bien soigner. A l'égard des maladies, on peut les éviter, en tenant un bonne conduite; c a r l a majeure partie des Européens n ' y périssent que par leur faute et leurs excès. Il ne faut point s'y livrer aux veillées, en passant les nuits, soit dans les assemblées, soit dans les tripots. O n doit éviter la débauche en boissons , et particulièrement en liqueurs fortes. 11 faut aussi être sobre sur l'article des femmes. O n ne doit point i m prudemment courir de la blanche à la négresse, de la négresse à la mulâtresse, et de la m u l â tresse successivement a u x différens degrés de c o u leur. Ces femmes, lubriques par tempérament ; énervent, en peu de temps, l'homme indiscret, et le plus grand nombre de ces f e m m e s , c o m muniquent les maux dont elles sont infectées. L e sang se dessèche chez la plupart des nouv e a u x débarqués; il s'allume; il s'embrase; un spasme s'étend dans toute l'organisation; aucune partie
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parue ne fait plus ses fonctions, parce que toutes ont perdu leur souplesse. Ces personnes' sont très-échauffées par une traversée qui les a c o m m e imprégnées d'un sel nuisible. Il faut alors faire usage de boissons rafraîchissantes; mais à mesure qu'on est plus a c c l i m a t é , se prescrire le v i n petit à petit. L'Européen. De quelle couleur sont les créoles, et que veut dire le mot créole ? L'Américain. Il y a des créoles de toutes c o u leurs, depuis le plus noir jusqu'au plus blanc ; et on appelle créoles, les personnes qui naissent dans le p a y s , n'importe de quelle couleur elles s o i e n t , afin de les distinguer des étrangers qui viennent s'y établir. On dit, par e x e m p l e , e n F r a n c e , un Parisien, un B r e t o n , un N o r m a n d ; p a r l a même raison, on dit également un créole de S a i n t - D o m i n g u e , de la G u a d e l o u p e , de la M a r t i n i q u e , etc. A R T I C L E Villes
et
V I I I . Tribunaux.
L'Européen. Y a-t-il des villes un peu considérables à S a i n t - D o m i n g u e ? L'Américain. Il y en a quelques unes; celles du premier ordre sont le C a p F r a n ç a i s , le Port au P r i n c e , les C a y e s , et L é o g a n e ; les autres sont Tome II. E
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Saint-Marc , le P o r t de Paix , le Port Dauphin , J a c m e l , J é r é m i e , Saint-Louis, le M ô l e SaintNicolas , et plusieurs bourgs. L'Européen. Il y a sûrement des Conseils supérieure dans la Colonie ? L'Américain. Il y en avoit autrefois deux ; savoir : un au C a p , et l'autre au Port au Prince ; mais celui du C a p a été réuni à celui du Port a u Prince. L'Européen. E n outre de ce Conseil supérieur, il doit sûrement y avoir des Jurisdictions particulières, ainsi que plusieurs paroisses ? L'Américain. O n y compte dix Jurisdictions particulières ; savoir : trois dans la partie du nord ; quatre dans celle de l'ouest; et trois dans la partie d u sud. A l'égard des paroisses, quarante - six cures partagent le territoire de la partie F r a n çaise ; savoir : vingt-cinq dans le ressort du Port a u P r i n c e , et vingt-une dans la dépendance du Cap. L e s premières sont desservies par des R e l i gieux D o m i n i c a i n s , sous l'autorité d'un Préfet Apostolique du même o r d r e ; et les autres sont dirigées par des C a p u c i n s , qui ont aussi leur Préfet Apostolique.
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S
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G M I N GU E .
A R T I C L E Intérieur
des
(*}
IX. Villes.
L'Européen. L e s villes de S a i n t - D o m i n g u e sont-elles bâties à peu près sur le même plan que celles de F r a n c e ? L'Américain. Elles en différent b e a u c o u p ; les rues y sont plus larges : elles sont divisées en petits îlets. Il y a très-peu de maisons à double étage, et elles sont entourées d'une galerie, qui garantit du soleil et de la pluie. L a construction des bâtimens est fort s i m p l e , attendu qu'on ne s'occupe que des distributions convenables pour se l o g e r , sans employer ni l'ornement ni la décoration. L'Européen. L'intérieur des maisons est - il aussi richement meublé que les appartemens en France ? L ' A m é r i c a i n . Il n'est point aussi garni de meubles; la plupart de ceux dont on se sert sont de bois d'acajou, ou de bois de cèdre; mais le faut est entretenu avec la plus grande propreté. C e u x qui méritent le plus d'attention, ce sont les lits, les b u r e a u x , et les armoires. A R T I C L E Propreté
et
X.
blanchissage.
L'Européen. J e crois que dans ce p a y s , tout le monde doit être fort propre ? E 2
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L'Américain. L a propreté y est même nécessaire pour l a santé ; on est dans l'usage de s'y baigner presque tous les jours, et on ne se met jamais au lit sans s'être fait laver les pieds. L'Européen. Il faut sans doute, dans un pays aussi c h a u d , changer tous les jours de linge? L'Américain. C'est ce qu'on fait aussi ; et c'est u n vrai plaisir, parce que le linge y est du plus b e a u blanc possible, et qu'il a une excellente odeur. L'Européen. Quels sont donc les moyens que les blanchisseuses emploient pour cet effet ? L'Américain. Elles se servent de lianes qu'on n o m m e lianes à s a v o n , ainsi que des oranges et des citrons, pour nettoyer le l i n g e ; et lorsqu'il est repassé, elles y mêlent des fleurs d'orangers, de citronniers, et de franchipanniers. L'Européen. Y a - t - i l dans la Colonie des femmes couturières ? L'Américain. Il y a , parmi les gens de couleur, des négresses et des mulâtresses qui cousent dans la dernière perfection ; mais leur ouvrage est trèsc h e r ; il en coûte, pour la façon d'une chemise, six l i v r e s , et même jusqu'à huit livres cinq sous.
DE
ST.- D O M I N G U E .
A R T I C L E Gens de L'Européen. couleur ?
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XI.
couleur.
Qu'entendez-vous par les gens de
L'Américain. Ce sont les nègres, les mulâtres, les quarterons, et autres sangs mêlés, qui sont nés libres, ou auxquels on a donné la liberté. L'Européen. Il y a probablement de ces genslà qui sont à leur aise ? L'Américain. Il y en a qui possèdent de trèsbelles habitations , et méritent , par leur m a nière de se comporter , l'estime et l'amitié des personnes honnêtes parmi les blancs. L'Européen. L e s blancs peuvent-ils, c o m m e en F r a n c e , se mettre en service ? L'Américain. L e blanc n'est point domestique dans ce pays : ce ne sont que les nègres ou m u lâtres esclaves qui y servent; et la première dépense qu'un Européen doit faire, en arrivant dans la C o l o n i e , est d'acheter un nègre pour le servir. A R T I C L E
XII.
Hospitalité. L'Européen. Il y a sans doute des auberges établies dans l'île ? E 3
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L'Américain. Il n'y a que les villes et les bourgs qui en soient pourvus ; mais lorsqu'on v o y a g e d'une ville à l'autre, ce qui ne se fait ordinairement qu'à c h e v a l , ou en voiture, on s'arrête, a u x heures des repas et du coucher, sur la première habitation qui se présente; les habitans se font u n v r a i plaisir de recevoir les personnes honnêtes; et s'il arrive que les domestiques, ou les c h e v a u x , soient trop fatigués, ils en prêtent des leurs pour continuer la route. A R T I C L E Animaux
domestiques,
XI et
II. Fabriques.
L'Européen. Il y a sans doute, dans l ' î l e , beaucoup d'animaux domestiques? L'Américain. Il n' y manque point de c h e v a u x , de mulets, et de bœufs. Les Espagnols en amènent b e a u c o u p ; la Nouvelle-Angleterre fournit pareillement une grande quantité d e chevaux anglais, et elle y transporte aussi beaucoup de planches et de bois de construction. L'Européen. T r o u v e - t - o n , dans la C o l o n i e , quelques fabriques à l'instar de celles d'Europe? L'Américain. Il n ' y en a a u c u n e , excepté celles qui sont analogues aux productions du p a y s ; telles que sucrerie, indigoterie, c a f é y è r e , et cotonnerie. Il faut absolument que tout ce qui est nécessaire
DE
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pour la vie et le vêtement, y soit apporté d'Europe; et c'est ce qui entretient le c o m m e r c e , par é c h a n g e , entre les Colonies et la T e r r e Ferme. A R T I C L E
X I V .
Nourriture. L ' E u r o p é e n . Quel r é g i m e de vie observe-t-on à Saint-Domingue? Les tables y sont-elles bien servies, et les mets y sont-ils bons ? L'Américain. D a n s ce p a y s , o ù l'on perd beaucoup par les transpirations abondantes, il est absolument nécessaire de s'y bien n o u r r i r ; et ce seroit être victime de soi-même que de lésiner sur cette dépense.. L e s tables, pour l'ordinaire, y sont toujours bien servies, tant en gras qu'en maigre. L a viande la moins b o n n e , c'est celle du b œ u f ; aussi n'en fait-on usage que pour se procurer du bouillon ; m a i s , en récompense, le m o u t o n , le c a b r i , le d i n d e , le p i g e o n , et le c a n a r d , y sont infiniment supérieurs à ceux de France. L a menue volaille est aussi très-bonne, et l'on y m a n g e des poules pintades qui sont délicieuses, sur-tout lorsqu'elles sont tuées maronnes, c'est-à-dire sauvages. O n y fait aussi beaucoup usage de viande de tortue, dont le goût approche de la chair du veau. Les poissons, qui s'y trouvent en a b o n d a n c e , sont E 4
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bons ; ils sont d'espèces différentes de ceux de F r a n c e , et il y en a plus de mer que de rivière. L ' o n y mange aussi beaucoup de crabes; les huîtres sont plus petites qu'en F r a n c e ; mais elles sont plus délicates au goût. L e pain y est le plus beau et le meilleur possible, parce que les armateurs de F r a n c e n'envoient à Saint-Domingue que la plus belle farine, qu'ils tirent de Moissac et de Montauban. Les navires Bordelais y fournissent la boisson; leurs vins sont souvent préférables au bon B o u r g o g n e , sur-tout lorsqu ils ont passé la mer. O n y sert aussi sur les tables les petites friandises, tant en pâtisserie qu'en sucrerie ; le dessert est composé des fruits du pays , ou naturels ou confits. Ces fruits sont l'orange, l'ananas, la sapo-. tille, l ' a b r i c o t , les pommes cannelles, la g r e n a d e , et les noix d'acajou préparées en cerneaux. Il y a aussi un fruit qu'on n o m m e avocat ; mais ce fruit ne se sert qu'avec les entrées. Il ressemble beaucoup à nos plus grosses poires ; la couleur de sa peau est d'un vert f o n c é , ou bien tirant sur le violet ; il renferme un gros n o y a u que l'on nomme par dérision procureur ; ce n o y a u est revêtu d'une chair jaune qui s'étend c o m m e du b e u r r e , selon qu'il est m û r , et dont le goût approche de celui de la noisette. L'orange y est excellente, et elle vaut celle de
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ST. - D O M I N G U E .
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Malte. L ' a n a n a s est le fruit le plus b e a u , le plus suave, et le meilleur qu'on puisse servir; il renferme un parfum qui se répand dans toute la maison lorsqu'on le coupe par rouelles ; on le coupe a i n s i , parce qu'on est dans l'usage de le tremper dans le v i n , ou l'eau-de-vie s u c r é e , pour lui ôter sa grande acidité. L a sapotille ressemble assez à une pomme de reinette grise : sa c h a i r , qui est délicieuse, est un peu rougeâtre; elle renferme deux ou trois graines n o i r e s , qui sont utiles dans les rétentions d'urine, en en faisant un lait d'amandes. L'abricot y est ordinairement gros c o m m e u n petit melon ; il est couvert d'une peau épaisse de couleur jaunâtre; sa c h a i r , qui est très-serrée, est d'un jaune foncé , et a un peu le goût et l'odeur de l'abricot de F r a n c e ; il renferme trois gros n o y a u x , dont l'amande ne vaut rien : ce fruit se m a n g e de m ê m e que l ' a n a n a s , parce qu'il est acide, Les melons français et espagnols y sont excellens. Il y a aussi des melons d'eau ; mais on n'en fait usage que dans le courant de l ' a p r è s - m i d i , pour se rafraîchir. Il y a encore beaucoup d'autres petits fruits dont je ne parle pas, parce qu'ils sont peu estimés,
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A R T I C L E La
X V .
Chasse.
L'Européen. L a chasse est-elle un délassement agréable dans ce p a y s , et le gibier y est-il a b o n dant ? L'Américain. L e s blancs y chassent fort p e u , parce que c'est un exercice trop fatigant, à cause de la chaleur. Il n ' y a que les hommes de couleur qui puissent s'en amuser : ils chassent particulièrement le cochon m a r r o n , qui habite les montagnes les plus élevées. A l'égard des volatiles, on y trouve d e la perdrix grise, des ortolans, des ramiers, des bécassines, des jingeons, des pluviers, des calçons à queue r o u g e , des perroquets, et d'autres petits oiseaux ; mais il n'y a aucune bête fauve dans l'île. L'Européen. Il n'y a d o n c point d'animaux qui soient dangereux ? L ' A m é r i c a i n . I l n'y a que le c a y m a n , qui est u n e espèce de crocodile, dont il est facile de se garantir ; les reptiles y sont peu c o m m u n s , et ne sont pas dangereux. A R T I C L E
XVI.
Auberges. L'Européen. D i t e s - m o i , je vous p r i e , ce qu'il en peut coûter à la personne q u i , ne faisant point
DE
S T . - D O M I N G U E .
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ordinaire chez elle, veut manger à l'auberge, ou se mettre en pension bourgeoise ? L'Américain. Si l'on m a n g e â l'auberge, il en coûte ordinairement huit livres cinq sous par repas; et si c'est au m o i s , on paie de cent cinquante à cent soixante livres par mois. Si l'on veut se nourrir dans une maison bourgeoise , la pension coûte alors deux cents livres par mois. A R
T I C L E L
XVII.
ogement.
L'Européen. C o m b i e n coûte un logement, et quelle est la dépense qu'on peut faire pour le perruquier et la blanchisseuse ? L'Américain. Si l'on se détermine à faire le c o m m e r c e , i l faut alors se loger dans les quartiers convenables à cet état ; les loyers y sont de trois à quatre mille livres par an ; mais si on veut habiter un quartier éloigné du c o m m e r c e , on peut y être logé pour la somme de douze à quinze cents livres par an. O n trouve aussi des chambres garnies ; elle; coûtent depuis soixante-six livres jusqu'à cent livres par m o i s , selon la commodité du l o gement. P o u r ce qui est du perruquier , il en coûte quinze livres par m o i s , et il fournit tout. L a blanchisseuse prend ordinairement dix-huit à vingt livres par mois.
76
M A N U E L
DES
H A B I T AN S
A R T I C L E
XVIII.
Habillemens. L'Européen. Les chaleurs étant à peu près égales à Saint-Domingue, quels sont les vêtemens qu'on y porte ? L'Américain O n se sert ordinairement de draps très-légers, de soierie, de toiles canadérises, de batiste écrue, de basin, et de nankin. L'article de la garde-robe y est très - dispendieux ; les étoffes et les toiles y coûtent fort c h e r , le drap y vaut de quatre-vingt à cent livres l'aune ; l a belle toile coûte quinze à seize livres l'aune ; la baptiste écrue dix à douze livres l'aune ; et le n a n k i n de dix-huit à vingt livres la pièce ; mais la soierie, soit en pièce, soit travaillée, y coûte fort cher. , . L'Européen. Quel peut être le prix pour l a fa çon des vêtemens ? L'Américain. Il en coûte pour la façon d'un habit trente-trois livres ; pour celle d'une veste seize livres ; et pour façon de culotte neuf livres : ce qui fait cinquante-huit livres pour le tout. L'Européen. Ne peut-on pas s'y vêtir à meilleur m a r c h é ? \\ . rail L'Américain. O n le peut, en achetant des habits tout faits chez les capitaines qui en apportent quelquefois de F r a n c e ; et si l'on veut profiter du f
DE
ST. - D O M I N G U E .
77
bon m a r c h é , il faut aller sussi aux ventes de l'amirauté. C'est dans cet endroit que les capitaines , qui sont prêts à partir de la colonie, pour revenir en F r a n c e , font porter les queues de leurs cargaisons , pour y être vendues publiquement. L'Européen. L a chapellerie, et la cordonnerie doivent y être aussi fort chères ? L'Américain. Les chapeliers vendent ordinairement u n c h a p e a u , un peu fin, quarante à q u a rante cinq livres ; et les cordonniers font payer une paire de souliers seize livres dix sols ; il est vrai qu'ils sont mieux faits et qu'ils durent plus longtemps que ceux qu'on achète tout faits dans les magasins , pour le prix de huit à neuf livres. A R T I C L E
X I X .
Monnoies. L'Européen. L ' a r g e n t , dont on se sert dans la c o l o n i e , est-il le même que celui de F r a n c e ? L'Américain. Il n ' y a que le louis d ' o r , l'écu de six l i v r e s , et celui de trois livres qui y aient cours ; et cet argent y augmente de la moitié de sa v a l e u r , parce que la livre tournois y vaut une livre dix sous, par conséquent le louis d'or compte pour trente-six livres ; mais l'argent des colonies diminue d'un tiers lorsqu'on veut le convertir en argent de France.
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M A N U E L
D E S
H A B I T A N S
L'argent dont on se sert ordinairement à SaintDomingue , est celui d'Espagne et de Portugal. O n n ' y voit aucune monnoie de billon ; la plus petite, et la moindre p i è c e , est d'argent ; elle y v a u t sept sols six deniers. Il y a en monnoie d'Espagne, le quadruple d ' o r , qui vaut cent vingt-six livres ; le demi-quadruple, soixante-trois livres ; le louis d'or, trente-une livres dix sols ; le demi-louis d'or, quinze livres quinze sous ; et le quart de louis d'or, sept livres sept sols six deniers. A l'égard des pièces d ' a r g e n t , on se sert de la gourde , autrement dite piastre forte, elle v a u t huit livres cinq sols; la demi - gourde vaut quatre livres deux sols six deniers ; le gourdin vaut deux livres u n sol trois deniers ; le demi - gourdin v a u t une livre sept deniers et demi ; et le quart de gourdin passe ordinairement pour sept sols six deniers. IL y a aussi la piastre simple qui vaut six livres ; la demi - piastre v a u t trois livres ; le double escalin v a u t une livre dix sols ; l'escalin simple v a u t quinze sols ; et le demi-escalin vaut sept sols six deniers. Il n ' y a en monnoie de Portugal que des pièces d'or ; s a v o i r , la double portugaise c o r d o n n é e , elle vaut cent trente-deux livres; la portugaise simple vaut soixante-six livres; la demi - portugaise vaut
DE ST. - D O M I N G U E . 79 trente-trois livres ; le quart de portugaise v a u t seize livres dix sols; et le demi-quart de portugaise, qui est la plus petite pièce d ' o r , vaut huit livres cinq sous.
A R T I C L E
X X .
Bois. L'Européen. Les bois qui viennent de la colon i e , sont-ils semblables à ceux de F r a n c e ? L'Américain. Ils sont d'espèces différentes, et je vais vous en donner une légère connoissance. C e u x que l'on trouve clans l'île sont : le bois d'acajou ondé et moucheté ; il sert à faire de trèsbeaux meubles ; le bois c o c h o n , et le bois b l a n c , servent à faire du merrain et des essentes; le bois de f e r , celui d ' a c o m a , et le bois enivré servent pour les batimens et les moulins; le bois d'amandier sert au charronnage ; la racine de figuier maudit sert à faire des gamelles; le bois palmiste est propre à faire des planches ; le bois m o n b a i n , le rais i n e u x , ainsi que le bois côtelette sont bons pour faire des entourages. Il y en a encore d'autres que que l'on nomme gris-gris , t a v e r n o n , m a p o u , et bois trompettes, etc. etc. V o i l à les principaux bois de St. Domingue.
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M A N U E L
DES
H A B I T A N S
A R T I C L E
XXI.
Spectacles. L'Européen. Y a-t-il des salles de spectacles à St.-Domingue, les habitans y sont-ils j o u e u r s , et y joue-t-on gros jeu. L ' A m é r i c a i n . Il y a quatre salles de spectacle assez jolies; la première est au Cap-Français, la seconde au Port-au-Prince, la troisième à SaintM a r c , et la quatrième aux Cayes. Les troupes de comédiens y sont assez bonnes. Il n'y a que deux sortes de places pour les blancs , savoir, les premières , loges et le parquet ; les personnes de couleurs, et qui sont libres, se mettent a u x secondes loges. Les premières loges se paient seize livres dix sols; le parquet huit livres, cinq sols ; et les secondes loges, quatre livres dix sols six deniers ; mais on a la facilité de s'abonner a u mois ou à l ' a n n é e , alors il en coûte moins. A l'égard du jeu , il n ' y a pas de pays où l'on joue plus gros j e u ; mais il faut y être très-surveill a n t , car il n'y manque pas de gens qui savent corriger la fortune; on doit aussi éviter de jouer dans les tripots, attendu que ces endroits sont pernicieux tant pour la santé que pour la bourse.
A
RTIC
LE
DE
ST.-DO
MING
A R T I C L E
8I
UE.
X X I
I.
Promenades. L'Européen.
Les
villes de St.-Domingue ont-
elles des promenades particulières ? L'Américain. L'usage est de se promener sur le soir le long des bords de la mer , ou bien dans les grands chemins, qui sont ordinairement bordés d'habitations bien entretenues. L ' E u r o p é e n . L e pittoresque du pays doit être bien agréable ? L'Américain. Il l'est en effet, et c'est une vraie jouissance que d'y voir les jardins des habitations; ils sont toujours des mieux p e i g n é s , et parfaitement entretenus. O n y voit en tout t e m p s , feuilles, fleurs et fruits ; l'odeur qu'on respiré est des plus s u a v e s , attendu que les haies vives qui ceignent les habitations, sont faites de citronniers o u de bois de c a m p ê c h e , et que la terre y produit beaucoup d'aromates. A R T I C L E
X X
III.
Femmes. L'Européen. O n dit que les femmes n ' y sont .pas difficiles , et qu'elles aiment les blancs ? L'Américain. Tome
L e s e x e , de quelque couleur II. F
82
MANUEL
DES
H A B I T A N S
qu'il soit, n ' y est effectivement point farouche. Les h o m m e s , pour se mettre à la mode du p a y s , vivent ordinairement avec une femme de couleur qu'on nomme ménagère ; mais c'est souvent le m o y e n d'envoyer son ménage à tous les diables, car ces sortes de femmes ne vous sont attachées qu'autant que vous faites des dépenses pour elles ; sitôt que les moyens de pouvoir satisfaire leurs caprices , qui sont aussi fréquens qu'excessifs , m a n q u e n t ; adieu la ménagère ; elle cherche fortune ailleurs, et elle vous quitte sans r e g r e t , à moins que vous n ' a y e z une seconde fortune à lui sacrifier. O n doit donc faire son c h o i x , et ne s'adresser q u ' a u n e femme qui puisse veiller à vos intérêts; il s'en trouve quelques unes de cette t r e m p e , mais elles sont rares. A R T I C L E
X X I V .
Esclaves. L'Européen. N ' y a-t-il dans l'île que les nègres qui travaillent à la terre ? L'Américain. O n n ' y emploie que ces sortes d'hommes , parce que les Européens ne p o u r voient pas résister à des travaux aussi pénibles, dans un climat si chaud. L'Européen: O n dit que les esclaves y sont très-malheureux, et qu'on exerce à leur égard de rudes châtimens ?
D E
S T.
- DOM I N G U E.
83
L'Américain. L'esclave y est moins à plaindre que ne le sont les paysans en France. Ce p r e mier , lorsqu'il est bon sujet , est amie de son maître , il est assuré de son logement et de sa subsistante ; et s'il a une petite famille, elle est à la charge de son m a î t r e , qui en a tout le soin possible; A l ' é g a r d des châtimens qu'on leur inflige lorsqu'ils ne se comportent pas bien , il n'y a que des maîtres injustes et inhumains qui passent les bornes. Lorsqu'on connoît des hommes aussi barbares, il faut les dénoncer à la justice ; c'est à elle à veiller et à empêcher ces sortes de v e x a tions ; elle doit même défendre l'achat des nègres à ceux qui ne savent pas les gouverner ; car quoique ces esclaves soient votre propriété , vous n'en êtes Cependant que le principal chef , et vous ne devez vous regarder que c o m m e p è r e d'une grande famille, à laquelle tous vos soins sont acquis. I A R T
I C L E
Fortune
des
X X V . Habitans.
L'Européen. L e s habitans de ce pays doivent être très-riches ? L'Américain. U n e grande partie des habitans de St.-Domingue sont fort riches en apparence ; mais ils doivent beaucoup aux n é g o c i a n s , parce
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M A N U E L
DES
H A B I T A N S
qu'ils ne savent point se modérer dans leur dépense. Il y a des habitans qui possèdent plusieurs habitations , et qui ont jusqu'à sept à huit cents nègres à eux appartenant. A R T I C L E Retour
en
X X V I . Europe.
L'Européen. Lorsqu'on veut quitter la colonie, pour revenir dans sa patrie, de quelle manière faut-il s'y prendre ? L'Américain. Q u a n d on se dispose à partir de l ' î l e , pour revenir en F r a n c e , il faut avoir soin de ramasser tous ses fonds , et ne laisser que le moins possible de recouvrement à faire après son d é p a r t , parce qu'étant éloigné du p a y s , il est fort difficile de s'en procurer la rentrée. Si c e pendant vous a v e z des habitations que vous ne vouliez pas vendre , attendu que leur produit est considérable, et vous assure une existence agréable, dont v o u s vous proposez de jouir dans votre patrie, v o u s devez alors charger de votre p r o c u ration une personne h o n n ê t e , qui mérite votre c o n f i a n c e , et dont les talens soient convenables à l'administration de vos biens. À l'égard de l'argent comptant que vous pouvez a v o i r , vous prenez des lettres de change tirées sur les meilleures maisons de commerce établies
DE
ST.-DO
M I N G U E.
85
dans les ports de F r a n c e , ou bien vous convertissez cet argent en achats de sucre, d ' i n d i g o , de c a f é , et de coton , dont vous chargez le navire que vous a v e z choisi pour revenir , a y a n t sur-tout le soin de faire assurer ces denrées. Il est aussi d'usage de faire publier, trois fois de suite, de huitaine en h u i t a i n e , dans les gazettes a m é r i c a i n e s , son d é p a r t , pour en donner connoissance aux personnes auxquelles on peut devoir : elles ont le droit de faire opposition à votre départ, si elles ne sont point satisfaites ; ce sont ces moyens-là qui établissent la confiance dans le crédit qu'on peut faire. L'Européen. Pour revenir en F r a n c e , le prix d u passage est-il le m ê m e que celui qu'on paie pour aller à Saint-Domingue ? L'Américain. Il en c o û t e , pour revenir en F r a n c e , mille à douze cents l i v r e s , argent des Colonies. L'Européen Revient-on de l'Amérique par la même route qu'on a tenue pour y aller ? L'Américain. O n y v a en faisant toujours route vers le sud ; m a i s , pour r e v e n i r , on fait route vers le n o r d , en passant à peu de distance d u banc de T e r r e - N e u v e , et quelquefois m ê m e sur le b a n c ; parce que les vents du nord sont plus convenables pour le retour. L a traversée est souvent très - l o n g u e , parce qu'on éprouve quelF 3
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M A N U E L
DES
H A B I T A N S
quefois des coups de vent furieux, dans différens parages. V o u s voilà suffisamment instruit sur les objets les plus intéressans relatifs la Colonie de SaintD o m i n g u e . D a n s le cas o ù vous vous détermineriez à y a l l e r , souvenez^vous qu'avec une bonne c o n d u i t e , on peut aisément y faire fortune.
\
DE
C
H
M A L A D I E S DE
S T . - D O M I N G U E .
A
P
I
T
R
E
V.
SAINT-DOMINGUE,
REMÈDES P R É S E R V A T I F S
87
ET
LEURS
ET CURATIFS.
J E termine m o n travail par le chapitre le plus intéressant. J'y parle des maladies communes à Saint D o m i n g u e , et des m o y e n s de les g u é r i r , simples et naturels , dont m o n expérience personnelle, et la voix p u b l i q u e , dans la C o l o n i e , attestent l'efficacité. C e dernier tableau est d'autant plus essentiel, que, malheureusement, il n'est pas rare de v o i r , dans les A n t i l l e s , l'ignorance ou la cupidité de l'empyrisme substituer opiniâtrement aux remèdes indigènes et p r o m p t s , de méthodes, de routines, compliquées, longues, pernicieuses, et trop souvent suivies des accidens les plus funestes. Je ne puis trop exhorter les personnes qui se disposent à passer dans l'île , les jeunes gens surtout, à se bien pénétrer des principes d'hygiène locale , que je vais sommairement développer. A R T I C L E
Salubrité
P R E M I E R .
du
climat.
L a sobriété est, plus q u ' a i l l e u r s , nécessaire dans les Colonies. Ce n'est point à l'air de SaintF 4
88
M A N U E L
D E S
H A B I T A N S
D o m i n g u e qu'il faut imputer les mortalités fréquentes qu'on y voit. Cet air est salubre; il ne porte avec lui aucune influence maligne. Cela est si v r a i , que les p u l m o n i q u e s , et les personnes attaquées des maladies q u i , ailleurs, conduisent à la m o r t , s'y rétablissent, lorsqu'elles veulent observer un régime e x a c t , mais moins gênant encore qu'en Europe. Les santés délicates, les tempéramens faibles et valétudinaires, y vivent bien plus long-temps qu'ils ne feroient dans des climats réputés meilleurs. Les anciens ont même fait une remarque s û r e ; c'est que les personnes qui arrivent d'Europe , a v e c la complexion la moins robuste, résistent ordinairement mieux au c l i m a t , que ceux qui apportent une constitution forte et vigoureuse. L e s tempéramens secs , peu chargés d'embonpoint o u de graisse, paroissent aussi plus propres au climat. L e s personnes sanguines, dont le visage empourpré dénote une abondance de sang porté à l'inflammation, sont encore dans le même cas. Les maladies ordinaires à Saint-Domingue y sont si peu compliquées, si faciles à guérir, quand le malade est assez raisonnable pour vouloir s'aider l u i - m ê m e , que les habitans, chargés du soin de guérir ou d'aider la nature, se contentent d'ordonner des remèdes fort simples, dont on ne se douterait presque p a s ; des rafraîchissans, des boissons légères , le tout composé avec certains v é g é t a u x
DE
ST.-DOMINGÛE.
89
du pays , ont long-temps formé toute la médecine dont on faisoit u s a g e , et il mouroit bien moins de monde. A R T I C L E
II.
L'air. L'air de Saint-Domingue n'est pas aussi pernicieux qu'on le croit c o m m u n é m e n t , et la s a l u brité est due à sa position entre les deux tropiques. Il est assez chaud pour exciter d'abondantes transpirations; m a i s , en même t e m p s , assez tempéré pour ne pas produire les mauvais effets des climats brûlans. L e s brises, ou vents journaliers qui y régnent, en rafraîchissant l'air, le condensent d'une manière très-sensible. L e vent qui s'élève la nuit est ordinairement frais, et celui du j o u r , s'il l'est m o i n s , à cause du soleil qui l'échauffé v i v e m e n t , a un autre a v a n t a g e , celui de dissiper les Vapeurs malignes que les premiers rayons élèvent dé la terre. Il est donc impossible que l'on respire long-temps un mauvais a i r , puisqu'il est sans cesse purifié, et par le v e n t , et par la chaleur. L'air de la plaine est bon; mats il n'est pas par-tout le meilleur ; ce qui dépend de la position et de la nature du vent qui y règne ordinairement, et du plus ou moins d'éloignement de la mer. L é vent du sud est trop chaud ; il
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M A N U E L
DES
H A B I T AN S
brûle et dessèche les corps c o m m e les plantes. Les montagnes reçoivent aussi, de leur situation, le bon ou le mauvais air qu'on y respire ; la plupart sont précieuses pour la culture, et la demeure en est f r a î c h e , sur-tout durant la n u i t ; car alors il faut se couvrir c o m m e dans les pays froids. A R T I C L E Les
III.
Eaux.
Les eaux sont plus ou moins b o n n e s , selon les terrains qu'elles traversent : elles passent souvent par des veines de mines qui leur communiquent u n levain pernicieux ; ce qui se remarque, à la l o n g u e , par l'usage q u ' o n en fait. L e s trois quarts des obstructions, dont les habitans se plaignent, ne proviennent que de cette cause. Il y en a à St.D o m i n g u e de toutes les espèces, et elles sont trèscommunes. Les eaux ferrugineuses, ou simplement rouillées, font un effet bien prompt et bien salutaire dans ces sortes de maladies. A R T I C L E Salubrité
des
I V. Sueurs.
Les sueurs sont très-salutaires d a n s é e p a y s ; mais je crois que la trop grande abondance c o n tinue devient nuisible, et qu'elle précipite peu
DE
ST.-DOMINGUE.
91
à peu dans la phthisie , la d i a r r h é e , et les autres maladies qui naissent de l'affaissement des solides. Il n'est pas moins certain que les sueurs font, en plusieurs o c c a s i o n s , un bien infini : elles g u é rissent m ê m e l ' h y d r o p i s i e , sans employer autre chose qu'un régime bien simple, O n ne nourrit les personnes attaquées de cette m a l a d i e , q u ' a v e c d u b i s c u i t , de la viande g r i l l é e , et du tafia, à discrétion. A R T I C L E Dangers
de la
VI. saignée.
L a saignée est, sous ce c i e l , le plus dangereux de tous les remèdes. J e pense que si on la supprimoit entièrement, o n conserveroit la vie à b e a u c o u p plus de n o u v e a u x arrivés. J ' a i observé qu'il n'en est presque p o i n t , q u e le libertinage public du p a y s ne séduise, à leur arrivée. L e s négresses, autant pour gagner de l'argent, que par esprit de d é b a u c h e , les viennent t r o u v e r , et font toutes les avances ; ceux-ci s'y livrent avec d'autant plus d ' a r d e u r , que la m e r qu'ils viennent d e quitter, échauffe extraordinairement : la fièvre survient b i e n t ô t , on les s a i g n e , et la m o r t , en ce c a s , est la suite inévitable. Q u a n t a u danger de la saignée, il est par-tout le m ê m e , dans presque toutes les m a l a d i e s , dont les hommes sont attaqués sous ce climat. Ce
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M A N U E L
DES
H A B I T A N S
remède est pernicieux et mortel pour tous les scorbutiques, maladie que l'air du pays semble donner ; mais q u i , a u v r a i , vient plutôt des m a u vaises boissons et des mauvais alimens. L e moindre séjour que l'on fait à S a i n t - D o m i n g u e , à la suite d'un v o y a g e qui n'y contribue pas moins, o c c a s i o n n e , dans tout le c o r p s , le développement et la fermentation de cet affreux l e v a i n , qui y germe sans cesse, et ne se déclare au d e h o r s , q u e l o n g temps après. A R T I C L E Le
V I .
Scorbut.
Il y a deux espèces de scorbut ; l'un de terre, et l'autre de mer. L e scorbut de mer n'est presque rien ; on le dissipe aisément p a r l'usage du c i t r o n , de l'oseille , du vinaigre , de la m o u t a r d e , de tous les a c i d e s , et m ê m e avec les plus légers anti-scorbutiques, lorsqu'ils sont appliqués à temps et dès le principe. L e progrès du scorbut de terre est plus o u moins l e n t , selon la différence des constitutions ; mais c o m m e celui de mer en pourroit bien être la première c a u s e , je dois remarquer que la mer resserre si fort, et que tout ce que l'on mange dans les traversées échauffe tellement, que les personnes qui ne sont point accoutumées à ces voyages s'en ressentent lorsqu'elles sont débarquées.
DE
ST.-DOMINGUE.
A R T I C L E Remède
et régime
contre
9
3
V I I . le
Scorbut.
Pour prévenir les suites que pourrait o c c a sionner un si g r a n d échauffement, il ne s'agit que d'user de lavemens, qui sont ici très-salutaires ; de recommander un peu la diète; d'ordonner des bouillons rafraîchissans; et pour boisson ordinaire une limonade légère faite avec l'orangesûre ou aigre. L a fièvre, qui n'est qu'accidentelle, cesse pour lors : il ne faut même pas attendre qu'elle prenne aux passagers. Aussitôt après leur a r r i v é e , on doit les faire traiter c o m m e je viens de dire. V o i c i le régime que je conseillerais à ceux qui viennent à Saint-Domingue. Il faut p r e m i è rement qu'ils ne fassent aucune attention ' à des discours qui ne tendent qu'à leur inspirer une terreur panique , tels que c e u x - c i ; Que le bonhomme Saint-Domingue ne pardonne guère ; qu'il faut que tout, le monde lui paie un tribut. C'est une imposture grossière, dont on devrait bien s'abstenir. C a r , combien y a-t-il de personnes dans l'île qui n'ont jamais été m a l a d e s ? L a frayeur qu'on inspire à la p l u p a r t , rend souvent très-dangereuse la plus légère indisposition qu'ils éprouvent. A u moindre mal de tête, à la migraine qui les
54 M A N U E L DES H A B I T A N S saisit, ils se croient déjà m o r t s , s'abandonnent au désespoir, et deviennent véritablement m a lades. Les remèdes n'agissent plus, parce q u e , de toutes les maladies la pire est celle qui frappe l'imagination. J'ai v u mourir des habitans, surtout les P r o v e n ç a u x , qui n'avoient que l'imagination frappée. ARTICLE VII I. Nécessité
des
rafraîchans.
Il faut, je le répète, se rafraîchir en arrivant; par des b a i n s , des lavemens simples, des m é decines légères, composées de casse et de m a n n e ; boire m ê m e , s'il est possible de vaincre là-dessus sa r é p u g n a n c e , d e l'eau de casse : c'est peut-être le plus excellent spécifique qu'il y ait sous ce c i e l , pour tempérer l'effervescence du sang. Mais il est singulier combien le tempérament y change. A u bout de quelques années de résidence, il faut quitter la casse ; son fréquent usage deviendrait m ê m e dangereux : elle refroidit trop l'estomac, q u i , alors , a besoin d'être réchauffé. ARTICLE IX. Régime
pour les anciens
habitans.
O n ne saurait être trop circonspect sur le traitement des maladies dont se trouvent attaquées
DE
S
T.
- DO
M IN G U
E.
95
les personnes, qui ont déjà fait quelque séjour dans la Colonie. Si leur estomac a besoin d'être débarrassé, il est nécessaire , e t même essentiel, d ene point employer les remèdes réfrigérans , ni tout ce qui est apéritif froid ; mais d'user de cordiaux et de diurétiques c h a u d s , qui font ici un effet merveilleux.
Régime
A R . T I C L E pour les nouveaux
X. débarqués.
Je conseille sur-tout a u x nouveaux débarqués de s'abstenir de tout ce qui peut les échauffer , comme l'excès du v i n , des femmes, des liqueurs, dont on fait ici un trop grand usage. Ils ne doivent pas moins fuir les veilles, le jeu continuel, l'ardeur,du soleil, en un mot , tout ce qui est capable d'exciter, le principe de chaleur qu'ils ont en eux. M a i s autant u n exercice violent leur est contraire, autant celui qui est modéré leur convient; car il n'y a point de pays au monde où il soit plus funeste de demeurer oisif. T o u s ceux qui s'occupent d'un travail r é g l é , s'y portent ordinairement bien ; au lieu que ceux qui s'y livrent à une nonchalance a b s o l u e , a c c u m u l e n t une quantité d'humeurs qui se répandent dans toutes les parties du corps.
96
M A N U E L
D E S H A B I T A NS
A R T I C L E Age
XI.
avancé des femmes.
L e s femmes sont la preuve de l a bonté du climat de S a i n t - D o m i n g u e : elles y atteignent u n âge t r è s - a v a n c é , et la chaleur d u pays fait q u e leurs accouchemens sont rarement laborieux. O n peut dire q u e c'est leur vrai paradis. L a p r o preté, si salutaire sous ce climat, pour s'y bien porter, ainsi que dans tous les pays chauds , y est leur véritable apanage : elles portent m ê m e c e soin jusqu'aux minuties L e s femmes créoles, par dessus t o u t , se lavent continuellement, et c h a n gent à tout moment de linge. Ces attentions contribuent à la santé, et les hommes doivent egalement s'en piquer, s'ils veulent vivre sains et trèsvieux. L a malpropreté y est si fort nuisible , que les Espagnols y sont presque tous attaqués des maladies de la p e a u .
A R T I C L E Les
X I I .
Dartres.
C e n'est pas que ces maladies soient rares c h e z n o u s ; mais elles n ' y sont que de la moindre esp è c e , que l'on fait passer aisément sans le s e cours de la médecine. U n e seule de ces maladies,, commune à S a i n t - D o m i n g u e , à laquelle o n n e sauroit
DE
S T . - D O M I N G U E .
97
sauroit s'empêcher de prendre garde sans cesse, pour ne point s'exposer à son atteinte , ce sont les d a r t r e s , dont quelques unes deviennent si t e n a c e s , que toute la pharmacie n'y peut rien. C'est un m a l h e u r qui n'arrive qu'à ceux dont le sang est vicié ou corrompu. O n en voit souvent passer en F r a n c e pour se faire g u é r i r , et qui en reviennent débarrassés, sans s'être fait traiter; parce que le seul changement de climat les leur a emportées : mais à peine sont-ils de retour dans la C o l o n i e , qu'elles reparaissent avec autant d'activité. Lorsqu'un principe vénérien en est la c a u s e , elles passent sans retour, en supprimant la source du m a l . Q u a n d l'âcreté du s a n g , qui est, en c e pays , u n inconvénient très-ordinaire , vient à s'y j o i n d r e , il faut bien se donner de garde de traiter le sujet par les grands remèdes. Cette cure y est si o p p o s é e , q u e , faisant passer les dartres dans le s a n g , elle les rend presque incurables. A R T I C L E Remède
et régime contre
X I I I . les
dartres.
Toutes les personnes attaquées de ce mal f â cheux et fort incommode , doivent renoncer à tous les irritans; se mettre au lait, dont on r e m a r q u e de fort bons effets ; se purger de temps en Tome II.
G
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M A N U E L
DES
H A B I T A N S
temps, et se servir d'un opiat souverain pour leur guérison ; en voici la recette : Prenez une quantité suffisante d'huile de c o p a h u ; le jus exprimé d'un citron ; une poignée de sel marin ; du soufre vif ou de la fleur ; mêlez le tout ensemble, et oignez la partie affligée, mais en frottant cette partie jusqu'à en faire sortir du sang. O n ne fera pas mal de commencer par prendre des bouillons rafraîchissans, et se purger avant et après. Il est inconcevable combien la conduite q u ' o n m è n e à Saint-Domingue occasionne de maladies , a u lieu q u ' a v e c plus de sobriété, et u n certain r é g i m e , on y jouiroit d'une santé inaltérable. A R T I C L E
X I V .
Spasme. L e c l i m a t , l ' a i r , sont l'excuse de tous nos i n tempérans. Il semble qu'on ne travaille ici que pour se satisfaire en tous genres d'excès; aussi en naît-il des suites aussi fatales au physique qu'au m o r a l . L e s cruelles opérations manuelles de la c h i rurgie deviennent souvent indispensables et funestes , car la plus légère amputation y cause la mort. C e que l'on appréhende le p l u s , dans toutes ces opérations, c'est le spasme. O n sait que c'est une
DE
ST. - D O M I N G U E .
99
maladie qui crispe les nerfs , et q u i , les raidissant, empêche leur flexibilité. Si l'on ne trouve le secret d'arrêter promptement l'effet de ce m a l , il se c o m munique bientôt dans toute la partie nerveuse , et le malade devient roide c o m m e une barre de fer. A R T I C L E Remède
contre
le
X V . spasme.
O n c r a i n t , dans la colonie , ce cruel accident pendant neuf jours , après une amputation ou une blessure périlleuse. J'en ai v u à qui un simple clou , entré par mégarde dans le p i e d , causoit le s p a s m e , et qui en mouroient. L e froid, dont o n est saisi a u moment d'une violente transpiration, produit aussi cette m a l a d i e ; mais elle est dans ce cas plus facile à guérir. Il ne faut oindre d'auc u n corps g r a s , ni frotter d'aucune liqueur, les personnes attaquées du spasme ; il suffit de les r e m u e r , de les agiter fortement, de les faire suer, les exposer à l'action d'un feu v i f , leur faire boire force v i n a i g r e , de l ' o x i m e l , en mettre dans leurs bains c h a u d s , les secouer violemment avec l'émét i q u e , et les plus forts sudorifiques. L e s nègres sont beaucoup plus sujets à ce mal que les b l a n c s , et les a n i m a u x encore plus que les nègres.
G 2
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DES
H A B I T A N S
A R T I C L E
X V I .
Diarrhées. Les diarrhées sont très-fréquentes à S a i n t - D o mingue ; c'est souvent le fruit ou de la débauche o u t r é e , ou du scorbut ; elles durent c o m m u n é m e n t l o n g - temps. Il y a des personnes qui les gardent plus de dix a n s , et quelques unes toute leur vie. Les diarrhées scorbutiques sont celles qui durent le m o i n s , elles conduisent bientôt au t o m b e a u , p a r ce qu'on songe rarement à y remédier dans le p r i n c i p e , que l'on néglige une maladie qui devient i n c u r a b l e , et que ceux qui en sont attaqués mangent avec voracité , ce qui ajoute un nouvel embarras à leur état déjà fâcheux ; ces malades contribuent m ê m e à s'enflammer l'intérieur, par les ragoûts dont ils usent , et le boissons qu'ils se permettent. Quelques uns s'embarquent à temps pour la F r a n c e , ils éprouvent alors combien le c h a n g e ment de climat leur est salutaire; ils se guérissent pendant la traversée, sans faire usage d'aucun remède ; mais ils ne sont pas plutôt revenus dans la C o l o n i e , que l'usage de ces mets assassins les fait retomber dans le même état ; au lieu que ceux qui ont assez d'empire sur eux pour s'en priver , se garantissent ordinairement d'une rechute aussi triste que pernicieuse.
101
DE ST.-Do M IN GUE. A R T I C L E Temps
le plus
salubre pour Domingue.
X V I I . arriver à S a i n t -
L a saison d'arriver à S a i n t - D o m i n g u e , pour ceux qui ne sont point faits a u climat, c'est l'hiver. Il n'y est pas m ê m e aussi froid que dans les parties les plus méridionales de la F r a n c e , puisque l'on va presque toujours vêtu à la légère; mais c'est u n temps pendant lequel la chaleur du soleil est r a l lentie. Les débarqués ont le loisir de s'accoutumer peu à peu au retour d'une saison plus chaude. C e prétendu h i v e r , lorsqu'il est p l u v i e u x , d e v i e n t , en revanche , bien fatal aux anciens habitans, dont souvent il occasione la mort. L e moindre rhume dégénère en fluxion de poitrine. L a chaleur de la journée oblige de ne se vêtir que très-peu ; mais avant le lever , et après le coucher du s o l e i l , on sent une fraîcheur qui supprime la transpiration, quand on n'est pas assez soigneux pour prévenir cet inconvénient. L e s nuits sur-tout exigent alors que l'on s u p p o r t e , malgré s o i , une couverture. L a principale partie d u corps que l'on doit couvrir a v e c soin, c'est l'estom a c ; ce viscère est ici le siège de tous les dérangement qu'éprouve la santé.
G
3
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M A N U E L
DES
A R T I C L E
H A B I T A N S
X V I I I .
Heures. Pendant cette espèce d'hiver il faut traiter les malades autrement qu'en été ; les fièvres m ê m e n e sont causées que par une suppression de sueur; les p o r e s , presque toujours ouverts, se referment subitement, et les humeurs qui sortoient par cette voie n a t u r e l l e , ne trouvant plus d'issue, refluent à l'intérieur o ù elles infectent la masse du s a n g , ou bien , elles s'attachent à des parties qu'elles o b s truent. U n e prise de bézoard est ordinairement s a l u taire ; pour la s a i g n é e , en cet é t a t , elle est d a n gereuse, et fort souvent mortelle. J e m e suis souvent guéri d'une fièvre très-violente, qui provenoit de cette c a u s e , en ne prenant que du t h é , et en m e couvrant beaucoup plus que de c o u t u m e , afin de rétablir la transpiration. J'en ai toujours été quille pour un seul accès. Cette fièvre commence par des symptômes effrayans; on ressent un froid v i f , et des douleurs aiguës dans toute l'habitude d u c o r p s , le m a l de tête n'est point e x c e p t é , et voilà ce qui épouvante et fait prendre le change. J'ai observé que l'on recherche ici le froid a v e c une sensualité qui nuit à beaucoup de personnes. L e s rhumatismes , et les fluxions , plus c o m m u n s qu'on ne se l'imagineroit, eu égard à la chaleur
DE S T . - D O M I N G U E .
103
du c l i m a t , naissent de là , et ces maux sont bien plus difficiles à guérir qu'ailleurs. Les maladies fiévreuses ne sont pas longues sous ce ciel ; les malades y voient promptement décider leur sort. Les jours non pairs sont pour eux les plus critiques ; il est rare que l'on aille jusqu'au onzième. O n voit peu de goutteux dans ce p a y s , quoique la débauche dût les rendre communs. Les plaies sont aussi peu dangereuses à la tête, de m ê m e que les coups de f e u , ou d'épée, qui se guérissent facilement ; les maux de jambes sont seulement en q u e l ques endroits difficiles à guérir. A R T I C L E Nécessité
des fréquens
X I X . purgatifs.
T o u t cela fait bien l'éloge de la pureté de l'air ; si on avoit soin de s'y purger de temps en t e m p s , pour diminuer l'abondance des humeurs , o n jouiroit toujours d'une bonne santé. M a l g r é les sueurs continuelles ( o n ne saurait trop le d i r e ) , les humeurs s'amassent avec une rapidité é t o n n a n t e ; elles deviennent l'origine de toutes les maladies. A R T I C L E
X X .
Malingres. C'est de cette source empestée que sortent les malingres,
espèce de plaie qui se forme elle-même G
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104 M A N U E L
DES
H A BIT AN S
d'une humeur scrophuleuse, par la pourriture des chairs. Ce mal s'attache le plus communément aux jambes. Combien de nègres sont par là rendus infirmes et inutiles à leurs maîtres ! Il n'est guère d'habitations où l'on ne voie de ces jambes monstrueuses que l'on a la sottise d'attribuer au poison , ou à des sortilèges. A R T I C L E Abondance
de remèdes
XXI. indigènes.
T o u t est médicinal sous ce climat fortuné. Les trois règnes, a n i m a l , végétal, et minéral y offrent les spécifiques les plus merveilleux ; mais les nègres sont presque les seuls qui en savent tirer parti. L ' a m o u r du gain séduit trop les personnes qui viennent dans cette colonie pour y exercer la m é decine et la chirurgie : elles pourroient s'occuper utilement à la connoissance des simples dont c e p a y s abonde , sans nuire par cette é t u d e , à leur fortune. Les fièvres se guérissent, à Saint-Domingue, par beaucoup de remèdes naturels au climat, les uns usent de la racine de citronniers, ou d'orangers, qu'il font infuser dans l'eau froide ou chaude. D'autres se servent de différens a m e r s , dont le p a y s abonde ; la plupart des plantes y étant d'une nature s a l u b r e , sur-tout les mangliers qui sont de véritables arbres de quinquina. J'ai v u l'écorce d u
DE
ST.-DOMINGUE.
105
manglier rouge , du bord de la m e r , faire passer très-promptement la fièvre. L a poincillade , très-joli arbrisseau , et trèsc o m m u n en ce p a y s , est un excellent fébrifuge ; on se sert indifféremment de la fleur ou de la r a cine. Il y a cependant des personnes qui préfèrent la seconde. L a salsepareille croît aussi c o m m u n é m e n t dans nos montagnes. Elle est la même que celle du L e vant ; elle sert également à faire des tisannes pour les maux vénériens, et ne paroît pas avoir moins de vertu. Sa boisson, par infusion, coupée avec du lait, est bonne pour agiter un sang trop épaissi; tout le m o n d e en devrait user fréquemment dans un pays o ù cette liqueur est sujette à ralentir souvent son action. L a squine , fort c o m m u n e en quelques unes de nos m o n t a g n e s , convient dans le traitement des maux vénériens; elle est propre aussi à purifier la masse du sang. L e catalogue de tous les spécifiques qui croissent dans le pays seroit immense : il est peu d'arbres , même fruitiers, qui n'en puissent fournir. L e g a y a c rend une g o m m e , dont les propriétés sont depuis long-temps c o n n u e s ; enfin, on trouverait de quoi soulager toutes les maladies,sans le secours des autres contrées. O n y peut extraire, pour le soulagement des douleurs , ou des autres maux
106
M A N U E L
DES
H A B I T A N S
qui proviennent des humeurs froides, des huiles et des graisses de quelques a n i m a u x , propres à donner de l'élasticité, ou remettre en mouvement les parties qui en sont affectées. L'huile de soldat ( ou Bernard-l'Hermite ) , qui est le poisson d'une espèce de coquillage, est excellente pour cela. L e ravet m ê m e , insecte qui habite les maisons, et où on le poursuit pour le détruire, est un sudorifique bienfaisant. L e baume de sucrier, qui est un a r b r e , découle abondamment de son tronc et de ses branches ; il réunit les mêmes vertus que le baume du Pérou , et celui de copahu de la G u y a n e ; ensorte q u e , pris ou appliqué, il est é g a lement salutaire. J e l'ai v u rétablir des estomacs délabrés qui ne pouvoient rien supporter. Il guérit promptement les coupures , et autres blessures faites avec un fer tranchant. L a noix du médicin i e r , arbrisseau naturel au p a y s , purge à la vérité v i o l e m m e n t , mais il seroit possible d'en corriger l'excès , et de rendre ce végétal un purgatif doux et utile. Le palma-christi est assez connu pour me dispenser de faire sa description détaillée. C'est un a r buste ; il porte des graines qui contiennent une humeur onctueuse, ressemblant à de la graisse ou du beurre. O u a n d on met bouillir ces graines, on ramasse cette graisse sur la superficie de l ' e a u , lorsqu'elle est exprimée à froid, l'huile qu'elle p r o cure devient un purgatif des plus doux.
DE
S T . - D O M I N G U E.
A R T I C L E Vers de
X X I I . Guinée.
C o m m e n o u s , les nègres sont sujets à toutes sortes de v e r s , mais ils sont particulièrement i n fectés d'une espèce particulière. C'est le ver de G u i n é e , d'une longueur démesurée , et d'une figure singulière. Il se tient entre cuir et c h a i r , où il se glisse dans toutes les parties intérieures de la peau , et y cause des tumeurs. O n tâche d'attirer ce ver au dehors , et il se montre souvent de luimême. Dès qu'il p a r o î t , on le roule sur quelque chose , et on le tire d o u c e m e n t , avec de grandes précautions ; c a r , si on venoit à le r o m p r e , tout ce qui en reste se pourrissant , occasionneroit u n état affreux au m a l a d e . I l faut donc être d o u é d'une grande patience pour enlever peu à p e u ce fatal insecte. A R T I C L E Remède
contre
le
X X I I I . ver de
Guinée.
C o m m e il ne réside point en des endroits où puissent parvenir les remèdes évacuans et les purgatifs , il n'y a donc que les scarifications, le boulon de feu, les plus violens caustiques, les c a taplasmes é m o l l i e n s , et tout ce qu'on a inventé de plus fort pour être appliqué sur la p e a u , qui soient capables de l'extirper.
108
M A N U E L
DES
H A B I T A N S .
Q u a n d , en le tirant en v i e , on sent la moindre résistance, il n'y a point à balancer ; il est nécessaire d'abandonner l'opération , jusqu'à ce qu'on trouve le moment o ù le v e r se prête de lui-même. O n l i e , et on attache fortement ce qui est en d e h o r s , en attendant l'instant favorable. Ces vers sont plats , quelques uns de couleur cendrée , et d'autres blancs. A R T I C L E Ver
X X I V .
solitaire.
L e ver solitaire tourmente ici c o m m e en Europe. Sa forme est encore plus extraordinaire que celle du ver de Guinée : il est fort long c o m m e lui, sans l'être néanmoins autant; à tête grosse , à peu près faite c o m m e celle du poisson n o m m é têtard. Son corps est composé d'une infinité de petits anneaux semblables à une chaîne : il a beau se r o m p r e , c e redoutable insecte reprend bientôt ce qu'il avoit p e r d u , et renaît a v e c assez de promptitude pour que l'animal ne perde rien de sa voracité. A R T I C L E Remède
contre
X X V .
le ver
solitaire.
V o i c i un remède bien simple, pratiqué devant moi par une négresse , sur une personne m o u rante , qui avoit épuisé toutes les ressources de
DE
ST.
-Do
M IN GUE.
109
La médecine. Elle ne lui fit avaler qu'un verre de jus de citron , dans lequel elle avoit délayé une ou deux pincées d e c e n d r e , n'importe de l a quelle. A p p a r e m m e n t que cette drogue empâte le vers et l'étouffé : quoiqu'il e n soit, le ver m o u r u t , et cette personne a v é c u avec un embonpoint qu'elle ne connoissoit pas auparavant. 11 faut ensuite beaucoup de purgations, afin d'expulser ce corps étranger , dont la corruption causerait certainement des maladies qu'il s'agit de prévenir. A R T I C L E Mal
X X V I .
d'estomac.
Ce qu'on appelle aux Iles m a l d'estomac, est une vraie cachexie dans tous ses symptômes, et qui se termine, c o m m e e l l e , par l'hydropisie. O n regarde c o m m e perdu un nègre qui en est attaqué ; quoiqu'on en guérisse quelques uns , le plus souvent ils retombent peu de temps après leur guérison. L e u r teint et toute leur peau deviennent olivâtres, ou couleur de feuille m o r t e ; la langue b l a n c h i t : ils sont essoufflés dès qu'ils marchent; le moindre mouvement les met hors d'haleine : ils sentent de l a douleur à la région épigastrique ; e t , c o m m e les nègres confondent toutes ces parties avec l'estomac, et qu'ils sentent, en effet, une chaleur et un tiraillement dans ce viscère, pro-
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M A N U E L
D E S
H A B I T A N S
duits par u n e grande f a i m , ils ont nommé cette maladie mal d'estomac. L e sommeil les accable sans cesse; ils sont languissans et sans forces, incapables d'aucun t r a v a i l , ni même d'aucun exercice. C'est un anéantissement , un affaissement total de la machine. Ils veulent être toujours couchés. O n est obligé de les battre pour les faire lever, et pour les faire marcher : quelques uns s'abandonnent et se d é couragent, au point qu'ils se laissent assommer de c o u p s , plutôt que de se lever. Ils ont tous les goûts dépravés qui a c c o m p a g n e n t la cachexie. L e s alimens doux et sains leur sont indifférens, m a l g r é leur faim : ils n'ont d'appétit que pour c e u x qui sont salés ou épicés. A p r è s avoir langui quelques mois , les jambes commencent à s'enfler; ensuite les cuisses, le v e n t r e , et la poitrine venant enfin à s'engorger, ils meurent étouffes. L'expérience a a p p r i s , dans nos î l e s , que la saignée étoit contraire à leur guérison. O n leur donne habituellement une boisson diaphorétique, que l'on rend martiale, en la faisant fermenter dans une vieille chaudière de fer. O n les purge d e temps en temps : on leur donne de bons alim e n s , et on leur fait faire de l'exercice malgré eux.
DE
S T . - D O M I N G U E .
A R T I C L E Causes
du mal
111
X X V I I . d'estomac.
Cette m a l a d i e , dont la source est, sans d o u t e , Un épaisissement du sang, qui engorge les v i s c è r e s , a plusieurs causes. Quelquefois elle peut provenir de la mauvaise nourriture que les nègres ont eue pendant leur traversée de Guinée en A m é r i q u e ; quelquefois aussi des mauvais alimens qu'ils ont dans nos îles m ê m e , chez les habitans qui ne leur en donnent point du tout, ou qui n ' e n donnent point assez ; et alors le besoin les oblige à prendre indifféremment tout ce qui se présente à eux. Une autre cause du mal d'estomac, très-commune e n c o r e , c'est que plusieurs de ces n è g r e s , venus de la côte de G u i n é e , mangent de la terre. C e n'est point par un goût d é p r a v é , c'està-dire par un suite seulement de leur maladie ; c'est une habitude contractée chez eux , où ils disent qu'ils mangent habituellement une certaine terre, dont le goût leur plaît, sans en être i n commodes. Ils recherchent chez nous la terre la plus approchaine de celle-là : celle qu'ils préfèrent o r dinairement est un tuf rouge-jaunâtre, très-comm u n dans nos îles. L e s nègres qui sont dans cet u s a g e , en sont si f r i a n d s , qu'il n ' y a point de châtimens qui puissent les empêcher d'en manger.
112
M A N U E L
DES
H A B I T A N S
Les blancs ne sont point sujets au mal d'estomac ; o u , quand ils L'éprouvent, les symptômes n'en sont pas tout à Fait les mêmes. Ils se prêtent a u x remèdes et a u x bonnes nourritures , ils s'efforcent d'eux-mêmes de faire de l'exercice; en un m o t , ce n'est pas un affaissement c o m m e celui des nègres. Ils désirent de g u é r i r , au lieu qu'alors, il semble indifférent aux nègres de mourir. O n a v u même que certains d'entr'eux ont le principe de la résurrection, ou de la m é t e m p s y c o s e , e t , qu'en m o u r a n t , ils croient s'en retourner chez eux. Toutes les circonstances propres à occasioner cette maladie parmi les n è g r e s , c o m m e la m a u vaise nourriture, l'expatriation, le chagrin , e t c . , n'ont pas lieu pour les nègres créoles. Ils ne doivent donc pas être sujets au mal d'estomac ; les exemples en sont très-rares. D'ailleurs, c o m m e ces sortes de malades sont très-lâches et très-paresseux, la vanité naturelle des nègres c r é o l e s , ou celle qui leur a été inspirée adroitement, sur cela, par leurs maîtres, leur fait craindre et éviter a v e c soin le mal d'estomac. Cette maladie d é n o tant la fainéantise, ils la redoutent c o m m e une sorte d'humiliation ou de déshonneur pour eux. O n les a habitués à penser qu'elle n'appartient qu'à des nègres de G u i n é e , que les créoles m é prisent , et qu'ils regardent c o m m e des hommes machines. A R T I C L E
DE
S T . - D O M I N G U E .
A R T I C L E
X X V I I I .
Pians. L e s pians sont une maladie originairement particulière aux n è g r e s ; mais on voit aujourd'hui des blancs crapuleux en être infectés. Ces pians sont des boutons purulens, qui s'élèvent de toutes les parties de la p e a u , et q u i , pleins de v i r u s , indiquent le mal le plus enraciné. L e mercure ne suffit pas pour guérir toutà-fait les pians; il est aussi nécessaire d'appliquer des onguens qui les dessèchent. L a tisane de la Martinique ou de la G u a d e l o u p e , ( car elle porte l'un et l'autre n o m ) sert maintenant à traiter tous les m a u x vénériens. Quoiqu'il faille avoir une forte constitution pour soutenir u n remède q u i ne convient pas à tous les t e m p é r a m e n s , quelque& blancs s'en servent a v e c autant de succès que les nègres. A R T I C L E Remède
contre
X X I X . les
Pians.
Prenez salsepareille, fendue et coupée de la longueur d'un p o u c e , deux onces; esquine coupée et s é c h é e , deux onces : mettez ces drogues dans u n pot de terre vernissé ' plein de deux bouteilles d'eau. P r e n e z , avec un b â t o n , la mesure de la hauteur de ce qui est dans le pot : ajoutez quatre Tome II.
H
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M A N U E L
DES
H A B I T AN S
autres bouteilles d ' e a u , et deux onces d'antimoine c r u , qui sera pilé et enfermé dans u n l i n g e , et suspendu dans le pot. Faites bouillir ensuite à petit feu é g a l , jusqu'à ce qu'il ne reste plus que d e u x bouteilles. T i r e z - l e s , et remplissez après cela le m ê m e pot de nouvelle e a u , qu'on fera bouillir sur le m a r c . Il faut prendre une bouteille de la première e a u , p a r j o u r , en trois f o i s , de g r a n d m a t i n , à m i d i , et le soir. L e régime est de ne m a n g e r que du biscuit et de la viande grillée ; de n'user , pour toute boisson, que de la seconde e a u , avec laquelle o n l a v e aussi les malingres que pourroit avoir le malade. A R T I C L E Autre
remède moins
X X X . violent.
Cette tisane est b o n n e ; mais il faut des tempéramens de nègres pour la pouvoir supporter. J'ai v u des blancs dans l'état le plus fâcheux , la r e n d r e , et être radicalement guéris. J e donnerai ci-après la composition d'une autre tisane, moins c o m p l i q u é e , que l'on dit avoir été inventée par les nègres : elle n'est guère moins v i o l e n t e , plus s i m p l e , et produit les mêmes bons effets. O n met infuser et fermenter , dans un g r a n d vase de terre vernissé, de la salsepareille et d u sucre b r u t , à la dose de deux onces de chaque
DE
St.-DOMINGUE.
115
d r o g u e , sur une bouteille d'eau, O n expose cette infusion a u plus fort soleil , pendant dix-huit j o u r s ; a u bout de ce temps on en remplit des bouteilles , et l'on remet de nouvelle eau sur le m ê m e m a r c , que l'on expose encore au soleil pendant six ou sept jours. L e malade boit trois fois par jour de la p r e mière infusion, et la seconde lui sert pour boire à sa soif dans le courant de la journée. Il ne vit que d'alimens s e c s , c o m m e biscuit ou cassave , et de viande de boucherie grillée ou rôtie. Q u a rante jours suffisent pour parfaite guérison ; s'il y a des ulcères on les lave avec la seconde infusion. Il faut commencer par baigner le malade c i n q Ou six jours de suite ; il doit travailler, parce qu'il faut suer , il faut aussi qu'il se purge. Celui à qui CE remède réussit, engraisse à vue d'œil à la suite d u traitement. A R T I C L E Maux
de
X X X I . jambes.
Les nègres sont susceptibles de maladies parti culières sous ce climat , dont nous p a r o i s s o n s exempts. I l s y éprouvent des m a u x de j a m b e s , ils lie sont pas m ê m e rares ; mais on n'a v u a u c u n b l a n c , quelque vie misérable qu'il m è n e , quelque liaison qu'il ait avec les n o i r s , en avoir de semblables aux leurs.
H 2
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M A N U E L
DES
H A B I T A N S
Ils ont donc des m a u x de jambes et de pieds , qui leur sont particuliers : les plus forts caustiques n ' y font r i e n ; il en est quelques uns de légers qu'on guérit avec le v i t r i o l , le vert-de-gris , et les autres remèdes que la chirurgie emploie pour détruire les chairs pourries et gangrenées. Il y en a dont le vice est tel qu'il résiste à tout. I es m a u x de la moindre espèce en ce genre , sont les crabes et les g u i g n e s , qui naissent a u x nègres sous la plante des pieds. Il y faut remédier dans l'origine, parce qu'ils a c q u i è r e n t , en vieillissant , une malignité qui en rend l'extirpation difficile. C e sont des chairs d u r e s , calleuses, qui s'élèvent au dessus de la p e a u , et qui ont des ramifications ou r a cines qui les font végéter et croître insensiblement , de sorte que le malade ne peut bientôt plus marcher. A R T I C L E Remède
des nègres contre
X X X I I . la fièvre et
d'autres
maladies. L e s nègres traitent e u x - m ê m e s , assez h e u r e u sement , le plus grand nombre de leurs maladies. V o i c i ce que j'ai pu découvrir de leurs remèdes , la plupart d'entre e u x , sur-tout les plus habiles , gardant un secret inviolable sur la connoissance qu'ils ont de la vertu de quantité de simples que
DE
ST.-DOMINGUE.
117
nous ne connoissons p a s , à beaucoup p r è s , si bien qu'eux. L'habitude des nègres qui veulent guérir des fièvres est de se jeter dans l'eau la plus f r o i d e , de s'y baigner , et de se mettre sur la tête des herbes fraîches qu'ils arrachent au fond des r a vines ou des rivières. Ces herbes se changent d'instant en instant, et se retirent toujours aussi chaudes que si on les eût fait bouillir. Elles procurent de fortes transpirations , et débarrassent sur tout la tête. J'ai éprouvé ce remède sur moi-même. D e u x sortes d'herbes servent a u x nègres pour l'usage ci-dessus marqué : la première est une espèce de p o u r p i e r , à qui ils donnent en effet le n o m de pourpier sauvage aquatique ; l'autre espèce de s i m p l e , propre à chasser la fièvre, est appelée par les n è g r e s , herbe à p i m e n t , nom qui lui convient à cause de son goût. Cette herbe ne r a m p e point c o m m e la précédente ; elle s'élève droite , et peu chargée de branches. L e pois puant est aussi employé dans les fièvres par les nègres : mais sa plus grande vertu est d'être un vermifuge excellent., O n le prend par infusion c o m m e le t h é , quoique ce soit la boisson la plus désagréable. Il y en a de plus d'une espèce : la véritable, et la plus c o m m u n e , est un arbuste extrêmement b r a n c h u , dont la feuille est petite, r o n d e , d'un assez beau v e r t , mais d'une puanteur insupportable ; l a fleur est jaune , et H
3
118
M A N U E L
DES
H A B I T A N S
donne un pois dont la gousse ressemble beaucoup à celle de la plante qu'on n o m m e en F r a n c e , la vesce ; sa racine a les mêmes qualités que le reste de la plante. L a verveine puante , qui est fort c o m m u n e , sert aux nègres à faire des cataplasmes salutaires pour toutes sortes de coliques. Ils en composent aussi des tisanes souveraines, soit pour l a c o lique , les pertes blanches des f e m m e s , p o u r les filles m a l réglées , soit pour d'autres m a u x c o m muns aux deux sexes. C'est alors de la racine dont ils u s e n t , infusée à froid ou à chaud. L ' h e r b e à charpentier, connue aujourd'hui en E u r o p e , et dont on fait un sirop aussi agréable que bienfaisant , pour les poitrines d é r a n g é e s , vient encore à S a i n t - D o m i n g u e , où elle croît naturellement. Il y en a de deux espèces, la franche et la b â tarde. Il seroit difficile de s'y tromper ; la première et la véritable ayant une odeur flatteuse , au lieu que la seconde en a une tout-à-fait désagréable. Cependant elles sont également utiles ; les nègres les mêlent e n s e m b l e , pour en composer des cataplasmes qui résolvent les abcès les plus d u r s ; ils y ajoutent quelquefois de la verveine, de la feuille de prunier m o n b i n , du bourgeon de patate et autres émolliens, Ils se servent aussi de l'herbe à charpentier pour toutes les douleurs internes, m a l de c ô t é , maux de g o r g e , gonflement d'amygdales,
DE S T.-Do MINGUE.
119
g l a n d e s , etc. L a sauge a m é r i c a i n e , et la p i m p r e nelle s a u v a g e , entrent dans presque tous leurs r e mèdes internes du externes. E n f i n , les nègres usent c o m m e nous de toutes les espèces de cresson, qu'ils emploient indifféremment en cataplasmes, ou en boissons froides et chaudes. Ils reconnoissent, de m ê m e que nous , q u e la meilleure espèce est le cresson de savane ; c'est le plus excellent anti-scorbutique qu'il y ait au monde. L ' h e r b e carrée est encore d'un g r a n d usage p o u r les négresses : elles s'en servent en tisanes dans les maladies occasionnées par la m a t r i c e , et vapeurs hystériques qu'elles nomment m a l de mère. L ' h e r b e à b l é , dont les c a m p a g n e s sont pleines, g u é r i t , selon e u x , les contusions , les meurtrissures , les abcès , et les plaies incurables p o u r notre pharmacie. Ils la font bouillir à petit f e u , ils en forment u n e sorte d'onguent qu'ils a p p l i quent sur la p l a i e , après l'avoir l a v é e a v e c d u tafia ; cette herbe ressemble à celle d'Europe. L e s nègres se servent aussi d'un n o m b r e infini de caustiques , pour m o r d r e sur les c h a i r s , faire aboutir les tumeurs les plus d u r e s , et de la plup a r t desquels nous n'oserions n o u s aviser. L a feuille de tabac et son suc ne sont pas les moindres remèdes que quelques u n s d'eux emploient efficaH4
120
M A N U E L
DES
H A B I T A N S
cement. C'est ce qui fait que dans les m a u x v é n é r i e n s , ils réussissant beaucoup mieux que nous, sans le secours du mercure , dont ils ignorent l a préparation et l'usage. Ils se servent fréquemment de la liane à M i n guet ; ils l'appliquent sur les plaies où il y a i n flammation, en exprimant le suc dessus , et c o u vrent ensuite le mal d'une feuille entière qu'ils ont fait passer, légèrement au feu ; c'est un fort b o n suppuratif. Cette plante a b e a u c o u p de rapport avec la vigne , rampe c o m m e elle, monte et s'entrelace dans les haies ou autour des arbres. Ils attribuent aussi à la liane à M i n g u e t , la vertu d'arrêter les plus violents m a u x de t ê t e , en l'appliquant dessus. L a liane à médecine est aussi un purgatif fort et v i g o u r e u x . ; on se sert du b o i s , dont on prend une brasse en longueur , depuis Une main jusqu'à l ' a u t r e , les bras étendus : c'est la mesure que l'on coupe par petits morceaux. On les met ensuite infuser le soir dans de l'eau , jusqu'au lendemain malin ; l'on avale, cette eau , après l'avoir passée au travers d'un linge. On ne tarde pas à en ressentir l'effet. Si l'on est trop m e n é , une rôtie a u vin et au sucre arrête sur-le-champ la superpurgation. L a liane à vers sert aux nègres p o u r toutes les maladies que les vers causent à leurs enfans. C'est une sorte de bois laiteux. Ils le font bouillir
DE
S T . - D O M I N G U E .
121
pour les enfans déjà grands, et simplement tremper dans l'eau pour ceux qui sont trop jeunes ; ils prétendent que c'est un des meilleurs carminatifs. L a liane nommée langue à chat leur est propre pour appliquer sur les contusions, meurtrissures, ou plaies e n t a m é e s , mais il ne font usage que de sa feuille. V o i l à ce que j ' a i pu recueillir de plus précis sur les remèdes des nègres ; mais je suis bien éloigné de penser que ce soit là où se bornent toutes leurs conniossances en médecine ; je leur ai v u pratiquer d'autres remèdes , dont il m ' a été impossible de leur arracher le secret. Quelqu'un sera peut-être plus h e u r e u x que m o i . Il faut gagner leur c o n f i a n c e , comme' je l'ai fait; mais n'ayant point de principes certains , et ne parlant que d'une routine apportée de différens p a y s , il n'est guère possible de réunir les c o u noissances qui sont éparses entr'eux.
A V I S . N o u s a v o n s c r u r e n d r e un s e r v i c e i m p o r t a n t a u x h a b i t a n s d e S a i n t - D o m i n g u e , en j o i g n a n t a u x e x p é r i e n c e s p r a t i q u e s d e M . Ducœur-Joly
, les p r é c e p t e s d'un m é -
decin , q u i , p a r un séjour d e q u a t o r z e a n n é e s d a n s c e t t e Colonie,
apprit à y
sur le t e m p é r a m e n t Nègres.
A m i des
portes
médecin
,
santé aux maladie
l'influence
prodiguer
d e l'hôpital d u
établissement
de
climat
Pompée-Dess e s soins e t
sa
Cap Français,
et
s o i x a n t e lits. C h a q u e
é t o i t p o u r lui u n o b j e t d ' é t u d e ,
g n o i t d a n s un
du
la s a n t é d e s
h o m m e s , on vit M . du R o i ,
malades
a u g m e n t e r cet
connoitre
des Européens , et
j o u r n a l le s u c c è s d e s e s
et il
consi-
remèdes,
ses
e r r e u r s , e t les h e u r e u x effets d e s m é d i c a m e n s d'un p a y s o ù la P r o v i d e n c e s e m b l e avoir p r o d i g u é a v e c un
soin
particulier les p l a n t e s q u i p e u v e n t s o u l a g e r les h o m m e s dans leurs maladies. utile
qu'en
Sentant
j o i g n a n t à la
q u e l'on
ne
pratique une
peut être
longue
expé-
r i e n c e , il a v o u l u p r o l o n g é e son e x i s t e n c e , son s a v o i r , e t s e s b i e n f a i t s a u - d e l à du t o m b e a u , e n é c r i v a n t trois o u v r a g e s s u r l'art d e g u é r i r . D a n s le p r e m i e r s e t r o u v e l'histoire
d e t o u t e s les m a l a d i e s les p l u s c o m m u n e s
S a i n t - D o m i n g u e : le s e c o n d e s t
une
à
p h a r m a c o p é e où
s o n t unis a u x r e m è d e s u s i t é s en E u r o p e t o u s c e u x n a t u r e l s à c e t t e île ; plantes
et
le
m e t t r e s o u s les y e u x d e utile ?
troisième
e s t un
usuelles de Saint - D o m i n g u e . nos
traité
des
Pouvions - nous
l e c t e u r s un o u v r a g e p l u s
MÉDECINE D O M E S T I Q U E
DE S A I N T - D O M I N G U E .
C H A P I T R E
P R E M I E R .
C A U S E S ET I N D I C A T I O N S DES MALADIES DES HABITANS DE S A I N T - D O M I N G U E .
L'ÎLE
de S a i n t - D o m i n g u e , située entre d i x - h u i t et
v i n g t d e g r é s d e l a t i t u d e , est c o u p é e , d a n s t o u t e s a l o n g u e u r , p a r u n e e h a î n e d e m o n t a g n e s , o ù l'on t r o u v e d i f f é r e n t e s e s p è c e s d e minéraux. D e c e s m o n t a g n e s d e s c e n d e n t q u a n t i t é d e r i v i è r e s o u r u i s s e a u x qui f o r m e n t , d a n s les p l u i e s a b o n d a n t e s , d e s t o r r e n s qui
entraînent
d e s t e r r e s et d e s s u b s t a n c e s d e différente n a t u r e , q u ' i l s r é p a n d e n t sur t o u t e s l e s e s t è r e s . O n n o m m e Estères,
en
A m é r i q u e , l e s r i v a g e s q u i s o n t d e n i v e a u a v e c la m e r b a s s e , et q u ' e l l e
c o u v r e d a n s le
flux.
L e s deux
tiers
d e S a i n t - D o m i n g u e sont e s t è r e s , c ' e s t - à - d i r e d e s s a l i n e s t r è s - b o u e u s e s et m a r é c a g e u s e s , r e m p l i e s d e m a n g l e s o u j a m b e s de chien. L e m é l a n g e d e t e s t e r r e s , et a u t r e s diverses substances, abreuvées , par intervalles,
d'une
e a u , partie d o u c e , partie s a l é e , sur-tout dans les trous
124
MÉDECINE
d e s c r a b e s , q u i fixent l e u r d e m e u r e clans c e s endroits, e t d o n t le n o m b r e e s t si c o n s i d é r a b l e , q u e , d a n s l ' e s p a c e d'un p i e d c u b e , o n en p o u r r o i t c o m p t e r p l u s d e c i n q u a n t e p l u s o u m o i n s g r a n d s , s u i v a n t la g r o s s e u r d e c e t a m p h i b i e : le m é l a n g e , d i s - j e , d e c e s s u b s t a n c e s e s t c o m m e le foyer e t la m a t i è r e d e s e x h a l a i s o n s qui c o r r o m p e n t l'air , d o n t l'odeur b i t u m i n e u s e fait a s s e z c o n n o i t r e la m a u v a i s e q u a l i t é . L a g r a n d e q u a n t i t é d e Maringouins et d e Moustiques, insectes plus petits q u e les p r e m i e r s , et dont la p i q u u r e b r û l a n t e laisse u n e cuisson c o n s i d é r a b l e , e s t aussi u n e i n c o m m o d i t é p r e s q u e continuelle d a n s les h a b i t a t i o n s voisines d e s e s t è r e s . C e s insectes n ' é c l o s e n t q u e dans les e a u x q u i sont c o r r o m p u e s , ou q u i commencent à se corompre. L ' h u m i d i t é e x c e s s i v e , u n air c h a u d et b r û l a n t , les e x h a l a i s o n s p u t r i d e s d e t o u t e s s o r t e s d e s u b s t a n c e s , nous font a s s e z sentir q u e l c a r a c t è r e d e p o u r r i t u r e c e t t e a t m o s p h è r e doit i m p r i m e r aux c o r p s o r g a n i q u e s d e s a n i m a u x . L a m u l t i p l i c a t i o n d e s insectes e s t un signe p r e s q u e u n i v e r s e l d e la constitution p u t r i d e d e l ' a i r ; et la p l u p a r t d e s m a l a d i e s pestilentielles , q u i r é g n e n t dans les é t é s les plus c h a u d s d e l ' E u r o p e , s o n t de m ê m e a n n o n c é e s p a r u n e m u l t i t u d e c o n s i d é r a b l e de c e s a n i m a u x . L e s c o r p s organisés ne sont p a s les s e u l s affectés d e c e l l e disposition nuisible d e l'air. L e s c a d a v r e s s e p o u r rissent, b e a u c o u p plus v i t e qu'en E u r o p e ; les chairs d e s a n i m a u x s e c o n s e r v e n t bien m o i n s l o n g - t e m p s . L e s m é t a u x m ê m e nous m a r q u e n t cette qualité nuisible et d e s t r u c t i v e d e l'air ; car j ' a i o b s e r v é à S a i n t - D o m i n g u e , c e q u e B o n t i u s avoit o b s e r v é à J a v a : Quod chalybs ac ferrum oes quoque, ac ex his confecta instrumenta, rubiginem cittius ac aeruginem contrahant, etiam siccissima anni tempestate. Aer in America adeo efficax rodendo, ut metalla ferè
DE omnia consumat tur Boerhaav.
S
T. -
D
O M I S
; ut de acre Bermudensi Chem.
tom.
i. de
NGU
125
E.
Britanni
testan-
aere.
M . G e o f f r o y a o b s e r v é d a n s son T r a i t é d e la m a t i è r e m é d i c a l e , q u e t o u s les s u c s du c o r p s h u m a i n p;tr e u x - m ê m e s
tendoient
à l ' a l k a l e s c e n c e , et p r e n o i e n t t r è s - a i s é -
m e n t c e c a r a c t è r e . L e lait et le c h y l e c o n t i e n n e n t a c i d e s qu'il est a i s é d e
des
développer.
M . Colbatch, médecin
anglois , a d é m o n t r é , p a r la
c o m p a r a i s o n d u s a n g d e s g e n s s a i n s a v e c celui d e s f é b r i c i t a n s , qu'il y a b e a u c o u p p l u s d'alkali d a n s le s a n g de c e u x - c i . O n en doit d e m ê m e d é m o n t r e r d a v a n t a g e d a n s les c o r p s qui t e n d e n t le p l u s à la p o u r r i t u r e , p u i s q u e le sel alkali volatil e s t le p r o d u i t p r o p r e d e la p u t r é f a c tion. S i l ' e x p é r i e n c e d é m o n t r e t o u t e s c e s v é r i t é s en E u r o p e , c o m b i e n plus d o i v e n t - e l l e s ê t r e v r a i e s à S a i n t - D o m i n g u e , d a n s la constitution
d e l'air q u i est la p l u s p u t r é f i a n t e
d e t o u t e s les c o n s t i t u t i o n s ; d a n s un air c h a r g é d e s v a peurs ou exhalaisons putrides des e s t è r e s , qui en
sont
u n e s o u r c e i n é p u i s a b l e ? C o m b i e n les c o r p s d e s h o m m e s , é p u i s é s p a r l ' e x c e s s i v e t r a n s p i r a t i o n , et en m ê m e t e m p s o u v e r t s p a r l ' h u m i d i t é q u i les e n v i r o n n e , n e
doivent-
ils p a s p o m p e r d e c e s v a p e u r s p u t r i d e s , p u i s q u e M . K e i l a d é m o n t r é q u e les c o r p s a b s o r b o i e n t d ' a u t a n t p l u s d e l ' h u m i d i t é d e l ' a t m o s p h è r e , q u e leur é p u i s e m e n t est p l u s grand ? I l e û t é t é p r e s q u e i m p o s s i b l e d'habiter s o u s la Z o n e T o r r i d e , à cause des chaleurs e x c e s s i v e s ,
si la s a g e s s e
du C r é a t e u r n'avoit r e m é d i é à c e t o b s t a c l e . D a n s l ' e s p a c e de vingt-quatre h e u r e s , deux vents opposés se succèdent r é g u l i è r e m e n t l'un à l'autre , e t r a f r a î c h i s s e n t l'air. L ' u n s ' a p p e l l e brise , et r è g n e o r d i n a i r e m e n t d e p u i s n e u f à dix h e u r e s du soir. L e v e n t d e t e r r e lui s u c c è d e . C e s d e u x
126 M É D E C I N E venus sont s o u v e n t i n t e r r o m p u s , e n h i v e r , p a r les v e n t s d u nord q u i s o n t t r è s - p l u v i e u x , et e n é t é p a r l e v e n t d u sud qui est orageux. O n ne p e u t guères distinguer q u e ces deux saisons à S a i n t - D o m i n g u e , et elles n e diffèrent a b s o l u m e n t
en-
t r ' e l l e s q u e p a r c e s d e u x e s p è c e s d e v e n t s ; les j o u r s c e p e n d a n t é t a n t p l u s c o u r t s d e d e u x h e u r e s d a n s le
sol-
s t i c e d ' h i v e r , c o n t r i b u e n t à m o d é r e r la g r a n d e c h a l e u r . L e s h a b i t a n s , faits au c l i m a t , r e g a r d e n t le v e n t du n o r d comme
m a l s a i n ; celui d u s u d e s t t r è s - p e r n i c i e u x a u x
nouveaux On
venus.
v o i t d o n c q u e si l e v e n t du n o r d p e r d à S a i n t -
Domingue
q u e l q u e s u n e s d e s q u a l i t é s q u e lui
n o i s s e n t les m é d e c i n s
recon-
de l ' E u r o p e , ( puisqu'il est p l u -
v i e u x e t h u m i d e ) a u m o i n s celui d u s u d
conserve-t-il
toutes ses mauvaises qualités. L a p l a i n e d u C a p , où j ' a i fait m e s o b s e r v a t i o n s , s ' é t e n d a n t d e l'est à l ' o u e s t , e t la b r i s e v e n a n t r é g u l i è r e m e n t d u n o r d , ou du n o r d - n o r d - e s t , e s t s i t u é e d e f a ç o n q u ' e l l e doit r e c e v o i r , a u m o i n s d a n s les trois q u a r t s d e s o n é t e n d u e , l'influence
des mauvaises exhalaisons qui
s'élèvent continuellement
des estères.
O n r e m a r q u e q u e c e u x qui h a b i t e n t le long d e s m o n t a g n e s , ou d a n s les m o n t a g n e s , j o u i s s e n t , e u x e t l e u r s nègres , d'une santé plus parfaite. U n e chaîne de petites m o n t a g n e s c o u v r e les plus belles p l a i n e s de S t.-Jacques du Cotuy,
et de la Bègue
,
, q u e p o s s è d e n t les E s p a g n o l s .
L ' a i r qu'ils r e s p i r e n t , m a i s e n c o r e p l u s la s o b r i é t é a v e c l a q u e l l e ils v i v e n t ,
peuvent
c o n t r i b u e r à leur p r o c u r e r
c e t t e h e u r e u s e vieillesse à l a q u e l l e le p l u s g r a n d n o m b r e parvient c o m m u n é m e n t ; tandis que de cent F r a n ç o i s à p e i n e en t r o u v e - t - o n un d e s o i x a n t e a n s . On doit e n c o r e a j o u t e r q u e les E s p a g n o l s n e
quittent
DE
S T. - D O M I N G U E.227
p a s , c o m m e les F r a n ç a i s , un air d o u x et t e m p é r é , qu'ainsi la c h a l e u r
d o i t faire sur e u x u n e
d ' a u t a n t m o i n d r e , q u ' e l l e leur e s t m o i n s
et
impression insolite.
De
p l u s , le c a r a c t è r e l e n t et p a r e s s e u x d e s E s p a g n o l s s e m b l e l e u r i n t e r d i r e t o u t e s les p a s s i o n s qui d é p e n d e n t d e l ' a m bition , e t d o n t
n o s m a l h e u r e u x F r a n ç a i s s o n t si
af-
fectés. O n doit
distinguer e n d e u x c l a s s e s l e s F r a n ç a i s q u i
sont à Saint-Domingue. L a première classe comprend les n a t u r e l s du p a y s , o u c r é o l s : les é t r a n g e r s font
la s e -
c o n d e . L e s c r é o l e s , p o u r l'ordinaire , s o n t d'un t e m p é rament délicat,
pituiteux-mélancolique ,
ou
pituiteux-
bilieux. L e s E u r o p é e n s é t a n t nés d a n s la Z o n e t e m p é r é e , o n t u n e constitution p l u s f o r t e . C e u x - c i s o n t p l u s s u j e t s a u x m a l a d i e s d a n s l'été ; C e u x - l à d a n s l'hiver. O n a c o u t u m e d e j e t e r l ' é p o u v a n t e d a n s les e s p r i t s s u r les. m a l a d i e s q u i a r r i v e n t a u x îles. E n e f f e t , la q u a l i t é d e l ' a i r , q u i est telle q u e les a n c i e n s n o u s la d é c r i v e n t ,
et,
selon les p r i n c i p e s p h y s i q u e s , la p l u s p r o p r e à e n g e n d r e r e t à entretenir la p u t r é f a c t i o n , la différence d e s a l i m e n s p l u s g r o s s i e r s et m o i n s
succulens que ceux d ' E u r o p e ,
d o i t f o r m e r un c h y l e e t un s a n g é p a i s , e n d u i r e les i n t e s t i n s d e m a t i è r e s g l u a n t e s , en ralentir les s é c r é t i o n s , et enfin o c c a s i o n n e r d e s e n g o r g e m e n s et d e s o b s t r u c t i o n s d a n s les v i s c è r e s où la circulation e s t n a t u r e l l e m e n t a u g mentée,
e t la q u a l i t é a l t é r é e p a r le t r a v a i l et les d é -
bauches. S u i v a n t l ' H i p p o c r a t e l a t i n , il f a u d r o i t , p o u r se bien p o r t e r , s'abstenir d e f e m m e s p e n d a n t l'été : Venus neque cestate , neque autumno
ulilis est ; œstate
in totum , si
fieri
potest,
Q u e l q u e s a l u t a i r e q u e puisse
être
abstinendum.
ce c o n s e i l , je doute qu'Hippocrate lui-même se fit é c o u t e r a u x î l e s , où r è g n e un é t é p e r p é t u e l , et où tout a n i m e les p a s s i o n s .
128 M É D E C I N E Mais de t o u t e s les c a u s e s qui p e u v e n t altérer la s a n t é , on n'en p e u t p a s c o m p t e r q u i c o n c o u r e n t p l u s g é n é r a l e m e n t à S a i n t - D o m i n g u e , a v e c l ' i n t e m p é r i e de l'air , q u e les p a s s i o n s d e l ' a m e . Q u o i q u e ces passions soient plus ou m o i n s vives dans les différens l e m p é r a m e n s , c e s o n t p r o p r e m e n t les m é l a n c o l i q u e s dans l e s q u e l s n o u s en o b s e r v o n s d e s effets plus d a n g e r e u x et plus r e b e l l e s a u x s e c o u r s d e n o t r e art. L e s bilieux p e u v e n t p r e n d r e l e s c h o s e s plus à c œ u r q u e les m é l a n c o l i q u e s ; e t faire éclater à l'extérieur plus d e p a s s i o n ; m a i s aussi les p a s sions c e s s e n t bien plus vite c h e z e u x , et la dissipation p r o c u r é e par les objets e x t é r i e u r s e m p ê c h e o r d i n a i r e m e n t les suites f â c h e u s e s q u e le chagrin p r o d u i t c h e z ceux qui en ont l o n g - t e m p s le c œ u r p é n é t r é . On p e u t dire en g é n é r a l d e toutes les p a s s i o n s qu'on o b s e r v e c h e z l e s m é l a n c o l i q u e s , c e q u e B o e r h a a v e dit d e la colère , ira memor. D e p l u s , si n o u s c o n s i d é r o n s q u e d e t o u t e s les a f f e c tions d e l'esprit qui r é g n e n t d a n s n o t r e c o l o n i e , les p l u s ordinaires se r é d u i s e n t à l'inquiétude et au chagrin, n o u s s e r o n s c o n t r a i n t s d'avouer q u e ce s o n t o r d i n a i r e m e n t ces p a s s i o n s q u i , par l e u r action insensible sur les p r i n c i p a u x o r g a n e s du c o r p s , t o u r n e n t la constitution en m é l a n c o l i q u e , q u i est plutôt u n e d é g é n é r e s c e n c e a c c i d e n telle-qu'un t e m p é r a m e n t naturel. I l e s t a i s é a u r e s t e d e d é m o n t r e r quelles p e u v e n t ê t r e les s o u r c e s d e chagrin et d'inquiétude d e s g e n s qui d é b a r q u e n t d e l ' E u r o p e p o u r habiter n o s colonies. P o u r l'ordinaire on ne p a r l e en E u r o p e d e l ' A m é r i q u e q u e c o m m e d'un p a y s où la fortune s e m b l e p r o d i g u e r ses f a v e u r s . L e s trésors dont cette p a r t i e du m o n d e e s t dépositaire , s o n t un a p p â t si s é d u i s a n t , qu'il s e m b l e faire m é p r i s e r t o u s les d a n g e r s . L e désir d e s'enrichir , qui fait p a r t i r , et qui d e v i e n t alors le m o t e u r d e t o u t e s
DE
S
T. -
D 0
129
M I N G U E.
l e s actions , étouffe en q u e l q u e s o r t e t o u t a u t r e s e n t i m e n t . D e là une indifférence e x t r ê m e , n o n s e u l e m e n t p o u r les sciences , et p o u r t a n t d e m e r v e i l l e s d e l a n a t u r e , q u i s e p r é s e n t a n t t o u s les j o u r s d a n s n o s c o l o n i e s , o n t é t é si l o n g - t e m p s i g n o r é e s et n é g l i g é e s , m a i s m ê m e p o u r t o u t c e qui ne p a r a î t p a s d e v o i r c o n t r i b u e r à c e q u ' o n a p p e l l e f o r t u n e . P o u r r é u s s i r , il n'y a q u e d e u x é t a t s à c h o i s i r , le c o m m e r c e , ou l ' a r t d e faire valoir s e s h a b i t a t i o n s . D a n s c e s é t a t s , les soins qu'il f a u t s e d o n n e r , l e s v i c i s s i t u d e s a u x q u e l l e s on e s t e x p o s é , la craint© e t le c h a g r i n , d é r a n g e n t et a l t è r e n t en p e u d e t e m p s l a constitution n a t u r e l l e , d e f a ç o n q u e , q u e l q u e r o b u s t e q u ' e l l e s o i t , elle s u c c o m b e b i e n t ô t .
C H A P I T R E P R I N C I P E S
II.
G É N É R A U X :
I.
Tous c e u x q u i p a s s e n t à S t . - D o m i n g u e ,
doivent s'attend r e à y e s s u y e r une m a l a d i e d a n g e r e u s e . L e c h a n g e m e n t de climat p r o c u r e une révolution universelle qui s e m b l e ê t r e n é c e s s a i r e p o u r s'y n a t u r a l i s e r . La
saison qui paraît le
plus favorable pour
d a n s la C o l o n i e , e s t le c o m m e n c e m e n t de l'automne.
venir
d e l'hiver
ou
C e u x q u i v i e n n e n t a u p r i n t e m p s et
en
é t é , é t a n t t r è s - é c h a u f f é s p a r la n a v i g a t i o n e t p a r l a q u a l i t é d e s a l i m e n s d o n t o n u s e d a n s les N a v i r e s , s o n t plus exposés à
t o m b e r m a l a d e s en a r r i v a n t , q u e c e u x
q u i o n t le b o n h e u r d ' ê t r e q u e l q u e t e m p s d a n s l'Ile s a n s être malades. D a n s t o u s ceux q u e le c h a g r i n ou la p e u r a s a i s i s , Tome
II.
.1
M É D E C I N E
23O on observe un
d é s o r d r e , un a r r ê t d a n s le c o u r s
esprits animaux , qui diminue
des
e t a r r ê t e t o u t e s les
c r é t i o n s . D e l à les d é l i r e s , les c o n v u l s i o n s ,
sé-
le s o m -
m e i l l é t h a r g i q u e , l ' i n t e r r u p t i o n ou la foiblesse d e s c r i s e s a u x q u e l l e s ils s o n t s u j e t s ; t o u s a c c i d e n s q u i s o n t p r e s q u e toujours mortels. On a effets
une
que
p r e u v e bien c o n v a i n c a n t e
la différence
des passions
des
différens
est c a p a b l e
de
p r o d u i r e d a n s les m a l a d i e s , q u a n d on fait a t t e n t i o n
à
l ' h e u r e u s e t e r m i n a i s o n q u i a r r i v e à celles d e s m a t e l o t s , malgré
la n é g l i g e n c e
q u e l'on
périt beaucoup moins
a à leur é g a r d , il
q u e d e s a u t r e s , soit
en
nouveaux
v e n u s , soit h a b i t a n s du p a y s . C ' e s t qu'ils i g n o r e n t l a c o n s é q u e n c e d e leur m a l a d i e ; ils n'ont point d ' i n q u i é t u d e ; ils n e s ' o c c u p e n t q u e du plaisir d e r e t o u r n e r b i e s t ô t d a n s l e u r p a t r i e ; a u lieu q u e p o u r r e s t e r d a n s la
t o u s les
autres qui viennent
C o l o n i e , instruits d e l ' a s s a u t qu'il
faut soutenir, tremblent
en m e t t a n t pied à t e r r e ; e t
n e v o y a n t p o i n t d ' a p p a r e n c e à faire la f o r t u n e d o n t ils s ' é t o i e n t flattés e n
partant, tombent
colie qui devient
p r i n c i p a l e c a u s e d e leur m o r t .
la
dans une m é l a n -
P o u r p r é v e n i r t o u s les effets d e s c o n s t i t u t i o n s , il faut v i v r e frugalement ; et pour peu qu'on ressente d e s s i g n e s d e p l é n i t u d e , c o m m e d i m i n u t i o n ou p e r t e d'apétit, pesanteur , envie d e vomir , engourdissement, l a s s i t u d e , sur - t o u t d a n s les j a m b e s , avoir r e c o u r s à la d i è t e , a u x bouillons ou t i s a n e s é m o l l i e n t e s e t l a x a t i v e s , à q u e l q u e s s a i g n é e s et q u e l q u e s p u r g a t i o n s . I l faut
éviter a v e c a t t e n t i o n d ' ê t r e
g r a n d n o m b r e s o n t saisis d e s u r p r i s d e la pluie. qui prennent
mouillé ; car un
maladies pour
avoir
Il arrive néanmoins que
ces précautions ,
et m a l g r é les
été
plusieurs préser-
v a t i f s qu'ils e m p l o i e n t , s o n t q u e l q u e t e m p s c h a n c e l a n s , et
ne
sortent de cet état
que par une
maladie : ce
DE S t. -D OMINGUE. 231 q u i a r r i v e s u r - t o u t à c e u x q u i n'ont p a s é t é d e p u i s l o n g t e m p s m a l a d e s . L e s incrustations , les e m b a r r a s q u i s e s o n t f o r m é s d a n s les v a i s s e a u x capillaires , s o n t si forts et si p r o f o n d s , qu'il f a u t Les s e c o u s s e g é n é r a l e , d e s efforts r e d o u b l é s d u m o u v e m e n t ou d e l'action d e la n a t u r e pour l e s d é t a c h e r , les d é r a c i n e r e t les d é truire. C ' e s t c e qu'elle n e p e u t o p é r e r s a n s les c r i s e s , e t c e q u ' e l l e o p è r e t o u j o u r s p a r le m o y e n d e s crises, q u i sont seules c a p a b l e s de p r o d u i r e c e t effet. I
I.
L e s N è g r e s étant constitués pour habiter sons la Z o n e t o r r i d e , s u p p o r t e n t m i e u x le travail à S . D o m i n g u e q u e les B l a n c s , et y s o n t m o i n s s u j e t s a u x maladies, La p l u p a r t du t e m p s elles n e v i e n n e n t q u e d e s e x c è s q u ' o n c o m m e t à leur é g a r d p a r r a p p o r t au travail , on d u p e u d e soin qu'on a d e veiller à leur s u b s i s t a n c e . L e u r n o u r r i t u r e e s t fort g r o s s i è r e , e t leur s a n g e s t fort é p a i s . C e p e u p l e a i m e b e a u c o u p le s u c r e e t l e s a l i m e n s doux. L e u r s a n g e s t d'une q u a l i t é si p r o p r e à la p r o d u c t i o n d e s v e r s , qu'ils en m e u r e n t q u e l q u e f o i s s u b i t e m e n t . I l s en s o n t s u r - t o u t a t t a q u é s d a n s les s a i s o n s h u m i d e s q u i s u c c è d e n t à un t e m p s c h a u d e t s e c . J ' e n ai fait o u vrir q u ' o n s o u p ç o n n o i t avoir é t é e m p o i s o n n é s , ( car l e p o i s o n leur e s t f a m i l i e r , et ils o n t c o u t u m e d e s'en s e r vir p o u r s e v e n g e r d e l e u r s e n n e m i s ) , je n'ai t r o u v é d ' a u t r e c a u s e d e m o r t q u e d e s p a q u e t s d e v e r s entortillés d a n s l ' e s t o m a c e t les intestins. I l s sont s u j e t s à u n e e s p è c e d e v e r r o n d qui s e f o r m e e n t r e cuir et c h a i r , d e la g r o s s e u r d'une d e s g r o s s e s c o r d e s d e b a s s e d e v i o l e , e t d e la l o n g u e u r d e p l u s d'une a u n e . C e v e r s e fait jour a u d e h o r s p a r un p e t i t d é p ô t q u ' o n o u v r e ; et l o r s q u ' o n l'a r e n c o n t r é , o n l e t o u r n e a u t o u r d'un petit b o i s , j u s q u ' à ce q u ' o n s e n t e
I 2
132
M É D E C I N E
d e la r é s i s t e n c e . O n le l a i s s e alors , et on m e t d e l'huile sur la p a r t i e . O n fait t r e m p e r la j a m b e ou le b r a s d a n s l ' e a u , d o n t la fraîcheur contribue à favoriser l ' e x p u l s i o n d e l'insecte. O n réitère t o u s les j o u r s la m ê m e m a n œ u v r e , j u s q u ' à c e qu'on soit a u b o u t . S'il a r r i v e q u ' o n le c a s s e , il faut a p p l i q u e r d e b o n s c a t a p l a s m e s sur la p a r t i e ; celui d e fiente d e v a c h e est fort en u s a g e p o u r en p r o v o q u e r la sortie o u la s u p p u r a t i o n qui p e u t y s u p p l é e r . J ' a i un N è g r e à qui il en e s t sorti p l u s d e c i n q u a n t e . J ' a i v u les N è g r e s sur d e s habitations en ê t r e i n f e c t é s , t a n d i s q u e les voisins n'en avoient p o i n t . L e s fluxions d e poitrine , les fièvres d o u b l e - t i e r c e s b i l i e u s e s , l e s v e r m i n e u s e s , le flux d e v e n t r e , la d y s s e n t e r i e , sont les m a l a d i e s a i g u ë s a u x q u e l l e s les N è g r e s s o n t s u j e t s . L e s o b s t r u c t i o n s , s q u i r r e s e t a b c è s du foie, d u m é s e n t è r e , du p o u m o n , la d i a r r h é e l i e n t é r i q u e , l ' h y d r o p i s i e , la c a c h e x i e ou m a l d ' e s t o m a c , e t la p u l m o n i e , sont les m a l a d i e s c h r o n i q u e s les plus ordinaires. M a i s la v é r o l e , qu'on a p p e l l e pians a u x I l e s , s e m b l e l e u r ê t r e en q u e l q u e sorte naturelle. L e s c o r b u t n'est c o m m u n q u e p a r m i c e u x qui a r r i v e n t . L e s c h a î n e s , l e s p r i s o n s , l e s m a u v a i s e s nourritures et la m a l - p r o p r e t é d e s N a v i r e s y p e u v e n t d o n n e r lieu. I l s en sont d'ailleurs r a r e m e n t a t t a q u é s , q u a n d ils sont u n e fois r é t a b l i s ; c e q u e j'attribue a u travail continuel. I I I . L e s f r é q u e n t e s s a i g n é e s n e s o n t p a s si utiles à S a i n t D o m i n g u e q u ' e n F r a n c e ; la trop a b o n d a n t e t r a n s p i ration , e t les e x c è s d a n s l'usage d e s f e m m e s , en f o u r nissent la r a i s o n . A u s s i cinq à six s a i g n é e s suffisent o r d i n a i r e m e n t , e t il n'y a q u e d a n s d e s c a s e x t r a o r d i naires , ou à l ' é g a r d des m a l a d i e s a i g u ë s q u i a t t a q u e n t les n o u v e a u x v e n u s , q u ' o n p u i s s e en faire d a v a n t a g e .
D E
133
S T . - D 0 M I N G U E.
C e t t e observation regarde particulièrement les anciens h a b i t a n s du p a y s , d o n t l e s a n g , dans la p l u p a r t , e s t dissous , ou m e n a c é d'une dissolution p r o c h a i n e . L e s s a i g n é e s du p i e d s o n t p l u s a v a n t a g e u s e s q u e celles d u b r a s . M . H e c q u e t c o n v i e n t q u e d a n s les p a y s c h a u d s , elles p e u v e n t avoir de m e i l l e u r s effets q u ' e n F r a n c e . L a t h é o r i e c o n f i r m e c e t t e p r a t i q u e . L e s v e i n e s faisant f o n c t i o n s d ' a r t è r e s d a n s l e foie , et les v e i n e s d e l a p l u p a r t des v i s c è r e s d e l ' a b d o m e n s e d é g o r g e a n t d a n s la veine - p o r t e , il e s t n a t u r e l q u ' é t a n t le siège le p l u s ordinaire d e s m a l a d i e s a i g u ë s , la s a i g n é e d u p i e d l e s d é b a r r a s s e p l u s tôt q u e celle du b r a s . I
V.
O n doit m e t t r e p e u d e différence e n t r e l e s m a l a d i e s d e s N è g r e s e t celles d e s B l a n c s . L e s N è g r e s s u p p o r t e n t m i e u x les g r a n d e s é v a c u a t i o n s ; é t a n t d'un t e m p é r a m e n t bilieux e t c h a u d , l e s f r é q u e n t e s s a i g n é e s e t l ' é m é t i q u e o n t à leur é g a r d u n effet p l u s s a l u t a i r e . M a i s on n e doit p a s m a n q u e r d e l e s p r é p a r e r a u p a r a vant par les boissons et l a v e m e n s émolliens. L e s g r a n des doses d ' é m é t i q u e , de J a l a p , de S c a m m o n é e , et a u t r e s d r o g u e s d e c e t t e e s p è c e , q u e les C h i r u r g i e n s o n t c o u t u m e d ' e m p l o y e r , en f o n t p é r i r u n g r a n d nombre.
V. Il convient d'imiter les anciens Médecins Grecs et L a t i n s d a n s la m é t h o d e q u ' i l s a v o i e n t d e faire d e s s a i gnées copieuses. Ils pratiquoient dans des p a y s c h a u d s , e t l ' e x p é r i e n c e l e u r a v o i t fait c o n n o î t r e qu'il n'y a v o i t p a s d e m o y e n p l u s efficace p o u r d i m i n u e r la s u b i t e e t v i o l e n t e t u r g e s c e n c e , q u e la c h a l e u r du c l i m a t o c c a s i o n n e d a n s les v i s c è r e s . C e t t e o b s e r v a t i o n e s t s u r - t o u t i n t é r e s s a n t e pour l e s n o u v e a u x v e n u s , d o n t l e s g l o b u l e s
13
134
M É D E C I N E
d u s a n g s o n t s u j e t s à u n e e x p a n s i o n ou raréfaction d'autant plus g r a n d e , qu'ils o n t a c q u i s d a n s les p a y s f r o i d s ou t e m p é r é s p l u s d e densité ou d e c o n s i s t a n c e . A i n s i il e s t i m p o r t a n t d e t i r e r , d è s le c o m m e n c e m e n t d e s m a l a d i e s d o n t ils sont a t t a q u é s , u n e livre et d e m i e , e t m ê m e d e u x livres d e s a n g . O n o b s e r v e r a q u e d e u x s a i g n é e s d e c e t t e n a t u r e f e r o n t p l u s d'effet p o u r d i m i n u e r la pléthore , q u e c i n q à six o r d i n a i r e s , et m e t t r o n t l e m a l a d e d a n s u n e situation c o n v e n a b l e p o u r e s p é r e r u n b o n effet d e s r e m è d e s l a x a t i f s q u i d o i v e n t t e r m i n e r la maladie.
V I. R é f l é c h i s s a n t sur le s u c c è s d e s c o p i e u s e s s a i g n é e s à l ' é g a r d d e c e r t a i n s m a l a d e s , e t s u r l e u r s m a u v a i s effets à l'égard d e q u e l q u e s u n s , j ' a i p e n s é q u e l'un et l ' a u t r e dépendent de certaines circonstances qui ont donné sujet a u x réflexions s u i v a n t e s . J e s u p p o s e , p a r e x e m p l e , d e u x ou t r o i s m a l a d e s a t taqués d'une fièvre a c c o m p a g n é e d e s y m p t ô m e s qui a n n o n c e n t , ou une maladie de S i a m , ou une d o u b l e t i e r c e v i o l e n t e : j e p e n s e q u e si on e s t a p p e l é le p r e m i e r jour d e la m a l a d i e , on doit faire la p r e m i è r e e t m ê m e les d e u x p r e m i è r e s s a i g n é e s t r è s - c o p i e u s e s , p a r c e q u e la c i r c u l a t i o n n'étant point e n c o r e a r r ê t é e d a n s l'extrémité des vaisseaux capillaires, la déplétion se communiquera facilement des grands aux petits, qui p a r un m o u v e m e n t continu des colonnes du s a n g , d o i v e n t s e d é s e m p l i r e n raison r é c i p r o q u e du p e u d e r é s i s t a n c e q u e le v i d e d e s g r o s v a i s s e a u x o c c a s i o n e r a . M a i s si le m a l a d e a l a i s s é é c o u l e r u n t e m p s u n p e u c o n s i d é r a b l e , p a r e x e m p l e v i n g t - q u a t r e h e u r e s , dans l a m a l a d i e d e S i a m , il m e s e m b l e qu'il f a u t agir d ' u n e a u t r e façon , p a r c e q u e le s a n g a r r ê t é d a n s l e s v a i s -
DE
S T.-D O M I N G U
135
E.
s e a u x capillaires p e u t ê t r e figé d e façon qu'il n ' y
aura
p o i n t d ' é b r a n l e m e n t du s a n g d a n s ces m ê m e s v a i s s e a u x , p a r r a p p o r t à l'interception d'un m o u v e m e n t
continu.
D a n s c e c a s , les g r o s v a i s s e a u x t r o p d é s e m p l i s d o i v e n t s'affaisser, et en s'affaissant, contribuer à l'embarras , e t à u n e p l u s f o r t e c o a g u l a t i o n d a n s les p e t i t s ; d ' o ù s'ensuivra pouls
un a r r ê t t o t a l d e c i r c u l a t i o n , qui r e n d r a l e
flasque
o u f r é m i l l a n t , les e x t r é m i t é s f r o i d e s , l a
respiration courte et e m b a r r a s s é e , s y m p t ô m e s qui a n n o n c e n t u n e m o r t p r o c h a i n e . C ' e s t ce q u e j'ai p r i n c i palement o b s e r v é , à l'égard des t e m p é r a m e n s r e p l e t s , e t d e s m a l a d e s q u i , a y a n t l e p o u l s t r è s - é l e v é e t plein , un visage fort r o u g e , des y e u x chargés et très-enflamm é s , sembloient indiquer des évacuations proportionnées à la violence des s y m p t ô m e s ,
et qui cependant
boient p e u de t e m p s après dans les fâcheux ci-dessus mentionnés.
tom-
accidens
A y a n t au contraire apperçu
un
e f f e t différent d a n s q u e l q u e s u n s , c ' e s t - à - d i r e u n d é g a gement provenoit
avantageux, j'ai pensé
que
du t e m p s de la maladie où
cette
différence
l'on
employoit
cette m é t h o d e , et par conséquent des causes ci-dessus rapportées. On
doit d o n c s ' a t t a c h e r d a n s les m a l a d i e s
qui paroissent violentes d è s les p r e m i e r s j o u r s , à m o d i fier la g r a n d e u r d e s
saignées
suivant le t e m p s de
m a l a d i e ; dans les p r e m i è r e s v i n g t - q u a t r e h e u r e s ,
la les
faire c o p i e u s e s e t m o i n s f r é q u e n t e s ; e t l o r s q u ' o n a n é g l i g é d'en f a i r e d è s le c o m m e n c e m e n t , l e s faire p e t i t e s e t f r é q u e n t e s , suivant les dispositions qu'on d é c o u v r i r a d a n s l a force d u m a l a d e ; y joindre le s e c o u r s d e s b a i n s , q u i , en ramollissant et d é l a y a n t , pourront encore plus c o n t r i b u e r q u e les s a i g n é e s à r é s o u d r e e t à liquéfier
le
sang grumelé et arrêté. Q u a n d un h o m m e r e p l e t , q u e l q u e r o b u s t e , s a n g u i n qu'il p a r o i s a e ê t r e , e s t o p p r e s s é ,
quelque
c'est-à-dire
d o n t l a r e s p i r a t i o n e s t difficile e t c o u r t e , il f a u t é v i t e r 14
136
M É D E C I N E
l e s c o p i e u s e s s a i g n é e s : il t o m b e b i e n t ô t clans l ' a f f a i s sement.
L e pouls de tels malades peut paraître élevé
e t p l e i n ; m a i s il n ' e s t p a s d u r , il a p p r o c h e d e la
flac-
c i d i t é . C e s i g n e e s t le m e i l l e u r q u ' o n p u i s s e a v o i r p o u r s e conduire en pareille occasion.
V I I. L e s Anciens
a v o i e n t a u s s i p o u r r è g l e d a n s la p r a t i -
q u e , d e s a i g n e r la p a r t i e la p l u s v o i s i n e d e c e l l e l e malade se
plaignoit,
vas
proximam
dont
seca ; c ' é t o i t
p o u r e u x u n e m a x i m e d o n t u n s u c c è s c o n s t a n t et p e r m a n e n t é t o i t le f o n d e m e n t .
D'où
v i e n t les
Modernes
o n t - i l s p r i s le p a r t i d'en q u i t t e r l ' u s a g e ? I l n'en
peu-
v e n t a l l é g u e r d ' a u t r e r a i s o n q u e celle de t r o u v e r c e t t e m é t h o d e c o n t r a i r e a u x c o n n o i s s a n c e s q u e la d é c o u v e r t e d e la circulation a d o n n é e s sur l a c a u s e i m m é d i a t e d e s e n g o r g e m e n s q u ' i l s j u g e n t d e v o i r r é s i d e r d a n s les e x t r é m i t é s d e s a r t è r e s c a p i l l a i r e s , p a r c e q u ' é t a n t la p a r t i e la p l u s é t r o i t e , elle doit plus t ô t s ' e n g o r g e r q u e l e s v e i n e s , q u i en s'étendant , augmentent d ' o ù ils i n f è r e n t ,
toujours de diamètre :
q u e d é t e r m i n a n t la circulation à ê t r e
p l u s f o r t e v e r s la p a r t i e o p p o s é e , e t q u ' a t t i r a n t p a r l a s a i g n é e r é v u l s i v e u n e p l u s g r a n d e q u a n t i t é d e s a n g , ils d é g a g e n t et d é b a r r a s s e n t p l u s s û r e m e n t la p a r t i e m a l a d e . Mais c o m m e l'expérience
ne seconde pas ce r a i s o n -
n e m e n t , il faut q u ' o n s e t r o m p e d a n s le p r i n c i p e , e t qu'il y e n ait un différent. N e s e r o i t - o n p a s b i e n
fondé
à l'admettre plutôt
mieux
dans l ' e x t r é m i t é ,
ou p o u r
d i r e à l'origine d e s v e i n e s c a p i l l a i r e s , q u ' à des
artères ?
Trois
l'extrémité
raisons paraissent favoriser
cette
c o n j e c t u r e . I°. T o u t l i q u i d e qui p a s s e d'un c a n a l é t r o i t d a n s un p l u s l a r g e , p e r d d e s o n m o u v e m e n t .
2°.
Les
m e m b r a n e s des veines ayant moins de ressort que celles d e s a r t è r e s , ont moins d e force pour pousser le sang. 3°. L e s a n g p a r v e n u à la v e i n e e s t p l u s é p a i s q u e dans
DE
ST.-DOMINGUE.
137
J e s a r t è r e s , a t t e n d u q u e les v a i s s e a u x l y m p h a t i q u e s , p l a c é s a u x p a r t i e s l a t é r a l e s d e leur e x t r é m i t é , e n
ont
p o m p é la s u b s t a n c e la p l u s l i q u i d e . O r , d a n s l ' é t a t d e p l é n i t u d e , le s a n g p e r d a n t p l u s d e son m o u v e m e n t
d a n s l e s v e i n e s q u e d a n s les a r t è r e s ,
e t a y a n t n a t u r e l l e m e n t u n e q u a l i t é p l u s c o m p a c t e , doit s'y
a c c u m u l e r , s'y e n g o r g e r p l u s t ô t q u e d a n s les
trémités artérielles. L e s veines sont donc le foyer
des engorgemens
et
des
ex-
premier
e m b a r r a s qui sont
le
premier germe des maladies. D a n s ce c a s , la s a i g n é e a d m i n i s t r é e à la p a r t i e la p l u s v o i s i n e du m a l , e s t la p l u s f a v o r a b l e , p a r c e q u ' e u d i m i n u a n t la q u a n t i t é du s a n g qui d e v o i t ê t r e
conduit
d a n s les g r o s s e s v e i n e s , on d i m i n u e d ' a u t a n t le v o l u m e . O n ne peut diminuer ce v o l u m e , qu'on ne procure un p l u s facile a c c è s au s a n g qui v i e n t d e t o u t e s les a u t r e s ramifications. C e facile a c c è s a c c é l è r e s o n
mouvement,
e t il n e p e u t l ' a c c é l é r e r s a n s d i m i n u e r la p l é n i t u d e r a i s o n r é c i p r o q u e d e l ' a u g m e n t a t i o n d e la v i t e s s e ;
en
d'où
r é s u l t e r a une d é p l é t i o n q u i s e r a d a n s t o u t e s l e s ramifications
en
degrés proportionnels
aura tirée. Cette déplétion
ne
à la quantité
peut
qu'on
se faire dans les
r a m i f i c a t i o n s p r i n c i p a l e s , qu'elle n e s e c o m m u n i q u e a u x p e t i t e s , c'est-à-dire aux veines capillaires, dans lesquell e s le sang seulement arrêté ou e n g o u é , sans être encore c o a g u l é , sera ébranlé , attiré et entraîné par le
cours
a c c é l é r é d e celui q u i p r é c è d e , e t d e celui d e s a r t è r e s , q u i par leur r e s s o r t redoubleront
leurs
efforts
pour
c h a s s e r c e l u i q u ' e l l e s c o n t e n o i e n t , e t d o n t la c i r c u l a t i o n c o m m e n ç o i t à être diminuée ou suspendue par la digue q u e f o r m o i t l ' a r r ê t du s a n g d a n s les v e i n e s . L e s A n c i e n s a y a n t o b s e r v é les b o n s effets d e s s a i g n é e s d é r i v a t i v e s , prirent la méthode d a n s le c o m m e n c e m e n t
de les faire copieuses
d e s m a l a d i e s ; d ' o ù il
résultoit
M É D E C I N E
138
un effet d ' a u t a n t p l u s a v a n t a g e u x , qu'ils p r o c u r o i e n t , p a r les r a i s o n s q u e n o u s a v o n s ci - d e s s u s e x p l i q u é e s , un plus grand é b r a n l e m e n t , une dérivation p l u s c o p i e u s e et plus forte d e s v e i n e s capillaires d a n s les g r o s s e s , e t p a r c e m o y e n les d é g a g e o i e n t
plus p r o m p t e m e n t ,
et
r é t a b l i s s a i e n t p l u s vite la c i r c u l a t i o n du s a n g d e s a r t è r e s aux veines. C e s réflexions s u p p o s e n t q u e l e s a n g n'est p o i n t e n c o r e a r r ê t é , ou q u e s'il l ' e s t , il e s t s e u l e m e n t
engorgé,
sans être coagulé ; ce q u e nous appelons en
Médecine
état
de
plénitude
, ou
disposition
s'il a r r i v e , soit p a r l'effet
d'une
inflammatoire : car trop grande turges-
c e n c e , ou d e la q u a l i t é du s a n g , soit par la q u ' o n a e u e d ' a p p o r t e r r e m è d e dès le
négligence
commencement;
s'il a r r i v e , d i s - j e , q u ' o n ait lieu d e croire q u e le s a n g a r r ê t é est c o n g e l é a u p o i n t qu'il ne soit plus s u s c e p t i b l e d ' é b r a n l e m e n t , il c o n v i e n t m i e u x
alors de tenter
les
s a i g n é e s r é v u l s i v e s , c ' e s t - à - d i r e d e s a i g n e r d e la p a r t i e o p p o s é e , p a r c e q u ' e n d é t e r m i n a n t u n e plus g r a n d e a b o n d a n c e d e s a n g v e r s c e t t e p a r t i e , on d é s e m p l i t é g a l e m e n t t o u s les v a i s s e a u x du c ô t é m a l a d e , m a i s s u r - t o u t les a r t è r e s , d o n t les e x t r é m i t é s d o i v e n t ê t r e - a l o r s a u t a n t e m b a r rassées que celles des v e i n e s ,
et m ê m e p l u s , attendu
q u e leur é l a s t i c i t é doit c o n t r i b u e r à a u g m e n t e r la c o n densation
des globules
sanguins. C'est dans de
c i r c o n s t a n c e s qu'il f a u t j o i n d r e a u x s a i g n é e s
telles
révulsives
l ' u s a g e d e s b a i n s , afin d e liquéfier le s a n g , e t d e faire
que
de petites
saignées
qu'on réitère
ne
souvent,
afin q u ' e n d é s e m p l i s s a n t p e u à p e u , o n r é t a b l i s s e i n sensiblement
le
ressort des
fibres
, qu'une
t r o p f o r c é e a d û t r o p r e l â c h e r , et m ê m e
dilatation rendre p a -
ralytiques. E n r é t a b l i s s a n t , p a r c e t t e m a n œ u v r e , le r e s s o r t d e s fibres,
il c o o p è r e
par ses vibrations à a g i t e r , à diviser
DE
S T . - D O M I N G U E .
139
e t r é s o u d r e les g r u m e a u x s a n g u i n s . A u t r e m e n t il r é s u l t e u n a f f a i s s e m e n t d a n s les gros v a i s s e a u x , q u i n o n m e n t augmente la c o n g e s t i o n ,
mais
même
b i e n t ô t l a circulation d a n s les p r i n c i p a l e s
seule-
intercepte
ramifications.
C e q u e j ' a i vérifié p l u s i e u r s fois d a n s l e s m a l a d i e s v i o l e n t e s , telles q u e l ' a p o p l e x i e , l a m a l a d i e d e S i a m , q u e l q u e s fièvres d o u b l e - t i e r c e s ,
et
d a n s l e s q u e l l e s les p r e -
miers m o m e n s perdus ne pouvoient
être réparés , dans
l e s q u e l l e s , a u b o u t de v i n g t - q u a t r e h e u r e s , il p a r o i s s o i t d e s signes d ' u n e
congestion
si e x t r ê m e , d ' u n a r r ê t si
c o n s i d é r a b l e , qu'il étoit i m p r u d e n t d e t e n t e r , non s e u l e m e n t les s a i g n é e s c o p i e u s e s , d é r i v a t i v e s : car en a y a n t t e n t é
mais encore
moins
à l'égard de
les
plusieurs
d e s u n e s et d e s a u t r e s , la m o r t n'en e s t s u r v e n u e q u e p l u s promptement. L a seul m o y e n qui m ' a r é u s s i , d a n s u n e telle c i r c o n s t a n c e , e t d o n t le s u c c è s a é t é a s s e z f r é q u e n t p o u r servir d o r é n a v a n t d e r è g l e , e s t la m é t h o d e c i - d e s s u s p r o p o s é e , c'est-à-dire,
les p e t i t e s s a i g n é e s r é v u l s i v e s r é i t é r é e s
de
trois en trois , o u d e q u a t r e en q u a t r e h e u r e s , et e n t r e m ê l é e s du bain d a n s lequel on l a i s s e le m a l a d e p l u s o u m o i n s , suivant ses
f o r c e s , et a u
sortir d u q u e l
o n le
couche
bien chaudement. On donne plusieurs lavemens qui sont l e s seuls é v a c u a n s q u i c o n v i e n n e n t d a n s c e t é t a t , p a r c e q u e les violens purgatifs m'ont paru fort nuisibles; i r r i t a t i o n s e t efforts inutiles qu'ils p r o d u i s e n t , tissant
très-souvent
qu'à rompre
les
n'abou-
quelques vaisseaux,
d o n t l e s é p a n c h e m e n s a c c é l è r e n t la m o r t .
VIII. O n é t o i t d a n s l e s siècles p r é c é d e n s fort c i r c o n s p e c t à l ' é g a r d d e la s a i g n é e d u p i e d . D a n s l a p l u p a r t d e s m a l a dies a i g u ë s , on ne
la h a s a r d o i t , p o u r ainsi d i r e , q u ' à
l ' e x t r é m i t é ; m a i s les b o n s effets qui en r é s u l t o i e n t ,
et
14o
M É D E C I N S .
q u i , d a n s bien des o c c a s i o n s , paroissoient c o m m e tenir d u m i r a c l e , ont t e l l e m e n t e n h a r d i , q u ' o n ne b a l a n c e p l u s à l ' a d m i n i s t r e r d è s les p r e m i e r s jours d'une m a l a d i e . L e s anciens médecins avoient , sans d o u t e , observé les a f f a i s s e m e n s et l e s c o n c e n t r a t i o n s occasionne,
que cette
opération
et q u e q u a n d elle n'étoit p o i n t suivie d ' u n e
é v a c u a t i o n c r i t i q u e du v e n t r e ,
il en résultoit
un
gon-
flement ou e n g o r g e m e n t p l u s c o n s i d é r a b l e dans les p a r ties d e ce v i s c è r e . E n c o n s é q u e n c e , ils ne se d é t e r m i n o i e n t à la
prescrire
que
l o r s q u ' a p r è s de
fréquentes
s a i g n é e s du b r a s , ils p e n s o i e n t avoir d é s e m p l i s u f f i s a m m e n t Jes v a i s s e a u x , p o u r r e n d r e c e l l e du p i e d
révulsive
à l'égard d e s v i s c è r e s du v e n t r e . Une
erreur encore
assez
commune,
c ' e s t d e ne la
p r e s c r i r e q u e p o u r faire u n e révulsion ; et dans c e t t e v u e o n f a i t , s u r - t o u t d a n s les p a y s
c h a u d s , des
c o û t e n t la v i e à bien d e s h o m m e s ; l'affaissement
subit que c e l t e
fautes qui
soit par r a p p o r t il
saignée
occasione
dans
le c e r v e a u , d'où il n'en r é s u l t e q u e
trop souvent
s o m m e i l l é t h a r g i q u e m o r t e l ; soit en
attirant u n e p l u s
grande abondance
d e s a n g v e r s les p a r t i e s ou
un
viscères
du v e n t r e , s i è g e le plus ordinaire de la m a l a d i e ; d'où s'ensuit u n e i n f l a m m a t i o n qui t e r m i n e b i e n t ô t la vie. U n s e n t i m e n t d o u l o u r e u x d a n s l e v e n t r e q u a n d on le p r e s s e , et
qui s u c c è d e à u n e m a u v a i s e m a n œ u v r e ,
annonce
é g a l e m e n t une m o r t p r o c h a i n e . C e t t e saignée d e m a n d e donc et exige des précautions. E l l e doit en bien d e s cas ê t r e c o n s i d é r é e p l u t ô t c o m m e derivative,
pour qu'elle
à propos,
p r o c u r e r à la p a r t i e m ê m e
p u i s s e , q u a n d on l ' a d m i n i s t r e un
f a v o r a b l e et s a l u t a i r e . Si c e r e l â c h e m e n t il faut t â c h e r d e
l'exciter,
relâchement n'arrive p a s ,
ou p a r l e s l a x a t i f s , ou
r é i t é r a n t la m ê m e s a i g n é e . L e s
violens purgatifs
en sont
alors t r è s - n u i s i b l e s , p l u s p r o p r e s , p a r l'irritation qu'ils
DE
S T . - D O M I N G U E .
p e u v e n t p r o d u i r e , à a u g m e n t e r l'état i n f l a m m a t o i r e q u ' à le
diminuer et m ê m e à o c c a s i o n e r par d e s efforts
rupture de
quelque v a i s s e a u , dont
l'épanchement
la est
b i e n t ô t suivi d e la m o r t . L e s v a i s s e a u x v e i n e u x d e s v i s c è r e s du v e n t r e a y a n t p o u r fonction celle d e s a r t è r e s m ê m e s , c ' e s t - à - d i r e , d ' a c c o m p l i r u n e sécrétion plus a b o n d a n t e , et étant c o m m u n é m e n t le siège d e la m a l a d i e , c e q u e j ' a i s o u v e n t o b s e r v é p a r l ' o u v e r t u r e d e s c a d a v r e s , c ' e s t d o n c le r e l â c h e m e n t e t é v a c u a t i o n qu'on doit avoir en v u e et se p r o p o s e r dans la s a i g n é e du pied. O n y p a r v i e n t p l u s s û r e m e n t , q u a n d , s u i v a n t les s i g n e s du plus ou du m o i n s d e plénitude , on a , p a r les s a i g n é e s d u b r a s , é v a c u é u n e suffisante q u a n t i t é d e s a n g , et q u ' o n p u i s s e j u g e r q u e les v a i s s e a u x s a n g u i n s n'étant plus d a n s un é t a t d e d i latation f o r c é e , il y a u n e disposition f a v o r a b l e a u r e l â chement. L e t e m p s , par c o n s é q u e n t , p o u r a d m i n i s t r e r la s a i g n é e d u p i e d , ne p e u t ê t r e d a n s le c o m m e n c e m e n t d'une m a l a d i e , si c e n ' e s t d a n s d e s c a s e x t r a o r d i n a i r e s . E l l e n e doit c o m m u n é m e n t se p r e s c r i r e , q u e l o r s q u ' o n a p p e r ç o i t q u e l q u e disposition critique : c ' e s t alors q u e c e t t e s a i g n é e d é t e r m i n e e t s e c o n d e la n a t u r e . J e la p r e s c r i s dans les forts t e m p é r a m e n s , ou a v a n t , o u dans le milieu d e l ' a c c è s , e t dans les foibles , v e r s la fin ou la c e s s a t i o n totale d e la fièvre. Il faut bien se d o n n e r d e g a r d e d e la faire dans d ' a u t r e s t e m p s à l ' é g a r d d e c e u x - c i , p a r c e q u e les s a i g n é e s faites a v a n t ou au m i l i e u d e l ' a c c è s e x c i t e n t un t r o u b l e et u n e révolution qui , a u g m e n t a n t la fièvre c o n s i d é r a b l e m e n t , ôte à la n a t u r e la force qui lui est n é c e s s a i r e p o u r d é t e r m i n e r la crise q u i doit t e r m i n e r l'accès. Les
forts
effets d e
tempéramens
cette révolution
de supporter
les
qui o c c a s i o n e un a c c è s
capables
et
142
M É D E C I N E
plus fort et p l u s l o n g , sont favorisés d'une
évacuation
c r i t i q u e , ou par les s e l l e s , o u par les s u e u r s , qui l e s dégage,
et
débarrasse très-souvent
de toute
matière
morbifique. Q u a n d le p o u m o n
p a r a î t f o i b l e , il f a u t é v i t e r
cette
s a i g n é e , o u la faire p e t i t e ; sinon o n c o u r t r i s q u e , p a r l'affaissement
d e c e t t e p a r t i e , d e faire t o m b e r le m a -
l a d e d a n s une difficulté d e r e s p i r e r , t o u j o u r s m o r t e l l e , e t q u e l q u e f o i s si s u b i t e , qu'il e x p i r e p o u r ainsi d i r e , e t m e u r t s o u s la l a n c e t t e . I
X.
L a saignée de la gorge mérite d'autant m i e u x d'être p r é f é r é e à celle du p i e d d a n s la p r a t i q u e d e s c l i m a t s c h a u d s , q u e les e n g o r g e m e n s l y m p a t i q u e s s e r e n c o n t r a n t d a n s p r e s q u e t o u t e s les m a l a d i e s a i g u ë s , la g l a n d e pituitaire , qui e s t le principal r é s e r v o i r d e la pituite , p e u t , par c e t t e s a i g n é e , ê t r e p l u s f a c i l e m e n t et plus p r o m p t e m e n t d é g a g é e ; ce qui p r é v i e n t les s y m p t ô m e s l é t h a r g i q u e s si c o m m u n s , et si d a n g e r e u x d a n s les m a l a d i e s de l'Amérique. O n doit p r é f é r e r c e t t e s a i g n é e a u x v é s i c a t o i r e s , d o n t l'opération
lente
n e s a u r a i t p r o d u i r e q u ' u n effet
peu
c o n s i d é r a b l e . Q u a n d on les a p p l i q u e , si on ne p e u t p a r venir à établir la s u p p u r a t i o n , c ' e s t m a r q u e d ' u n e
très-
f o r t e c o n c e n t r a t i o n et u n s i g n e m o r t e l . Il convient de
s a i g n e r d e la g o r g e d a n s les
t a n c e s o ù l'on p e u t
circons-
a p p r é h e n d e r un e n g o r g e m e n t
v a i s s e a u x s a n g u i n s d a n s le c e r v e a u , non t a n t
des
comme
s i è g e d e la m a l a d i e , q u e c o m m e s y m p t ô m e . C e q u ' o n a lieu d ' o b s e r v e r
souvent
d a n s la m a l a d i e d e S i a m , o ù
la g r a n d e p l é n i t u d e e t les e m b a r r a s d e s v i s c è r e s du v e n t r e f o r m e n t à la circulation d e s o b s t a c l e s si g r a n d s , qu'il e n r é s u l t e un p l u s
g r a n d reflux d e s a n g v e r s le
cerveau
DE
S T . - D 0 M I N G U E .
l43
q u i , s ' e n g o r g e a n t à son tour , a u g m e n t e l e s s y m p t ô m e s d e la m a l a d i e . D e là v i e n n e n t les h é m o r r a g i e s p a r le n e z , l e s p a r o t i d e s , si c o m m u n e s d a n s c e t t e m a l a d i e , e t c . L a v i v e d o u leu r q u e l e s
m a l a d e s r e s s e n t e n t les p r e -
m i e r s jours à c e t t e p a r t i e , e s t l e s i g n e qui doit d é t e r m i n e r à faire c e t t e s a i g n é e , q u ' o n doit a l o r s r e g a r d e r e t considérer c o m m e révulsive, tant à l'égard du b a s - v e n t r e , q u e d e l'intérieur d e la t ê t e . L e s m a l a d e s qui se p l a i g n e n t b e a u c o u p d e la t ê t e , s e p l a i g n e n t b e a u c o u p moins du m a l d e j a m b e s . L e p r e m i e r s y m p t ô m e e s t ordinaire a u x n o u v e a u x v e n u s , et à c e u x qui en a p p a r e n c e c o n s e r v e n t q u e l q u e s a n n é e s u n e g r a n d e force de t e m p é r a m e n t . L e s e c o n d
n'attaque que
ceux
q u i , résidant d e p u i s l o n g - t e m p s à S a i n t - D o m i n g u e , o n t l e s a n g d i s s o u s , ou c o m m e n c e n t à l'avoir. L e s g r a n d e s .douleurs d e
tête
r e s s o r t d a n s les
seroient fibres,
donc, u n e m a r q u e de g r a n d
et d e c o n s i s t a n c e d a n s les l i -
q u i d e s . C e q u i doit d é t e r m i n e r la q u a n t i t é e t la q u a l i t é des saignées. X. Certains peuples ont une répugnance c o m m e naturelle p o u r la s a i g n é e . P r é j u g é à p a r t , j ' a i r e g a r d é q u e c e s e n t i m e n t p o u v o i t p r o v e n i r d e la n a t u r e m ê m e . L e s D u n k e r q u o i s , p a r e x e m p l e , s e p r ê t e n t difficilement
à cette
o p é r a t i o n . J ' e n ai vu p l u s i e u r s , d a n s la constitution n o v e m b r e 1746,
de
a t t a q u é s d e la m a l a d i e d e S i a m , guérir
sans s a i g n é e s , et
quelques uns p é r i r , qu'on
pouvoit
avoir lieu d e s e r e p r o c h e r d'avoir t r o p s a i g n é s . L e t e m p é r a m e n t d e c e t t e n a t i o n m ' a p a r u p l u s pituiteux q u e sanguin. L e s N o r m a n d s et les F l a m a n d s ne g u é r i s s e n t c o m m u n é m e n t q u e par les s a i g n é e s ; les B o r d e l o i s , et les B r e t o n s , p a r les p u r g a t i f s ; les P r o v e n ç a u x , et l e s L a n g u e -
144 docieus
M É D E C I ont
peine à
NE
supporter
l'une
et
l'autre
éva-
cuation.
X I. R i e n de plus embarrassant dans la pratique que les v a r i a t i o n s q u ' o n r e m a r q u e d a n s le p o u l s t a n t p a r r a p p o r t à la qualité d e s t e m p é r a m e n s , q u e p a r r a p p o r t a u c a r a c t è r e d e s m a l a d i e s . S i on s'y r a p p o r t o i t , o n s e r o i t sujet à de grandes erreurs. C ' e s t ce que j'ai vu arriver d a n s p l u s i e u r s o c c a s i o n s , s u r - t o u t d a n s les m a l a d i e s d e S i a m , d a n s les fièvres a c c o m p a g n é e s d e c h o l é r a - m o r b u s , e t dans c e l l e s qui a t t a q u e n t les t e m p é r a m e n s m é l a n c o l i q u e s . D a n s les p r e m i è r e s , a p r è s la cessation d e la fièvre, l e p o u l s n e diffère d u n a t u r e l q u e p a r c e qu'il e s t un p e u flasque e t t r o p m o u ; d a n s les a u t r e s , ou p e t i t , c o n c e n t r é , ou convulsif. D a n s les fièvres d o u b l e - t i e r c e s l y m p h a t i q u e s , il v a r i e b e a u c o u p ; il est t a n t ô t m o u e t p r e s q u e o n d u l e n t , t a n t ô t s e r r é et petit. O n o b s e r v e d a n s c e s d e r n i è r e s m a l a d i e s , qu'il n e s e d é v e l o p p e e t n e r e p r e n d son m o u v e m e n t n a t u r e l , q u ' à p r o p o r t i o n q u e l a n a t u r e s e d é g a g e , p a r les é v a c u a t i o n s du v e n t r e , d e s matières morbifiques qui l'accabloient.
X
I I.
I I n e faut p a s t o u j o u r s j u g e r d e s jours c r i t i q u e s p a r l e p r e m i e r j o u r d e la m a l a d i e . C e calcul e s t s u j e t à e r r e u r . J ' a i pour m a x i m e ,
d a n s les f i è v r e s ,
d e faire
attention
a u jour o ù l ' a c c è s , p a r o i s s a n t le p l u s v i o l e n t , e s t d'une rémission ou intermission
suivi
m a r q u é e , et dont
un
pareil r e t o u r o u a c c è s p l u s v i o l e n t a r r i v e l e j o u r i m p a i r q u i r é p o n d au p r é c é d e n t . U n h o m m e est attaqué , par e x e m p l e , le premier d'août ; le 2 e t p r è s d e la m ê m e
d e la
fièvre
le 3 , la fièvre p a r a î t à p e u
force , o u p e u r é g l é e , s a n s crise a p -
p a r e n t e ; le 4 , il y a un a c c è s p l u s v i o l e n t ; l e c i n q ,
il est
DE est
ST.- DOMINGUE.
t r a n q u i l l e ; le 6 ,
145
l'accès r e v i e n t o u p l u s f o r t ,
ou
a u s s i fort ; le 4 p a r c o n s é q u e n t e s t le p r e m i e r j o u r i n diquant. L e q u a t o r z i è m e j o u r , s u i v a n t H i p p o c r a t e , e s t un j o u r c r i t i q u e d a n s les m a l a d i e s . J e p e n s e q u e l a t e r m i n a i s o n des
fièvres
d o u b l e - t i e r c e s , p a r le petit a c c è s qui
de-
vient le p l u s fort et b e a u c o u p p l u s long p a r l'union d u g r a n d qui s e c o n f o n d a v e c l u i , a d o n n é lieu à c e t t e o b s e r v a t i o n . M a i s c o m m e ce p e t i t a c c è s p r e n d s o u v e n t c e c a r a c t è r e le 10 et le 1 2 , devient Ces
q u e l q u e f o i s l e 8 , l e jour pair
alors le j o u r c r i t i q u e . fièvres
anciennement
pouvoient ne
se pas
ter-
m i n e r aussi p r o m p t e m e n t q u ' a u j o u r d ' h u i ; c e q u ' o n p e u t attribuer à ce
q u e les anciens é t a n t d é p o u r v u s d e s r e -
m è d e s l a x a t i f s q u e n o u s a v o n s d é c o u v e r t s , et q u e nous p o u v o n s e m p l o y e r d e b o n n e h e u r e , é t a i e n t aussi c o m m e obligés d ' a t t e n d r e , et de préparer plus long-temps leurs m a l a d e s : c e qui d e v o i t
contribuer à rendre l a maladie
plus longue. X I I I . O n p e u t j u g e r dès le c o m m e n c e m e n t de sa violence
d'une m a l a d i e ,
e t d e s a d u r é e . L a q u a l i t é et l e
ractère des s y m p t ô m e s servent pour décider en que sorte de
l'événement.
sont attaqués de la une
fièvre.
ca-
quel-
U n h o m m e , une f e m m e , C e t t e fièvre c o m m e n c e
par
grande pesanteur , de grandes lassitudes, une vive
chaleur,
un violent m a l d e t ê t e . D a n s l ' u n , c e t t e
p a r a î t r a c o n t i n u e , l e s trois
fièvre
ou q u a t r e p r e m i e r s j o u r s ,
s a n s r é m i s s i o n a p p a r e n t e ; d a n s l ' a u t r e , il y a u r a , rémission,
ou
intermission , mais
s a n s o r d r e et s a n s s u e u r s . T o u s
ces
de
ou
courte durée ,
symptômes
sont
d e s indices d'un g r a n d e m b a r r a s , d'un g r a n d e n g o r g e ment,
qui a n n o n c e n t u n e v i o l e n t e e t l o n g u e
E n g é n é r a l , il f a u t ê t r e à Tome
II
maladie.
Saint-Domingue très-cirK
146
M É D E C I N E
c o n s p e c t sur l e p r o g n o s t i c ; il e s t ordinaire d'y voir d e s malades qu'on croyoit a g o n i s a n s , mourir dans le
temps
qu'on
r e v e n i r , et d ' a u t r e s
croyoit
avoir lieu
d'en
espérer. X I V . N o u s s o m m e s t e l l e m e n t en g a r d e d a n s les I l e s c o n t r e les effets v i o l e n s des p u r g a t i f s , q u e nous n e geons
pour
manne,
1 ordinaire q u ' a v e c les
et quelquefois l'émétique
q u a t r e à cinq v e r r e s d e liqueur , u n v e r r e d e d e u x en d e u x
eaux de
pur-
c a s s e , la
s e u l , m a i s fondu d a n s dont le m a l a d e p r e n d
heures.
L e s T h é ï f o r m e s , et sur-tout les C h i c o r a c é s , ou l e s a m e r s de cette e s p è c e , doivent être regardés c o m m e la Panacée de nos I l e s . L e s p u r g a t i o n s en bol s o n t t r è s - d a n g e r e u s e s , p a r c a q u ' é t a n t obligé d'y m e t t r e q u e l q u e s u b s t a n c e r é s i n e u s e e t t r è s - c o m p a c t e , o n doit c r a i n d r e les s u p e r p u r g a t i o n s , l e s irritations qu'elles c a u s e n t a u x intestins en s'y c o l l a n t , enfin la difficulté q u e l ' e s t o m a c a s o u v e n t d e les d i g é r e r . Q u a n d les p u r g a t i f s
q u e les m a l a d e s r e n d e n t
sont
p e u altérés , c ' e s t - à - d i r e n e s o n t point m ê l é s a v e c quelque matière même
des
b i l i e u s e , c'est m a u v a i s signe. Il en e s t
de
boissons. X
V.
L ' O p i u m e s t un r e m è d e n é c e s s a i r e ; m a i s l ' i m p é r i t i e d e p l u s i e u r s qui i g n o r e n t la m a n i è r e et le t e m p s d e l ' e m p l o y e r , a b e a u c o u p c o n t r i b u é à faire m é p r i s e r c e t excellent r e m è d e . X V I . L e Quinquina m ê m e nuisible
m ' a p a r u non s e u l e m e n t i n u t i l e , m a i s dans l e s r e c h u t e s
m a l a d i e d e S i a m . J ' a i soin de le pour
corriger s a qualité
qui a r r i v e n t a p r è s l a m ê l e r a v e c le
s t y p t i q u e , qualité
n a t u r e l l e m e n t ê t r e c o n t r a i r e à l'indication q u e
qui
Mars doit
commu-
DE
St.
-DOMINGUE.
n é m é n t on s e p r o p o s e e n l ' e m p l o y a n t . A u s s i o b s e r v e t - o n t o u s les j o u r s q u ' u n t r o p l o n g u s a g e de ce f é b r i fuge
occasionne
d e s o b s t r u c t i o n s au foie , à la r a t e ,
suivies de j a u n i s s e ou d e c a c h e x i e . J ' e m p l o i e plus volontiers
les é c o r c e s d'oranger s a u -
v a g e j d e c i t r o n n i e r , d e b o i s - r a m o n , et q u e j'ai découvert
le
quinquina,
à S a i n t D o m i n g u e , dont l e s
s o n t plus d o u x , et m ' o n t p a r u
effets
plus sûrs.
X V I I , D a n s quelques maladies aiguës que ce s o i t ,
on
ne
p e u t c o m p t e r sur la g u é r i s o n du m a l a d e , ni le flatter d'être m i e u x , qu'il ne soit t o m b é , p a r l'effet d e q u e l ques évacuations critiques, dans l ' a c c a b l e m e n t ,
et un
d é p é r i s s e m e n t , qui r é s u l t e n t t o u j o u r s d e l'expulsion matières engorgées , endurcies
et i n c r u s t é e s .
e t il e s t ordinaire d e faire c e t t e d i s - j e , d a n s les fièvres
des
J'ai v u ,
observation , j'ai vu ,
lymphatiques , des malades ,
q u i , le huit ou le dix , p a r o i s s o i e n t a s s e z t r a n q u i l l e s , p o u r p e n s e r qu'ils fussent b i e n ,
le o n z e et le t r e i z e , t o m b e r
d a n s des s y m p t ô m e s c o n s i d é r a b l e s . L ' h a b i t u d e du c o r p s , q u i n'avoit
point
conséquence
d e la r é v o l u t i o n , u n e
changé
j u s q u ' a l o r s , subissoit ,
en
grande m é t a m o r -
p h o s e ; il s u r v e n o i t u n e g r a n d e m a i g r e u r , le v i s a g e d e v e n o i t d é c h a r n é , les y e u x clairs et sereins. J ' e n ai v u qui, a t t a q u é s
de
fièvres
double-tierces, paroissoient le
s e p t i è m e jour ê t r e en d a n g e r , a v o i e n t d e s crises , s u i v a n t les a p p a r e n c e s ) a s s e z f a v o r a b l e s p a r les s u e u r s e t par les s e l l e s , et q u e n é a n m o i n s je ne j u g e o i s p a s guéris , parce
q u e je n ' a p p e r c e v o i s p a s ce
dépérissement.
En
e f f e t , ces m a l a d e s s e s e n t a i e n t toujours p l e i n s , j u s q u ' à c e q u e , p a r v e n u s v e r s le q u a t o r z e ou le q u i n z e
de
la
m a l a d i e , la fièvre qui s'était s i m p l e m e n t c a l m é e , sans avoir
totalement
d i s p a r u , redoublant a v e c f o r c e ,
K 2
se
148
M É D E C I N E .
terminent
p a r u n e crise d e m a t i è r e s t r è s - f é t i d e s ,
étoit un signe sûr d e guérison ;car il f a u t à Saint D o m i n g u e , dans toutes
qui
absolument
les maladies aiguës ,
d e telles é v a c u a t i o n s p o u r c o n s t a t e r un p a r f a i t l'établiss e m e n t : ce qui e s t
u n e p r e u v e q u e la p r e m i è r e c a u s e
d e s m a l a d i e s r é s i d e d a n s les v i s c è r e s dans
du
bas-ventre,
une accumulation et incrustation des matières qui
s'y a t t a c h e n t et s'y c o l l e n t . T e l e s t l ' e m p i r e d e s f o n c tions d u f o i e ,
de
la r a t e et
du p a n c r é a s , dont
les
d é r a n g e m e n s s o n t l'origine e t l a c a u s e d e s m a l a d i e s q u i r é g n e n t s o u s la Z o n e
torride. X V I I I .
O n r e m a r q u e d a n s la c o n v a l e s c e n c e qui suit les g r a n d e s m a l a d i e s , un p l u s g r a n d d é g a g e m e n t , u n e p l u s g r a n d e n e t t e t é d a n s les o p é r a t i o n s d e l ' a m e . L e s c o n v a l e s c e n s paroissent
avoir d e s i d é e s p l u s c l a i r e s , e t f o r m e n t d e s
j u g e m e n s p l u s j u s t e s ; ils s ' e x p r i m e n t ,
ils
s'énoncent
avec plus d'aisance. O n apperçoit sur-tout cette révolution d a n s les t e m p é r a m e n s m é l a n c o l i q u e s , e n qui l'extrême, rigidité des
fibres,
e t l ' é p a i s s i s s e m e n t naturel du s a n g ,
c o n t r i b u e n t à la l e n t e u r o r d i n a i r e d e s o p é r a t i o n s d e l ' a m e , e t à leur r e n d r e le travail d u r . O n b u e r la c a u s e q u ' à u n e
ne
p e u t en a t t r i -
p l u s g r a n d e s o u p l e s s e et
une
p l u s g r a n d e fluidité ; d'où s'en suit u n e circulation p l u s l i b r e , une sécrétion
plus
d é g a g é e , et un
développe-
m e n t non i n t e r r o m p u d e s e s p r i t s a n i m a u x . M a i s e n a c quérant cet
avantage ,
ils p e r d e n t c e l u i
travailler, et s ' a p p l i q u e r l o n g - t e m p s ,
de
pouvoir
soit à la lecture
soit à l ' é c r i t u r e , p a r c e qu'il r é s u l t e d e ce d é g a g e m e n t , u n e si
grande et
bent bientôt les oblige
si p r o m p t e dissipation , q u ' i l s
tom-
d a n s un é p u i s e m e n t ou é b l o u i s s e m e n t qui
d e quitter. O n o b s e r v e la m ê m e
métamor-
p h o s e d a n s l e s s c o r b u t i q u e s , ou d a n s c e u x où le s a n g , p a r v e n a n t à un é t a t d e
plus grande
fluidité,
passe et
DE
ST. - D O M I N G U E .
149
c i r c u l e p l u s l i b r e m e n t dans l e s c a n a u x du c e r v e a u . I I f a u t p u r g e r d e t e m p s en t e m p s
les c o n v a l e s c e n s , s u r -
t o u t c e u x qui o n t eu de l o n g u e s m a l a d i e s , et l e s m e t t r e à
l'usage
d e s t i s a n e s a p é r i t i v e s et
d'apéritifs e t d'alimens
opiates
d e f é b r i f u g e s . I l s n e doivent
composés user
que
l é g e r s , en p e t i t e q u a n t i t é ; e t e n cas d e t r o p
d ' a p é t i t , faire p l u s i e u r s r e p a s . X I X . P o u r s e b i e n p o r t e r d a n s les I l e s , il déjeuner et
souper p e u ,
de ne
convient d y
point b o i r e , o u
boire
p e u de vin , p a r c e q u e les v i n s d o n t on u s e , sont t r è s é p a i s , e t p a r c o n s é q u e n t s u l f u r e u x ; p r é f é r e r les v i a n d e s douces , blanches
et t e n d r e s , les
légumes émolliens .
r a f r a î c h i s s a n s et acidulés ; c a r o n n e s a u r o i t ,
sous la
Z o n e t o r r i d e , t r o p faire d'attention à la q u a n t i t é
et q u a -
lité d e s
alimens dont
seil e s t utile à t o u s
on
use journellement.
Ce con-
les t e m p é r a m e n s e n g é n é r a l , d a n s
q u e l q u e s p a y s qu'ils s e
trouvent , mais
particulière-
m e n t a u x bilieux et a u x m é l a n c o l i q u e s ; le c a r a c t è r e d e s maladies de Saint D o m i n g u e l a qualité h u m i d e et
ne démontrant que
brûlante de
C H A P I T R E TRAITEMENT LA
trop
l'air q u ' o n y r e s p i r e .
III.
DU M A L DE S I A M (I).
m a l a d i e d e S i a m doit ê t r e
regardée comme
une
fièvre p u t r i d e , m a l i g n e et pestilentielle. C e t t e m a l a d i e a t t a q u e t r è s - r a r e m e n t les C r é o l e s . L e s E u r o p é e n s , destinés à v i v r e s o u s un c l i m a t plus t e m p é r é ,
(1) Cette maladie est aujourd'hui excessivement rare à SaintDomingue ; elle se fait encore sentir à la Martinique. K 3
150
M É D E C I N E
en s o n t , pour a i n s i d i r e , les seules v i c t i m e s . L a c h a l e u r e x t r a o r d i n a i r e d e la C o l o n i e p r o d u i t s u r leurs c o r p s d e s c h a n g e m e n s d o n t sont e x e m p t s les c o r p s f o r m é s sous c e s c l i m a t s , e t p o u r l e s q u e l s c e t t e a r d e u r d e l'été e s t s u i v a n t l ' o r d r e d e la n a t u r e . I l faut dans c e t t e m a l a d i e distinguer d e u x t e m p s p r i n c i p a u x : le p r e m i e r
e s t celui
d e la f i è v r e ; l e second,
e s t celui d e la m é t a s t a s e d e la m a l a d i e , d a n s l a q u e l l e o u l e m a l a d e g u é r i t , ou la n a t u r e a y a n t fait d e v a i n s e f f o r t s , s u c c o m b e à la f o r c e d e la m a l a d i e , Signes
diagnostiques.
P a n s le p r e m i e r , le m a l s e d é c l a r e q u e l q u e f o i s p a r u n frisson , m a i s p l u s s o u v e n t p a r u n e g r a n d e l a s s i t u d e . L a fièvre
qui
de tête
eurvient
est accompagnée de vives douleurs
e t d e r e i n s , e t d'une p e s a n t e u r d a n s la région
é p i g a s t r i q u e , a v e c v o m i s s e m e n t ou e n v i e d e v o m i r . L e v o m i s s e m e n t e s t p l u s ordinaire q u a n d l a m a l a d i e c o m m e n c e p a r le frisson. L a fièvre d u r e trois ou q u a t r e j o u r s s a n s d o n n e r d e relâche a u m a l a d e ; r a r e m e n t
continue-
t - e l l e j u s q u ' a u c i n q u i è m e . P e n d a n t c e t e m p s là , l e s m a l a d e s sont fort a c c a b l é s ; ils o n t le pouls é l e v é et f o r t , sur-tout dans ceux
d o n t Je frisson a p r é c é d é la
fièvre,
L a peau s è c h e e s t s o u v e n t a r i d e ; Je v i s a g e e t l e s y e u x s o n t fort e n f l a m m é s ; l e s urines sont q u e l q u e f o i s r o u g e s et c h a r g é e s , q u e l q u e f o i s n a t u r e l l e s , m a i s e n p e t i t e quant i t é , ce qui est de mauvais augure. L e s e c o n d t e m p s , c o m m e n c e q u a n d la fièvre finit. O r , elle finit t o u t - à - c o u p d a n s les u n s , s a n s a u t r e a p p a r e n c e d e crise q u ' u n c o m m e n c e m e n t
d e j a u n i s s e ; d a n s les au-
t r è s , o u t r e la j a u n i s s e , s u r v i e n t l'éruption d u p o u r p r e , u n e h é m o r r a g i e , l e flux d e v e n t r e , e t le v o m i s s e m e n t . Ces symptômes
s o n t toujours a c c o m p a g n é s d'un pouls,
p r e s q u e naturel , m a i s p o u r l'ordinaire f o i b l e , e t d'une
DE souplesse
épaisses , souvent
151
S T. - D 0 M I NGU E.
qui approche
de l ' o n d u l a t i o n , d'urines t r è s -
b r u n e s . L e s malades ne se plaignent
alors d'aucune douleur ; e t à l ' a c c a b l e m e n t p r è s , ils p a raissent
jouir
d ' u n e g r a n d e tranquillité. L a p l u p a r t d e
c e u x q u i m e u r e n t d e c e t t e m a l a d i e , ne p a s s e n t p o i n t l e s e p t i è m e jour. C e t t e m a l a d i e a t t a q u e a s s e z i n d i f f é r e m m e n t tous l e s E u r o p é e n s qui s o n t arrivés n o u v e l l e m e n t d a n s la C o l o n i e , à m o i n s q u e q u e l q u e a u t r e m a l a d i e C o n s i d é r a b l e , qui a s s e z o r d i n a i r e m e n t p a r t i c i p e en q u e l q u e c h o s e d e la n a t u r e d e celle d e S i a m , n e les d é l i v r e d e la n é c e s s i t é de lui p a y e r le t r i b u t . P l u s les t e m p é r a m e n s sont robustes, p l u s ils ont à c r a i n d r e . L e s b i l i e u x , et p l u s e n c o r e les m é l a n c o l i q u e s , sont l e s premiers
a t t a q u é s , et ceux
qui s u c c o m b e n t
les
pre-
miers. L e s f e m m e s sont m o i n s s u j e t t e s à c e t t e m a l a d i e q u e l e s h o m m e s : il n'y a g u è r e s q u e celles qui o n t du c h a g r i n , q u i a i e n t le m a l h e u r d'en
être attaquées. L a mollesse
d e leur t e m p é r a m e n t , l ' é v a c u a t i o n p é r i o d i q u e d e l e u r s m e n s t r u e s , les r e n d e n t m o i n s s u j e t t e s à la m a l a d i e d e S i a m , e t font qu'elles s'en tirent p l u s a i s é m e n t . O n r e m a r q u e a u s s i q u e l e s g e n s r i c h e s en c o u l e u r s e t replets périssent presque t o u s , pendant
que ceux
qui
s o n t délicats g u é r i s s e n t p l u s facilement. I l f a u t n o n s e u l e m e n t , c o n s i d é r e r les t e m p é r a m e n s , m a i s aussi l'état a c t u e l d e l'esprit. C e u x qui s ' a p p l i q u e n t t r o p à l ' é t u d e , a u x a f f a i r e s , ou q u i se laissent aller t r o p v i v e m e n t
au
c h a g r i n , s o n t les p r e m i e r s a t t a q u é s , et s u c c o m b e n t trèspromptement. D e t o u s les t e m p é r a m e n s , celui qui e s t le p l u s f a v o r a b l e p o u r soutenir
les a s s a u t s du m a l d e
Siam est le
t e m p é r a m e n t pituiteux. T o u t e s c e s r e m a r q u e s s e r o n t c o n f i r m é e s , p a r les hisK4
152
M É D E C I N E
t o i r e s q u e n o u s j o i n d r o n s à la s u i t e rie la d e s c r i p t i o n g é n é r a l e d e c e t t e m a l a d i e e t d e sa c u r e . O n p e u t d i s t i n g u e r la m a l a d i e d e S i a m en m o y e n n e , e t en m a l i g n e o u e x t r ê m e .
bénigne,
L a bénigne est
c e l l e q u i s e t e r m i n e par u n flux d e v e n t r e c r i t i q u e d è s l e t r o i s i è m e , le q u a t r i è m e , ou cinquième j o u r ,
sans jau-
nisse , ou a v e c une jaunisse peu considérable. On appelle moyenne
celle où la jaunisse étant considérable n'est
d'ailleurs a c c o m p a g n é e d'aucuns des s y m p t ô m e s sinistres q u e nous avons décrits, mais qui se dissipe peu a p e u , o u p a r u n flux d e v e n t r e q u e la n a t u r e o u l e s r e m è d e s p r o c u r e n t , ou p a r un é c o u l e m e n t c o n s i d é r a b l e n o i r e s , e t p a r la n a i s s a n c e d e p l u s i e u r s c l o u s .
d'urines
L'extrême
e s t celle o ù n e p a r a i s s a n t point d e disposition f a v o r a b l e à l ' u n e d e c e s d e u x c r i s e s o n n ' a rien à e s p é r e r q u ' a u t a n t q u e la n a t u r e f e r a n a î t r e u n d é p ô t o u c h a r b o n
con-
sidérable sur quelque partie externe. Signes
pronostiques.
E n général les signes pronostiques de cette maladie sont d i f f é r e n s , s u i v a n t le t e m p s d e la m a l a d i e . C e s accidens sont toujours a c c o m p a g n é s d e g r a n d e s i n q u i é t u d e s , d'une légère douleur dans le ventre , t r è s souvent
sans tension ; tantôt vers la partie supérieure ,
e t a l o r s l e h o q u e t l ' a c c o m p a g n e ; t a n t ô t v e r s l'inférieure ; et enfin,
la s u p p r e s s i o n d ' u r i n e s qui s u r v i e n t ,
annonce
u n e m o r t prochaine. Il arrive quelquefois q u e toute la p a r t i e e s t d o u l o u r e u s e . O u t r e c e s s i g n e s g é n é r a u x , il y en a de particuliers également funestes; dans plusieurs, les s a i g n é e s s e r o u v r e n t , et le s a n g , m a l g r é le n o m b r e d e s c o m presses , pénètre. Cette hémorragie est souvent a c c o m p a g n é e d ' u n e g a n g r è n e c h a r b o n n é e , qui s e f o r m e a u t o u r d e la s a i g n é e , e t d o n t on n e p e u t a r r ê t e r l e p r o g r è s . Q u e l q u e s u n s , un o u d e u x j o u r s a v a n t d e m o u r i r , s e p l a i g n e n t
DE
ST.-DOMINGUE.
I53
d ' u n e v i v e douleur d a n s q u e l q u e m e m b r e , e t s u r - t o u t à celui où l'on a fait un
plus grand nombre de
saignées.
C e p e n d a n t cette douleur attaque plus ordinairement les j a m b e s et l e s cuisses q u e l e s p a r t i e s s u p é r i e u r e s . C e t t e d o u l e u r e s t q u e l q u e f o i s suivie d'une g a n g r è n e , d o n t la s u p p u r a t i o n , si on p e u t la p r o c u r e r , d e v i e n t
salutaire,
m a i s t r è s - s o u v e n t il n'y p a r o î t rien q u ' a p r è s la m o r t ; e t q u e l q u e r e m è d e q u ' o n a p p l i q u e , o n n e p e u t venir à b o u t d e la c a l m e r . C e t a c c i d e n t a r r i v e o r d i n a i r e m e n t à c e u x qui ont é t é t r o p s a i g n é s .
Ils
ont coutume
de ne point
avoir le v e n t r e d o u l o u r e u x , e t d ' ê t r e trois ou q u a t r e j o u r s d a n s un é t a t d o u t e u x . D a n s les t e m p s s e c s , l e s m a l a d e s s e p l a i g n e n t p l u s d e d e la t ê t e ,
et o n t le
ventre
plus resserré que dans les
t e m p s h u m i d e s . I l s s o n t aussi p l u s s u j e t s au délire p e n d a n t l e c o u r s d e la m a l a d i e . L e s a n t r a x o u c h a r b o n s , la g a n grène s è c h e ,
sont des crises ordinaires dans les saisons
sèches , et l'ouverture des saignées et autres h é m o r r a g i e s , d a n s les p l u v i e u s e s . I l p a r o î t p a r l à , q u e la j a u n i s s e , les p a r o t i d e s , e t a u t r e s a c c i d e n s , sont s y m p t ô m e a v a n t le s e p t i è m e , j o u r , e t crise après ce terme. O n doit c o n s i d é r e r d a n s la c u r e d e c e t t e m a l a d i e trois t e m p s , le t e m p s d e la fièvre , le t e m p s d u c l a m e q u i lui s u c c è d e , e t l e t e m p s d e la t e r m i n a i s o n . T o u s c e u x qui g u é r i s s e n t d u m a l d e S i a m , n e s e t i r e n t d e s b r a s d e la m o r t q u e l o r s q u e la n a t u r e l e u r p r o c u r e un flux d e v e n t r e a b o n d a n t , un d é p ô t c o n s i d é r a b l e sur q u e l q u e p a r t i e e x t e r n e , ou p a r u n e é v a c u a t i o n a b o n d a n t e d'urines noires ; m a i s c e t t e d e r n i è r e c r i s e e s t bien r a r e . T o u t e s les indications d o i v e n t d o n c t e n d r e à s e c o n d e r la nature , pour pousser et chasser la matière
morbifique
par quelqu'une de ces crises. L a plus c o m m u n e
et la p l u s
s a l u t a i r e e s t l e flux d e
154
MEDECINE
v e n t r e . O n doit d o n c l'avoir p a r t i c u l i è r e m e n t e n v u e . L e s p r e m i è r e s v o i e s doivent avoir un droit particulier s u r la crise qui t e r m i n e u n e m a l a d i e d e p o u r r i t u r e . I l e s t r a r e q u e la s e m e n c e d e la p o u r r i t u r e n'y p r e n n e son origine. • • A u s s i observons - nous dans l'ouverture des cadavres m o r t s d e la m a l a d i e de S i a m , q u e la g a n g r è n e ne se t r o u v e j a m a i s en p l u s g r a n d e q u a n t i t é ailleurs q u e d a n s les i n t e s t i n s , q u o i q u e la s o u p l e s s e et la flaccidité de ces parties n e p u i s s e n t n o u s m e t t r e e n droit d ' a c c u s e r a u c u n e n g o r gement inflammatoire. I l faut d o n c ne p r e n d r e q u e les indications g é n é r a l e s , s ' a t t a c h e r à d i m i n u e r la p l é n i t u d e et le t r o p g r a n d e n g o r g e m e n t , délayer, et r a m o l l i r , s e c o n d u i r e en un m o t d e façon , q u e n ' a f f a i b l i s s a n t p a s t r o p la n a t u r e , on n e l a m e t t e p a s h o r s d'état d e s o u t e n i r l ' a f f a i s s e m e n t o u l ' a c c a b l e m e n t qui s u c c è d e A. la fièvre , e t qu'on lui laisse a s s e z d e f o r c e p o u r travailler e l l e - m ê m e à l ' e x p u l s i o n d e la m a t i è r e m o r b i f i q u e . D a n s c e t t e v u e n o u s p r o p o r t i o n n e r o n s les s a i g n é e s à la disposition q u ' o n r e n c o n t r e d a n s les m a l a d e s . N o u s l e s v i d e r o n s d a n s les c o m m e n c e m e n s p a r d e s l a v e m e n s purgatifs,
ensuite
émolliens
: on
bonne heure des fomentations
leur
appliquera d e
et c a t a p l a s m e s é m o l l i e n s
s u r t o u t e l ' é t e n d u e du v e n t r e , e t on a u r a soin d e le leur e n t r e t e n i r c h a u d . I l faut les e x h o r t e r à b o i r e s o u v e n t , e t choisir d a n s l e s b o i s s o n s d é l a y a n t e s celles qui
flattent
l e p l u s leur g o û t , p a r c e q u e le v o m i s s e m e n t , ou l'envie d e v o m i r , m e t un g r a n d obstacle au désir d e boire ; e t m ê m e les m a l a d e s qui ont c e s y m p t ô m e sont p e u a l t é r é s , quoiqu'ils
p a r a i s s e n t avoir
beaucoup
de
chaleur.
On
t r o u v e r a d a n s le R e c u e i l d e s r e m è d e s qui t e r m i n e l'Histoire
des M a l a d i e s , les formules des l a v e m e n s , c a t a -
p l a s m e s , b o u i l l o n s , et tisanes , qui c o n v i e n n e n t . J e fais
DE un
ST.-DOMINGUE
155
g r a n d cas du p e t i t lait clair fait a v e c la c r è m e d e
t a r t r e , e t a l t é r é p a r le c r e s s o n qu'on y fait i n f u s e r , o u d ' u n e l é g è r e décoction d e t a m a r i n l é g è r e m e n t é d u l c o r é e , e t à leur d é f a u t , d'une foible l i m o n a d e a v e c s a u v a g e „ et u n e c r o û t e crudité. Il convient
l'orange
d e pain r ô t i e pour en ôter la
d'entremêler
c e t t e b o i s s o n de q u e l -
q u e s t a s s e s d'infusion de t h é et d'anis m ê l é s e n s e m b l e , et e n c o r e m i e u x d e c r e s s o n , si le m a l a d e n'y
répugne
point. P o u r p e u q u e la fièvre p a r o i s s e s e c a l m e r , il n e c o n v i e n t p l u s d e s a i g n e r , e t j e m e d é t e r m i n e à la p u r g a t i o n , q u e j ' a d m i n i s t r e suivant les différentes c i r c o n s t a n c e s o ù j ' a p p e r ç o i s les m a l a d e s ; c a r s'ils p a r o i s s e n t avoir d e l a disposition à avoir le v e n t r e libre , je m e t s s e u l e m e n t d a n s le petit lait du sel d ' e p s o m o u d e s a i g n e t t e , ou s e u l , o u a v e c q u e l q u e s grains d e p o u d r e c o r n a c h i n e q u e j'ajoute d a n s la s e c o n d e ou t r o i s i è m e p r i s e , suivant l'effet q u e p e u t avoir la p r e m i è r e . J ' e m p l o i e p l u s o r d i n a i r e m e n t l ' é m é t i q u e en l a v a g e , parce qu'outre que cette façon d e purger ne répugne p o i n t au m a l a d e , elle s e c o n d e d'autant m i e u x l ' i n d i c a t i o n , q u ' o n s e p r o p o s e d e d é c h a r g e r , s'il s e p e u t , a v a n t l e d é v e l o p p e m e n t d e s m a u v a i s p r i n c i p e s , les p r e m i è r e s v o i e s d e la m a t i è r e m o r b i f i q u e q u i les s u r c h a r g e . Q u e l q u e p r e s s a n t e q u e p a r o i s s e l'indication d e la p o u r r i t u r e , je n'ai r e c o u r s a u x a c i d e s un p e u forts d a n s les b o i s s o n s , c o m m e j u s d ' o s e i l l e , d e citron , et esprit d e v i t r i o l , q u e lorsqu'il f a u t a b s o l u m e n t p r e n d r e le parti d e c a l m e r le v o m i s s e m e n t o u l ' h é m o r r a g i e , p a r c e qu'ils r e s s e r r e n t le v e n t r e , et s o n t c o n t r a i r e s à la crise la plus g é n é r a l e e t la plus o r d i n a i r e . I l s s o n t a p r è s t o u t o r d i n a i r e m e n t i n f r u c t u e u x , et j e p r é f è r e u n e l é g è r e infusion d e canelle dans le thé , q u i réussit beaucoup mieux. L o r s q u e le m a l a d e est au s e c o n d t e r m e d e la m a l a d i e ,
M É D E C I N E
156
c ' e s t - à - d i r e q u e la
fièvre
a g i r s u i v a n t les différentes trouver.
L e s malades
a t o t a l e m e n t b a i s s é , il faut c i r c o n s t a n c e s où il p e u t s e
paraissent ordinairement
tran-
q u i l l e s , et s e u l e m e n t a b a t t u s p e n d a n t v i n g t - q u a t r e h e u r e s , quelquefois deux jours, c'est-à-dire jusqu'au cinquième , o ù il c o m m e n c e à p a r o î t r e d e s s i g n e s d e dissolution. O n e n t r e t i e n t le m a l a d e p e n d a n t c e t e m p s d a n s l ' u s a g e d e s boissons
et des l a v e m e n s qui c o n v i e n n e n t , ou p o u r a u g -
m e n t e r la liberté du v e n t r e , si elle n'est p a s s u f f i s a n t e , ou p o u r la p r o c u r e r . On a j o u t e d a n s l e u r tisane q u e l q u e s racines apéritives, d ' a s p e r g e s , de c h i e n d e n t ,
d'oseille,
et le sel d e n i t r e . S i u n v o m i s s e m e n t t r o p c o n s i d é r a b l e fatigue le m a l a d e , ce qui est un mauvais s i g n e ,
( car
q u a n d on l'a o b s e r v é d a n s la fièvre , il c e s s e o r d i n a i r e m e n t p e n d a n t ce t e m p s ) on t e n t e r a q u e l q u e s a c i d e s , l e j u s d ' a n a n a s , d e citron , l'eau d e s C a r m e s , l e s é p i t h ê m e s s u r l ' e s t o m a c , et o n r e d o u b l e r a l ' u s a g e d e s l a v e m e n s , à m o i n s q u ' u n e f o i b l e s s e t r o p g r a n d e n'oblige d e les s u s p e n d r e . I l ne c o n v i e n t p a s e n c o r e d a n s c e t e m p s
d e la
m a l a d i e d e f a i r e p r e n d r e d e s p u r g a t i f s un p e u f o r t s ; on c o u r r a i t r i s q u e d e faire t o m b e r le m a l a d e d a n s un affaiss e m e n t , ou d a n s d e s foiblesses a u x q u e l l e s il p o u r r a i t s u c c o m b e r . Il c o n v i e n t s e u l e m e n t , si on lui t r o u v e a s s e z d e force , d'aiguiser les bouillons ou t i s a n e s d e q u e l q u e sel l a x a t i f , ou d'y f a i r e f o n d r e un p e u d e m a n n e , si l e m a l a d e p e u t e n s u p p o r t e r l'odeur e t le g o û t . C e d e r n i e r laxatif e s t à p r é f é r e r à t o u s les a u t r e s ; il m ' a p a r u l e mieux réussir. Q u a n d , p a r le c h a n g e m e n t d e s s y m p t ô m e s , on d é c o u v r e q u e le d é v e l o p p e m e n t d e s m a u v a i s p r i n c i p e s e s t f a i t , e t q u e le s a n g en e s t infecté , on y a p p l i q u e les r e m è d e s qui p a r a i s s e n t c o n v e n u p o u r les c o m b a t t r e . Il n'y en a p o i n t p o u r le v o m i s s e m e n t n o i r , et le flux d e v e n t r e noir : n é a n m o i n s p o u r c e l u i - c i , s u r - t o u t q u a n d la s u p p r e s s i o n d'urine n ' e s t point de la partie , c a r c'est a l o r s u n s i g n e
DE
S T. - D O M I N G U E . 1 5 7
m o r t e l , on d o n n e au m a l a d e , suivant le d e g r é d e f o r c e ou d e f o i b l e s s e qu'il a , de l é g e r s c o r d i a u x , c o m m e c o n fection d ' a l k e r m è s , p o u d r e d e v i p è r e , infusion d ' e a u d e c a n e l l e : on y joint q u e l q u e f o i s d e s p u r g a t i f s , afin de b a l a y e r les m a u v a i s e s m a t i è r e s qui , en s'arrêtant ,
ne
p e u v e n t q u ' a v a n c e r la c o r r u p t i o n . D a n s les é v a c u a t i o n s trop abondantes qui jettent le m a l a d e dans une trop g r a n d e foiblesse , j'ai recours avec succès à l ' o p i u m , à un tiers , à un q u a r t d e grain r e i t é r é ; il p r o c u r e un p e u d e s o m m e i l q u i , r é p a r a n t les f o r c e s , m e t le m a l a d e e n é t a t de s o u t e n i r l'effet d e s p u r g a t i f s q u ' o n e s t obligé d e réitérer. D a n s les v o m i s s e m e n s c o n t i n u e l s qui p e r s i s t e n t a p r è s la c e s s a t i o n d e la fièvre, c ' e s t - à - d i r e d a n s le
com-
m e n c e m e n t du t r o i s i è m e t e m p s d e la m a l a d i e , j ' a i eu u n bon s u c c è s du b a i n d a n s lequel on laisse e t on r e m e t l e m a l a d e s u i v a n t s e s f o r c e s . M a i s si le v o m i s s e m e n t
est
n o i r , c e r e m è d e n'est p l u s d e saison , e t tous les a u t r e s y d e v i e n n e n t inutiles. A u s s i tôt qu'un m a l a d e se plaint de quelque douleur à q u e l q u e e x t r é m i t é , il faut s u r - l e - c h a m p y a p p l i q u e r d e s f o m e n t a t i o n s ou c a t a p l a s m e s a d o u c i s s a n s , é m o l l i e n s , e t m a t u r a t i f s , e t e n v e l o p p e r t o u t e la p a r t i e , afin d ' a t tirer sur c e t t e p a r t i e le plus d e m a t i è r e s m o r b i f i q u e s qu'il sera possible, et y procurer un dépôt qu'on ouvrira dès qu'il p a r o i t r a q u e l q u e c h o s e d ' é l e v é , d e q u e l q u e n a t u r e qu'il s o i t , e t on c o n t i n u e r a t o u j o u r s l ' u s a g e d e s m ê m e s c a t a p l a s m e s . S i c'est u n c h a r b o n , o n le s c a r i f i e r a , on l e c o u p e r a e n c r o i x , et on a p p l i q u e r a d e s s u s les r e m è d e s d i g e s t i f s , afin d e faire v e n i r une s u p p u r a t i o n a b o n d a n t e d'où d é p e n d l e salut du m a l a d e . O n a n i m e r a le digestif s u i v a n t les c i r c o n s t a n c e s : il faut s'en d o n n e r de g a r d e d a n s les c o m m e n c e m e n s ; car les r e m è d e s s p i r i t u e u x s o n t c o n t r a i r e s à l'intention d'exciter la s u p p u r a t i o n qu'il c o n v i e n t d'avoir. O n
fera la m ê m e
chose
à la
gangrène
s è c h e , d e la p r é s e n c e d e l a q u e l l e on jugera p a r les d o u -
158
M É D E C I N E
l e u r s qui la p r é c è d e n t ou qui l ' a c c o m p a g n e n t . A p r è s t o u t les r e m è d e s y s o n t a s s e z i n u t i l e s , car j e n'ai p o i n t
en
core vu guérir de malades attaqués de ce s y m p t ô m e .
S'il
p a r o î t q u e l q u e s s i g n e s d'une é v a c u a t i o n c r i t i q u e p a r l e s u r i n e s , il f a u t la s e c o n d e r p a r les tisanes a p é r i t i v e s r é i t é r é e s et l é g è r e s , q u e l q u e s p r i s e s d e m a n n e ou d e
petit
l a i t , a v e c le c r e s s o n et l a c r è m e d e t a r t r e . L e s m é l a n c o l i q u e s , e t s u r - t o u t les s a n g u i n s , s u p p o r t e n t mieux
la s a i g n é e q u e les bilieux et l e s pituiteux , a u x -
q u e l s il c o n v i e n t d e la faire a v e c
modération , princi-
p a l e m e n t a u x d e r n i e r s ; on doit e s p é r e r u n s u c c è s plus f a v o r a b l e d e s p u r g a t i f s à leur é g a r d . • L e s a n g q u ' o n tire e s t t o u j o u r s t r è s - r o u g e , v e r m e i l
et
é c u m e u x , c o n t e n a n t p e u d e s é r o s i t é s . S i on fait s a i g n e r a p r è s la c e s s a t i o n d e la fièvre , le s a n g r e s t e
long-temps
l i q u i d e , q u e l q u e f o i s trois o u q u a t r e h e u r e s a p r è s la s a i g n é e , et il n'y
paroît point de sérosités. U n e
saignée
r é i t é r é e d a n s c e cas e s t non s e u l e m e n t d a n g e r e u s e , m a i s m o r t e l l e ; ainsi il f a u t p r e s c r i r e c e l l e s q u ' o n juge d e v o i r ê t r e n é c e s s a i r e s les d e u x t r o i s i è m e . Si c e p e n d a n t reprenoit, tique , dont
cette
fièvre
premiers j o u r s , la
fièvre
rarement
les accompagnoit
le ou
e s t a l o r s l'effet d'un d é p ô t c r i -
la t r o p g r a n d e q u a n t i t é d e m a t i è r e r e f l u e
vers les parties internes. Il convient dans c e cas de r e - m e t t r e à l a n a t u r e la guérison , et d e n e d o n n e r d e r e m è d e s , q u ' a u t a n t q u e la f o r c e d e la fièvre indiquera un reflux t r o p a b o n d a n t . L e s d o u x
p u r g a t i f s , et l e s d i u r é -
t i q u e s suffiront a l o r s . I l n'en est p a s ainsi d e s d é p ô t s c r i t i q u e s q u i a r r i v e n t d a n s les a u t r e s m a l a d i e s ; l o r s q u e l a fièvre
p e r s i s t e , on d o i t s u i v r e les indications q u e la c a u s e
d e la m a l a d i e p r é s e n t e ,
p a r c e qu'il n ' e s t p a s question ,
c o m m e d a n s le m a l d e S i a m , d e m é n a g e r e t d e s o u t e n i r une nature é p u i s é e ,
qu'il faut, c o n t i n u e l l e m e n t
p o u r la s e c o n d e r d a n s l ' e x p u l s i o n d'un v e n i n
étayer
pestilen-
D E
ST.-DOMINGUE.
159
t i e l , d o n t il faut é v i t e r a v e c soin le reflux v e r s les p a r t i e s internes. Ire.
Maladie.
J e fus a t t a q u é d e la m a l a d i e d e S i a m la p r e m i è r e n é e de m a r é s i d e n c e
à Saint-Domingue. J'avois
an-
essuyé
d e u x m o i s a u p a r a v a n t une violente fièvre d o u b l e - t i e r c e , et j ' e s p é r o i s en ê t r e e x e m p t ; m a i s j e fus t r o m p é . J ' e n attribuai la c a u s e en p a r t i e à l ' o u v e r t u r e d e q u e l q u e s c a d a v r e s , à la d i s s e c t i o n
desquels j'avois mis la main ,
p o u r m'instruire p a r m o i - m ê m e d e s d é s o r d r e s d ' u n e m a l a d i e qui étoit t o u t e n o u v e l l e p o u r m o i . J ' e u s de m u n a v e c les a u t r e s m a l a d e s u n e
com-
grande foiblesse,
un
a c c a b l e m e n t , et le h o q u e t qui m e d u r a q u a t r e j o u r s ; la j a u n i s s e h e u r e u s e m e n t n'arriva q u e le s e p t i è m e . ante septimum sect.
lethalis , post septimum
iv. C e q u e j ' e u s d e particulier fut u n e
p a r les o r e i l l e s , qui
me
Icterus 64,
salutaris. Aph.
hémorragie
d u r a huit à dix j o u r s , e t
qui
s e t e r m i n a p a r la n a i s s a n c e d'une g r a n d e q u a n t i t é
de
clous. e
I I .
Maladie.
U n j e u n e h o m m e d'un t e m p é r a m e n t vif e t s a n g u i n , f u t a t t a q u é d'une g r a n d e d o u l e u r d e t ê t e e t de r e i n s , a v e c continue,
le flux d e v e n t r e s u r v i n t . l'avoit
fièvre
lassitude et engourdissement. L e second jour J e fus a p p e l é le t r o i s i è m e ; o n
s a i g n é trois fois. J e le t r o u v a i t r è s - f o i b l e , a y a n t
l e p o u l s o n d u l e n t , et se p l a i g n a n t b e a u c o u p du b r a s o ù il avoit é t é s a i g n é . U n e d e s s a i g n é e s s'étoit r o u v e r t e ,
et
la g a n g r è n e c h a r b o n n é e p a r o i s s o i t a u t o u r . I l alloit f r é q u e m m e n t à la s e l l e , e t
ne
rendoit que des
matières
n o i r e s . L e soir le h o q u e t s e m i t d e la p a r t i e ; il m o u r u t l e l e n d e m a i n : a p r è s la m o r t ,
le b r a s p a r u t t o u t
gan-
grené. e
I I I .
Maladie.
U n h o m m e de vingt-cinq à t r e n t e a n s , d'un t e m p é r a m e n t
M É D E C I N E
160
a s s e z r e p l e t , s a n g u i n - p i t u i t e u x , e t t r è s - c o l o r é , fut pris p a r lassitude ; le m a l de t ê t e , d e r e i n s , et les envies de v o m i r s u r v i n r e n t ; l e s y e u x é t o i e n t r o u g e s , e t le m a l a d e fort a c c a b l é . I l f u t s a i g n é d e u x fois le s e c o n d jour. I l t o m b a en foiblesse à l a s e c o n d e s a i g n é e , e t on l e m i t à l ' u s a g e d u p e t i t lait a l t é r é p a r l e c r e s s o n . Il v i d a b e a u c o u p . L e soir, la
fièvre
é t a n t c e s s é e , il t o m b a p l u s i e u r s fois e n
f o i b l e s s e , e t le l e n d e m a i n l a j a u n i s s e p a r u t . D è s - l o r s l e s a c c i d e n s a u g m e n t è r e n t ; m a i s l e m a l a d e alloit b e a u c o u p à la s e l l e , e t l e s u r i n e s p a r u r e n t n o i r e s e t a s s e z a b o n d a n t e s . L e c i n q u i è m e j o u r , la p r e m i è r e s a i g n é e s e r o u v r i t , l e m a l a d e d e v i n t bouffi , fort a g i t é , c o u v e r t
de
p o u r p r e , d'une o d e u r t r è s - m a u v a i s e , e t a y a n t p e u de» c o n n o i s s a n c e , p a r c e qu'il étoit dans une e s p è c e de d é l i r e . O n lui d o n n a u n grain d e l a u d a n u m en d e u x p r i s e s ; il d e v i n t t r a n q u i l l e , e t d o r m i t c i n q à six h e u r e s . A s o n réveil,
l e s m a u v a i s s y m p t ô m e s p a r u r e n t c a l m é s . Ils r e -
parurent le s o i r , m a i s moins
violemment,
et persis-
t è r e n t le s e p t i è m e j o u r d e l a m ê m e f a ç o n ; c e q u i d o n n a d ' a u t a n t p l u s lieu d e bien a u g u r e r , q u e l e v e n t r e é t o i t t o u j o u r s l i b r e , e t q u e l e s u r i n e s noires couloient a b o n damment. E n effet,
depuis ce jour , le m a l a d e fut d e
m i e u x e n m i e u x , e t l e s t i s a n e s a p é r i t i v e s suffirent p o u r le guérir.
C H A P I T R E
I V .
T R A I T E M E N T DES F I È V R E S COMPLIQUÉES DE LA LES
MALADIE DE
SIAM.
d o u b l e - t i e r c e s sont d e s fièvres p r o p r e s à n o s c o l o -
nies. C e s o n t elles q u i font l e s trois q u a r t s d e s fièvres d e S a i n t - D o m i n g u e , e t c e s o n t elles a u s s i q u i a d m e t t e n t l e s complication
DE
ST.-DOMINGUE.
161
c o m p l i c a t i o n s é t r a n g è r e s . L e m a l d e S i a m se c o m p l i q u e a v e c elles q u a n d il n'y a p a s a s s e z d e m a t i è r e m o r b i f i q u e p o u r les faire d é g é n é r e r e n t i è r e m e n t en m a l a d i e d e
Siam
L ' a s s o u p i s s e m e n t , l ' a f f a i s s e m e n t , les signes d e p o u r r i t u r e q u i , a p r è s s'être t e r m i n é s en s u e u r s , n e laissent l e m a l a d e a b s o l u m e n t libre q u e p a r une i r r u p t i o n c o n s i d é r a b l e d e clous q u i s e fait d a n s la c o n v a l e s c e n c e , s o n t des s i g n e s q u i n o u s m a r q u a n t a s s e z l'analogie q u e n o u s
vou-
lons établir. A p r è s l e s r e m a r q u e s d e S y d e n h a m , s u r le c a r a c t è r e q u e p r e n n e n t t o u t e s les m a l a d i e s d ' u n e é p i d é m i e qui s e r a p p o r t e en g é n é r a l à la p r i n c i p a l e m a l a d i e r é g n a n t e ; a p r è s les o b s e r v a t i o n s s u r les fièvres pestilentielles et v a rioleuses qui étoient é v i d e m m e n t
des
dégénérescences
d e la p e s t e et de le p e t i t e v é r o l e , nous n e d e v o n s p a s ê t r e é t o n n é s d e r e t r o u v e r , d a n s les m a l a d i e s é t r a n g è r e s , le caractère d'une maladie endémique qui règne souvent a v e c t a n t d e fureur: C o m m e les tiques,
fièvres
s o n t d e d e u x g e n r e s , ou l y m p h a -
o u b i l i e u s e s , d e m ê m e les
fièvres
compliquées
a v e c la m a l a d i e d e S i a m , p e u v e n t ê t r e d i s t i n g u é e s
en
d e u x e s p è c e s . L à v i o l e n c e d e s s y m p t ô m e s fait le p r i n c i p a l c a r a c t è r e d e c e t t e différence : plus d ' a s s o u p i s s e m e n t d a n s les u n e s , p l u s d e feu d a n s les a u t r e s , les d i s t i n g u e essentiellement.
Quand nous parlerons de ces
fièvres,
n o u s v e r r o n s c o m m e n t o n p e u t e n c o r e les différencier à r a i s o n d e l e u r s p é r i o d e s . A u r e s t e , les s y m p t ô m e s
de
c o m p l i c a t i o n s e r e m a r q u e n t , ou d a n s le c o m m e n c e m e n t , o u d a n s l ' é t a t de signes
la m a l a d i e , e t c o n t i n u e n t a v e c d e s
é v i d e n s d e l a m a l a d i e d e S i a m , j u s q u e s dans la
déclinaison. L a c o m p l i c a t i o n est t o u j o u r s p l u s forte q u a n d e l l e s e fait a p p e r c e v o i r d a n s les c o m m e n c e m e n s ; a l o r s l e p o u r p r e s ' y joint o r d i n a i r e m e n t , s u r - t o u t q u a n d la
fièvre
e s t d e c e l l e s que n o u s a p p e l i o n s b i l i e u s e s . O n s e n t assez Tome
II.
L
162 M É D E C I N E p a r la n a t u r e de c e t t e m a l a d i e , et p a r le c a r a c t è r e â c r e e t irritant q u i s e t r o u v e d a n s les h u m e u r s d e c e u x q u e n o u s a p p e l o n s bilieux a v e c les anciens et les m o d e r n e s , q u e c'est c h e z e u x , et d a n s cette complication , q u e n o u s a v o n s le p l u s à c r a i n d r e . A u r e s t e , le péril d é p e n d i c i , c o m m e d a n s la m a l a d i e d e S i a m , d e l ' e f f i c a c i t é ,
de la
g r a n d e u r , et du c a r a c t è r e de la crise : c ' e s t elle q u ' o n d o i t a i d e r , e t n o t r e u n i q u e intention doit ê t r e d'aider e t d e s o u t e n i r la n a t u r e ; et si elle en a b e s o i n , d e la d é b a r r a s s e r d ' u n e p a r t i e du f a r d e a u s o u s l e q u e l elle s u c c o m b e r a i t . C ' e s t c e q u i s e r e m p l i t p a r les r e m è d e s q u e n o u s a v o n s p r e s c r i t s d a n s la m a l a d i e d e S i a m . L a différence ici n ' e s t q u e du p l u s ou du m o i n s . C ' e s t à la p r u d e n c e à d é t e r m i n e r la différence de l a m é t h o d e d u t r a i t e m e n t q u e l'on doit p r é f é r e r .
C H A P I T R E
V.
T R A I T E M E N T DES FIÈVRES DOUBLE-TIERCES DE S T . - D O M I N G U E . Les différentes e s p è c e s de fièvres q u e n o u s
observons
e n E u r o p e , n e s o n t p a s si c o m m u n e s à S a i n t - D o m i n g u e . L e s t i e r c e s - r é g u l i è r e s y sont a s s e z r a r e s , ainsi q u e
les
q u a r t e s . L e s plus c o m m u n e s d e t o u t e s les fièvres y s o n t les
double-tierces , espèce de
fièvre
qui se rapporte au
g e n r e q u e l e s a n c i e n s a p p e l l e n t hemitritœœ
tritœophyœ
,
e t q n i o n t un r a p p o r t i m m é d i a t a v e c c e l l e s q u e B a g l i v i n o u s a d é c r i t e s en I t a l i e , et qu'il a p p e l l e febres
mesen-
tricœ. L a n a t u r e d e la m a l a d i e , les c a u s e s qui o c c a s i o n n e n t la difficulté
du t r a i t e m e n t ,
s o n t les m ê m e s . O n y
v o i t q u e l q u e s l é g è r e s différences
d a n s les s y m p t ô m e s ,
q u i p a r a î t r o n t , p o u r ainsi dire , les m ê m e s à c e u x qui
DE
163
S T . - D O M I N GU E.
s e d o n n e r o n t la p e i n e d e les c o m p a r e r les u n e s a v e c l e s autres.
Ces
une simple
fièvres fièvre
se déclarent ordinairement
s u i v a n s q u e la c o m p l i c a t i o n d'une nouvelle une double-tierce; et
comme
t i e r c e , et ce n'est q u e d a n s les a c c è s de
fièvre
e n fait
façon q u e les accès se j o i g n e n t ,
n e laissent p l u s p a r o î t r e qun'une
légère
rémission ,
q u ' o n ne p e u t j a m a i s a p p e l l e r i n t e r m i s s i o n . C e s a c c è s s o n t a c c o m p a g n é s d e n a u s é e s ou v o m i s s e m e n t ; e t , en g é n é r a l , q u a n d celui-ci est e f f i c a c e , c ' e s t o r d i n a i r e m e n t un signe fort h e u r e u x . L e p o u l s e s t f r é q u e n t , a s s e z é g a l , q u e l q u e f o i s petit et s e r r é , q u e l q u e f o i s m o u et flasque ; le v e n t r e est t o u j o u r s g o n f l é , les h y p o c o n d r e s é l e v é s , quelquefois d o u l o u r e u x , et il y a un r e s s e r r e m e n t et une constipation g é n é r a l e du v e n t r e qui s e m b l e n t caractériser ces maladie. L a tête est toujours p r i s e , mais d i f f é r e m m e n t ; d a n s les u n s il y a a s s o u p i s s e m e n t , d a n s les a u t r e s un d é l i r e , m a i s qui n'est p a s bien v i o l e n t . Ces symptômes peut
s e divisent i n d i f f é r e m m e n t ; c a r on
compter deux espèces
L ' u n e e s t une
fièvre
différentes
que nous
de ces
appelons
b i l i e u s e , et l ' a u t r e d o u b l e - t i e r c e l y m p h a t i q u e teuse.
fièvres.
double-tierce ou p i t u i -
D a n s la p r e m i è r e e s p è c e , les h y p o c o n d r e s
p e u gonflés et p l u s d o u l o u r e u x , la l a n g u e c h a r g é e
son
d'une
h u m e u r plus j a u n e et p l u s a r i d e , le p o u l s a s s e z p e t i t , m a i s s e r r é ; le délire s'y joint plus o r d i n a i r e m e n t , et l e s a c c è s s u i v e n t m i e u x l'ordre a u q u e l ils s e s o n t a s s u j e t t i s d è s les c o m m e n c e m e n t . Cette espèce attaque principalement dans l e s s a i s o n s les p l u s c h a u d e s , les gens qui ont les h u m e u r s â c r e s et le t e m p é r a m e n t plus bilieux. L e s fièvres l y m p h a t i q u e s chose
au c o n t r a i r e
ont
quelque
de m o i n s violent e t d e m o i n s t u m u l t u e u x , m a i s
elles ont a u s s i p l u s d'obstination et p l u s d e difficulté
à
guérir. L e v e n t r e e s t plus g o n f l é ,
quoique plus s o u p l e , les
L3
164
M É D E C I N E
h y p o c o n d r e s sont m o i n s d o u l o u r e u x , le p o u l s est
flasque
e t plus m o u , l'urine m o i n s r o u g e , m a i s p l u s c r u e , p o i n t de délire,
m a i s un a b a t t e m e n t c o n s i d é r a b l e . L e s a c c è s
n e s u i v e n t p a s à b e a u c o u p p r è s l a m ê m e r é g u l a r i t é que, d a n s la fièvre d o u b l e - t i e r c e bilieuse. L e petit p r e n d s o u v e n t le c a r a c t è r e du g r a n d , le g r a n d au c o n t r a i r e , celui d u petit. D a n s la p r e m i è r e , l e s a c c è s sont, plus f o r t s , m a i s ils s o n t a u s s i plus c o u r t s . D a n s c e l l e - c i , la l o n g u e u r d e s a c c è s est r e m a r q u a b l e , ils e m p i è t e n t ment
l'un
sur l ' a u t r e , e t
considérable-
c'est une des m a r q u e a u x -
quelles j ' a i s o u v e n t e t m i e u x r e c o n n u le c a r a c t è r e d e s fièvres
double-tierces lymphatiques.
L a t e r m i n a i s o n la plus ordinaire d e c e s le dévoiement.
fièvres,
c'est
Q u a n d il s u r v i e n t a n n o n c é p a r les s i g n e s
q u i doivent n o u s faire c o n c l u r e
une
d i m i n u t i o n d e la
m a l a d i e , il e s t h e u r e u x ; c e p e n d a n t u n e t e r m i n a i s o n fun e s t e en particulier a u x
fièvres
double-tierces l y m p h a -
t i q u e s , et q u ' o n ne c o n n o î t p o i n t d a n s les l i e u s e s , c'est
un
flux
chyleux
m a l a d e e s t a u x abois , et qui
fièvres
bi-
qui s u r v i e n t q u a n d le
finit
et la c o n s t i p a t i o n et
l a vie. D a n s les
fièvres
b i l i e u s e s au c o n t r a i r e , si l'on v o i t u n
d é v o i e m e n t bilieux ,
c'est o r d i n a i r e m e n t
p o u r le bien
du m a l a d e , e t il e s t p r é c é d é d e signes h e u r e u x q u ' o n n e voit p a s d a n s les L'engorgement
fièvres
des
g l a n d e s du m é s e n t è r e ,
lymphatiques.
viscères
du
b a s - v e n t r e et des
est assez démontré par tous ces
s y m p t ô m e s . D a n s l'une e t l ' a u t r e e s p è c e d e c e s t o u t e la f o r c e e s t
fièvres,
o p p r i m é e à la fois p a r ces a r r ê t s u n i -
v e r s e l s d e l i q u e u r s ; m a i s il p a r o î t q u e d a n s l ' e s p è c e b i lieuse
l e s v i s c è r e s en s o n t l e siège principal ; et d a n s
l ' e s p è c e d e fièvre l y m p h a t i q u e , c e sont les p a r t i e s glanduleuses. L'ouverture du cadavre m'a démontré conjecture;
cette
c a r , d a n s la p r e m i è r e e s p è c e , n o u s a v o n s
S T . - D O M I N G U E.
DE trouvé, comme
l65
B a g l i v i , le f o i e , l ' e s t o m a c , l e
mésen-
t è r e e n g o r g é s ; m a i s , d a n s la s e c o n d e e s p è c e , les g l a n d e s é t o i e n t p r i s a s en p a r t i c u l i e r , et p r i n c i p a l e m e n t
toutes
l e s p a r t i e s qui a v o i s i n e n t le p a n c r é a s . C e t t e p a r t i e e l l e m ê m e étoit d a n s les u n s e n f l a m m é e , et s q u i r r e u s e d a n s l e s a u t r e s , m a i s d a n s t o u s les s u j e t s g é n é r a l e m e n t a f f e c t é e ; c e q u i n ' e s t p a s d ' u n e utilité m é d i o c r e p o u r f a i r e e n t e n d r e a u x m é d e c i n s d'où v i e n t c e g o n f l e m e n t s o u p l e , cette constipation rebelle et enfin,
qui caractérise notre espèce ,
le flux c h y l e u x q u i la t e r m i n e .
Baglivi a r e m a r q u é d'après F o n t a n u s , que ces
fièvres
s o n t r a r e s dans les p a y s f r o i d , et q u e les p a y s a u x q u e l s appartiennent ces hémitritées, Fréquentes espèces de
sunt fièvres
les
pays chauds. C'est de ces
, desquelles H i p p o c r a t e dit :
ex hypochondriorum dolore
Baglivi a raison de
armer de patience;
Febres
malignœ.
P o u r le t r a i t e m e n t , la n a t u r e et de l'engorgement m ê m e bien
sont
in A E t h i o p i â et in Italia.
des parties engorgées
n o u s doit d é m o n t r e r c o m -
nous
recommander
de
nous
car n o u s n e p o u v o n s p a s c o m p t e r
s u r l e s j o u r s c r i t i q u e s ; et l'inflexibilité
du ventre n o u s
d é m o n t r e a s s e z q u e n o u s n'avons g u è r e s à a t t e n d r e d e l'art qu'une mitigation
des s y m p t ô m e s , e t
des habiles
m é d e c i n s , q u ' u n e a t t e n t i o n e x a c t e à s u i v r e les v o i e s d e la n a t u r e , qui t e n d a s s e z g é n é r a l e m e n t à s e d é b a r r a s s é e p a r les é v a c u a t i o n s d u b a s - v e n t r e . Maladie. Une
d a m e , â g é e de q u a r a n t e - n e u f a n s , qui d e p u i s
p l u s d'un a n n'avoit plus, s e s r è g l e s , d'un t e m p é r a m e n t r o b u s t e , m é l a n c o l i q u e - b i l i e u x , a p r è s cinq à six j o u r s d ' i n d i s p o s i t i o n , p o u r l a q u e l l e elle s e fit s a i g n e r a u b r a s , f u t a t t a q u é e , le 23 d é c e m b r e 1746, d ' u n e p e t i t e q u i fut s u i v i e d'un r e d o u b l e m e n t a c c o m p a g n é L
3
fièvrs d'envie
166 de
M E D E CI N
E
v o m i r . E l l e fut s a i g n é e le 25 au m a t i n : e l l e p a s s a
la j o u r n é e
sans fièvre ; -une l é g è r e c h a l e u r , a c c o m p a -
g n é e d ' i n q u i é t u d e s et de d o u l e u r s d e t ê t e , a n n o n ç a v e r s les
neuf heures
du
j u s q u ' à huit h e u r e s missement
soir le
petit accès
qui
continua
du m a t i n , où le frisson e t le
vo-
d é c l a r è r e n t le g r a n d . C e s s y m p t ô m e s ,
ac-
c o m p a g n é s d'une g r a n d e agitation e t d e b e a u c o u p d'inq u i é t u d e s , f u r e n t c o n s i d é r a b l e s j u s q u ' à m i d i , sans q u e d'ailleurs la m a l a d e r e n d i t , aucune matière
ni p a r h a u t
bilieuse : t o u t p a r u t s e
v a i n s efforts. L a
fièvre
ni p a r b a s , réduire à de
se calma dans l'après-midi sans
a u c u n e a p p a r e n c e d e c r i s e , et en se c a l m a n t , fit t o m b e r l a m a l a d e d a n s un a c c a b l e m e n t e t u n e foiblesse
con-
s i d é r a b l e s , a y a n t les traits du v i s a g e fort c h a n g é s ; e t n'ayant point essuyé
d e m a l a d i e depuis p l u s d e
huit
a n s , il d e v o i t y avoir d e g r a n d s e n g o r g e m e n s qui p o u v o i e n t la f a i r e périr le 5 ou le 7. A p r è s avoir
réfléchi
sur les m o y e n s q u e je p o u r r a i s e m p l o y e r pour p r é v e n i r ce
fâcheux
é v é n e m e n t , je p e n s a i qu'il n e
pouvoit
y
e n a v o i r d e p l u s efficace , p o u r d i s p o s e r la nature à d e s é v a c u a t i o n s c r i t i q u e s , q u e le bain et la s a i g n é e du p i e d . E n c o n s é q u e n c e , j e profitai de l'intervalle , qui
devoit
ê t r e d'environ v i n g t - q u a t r e h e u r e s , p o u r faire b a i g n e r d e u x fois la m a l a d e . J e lui fis d o n n e r , en s o r t a n t bain,
du
un l a v e m e n t p u r g a t i f , e t d e u x h e u r e s a p r è s elle
fut s a i g n é e du p i e d . P e u d e t e m p s a p r è s c e t t e s a i g n é e , s u r v i n r e n t les a v a n t - c o u r e u r s du petit
accès ; c ' e s t - à -
d i r e la f r é q u e n c e et la p e t i t e s s e du p o u l s , a c c o m p a g n é e s d e d o u l e u r s d e t ê t e , et suivies d ' u n e g r a n d e c h a l e u r , d ' a l t é r a t i o n , et d e b e a u c o u p d ' i n q u i é t u d e s p e n d a n t la nuit. C e p e t i t
a c c è s avoit a v a n c é d e trois h e u r e s : le
grand avança à proportion. L e t i o n , le v o m i s s e m e n t , d é r a b l e s ; la foiblesse.
frisson , la
concentra-
e t les a g i t a t i o n s f u r e n t
malade tomboit
Ces symptômes
se
consi-
d e t e m p s en t e m p s calmèrent
en
l'après-midi,
D E
S T. - D O M I N G
167
UE.
et le c a l m e fut suivi d'une m o i t e u r q u i s e t e r m i n a e n u n e petite
sueur ,
q u i fit mouiller
une
chemise.
m a l a d e fut d e u x ou trois fois à la selle , e t
La
passa la
nuit a s s e z t r a n q u i l l e m e n t . A y a n t a p p r i s , le m a t i n , q u ' e l l e avoit é v a c u é d e u x ou trois fois p e n d a n t la n u i t , et q u e les
matières
é t a i e n t b i l i e u s e s , je m e
d é t e r m i n a i à la
p u r g e r a v e c u n e t i s a n e r o y a l e ; elle e n p r i t d e u x v e r r e s q u i la firent aller quinze à dix h u i t fois. I l n'y eut q u e l e s cinq à six p r e m i è r e s selles bilieuses ; les a u t r e s é t a i e n t d e la couleur et d e la n a t u r e d e s b o i s s o n s qu'elle avoit p r i s e s : ce q u e j ' a i o b s e r v é d a n s p r e s q u e t o u s les m a l a d e s , e t , à m o n é g a r d , d a n s les f r é q u e n t e s m a l a d i e s q u e j'ai e s s u y é e s à S a i n t - D o m i n g u e ; c e q u i m e fait c r o i r e q u ' e n fait d ' é v a c u a t i o n s du v e n t r e , p u r g a t i f s , il n'y
procurées par les
a q u e les p r e m i è r e s selles d ' u t i l e s , e t
q u e les a u t r e s , d è s qu'elles ne sont p a s t e i n t e s
d'hu-
m e u r s e x c r é m e n t i t i e l l e s , bien loin d ê t r e a v a n t a g e u s e s , d o i v e n t ê t r e n u i s i b l e s , p a r c e qu'elles n e p e u v e n t produire
que
un p l u s g r a n d d e s s è c h e m e n t d a n s l e s solides
e t les liquides. L e 29 maladie , le
petit
du m o i s ,
accès
qui
é t a i t le
6 d e la
a v a n ç a d e trois h e u r e s ,
et
s ' a n n o n ç a p a r un l é g e r f r i s s o n , qui fut bientôt suivi d e chaleur, d'inquiétudes,
et d e m a u x de tête plus cour
s i d é r a b l e s q u e clans les p r é c é d e n s ; j e m ' a t t e n d i s à un a s s a u t bien v i o l e n t , q u a n d le g r a n d lui s u c c é d e r a i t : il a v a n ç a p a r e i l l e m e n t d e trois h e u r e s ; l ' a c c a b l e m e n t , l e s éclipses du p o u l s , la p e r t e d e c o n n o i s s a n c e , e t les foib l e s s e s f r é q u e n t e s , d o n n è r e n t lieu d e s ' a l a r m e r , e t je m e t r o u v a i d a n s c e s c i r c o n s t a n c e s où
il faut r e m é d i e r
au m a l le p l u s p r e s s a n t . J e fis p r e n d r e à la m a l a d e quelques
cuillerées d'une p o t i o n faite a v e c la c a n e l l e ,
les
de girofle,
clous
et
le s u c r e , bouillis en
é g a l e s d'eau et de vin. A p r è s d e u x h e u r e s
parties
de combat
e n t r e la vie et la m o r t , la n a t u r e l ' e m p o r t a ; le v e n t r e s e d é b o u c h a , et les é v a c u a t i o n s f u r e n t si f r é q u e n t e s e t L
4
168
M É D E C I N E
si a b o n d a n t e s p e n d a n t cinq ou six h e u r e s , q u ' o n é t o i t c o n t i n u e l l e m e n t o c c u p é à c h a n g e r la m a l a d e . L e s m a tières q u ' e l l e r e n d o i t étoient fétides e t j a u n e s . O n lui fit p r e n d r e d e u x à trois f o i s , p e n d a n t les effets d e c e t t e c r i s e , u n e cuillerée d e la potion. L a s u e u r s e joignit à c e t t e é v a c u a t i o n , et l a m a l a d e m o u i l l a d e u x c h e m i s e s . E l l e c o n t i n u a d'évacuer p e n d a n t la n u i t , e t le l e n d e m a i n elle p a r u t t r a n q u i l l e ; d e u x g o b e l e t s d e p e t i t lait suffirent p o u r entretenir les é v a c u a t i o n s . C e p e n d a n t l e 8 d e la m a l a d i e , le petit a c c è s a v a n ç a d e trois h e u r e s , et s e d é c l a r a par un frisson p l u s fort e t plus long qu'il n'avoit f a i t , et par d e s e n v i e s d e v o m i r q u e la m a l a d e n'avoit p o i n t e n c o r e e u e s ; c e q u i m e fit j u g e r q u e l e g r a n d , qui lui s u c c é d e r a i t , c o n t i n u e r a i t en f a ç o n de redoublement ; c'est-a-dire sans être accompagné des s y m p t ô m e s ordinaires : l ' a v a n c e d e s a c c è s e s t un s i g n e c e r t a i n d e l ' a u g m e n t a t i o n , ou du m o i n s d e l'état d e la m a l a d i e . C e p e t i t a c c è s fut t r è s - v i o l e n t , et la m a l a d e f u t t o u t e la nuit d a n s u n e g r a n d e altération et u n e c h a l e u r a r d e n t e : elle fut t r è s - a g i t é e . I l n'y e u t d e s i g n e d e g r a n d a c c è s q u ' u n r e s s e r r e m e n t , ou u n e l é g è r e c o n c e n t r a t i o n du p o u l s , e t u n e f r o i d e u r q u i d u r a d e m i h e u r e ou t r o i s - q u a r t s d ' h e u r e . D ' a i l l e u r s , à l ' e x c e p t i o n d e l ' a c c a b l e m e n t et d e s foiblesses , il p a r u t , p o u r la f o r c e , d e la m ê m e n a t u r e q u e le petit. C e t a c c a b l e m e n t et ces foiblesses a u g m e n t è r e n t q u a n d la c r i s e a p p r o c h a ; m a i s c e s s i g n e s ne furent p a s si efficaces q u ' a u s e p t i è m e jour : u n e é v a c u a t i o n pareille à la p r é c é d e n t e la d i s s i p a . C e t t e é v a c u a t i o n c o n t i n u a p e n d a n t la n u i t , e t o n la p r o l o n g e a le l e n d e m a i n p a r d e u x g o b e l e t s d e p e t i t l a i t , ainsi q u ' o n l ' a v o i t p r a t i q u é à la fin d e l ' a u t r e f r i s e . L a m a l a d e e u t u n e s u e u r p l u s forte et p l u s l o n g u e . L e 10 le p e t i t a c c è s n ' a v a n ç a p o i n t ; il prit s e u l e m e n t à p e u p r è s à la m ê m e h e u r e q u e le h u i t i è m e j o u r ; il c o m m e n ç a p a r un léger frisson e t q u e l q u e s e n v i e s de
DE
S T. - D O M I N G U E .
169
v o m i r : il p a r u t c o n s i d é r a b l e à la m a l a d e ; m a i s je n'en e u s .point d ' i n q u i é t u d e . A u s s i le m a t i n , bien loin d e t r o u v e r la fièvre à la m a l a d e , je la vis au c o n t r a i r e d a n s u n e m o i t e u r q u i p e r s é v é r a t o u t le jour. L e 1 2 , il n'y e u t qu'un a c c è s d e s e p t à h u i t h e u r e s , q u i r e v i n t d e trois en trois j o u r s , p e n d a n t l ' e s p a c e d e huit à dix j o u r s , e t q u i obligea d'avoir r e c o u r s à q u e l q u e s p u r g a t i o n s , le p e t i t lait dont la m a l a d e continuoit d e faire u s a g e , ne faisant p l u s d'effet. L e s s y m p t ô m e s q u e j ' o b s e r v a i le t r o i s i è m e jour d a n s la m a l a d i e q u e j e viens d e d é c r i r e , m e d é t e r m i n è r e n t à a d m i n i s t r e r les r e m è d e s q u i p o u v o i e n t t e n d r e au r e lâchement , tout indiquant et m a r q u a n t une plénitude e t un e n g o r g e m e n t si c o n s i d é r a b l e s , q u ' o n avoit t o u t lieu d ' a p p r é h e n d e r au c i n q u i è m e , ou t o u t au plus t a r d a u s e p t i è m e , u n e suffocation : c e qu'il e s t o r d i n a i r e d ' o b s e r v e r d a n s ces c l i m a t s à l ' é g a r d d e c e u x qui p é r i s s e n t le c i n q u i è m e o u s e p t i è m e jour d e s fièvres d o u b l e t i e r c e s , et a u x q u e l s l ' é m é t i q u e m'a p a r u n'avoir d ' a u t r e effet q u e d ' a u g m e n t e r la c o n c e n t r a t i o n , q u i n e d é t a c h a n t p a r les s e c o u s s e s qu'il p r o c u r e q u e les m a t i è r e s d e s p r e m i è r e s v o i e s , s a n s rien ô t e r d e s e m b a r r a s q u i s o n t d a n s le c e n t r e d e s v i s c è r e s , il n e p e u t q u e l e s a u g m e n t e r par la p r e s s i o n qu'il leur o c c a s i o n n e ; p r e s s i o n d ' a u t a n t plus fatale , qu'elle fortifie le r e s s o r t d e s fibres, b i e n loin d e concourir au r e l â c h e m e n t . Il c o n v i e n t d o n c m i e u x d'avoir r e c o u r s a u x bains , a u x l a v e m e n s et a u x s a i g n é e s , qui s o n t les seuls r e m è d e s d o n t on p u i s s e e s p é r e r q u e l q u e succès. O n doit y avoir r e c o u r s , l o r s q u e l e s d e u x a c c è s se j o i g n e n t d è s les p r e m i e r s j o u r s , e t d a n s lesquels le g r a n d ne s e t e r m i n e p a s p a r u n e crise , p u dont la crise n e p a r o î t p a s p r o p o r t i o n n e l l e à la viol e n c e d e l'accès , p a r c a q u e l'union ou la contiguïté d e c e s d e u x a c c è s , d è s le c o m m e n c e m e n t d e la m a l a d i e , e s t un signe c e r t a i n d e t u r g e s c e n c e o u d e p l é n i t u d e a b o n -
1 7 0
M É D E C I N E
dante,
et que
la
privation de crise
semble annoncer
u n e c o n c e n t r a t i o n qui p r o v i e n t de l ' é t a t d ' o p p r e s s i o n o ù s e t r o u v e la n a t u r e .
C H A P I T R E TR
ON
A I T E M E N T
DE L A
a p p e l l e a u x I l e s Cachexie,
V I . C A C H E X I E .
le m a l d ' e s t o m a c , p a r c e
q u e c e u x qui en s o n t a t t a q u é s r e s s e n t e n t u n e si g r a n d e p e s a n t e u r d a n s toute l ' é t e n d u e q u e , s u r - t o u t au milieu plaignent pour
que de l ' e s t o m a c ,
aucun aliment.
d e la r é g i o n é p i g a s t r i -
d e c e t t e p a r t i e , qu'ils et
qu'ils
ne s e
n'ont d'appétit
I l s d e v i e n n e n t p â l e s , bouffis , e t
t o u t e s les p a r t i e s du c o r p s , s u r - t o u t le
ventre,
par-
a i s s e n t c o n s i d é r a b l e m e n t enflées. Ils r e s s e n t e n t u n e l a s s i t u d e e x t r a o r d i n a i r e , et sont t e l l e m e n t a s s o u p i s , q u ' i l s voudraient toujours dormir. Cette maladie
négligée
a
c o u t u m e d e d é g é n é r e r en s c o r b u t , q u i s e t e r m i n e p a r une hydropisie, Deux
ou p a r u n e
diarrhée.
c a u s e s g é n é r a l e s c o n c o u r e n t à f o r m e r le
mal
d ' e s t o m a c ; l ' u s a g e d e s m a u v a i s a l i m e n s , qui n ' e s t q u e trop commun deux
d a n s les
surfit p o u r
péramens
la p a r e s s e : l'une
des
pituiteux.
Les Nègres seulement
f i e s , et
le p r o c u r e r , s u r - t o u t d a n s les t e m -
y sont p l u s s u j e t s q u e le
blancs ,
non
p a r c e qu'ils n ' u s e n t q u e d ' a l i m e n s t r è s - g r o s -
s i e r s , t e l s q u e la c a s s a v e , les p a t a t e s ,
les i g n a m e s ,
l e g o m b o et le m a i s ; m a i s aussi p a r c e qu'ils
ont s o u -
v e n t le m a l h e u r d ' a p p a r t e n i r à d e s m a î t r e s qui o n t l ' i n h u m a n i t é d e leur r a v i r le t e m p s q u ' o n a c o u t u m e d e l e u r a c c o r d e r p o u r cultiver les
v i v r e s d o n t ils o n t
besoin.
DE
S T.-DOMI NGUE.
171
I l s n'ont d'autre r e s s o u r c e dans c e t t e e x t r é m i t é , q u e d ' e m p l o y e r une p a r t i e d e la nuit à c h e r c h e r q u e l q u e s a u t r e s m a u v a i s e s nourritures , plus p r o p r e s à leur n u i r e q u ' à les fortifier. Quelque robustes que puissent être ces infortunés e s c l a v e s , ils s u c c o m b e n t b i e n t ô t , et le m a l d ' e s t o m a c e s t la m o i n d r e d e s m a l a d i e s a u x q u e l l e s ils soient s u j e t s ; car les obstructions du m é s e n t è r e , du foie et d e l a r a t e , a c c o m p a g n é e s d e fièvres lentes , d e flux d e v e n t r e ou d'hydropisie , font périr le plus g r a n d n o m b r e . L e s c o n v a l e s c e n s , d o n t la q u a n t i t é d e s r e m è d e s a affaibli le r e s s o r t d e l ' e s t o m a c et des i n t e s t i n s , et a d é s u n i les globules d u s a n g , y s o n t t r è s - s o u v e n t s u j e t s , s u r - t o u t c e u x d o n t la l o n g u e u r et la v i o l e n c e d e s s y m p t ô m e s ont eu p o u r c a u s e principale un e n g o r g e m e n t d a n s les v a i s s e a u x l y m p h a t i q u e s du m é s e n t è r e . L ' u s a g e d e s m a u v a i s a l i m e n s , u n e v i e oisive , l ' u n e o u l'autre de ces d e u x c a u s e s , et la foiblesse d e l'est o m a c , é t a n t le p r i n c i p e de la c a c h e x i e ; et leur effet é t a n t u n e digestion t r è s - i m p a r f a i t e , un s a n g d é s u n i , un r e l â c h e m e n t d e s parties solides , e t d e s e n g o r g e m e n s d a n s les v i s c è r e s du v e n t r e , sur-tout dans les v a i s s e a u x l y m p h a t i q u e s d e l ' e s t o m a c , du foie e t du m é s e n t è r e ; o n n e doit s u i v r e d ' a u t r e indication q u e d ' é v a c u e r l ' a b o n d a n c e qui s u r c h a r g e les v a i s s e a u x , d'ouvrir c e u x q u i s o n t o b s t r u é s , e t en rétablissant le ressort des fib r e s , d o n n e r au s a n g la n o u r r i t u r e et la consistance d o n t il est d é p o u r v u . J e p r o p o s e p o u r cet effet une m é t h o d e dont je m e suis t o u j o u r s s e r v i a v e c s u c c è s . P r e n e z une p o i g n é e d e v i e u x clous bien r o u i l l e s , u n g r o s d e sel a m m o n i a c , des r a c i n e s de bois d ' a n i s e t t e , d'herbe à c o l l e t , c o u p é e s par p e t i t s m o r c e a u x , et c r e s s o n , de chacun une p o i g n é e ; g i n g e m b r e , une d e m i p o i g n é e , et six citrons c o u p é s en q u a t r e ; m i e l c o m -
.
173
M É D E C I N S
m u n , d e m i - l i v r e : m e t t e z le tout d a n s t r o i s pintes d'eau b o u i l l a n t e , q u e v o u s laisserez f e r m e n t e r v i n g t - q u a t r e h e u r e s : p a s s e z e t e x p r i m e z t o u t e s les d r o g u e s . L e m a l a d e p r e n d r a u n gobelet d e c e t t e l i q u e u r d e t r o i s e n trois h e u r e s ; d a n s l'intervalle , d u t h é , o u d e l'infusion d e petite sauge. S i c e t t e t i s a n e n e suffit p a s p o u r l â c h e r l e v e n t r e cinq à six f o i s , faites p r e n d r e d e d e u x jours l ' u n , d a n s l e p r e m i e r v e r r e , d e u x g r o s d e sel d ' e p s o m , e t v i n g t quatre grains de poudre cornachine. O n donne tous les s o i r s a u m a l a d e un g r o s d e t h é r i a q u e , qu'on délaie d a n s m o i t i é e a u et m o i t i é vin. P l u s i e u r s s o n t si difficiles à é m o u v o i r , q u ' o n e s t obligé d ' a n i m e r les p r e m i e r s v e r r e s d e p u r g a t i o n p a r l ' é m o t i q u e . D a n s c e c a s on n e doit point p r e s c r i r e la t h é r i a q u e , il f a u t a t t e n d r e q u e l ' e n g o r g e m e n t soit d i m i n u é . J ' a i soin au s u r p l u s d e r e c o m m a n d e r a u x m a l a d e s l ' e x e r c i c e , s u r - t o u t celui du c h e v a l , l'usage d e s a l i m e n s s e c s , du café et du vin b l a n c , et d e m a n g e r b e a u c o u p d e p o m m e s d'acajou. J e n e p r e s c r i s a u x c o n v a l e s c e n s q u i s o n t m e n a c é s du m a l d ' e s t o m a c , q u e l ' u s a g e d e la t i s a n e a p é r i t i v e m a j e u r e , e t d e t r o i s en trois j o u r s c e l u i d e la t i s a n e s i m p l e p u r g a t i v e , dont on t r o u v e r a la description dans notre Pharmacopée. J ' a i vu d e b o n s effets d e l'usage c o n t i n u é d'une s i m p l e t i s a n e faite a v e c l e s r a c i n e s d e c h i c o r é e s a u v a g e , d'as p e r g e s , d ' o s e i l l e , d e v i e u x c l o u s e t le Une
d a m e qui avoit
cachexie,
et
cresson.
b e a u c o u p d e disposition à l à
qui n'étoit p o i n t r é g l é e d e p u i s p l u s i e u r s
a n n é e s , s e r é t a b l i t p e u à p e u , e t fut r é g l é e an d e trois à q u a t r e m o i s
d'usage de cette
tisane.
a n t r e fut délivrée d é s fleurs b l a n c h e s qui la en cet
état.
bout Une
mettoient
DE
ST.-DOMINGUE.
173
O u t r e les e s p è c e s d e c a c h e x i e do nt j e v i e n s d é faire m e n t i o n , il y
en a d e u x
autres que j'appelle scor-
b u t i q u e s et v é r o l i q u e s , qui sont p a r c o n s é q u e n t s y m p t ô m e s de l'une ou de l'autre maladie. Elles sont bien c o m m u n e s parmi les C r é o l e s , parce qu'un grand n o m b r e s o r t d e p è r e s e t m è r e s qui leur ont l a i s s é en h é r i t a g e de
telles m a l a d i e s . E l l e s a c c o m p a g n e n t é g a l e m e n t t o u s
c e u x qui sont i n f e c t é s d e l'une o u d e l ' a u t r e , s u r - t o u t d u s c o r b u t ; et c e t t e m a l a d i e ou s y m p t ô m e a t o u j o u r s c o u t u m e d e p r é c é d e r la d i a r r h é e , l ' h y d r o p i s i e o u
les
ulcères qui terminent la carrière des scorbutiques. L e s fleurs b l a n c h e s s i m p l e s , c a r il faut bien l e s d i s t i n g u e r des. v é r o l i q u e s , ou d e c e l l e s qui s o n t u n e s u i t e d e la g o n o r r h é e , s o n t un s y m p t ô m e
d e la
cachexie
d a n s les f e m m e s . Q u e l q u e f o i s elles p r é c è d e n t c e t t e m a ladie , e t
la p r o d u i s e n t . E l l e s p r o v i e n n e n t alors ,
ou
d ' u n e g o n o r r h é e m a l g u é r i e , o u d'une s u i t e d e c o u c h e d a n s laquelle u n e f e m m e a u r a été m a l d é l i v r é e , c ' e s t à - d i r e à qui o n a u r a manœuvre
a r r a c h é d e force l ' a r r i è r e - f a i x ,
q u ' e m p l o i e n t la p l u p a r t d e s s a g e s - f e m m e s
d u p a y s . L e s c a u s e s i n d i q u e n t les r e m è d e s qui p e u v e n t convenir. O n jugera mieux des avantages des méthodes c u r a t i o n , par leur s u c c è s sur les m a l a d e s .
de
I r e . Maladie. U n e fille d e v i n g t a n s , d'un t e m p é r a m e n t p i t u i t e u x sanguin , d ' u n e p o i t r i n e d é l i c a t e , s u j e t t e
à l'engorge-
m e n t d e la r a t e , q u i s'étoit dissipée en F r a n c e , eut
de
g r a n d s sujets d e c h a g r i n , qui s u p p r i m è r e n t ses r è g l e s , e t la firent t o m b e r d a n s u n e fiève d o u b l e - t i e r c e qui d é g é n é r a en
fièvre
lente-continue. Elle devint leucophleg-
m a t i q u e , u r i n a n t p e u , et si o p p r e s s é e , q u e la j u g e a n t à l'extrémité,
o n m ' a p p e l l a . J e la trouvai a v e c
une
174 toux
M É D E C I N E sèche,
le p o u l s t r è s - f r é q u e n t , la r e s p i r a t i o n f o r t
e m b a r r a s s é e , n e p o u v a n t r e s p i r e r q u ' a s s i s e d a n s le lit. L e s h y p o c o n d r e s é t o i e n t d o u l o u r e u x , s u r - t o u t le d r o i t ; il y avoit fluctuation d a n s le v e n t r e ,
et s u i v a n t les a p -
p a r e n c e s , é p a n c h e m e n t d a n s la p o i t r i n e ; les c u i s s e s étoient e x t r a o r d i n a i r e m e n t enflées ; elle r e s s e n t a i t de c o n t i n u e l l e s fraîcheurs , et étoit très-altérée dans
les p e t i t s r e d o u -
b l e m e n s d e fièvres qui s e s u c c é d o i e n t les uns a u x a u t r e s . E l l e fut g u é r i e p a r les
remèdes
s u i v a n s , qu'elle prit
p e n d a n t l ' e s p a c e d e trois m o i s , a u b o u t d u q u e l
temps
s e s r è g l e s se rétablirent. P r e n e z de v i e u x c l o u s ,
u n e p o i g n é e ; sel a m m o n i a c ,
d e m i - g r o s ; racines d ' a s p e r g e s , de d'oranger
et d e
citronnier,
c h e e t de pois p u a n t , de
chiendent,
écorce
racines de verveine
de c h a c u n
une pincée ;
sucre coupée par m o r c e a u x , une
blancanne
poignée ; grai-
n e s d e s a p o t i l l e s c o n c a s s é e s , u n e d o u z a i n e : f a i t e s bouillir d a n s d e u x p i n t e s d'eau j u s q u ' i l la d i m i n u t i o n d u
quart;
f a i t e s infuser u n e p o i g n é e d e c r e s s o n , e t p a s s e z le t o u t . E l l e u s a p e n d a n t trois s e m a i n e s d ' u n e a u t r e t i s a n n e , faite a v e c les racines de p e t i t la
squine
d u p a y s , le
b a l i s i e r , le
g i n g e m b r e et le
de
orien-
tal , d e c h a c u n e
une pincée ; le
u n e p o i g n é e , et
un g o b e l e t d e g r o s sirop , q u ' o n m e t -
toit d a n s d e u x p i n t e s d'eau , o ù
cresson
chiendent,
safran
l'on, é t a i g n o i t
savane , un
fer
r o u g e , et on laissoit le t o u t f e r m e n t e r v i n g t - q u a t r e h e u r e s : on passoit
ensuite
la l i q u e u r . C e t t e t i s a n e é t o i t p u r -
gative et t r è s - d i u r é t i q u e . O n m e t t a i t d a n s les b o u i l l o n s d u k a i a , de la p i m p r e n e l l e , du c e r f e u i l , d e la sauvage, du céleri et du
cresson,
chicorée
DE
ST. - D O M I N G U E .
C H A P I T R E
175
VII.
T R A I T E M E N T DE LA C A C H E X I E C O M P L I Q U É E . UNE f e m m e d e v i n g t - h u i t a n s fut a t t a q u é e , à la suite d'une c o u c h e , d'un gros r h u m e , qui d é g é n é r a e n fluxion de poitrine. C e t t e m a l a d i e fut négligée , l a fièvre p e r s i s t a ; la m a l a d e devint e n f l é e , sur - tout d e s j a m b e s e t d e s cuisses. Q u a n d je fus a p p e l l e , j e la t r o u v a i fort a c c a b l é e ; elle avoit un p o u l s p e t i t et f r é q u e n t ; la fièvre r e d o u b l o i t p a r frisson ; e t sur le r a p p o r t q u e m e fit la m a l a d e , il y avoit u n e i n t e r m i s s i o n d e huit à dix h e u r e s ; t o u t le corps étoit bouffi , et les p a r t i e s inférieures é t o i e n t t r è s - g r o s s e s . E l l e toussoit b e a u c o u p ; les c r a c h a t s m e p a r u r e n t p u r u l e n s . E l l e a v o i t , p o u r s u r c r o î t un d é v o t e m e n t qui la faisoit aller d e d e m i - h e u r e en d e m i - h e u r e . J e lui consaillai les r e m è d e s s u i v a n s . P r e n e z u n e douzaine d e c l o u s r o u i l l e s , d e l'écorce d e g o m m i e r c o u p é e p a r petits m o r c e a u x u n e p i n c é e , d u c r e s s o n d e s a v a n e Une d e m i - p o i g n é e , d u f r a n c b a s i n u n e p i n c é e ; f a i t e s - l e s bouillir d a n s d e u x pintes d'eau j u s q u ' à la diminution du q u a r t ; p a s s e z la tisane d o n t la m a l a d e u s e r a p o u r b o i s s o n . O n lui l a v e r a tous les soirs les j a m b e s a v e c la d é c o c tion d e s feuilles d ' o r a n g e r , de citronnier et d e m o n b i n . O n la p u r g e r a d e cinq en c i n q j o u r s a v e c un g r o s d e r h u b a r b e , et deux o n c e s d e m a n n e . D a n s six j o u r s , on la m e t t r a à l ' u s a g e d e l'opiat s u i v a n t , d o n t elle p r e n d r a d e u x p r i s e s , l'une à la fin de la fièvre, et l'autre huit j o u r s a p r è s . P r e n e z q u i n q u i n a , d e u x g r o s ; iris de F l o r e n c e , safran de m a r s a p é r i t i f s , de c h a c u n un g r o s ; b l a n c de b a l e i n e , d e u x g r o s : m ê l e z cela d a n s suffisante q u a n t i t é de m i e l d e Narbonne. L a prise d'un g r o s .
176
M É D E C I N E
C H A P I T R E
VIII.
T R A I T E M E N T DU SCORBUT ET DE L ' O B S T R U C T I O N DE LA R A T E . LE
scorbut; e s t u n e corruption si g é n é r a l e , q u e t o u t e
l a m a s s e du s a n g en est i n f e c t é e ; u n e haleine m a u v a i s e , des gencives livides, sanguinolentes, et quelquefois noir â t r e s ; les d e n t s qui r e m u e n t et q u ' o n a r r a c h e f a c i l e m e n t ; u n e p e s a n t e u r ou douleur g r a v a t i v e d a n s les
hy-
p o c o n d r e s , u n e l a s s i t u d e s u r - t o u t d a n s les p a r t i e s i n f é r i e u r e s , e t d e s t a c h e s g r a n d e s , sans é l é v a t i o n , tres , pourprées
et
noires ,
sont
les
signes
rougeâles
plus
c o m m u n s d e c e t t e m a l a d i e ; m a i s il n'y en a point q u i l a c a r a c t é r i s e m i e u x d a n s les P a y s c h a u d s q u e le g o n flement
o u l ' o b s t r u c t i o n d e r a t e qui en est le
symptôme
ordinaire ; ceux des parties supérieures étant r a r e s , et ne paraissant ordinairement
q u e d a n s les a n n é e s où la s é -
c h e r e s s e a été c o n s i d é r a b l e . L e mécanisme effet
de
la r e n d r e p l u s
corruption
la s t r u c t u r e susceptible
de
la r a t e
doit
en
et
de
dans
les
d'engorgement
que tout autre viscère, s u r - t o u t
p a y s c h a u d s et m a r é c a g e u x , t a n t p a r r a p p o r t à la t r o p g r a n d e dissipation d'esprits a n i m a u x besoin
que
elle a
plus
les autres viscères , q u e par rapport
aux
effets du r e l â c h e m e n t
dont
qui suit les f r é q u e n t e s
maladies
q u ' o n essuie à S a i n t D o m i n g u e . D e là v i e n t q u e la r e g a r d o n s c o m m e
le principal s i è g e d e s c a u s e s
nous du
p l u s g r a n d n o m b r e d e s m a l a d i e s c h r o n i q u e s , d e la d i a r rhée,
d e l ' h y d r o p i s i e et du flux h e m o r r o i d a l ,
sont presque toujours des
c e u x qui s o n t attaqués, d e c e t t e o b s t r u c t i o n leur carrière.
qui
s u i t e s , e t p a r o ù , à la
en fin,
terminent
DE
S T. - D
O M I N GU E .
177
L a c o n f o r m i t é qu'il y a d u g o n f l e m e n t d e l a R a t e , c o m m u n dans l ' A m é r i q u e , et de ses s y m p t ô m e s , avec l a m a l a d i e q u e l e s a n c i e n s a p p e l l e n t grande Rate, nous d o n n e lieu d e croire qu'ils o n t décrit le s c o r b u t s o u s c e n o m , e t q u e l'opinion q u ' o n a qu'ils n e l'ont p a s c o n n u , n ' e s t f o n d é e q u e s u r l a différence d u n o m , e t sur c e q u e le g o n f l e m e n t d e r a t e n'est p a s o r d i n a i r e d a n s l e s c o r b u t d u n o r d . U n e telle différence p e u t a r r i v e r sans c h a n g e r l e c a r a c t è r e d e l a m a l a d i e , suivant la qualité d u c l i m a t e t la situation d e s l i e u x , qui d o n nent à toutes les parties du c o r p s , et souvent à q u e l q u e s u n e s p l u s q u ' a u x a u t r e s , d e s dispositions p a r t i c u lières q u i les r e n d e n t p l u s s u j e t t e s a u x m a l a d i e s e t a u x i m p r e s s i o n s d e l'air d'une c o n t r é e q u i c o n t i e n t d e s p r i n c i p e s plus a n a l o g u e s a v e c l ' h u m e u r d'un t e l v i s c è r e , q u ' a v e c celle d ' u n a u t r e . C e s e n t i m e n t e s t d ' a u t a n t p l u s j u s t e , qu'il e s t c o n f o r m e à c e q u e nous o b s e r v o n s t o u s l e s j o u r s à S a i n t D o m i n g u e , où tout concourt à y produire cette m a l a d i e ; s a v o i r , la situation d e s lieux q u i s o n t t r è s - m a r é c a g e u x , l e s m a u v a i s a l i m e n s d o n t o n use , l e s d é b a u c h e s a u x q u e l l e s o n s e l i v r e , e t les f r é q u e n t e s m a l a d i e s q u ' o n y e s s u i e ; e t , si l e s s c o r b u t i q u e s résistent p l u s l o n g - t e m p s dans l ' A m é r i q u e m é r i d i o n a l e q u e d a n s l e n o r d , il n e f a u t l'attribuer q u ' à l a c h a l e u r d u c l i m a t q u i leur e s t f a v o r a b l e . M a i s a p r è s t o u t , ils y l a n g u i s s e n t p l u t ô t qu'ils n e vivent. D e s i x e n six m o i s , a u p l u s t a r d t o u s l e s a n s , ils s o n t s u j e t s à d e s fièvres i n t e r m i t t e n t e s ou c o n t i n u e s , a c c o m p a g n é e s d e flux d e v e n t r e ou d'hydropisie. O n applique les remèdes qui peuvent diminuer le mal ; on en vient à bout ; m a i s quelques r e m è d e s q u ' o n a p p o r t e , la r a t e e s t t o u j o u r s gonflée , e t a u bout d e s e p t à h u i t m o i s l e m a l r e v i e n t ; e t a p r è s q u e l q u e s vicissitudes d e s a n t é e t d e m a l a d i e , il d é g é n è r e e n flux d e v e n t r e . Qui lienosi à Dysenteria Tome II. M
178
M E D E C I N E
corripiuntur, drops , aut
his
longá
superveniente
intestinorum
Aphoris. 43,
levitas ,
Dysenterid,
Hy-
etc. , pereunt.
Hipp.
5 , 6.
II a r r i v e t r è s - s o u v e n t
que cette
m a l a d i e est
entée
s u r un r e s t e d e v é r o l e q u i , joint au s c o r b u t , les
rend
l'une
pour
et l'autre i n c u r a b l e s . A l o r s
soulager son
malade , ne
un
peut user
médecin, que
de
quelques
r e m è d e s a n o d i n s . D e p u i s 1738, où la s é c h e r e s s e à d o m i n é j u s q u ' à 1744,
on
t o u t p e n d a n t 1742
a
vu et
moins 1743,
rates gonflées,
sur-
q u e d a n s les a n n é e s
de
pré-
c é d e n t e s qui ont é t é p l u v i e u s e s , p a r c o n s é q u e n t de
diarrhées , moins
d'hydropisies
; et
ceux
é t o i e n t a t t a q u é s ont eu des s y m p t ô m e s p l u s
moins qui
en
conformes
à c e u x q u ' o n a c o u t u m e d'avoir en E u r o p e ; d e s
gen-
cives pourries, des taches pourprées ; mais sur-tout des j a m b e s u l c é r é e s , et des u l c è r e s si m a u v a i s , q u e les
os
s e c a r i o i e n t en t r è s - p e u d e t e m p s . Q u e l q u e s u n s , m a i s en
petit n o m b r e ,
eurent
des
marques de
corruption
a u x g e n c i v e s , e t d e s t a c h e s , s a n s qu'il p a r û t d ' o b s t r u c tion apparente. L e s t e m p é r a m e n s m é l a n c o l i q u e s , et les b i l i e u x ,
sont
p l u s s u j e t s a u s c o r b u t q u e les s a n g u i n s et les p i t u i t e u x ; c e u x qui m è n e n t u n e vie o i s i v e , ou qui v i v e n t d e m a u v a i s a l i m e n s , p l u s q u e c e u x qui a g i s s e n t , et u s e n t de b o n n e s n o u r r i t u r e s . L e s h a b i t a n s d e s m o n t a g n e s n'y sont p a s s i s u j e t s , si c e n ' e s t c e u x qui d e m e u r e n t d a n s d e s g o r g e s o u a c c u l s p r o f o n d s , é t r o i t s , où p a s s e n t d e g r a n d e s
ri-
v i è r e s ; e n c o r e y en a - t - i l p e u qui en s o i e n t a t t a q u é s . L e s a n g qu'on tiré a u x s c o r b u t i q u e s , ou v é r o l e s , qui s o n t p a r v e n u s au dernier d e g r é d e dissolutiou , teint p e u l e l i n g e . Q u a n d il est froid , il r e s s e m b l e à u n e g e l é e
d'un
r o u g e p â l e ou m a r b r é ; il n e s'en s é p a r e point de s é r o s i t é s , o u t r è s - p e u . F a i s a n t a t t e n t i o n à la q u a l i t é d u p o u l s qui , d a n s t o u s , e s t flasque , et p r e s q u e o n d u l e n t , à la couleur.
DE S t . - D O M i N G U E .
179
olivâtre ou p l o m b é e du v i s a g e , e t s o u v e n t d e t o u t l ' e x t é rieur du c o r p s , e t à la b l a n c h e u r d e s l è v r e s , je p e n s e q u e c e t t e qualité est l'effet d ' u n e dissolution
différente
d e celle q u ' o n a c o u t u m e d ' o b s e r v e r d a n s p l u s i e u r s circ o n s t a n c e s , d a n s u n e h y d r o p i s i e , p a r e x e m p l e , qui n'a point p o u r p r i n c i p e l'un ou l ' a u t r e d e ces d e u x v i r u s , et o ù le s a n g s e r é d u i t en sérosité , r e s t a n t au c e n t r e un c h a m pignon. Il faut donc reconnaître deux espèces de dissolutions p r e s q u e o p p o s é e s l'une à l ' a u t r e . J e m e suis a t t a c h é à en e x a m i n e r la n a t u r e , e t à en d é c o u v r i r la c a u s e . V o i c i quelles o n t é t é m e s réflexions. L e s a n g , semblable à une g e l é e , est propre à ceux qui n ' a y a n t p a s r e m é d i é a u x p r e m i e r s effets du virus s c o r b u t i q u e , ou v é r o l i q u e , lui o n t laissé faire d e s p r o g r è s , lui ont d o n n é le t e m p s d e d é t r u i r e le tissu d e s g l o b u l e s du s a n g , e t d e s a u t r e s l i q u e u r s , e t d e s'y
incorporifier
pu a m a l g a m e r . Or le t e m p s q u i s'est e m p l o y é à
cette
d e s t r u c t i o n , à c e t a m a l g a m e , d o n n e à c e s v i r u s un t i t r a d e p r o p r i é t é , et au t e m p é r a m e n t un c h a n g e m e n t , ou u n e nouvelle
f o r m e , qu'il n ' e s t plus du d e v o i r d e la m é d e -
cine de changer. I l n'en e s t p a s ainsi d e l ' a u t r e e s p è c e d e dissolution ; l a s a n g paroît y c o n s e r v e r t o u j o u r s s a qualité g l o b u l e u s e . C e t t e q u a l i t é est u n e m a r q u e q u e les liqueurs c o n s e r v e n t t o u j o u r s l ' u n i o n , e t le r e s s o r t d e s p a r t i e s q u i les
com-
p o s e n t , et qu'elles ne sont pas confondues. S u i v a n t ce p r i n c i p e , on p e u t f a c i l e m e n t r e n d r e raison p o u r q u o i le s a n g , q u e l q u e v e r m e i l qu'il soit d a n s le c o m m e n c e m e n t d'une m a l a d i e , dès lors qu'il s e fige en c o n s i s t a n c e d e g e l é e , est un signe p l u s d a n g e r e u x q u e l o r s q u e la sérosité s'en s é p a r e , q u e l q u e m a u v a i s e q u e puisse ê t r e d'ailleurs la qualité du s a n g ; p o u r q u o i c e t t e c o n s i s t a n c e e s t un signe de m a l a d i e pestilentielle , c ' e s t - à - d i r e d'un mauvais levain qui a désuni les p a r t i e s fibreuses d e s g l o M 2
180
M É D E C I N E
bules. C e s a n g c o n s e r v e n é a n m o i n s sa c o u l e u r n a t u r e l l e ; et en cela il diffère d e la dissolution s c o r b u t i q u e ou
vé-
r o l i q u e . Il n e la c o n s e r v e q u e p a r c e q u ' u n e g r a n d e a b o n d a n c e , o u affluence d e m a u v a i s p r i n c i p e s , a g i s s a n t s u b i t e m e n t et p r o m p t e m e n t , les p a r t i e s g l o b u l e u s e s d é s u n i e s n ' o n t p a s e u le t e m p s d ' ê t r e d é p o u i l l é e s d e leur c o u l e u r n a t u r e l l e ; au lieu q u e d a n s les a u t r e s il agit plus
lente-
m e n t et plus l o n g - t e m p s : d'où r é s u l t e une i m p r é g n a t i o n p l u s i n t i m e , une désunion plus c o n s i d é r a b l e . Q u a n d le s c o r b u t n ' e s t p a s p a r v e n u au d e r n i e r d e g r é , on en t e n t e la c u r e p a r les r e m è d e s q u ' o n e s t i m e être s p é c i fiques p o u r c e t t e m a l a d i e . J e n'en p r o p o s e p o i n t d ' a u t r e s q u e les t i s a n e s , bouillons , p u r g a t i o n s , o p i a t s , b o l s ,
et
g a r g a r i s m e s , qu'on trouvera décrits dans notre P h a r m a copée
s o u s le n o m d ' a n t i - s c o r b u l i q u e s .
Q u o i q u e les c r e s s o n s et a u t r e s p l a n t e s d e c e t t e n a t u r e o b t i e n n e n t le p r e m i e r r a n g p a r m i les a n t i - s c o r b u t i q u e s , ils ne c o n v i e n n e n t p a s c e p e n d a n t à t o u t e s s o r t e s d e t e m p é r a m e n s ; car c e u x qui s o n t s u j e t s , s u i v a n t l ' o b s e r v a tion d'Ettmuler
à des dispositions érésipélateuses, à une
couleur trop vermeille du visage , à des palpitations , à d e s s u p e r p u r g a t i o n s , et à d e s m i g r a i n e s , et a u t r e s s y m p t ô m e s d e c e t t e n a t u r e , non s e u l e m e n t n e
s'accommodent
p o i n t d e leur u s a g e , m a i s en r e s s e n t e n t d e m a u v a i s effets , à m o i n s qu'on ne les m ê l e a v e c l ' o s e i l l e ,
l'alleluia
et l e
b e c c a b u n g a , o u d a n s le l a i t , l e p e t i t l a i t , ou le v i n , afin q u e , p a r c e m o y e n , leur a c r i m o n i e v o l a t i l e soit t e m p é r é e . De-là
v i e n t q u e le m ê m e a u t e u r o r d o n n e , clans le p e -
tit l a i t , les r e m è d e s anti - s c o r b u t i q u e s à c e u x qui s o n t attaqués de
fièvres
i n t e r m i t t e n t e s - s c o r b u t i q u e s qui o n t
pour caractère des accès très-irréguliers. J u n c k e r , d a n s son livre intitulé , Conspectus nal , é t a b l i t différentes
Médici-
classes de r e m è d e s anti-scorbu-
t i q u e s , s u i v a n t les différens t e m p é r a m e n s .
Il
propose
D E
S T. - D O M I N G U E .
181
p o u r les t e m p é r a m e n s p h l e g m a t i q u e s c e u x qui sont les p l u s a c r e s e t les p l u s p é n é t r a n s , c o m m e le cochléaria , l e s c r e s s o n s , les r a v e s , la m o u t a r d e , les o i g n o n s , e t l'ail ; pour les m é l a n c o l i q u e s , les a m e r s , savoir le b e c c a b u n g a , la f u m e t e r r e , la p l a n t e a p p e l é e trifolium fibrin u m , la petite chélidoine , la chicorée , le cerfeuil ; et i l prescrit p o u r les bilieux et b i l i e u x - s a n g u i n s , les a c i d e s , ou s e u l s , ou m ê l é s a v e c les a u t r e s : tels s o n t l ' o s e i l l e , l'alleluia , les sucs d e citron , d e l i m o n , d e g r o s e i l l e , e t d'épine-vinette. U n grand nombre de célèbres médecins s ' a c c o r d e n t sur c e point a v e c c e t a u t e u r . S y d e n h a m joignoit a v e c s u c c è s à la c o n s e r v e de cochléaria , la p u l p e d e c i t r o n ou d ' o r a n g e . M a r t i n L i s t e r m ê l e tous les sucs d e s fruits a c i d e s , le vinaigre , e t l'esprit m ê m e d e vitriol a v e c celui de cochléaria. E t S i m o n P a u l l i y m e t t o i t l ' e s p r i t d e vitriol à la d o s e d'un s c r u p u l e . L e s p e u p l e s d u G r o e n l a n d , instruits p a r l'expérience , e m p l o i e n t e n s e m b l e p o u r la g u é r i s o n d u s c o r b u t , l e c o c h l é a r i a e t l'oseille. O n c o n v i e n d r a c e p e n d a n t q u e d a n s le s c o r b u t n a i s s a n t , le s a n g et la l y m p h e circulent t r o p l e n t e m e n t , e t s o n t t e l l e m e n t p r i v é s d e f l u i d i t é , qu'ils ont besoin d e r e m è d e s â c r e s et s p i r i t u e u x , p o u r r a n i m e r les oscillations l a n g u i s s a n t e s d e s fibres , p o u r d i s s o u d r e les h u m e u r s t r o p é p a i s s e s , et p o u r rétablir leur m o u v e m e n t c i r c u l a i r e . M a i s il en doit être a u t r e m e n t d a n s le s c o r b u t d é c l a r é on i n v é t é r é , où les h u m e u r s , par leur r e p o s , ou s t a g n a tion , ont a c q u i s un d e g r é d e p o u r r i t u r e par l a q u e l l e les sels r e n f e r m é s d a n s les l i q u e u r s sont d e v e n u s urineux , e t se sont t e l l e m e n t d é v e l o p p é s , qu'il e s t facile d'en r e m a r q u e r l e s effets d a n s le s a n g , dans la sérosité et d a n s les u r i n e s , qui se c o r r o m p e n t p r o m p t e m e n t . S'il a r r i v e alors q u ' o n agite et qu'on a n i m e l'action d e ces sels urineux par l ' u s a g e d e s m é d i c a m e n s a n t i - s c o r b u t i q u e s , actifs e t s p i r i t u e u x , ils d é v e l o p p e n t , divisent les p a r t i e s sulfu-
M É D E C I N E
182
r e u s e s ries h u m e u r s , et en dissolvent c e q u i e s t c o a g u l é , d é t r u i s e n t le tissu globuleux d e s différentes h u m e u r s , et c o r r o d e n t les p a r t i e s solides ; d'où r é s u l t e u n plus grand nombre de s y m p t ô m e s scorbutiques. A u c o n t r a i r e , si on a r e c o u r s aux a c i d e s volatils tirés d e s v é g é t a u x , on v i e n t à b o u t , p a r l'effet d e c e s r e m è d e s , d e fixer les sels urineux , et p a r leur union d'en faire un s e l m i x t e ou s a l é , d o n t on n ' a p p r é h e n d e r a p a s d e m a u v a i s e s s u i t e s , e t qui s e dissipera f a c i l e m e n t p a r u n e s é c r é t i o n e t é v a c u a t i o n a b o n d a n t e d'urines ; on rétablira i n s e n s i b l e m e n t le r e s s o r t d e s fibres , e t la c o n s i s t a n c e q u e les h u m e u r s avoient perdue.
C H A P I T R E
IX.
AFFECTION HYPOCONDRIAQUE SCORBUTIQUE. LA
m a l a d i e q u ' o n a p p e l l e affection h y p o c o n d r i a q u e ,
a p o u r c a u s e une tension t r o p forte et t r o p continuelle d e s fibres du c e r v e a u et d e s
nerfs. C e t t e tension p r o -
v i e n t et d e la q u a l i t é du t e m p é r a m e n t ,
et d e q u e l q u e s
a u t r e s c a u s e s c o n j o i n t e s , c o m m e d ' u n e trop g r a n d e o i s i v e t é , qui d o n n e lieu d e t r o p réfléchir sur d e s qui , d ' i m a g i n a i r e s
qu'ils é t o i e n t
dans
le
m e n t , d e v i e n n e n t par t r o p d'inquiétude , u n e
véritable
m a l a d i e , ou d e q u e l q u e p a s s i o n s e c r è t e , d o n t pressions répondent
aux m o u v e m e n s
d e l'objet p e u t exciter.
De
cette
r e l l e , r é s u l t e un d é r a n g e m e n t a n i m a u x qui s e
filtrent
maux
commenceles
im-
que l'importance
tension
contre-natu-
d a n s le c o u r s d e s e s p r i t s
et circulent l e n t e m e n t ,
ou e n
d é s o r d r e , dans l e s p a r t i e s n e r v e u s e s , sur-tout d a n s c e l l e s qui o n t
leur origine dans le c e r v e l e t ,
siège
principal
d e s o p é r a t i o n s d e l ' a m e , et d'où p a r t e n t les n e r f s d e s -
DE
ST.-DOMINGUE.
I85
t i n é s aux fonctions d e s p r i n c i p a u x v i s c è r e s , le c œ u r , l e p o u m o n , le f o i e , l ' e s t o m a c , la r a t e , le d i a p h r a g m e , e t c . D e - là v i e n t un r a l e n t i s s e m e n t d a n s la circulation d u s a n g , qui le fait é p a i s s i r , e t q u i , selon les différens d e g r é s d'épaississement, occasione des engorgemens plus o u m o i n s c o n s i d é r a b l e s , suivis d e s y m p t ô m e s p r o p o r tionnés. C o m m e la circulation e s t n a t u r e l l e m e n t plus l e n t e d a n s les v i s c è r e s d u v e n t r e q u e d a n s les a u t r e s , ils sont t o u j o u r s les p r e m i e r s a t t a q u é s , et le s i è g e o r d i n a i r e d e la c a u s e qui p r o d u i t les
p r e m i e r s s y m p t ô m e s : de-là l e s
e n v i e s de v o m i r , les i n d i g e s t i o n s , les g o n f l e m e n s
d'hy-
p o c o n d r e s , les l é g è r e s s u f f o c a t i o n s , le r e s s e r r e m e n t d e la
gorge ,
et
enfin
les
éclipses d e c o n n o i s s a n c e ,
et
les m o u v e m e n s s p a s m o d i q u e s , do nt le m a l a d e e s t s o u v e n t a t t a q u é , et a u x q u e l s il est plus s u j e t d a n s les t e m p s p l u v i e u x , s u r - t o u t q u a n d le frais s u c c è d e parce que
rien ne
contribue
à la pluie ,
plus au g o n f l e m e n t
t o u t e s les p a r t i e s d u c o r p s q u e
de
l'humidité.
L e s c a u s e s p r e m i è r e s et essentielles d e c e t t e m a l a d i e , u n e fois c o n n u e s , p r é s e n t e n t d e u x objets à c o m b a t t r e ; la tension t r o p forte du g e n r e n e r v e u x , et son e f f e t , q u i e s t l ' é p a i s s i s s e m e n t du s a n g . U n e s e u l e indication suffira p o u r r e m é d i e r à l'un et à l ' a u t r e , a t t e n d u q u ' o n n e p e u t s e p r o p o s e r le r e l â c h e m e n t des fibres n e r v e u s e s , q u ' o n ne r a m o l l i s s e , délaie , et liquéfie le s a n g et les a u t r e s liquides. O n e s p è r e y p a r v e n i r par l ' u s a g e d e s b a i n s , d e s b o u i l l o n s , d e s t i s a n e s , e t du r é g i m e c i - a p r è s détaillé. Le
m a l a d e s e b a i g n e r a t o u s les j o u r s v e r s , les
cinq
h e u r e s du s o i r , p e n d a n t un q u a r t - d ' h e u r e , d a n s un bain t r è s - l é g è r e m e n t t i è d e , fait d e la décoction d ' h e r b e s é m o l l i e n t e s , é p i n a r d s , m é d e c i n i e r - b â t a r d , feuilles d e g o m b o , d e m o n b i n , d o n t il se fera bien frotter a v a n t d e s o r t i r M
4
184
M É D E C I N E
du b a i n , s e m e t t a n t a u s s i t ô t au l i t , où il s e r a r o u v e r t c o m m e à l ' o r d i n a i r e , et où il p r e n d r a plein une écuelle un d e s bouillons s u i v a n s . P r e n e z un fort p o u l e t qu'on s o n défaut d e farine d e p e t i t
farcira d e gruau , et à mil
à chandelle,
et
de
s e p t à huit grains d e sapotille c o n c a s s é e : q u a n d il s e r a d e m i - c u i t , ajoutez c h i c o n s , é p i n a r d s , c h i c o r é e b l a n c h e , k a i a , q u ' o n a p p e l l e m o n z a m b a i , m o r e l l e du p a y s , q u e les N è g r e s
appellent
laman ,
de
chacun
une
bonne
p o i g n é e , qu'on fera bouillir d a n s six pintes d'eau , j u s q u ' à la d i m i n u t i o n d'environ un t i e r s , et on e x p r i m e r a l e t o u t ; le m a l a d e p r e n d r a un d e ces bouillons d e trois e n trois h e u r e s , e t , d a n s l'intervalle , un g o b e l e t d e la t i s a n e s u i v a n t e , d ' h e u r e en h e u r e . Prenez une poignée g r o s d e sel
d e clous
bien
a m m o n i a c , sur l e s q u e l s
rouilles, on
et
versera
un neuf
p i n t e s d'eau bouillante , q u ' o n l a i s s e r a infuser : on p r e n d r a tour, l e s m a t i n s trois p i n t e s d e c e t t e e a u ,
dans l a -
q u e l l e on fera b o u i l l i r , l ' e s p a c e d'un d e m i - q u a r t d ' h e u r e , du chiendent,
d e s r a c i n e s d ' a s p e r g e s , de la
chicorée
s a u v a g e , e t d e la v e r v e i n e b l e u e , d e chacun une b o n n e p i n c é e . R e t i r a n t la tisane du f e u , a j o u t e z u n e p i n c é e do r é g l i s s e , et u n e d e m i - p i n c é e d e s a f r a n , q u ' o n l a i s s e r a infuser un q u a r t - d ' h e u r e . L e m a l a d e s e p u r g e r a t o u s les q u i n z e j o u r s a v e c d e u x bâtons d e deux
c a s s e , et d e u x g r o s d e
sel
d'epsom
verres. On mettra dans chacun douze
dans
grains d e
p o u d r e c o r n a c h i n e ; trois h e u r e s d'intervalle e n t r e c h a q u e p r i s e , de d e u x j o u r s l'un. Il m o n t e r a à cheval le m a t i n , et il s e p r o m è n e r a p e n d a n t d e u x h e u r e s . L a diète c o n sistera, e n s o u p e o r d i n a i r e , bouillie l é g è r e d e m a i s , de petit
mil,
d e g r u a u , sans l a i t , sans œ u f s
ni
beurre,
ces a l i m e n s lui étant c o n t r a i r e s ; ainsi on la fera à l ' e a u , avec un p e u d e j u s de viande , ou du bouillon , ou de la
S T. - D O M I N G U E.
DE rnontaiguë bien C e s e r o n t là les à
185
fraîche , sans s e l , et un p e u d e s u c r e . alimens
du d é j e u n e r ; il n e
dîner et à s o u p e r q u e d e
bouillie ou rôtie , a y a n t soin
la s o u p e ,
mangera
d e la
viande
d'écarter les m e m b r a n e s ,
l e s graisses , les c a r t i l a g e s , c o m m e m a t i è r e s
indigestes.
I l évitera d e t r o p s e r e m p l i r , et il b o i r a ou d e la t i s a n e , o u d ' u n e s i m p l e décoction d e •chiendent , qu'il p o u r r a t e i n d r e d e vin. T o u t r a g o û t , s a l a d e s , épiceries d e t o u t e s e s p è c e s , lui s o n t d'ailleurs interdits. M a i s c o m m e le r a l e n t i s s e m e n t g é n é r a l d e la
circula-
tion fait son principal effet sur la r a t e e t sur le foie , e t épaissit p a r c o n s é q u e n t la bile plus q u e t o u t e
autre
h u m e u r , et q u e c e t t e bile en c r o u p i s s a n t a c q u i e r t u n e qualité âcre, m u r i a t i q u e , qui, par son d é v e l o p p e m e n t ,
in-
f e c t e le s a n g d'un m a u v a i s levain , q u ' o n a p p e l l e s c o r b u t ; l e q u e l , par c e t t e r a i s o n , e s t t o u j o u r s la t e r m i n a i s o n d e s affections h y p o c o n d r i a q u e s , et o r d i n a i r e m e n t t r è s - p r o m p t e d a n s un c l i m a t a u s s i m a r é c a g e u x q u e celui d e S a i n t - D o m i n g u e , o ù l'air , r e m p l i d e m a u v a i s p r i n c i p e s , ne
peut
q u a u g m e n t e r la m a u v a i s e disposition qui se r e n c o n t r e d a n s l e s t e m p é r a m e n s : il f a u t d o n c t â c h e r n o n
seule-
m e n t d'en p r é v e n i r les effets ; m a i s e n c o r e d e d é t r u i r e ceux
qu'on
a lieu d e
C'est dans cette v u e , remèdes
soupçonner
ci-dessus p r e s c r i t s ,
qu'on appelle
où
déjà existans.
le m a l a d e p r e n d r a
des ceux
anti-scorbutiques.
Il ne p r e n d r a a l o r s , q u e d e u x bain
être
q u ' a p r è s un m o i s d ' u s a g e
fois p a r s e m a i n e ,
le
l'on m e t t r a d e la s a u g e d e m a r a i s , du franc-
b a s i n , d e s feuilles de g o m m i e r et de m o n b i n . L a c h i c o r é e s a u v a g e dans s e s bouillons t i e n d r a la p l a c e d e chicons et d e chicorée b l a n c h e . E n les t i r a n t du feu , on
y fera
infuser du c r e s s o n d e fontaine et du c e r f e u i l , d e c h a cun une poignée. racine
O n s u b s t i t u e r a d a n s la
d e v e r v e i n e , une
tisane
patte de gingembre
à la
coupée
185
M É D E C I N E
p a r m o r c e a u x , et on fera infuser a v e c le s a f r a n u n e p o i g n é e d e c r e s s o n d e s a v a n e . O n p u r g e r a le m a l a d e t o u s les huit
jours avec
gros de s é n é ,
un g r o s d e c o n f e c t i o n h a m e c h ,
et d o u z e g r a i n s d e p o u d r e
un
cornachine.
S i c e t t e d o s e n e p a r o i t p a s suffire p o u r c i n q à six s e l l e s , on
la d o u b l e r a la s e c o n d e fois. I l a v a l e r a soir e t m a t i n
u n e p r i s e d e l'opiat s u i v a n t . P r e n e z safran d e m a r s a p é r i t i f , c l o p o r t e s , p e t i t e c e n t a u r é e e t iris d e F l o r e n c e bien p u l v é r i s é s , d e un g r o s , sel d ' a b s y n t h e un
chacun
g r o s : m ê l e z - l e s d a n s suffi-
s a n t e q u a n t i t é d ' e x t r a i t d e g e n i è v r e . L a d o s e d'un g r o s . Le
m a l a d e c o n t i n u e r a c e s r e m è d e s l ' e s p a c e d'un m o i s
et
j e lui
ou
d e c i n q en cinq m o i s ,
conseille
d e r e p r e n d r e de q u a t r e en q u a t r e , l ' u s a g e , tant
des
premiers
q u e d e s s e c o n d s , ne d e v a n t p o i n t c o m p t e r sur le m i e u x q u ' i l s p o u r r o n t lui p r o c u r e r , p a r c e
qu'en fait d e m a -
l a d i e s c h r o n i q u e s , on doit s e p r o p o s e r un
traitement
a u s s i l o n g , p o u r r é u s s i r d a n s la c u r e , q u e la m a l a d i e a été de temps
à s e f o r m e r et à
croître. D a n s
l'in-
t e r v a l l e q u ' o n lui a c c o r d e , il g a r d e r a le r é g i m e q u ' o n lui a p r o p o s é ; il c o n t i n u e r a l ' e x e r c i c e
du c h e v a l ,
lui
et
recommande
particulièrement ,
qu'on
il s ' a b s t i e n d r a
du c o m m e r c e d e s f e m m e s . C ' e s t l'avis d e , . . . Q u e l q u e s u n s d a n s q u i le m a l n'avoit p a s fait b e a u coup
de p r o g r è s , ont paru guérir par l'usage des
m è d e s suivans
que
je rapporte i c i ,
re-
p a r c e qu'ils s o n t
fort simples. Prenez
é c o r c e d e g o m m i e r et
petits
m o r c e a u x , de
vieux
clous
une
chacune
poignée ;
de sucrier coupée une
bonne
par
pincée ; de
faites bouillir d a n s
deux
p i n t e s d'eau , j u s q u ' à la diminution du q u a r t : en tirant la décoction
d u f e u , faites infuser
pendant une
h e u r e u n e p o i g n é e d é c r e s s o n d e s a v a n e ou de p a s s e z la t i s a n e .
demi-
fontaine;
DE
S T. -
D
187
O M I N G U E.
A p p l i q u e z sur la r a t e un c a t a p l a s m e fait a v e c la v e r v e i n e b l e u e , bouillie clans partie é g a l e d ' e a u et d e tafia ; s a u p o u d r e z l e c a t a p l a s m e a v e c u n e p o u d r e ou m é l a n g e d e p a r t i e s é g a l e s d e s e l , d e p o i v r e , et d e g i n g e m b r e pulvérisés. Prenez écorce de citronnier, d'oranger, de m a p o u , et d e t a m a r i n , d e c h a c u n u n e p i n c é e ; d e v i e u x clous u n e p o i g n é e : faites une t i s a n e c o m m e la p r é c é d e n t e , y f a i s a n t infuser u n e p o i g n é e d e c r e s s o n . L e m a l a d e qui a u s é
d e c e r e m è d e , m ' a dit avoir é t é
g u é r i en q u i n z e j o u r s , e t qu'il urinoit si c o p i e u s e m e n t , qu'il
fut obligé
d'en
quitter l'usage
au b o u t d e
ce
temps. A la suite d e c e s r e m è d e s ou d e s e m b l a b l e s , j e c o n seille à p l u s i e u r s , q u a n d il n'y gonflement,
de continuer
les
a plus d'apparence de m ê m e s tisanes, coupées
a v e c un t i e r s ou m o i t i é d e l a i t , et d e s e p u r g e r t o u s les h u i t j o u r s , d a n s la v u e d e rétablir la p a r f a i t e c o n s i s t a n c e du sang. U n h a b i t a n t , qui a v o i t un c o m m e n c e m e n t d e s c o r b u t , m ' a a s s u r é s ' ê t r e g u é r i p a r l ' u s a g e d e la c a l e b a s s e , ainsi qu'il e s t fait
mention
d a n s la P h a r m a c o p é e ,
dont
il
p r e n o i t d e d e u x en d e u x j o u r s , d e u x o u trois v e r r e s , s u i v a n t l'effet q u e le r e m è d e p a r o i s s o i t avoir : c e qu'il c o n t i n u a p e n d a n t trois s e m a i n e s , a p r è s l e q u e l t e m p s il s e m i t à l ' u s a g e du lait c o u p é a v e c l'infusion d e c r e s s o n . I l m e dit a v o i r r e s s e n t i un p e u d e t r a n c h é e s , et q u e c e r e m è d e le faisoit aller dix à d o u z e fois. D ' a u t r e s disent aussi avoir é t é g u é r i s d u g o n f l e m e n t de
r a t e , par l'usage des
feuilles
l è v e la p e a u , et q u ' o n a v a l e en
d ' a l o ë s , dont on e n façon de tranches de
c a r d e s , a p r è s l e s avoir s a u p o u d r é e s d'un p e u d e s e l .
MÉDECINE
188
Ire.
Maladie.
U n h o m m e très-libertin
fut a t t a q u é d'un g o n f l e m e n t
d e r a t e ; il n e sentit point, p e n d a n t p l u s i e u r s a n n é e s , d ' a u tres incommodités survint
une
que
diarrhée
p a r c e qu'il n e
quelques accès
de fièvre.
Il
qui n'inquiéta p o i n t le m a l a d e ,
ressentoit aucune douleur. A u
bout
de
t r o i s ou q u a t r e a n s , le m a l a u g m e n t a ; le flux d e v e n t r e n e donnoit point d e r e l â c h e ; une fièvre lente minoit p e u à p e u les f o r c e s . L a m a i g r e u r , la couleur
extrêmement
p l o m b é e , et les u l c è r e s d e s j a m b e s q u i a c c o m p a g n o i e n t c e s s y m p t ô m e s , m e firent d é s e s p é r e r d u m a l a d e ; j e n e c h e r c h a i q u ' à lui p r o c u r e r q u e l q u e s o u l a g e m e n t p a r les rôties au v i n , la t h é r i a q u e , e t l'opium. e
I I . Un homme quelques
Maladie.
de trente a n s , C r é o l e , après avoir passé
a n n é e s en F r a n c e , r e v i n t
b i e n t ô t ses a n c i e n n e s
a u x îles. I l r e p r i t
habitudes : quelques
gonorrhées
en f u r e n t la s u i t e : il en fut g u é r i . L e s f r é q u e n t e s a t t a ques de
fièvre
le
firent
tomber dans le gonflement
de
r a t e . D e u x ou trois a n s a p r è s , il fut a t t a q u é d e la d i a r rhée Le
qui
flux
lui d o n n o i t
de
t e m p s e n t e m p s du r e l â c h e .
de v e n t r e d e v i n t c o n s i d é r a b l e et continu , a c -
c o m p a g n é d'une
fièvre
très-forte. L'extrême volume de
la r a t e m e fit c o n j e c t u r e r que le t r o p g r a n d e n g o r g e m e n t de celte
p a r t i e , et la pression q u i en
r é s u l t a i t sur les
a u t r e s v i s c è r e s , en é t a i t la c a u s e . S u i v a n t c e s p r i n c i p e s , il e u
fallut venir aux s a i g n é e s , q u e
faire faire
j'eus attention
de
t r è s - p e t i t e s , e t d e les r é i t é r e r s u i v a n t
les
d e g r é s d e la
fièvre.
Il fallut le s a i g n e r cinq fois. J e m i s
en u s a g e les bouillons purgeai
de cinq
s i r o p de c h i c o r é e
en
et
lavemens
cinq j o u r s ,
composé
é m o l l i e n s , e t je le
avec
la
m a n n e et le
d e r h u b a r b e , afin d e p a r -
v e n i r à d i m i n u e r le v o l u m e d e la r a t e . L e m a l a d e fut à
189
S T . - D O M I N GU E .
DE
l ' e x t r é m i t é . J e c h a n g e a i alors d e r e m è d e s et d e r é g i m e ; on
lui fit d e
forts bouillons ; il prit q u e l q u e s
potions
cordiales et a n o d i n e s , e t je le m i s à l'usage d e la t i s a n e a n t i - s c o r b u t i q u e , d a n s l a q u e l l e j e faisois a j o u t e r q u e l q u e s graines d e m a ï s rôties , et un p e u d e c a n e l l e . m e t t o i t du p l a n t a i n , d u c e r f e u i l ,
et du c r e s s o n d a n s les b o u i l l o n s . O n faisoit cuire et fuser c e s
On
du c é l e r i , d e l ' o s e i l l e , in-
h e r b e s à p a r t , et on m e t t o i t trois à q u a t r e
cuillerées d e leur j u s d a n s c h a q u e bouillon. A u b o u t d e q u a t r e à cinq j o u r s , le flux d e v e n t r e s e c a l m a , e t l a f i è v r e s e d i s s i p a . J e lui conseillai alors d e s'en tenir à l a t i s a n e e t aux bouillons.
L e m a l a d e p a r u t en
peu
de
t e m p s p a r f a i t e m e n t r é t a b l i , le v i s a g e c o l o r é , et une a p parence de bonne
s a n t é : j e dis a p p a r e n c e , p a r c e q u e
la r a t e r e s t o i t t o u j o u r s gonflée. E n e f f e t ,
la saison d e s
n o r d s é t a n t r e v e n u e , le malade r e t o m b a dans les m ê m e s accidens
dont
il sortit d e la m ê m e façon , a v e c c e t t e
différence qu'il ne fut s a i g n é q u e d e u x fois. I l e u t p e n d a n t q u a t r e ans les
mêmes
e t ils s e t e r m i n è r e n t
enfin
a s s a u t s d a n s la m ê m e s a i s o n , p a r u n e h y d r o p i s i e d o n t il
mourut. Les
saisons froides e t p l u v i e u s e s , c o n t r i b u a n t à a u g -
m e n t e r le g o n f l e m e n t
d e l a r a t e , r e n d e n t p r e s q u e tous
c e u x qui en sont a t t a q u é s , s u j e t s à d e s
fièvres
plus o u
moins considérables , suivant son a u g m e n t a t i o n , à m o i n s q u e la d i a r r h é e ou un flux d e v e n t r e a s s e z c o n s i d é r a b l e n ' y supplée. L a m a u v a i s e m é t h o d e q u e les c h i r u r g i e n s à
S a i n t - D o m i n g u e d a n s le t r a i t e m e n t
des
emploient gonorrhées
fait t o m b e r un g r a n d n o m b r e d e g e n s d a n s la dissolution e t le g o n f l e m e n t
d e la r a t e ,
sur-tout quand cette m a -
ladie est r e b e l l e , c o m m e il a r r i v e o r d i n a i r e m e n t .
1 9 0M É D E C I N E
C H A P I T R E
X.
TRAITEMENT DE LA VÉROLE. L
E s c o r b u t et la v é r o l e s o n t les m a l a d i e s les p l u s f u -
nestes aux habitans de S a i n t - D o m i n g u e . L a vérole
paraît être une maladie
endémique
dans
l ' A m é r i q u e et d a n s l ' A f r i q u e : c ' e s t d e c e s p a r t i e s d u monde
qu'elle
n o m m e pians qui Elles
portent
a été
c o m m u n i q u é e aux autres. On la
c h e z l e s A f r i c a i n s , p a r c e q u e les p u s t u l e s ce
nom
en
s o n t le p r i n c i p a l
sont g r o s s e s , écailleuses ,
un n o m b r i l q u i a u g m e n t e
et
symptôme.
forment au
milieu
p e u à p e u e n l a r g e u r et e n
p r o f o n d e u r , j u s q u ' à c e qu'il s ' y f o r m e un u l c è r e . E l l e s attaquent
indifféremment
m a i s p r i n c i p a l e m e n t les
t o u t e s les p a r t i e s d u c o r p s , h o n t e u s e s , les
a î n é s , l e s ais-
selles , les f e s s e s , et les o r t e i l s d e s p i e d s . L a vérole paraît aux blancs sous une autre f a c e ; elle n e donne ordinairement aucun signe extérieur ; ce qui c a u s e bien d e l ' e m b a r r a s à un m é d e c i n d a n s les m a l a dies de dissolution , p o u r la d é m ê l e r d ' a v e c l e s c o r b u t . N ' a y a n t point d a n s la p l u p a r t d e c e u x q u i e n s o n t f e c t é s d ' a u t r e effet
p e u t en a t t r i b u e r la c a u s e q u ' à la différence rament
des
in-
q u e celui d e c e t t e m a l a d i e , on n e
Américains , dont
le
sang est
du.tempébeaucoup
m o i n s é p a i s q u e celui d e s A f r i c a i n s e t d e s E u r o p é e n s , e t à la t r a n s p i r a t i o n q u i e s t b e a u c o u p p l u s
abondante
q u ' e n E u r o p e . L ' a b o n d a n t e t r a n s p i r a t i o n en e s t t e l l e m e n t la c a u s e , q u e n o u s r e m a r q u o n s d e s
symptômes,
c o n f o r m e s à c e u x q u ' o n v o i t en E u r o p e ; et q u e , q u a n d l e s s a i s o n s s o n t s è c h e s et f r o i d e s , on o b s e r v e a l o r s d a n s plusieurs, des d é p ô t s , des a n k y l o s e s , de vives douleurs
DE
S T. - D O M I N G U E .
d a n s les a r t i c u l a t i o n s , d e s n o d u s ,
des
191
exostoses,
des
c a r i e s , d e s u l c è r e s a u x j a m b e s et d a n s la b o u c h e , s u r t o u t a u p a l a i s , à la l u e t t e , d e s p u s t u l e s e t d e s o p h t a l m i e s c o n s i d é r a b l e s , à m o i n s q u ' u n e e x t r ê m e dissolution ne détourne ces
s y m p t ô m e s , ou p a r u n e v i o l e n t e d i a r -
r h é e , o u p a r une h y d r o p i s i e , q u i d e v i e n n e n t
bien
vite
incurables. L a gonorrhée
qui, dans
l'avant-coureur
de
le p l u s g r a n d n o m b r e , e s t
la v é r o l e , e s t b e a u c o u p
plus
opi-
n i â t r e e t r e b e l l e en A m é r i q u e q u ' e u E u r o p e , s u r - t o u t lorsqu'il e s t
à
p r o p o s d'en a r r ê t e r l ' é c o u l e m e n t .
On
t e n t e à c e t effet t a n t de différens r e m è d e s a d m i n i s t r é s p a r g e n s qui n'en c o n n o i s s e n t
p o i n t les q u a l i t é s , q u e ,
p o u r p a r v e n i r au b u t , on j e t t e le m a l a d e d a n s
une
l a n g u e u r d o n t il n e p e u t s o r t i r , ou b i e n il d e v i e n t
ca-
c h e c t i q u e , ou il est affligé d e q u e l q u e s k i r r e qui lui o c casionne
une
fièvre
hectique,
qui est
suivie d e d i a r r h é e o u d ' h y d r o p i s i e e t , pour
comble
l'écoulement
ordinairement
qui le font
périr ;
d e m a l h e u r , il n'est p o i n t g u é r i d e
qui ne
contribue qu'à augmenter sa m a u -
vaise situation. L a cure de cette maladie dépend beaucoup à SaintDomingue,
d e la q u a l i t é d u t e m p é r a m e n t , d e la façon
d o n t o n e s t a t t a q u é , et de celle d o n t on d é b u t e pourle
traitement.
L a qualité des f e m m e s
qui
communi-
q u e n t c e t t e m a l a d i e , c o n t r i b u e b e a u c o u p aussi à la r e n d r e p l u s m a u v a i s e : car on m ' a a s s u r é q u e c e l l e qu'on a t t r a p o i t a v e c l e s M u l â t r e s s e s étoit la plus m a u v a i s e , e t , a v e c les N é g r e s s e s , plus dangereuse qu'avec
les B l a n c h e s .
La
s e u l e raison q u ' o n en a p p o r t e , c'est q u e les . p r e m i è r e s sont
d'un
tempérament
plus
chaud
que
les
autres.
Q u e cela ait lieu ou non , c e qu'il y a de c e r t a i n , c ' e s t q u ' u n t r è s - g r a n d n o m b r e n'en p e u t g u é r i r , et q u e plusieurs sont des années entières à y parvenir ; ce q u i
192
M É D E C I N E
l e u r laisse d e s i m p r e s s i o n s d o n t ils s e r e s s e n t e n t toute, l a v i e , e t qui s o n t s o u v e n t la s o u r c e d ' u n e p r o m p t e et facile disposition au g o n f l e m e n t
d e la r a t e .
I l f a u t c o m m e n c e r le t r a i t e m e n t de c e t t e m a l a d i e p a r l e s s a i g n é e s , les t i s a n e s é m o l l i e n t e s , a d o u c i s s a n t e s , l e s b a i n s , les p u r g a t i f s d o u x e t e n l a v a g e , q u ' o n et qu'on continue
suivant
réitère
la v i o l e n c e d e s a r d e u r s , d e s
d o u l e u r s , en un m o t d e l'inflammation. C e p e n d a n t p e u le pratiquent à - S a i n t - D o m i n g u e , où cette méthode
est
p l u s n é c e s s a i r e q u e d a n s tout a u t r e p a y s : p r e s q u e t o u s c o m m e n c e n t p a r les t i s a n e s a p é r i t i v e s n i t r é e s , a u x q u e l les s u c c è d e n t b i e n v i t e les s u d o r i f i q u e s , les p u r g a t i o n s en bols m e r c u r i e l s , e t les a s t r i n g e n s . L a t i s a n e l é n i t i v e d e notre P h a r m a c o p é e est celle que j'emploie ordinair e m e n t , e n s u i t e le p e t i t
lait l a x a t i f ou s i m p l e , et l e s
e a u x d e c a s s e n i t r é e s , a u x q u e l l e s j e fais s u c c é d e r d e s t i s a n e s p o u r la g o n o r r h é e , c o n t i n u a n t eaux de
casse de deux en
deux
une
toujours
ou d e trois e n
les.
trois
j o u r s , suivant la qualité du t e m p é r a m e n t . Q u a n d je suis p a r v e n u à p r o c u r e r un é c o u l e m e n t d e s m a t i è r e s b l a n c h â t r e s , j ' a i r e c o u r s à la tisane s u d o r i f i q u e q u e j e r e n d s p u r g a t i v e , d e c i n q e n c i n q j o u r s ; et lorsqu'il c o n v i e n t d e l ' a r r ê t e r , à q u e l q u e s bols a s t r i n g e n s , à u n e faite dier ,
avec l'écorce où
d e vitriol
je
fais
jusqu'à
de
sucrier,
mettre une
d'icaquier e t
quelques
gouttes
a g r é a b l e acidité. J e
q u e f o i s faire d e s i n j e c t i o n s a v e c c e t t e
tisane
d'amand'esprit fais
t i s a n e , où
quell'on
m e t q u e l q u e s g o u t t e s d e b a u m e d u P é r o u , ou d e s u c r i e r . D a n s c e r t a i n s c a s , s u r - t o u t q u a n d le m a l a d e r e s s e n t q u e l q u ' o b s t a c l e e n u r i n a n t v e r s la p a r t i e s u p é r i e u r e d u c a n a l , j e fais faire d e l é g è r e s frictions a u r a p h é . C o m m e cette maladie est très - c o m m u n e ,
chacun
a
son r e m è d e , s u r - t o u t les N è g r e s qui p a s s e n t p o u r a v o i r , de meilleurs spécifiques. V o i c i
ceux qui sont parvenus à ma
DE
S T . - D O M I N G U E . 193
à m a connoissance , q u e je vais
distinguer p a r l e u r s
vertus. Plantes Les
apéritives
et
détersives.
r a c i n e s d e b a l i s i e r , d ' h e r b e à blé ,
de r o s e a u
s a u v a g e , d e gris d e c h a t , d ' h e r b e s à c h i q u e s , d e t o u t e s l e s v e r v e i n e s , d e m a l - n o m m é e , d e pois p u a n t , d ' u n a r b r i s s e a u r e s s e m b l a n t au t a m n u s , e t d o n t
la
racine
e s t t r è s - p u a n t e , d e bois d e c o u i l l e , d ' i n d i g o , d e b i dens ou
herbe
à
aiguille , d ' h e r b e
à colet,
qui est
estimée un r e m è d e très-spécifique, les écorces ger
e t d e citronnier
d'oran-
s a u v a g e s , d e s u r e a u , d e liane à
savon. Plantes Les
racines
neficier
à
astringentes.
d e c a s s i e r o u caneficier , d e f a u x c a -
fleur
violette
e t feuilles
étroites,
et leurs
é c o r c e s , les écorces de sucrier, d e g o m m i e r , de m a r i e , d e bois raisinier, de
bois-
de c h a n d e l l e , d'icaquier, d e g a y a c , d e monbin - franc, de
monbin - bâtard , d e
racine d e b o n d u c ; les écorces d'amandier et d'épineux j a u n e , l e s fruits d e l a liane à s a v o n n e t t e s e n é m u l s i o n , et l'apiaba. Q u a n d j'apperçois dans quelqu'un des signes d e v é r o l e , ou q u e j ' a i lieu d'en croire quelqu'un i n f e c t é , j e n'emploie tinction,
point
d'autre méthode
q u e celle
de
l'ex-
qui consiste à m é n a g e r l e s frictions d e façon
q u ' i l n ' a r r i v e p o i n t d e s a l i v a t i o n , o u du m o i n s
qu'elle
soit p e u a b o n d a n t e ; si elle l'étoit t r o p , d e l a d é t o u r n e r p a r l e s p u r g a t i f s , e t d e s u s p e n d r e p o u r c e t effet
les
f r i c t i o n s , j u s q u ' à c e q u e l e g o n f l e m e n t d e s g e n c i v e s soit dissipé. |
Tome
II.
194 Remèdes
M É D E C I N E qui m'ont été communiqués
très-expérimentés, éprouvés
comme
par
des
les plus efficaces
dans le traitement
des
chirurgiens qu'ils
aient
gonorrhées.
O n fait s a i g n e r u n e ou d e u x fois le m a l a d e , s u i v a n t l a qualité d e s o n t e m p é r a m e n t . I l b o i t , p e n d a n t c i n q à six j o u r s , d e u x bouteilles d'eau a i g u i s é s d e trois g r o s d e n i t r e p u r i f i é , e t il p r e n d e n s u i t e la t i s a n e s u i v a n t e . P r e n e z u n e o n c e d ' é c o r c e d e b o i s d e fer et d e m i - o n c e d e s a l s e p a r e i l l e bien c o n c a s s é e s : f a i t e s - l e s bouillir d a n s d e u x p i n t e s d ' e a u j u s q u ' à la d i m i n u t i o n d e la m o i t i é ,
et
à petit feu : a j o u t e z a l o r s d e m i - o n c e d e s é n é , d e u x g r o s d e sel d e n i t r e , e t un m o r c e a u d e r é g l i s s e : r e t i r e z le t o u t d u f e u , et c o u v r e z le v a i s s e a u p o u r laisser infuser la décoction
jusqu'à ce
qu'elle
soit f r o i d e : filtrez la
li-
L e m a l a d e e n b o i r a u n e c h o p i n e le m a t i n en d e u x
g o
queur.
b e l e s , d e u x h e u r e s d ' i n t e r v a l l e e n t r e c h a q u e ; il p o u r r a d é j e û n e r d e u x h e u r e s a p r è s : il p r e n d r a le r e s t e d e u x h e u r e s a p r è s avoir d î n é . I l s ' a b s t i e n d r a d e v i n , o u e n b o i r a t r è s p e u . Il c o n t i n u e r a c e t t e t i s a n e j u s q u ' à c e q u e les m a t i è r e s soient b l a n c h e s e t
filantes
c o m m e un blanc d ' œ u f , et
qu'elles s'arrêtent. P l u s i e u r s m ' o n t a s s u r é s ' ê t r e g u é r i s p a rl'usaged ' u n e t i s a n e faite a v e c les r a c i n e s de b a l i s i e r , d e griffe d e c h a t , e t d e c h i e n d e n t . Ils la r e n d o i e n t p u r g a t i v e d e d e u x
en
d e u x , ou d e trois e n trois j o u r s , a v e c la liane p u r g a t i v e et la r a c i n e d e m é d e c i n i e r b â t a r d . Ils a r r ê t a i e n t e n s u i t e la g o n o r r h é e p a r la
tisane de g o m m i e r
et
de
verveine
p u a n t e . J e v o u d r a i s a j o u t e r d a n s l'une et l ' a u t r e t i s a n e la limaille d e fer a v e c l a sel d e n i t r e , ou bien d a n s la d e r nière le m â c h e - f e r pilé et m i s en n o u e t . I l a r r i v e à la p l u p a r t d e c e u x q u i e m p l o i e n t d a n s les t i s a n e s la l i a n e à p e r s i l , q u ' a p r è s leur g u é r i s o n , ils r e n d e n t
DE
ST.-DOMINGUE.
195
d a n s l'éjaculation u n e s e m e n c e r o u g e o u r o u g e â t r e , c e qui les e f f r a i e , p a r c e qu'ils s ' i m a g i n e n t a v o i r q u e l q u e Vaisseau
r o m p u . C o m m e il n'en r é s u l t e d ' a u t r e é v è n e -
m e n t q u e la p e u r , j e p e n s e q u e c e t t e a l t é r a t i o n , ou t e i n t u r e , p r o v i e n t d e la qualité d e c e t t e p l a n t e , d o n t q u e l q u e p r i n c i p e s e joint et s'unit i n t i m e m e n t
à la liqueur?
s é m i n a l e , d a n s la s é c r é t i o n . Il ne p a r a î t d'ailleurs d a n s l e t r a i t e m e n t a u c u n e m a r q u e d e t e i n t u r e , ni d a n s les urines
t
n i d a n s l ' é c o u l e m e n t d e la g o n o r r h é e . O n e m p l o i e d e u x e s p è c e s d e m a l - n o m m é e p o u r la c u r a d e s g o n o r r h é e s ; la m a l - n o m m é e à feuilles d e p a r i é t a i r e , d o n t le fruit r e s s e m b l e à d e s v e r r u e s ; et la m a l - n o m m é e à feuilles d e s e r p o l e t . L ' u n e e t l'autre s o n t r a m p a n t e s . P l u s i e u r s p r é f è r e n t la d e r n i è r e . S a v e r t u p r i n c i p a l e , d i f f é r e n t e d e celle d e s t i t h y m a l e s , est a s t r i n g e n t e ; c a r u n h o m m e d i g n e d e foi m ' a a s s u r é n'avoir point t r o u v é d e m e i l l e u r r e m è d e p o u r la d i a r r h é e q u e la tisane d e c e t t e p l a n t e , qui lui fut i n d i q u é e p a r un N è g r e a p r è s qu'il e û t e m p l o y é i n u t i l e m e n t le lait et p l u s i e u r s a u t r e s r e m è d e s . D ' o ù l'on doit c o n c l u r e q u e c e s plantes ne p e u v e n t c o n v e n i r q u e lorsqu'il e s t q u e s t i o n d ' a r r ê t e r les g o n o r r h é e s ; c a r si On les d o n n o i t d a n s les c o m m e n c e m e n s , o n c o u rait r i s q u e d ' e n f e r m e r le loup d a n s la b e r g e r i e . U n n è g r e fut surpris p a r s o n m a î t r e s e traiter d ' u n e c h a u d e - p i s s e p a r la s e u l e décoction d e m a l - n o m m é e . L e m a î t r e y fit a t t e n t i o n ; et a y a n t é t é a s s u r é d e la g u é r i s o n d u n è g r e , il v o u l u t é p r o u v e r sur l u i - m ê m e l e m ê m e r e m è d e , qui fut i n f r u c t u e u x . L e s racines de verveine puante et d'herbe à
collet,
p r i s e s en t i s a n e , s o n t , d e t o u t e s les p l a n t e s q u ' o n e m p l o i e les plus efficaces p o u r a r r ê t e r l ' é c o u l e m e n t . Rien
n'est
p l u s ordinaire q u e d ' e n t e n d r e
les
Né-
g r e s s e s s e p l a i n d r e d u m a l d e m è r e ou d e m a t r i c e . C e m a l est p r e s q u e t o u j o u r s l'effet d'un ulcère v é n é r i e n N
a
i
196
MÉDE
C I N E
c e t t e p a r t i e , ou d e q u e l q u e a c c i d e n t d e c o u c h e , elles n e s o n t p a s c e p e n d a n t si s u j e t t e s a u x fleurs b l a n c h e s q u e l e s femmes
blanches.
L e s p e t i t e s t u m e u r s q u i s'ulcèrent a u x p i e d s d e s n è g r e s , s u r - t o u t a u x o r t e i l s , sous la p l a n t e d e s p i e d s , et v e r s les a r t i c u l a t i o n s , et q u ' o n a p p e l l e c r a b e s , t i e n n e n t de la n a t u r e d e s p i a n s , qui ne s ' é t e n d e n t
et ne jettent des r a -
c i n e s , q u e p a r c e q u e la d u r e t é d e la p e a u d e c e s p a r t i e s ' les empêche
de s o r t i r , et de s'élever
c o m m e dans
les
a u t r e s p a r t i e s du c o r p s . D e l à v i e n t q u e l e s u b l i m é c o r r o s i f e s t le m e i l l e u r r e m è d e . Méthodes
qui m'ont: paru les meilleures
pour traiter
les
Pians. D e t o u t e s les m é t h o d e s
m i s e s en u s a g e p a r p l u s i e u r s
c h i r u r g i e n s , p o u r le t r a i t e m e n t d e s p i a n s , les d e u x s u i v a n t e s m ' o n t p a r u les p l u s s û r e s . L ' u s a g e dans l ' A m é r i q u e est d'enfermer
les
nègres
p i a n i s t e s d a n s u n e c h a m b r e b i e n c l o s e , et é c h a u f f é e p a r un p o ê l e , ou p a r un coffre à é t u v e . L e s h u i t ou dix p r e m i e r s j o u r s , o n les s a i g n e , o n les p u r g e , et o n les fait b a i g n e r p l u s ou m o i n s , s e l o n q u e la q u a l i t é d e la m a l a d i e , et celle d u t e m p é r a m e n t s e m b l e n t on
les m e t
en
même
le d e m a n d e r
:
t e m p s à la t i s a n e s u d o r i f i q u e .
A p r è s d e u x o u trois p u r g a t i o n s , ils p r e n n e n t d e s bols o u p o t i o n s s u d o r i f i q u e s , p o u r e x c i t e r la sortie d e tout le v e n i n p a r le m o y e n d ' u n e plus g r a n d e a b o n d a n c e d e p u s t u l e s . Q u e l q u e s uns p r é f è r e n t la fleur d e s o u f r e p r i s e i n t é r i e u r e m e n t ; e n effet elle m ' a p a r u m i e u x c o n v e n i r q u e t o u s l e s a u t r e s r e m è d e s . T a n d i s q u e les pians s o r t e n t , on n e fait p o i n t d ' a u t r e s r e m è d e s ; c e q u i d u r e à q u e l q u e s uns p l u s d'un m o i s . Q u a n d on les j u g e b i e n s o r t i s , on d o n n e d e s f r i c t i o n s , q u e p r e s q u e t o u s les c h i r u r g i e n s p o u s s e n t j u s qu'à c e q u e la salivation soit bien é t a b l i e ; ils e n t r e t i e n n e n t
DE
S T.-DOM I NGUE.
197
c e t t e salivation p l u s ou m o i n s l o n g - t e m p s , s u i v a n t les qualités d e la m a l a d i e et la force du m a l a d e . Q u e l q u e s u n s ont attention à m é n a g e r les frictions d e façon q u ' o n p u i s s e c a l m e r ou a r r ê t e r la salivation p a r le m o y e n d ' u n d o u x p u r g a t i f , aussi s o u v e n t qu'on le j u g e n é c e s s a i r e . C e t t e façon est t r è s - p r u d e n t e , e t convient s u r - t o u t a u x s u j e t s délicats , à c e u x q u i o n t la poitrine foible , ou du p e n c h a n t à l'étisie. P l u s i e u r s chirurgiens n ' e m p l o i e n t p o i n t a u j o u r d ' h u i d e frictions ; ils font user d'une b o i s s o n m e r curielle p r é p a r é e c o m m e il suit. O n fait d i s s o u d r e dans deux o n c e s d'eau forte u n e o n c e d e m e r c u r e : on m ê l e la dissolution dans d i x - h u i t à v i n g t o n c e s d ' e a u . O n m e t le p r e m i e r j o u r , dans une b o u t e i l l e d e t i s a n e sudorifique , d e u x ou trois g o u t t e s d e c e t t e d i s solution ; o n a u g m e n t e tous les j o u r s la d o s e d ' u n e o u d e u x g o u t t e s j u s q u ' à c e qu'il p a r o i s s e des m a r q u e s d e s a livation. Q u e l q u e s uns font saliver ; d'autres l ' e m p ê c h e n t p a r q u e l q u e purgatif. L e s uns et les a u t r e s , par l ' e x a m e n q u e j ' e n ai p u faire , r é u s s i s s e n t é g a l e m e n t et s û r e m e n t . L a dernière f a ç o n p a r a î t m i e u x convenir à ceux qui o n t d e m a u v a i s u l c è r e s . C e t t e d i s s o l u t i o n , m ê l é e dans l'eau , suffit seule p o u r leur p a n s e m e n t . C e u x q u i p u r g e n t n ' e m ploient pour c e t effet q u e la liane p u r g a t i v e , d o n t u n e b r a s s e est là d o s e qu'ils c o u p e n t par petits m o r c e a u x , e t qu'ils font bouillir d a n s la t i s a n e s u d o r i f i q u e . O n m ' a a s s u r é qu'on faisait t o m b e r les gales p i a n i s t e s à l a M a r t i n i q u e a v a n t q u e d'administrer les frictions. , p a r le m o y e n d'un o n g u e n t fait a v e c le m â c h e - fer pilé e t le j u s d e citron , a f i n , m ' a - t - o n d i t , d e r e n d r e la p e a u u n i e , et par c o n s é q u e n t donner une plus g r a n d e facilité a u m e r c u r e d ' a g i r , et d e p é n é t r e r au t r a v e r s d e s p o r e s d e t o u t e la c i r c o n f é r e n c e . D e p u i s un ou d e u x a n s , M . C o n e g u , m a î t r e c h i r u r g i e n et qui e s t d a n s une g r a n d e réputation , a fait p a r t à p l u - ,
N 3
198
M É D E C I N E
sieurs d e ses confrères d'une autre façon de traiter les p i a n i s t e s p a r u n e p r é p a r a t i o n p a r t i c u l i è r e du m e r c u r e , q u e j'ai c o p i é e d e l'écrit d e l ' a u t e u r . C e u x q u i s'en s e r v e n t m ' e n o n t t o u s p a r l é fort a v a n t a g e u s e m e n t . Remèdes
pour guérir
M. Conegu
les Pians,
qu'emploie
, maître chirurgien
P r e n e z du s u b l i m é c o r r o s i f ,
à
avec
succès,
Limonade.
et d u m e r c u r e c r u ,
de
c h a c u n p a r e i l l e d o s e , par e x e m p l e u n e o n c e d e c h a c u n : b r o y e z - l e s d a n s un m o r t i e r d e m a r b r e a v e c un pilon d e b o i s , j u s q u ' à c e q u e le m e r c u r e soit p a r f a i t e m e n t é t e i n t a v e c le s u b l i m é c o r r o s i f , e t r é d u i t en u n e p o u d r e t r è s g r i s e . C e t t e trituration doit ê t r e l o n g u e e t l e n t e , il f a u t q u e l ' a r t i s t e a i t soin d'en é v i t e r la v a p e u r . A p r è s c e t t e o p é r a t i o n , on l a v e la p o u d r e d a n s l e mortier, premièrement
même
a v e c d e l'eau b i e n c h a u d e ,
en
r e m p l i s s a n t p r e s q u e le m o r t i e r , e t a g i t a n t la p o u d r e a v e c l e p i l o n , afin d e d é l a y e r et e m p o r t e r les s e l s . O n l a i s s e la p o u d r e s e r a s s e o i r a u f o n d d u m o r t i e r ; i n c l i n e l'eau en p r e n a n t g a r d e d e
on
n e p a s j e t e r la p o u d r e ,
o n la l a v e d e c e t t e façon d e u x ou trois fois a v e c d e l ' e a u c h a u d e , e t a u t a n t d e fois a v e c d e l'eau froide , e t o n la fait s é c h e r a u soleil. Q u a n d elle e s t b i e n s è c h e , on la r e m e t e n p o u d r e d a n s l e m o r t i e r d e m a r b r e , e t on l ' a r r o s e a v e c l ' e s p r i t d e v i n j u s q u ' à c e qu'il s u r n a g e u n p e u d e la p o u d r e , q u ' o n a g i t e a v e c u n e s p a t u l e , afin d e l a b i e n faire p é n é t r e r p a r l ' e s p r i t . O n y m e t le feu a v e c un m o r c e a u d e p a p i e r . O n r e m u e de t e m p s en t e m p s a v e c la s p a t u l e j u s q u ' à c e q u e l ' e s p r i t d e v i n soit t o u t - à - f a i t c o n s o m m é , et q u e la p o u d r e s o i t s è c h e , c o m m e il a r r i v e t o u j o u r s q u a n d l ' e s p r i t d e v i n e s t b o n . O n fait d é v o r e r à l ' E s p r i t d e v i n c e t t e p o u d r e d e u x ou t r o i s fois d e la m ê m e f a ç o n , afin d ' a d o u c i r e t d ' a r r o n d i r l e s p o i n t e s d e sels q u e l e s l o t i o n s n ' o n t enlever.
pu
DE
S
199
T . - D O M I N G U E.
Cette p o u d r e , ainsi p r é p a r é e , e s t i n c a p a b l e d e f a i r e a u c u n e m a u v a i s e i m p r e s s i o n . O n p e u t en d o n n e r e n t o u t e s û r e t é , m ê m e à d e s e n f a n s . L a d o s e aux g r a n d e s p e r s o n n e s est d e p u i s q u a t r e j u s q u ' à huit g r a i n s . I l f a u t c o m m e n c e r , a v a n t d'en
u s e r , par saigner
et
p u r g e r u n e ou d e u x f o i s , s u i v a n t l'état de p l é n i t u d e et la constitution
du s u j e t , e t m e t t r e le m a l a d e à l ' u s a g e d e
la t i s a n e s u d o r i f i q u e . Dans grains
le c o m m e n c e m e n t , e n b o l ; on
peut
on n e
donne
que
quatre
a u g m e n t e r le q u a t r i è m e j o u r .
S'il p a r o î t d e s s i g n e s d e s a l i v a t i o n , on p e u t la p r é v e n i r p a r un d o u x
purgatif,
p a r c e q u e l'indication qu'on
se
p r o p o s e d e r e m p l i r est d e c h a s s e r l e v e n i n p a r l a t r a n s piration. Il est b o n ,
p o u r la p r o c u r e r , d e
faire travailler l e s
N è g r e s à l'ardeur d u s o l e i l , é v i t a n t d e n e les p o i n t faire s o r t i r a u v e n t f r o i d , à la p l u i e , o u à la r o s é e , e t o u n e doit les nourrir q u ' a v e c d e s a l i m e n s d o u x . On
use de ce r e m è d e
p e n d a n t v i n g t - c i n q ou t r e n t e
j o u r s , s'il e x c i t o i t le v o m i s s e m e n t , m e n t , à m o i n s q u e le m a l a d e n'y
ce qui arrive r a r e ait d e la d i s p o s i t i o n ,
d o n t la qualité d e s m a t i è r e s b i l i e u s e s s e r t d e p r e u v e . S i l e v o m i s s e m e n t r e v i e n t à la s e c o n d e ou t r o i s i è m e p r i s e , o n d o n n e un d o u x p u r g a t i f , e t l'on c o n t i n u e le r e m è d e . L ' a u t e u r n'a j a m a i s v u d ' a u t r e s a c c i d e n s . N e p o u r r o i t - o n p a s e x é c u t e r la m ê m e o p é r a t i o n
avec
l e sel a m m o n i a c ? E t , d a n s c e c a s , l e r e m è d e non s e u l e ment
serait moins
sûrement
d a n g e r e u x , mais m ê m e
s e r a i t plue
sudorifique.
U n e d e s p r i n c i p a l e s c a u s e s qui e m p ê c h e n t d e r é u s s i r d a n s l a c u r e d e s pians
e t d e la v é r o l e , e s t
le
défaut
d e p r é p a r a t i o n , o u l ' e r r e u r qu'on p e u t c o m m e t t r e d a n s la m a n i è r e de p r é p a r e r les m a l a d e s . P l u s i e u r s c h i r u r g i e n s
N4
M É D E C I N E
200
s e b o r n e n t à une ou d e u x saignées et à d e u x ou trois p u r g a t i o n s , e t m e t t e n t les v é r o l e s , dès les p r e m i e r s j o u r s , à la tisane sudorifique. D ' a u t r e s , sans faire attention à la qualité du t e m p é r a m e n t , e m p l o i e n t la m ê m e m é t h o d e , o u , p o u r m i e u x dire , la m ê m e r o u t i n e , ne faisant p a s réflexion q u ' a u x uns les r e m è d e s échauffans et d e s s i c c a t i f s , t e l s q u e la tisane s u d o r i f i q u e , s o n t c o n t r a i r e s ; q u ' a u x a u t r e s il faut éviter les émolliens et les laxatifs. L a m e i l l e u r e r è g l e qu'on p u i s s e s u i v r e à l'égard de c e u x qui o n t l e m a l h e u r d'être infectés d e ce virus , c'est d e distinguer l e s t e m p é r a m e n s g r a s et r e p l e t s d ' a v e c les s e c s , m a i g r e s , ou e x t é n u é s . A u x p r e m i e r s , les purgatifs réitérés p l u s i e u r s f o i s , et la tisane sudorifique c o n v i e n n e n t : a u x s e c o n d s , les saignées , les bains e t les tisanes ou bouillons d é l a y a n s et é m o l l i e n s , dont il convient d e leur faire user l ' e s p a c e au m o i n s d e q u a t r e à cinq s e m a i n e s , a v a n t q u e d'en venir a u x r e m è d e s m e r c u r i e l s , afin d e r e l â c h e r le tissu d e s fibres , d o n t le trop de s é c h e r e s s e e m p ê c h e l'effet du m e r c u r e p a r la transpiration. L a tisane faite a v e c la s e u l e é c o r c e d e g o m m i e r , les l a v e m e n s a v e c la décoction raquette
et
d e c e t t e é c o r c e , et la
b o u c a n n é e et p i l é e , m ' o n t p a r u les m e i l l e u r s
r e m è d e s p o u r c a l m e r les d o u l e u r s d e l a v é r o l e . J e n e m ' a r r ê t e point à la v é r o l e ni au s c o r b u t d'orig i n e p a r c e q u e c e s v i r u s naturalisés ou incorporifiés a v e c t o u t e la s u b s a n c e du c o r p s , constituent u n e e s p è c e d e t e m p é r a m e n t i n f i r m e , l a n g u i s s a n t , assailli d e différens m a u x , d o n t il n'y a p a s a p p a r e n c e d e d é t r u i r e la c a u s e , p a r c e qu'on n'a p a s le p o u v o i r d e refondre u n e m a u v a i s e constitution. T o u t ce qu'on p e u t faire e s t d e pallier e t d e conseiller un r é g i m e , d e s a l i m e n s , d e s boissons , q u i c o m b a t t a n t s a n s c e s s e la m a u v a i s e q u a l i t é de l'un ou d e l ' a u t r e , p u i s s e n t en diminuer l'action et le développe-
ment.
D E
S T . - D O M I N G U E.
C H A P I T R E
201
X L
T R A I T E M E N S DES F L U X DE V E N T R E , Confondus
à Saint-Domingue
Lorsque
sous le nom
de
Diarrhée.
l ' e s t o m a c e s t fatigué p a r d e s a l i m e n s t r o p
g r o s s i e r s qu'il n e p e u t bien d i g é r e r , il ne s e f o r m e q u ' u n chyle rempli de matières dures et compactes , lesquelles p a r c o u r a n t le c a n a l i n t e s t i n a l , e x c o r i e n t les
fibres.
en
irritent, raclent
et
Q u o i q u e le tissu d e s intestins g r ê l e s
s'oit plus délicat q u e c e lui d e s g r o s , ils s o n t c e p e n d a n t p l u s à c o u v e r t d e l'action d e c e t t e m a t i è r e , p a r c e q u e c e l l e s ci n a g e a n t d a n s le fluide c h y l e u x , noyées,
elles y s o n t
comme
e t n e p e u v e n t offenser la m e m b r a n e v e l o u t é e ;
m a i s q u a n d elles s o n t p a r v e n u e s a u x g r o s i n t e s t i n s , d e s t i t u é e s alors de l i q u i d e s ,
elles a g i s s e n t i m m é d i a t e m e n t
sur les fibres. D e - l à les c o l i q u e s ou t r a n c h é e s q u i s u i v e n t et accompagnent
les
principalement sentir
indigestions ,
et qui
se
faisant
d a n s le colon , o n t fait d o n n e r à
c e s y m p t ô m e le n o m d e c o l i q u e : de-là le t é n e s m e e t la dyssenterie
qui s u r v i e n n e n t
q u a n d les i n d i g e s t i o n s
s u c c è d e n t , et q u e les irritations s o n t continuelles
se
: de-
l à , la lienterie e t le flux h é p a t i q u e , l o r s q u e p a r u n e m a u v a i s e d i s p o s i t i o n ou n a t u r e l l e , ou p r o v e n a n t d e q u e l q u e v i r u s , les fibres se r e l â c h e n t , e t p e r d e n t leur r e s s o r t . C e s différens flux d e v e n t r e s o n t d o n c d e s s y m p t ô m e s ou des suites d u p r e m i e r , e t p a r c o n s é q u e n t le d é r a n g e m e n t de l ' e s t o m a c en est la p r e m i è r e c a u s e .
202
M É D E C I N E
C H A P I T R E DU LE
T
É N
X I I .
E S M E.
t é n e s m e e s t u n e irritation clans l'intestin r e c t u m e t
dans son
sphincter
ou b o u r r e l e t , q u i e x c i t e
c o n t i n u e l l e s d'aller à la efforts
s a n s rien
selle,
o ù l'on
fait
d e s envies; de grands
r e n d r e , ou n e r e n d a n t q u e q u e l q u e s
matières muqueuses et m a u v a i s e s , des glaires, et quelq u e s p a r t i c u l e s d u v e l o u t é d e , l'intestin , d a n s l e s q u e l l e s on a p p e r c o i t d e s g o u t t e s d e s a n g .
C H A P I T R E
X I I I .
DE LA DYSSENTERIE. LA
dyssenterie est une déjection f r é q u e n t e ,
sanguino-
lente , précédée et accompagnée de vives tranchées,
et
qui c o n t i n u a n t , d e v i e n t p u r u l e n t e e t t r è s - d o u l o u r e u s e . L e t é n e s m e e t la d y s s e n t e r i e n e diffèrent d e g r é , et p a r l e s
parties qui en
que par le
s o n t le s i è g e . L e t é -
n e s m e p r é c è d e , a c c o m p a g n e , e t s u i t p r e s q u e t o u j o u r s la d y s s e n t e r i e , p a r c e q u e les m a u v a i s e s m a t i è r e s s é j o u r n e n t un p e u t r o p d a n s l ' e x t r é m i t é reste
toujours
quelque
du
portion,
r e c t u m , e t qu'il qui étant
en
retenue,
é c h a u f f e et irrite c e t t e p a r t i e . Ces maladies
s u p p o s e n t un g r a n d
fibres intestinales.
E l l e s ne
ressort dans les
surviennent
en
effet
que
p a r c e q u e l e s fibres r é s i s t e n t ; e t q u ' i r r i t é e s p a r le f r o t tement des
m a t i è r e s d u r e s , elles r e d o u b l e n t leur
* V o y e z O f f m a n et B i a n c h i .
con-
DE
ST.-DOMINGUE.
203
traction ; ce qui ne p e u t arriver sans d e fortes p e r c u s sions d e la p a r t d e s m a u v a i s e s m a t i è r e s : d ' o ù r é s u l t e n t d e s e x c o r i a t i o n s d e la m e m b r a n e v e l o u t é e , d e s
déchi-
r e m e n s d e s v a i s s e a u x c a p i l l a i r e s - s a n g u i n s , et enfin d e s u l c è r e s . A u s s i c e s m a l a d i e s , s u r - t o u t la d y s s e n t e r i e , n ' a t t a q u e n t q u e d e s t e m p é r a m e n s forts , n a t u r e l l e m e n t const i p é s , e t s u r - t o u t les
matelots.
C H A P I T R E DE
LA
X I V .
LIENTERIE.
J ' a p p e l l e lienterie un flux d e v e n t r e d a n s lequel
on
Va f r é q u e m m e n t à l a s e l l e , s a n s t r a n c h é e et s a n s d o u l e u r , d a n s lequel les m a l a d e s r e n d e n t les a l i m e n s m a l d i g é r é s , d on t on t r o u v e e n c o r e q u e l q u e s p o r t i o n s t i è r e s et
C H A P I T R E Du LE y
flux
en-
très-fétides,
FLUX
hépatique est
X V ,
HÉPATIQUE,
u n e s u i t e d e la lienterie : il
e n a d e d e u x e s p è c e s ; l'un p r o v i e n t du r e l â c h e m e n t
d e s v e i n e s h e m o r r o i d a l e s i n t e r n e s , e t l ' a u t r e du s e u l r e l â c h e m e n t d u foie. L ' u n et l ' a u t r e s o n t r a r e s , sur-, t o u t le d e r n i e r . L e r e l â c h e m e n t d e l ' e s t o m a c e t d e s i n t e s t i n s s e c o m m u n i q u e a u x v a i s s e a u x s a n g u i n s ; les h é morroïdaux
l a i s s e n t é c h a p p e r le sang qui d o n n e
aux
e x c r é m e n s une teinture plus ou moins r o u g e , suivant l a qualité at la q u a n t i t é qui e n d é c o u l e .
2 0 4M É D E C I N E
Traitement. C e s m a l a d i e s , c ' e s t - à - d i r e la lienterie et le flux h é p a t i q u e , n'ont c o u t u m e d ' a t t a q u e r q u e l e s s c o r b u t i q u e s , l e s v é r o l e s et les c a c h e c t i q u e s , d a n s l e s q u e l l e s les d ' u n e g r a n d e dissolution a n n o n c e n t ment,
signes
un g r a n d r e l â c h e -
s u r - t o u t l o r s q u e c e s m a l a d e s é t a n t à un c e r t a i n
é t a t d ' e n g o r g e m e n t , p e r d e n t l ' a p p é t i t , et q u e l ' e s t o m a c o p p r i m é p a r la p l é n i t u d e
de ces vaisseaux p r o p r e s , et
par celle des viscères v o i s i n s , peut
sur-tout de
la r a t e ,
ne
faire q u e d e t r è s - m a u v s i s e s d i g e s t i o n s , d'où s'en-
suivent des indigestions, auxquelles succède bientôt une fonte
générale.
C e t t e r é v o l u t i o n a r r i v e o r d i n a i r e m e n t d a n s les s a i s o n s pluvieuses ; quelquefois le
ténesme
la p r é c è d e , l ' a c -
c o m p a g n e e t la s u i t , m a i s bien p l u s f o i b l e m e n t
q u e la
d y s s e n t e r i e , les c a u s e s d e c e s m a l a d i e s é t a n t bien c o n n u e s , m o n t r e n t c l a i r e m e n t les indications qu'il faut s u i v r e . U n e diète lénitives,
et
r i g i d e , des
bouillons l é g e r s ,
des
tisanes
q u e l q u e s l a v e m e n s a d o u c i s s a n s , suivis d e
q u e l q u e s p u r g a t i o n s d o u c e s , c o u p e n t pied a u x suites d ' u n e diarrhée
négligée,
q u i m e n a c e d e t é n e s m e et d e d y s -
senterie. D a n s le t é n e s m e , j e fais faire d e s f u m i g a t i o n s , c'està - d i r e r e c e v o i r la v a p e u r d e liente,
q u e l q u e décoction
émol-
o u du s u c r e , d a n s un r é c h a u d r e m p l i d e c e n d r e s
b i e n c h a u d e s . Si p a r n é g l i g e n c e , p a r le m a u v a i s r é g i m e , ou que
par une le
sang
m a u v a i s e d i s p o s i t i o n , le soit
mêlé
avec
les
mal augmente ,
excrémens ,
que
l e m a l a d e se p l a i g n e d e g r a n d e s t r a n c h é e s , e t qu'enfin la
fièvre
s u r v i e n n e , il faut a v o i r r e c o u r s à la s a i g n é e ,
q u ' o n r é i t é r e r a p l u s ou m o i n s , s u i v a n t les c i r c o n s t a n c e s ; aux cataplasmes émolliens, aux fréquens lavemens adou« s s a n s , huileux ; aux t i s a n e s l é n i t i v e s , à la potion
lé-
DE
S T . - D O M I N G U E
2o5
mitive d e n o i r e P h a r m a c o p é e , qui a p p a i s e b e a u c o u p l e s t r a n c h é e s . Q u a n d la disposition i n f l a m m a t o i r e e s t d i s s i p é e o u d i m i n u é e , o n p u r g e a v e c la marine et l'huile d'amandes douces. O n réitère cette médecine deux ou trois fois , s u i v a n t l e s s y m p t ô m e s q u i r e s t e n t . O n e m ploie , o u l e s i r o p m a g i s t r a l , o u un p e u d e r h u b a r b e a v e c la m a n n e , q u e l q u e t i s a n e a s t r i n g e n t e o u d é t e r s i v e , enfin l ' o p i u m ,
q u ' o n doit a d m i n i s t r e r a v e c p r u d e n c e ,
et ne risquer q u e lorsque tout soupçon d'inflammation est dissipé, parce qu'on n e peut t r o p , dans les p a y s chauds, être en garde contre les inflammations
de ces
parties, qui, se formant lentement et souvent sans b e a u c o u p d e d o u l e u r , n e d o n n e n t d e s m a r q u e s d e leur e x i s t e n c e q u e lorsqu'il n ' e s t p l u s t e m p s d'y r e m é d i e r . P o u r cette r a i s o n , je n'emploie
point d ' i p é c a c u a n h a ,
rare-
m e n t d e rhubarbe et d'opium. L a lecture d e c e s m é m o i r e s , q u e j ' a i t â c h é d e m e t t r e à la p o r t é e
de tout
l e m o n d e , p o u r r a dessiller l e s y e u x d e n o s c h i r u r g i e n s , e t l e s c o n v a i n c r e d u m a u v a i s effet d e c e s d r o g u e s d a n s ces maladies. C o m m e le ténesme est une maladie c o m m u n e , et q u e d a n s l a p l u p a r t elle p r o v i e n t d ' u n e
chaleur
trop
g r a n d e , les boissons acides et rafraîchissantes sont l e s m e i l l e u r s r e m è d e s . C ' e s t d a n s c e t t e intention q u ' o n r é u s s i t d a n s s a c u r e par l ' u s a g e d e l a l i m o n a d e
avec l'orange
des b o i s , par celle de tamarin , par la décoction d e s b o u r g e o n s d u d e r n i e r , enfin p a r q u e l q u e t i s a n e r a f r a î c h i s s a n t e . S i o n a lieu d e s o u p ç o n n e r
une acrimonie
vérolique ou s c o r b u t i q u e , la décoction d'écorce de g o m m i e r e s t d e t o u s l e s r e m è d e s é p r o u v é s celui qui m ' a paru le mieux
réussir p o u r e n é m o u s s e r la m a u v a i s e
qualité, et calmer L e relâchement flux
les douleurs. q u i e s t la c a u s e d e la lienterie e t d u
h é p a t i q u e , p r o p o s e u n e indication c o n t r a i r e à c e l l e
206
M É D E C I N E
qu'il faut s u i v r e p o u r la c u r e d u t é n e s m e e t d e la d y s senterie. Il faut se comporter façon q u ' o n
d a n s leur t r a i t e m e n t
de
laisse la n a t u r e se d é b a r r a s s e r elle - m ê m e
du poids qui l'accabloit,
avoir a t t e n t i o n à r é t a b l i r p e u
à p e u l e r e s s o r t des p a r t i e s r e l â c h é e s , et c o m b a t t r e o u c o r r i g e r en m ê m e - t e m p s
les m a u v a i s levains
s o n t l a p r e m i è r e origine. O n y
qui
en
p a r v i e n d r a p a r un r é -
g i m e c o n f o r m e à la situation d u m a l a d e , p a r les tisanes e t b o i s s o n s p r o p r e s à t e m p é r e r la f r é q u e n c e d e s d é j e c tions , par de tions ,
l é g e r s c o r d i a u x , par
s u r - t o u t p a r le s i r o p
dans notre
de
légères
magistral.
p h a r m a c o p é e , toutes
On
purga-
trouvera ,
les f o r m u l e s
de
ces
différens r e m è d e s q u i p e u v e n t y c o n v e n i r . O n y a s s o c i e r a l e s a n t i - s c o r b u t i q u e s , les s u d o r i f i q u e s , s u i v a n t lité
la q u a -
du virus qu'on pourra d é c o u v r i r , ou qu'on a u r a
sujet de soupçonner. L'Ipécacuanha
de
Saint-Domingue,
m'ont paru plus doux que
d o n t les
effets
c e u x d e celui du B r é s i l , la
t h é r i a q u e , le d i a s c o r d i u m et l ' o p i u m , o n t p l u s lieu d a n s ces espèces n'y
d e flux q u e dans l e s p r é c é d e r a , p a r c e q u ' i l
a pas tant à appréhender
l'inflammation.
Il
faut
c e p e n d a n t avoir l'attention d e n e les e m p l o y e r q u e l o r s q u e la plénitude
est entièrement
dissipée,
e t q u e le
ma-
l a d e , étant menacé d'épuisement , a besoin de relâche. L e c a c h o u e t le succin m ' o n t p a r u t r è s efficaces d a n s ces maladies. L e s gelées sauvage
de jus de
citron e t
ont beaucoup de vertu pour
M a i s il n ' y
d'orange
fortifier.
a point de r e m è d e p l u s s a l u t a i r e q u e le
lait à l ' é g a r d d u p l u s g r a n d n o m b r e d e s d i a r r h é t i q u e s . C'est toujours
à lui qu'il e u
il en p é r i r o i t p l u s
des deux
faut r e v e n i r , et s a n s lui tiers. C e
liquide
remplit
en effet p a r s e s q u a l i t é s t o u t e s les i n t e n t i o n s q u ' o n se proposer pour donner
à l ' e s t o m a c un
aliment
doit pro-
p o r t i o n n é à s a f o i b l e s s e , e t , à t o u t e s les a u t r e s p a r t i e s ,
D E
S
T.
-D o
M
i n
207
UE.
G
l a n o u r r i t u r e l é g è r e qui c o n v i e n t à leur
relâchement,
et q u i , en les fortifiant p e u à p e u , p u i s s e les m e t t r e e n é t a t d'en r e c e v o i r u n e p l u s solide. I l r e d o n n e e n
même
t e m p s d e la c o n s i s t a n c e a u x liquides ; e t e m b a r r a s s a n t l e s r e s t e s du levain qui n'a p a s é t é e n t r a î n é p a r la c o l l i q u a t i o n g é n é r a l e , il les m e t h o r s d'état d e s e d é v e l o p p e r d e l o n g - t e m p s : d'où r é s u l t e u n c h a n g e m e n t
si c o n s i -
d é r a b l e , q u ' o n croiroit voir d ' a u t r e s h o m m e s . M a l g r é c e s b o n s e f f e t s , il y a c e p e n d a n t q u e l q u e s p r é c a u t i o n s à p r e n d r e d a n s son u s a g e . I l n e faut y avoir r e c o u r s q u e l o r s q u e le m a l a d e e s t p a r v e n u à u n é t a t d e f o i b l e s s e q u i fait c o n j e c t u r e r qu'il r e s t e p e u d e s m a u v a i s e s m a t i è r e s q u i f o r m o i e n t les e n g o r g e m e n s ; corromproit , et en
car autrement
augmenteroit
le lait
la quantité. I l
se faut
l e donner, c o u p é a v e c q u e l q u e l é g è r e t i s a n n e a s t r i n g e n t e ou décoction
d e c e t t e n a t u r e , au tiers ou à la m o i t i é .
L e lait a s t r i n g e n t d e
notre
pharmacopée
servira
de
modèle. Le
flux
de ventre
s e c a l m a n t , o n c o u p e le lait a v e c
u n e d é c o c t i o n ou infusion a n t i - s c o r b u t i q u e o u s u d o r i f i q u e , s u i v a n t le levain q u ' o n a lieu d e s o u p ç o n n e r . L e l a d e n'y joint d ' a u t r e
nourriture que
ma-
lorsqu'il p a r o î t
p r e n d r e un p e u d e f o r c e , e t il doit a v o i r soin q u e c e s n o u r r i t u r e s soient
d'une n a t u r e conforme à celle
lait. Il se p u r g e a l o r s , s u i v a n t le se t r o u v e , de huit
resserrement où
du il
e n h u i t j o u r s a v e c la m a n n e et u n
p e u d e r h u b a r b e , ou d e q u i n z e en q u i n z e j o u r s : f a u t e de cette attention,
le lait é t a n t
extrêmement
épais à
S a i n t - D o m i n g u e , il s e f o r m e r a i t d e p e t i t s e n g o r g e m e n s , s u r - t o u t d a n s les v e i n e s l a c t é e s , q u i c a u s e r a i e n t la
fièvre.
D è s que le m a l a d e sera parvenu à un état d e santé c o n v e n a b l e , il q u i t t e r a l ' u s a g e d u l a i t , et n e p r e n d r a celui du vin q u e l o n g - t e m p s a p r è s , a y a n t p u r g e r en
finissant.
soin d e
se
208
M É D E C I N E
J ' a i vu d e s gens q u i , pour se procurer de l'embonpoint,
continuoient
d e p r e n d r e d u l a i t , e t qui y é t a n t
parvenus, tomboient dans puelpues maladies considérables» s u r - t o u t d a n s d e s fièvres c o n t i n u e s
qui duraient
long-
t e m p s , e t q u ' o n n e p o u v o i t d é r a c i n e r q u e p a r les p u r g a t i o n s r é i t é r é e s d e q u a t r e à c i n q j o u r s d e suite. O n doit avoir attention d e faire nourrir l a v a c h e d'une manière conforme a u x vues qu'on s e propose. L ' h e r b e d e c o s s e , qui est u n e e s p è c e d e r i z s a u v a g e , e t q u e tousl e s a n i m a u x m a n g e n t a v i d e m e n t , e s t la p l u s c o n v e n a b l e . I l faut éviter d e lui d o n n e r d u petit m i l e t d u bois d e p a t a t e . C e s p l a n t e s r e n d e n t l e lait laxatif. L e m a ï s e s t plus convenable.
C H A P I T R E
X V I .
T R A I T E M E N T DU FLUX CHYLEUX OU CŒLIAQUEI l y a u n e e s p è c e d e flux d e v e n t r e qui n'a rien d e c o m m u n a v e c c e u x d o n t n o u s v e n o n s d e faire m e n t i o n ; c'est l e flux c h y l e u x , dont les c a u s e s sont d i f f é r e n t e s , m a i s q u i p r o v i e n t q u e l q u e f o i s d'un v i c e d e d i g e s t i o n , qui r e n d le c h y l e , quoique d i g é r é , visqueux et grossier. C e c h y l e , par l e s i n c r u s t a t i o n s qu'il fait d a n s les v e i n e s l a c t é e s , les e n g o r g e et les o b s t r u e ; d ' o ù s'ensuit un flux g r i s â t r e , q u i p o r t e a v e c lui l e s signes d e s a c a u s e . C e t t e
maladie arrive
d a n s la c o n v a l e s c e n c e d e q u e l q u e s fièvres l y m p h a t i q u e s , s u r - t o u t à c e u x q u i m a n g e n t trop d'abord , ou q u i n e choisissent p a s leurs a l i m e n s . I l a r r i v e aussi à c e u x q u ' u n vif c h a g r i n ou une forte t e r r e u r p a n i q u e a saisi. S i on p r e n d le c h a n g e d a n s la c u r a t i o n , il en r é s u l t e d e f a c h e u x évènenaens. Les b a i n s , les r e m è d e s résolutifs et légèrement
DE
S T . - D O M I N G U E .
209
l é g è r e m e n t a p é r i t i f s , sont les seuls qui d o i v e n t c o n v e n i r ; tels sont e n t r ' a u t r e s la c h i c o r é e s a u v a g e , le c e r f e u i l , l e c é l e r i , le c r e s s o n , les é p i n a r d s , et q u e l q u e s clous rouillés d a n s la tisane. I l faut éviter les sels , d e q u e l q u e n a t u r e qu'ils s o i e n t , et les a c i d e s : ils n e p e u v e n t q u ' ê t r e
con-
t r a i r e s à la c a u s e . L o r s q u e c e t t e m a l a d i e a p o u r c a u s e un v i f c h a g r i n o u u n e t e r r e u r p a n i q u e , les v e i n e s l a c t é e s ne sont b o u c h é e s que
p a r le r e s s e r r e m e n t q u e p r o d u i t la crispation
des
nerfs m é s e n t é r i q u e s : ainsi il ne faut s ' a t t a c h e r cru'à r e l â c h e r les fibres n e r v e u s e s . L e s bains c o n v i e n n e n t p o u r c e l a ; m a i s il faut s u b s t i t u e r à la c h i c o r é e , au
cerfeuil
e t au c é l e r i , la c h i c o r é e b l a n c h e , la laitue. R i e n n e s e roit plus utile q u e l ' o p i u m ; m a i s la fièvre et l'altération , q u i sont o r d i n a i r e m e n t d e la p a r t i e , s'y o p p o s e n t .
Le
p o u l s des m a l a d e s est o r d i n a i r e m e n t p e t i t , c o n c e n t r é et très-souvent
,
frémillant. Ils o n t d'ailleurs la l a n g u e
h u m i d e , et ils r e n d e n t les bouillons e t les a u t r e s b o i s s o n s p r e s q u e d e la m ê m e n a t u r e qu'ils les o n t p r i s .
C H A P I T R E T r a i t e m e n t de JE
X V I I .
l'Hydropisie.
distingue l'hydrûpisie en deux espèces
en h y d r o -
pisie p a r é p a n c h e m e n t , et en h y d r o p i s i e par infiltration. L ' h y d r o p i s i e p a r é p a n c h e m e n t est p r o d u i t e p a r la r u p ture de quelques vaisseaux l y m p h a t i q u e s , comprimés par l e v o l u m e d'une t u m e u r s q u i r r e u s e qui, i n t e r c e p t e la c i r culation d e la l y m p h e , fait gonfler les v a i s s e a u x , et l e s fait r o m p r e ; d ' o ù , p a r u n e distillation c o n t i n u e l l e , Tome
II
O
se
M É D E C I N E
210
f o r m e , dans la c a p a c i t é , un a m a s d'eau qu'on a p p e l l e hydropisie. L'hydropisie
p a r infiltration
e s t celle q u i e s t
l'effet
d'un e n g o r g e m e n t général q u i , p a r v e n u au point d e
di-
later a s s e z les p o r e s p o u r se faire j o u r , s e filtre a u t r a v e r s , et distille p e u à p e u . E l l e e s t à S a i n t - D o m i n g u e t o u j o u r s l'effet d e s dissolutions s c o r b u t i q u e s , v é r o l i q u e s ou c a c h e c tiques. O n doit j u g e r , p a r les c a u s e s d e s h y d r o p i s i e s , q u ' e l l e s s o n t toutes i n c u r a b l e s , à l ' e x c e p t i o n d e la c a c h e c t i q u e , d o n t on p e u t d é t r u i r e la c a u s e en r é t a b l i s s a n t le t e m p é r a m e n t . M a i s on n e p e u t q u e pallier les a u t r e s , a t t e n d u qu'elles sont l'effet ou d'un s q u i r r e trop i n v é t é r é p o u r e n e s p é r e r la résolution , ou d ' u n e dissolution t r o p g r a n d e et t r o p a n c i e n n e p o u r en a t t e n d r e la d e s t r u c t i o n , à m o i n s q u e p a r q u e l q u e révolution f a v o r a b l e q u e le c h a n g e m e n t d e c l i m a t p e u t seul p r o c u r e r a u x s c o r b u t i q u e s , il n ' a r r i v e d a n s les t e m p é r a m e n s u n e m é t a m o r p h o s e qui les m e t t e en é t a t d e soutenir les o p é r a t i o n s et les r e m è d e s qui l e u r c o n v i e n n e n t : car t a n d i s qu'ils r e s t e r o n t d a n s le p a y s , ils a u r o n t d a n s l'air un o b s t a c l e q u ' a u c u n r e m è d e n e p e u t s u r m o n t e r , e t l ' h y d r o p i s i e r e v i e n d r a , ou la d i a r r h é e y suppléera. Remèdes
qu'on dit avoir été plusieurs fois succès
dans
éprouvés
avec
l'hydropisie.
P r e n e z un m o r c e a u de feuille d ' a l o ë s , d e la l o n g u e u r d e q u a t r e à cinq doigts , d e u x livres
de cendres p a s s é e s ,
c i n q à six cuillerées d e jus d e c i t r o n , r a c i n e de m é d e c i n i e r e t d e v e r v e i n e p u a n t e , d e c h a c u n e une b o n n e p i n c é e . F a i t e s les infuser d a n s q u a t r e à cinq p o t s d'eau ; a j o u t e z u n e vieille h a c h e r o u g i e au feu. O n e n fait p r e n d r e un, g o b e l e t de six e n six h e u r e s . P r e n e z r a c i n e s de t a m a r i n , d e
figuier
r o u g e , de s u -
r e a u , de s q u i n e , de s a l s e p a r e i l l e , e t d e m é d e c i n i e r ,
de
DE
S T. - D O M I N G U E .
211
c h a c u n une p o i g n é e , et trois g o b e l e t s d e s i r o p d e b a t t e r i e . Laissez-les fermenter vingt-quatre heures dans sept à huit p o t s d ' e a u , et y é t e i g n e z u n e vieille h a c h e r o u g i e : a p r è s son e f f e t ,
r e m e t t e z d e l'eau , et
éteignez
derechef la
m ê m e hache. L'exercice,
sur-tout du cheval , est important d a n s
c e t t e m a l a d i e , e t un d e s r e m è d e s les p l u s efficaces. M . G u i m b a u t , c h i r u r g i e n d e r é p u t a t i o n , d a n s le q u a r tier de la p e t i t e A n s e , se s e r t a v e c s u c c è s ; p o u r l ' h y d r o p i s i e , d'une tisane fort s i m p l e . O n cueille u n e suffisante q u a n t i t é d e v e r v e i n e p u a n t e , d ' a b s y n t h e b â t a r d e , et d e p e t i t m é d e c i n i e r ; on les fait sécher,
on
les b r û l e ; oit p r e n d u n e p o i g n é e d e l e u r
c e n d r e , q u ' o n fait bouillir d a n s d e u x p i n t e s d ' e a u ;
on
filtre la décoction , d o n t le m a l a d e u s e p o u r b o i s s o n .
On
le p u r g e d e c i n q en c i n q j o u r s . U n autre chirurgien e m p l o i e , la
méthode
avec un
suivante. P r e n e z cinq
pareil succès
à six p o i g n é e s
de
c e n d r e , faites-les i n f u s e r d a n s q u a t r e p o t s d ' e a u ; au b o u t d e v i n g t - q u a t r e h e u r e s , filtrez l'infusion ; a j o u t e z
une
p o i g n é e d e racine fie v e r v e i n e b l e u e , six ou s e p t t r a n c h e s d'aloes ; faites rougir a u feu u n e vieille h a c h e , e t j e t t e z - l a d e d a n s . F a i t e s bouillir le t o u t e n s e m b l e ,
et r é d u i r e à
m o i t i é . F i l t r e z e n s u i t e c e t t e décoction. O n en d o n n e un g o b e l e t le m a t i n , u n e r ô t i e u n e d e m i h e u r e a p r è s , un s e c o n d g o b e l e t à o n z e h e u r e s , d î n a n t e t soupant une heure a p r è s a v e c des alimens secs. L a décoction
d e s feuilles et t i g e s du bois d e couille ,
d o n t on b a i g n e e t f r o t t e les p a r t i e s e n f l é e s , estimée.
Une
femme
attaquée d'une
est t r è s -
leucophfegmatie
c o n s i d é r a b l e , s u r - t o u t a u x p a r t i e s i n f é r i e u r e s , d e p u i s les reins jusqu'aux pieds , désenfla
presque tout-à-coup ,
c ' e s t - à - d i r e a p r è s trois .ou q u a t r e d e m i - b a i n s d e c e t t e d é O2
2 1 2
M É D E C I N E
coction , dont on
la
frottoit. E l l e e u t u n e
évacuation
d'urine é t une liberté d e v e n t r e , qui f u i e n t suivies d ' u n e parfaite guérison. U n N è g r e h y d r o p i q u e , d o n t ont d é s e s p é r o i t au p o i n t q u ' o n n'osoit tenter l'opération., fut guéri p a r un trou q u i s e f o r m a au n o m b r i l , p a r lequel d é g o u t t o i t c o n t i n u e l l e m e n t l'eau c o n t e n u e d a n s la c a p a c i t é . U n a u t r e a é t é g u é r i p a r le seul u s a g e d e la tisane d'herbe à d a r t r e s , q u e q u e l q u e s uns a p p e l l e n t h e r b e à vache. U n h y d r o p i q u e , v i v e m e n t a l t é r é , s e l e v a la nuit p o u r c h e r c h e r à boire ; ne t r o u v a n t ni eau ni tisane à sa p o r t é e , il b u t u n e g r a n d e q u a n t i t é d e lessive de linge sale q u ' i l r e n c o n t r a : il s ' e n s u i v i t , par h a u t et p a r b a s , u n e é v a cuation si c o p i e u s e qu'il guérit.
C H A P
ITRE
X V I I I .
T R A I T E M E N T DES D A R T R E S . C E T T E m a l a d i e est si c o m m u n e à S a i n t - D o m i n g u e , q u e Jes d e u x t i e r s des habitans en s o n t infectés. E l l e d é p e n d t e l l e m e n t d e l'air , et elle est t e l l e m e n t a t t a c h é e à c e r tains t e m p é r a m e n s , q u e p l u s i e u r s , infectés à S a i n t - D o m i n g u e d e c e t t e m a l a d i e , en o n t é t é d é l i v r é s s a n s u s e r d ' a u c u n r e m è d e , d è s qu'ils s o n t a r r i v é s en F r a n c e ; e t à p e i n e o n t - i l s é t é d e r e t o u r a u x îles , q u e le m a l est r e v e n u . L e s t e m p é r a m e n s r o u g e s , e t d'un blond un
peu
a r d e n t , sont p r e s q u e tous s u j e t s à c e t t e é p r e u v e . L e p r i n c i p e d e s d a r t r e s p e u t ê t r e s c o r b u t i q u e . E n e f f e t , on n e p e u t g u è r e r é u s s i r a les e x t i r p e r q u e p a r le long
usage
d e s r e m è d e s qui p a s s e n t pour spécifiques d a n s le s c o r b u t . M a i s c o m m e les d a r t r e s n ' e m p ê c h e n t p o i n t d'agir et d e
DE
S T. - D O M I N G U E .
213
faire les fonctions o r d i n a i r e s , on a c o u t u m e d e les n é g l i g e r ; elles d e v i e n n e n t
alors incurables. Elles sont d a n »
q u e l q u e s uns v é r o l i q u e s , et s o u v e n t elles d é p e n d e n t d e s d e u x virus. D e là le p e u d e s u c c è s qu'on retire d e la s a l i v a t i o n , pour l a q u e l l e c e p e n d a n t n o s chirurgiens sont
si
p o r t é s , m a i s qui p r o c u r e t r è s - r a r e m e n t la guérison. D a n s p l u s i e u r s n é a n m o i n s on pallie le m a l p o u r cinq à
six,
m o i s , ce q u i leur fait c r o i r e qu'ils s o n t g u é r i s , et ils e n Sont d ' a u t a n t p l u s p e r s u a d é s , qu'il ne p a r o î t p a s o r d i n a i r e m e n t d'autres s y m p t ô m e s
v é r o l i q u e s . Il
convient
d o n c bien m i e u x d'en t e n t e r la c u r e p a r ta m é t h o d e q u ' i n d i q u e l a c a u s e la p l u s c o m m u n e , e t d ' e m p l o y e r p o u r c e t effet les r e m è d e s c a p a b l e s d e purifier l e s a n g , e t d e d é t r u i r e l ' a c r i m o n i e . O n y p a r v i e n d r a p a r le long u s a g e d e s b a i n s , d e s t i s a n e s , d e s bouillons a n t i - s c o r b u t i q u e s , d e s p u r g a t i o n s r é i t é r é e s d e cinq en cinq j o u r s , p a r l ' a b s t i n e n c e d e vin et de t o u t e liqueur , p a r u n e n o u r r i t u r e d o u c e eth u m e c t a n t e , enfin p a r l ' u s a g e du l a i t , qui t e r m i n e r a l a c u r e . O n d é t r u i r a le vice d e la p e a u p a r l a - p o m m a d e d e n o t r e P h a r m a c o p é e , q u e je p o u r r o i s qualifier d e
spéci-
fique , e t qu'il n e c o n v i e n t d ' e m p l o y e r q u ' a p r è s - d e u x o u trois m o i s d ' u s a g e d e s r e m è d e s c i - d e s s u s p r o p o s é s ; c a r s i on l ' e m p l o i e d e t r o p b o n n e h e u r e , e t s a n s ê t r e suffis a m m e n t p r é p a r é e , o n s ' e x p o s e , p a r le reflux d e
cette
m a t i è r e sur les p a r t i e s i n t e r n e s , à d e s a c c i d e n s d ' a u t a n t p l u s d a n g e r e u x qu'il e s t o r d i n a i r e m e n t i m p o s s i b l e de r a p p e l e r ce levain à la c i r c o n f é r e n c e , et q u e , faisant sur l e s p a r t i e s i n t e r n e s le m ê m e effet q u e sur l e s e x t e r n e s , c'est un picotement et
d e s irritations q u i
font
souffrir
de
v i v e s d o u l e u r s , e t languir p l u s i e u r s s e m a i n e s , s u i v a n t l a d é l i c a t e s s e d e s p a r t i e s o ù le venin s'est fixé. J ' a i v u p é r i r ainsi trois ou q u a t r e j e u n e s g e n s forts e t r o b u s t e s , à q u i il n'y
eut pas m o y e n d'apporter du s o u l a g e m e n t ,
q u i s e p l a i g n o i e n t t o u s d'un d é c h i r e m e n t
et
d'entrailles.
C e s e x e m p l e s d o i v e n t suffire p o u r se tenir sur s e s g a r d e s
O 3
214 M É D EC I NE contre un grand nombre de spécifiques que les Nègres v a n t e n t e t e m p l o i e n t pour faire p a s s e r c e t t e m a l a d i e , e t q u i sont tous d e la c l a s s e d e s r é p e r c u s s i f s ; tels sont l e s e l , la p o u d r e à tirer m ê l é e a v e c le jus de citron , le s u c du bois l a i t e u x , le soufre d a n s le vinaigre , les s u c s d e m a l - n o m m é e e s p è c e d e T i t h y m a l e , la dissolution d e m e r c u r e p a r l'eau forte , et p l u s i e u r s a u t r e s d e c e t t e trempe.
C H A P I T R E
X I X .
T R A I T E M E N T DES R H U M E S , C A T A R R H E S E T F L U X I O N DE
POITRINE.
FLUXIONS, Catarrhes, R h u m e s , termes Les
synonymes.
r h u m e s d e c e r v e a u , d e g o r g e et d e p o i t r i n e s o n t
très-communs
à S a i n t - D o m i n g u e . J e les h o m m e
ainsi
p o u r m e c o n f o r m e r à l ' u s a g e et à l'idée ou opinion p u blique. C e s uns
aux
rhumes
autres.
Le
se succèdent presque toujours les rhume
celui d e g o r g e s u i t , et
de cerveau
commence,
celui d e poitrine t e r m i n e .
On
t r o u v e r a c e t t e p r o g r e s s i o n bien n a t u r e l l e , q u a n d on fera a t t e n t i o n à la p a r t i e qui e s t affectée
dans cette
d ' i n c o m m o d i t é ou d e m a l a d i e . C ' e s t une m ê m e b r a n e , le l o n g d e l a q u e l l e
l'infiltration ou
sorte mem-
engorgement
s e c o n t i n u e j u s q u ' à l ' e x t r é m i t é , s e m b l a b l e en
quelque
f a ç o n à l'infiltration qui s e fait dans u n e feuille d e p a p i e r s u s p e n d u e , et dont la p a r t i e s u p é r i e u r e a é t é d'huile Le
imbibée
. r h u m e c o m m e n c e p a r la p a r t i e s u p é r i e u r e d e la
m e m b r a n e pituitaire qui t a p i s s e le d e d a n s d e la c a v i t é et des sinus qui s e d é g o r g e n t dans l e n e z . C e t t e p a r t i e r e s s e n t la p r e m i è r e les effets
des impressions q u e
le
215
S T . - D O M I N G U E.
D E
c h a n g e m e n t q u i arrive d a n s l'air p e u t f a i r e , é t a n t première exposée
à son a c t i o n . C e
changement
la
con-
siste p r i n c i p a l e m e n t d a n s u n e alternative trop s u b i t e d u c h a u d et du froid q u i , a g i s s a n t sur les v a i s s e a u x l y m p h a t i q u e s de la m e m b r a n e , les c r i s p e , les r e s s e r r e , e t p r o d u i t un e n g o r g e m e n t q u ' o n a p p e l l e v u l g a i r e m e n t e n c h i f f r e n e m e n t ; e t , p a r v e n u à un certain p o i n t , l'orifice d e c e s
petits
ouvre
v a i s s e a u x collés p a r l'action
de
l ' a i r ; d'où s'ensuit u n e distillation c o n t i n u e l l e . C e m ê m e air p a s s a n t s u c c e s s i v e m e n t p a r les c o n d u i t s n a z a u x d a n s la bouche et
d a n s la t r a c h é e - a r t è r e , y fait d e s i m -
p r e s s i o n s p l u s ou m o i n s v i v e s , suivant qu'il a été a l t é r é e u c h e m i n p a r p l u s ou m o i n s d e chaleur : de là ce p r o g r è s s u c c e s s i f d e fluxions. M a i s si la c a u s e d u r e l o n g t e m p s , les c a n a u x d e c e t t e m e m b r a n e d a n s la t r a c h é e a r t è r e e t les v é s i c u l e s b r o n c h i q u e s v i e n d r o n t à un p o i n t d'engorgement,
d'où
peut s'ensuivre
r u p t u r e ; ce
qui
p r o c u r e r a a l o r s u n e distillation p l u s a b o n d a n t e , et s o u vent mêlée j u s t e titre
de parties sanguines ; ce qu'on appelle fluxion
à
d e p o i t r i n e , o u c a t a r r h e du p o u m o n .
L e catarrhe a y a n t pour première cause
l'engorgement
d e s v a i s s e a u x l y m p h a t i q u e s , qui s e c o m m u n i q u e
aux
v a i s s e a u x s a n g u i n s , doit d o n c ê t r e r e g a r d é c o m m e u n e m a l a d i e a l o r s l y m p h a t i q u e , qu'il est i m p o r t a n t d e b i e n distinguer d e s a u t r e s e s p è c e s d ' e n g o r g e m e n s ,
d o n t le
p o u m o n e s t s u s c e p t i b l e , e t q u e n o u s r é d u i s o n s à deux; a u t r e s e s p è c e s , savoir l ' e n g o r g e m e n t bilieux e t l ' e n g o r gement sanguin. C e s trois espèces, dépendant de trois c a u s e s d i f f é r e n t e s , ont d e s signes qui les c a r a c t é r i s e n t , et q u i
conduisent
à d e s indications
qui
n'échappent
p o i n t à l'attention d'un m é d e c i n s a g e et p r u d e n t . C e s i n d i c a t i o n s ont d e c o m m u n à la v é r i t é q u ' e l l e s p r o p o s e n t la résolution ; m a i s il faut l ' e n t r e p r e n d r e p a r d e s moyens
différens. O 4
216 M É D E C I N E Cure
de la Fluxion
de poitrine
I l f a u t e n t r e p r e n d r e la résolution
lymphatique. dans
les
fluxions
de p o i t r i n e l y m p h a t i q u e s , p a r d e p e t i t e s s a i g n é e s , q u ' i l n e c o n v i e n t d e r é i t é r e r q u ' a u t a n t qu'il p a r a î t r a d e p a r ties s a n g u i n e s d a n s les c r a c h a t s ; e m p l o y e r l e s r e m è d e s a d o u c i s s a n s qui en é m o u s s e n t l ' â c r e t é ; 'joindre l e s b é c h i q u e s foibles a v e c les i n c r a s s a n s , p o u r d é b a r r a s s e r l e s v a i s s e a u x s a n g u i n s et l y m p h a t i q u e s , e t e m p ê c h e r q u e l e s l i q u e u r s n e s'y a r r ê t e n t , n e s ' é p a i s s i s s e n t , e t p o u r d o n n e r d e la c o n s i s t a n c e à celles fluidité
empêche
d'être
qu'une trop
expectorées.
grande
S'il a r r i v o i t q u e
c e t t e m a t i è r e s ' a c c u m u l â t en t r o p g r a n d e q u a n t i t é , e t q u e , p a r u n t r o p long s é j o u r , elle a c q u i t u n e c o n s i s t a n c e q u i e m p ê c h â t la c o n t r a c t i o n d e s f i b r e s , il f a u d r a i t a v o i r r e c o u r s a u x s u d o r i f i q u e s , e t les a s s o c i e r a v e c l e s h u i l e u x , p o u r en é m o u s s e r les p a r t i e s t r o p a c t i v e s ; on y joint m ê m e
les p u r g a t i f s d o u x , afin d e p a r v e n i r à d é -
g a g e r t o u s les é m o n c t o i r e s , e t d é t o u r n e r , e n l e s o u v r a n t , une
p a r t i e d e la l y m p h e
qui distille en t r o p g r a n d e
abondance dans les vésicules
bronchiques.
L a fluxion d e p o i t r i n e bilieuse s e c a r a c t é r i s e p a r d e s r e d o u b l e m e n s d e fièvre , q u i , p a r leur p é r i o d e , t i e n n e n t d u c a r a c t è r e d e s fièvres t i e r c e s o u d o u b l e - t i e r c e s , d o n t la p r i n c i p a l e c a u s e r é s i d e d a n s le foie. C e p é r i o d e e s t e n q u e l q u e s o r t e u n s i g n e distinctif p o u r faire c o n n o î t r e la p a r t q u e c e v i s c è r e a d a n s la p l u p a r t d e s m a l a d i e s . L a fièvre
e s t d'ailleurs
c o n t i n u e ; les h y p o c o n d r e s . s o n t
gonflés; le droit est quelquefois douloureux, et la douleur se c o m m u n i q u e a u x muscles intercostaux ; les y e u x et
l e v i s a g e o n t p r e s q u e t o u j o u r s u n e t e i n t u r e d e jau-,
n i s s e ; la l a n g u e e s t f o r t c h a r g é e
de matière jaunâtre
et safranée ; les urines sont épaisses et d e couleur d e b i è r e ; les c r a c h a t s s o n t m ê l é s d è s l e de
filamens
jaunes
et
sanguins
qui ,
commencement augmentant,
DE S T . - D O M I N G U E .
217
l e s f e n d e n t d'un r o u g e s a f r a n é , qui d o n n e a u linge u n e c o u l e u r j a u n e : s'ils d e v i e n n e n t un s i g n e ou d'une grène formée. connoître
et
Par cette de
p o i t r i n e , d'en
livides
et n o i r s , c'est
gangrène n a i s s a n t e , ou d'une g a n e x p l i c a t i o n , il e s t facile
de
d i s t i n g u e r c e t t e e s p è c e d e fluxion
de
d é v e l o p p e r les c a u s e s , et d ' y
apporter
r e m è d e . E l l e e s t f o r t c o m m u n e en A m é r i q u e p a r m i l e s Nègres.
C H A P I T R E TRAITEMENT J'AI
X X .
DE L A P U L M O N I E .
r e m a r q u é q u e les h a b i t a n s du
sujets
aux
fluxions
cause à l'alternative
C a p é t o i e n t fort
ou catarrhes. J ' e n
ai a t t r i b u é l a
t r o p subite d u c h a u d et du f r a i s ,
o u , p o u r m i e u x d i r e , d e la s é c h e r e s s e et d e
l'humidité
d e l'air q u i , c h a n g e a n t l'ordre d e la t r a n s p i r a t i o n , casionne
oc-
d e s reflux plus o u m o i n s c o n s i d é r a b l e s sur la
p a r t i e n a t u r e l l e m e n t la p l u s foible. A i n s i , q u a n d le p o u mon
se trouve
d e t o u s l e s v i s c è r e s le p l u s foible , il
d e v i e n t la v i c t i m e d e s m a u v a i s effets q u e l'air du p a y s occasionne. Plusieurs jeunes f e m m e s sont sujettes à être attaquées d e c e t t e m a l a d i e , s u r - t o u t q u a n d elles font
trop fré-
q u e m m e n t d e s e n f a n s , ou qu'elles o n t p o u r m a r i s d e s hommes Le
d'une complexion
robuste , et trop passionnés.
m a l ne s e r a i t p a s i n c u r a b l e , si on y a p p o r t a i t r e -
m è d e d a n s les c o m m e n c e m e n s ; m a i s c o m m e ses p r o g r è s s o n t l e n t s , on ne s'en a p p e r ç o i t q u e lorsqu'il n'y a p l u s d'espérance. D'ailleurs, c o m m e n t passion
q u e le
ralentir le feu
t e m p é r a m e n t a f o r m é , et que
t u d e s e m b l e fortifier ?
d'une l'habi-
218
MÉDECINE
Il s u f f i t , p o u r connaître la p u l m o n i e d o n t on e s t a t t a q u e à S a i n t - D o m i n g u e , d e distinguer c e t t e m a l a d i e e n accidentelle e t originelle. L a p u l m o n i e a c c i d e n t e l l e e s t celle qui arrive , l o r s q u ' u n e fluxion d e poitrine o u u n e p l e u r é s i e s e t e r m i n e par s u p p u r a t i o n , ou l o r s q u ' a p r è s q u e l q u e s efforts il survient u n e h é m o r r a g i e qui d é g é n è r e en ulcère. C e t t e e s p è c e p e u t a u s s i avoir son p r i n c i p e dans une mauvaise conformation. L a pulmonie d'ori«ine d é p e n d q u e l q u e f o i s d e la s e u l e c o n f o r m a t i o n d e l a p o i t r i n e , m a i s l e p l u s s o u v e n t d'une m a u v a i s e q u a l i t é d a n s le s a n g , q u i , jointe à une m a u v a i s e c o n f o r m a t i o n , r e n d cette maladie incurable. C o m m e les N è g r e s , sur-tout c e u x qui v i e n n e n t d u S é n é g a l e t d e C o n g o , s o n t t r è s s u j e t s a u x fluxions d e p o i t r i n e , e t q u e les p r e m i e r s o n t la poitrine n a t u r e l l e m e n t m a l c o n s t i t u é e , o n r e n c o n t r e fréquemment parmi eux des pulmonies de toute espèce. L e s h a b i t o n s sont o r d i n a i r e m e n t a t t a q u é s d e celle d ' o r i g i n e , à laquelle on p e u t j o i n d r e celle qui a p o u r c a u s e p r i n c i p a l e l ' é p u i s e m e n t , e t elle e s t s u r - t o u t c o m m u n e d a n s c e u x d o n t la poitrine est é t r o i t e . O n e n t e n d , par mauvaise conformation , une poitrine é t r o i t e , u n c o u long , d e s é p a u l e s é l e v é e s , e t qui s e p o r t e n t trop n a t u r e l l e m e n t e n a v a n t , u n t o n d e v o i x on foible o u a i g u ë . C e s signes s o n t c o m m u n s d a n s l e s Créoles. I l e n e s t d o n c d e la p u l m o n i e c o m m e d e la p l u p a r t d e s a u t r e s m a l a d i e s c h r o n i q u e s qui p e u v e n t
avoir d e s
causes différentes, dont la connoissance est nécessaire p o u r r é u s s i r d a n s leur c u r e . J e d i s t i n g u e , p o u r y p a r venir
cette maladie en pulmonie proprement d i t e , e t
en p h t h i s i e . L a p r e m i è r e a t t a q u e p r i n c i p a l e m e n t l e p o u m o n , e t la s e c o n d e la t r a c h é e - a r t è r e . L a p u l m o n i e p r o p r e m e n t dite e s t u n e suite d e s . m a l a d i e s a i g u ë s d e c e v i s c è r e qui s e t e r m i n e n t p a r s q u i r r e ou par s u p p u r a t i o n .
DE
219
S T . - D O M I N GU E .
L a p h t h i s i e a p o u r c a u s e , ou un d e s s è c h e m e n t ries
fibres,
des glandes et des vaisseaux l y m p h a t i q u e s , tant de la t r a c h é e - a r t è r e q u e d u p o u m o n ; o u un r e l â c h e m e n t d e s m ê m e s p a r t i e s , qui n e p o u v a n t r e t e n i r la sérosité et l a l y m p h e , la laisse é c h a p p e r ; c e qui produit u n e colliquation ou distillation q n ' o n a p p e l l e c a t a r r h e ou r h u m e . O n doit traiter la p u l m o n i e p r o v e n a n t d e squirre e t d e s u p p u r a t i o n s u i v a n t la m é t h o d e q u ' o n e m p l o i e d a n s .les m a l a d i e s d e s a u t r e s v i s c è r e s qui ont les m ê m e s c a u s e s , a v e c c e t t e différence q u e , d a n s les r e m è d e s q u ' o n choisit pour tenter la réso lu t io n d e s squirres du p o u m o n , il faut choisir les r e m è d e s a p é r i t i f s p e c t o r a u x ; et p o u r d é t e r g e r la s e c o n d e , les détersifs et v u l n é r a i r e s s p é c i fiques à c e v i s c è r e . Q u a n d il est question d e c o m b a t t r e les s y m p t ô m e s d ' u n e p h t h i s i e p r o v e n a n t d e d e s s è c h e m e n t , on p r e s c r i t les r e m è d e s o n c t u e u x , é m o l l i e n s , a d o u c i s s a n s , e t l a x a tifs ; e t l o r s q u ' o n c o n n o î t q u e le m a l v i e n t d'un r e l â c h e m e n t , on choisit p a r m i les r e m è d e s a b s o r b a n s e t a s t r i n g e n s c e u x qui p e u v e n t le m i e u x c o n t r i b u e r à r é tablir le r e s s o r t d e s fibres, et d o n n e r d e la c o n s i s t a n c e aux liquides. C e t t e d e r n i è r e e s p è r e d e p h t h i s i e e s t la p l u s c o m m u n e , p a r c e q u ' e l l e est p r o p r e à c e u x q u ' u n e m a u v a i s e c o n formation r e n d s u j e t s aux r h u m e s , e t à c e u x q u i , q u o i que bien c o n s t i t u é s , p e u v e n t c e p e n d a n t a v o i r le p o u m o n plus foible q u e les a u t r e s v i s c è r e s . D e
là v i e n t q u e la
m ê m e c a u s e qui p r o d u i r a d a n s l'un la d i a r r h é e , o u le flux
h é p a t i q u e , o c c a s i o n n e r a d a n s l ' a u t r e la phthisie..
C o m m e la p u l m o n i e s c o r b u t i q u e et v é r o l i q u e est t r è s commune
à Saint-Domingue ,
e x a m i n e r lequel et m ê m e
de ces deux
un m é d e c i n levains infecte
doit
bien
le s a n g ,
si t o u s les d e u x , c o m m e il arrive t r è s - s o u -
v e n t , n e s'y r e n c o n t r e n t p o i n t e n s e m b l e . D a n s c e c a s ,
220
MÉDECINE
o n doit e n c o r e e n v i s a g e r la p u l m o n i e
comme
la- d i a r -
r h é e e t l'hydropisie s c o r b u t i q u e e t v é r o l i q u e , d o n t n o u s a v o n s parlé c i - d e s s u s , et s u i v r e , à l'égard d e la p r e m i è r e , les conseils q u e n o u s a v o n s d o n n é s p o u r l'une et pour
l ' a n t r e . O n ne p e u t a u s u r p l u s s e flatter
r é u s s i r d a n s la c u r e , m a i s s e u l e m e n t
de
de la pallier ; c e
q u i a c o u t u m e d'arriver l o r s q u e la saison est f a v o r a b l e . U n m a l a d e s e m b l e en effet r e s s u s c i t e r dans, l ' é t é , s u r tout
q u a n d le t e m p s , e s t s e c ; m a i s les t e m p s
l e u x et
pluvieux
r e v e n a n t , il
tombe
nébu-
insensiblement
d a n s son p r e m i e r é t a t . J ' a i i n s é r é d a n s m a P h a r m a c o p é e américaine- les r e m è d e s du p a y s qui m ' o n t p a r u l e s p l u s s a l u t a i r e s . D a n s la p u l m o n i e s è c h e , ou m a l d e c o n s o m p t i o n , d a n s lequel la fièvre l e n t e est a c c o m p a g n é e d'une t o u x s è c h e et d ' e n r o u e m e n t , je r e c o m m a n d e particulière— •ment la t i s a n e p e c t o r a l e , r é s o l u t i v e et r a f r a î c h i s s a n t e , le calalou, le g i r a u m o n t , et les bouillies d e m a ï s e t d e petit mil. r
D a n s la pulmonie p r o v i e n t à la suite cris
le
tisane quefois
cachou ,
le
sudorifique le
café
c a t a r r h e u s e , c ' e s t - à - d i r e celle qui d e s fluxions safran , la
légère,
au l a i t ,
et rhumes , je p r e s liane à s e r p e n t ,
c o u p é e a v e c le l a i t , sur - tout
aux
la
quel-
tempéramens
pituiteux.
C H A P I T R E T R A I T E M E N T DU Si
à Saint-Domingue
noître
la r a g e ,
ladie q u i
X X I . SPASME.
on a l'avantage de ne
pas con-
on a le m a l h e u r d ' a v o i r u n e a u t r e m a -
n'est g u è r e m o i n s
terrible : c ' e s t le s p a s m e
D E
S T . - D O M I N G U E .
221
q u i y e s t si c o m m u n , q u e P i s o n et B o n t i u s le m e t t e n t au
rang des
maladies endémiques
q u i affligent l e s h a -
bitans des Indes. U n p r o m p t et subit
raidissement
d a n s t o u t le c o r p s , ou d a n s u n e e t ils
deviennent
immobiles
saisit les
malades
partie c o n s i d é r a b l e ,
comme
des statues.
La
violente contraction des muscles , des parties antérieures ou
d e s p o s t é r i e u r e s , et s o u v e n t
des deux ensemble
,
l e u r ô t e la faculté d e m a n g e r e t d ' a v a l e r . L e p l u s g r a n d n o m b r e e s t d ' a b o r d pris p a r les m â c h o i r e s e t le
cou ;
c e qui leur fait r e t i r e r les m u s c l e s d e s l è v r e s et d u v i s a g e d ' u n e m a n i è r e fort h i d e u s e , et q u i i m i t e le r i s c a n i n . L e s y e u x s o n t é t i n c e l a n s , le v i s a g e e n f l a m m é ; ils g r i n c e n t des
d e n t s , et leur voix rauque et profonde r e s s e m b l e
à c e s voix q u i s o r t e n t
de quelque
caverne,
et
a p p e l l e voix s é p u l c r a l e s . II e s t r a r e q u ' i l s a i e n t fièvre,
et q u a n d elle s u r v i e n t elle e s t s a l u t a i r e . A
vultione aut tetano ( id est rigore ) detento
, febris
veniens,
iV.
solvit
morbum.
Aph.
57,
sect.
qu'on de
la con-
super-
P l u s le s p a s m e a t t a q u e les p a r t i e s a n t é r i e u r e s , s u r t o u t le h a u t d e la p o i t r i n e , o u les m u s c l e s de la g o r g e , plus
il est d a n g e r e u x , et p r e s q u e t o u j o u r s m o r t e l .
Il
e s t é g a l e m e n t m o r t e l à la s u i t e d ' u n e p l a i e ; du m o i n s j e n'ai e n c o r e v u p e r s o n n e e n r é c h a p p e r . Vulneri vulsio
superveniens
I l n'ai c o u t u m e
,
con-
lethalis.
de v e n i r q u ' à la s u i t e d e s p l a i e s , ou,
un n e r f , q u e l q u e t o n d o n ou p a r t i e t a n d i n e u s e a é t é c o u p é e , l i é e , p i q u é e . U n e l é g è r e p i q u u r e à la m a i n , à la p l a n t e d e s p i e d s suffit. C ' e s t p o u r q u o i
les
N è g r e s , qui
vont
nu-pieds , y sont plus s u j e t s . Nous
distinguons deux
v i e n t à la s u i t e d ' u n e et c e l u i Le
s o r t e s d e s p a s m e s , celui qui
opération
qui vient du vice de
ou d'une
blessure ,
l'air.
p r e m i e r a c o u t u m e d e n ' a t t a q u e r q u e l o r s q u e la
222
M É D E C I N E
p l a i e c o m m e n c e , à s e cicatriser. L e s e c o n d a r r i v e o r dinairement à ceux
q u i é t a n t échauffés
t r o u v e n t e x p o s é s à la p l u i e , o u r e s t e n t
et s u a n t s , s e a u frais.
On perd par cette maladie un n o m b r e considérable d e N é g r i l l o n s . E l l e l e s a t t a q u e les huit o u dix p r e m i e r s j o u r s d e leur n a i s s a n c e : ils s o n t t o u j o u r s pris p a r l a m â c h o i r e inférieure ; c e qui a fait d o n n e r à leur é g a r d à c e t t e m a l a d i e , le n o m d e m â c h o i r e . L e s e n f a n s d e s Blancs y sont rarement sujets. L a malpropreté et l'abond a n t e f u m é e qu'il y a t o u j o u r s dans l e s m a i s o n s d e s N è g r e s , a u s s i bien q u e l a fraîcheur d e la n u i t , p e u v e n t contribuer b e a u c o u p à c e l a , sur-tout d a n s l e s h a b i t a tions m a r é c a g e u s e s . C e s m a i s o n s é t a n t faites d e p a l i s s a g e s ou d e c l i s s a g e s , e t l e feu v e n a n t à s'éteindre p e n d a n t l a n u i t , cela o c c a s i o n n e u n e f r a î c h e u r , d o n t l'alt e r n a t i v e t r o p subite a v e c l a chaleur p e u t p r o d u i r e sur les enfans u n e telle r é v o l u t i o n . E n e f f e t , n o u s r e m a r quons que cet accident est beaucoup plus rare dans les habitations o ù l e s m a i s o n s sont b â t i e s s u r d e s t e r r a i n s élevés et sablonneux. L e s p a s m e e s t p l u s c o m m u n d a n s les t e m p s p l u v i e u x q u e d a n s les t e m p s s e c s , e t aussi e n
septembre
octobre , où le chaud et le irais se succèdent
et plus
1
subitement.
D e s tentions, des contractions violentes déclarent des r a c c o u r c i s s e m e n s , d e s c r i s p a t i o n s d a n s les fibres m u s c u l e u s e s , t e n d i n e u s e s e t n e r v e u s e s , qui du p r e m i e r a b o r d a n n o n c e n t l'indication q u ' o n doit se p r o p o s e r d a n s c e t t e maladie , savoir , de ramollir, de relâcher , et ensuite d e ranimer le m o u v e m e n t du sang
et des esprits ani-
m a u x , afin d'ouvrir les p o r e s , d e l e s d i l a t e r , et d e r é tablir la t r a n s p i r a t i o n , s u r - t o u t d a n s c e u x q u e l'action t r o p subite d u frais a fait t o m b e r d a n s c e t t e
maladie.
P o u r parvenir à cette f i n , chacun a sa méthode , chacun
DE
S T . - D O M I N G U E .
223
p r o p o s e son r e m è d e , et t o u s se glorifiant d'en a v o i r v u d e bons effets, q u o i q u e p a r m i c e s r e m è d e s p l u s i e u r s p a r a i s s e n t t r è s - o p p o s é s , et q u e j e d o n n e r à a u c u n la g u é r i s o n des ou
tempérament,
q u ' à l'effet d u r e -
en a cependant quelques
m i e u x réussir, q u e mieux
a t t r i b u a n t la
s p a s m o d i q u e s , p l u t ô t a u d e g r é du m a l ,
à la q u a l i t é d u
m è d e . Il y
puisse assurer ne pouvoir
qualité de spécifique,
d'autres,
et
uns qui
qui
r é u s s i r , p a r c e qu'ils s o n t
doivent
peuvent en
plus conformes
effet aux
indications. Quelques
uns t e n t e n t les b a i n s froids p a r
dans lesquelles
surprise,
on laisse le m a l a d e s e d é b a t t r e a u t a n t
q u e ses f o r c e s p e u v e n t le p e r m e t t r e : on le c o n d u i t e n s u i t e d a n s un lit b i e n c h a u d , où on le e t on a l l u m e du. feu
couvre bien ,
a u t o u r , p o u r p r o c u r e r une a b o n -
d a n t e s u e u r . O n p r é f è r e le bain d e la m e r à c e l u i d ' e a u douce.
C e t t e façon a souvent
réussi.
D ' a u t r e s scarifient p r o f o n d é m e n t , s u r - t o u t
dans
le
s p a s m e qui a t t a q u e les p a r t i e s p o s t é r i e u r e s d e p u i s la n u q u e d u cou j u s q u ' à l'os sacrum , t a n t ô t a v e c u n i n s t r u m e n t p r e s q u e r o u g e , t a n t ô t a v e c un qui n ' e s t p a s Ils
donnent
ensuite des
lavemens
échauffé.
purgatils , et
f o r t e d o s ; d ' é m é t i q u e , à laquelle ils f o n t s u c c é d e r
une pen-
d a n t d e u x à trois j o u r s une f o r t e t i s a n e p u r g a t i v e , les potions méthode
cordiales , d'un
et
la t i s a n e
chirurgien
sudorifique. C'est
fort e x p é r i m e n t é , q u i
a s s u r é en avoir g u é r i un g r a n d n o m b r e , et
même
à qui il a v o i t c o u p é la c u i s s e . J ' a i g u é r i un N è g r e spasme survenu à
la
petite v é r o l e ,
la m'a un d'un
p a r un s é t o n à l a
n u q u e d u cou , q u e j e fis p a s s e r a v e c u n e aiguille r o u g e dont l'escarre produisit une suppuration qu'on
entretint
long-temps. Plusieurs
font
saigner c o p i e u s e m e n t , baigner dans
l e s bains tièdes , frotter a v e c les é m o l l i e n s ,
les
huï-
234
MÉD ECINE
l e u x , et y j o i g n e n t les s u d o r i f i q u e s s a n s p u r g e r , f a i s a n t , seulement précéder deux
ou t r o i s l a v e m e n s bien p u r -
g a t i f s . C e u x qui j o i g n e n t à c e t t e m é t h o d e les p u r g a t i f s , m e p a r a i s s e n t m a l agir , p a r c e qu'ils d o i v e n t c o n t r a r i e r l'indication la
qu'on s e p r o p o s e , d e d i s s i p e r l e m a l
par
transpiration. Méthode
Espagnole.
L e s Espagnols saignent aux quatre m e m b r e s , l o r s qu'il y
a une g r a n d e p l é t h o r e ; ils f o n t v o m i r trois ou
q u a t r e f o i s ; ils d o n n e n t e n s u i t e d e la t h é r i a q u e d a n s d u vin. O n f a i t , le l e n d e m a i n , d e s la n u q u e d u
incisions d e p u i s
la
cou j u s q u ' a u g r a s d e s j a m b e s , e t on frotte
d e d e u x en d e u x h e u r e s , nuit et j o u r , la p a r t i e incisée , a v e c du k a r a t a s cuit s o u s pile ,
e t d o n t on
c i c a t r i s e n t , il faut
Nègre
traiter cette
qu'on se
renouveler.
Méthode Un
les c e n d r e s c h a u d e s ,
e x p r i m e le s u c . S i les incisions
des
Nègres.
ayant acquis une grande réputation
pour
m a l a d i e , j e m i s t o u t en œ u v r e p o u r d é -
couvrir son s e c r e t , à
quoi j e p a r v i n s en
gagnant son
é l è v e , q u i m ' a p p o r t a t o u t e s les p l a n t e s d o n t il s e s e r v o i t , et m e fit le r a p p o r t d e la m a n i è r e d o n t l e s
em-
p l o y o i t n o t r e E s c u l a p e , et d a n s l a q u e l l e on v e r r a b e a u c o u p d e m y s t è r e , e t on t r o u v e r a bien d e l ' e m b a r r a s . O n fait b o i r e au m a l a d e , les trois p r e m i e r s une tisane faite
avec
la g r a n d e m a l - n o m m é e
jours , et
un
p e u d e s u c r e ; il en p r e n d e n s u i t e u n e a u t r e c o m p o s é e a v e c les feuilles e t b o u r g e o n s d ' a m o u r e t t e b l a n c h e n e u s e , d e pois d o u x ,
d'apiaba ,
et
d'une
espèce
p e t i t pois fort c o m m u n d a n s l e s h a i e s , d o n t l a est petite,
en c œ u r ,
épide
feuille
d'un v e r t g a i , les fleurs p e t i t e s ,
j a u n e s e t e n b o u q u e t s . S i le m a l a d e s e p l a i n t du v e n t r e , o n fait la t i s a n e a v e c la v e r v e i n e
bleue.
S T. - D O M I N
DE
225
GUE.
M a i s les p r i n c i p a u x r e m è d e s c o n s i s t e n t e n frictions a d ministrées c o m m e
il suit.
O n fait infuser d a n s six à s e p t p i n t e s d e j u s d e c i t r o n , des racines de verveine
puante et d'herbe à
coupées par morceaux, e n frotte l e m a l a d e
de chacune
chique,
une poignée ; on
depuis la tête jusqu'aux pieds.
A
c e t t e friction en s u c c è d e u n e a u t r e faite a v e c u n e l e s s i v e d e c e n d r e , d a n s l a q u e l l e on d'une
fait f o n d r e
la m o i t i é
b r i q u e d e s a v o n , et o n a j o u t e u n e b o u t e i l l e
tafia. A p r è s
cette
seconde
friction,
on
en
fait
t r o i s i è m e a v e c l e m é l a n g e d e s g r a i n e s d e palma
de une
christi
boucanées , c'est-à-dire rôties et pilées , dans une o u deux pintes de mantaigue fondue. T o u t e s ces frictions s e font alternativement , d e façon q u e le
m a l a d e 113
r e s t e point en r e p o s , et q u e l'habitude du corps toujours
humide.
est
P o u r o b l i g e r l e m a l a d e à souffrir p a -
t i e m m e n t t o u t e s c e s frictions , on l ' a t t a c h e à u n e é c h e l l e , e t à m e s u r e q u ' u n m e m b r e e n t r e e n c o n t r a c t i o n , o n le lie d a n s l ' a t t i t u d e o ù la v i o l e n c e d u m a l l e m e t , e t ont le
frotte
plus qu'un autre. L o r s q u e le m a l a d e p a r o î t
t r o p f a t i g u é , o n l e d é t a c h e , et on lui p e r m e t de s ' a s seoir , s a n s d'ailleurs s u s p e n d r e l e s f r i c t i o n s , et d è s q u ' i l e s t un p e u r e p o s é , o n
le r e m e t sur l'échelle.
L o r s q u e l a g o r g e e s t v i v e m e n t a t t a q u é e , on a p p l i q u a un
c a t a p l a s m e fait a v e c le c r e s s o n à feuilles S i , dans le
malade
commencement
ressent des picottemens
pulvérise une espèce
étroites-
de la c o n v a l e s c e n c e ,
le
ou d é m a n g e a i s o n s , on
d e g u i q u i c r o î t s u r les o r a n g e r s .
O n m ê l e cette poudre dans l'eau, on en arrose et o n e n frotte l e c o r p s
d u m a l a d e . Q u a n d les j a m b e s s o n t
f o i b l e s o u e n c o r e u n p e u c o n v u l s i v e s , on l e s f r o t t e a v e e une espèce
de moutarde appelée k a ï a , mêlée
fusée dans
l e tafia. S'il n'y a q u e la p l a n t e d e s pieds
Tome
II.
P
ou i n -
226
M É D E C I N E
qui s o u f f r e , on l a f r o t t e a v e c la p l a n t e corde à
O n doit j u g e r p a r c e t nérale
qu'on
appelle
violon.
des
Nègres,
échantillon,
dont
traiter p a r d e s t i s a n e s ,
toute
d e la p r a t i q u e g é -
la s c i e n c e c o n s i s t e
à
des c a t a p l a s m e s , des e m b r o -
c a t i o n s et d e s frictions. Cette
méthode
au reste m'a
l e s s p a s m e s , et l'être d ' a u t a n t
paru être bonne
a v e c les i n d i c a t i o n s qui c o n v i e n n e n t ; est
pour
p l u s , qu'elle s'accorde mais c o m m e
elle
r e m p l i e d e v a r i a t i o n s inutiles , et fort e m b a r r a s s a n -
t e s , j e l'ai réduite à à chacun
des opérations plus s i m p l e s ,
sauf
d e s u i v r e celle qu'il j u g e r a à p r o p o s . Maladie.
U n n é g o t i a n t d u C a p fut t o u t - à - c o u p a t t a q u é
d'une
v i o l e n t e c o n t r a c t i o n à la n u q u e d u c o u e t a u x v e r t è b r e s d u d o s , et d'un r e s s e r r e m e n t d e m â c h o i r e : il p r i t , p e n d a n t t r o i s j o u r s , une t i s a n e faite a v e c d e m i - o n c e demi-livre de c a s s e , une poignée
de séné ,
d e feuilles d e
petit
m é d e c i n i e r , e t u n e o n c e d e sel d ' e p s o m ; d a n s le p r e mier
v e r r e , q u a t r e grains d ' é m é t i q u e , et d a n s c h a c u n
des a u t r e s , quinze grains de poudre cornachine ,
trois
h e u r e s d'intervalle entre c h a q u e prise, et du thé a v e c l ' a n i s pour boisson. que
O n fit les c a t a p l a s m e s et
embrocations
voici.
P r e n e z feuilles et sauge,
tiges d e
pois
puant,
de
d'apiaba, de franc-basin, de verveine
grande puante,
d ' é p i n a r d s e t d e c a l e b a s s e m u s q u é e , du m a n i o c chement
grugé et légèrement
exprimé,
fraî-
et du t a b a c e n
corde coupé par m o r c e a u x , de chacun une bonne p o i g n é e , du s a v o n ,
u n e livre , d u sel
once. F a i t e s bouillir, fondre ties
é g a l e s d'eau e t d e vin
ammoniac,
une
e t c u i r e le tout d a n s p a r -
blanc : passez et
exprimés
c e t t e d é c o c t i o n , d o n t le m a r c , a p r è s a v o i r é t é p a s s é .
DE S t . - D M I N G U E
227
servira pour un c a t a p l a s m e , q u ' o n a p p l i q u e r a sur t o u t e s les parties qui p a r o î t r o n t les
plus t e n d u e s , e t
qu'on
r e n o u v e l l e r a d e d e u x e n d e u x h e u r e s , faisant p r é c é d e r a u p a r a v a n t d e fortes frictions p e n d a n t u n e a v e c la décoction , légère friction,
demi-heure
l e s q u e l l e s on t e r m i n e r a p a r
faite
q u i n z e grains d ' o p i u m
avec
la dissolution
une
de douze
à
d a n s un v e r r e d e là m ê m e d é -
coction. A u b o u t d e trois j o u r s , le m a l d i m i n u a , d e façon q u ' o n s'en tint a u x s i m p l e s e m b r o c a t i o n s . Q u a n d les m a l a d e s n e p e u v e n t a v a l e r , il vider p a r le s e c o u r s d e forts l a v e m e n s faits s é n é , la c a s s e , la coloquinte bouillie d a n s l'eau e t e m p l o } ' e r q u e l q u e f o i s le vin é m é t i q u e ; c a r tipation est é t o n n a n t e d a n s c e t t e m a l a d i e . Je
fais
quelquefois
a j o u t e r d a n s le
cataplasme
s a i n - d o u x , dit d a n s le p a y s m a n t a i g u e , ou sur-tout
quand
le m a l e s t
f a u t le3 avec le de m e r , la c o n s -
e x t r ê m e ; et
le
le
suif,
j'ai recours
alors à l ' o p i u m , q u e j e fais p r e n d r e l i q u i d e ; c a r si o n ne peut
parvenir
à p r o c u r e r du s o m m e i l ,
c'est
un
g r a n d m o y e n p o u r faciliter le r e l â c h e m e n t . O n n e p e u t trop r e c o m m a n d e r d'entretenir la c h a m b r e bien c h a u d e . Q u a n d les t e m p é r a m e n s s o n t sanguins ou
pléthori-
q u e s , j e leur fais faire d e u x o u trois c o p i e u s e s s a i g n é e s , s u r - t o u t d a n s le s p a s m e qui v i e n t d e fraîcheur. L e s E s p a g n o l s font u s e r d ' u n e
tisane faite a v e c
la
r u c h e d e p o u x d e bois , qui s o n t u n e e s p è c e d e f o u r m i s : o n la fait bouillir a v e c parties é g a l e s d'eau et d e v i n . J'y
fais ajouter l ' é c o r c e
d e g a ï a c e t l'antimoine
Q u e l q u e s N è g r e s , q u a n d ils s e sont p i q u é s s o r t e d e lessive
de
pilé.
la p l a n t e
du p i e d ,
font u n e
bac , ou
a u t r e p l a n t e forte , y m e t t e n t le pied , et le
cendre de t a -
f r o t t e n t bien p e n d a n t l o n g - t e m p s , et a p p l i q u e n t ensuite
P a
228
M É D E C I N E
d e s c e n d r e s ou d e s
herbes en cataplasme. L e s S a u v a g e s
s e frottent et b a t t e n t la p l a n t e du pied j u s q u ' à c e q u ' e l l e soit e n g o u r d i e ; ils a p p l i q u e n t e n s u i t e d u
t a b a c bien pilé
e t m ê l é a v e c d e la c e n d r e . L ' e s s e n t i e l e s t d e dilater l ' o u v e r t u r e , s u r - t o u t q u a n d l ' é p i n e ou avoir p é n é t r é .
l e clou p a r o î t
PHARMACOPÉE D E
DE S A I N T - D O M I N G U E . C H A P I T R E L E S Tisane PRENEZ
P R E M I E R .
T I S A N E S . rafraîchissante
des racines d'oseille,
b o u r g e o n s d'oseille
simple. deux o n c e s ;
ou d o s
d e G u i n é e , u n e p i n c é e :' f a i t e s - l e s
bouillir d a n s trois p i n t e s
d'eau c o m m u n e jusqu'à l a d i -
m i n u t i o n d u tiers : faites infuser
suffisante q u a n t i t é d e
réglisse de F r a n c e ou de S a i n t - D o m i n g u e , et passez la décotion. O n p e n t y a j o u t e r la' r a c i n e d e n é n u p h a r d u p a y s . O n m ' a assuré q u e le sirop d e s e s
fleurs
avoit la
même
vertu q u e le sirop diacode. Tisane
rafraîchissante-composée.
P r e n e z racines d'oseille, dè chiendent, collet,
de chacune deux
trois pintes
et d'herbe à
o n c e s : f a i t e s - l e s bouillir d a n s
d ' e a u : a j o u t e z d a n s la c o l a t u r e d e u x g r o s
d e nitre p u r i f i é , o u d e l ' e s p r i t d e v i t r i o l ,
j u s q u ' à une-
agréable acidité. Décoction
de
tamarin
P r e n e z d e la p u l p e d e t a m a r i n , trois o n c e s • o u d e s bourgeons
de
t a m a r i n , u n e p i n c é e :- f a i t e s - l e s bouillir P
P h a r m a c o p é e
23о-
p e u de t e m p s dans trois chopines
d'eau : dulcifiez
la
c o l a t u r e a v e c suffisante q u a n t i t é d e s u c r e Limonade. E x p r i m e z suffisante q u a n t i t é d e citrons o u d ' o r a n g e s s a u v a g e s d a n s trois ou q u a t r e p i n t e s d'eau ; ô t e z la c r u d i t é avec
une croûte de pain r ô t i e , et y mêlez
suffisante
quantité de sucre. Petit D a n s une pinte
lait
laxatif.
d e lait b o u i l l a n t , j e t t e z e t m ê l e z u n
g r o s e t d e m i d e c r è m e d é t a r t r e : clarifiez e n s u i t e le p e t i t lait a v e c le b l a n c d ' œ u f b i e n b a t t u . Petit lairt purifiant
ou
apéritif.
P r e n e z du c r e s s o n d e fontaine ou d e s a v a n e , o u d e lac h i c o r é e s a u v a g e , u n e p o i g n é e : faites l e s infuser d e m i heure dans une pinte ensuite
d e p e t i t lait b o u i l l a n t ;
exprimez
l'infusion. Tisane
apéritive
mineure.
P r e n e z des racines de chicorée s a u v a g e , d'herbe à b l é , d'herbe à c h i q u e , de
verveine blanche, des écorces d e
citronier e t t a m a r i n , d e c h a c u n e un
g r o s : f a i t e s - l e s bouillir
dans
une o n c e ; de l'anis, six c h o p i n e s
d'eau ,
j u s q u ' à l a d i m i n u t i o n d u t i e r s : m e t t e z d a n s la c o l a t u r e deux' g r o s d e nitre purifié , e t suffisante q u a n t i t é d e r é glisse d e F r a n c e ou d u p a y s . Les
racines et écorces des plantes ci-après n o m m é e s
p e u v e n t s u p p l é e r . Griffes d e c h a t , r o s e a u , m a p o u , b o i s d e t r o m p e t t e , b a l i s i e r , liane à p e r s i l , h e r b e à b o u t o n , e s p è c e d e g r a t t e r o n , e t l e s racines d e la g r a n d e o r t i e s L e s g r a i n e s d e s sapotilles sont t r è s - a p é r i t i v e s . L e s fleurs d e g i r a u m o n t s o n t p a r e i l l e m e n t fort e s t i m é e s p o u r l a j a u n i s s e , etq l a racine d e p e t i t balisier p o u r le m a l c a d u c .
DE
S T . -D o M
Tisane
apérilive
NGUE
231
majeure.
F a i t e s bouillir a v e c l e s p l a n t e s d e la tisane p r é c é d e n t e , de l'antimoine
c r u p u l v é r i s é , e t d e la l i m a i l l e d'acier ,
qu'on s u s p e n d r a dans un n o u e t , de chacun deux onces • d u sel d e t a r t r e , d e u x g r o s ; f a i t e s - e n b o i r e t o u s l a s m a tins une pinte par gobelets. C e t t e t i s a n e s e r a p l u s f o r t e , si on y fleurs,
m e t l e s feuilles ,
et fruits d ' h e r b e à c l o q u e s , d e liane à c a l e ç o n ,
d ' a v o c a t i e r , d e v e r v e i n e p u a n t e , e t d e pois p u a n t . Tisane
anti-scorbutique.
P r e n e z du g i n g e m b r e deux gros ; deux citrons c o u p é s en quatre ; des bourgeons d e bois d'anisette, du cresson d e f o n t a i n e o u d e s a v a n e , d e c h a c u n u n e p o i g n é e •. f a i t e s les infuser d e m i - h e u r e dans deux pintes d e la tisane p r é c é d e n t e , e t e x p r i m e z l'infusion. Tisane
lénitive.
P r e n e z des racines d'épinards du p a y s , d e l'écorce d e g o m m i e r , d e s b o u r g e o n s , e t d e s fleurs d e g o m b o , o u d e s feuilles d u petit g o m b o , d e c h a c u n u n e p i n c é e ; d e l a g r a i n e d e lin
d e m i - o n c e ; e t suffisante q u a n t i t é d e
r é g l i s s e : f a i t e s - l e s bouillir d a n s d e u x p i n t e s d ' e a u , j u s q u ' à la d i m i n u t i o n d u q u a r t , e t p a s s e z la d é c o t i o n . L e s feuilles d e la liane à c œ u r , e t l ' é c o r c e d e l a liane à s a v o n , s o n t f o r t e s t i m é e s , s u r - t o u t p o u r la g o n o r r h é e ; a u s s i b i e n q u e l e s r a c i n e s d e p e t i t b a l i s i e r , d e bois
de
c o u i l l e , d e la m a l - n o m m é e , d e la v e r v e i n e p u a n t e , e t de toutes
les a u t r e s e s p è c e s d e v e r v e i n e . M a i s l e s r a -
cines de l ' h e r b e à collet infusées à f r o i d , l'emportent sur toutes les a u t r e s . Tisane
pectorale.
A j o u t e z à la p r é c é d e n t e du c a p i l l a i r e , d e l a l a n g u e d e P 4
232
P H A R M A C O P É E
b œ u f , d e s b o u r g e o n s d e f r a n c - b a s i n , d e s raisins s e c s s a n s p é p i n s , d e chacun une pincée ; de la c a n n e d e s u c r e coupée p a r m o r c e a u x , une demi-poignée
: faites-y i n -
f u s e r d e m i - h e u r e u n s c r u p u l e d e safran o r i e n t a l , ' d e u x o n c e s d e miel c o m m u n , et passez la tisane. L ' é c o r c e m o y e n n e d e l ' a r b r e d e sucrier d e m o n t a g n e , d e bois m a r i e , l e s fleurs d e f r a n c h i p a n i e r , d ' i m m o r t e l l e d e corossolier, de pois congo ou quigongi, et d e l ' h y s s o p e aqvec l e u r s b o u r g e o n s , o n t l e s m ê m e s v e r t u s . Tisane
pectorale,
résolutive
ou apéritive,
rafraîchissante.
P r e n e z d e s r a c i n e s d ' é p î n a r d s d o u x , d e s feuilles et t i g e s d e la liane a p p e l é e griffe herbe à blé,
de chat,
du c a p i l l a i r e d e
d e la m a u v e a p p e l é e
C a n a d a , des racines d e
r o s e a u o r d i n a i r e , d e chacun une pincée ; de la de
fer q r e n f e r m é e dans un n o u e t ,
l e s bouillir
une
limaille
once : faites
d a n s d e u x o u t r o i s p i n t e s d'eau j u s q u ' à l a
diminution du quart.
E n t i r a n t , la d é c o c t i o n
du f e u ,
a j o u t e z d u c r e s s o n d e s a v a n e , e t d e la r é g l i s s e d u p a y s , d e c h a c u n une d e m i - p o i g n é e : f a i t e s - l e s infuser u n e d e m i h e u r e , et passez ensuite cette tisane. J e l a p r e s c r i s d a n s la phtisie s è c h e , c ' e s t - à - d i r e , a u x m a l a d e s attaqués d'une toux
s è c h e et d ' u n g r a n d e n -
rouement. (Tisane
hystérique
pour
rappeler
supprimées^
lés règles, oit
i
vidanges,
. .,,,„, ..
' P r e n e z d è s feuilles t e n d r e s d ' a v o c a t i e r , e t d e liane à c a l e ç o n , d e s r a c i n e s e t d e s feuilles d'herbe à c l o q u e s , d e c h a c u n e u n e p i n c é e : faites l e s bouillir d a n s trois c h o p i n e s d ' e a u , j u s q u ' à la d i m i n u t i o n du t i e r s : faites infuser dans cette décoction pendant une demi-heure un scrupule d e safran o r i e n t a l , et passez la tisane. O n l a r e n d r a plus f o r t e , si on y a j o u t e l e s r a c i n e s d e
DE
233
S T . - D 0 M I N G U E .
pois p u a n t , d e verveine puante , de t h a m n u s p u a n t , e t du schocnanthé
de l'Amérique. L e s
semences de pois
p u a n t r ô t i e s , b r o y é e s e t bouillies e n f a ç o n d e c a f é , s e n t p o u r un
pas-
e x c e l l e n t h y s t é r i q u e . M a i s il n'y e n p a s
d e p l u s efficace q u e la d é c o c t i o n d e la p o m m e d e m e r veille, que les f e m m e s de l ' A m é r i q u e appellent nexiquen, e t q u ' e l l e s e s t i m e n t t e l l e m e n t , q u ' o n lui d o n n e la v e r t u d e r é s o u d r e t o u t e s s o r t e s d ' o b s t r u c t i o n s , e t d e guérir l e s coliques. Quelques uns m e t t e n t
en u s a g e
le chardon puant ,
l a m a u v e p u a n t e , la m é l i s s e p u a n t e , et les s e m e n c e s d e l a liane à b o î t e à s a v o n n e t t e . M a i s p l û t à D i e u q u e c e s plantes fussent inconnues ! Tisane
dêtersive
Prenez
pour la gonorrhée
et les fleurs
de la limaille d'acier, une o n c e ;
blanches:
d u sel a m -
m o n i a c , d e m i - g r o s ; s u s p e n d e z la limaille d a n s u n n o n e t ; d e s é c o r c e s d ' o r a n g e r s a u v a g e , e t d e la liane à savon , d e g o m m i e r , et de b o i s - m a r i e , de chacun une pincée S d e s r a c i n e s d e v e r v e i n e p u a n t e , une d e m i - p i n c é e : faitesl e s bouillir d a n s t r o i s c h o p i n e s d ' e a u
j u s q u ' à l a dimi-.
nution du tiers. Tisane
astringente
mineure.
P r e n e z d e s é c o r c e s d e g o y a v i e r , d e m o n b i n , et de g r e n a d e , 'de c h a c u n e trois g r o s ; du riz b i e n l a v é , trois onces ; de
la r a p u r e d e c o r n e
de cerf,
bouillir d a n s c i n q c h o p i n e s
une
once : faites-les
d ' e a u j u s q u ' à la d i m i n u t i o n
du q u a r t . O n e m p l o i e é g a l e m e n t l e s é c o r c e s d e bois b l a n c q u ' o n p e n s e ê t r e le simarouba,
de
bois m a r i e , d e
raisinier,
d i c a q u i e r , et d u m o n b i n b â t a r d . O n r e c o m m a n d e , d a n s l a diarrhée
d e s b e s t i a u x , les feuilles e t les b o u r g e o n s
bois de trompette.
du
234
P H A R M A C O P É E Tisane
Ajoutez
dans
la
astringente
majeure.
précédente
des
qu'on appelle mâche-fer, plantain, une p o i g n é e ; c o u s i n , et
scories
de
fer,
d e u x o n c e s ; d e s feuilles
de
de l'écorce m o y e n n e de grand
des bourgeons d ' a p i a b a ,
de
chacun
une
pincée. L e s r a c i n e s du c o c c i s , q u ' o n c r o i t P i p é c a c u a n h a b l a n c , et des aristoloches,
les écorces des arbres appelés a m a n -
dier , b o i s j a u n e é p i n e u x , pelé
sanguine,
employés
et
les fruits d e l ' a r b r i s s e a u a p -
la p r ê l e d e
d a n s les
l'Amérique,
tisanes astringentes.
On
sont
aussi
fait a u s s i
grand cas du s u c de l'herbe carrée sans o d e u r , qui
est
une espèce de mélisse. Décoction Prenez des
astringente
pour la
fruits d e g o y a v i e r
lienterie.
et de grenadier,
de
chacun d e u x o u trois ; d e la c a n e l l e , un g r o s : f a i t e s l e s bouillir d a n s d e l'eau e t du vin v i e u x ,
de chacun
une
p i n t e , j u s q u ' à la d i m i n u t i o n d u tiers : a d o u c i s s e z la c o l a t u r e a v e c suffisante q u a n t i t é de s u c r e . O n p e u t e n faire u n s i r o p t r è s - e f f i c a c e p o u r fortifier l ' ' e s t o m a c . Tisane
astingente pour la gonorrhée
et les fleurs
blanches.
Prenez des écorces de g a y a c , d'amandier, d'icaquier, et
des racines
de
verveine
p u a n t e , de chacune
p i n c é e : f a i t e s l e s bouillir d a n s q u ' à la
diminution
d e u x p i n t e s d'eau
une jus-
d û q u a r t : a j o u t e z d a n s la c o l a t u r e
un g r o s d ' a l u n p u r i f i é , o u d e l'esprit d e v i t r i o l , j u s q u ' à une agréable acidité. Lait
apéritif.
D a n s u n e p i n t e d e lait b o u i l l a n t , j e t t e z un s c r u p u l e d e safran,
et
un
gros
de
gingembre
coupé
par
m o r c e a u x : a p r è s un q u a r t d ' h e u r e d'infusion , l'infusion.
petits passez
DE
235
S T . - D O M I N G U E . Lait
astringent
simple.
F a î t e s infuser d e la m ê m e f a ç o n d a n s m ê m e q u a n t i t é d e lait une d e m i - o n c e d e fleur d e s o u f r e . Lait
astringent
composé.
P r e n e z l ' é c o r c e m o y e n n e d e g r a n d c o u s i n , du s a n t a l c i t r i n , ou d u bois d e c h a n d e l l e , chacun
un g r o s : f a i t e s - l e s
et du g i n g e m b r e , d e
bouillir d a n s d e u x :
pintes
d e lait j u s q u ' à la d i m i n u t i o n d u q u a r t : a p r è s avoir t i r é la décoction
du f e u ,
éteignez-y
p a r t r o i s fois un
fer
r o u g e : p a s s e z - l a , et e n faites p r e n d r e u n v e r r e d ' h e u r e en heure. Tisane
sudorifique.
P r e n e z d u g a y a c , de la s a l s e p a r e i l l e , d e la s q u i n e , d e c h a c u n u n e o n c e ; d e l ' a n t i m o i n e cru p u l v é r i s é et m i s d a n s un n o u e t , u n e o n c e ; v e r s e z l à d e s s u s d e u x p i n t e s : d'eau bouillante ; laissez infuser pendant douze h e u r e s f a i t e s bouillir e n s u i t e j u s q u ' à l a d i m i n u t i o n du t i e r s . Q u e l q u e s u n s a j o u t e n t l e s é c o r c e s d e bois d e f e r , d e b o i s d ' I n d e , e t d e b o i s à p i a n ; et a u lieu d e la s a l s e p a reille , m e t t e n t liane
les t i g e s d e la liane à p e r s i l , o u d e la
marigonia. Tisane fébrifuge
simple.
P r e n e z des é c o r c e s m o y e n n e s d e citronîer e t d ' o r a n g e r s a u v a g e , d e c h a c u n e u n e p i n c é e ; nitre purifié , un g r o s : faites-les légèrement
bouillir d a n s une p i n t e d ' e a u ,
et
les l a i s s e z e n s u i t e infuser d e m i - h e u r e . L e m a l a d e e n u s e r a p o u r boisson. Tisane
fébrifuge
composée.
A j o u t e z d a n s la p r é c é d e n t s u n e d e m i - o n c e d e q u i n quina g r o s s i è r e m e n t c o n c a s s é , e t a u d é f a u t d e celui d u P é r o u , une o n c e d e q u i n q u i n a d e S a i n t - D o m i n g u e , ou d e l ' é c o r c e d e l ' a r b r i s s e a u a p p e l é bois
ramon.
236
P H A R M A C O C É E
Q u e l q u e s uns v a n t e n t b e a u c o u p d a n s les
fièvres
ca-
c h e c t i q u e s et d ' a u t r e s fièvres , les é c o r c e s d e s u c r i e r de m o n t a g n e , d ' a m a n d i e r , d e m a n g l e , les racines et fleurs
les
d e poincillade. Tisane
vermifuge
ou contre
les
vers.
Prenez du pourpier , d e s bourgeons de tamarin , chacun de
de
u n e d e m i - p o i g n é e ; des s o m m i t é s d ' a b s y n t h e ,
l'écorce
de gommier
t r o i s citrons c o u p é s trois chopines
,
de
chacun,
demi-pincée;
en q u a t r e : f a i t e s - l e s bouiliir d a n s
d'eau j u s q u ' à la d i m i n u t i o n d u q u a r t :
a p r è s avoir p a s s é et e x p r i m é la d é c o c t i o n , a j o u t e z - y
une
c h o p i n e d e b o n n e huile , et f a i t e s b o i r e un g o b e l e t d e c e m é l a n g e d e trois e n trois h e u r e s . Les
semences de
poudre
fine,
citron bien s è c h e s
et broyées
en
m ê l é e s avec pareille quantité de poudre à
v e r s , à d o s e d'un s c r u p u l e ou d'un d e m i - g r o s p o u r u n e n f a n t , m a t i n et s o i r , s o n t un e x c e l l e n t r e m è d e . O n leur
fait p r e n d r e d a n s u n e c u i l l e r é e d e j u s d e
d ' h u i l e d ' a m a n d e s d o u c e s , ou d e palma
Christi,
le
citron, ou enfin
d e sirop de chicorée c o m p o s é , o u , à leur d é f a u t , dans u n e c u i l l e r é e de la liqueur s u i v a n t e : P r e n e z c i n q à six p o i g n é e s d e la l i a n e à v e r s
coupée
p a r p e t i t s m o r c e a u x , q u e j e crois u n e e s p è c e d e c i e r g e d u P é r o u , a p p e l l e torche
dans le p a y s : faites l e s m a c é r e r
p e n d a n t v i n g t - q u a t r e h e u r e s s u r les c e n d r e s c h a u d e s d a n s c i n q ou six c h o p i n e s d'eau ; f a i t e s - l e s e n s u i t e distiller s u i v a n t l ' a r t . L a d o s e , u n e cuillerée ou d e u x . C ' e s t M . L a borie , chirurgien très-expérimenté qui m ' a c o m m u n i q u é ce
remède,
q u e j ' a i fait p r e n d r e p l u s i e u r s fois
avec
succès. On
m ' a r a p p o r t é q u ' o n faisoit à la M a r t i n i q u e
g r a n d u s a g e d ' u n s i r o p fait a v e c
un
la brainvilliers ; m a i s
c e t t e h e r b e est r e c o n n u e p o u r t r è s - v é n é n e u s e , c e t t e raison ou e s t fort éloigné de s'an s e r v i t .
et
par
DE
S
T. -
Tisane
DOM
purgative
I N G
237
UE.
simple.
P r e n e z de la chicorée s a u v a g e , une poignée ; deux d o u z a i n e s d e p r u n e a u x , e t d e s follicules d e s é n é , d e m i - o n c e ; faites-les
bouillir d a n s trois c h o p i n e s
d'eau j u s q u ' à l a
moitié : ajoutez dans la colature une once ou u n e d e m i o n c e d e sel d ' e p s o m . Tisane
purgative
composée,
ou h y d r a g o g u e .
P r e n e z trois c h o p i n e s d e t i s a n e a n t i - s c o r b u t i q u e , d e s follicules d e s é n é , d e m i - o n c e ; d e la r a c i n e d e j a l a p , d e u x gros ; d e s pruneaux deux douzaines : faites-les jusqu'à la diminution
bouillir
d u tiers : d i s s o l v e z d a n s l a c o l a t u r e
u n e o n c e d e s e l d ' e p s o m , trois g r o s d e c o n f e c t i o n h a m e c h , e t u n e o n c e d e sirop d e n e r p r u n . Eau
de casse
simple.
P r e n e z de la p u l p e d e c a s s e f r a î c h e m e n t t i r é e , t r o i s o n c e s ; d u sel v é g é t a l , d e m i - o n c e : d é l a y e z - l e s d a n s u n e pinte d e tisanne c o m m u n e , prendre
un gobelet
o u d e p e t i t lait. O n f e r a
d e cette
e a u d e deux
en deux
heures. On peut mettre à la place d u sel végétal le sel d'eps o m , j u s q u ' à l a d o s e d ' u n e o n c e , o u d u s e l d e nitre j u s q u ' à l a d o s e d e t r o i s g r o s , s u i v a n t l'indication. Eau
de casse
composée.
P r e n e z d e l a p u l p e d e c a s s e f r a î c h e e t d e la m a n n e , des c h a c u n e trois o n c e s ; du j a l a p e n p o u d r e , u n g r o s ; d u s e l d'epsom , une d e m i - o n c e filtrez
: après une légère ébullition,
la d é c o c t i o n , q u i s e r v i r a p o u r trois p r i s e s , d e u x o u
trois heures entre c h a q u e . Eau
bénite.
P r e n e z q u a t r e o u s i x g r a i n s d ' é m é t i q u e ; faîtes - les fendre
d a n s u n e p i n t e d'eau , d o n t l e m a l a d e p r e n d r a un
verre de deux eu d e u x ou d e t r o i s on trois h e u r e s .
238
PHARMACOPÉE Emulsion Eau
avec les
de casse
avec
grains. ses
grains.
S e p r é p a r e n t et s o n t d o n n é e s d e la m ê m e façon q u e l'eau
bénite.
L E S
P O T I O N S
Potion purgative
commune
mineure.
P R E N E z de la m a n n e , d e u x o n c e s ; du sel v é g é t a l ,
un
g r o s ; f a i t e s - l e s f o n d r e d a n s c i n q o n c e s de t i s a n e , potir une p r i s e . Potion
purgative
commune
majeure.
P r e n e z d e la m a n n e et de la p u l p e d e c a s s e , d e c h a c u n e d e u x o n c e s ; d e s follicules d e s é n é , d e u x g r o s ; d u sel
d ' e p s o m , trois g r o s : faites-les l é g è r e m e n t
d a n s six o n c e s
de tisane
bouillir
faites u n e potion p o u r u n e
prise. Potion
purgative
pour la gale
et les
vers.
P r e n e z d e la t i s a n e v e r m i f u g e , s e p t o n c e s ; d e s follic u l e s d e s é n é , d e u x g r o s ; d e la r h u b a r b e g r o s s i è r e m e n t c o n c a s s é e : faites-les bouillir : d é l a y e z d a n s la c o l a t u r e confection h a m e c h , d e u x g r o s , et y m ê l e z d e la p o u d r e à v e r s , un s c r u p u l e , et d e m i - g r o s d e coraline p r é p a r é e : f a i t e s u n e potion p o u r u n e ou d e u x p r i s e s . L e fruit d u p e t i t c a l e b a s s i e r e s t d a n s une g r a n d e r e n o m m é e p o u r les a b c è s i n t e r n e s . O n le fait rôtir o u c u i r e d a n s le feu ; on le c a s s e e n s u i t e , et on en tire l e s u c , q u ' o n fait a v a l e r bien c h a u d . C e s u c m ' a p a r u t r è s - i n d i g e s t e
et
l a x a t i f ; e t c o m m e on le fait s o u v e n t p r e n d r e d a n s les i n f l a m m a t i o n s , il a u g m e n t e le m a l , e t fait périr le m a l a d e plus t ô t .
239
S T . - D O M I N G U E.
DE
Peinture de rhubarbe
composée.
P r e n e z d e la r h u b a r b e g r o s s i è r e m e n t
concassée,
g r o s ; faites-la infuser o u l é g è r e m e n t bouillir
un
dans huit
o n c e s d e décoction d e p l a n t a i n : faites f o n d r e u n e
once
d e m a n n e e t un g r o s d e
cette
sel d ' a b s y n t h e
:
filtrez
potion , q u ' o n p a r t a g e r a e n d e u x ou trois p r i s e s . Potion
universelle
composée.
P r e n e z du catholicon d o u b l e et d e l a m a n n e , d e c h a cun une o n c e ; délayez-les dans quatre onces de tisane a s t r i n g e n t e : faites u n e p o t i o n , d a n s l a q u e l l e on p e u t a j o u t e r dix ou vingt g r a i n s d ' i p é c a c u a n h a . Sirop magistral P r e n e z du s u c
de
astringent.
g o y a v e , d e u x o n c e s ; d e la r h u -
b a r b e g r o s s i è r e m e n t c o n c a s s é e , u n e o n c e et d e m i e ; la
de
c a n e l l e , d e m i - g r o s ; du santal citrin , u n g r o s ; d e s
é c o r c e s et des fleurs d e g r e n a d e , u n e o n c e : f a i t e s - l e s macérer pendant douze heures sur les cendres chaudes d a n s d e u x pintes d e d é c o c t i o n d e p l a n t a i n et d ' a p i a b a : a j o u t e z à la c o l a t u r e d u s u c d e
c e r i s e s du p a y s ,
huit
o n c e s ; du m i e l é c u m e ou d u g r o s s i r o p , d e m i - l i v r e ; d u sucre blanc, une
livre e t d e m i e : f a i t e s - l e s cuire à l a
consistance de sirop. L a d o s e est depuis une once j u s qu'à
deux
dans quatre ou
six o n c e s
de
tisane
pour la
dyssenterie.
astri-
gente.q Potion
ou julep
lénitif
P r e n e z d e s e a u x d e p l a n t a i n et d e r o s e , d e c h a c u n e d e u x o n c e s ; d e l'huile d ' a m a n d e s d o u c e s ou d e g i g e r i , e t du sirop d e g r e n a d e , d e c h a c u n u n e o n c e : faites un j u l e p q u ' o n r é i t é r e r a d e six e n six h e u r e s . Potion
blanche
ou
anodine.
P r e n e z d e la t é r é b e n t h i n e d e V e n i s e , d e u x g r o s ; de
24o
P H A R M A C O P É E
l'huile d ' a m a n d e s d o u c e s ou d e g i g é r i , e t d u sirop d e g o y a v e , de chacun un once : dissolvez la thérébenthine a v e c un j a u n e d ' œ u f dans six o n c e s d ' e a u d e p l a n t a i n : f a i t e s u n e potion p o u r u n e p r i s e . Potion
astringente
P r e n e z d e s s u c s d ' a p i a b a et de p l a n t a i n , d e c h a c u n trois o n c e s ; d u bol d ' A r m é n i e , et du s a n g d e d r a g o n ,
de
chacun d e m i - g r o s ; du d i a s c o r d i u m , d e m i - g r o s ; du sirop d e g r e n a d e , une o n c e : m ê l e z et faites une potion p o u r deux prises. L e s u c d'apiaba e s t t r è s - e s t i m é dans les flux de v e n t r e . O n p e u t r e n d r e c e t t e potion p l u s a s t r i n g e n t e , en y a j o u t a n t d e la t e i n t u r e a n o d i n e et d e l'élixir d e p r o p r i é t é , d e chacun trente gouttes. Potion
pour arrêter la
gonorrhée.
P r e n e z d e l'esprit d e g e n i è v r e , d u b a u m e d u P é r o u e t d e copahu , de chacun trente gouttes , qu'on mettra dans u n p e u d e t i s a n e a s t r i n g e n t e , ou d a n s d u vin. Potion P r e n e z confection
cordiale
mineure.
a l k e r m è s et d ' h y a c i n t h e ,
de
cha-
c u n e d e m i - g r o s ; e a u d e c a n e l l e o r g é e , d e u x g r o s ; élixir d e p r o p r i é t é , v i n g t g o u t t e s ; sirop d e l i m o n , une o n c e : m ê l e z - l e s d a n s six o n c e s d e t i s a n e a p é r i t i v e , ou d'eau d e c h a r d o n b é n i des îles. O n r e n d r a c e t t e potion h y s t é r i q u e a v e c d o u z e g o u t t e s d e t e i n t u r e d e c a s t o r , six g r a i n s d e c a m p h r e , et
douze
g r a i n s d e sel volatil a m m o n i a c . Potion
cordiale
majeure
ou
sudorifique.
P r e n e z d e la vieille t h é r i a q u e , u n g r o s ; d e l ' a n t i m o i n e d i a p h o r é t i q u e et d e la p o u d r e d e v i n g t - q u a t r e g r a i n s ; d u sel volatil
vipère , de de vipères,
chacun douze grains,
DE
ST.
- D M I N G U E .
241
grains ; d e l'eau d e c a n e l l e , d e u x - g r o s : mêlez-les dans six o n c e s de tisane sudorifique. O n p e u t y a j o u t e r trois g r a i n s d e k e r m è s m i n é r a l - ; e t alors on la d o n n e r a cuillerée à cuillerée. Potion huileuse pectorale. F a i t e s bouillir dans d e m i - c h o p i n e d'huile d e s o i g n o n s d e lis ; e x p r i m e z - l e s , e t a j o u t e z d e u x onces de sirop p e c toral c o m p o s é . O n e n d o n n e r a u n e cuillerée d ' h e u r e e n h e u r e , ou d e d e u x e n d e u x h e u r e s . L ' h u i l e tirée d e s n o y a u x du fruit d u sucrier v a u t b e a u coup mieux q u e celle d'amande. Potion
huileuse
pectorale
composée.
P r e n e z d e l'huile d ' a m a n d e s d o u c e s ou d e g i g é r i , d e u x o n c e s ; d u blanc d e baleine , u n g r o s , q u ' o n fera f o n d r e d a n s l ' h u i l e ; d'une infusion d e safran o r i e n t a l , .trois o n c e s ; de la poudre de v i p è r e , demi-gros ; du sirop p e c t o r a l c o m p o s é , u n e o n c e ; d u miel d e N a r b o n n e , u n e o n c e : m ê l e z - l e s e t faites u n e p o t i o n dont le m a l a d e p r e n d r a d e u x o u t r o i s cuillerées d é d e u x e n d e u x heures. On peut y ajouter , suivant, l'indication , du kermès minéral de la confection a l k e r m è s , ou de la t h é r i a q u e , d e l a t e i n t u r e a n o d i n e , o u du b a u m e t r a n q u i l l e , et enfin d e la manne. Sirop pectoral composé. P r e n e z d u capillaire d e C a n a d a e t d e l a . l a n g u e d e b œ u f c o u p é e p a r petits m o r c e a u x , d e c h a c u n u n e p o i g n é e ; d e s fleurs d e f r a n c h i p a n e , d e bois i m m o r t e l , de g i r a u m o n t , d e g o m b o . , de j a s m i n d ' A r a b i e , o u d e j a s m i n o d o r a n t d e S a i n t - D o m i n g u e , e t d'oranger s a u v a g e , d e chacun d e m i p o i g n é e : faites-les m a c é r e r p e n d a n t d o u z e h e u r e s d a n s suffisante q u a n t i t é d'eau bouillante : p a s s e z et exprimez; l ' i n f u s i o n , d o n t v o u s f e r e z un s i r o p selon l ' a r t . Tome
H.
Q
242
P H A R M A C O P É E
L E S
B O L S .
Bol purgatif
PRÉNEZ du
commun.
jalap en p o u d r e , e t d e la p o u d r e c o r n a -
c h i n e , d e chacun q u i n z e g r a i n s ; f a i t e s - e n un bol a v e c suffisante q u a n t i t é d e sirop d e c h i c o r é e c o m p o s é de r h u barbe. Bol purgatif
plus
fort.
P r e n e z d u m e r c u r e d o u x , du d i a g r è d e , ou d e la g o m m e d e liane p u r g a t i v e , du jalap en p o u d r e , d e c h a c u n h u i t g r a i n s : faites un bol a v e c suffisante q u a n t i t é d e s i r o p . O n l e r e n d r a p l u s fort en y a j o u t a n t un ou d e u x g r a i n s d e g o m m e g u t t e , ou d e l ' a m a n d e d u p r u n i e r é p i n e u x
de
l ' A m é r i q u e , m i s e en p o u d r e , à la d o s e d e d e m i - s c r u p u l e o u d'un s c r u p u l e . Bol
contre
les
vers.
P r e n e z d e la r h u b a r b e e n p o u d r e , d e m i - g r o s ;
de
l ' a l o ë s d e m i - s c r u p u l e ; d e la c o r a l i n e e t d e la p o u d r e à v e r s , d e c h a c u n un gros ; d e l'éthiops m i n é r a l ,
douze
g r a i n s : faites un bol a v e c suffisante q u a n t i t é d'huile palma
de
Christi.
L e s u c d e la c h é l i d o i n e d ' A m é r i q u e , d i t e
bocconia,
e s t v e r m i f u g e et purgatif. 1 es s e m e n c e s de p a p a i e m i s e s jen p o u d r e s o n t fort r e c o m m a n d é e s . Bol apéritif
ou opiat
anti-cachectique.
P r e n e z d e s é c o r c e s fines d e citronier e t d ' o r a n g e r s a u v a g e r é d u i t e s en p o u d r e , d e l'aristoloche r o n d e d e l ' A mérique ,
et d e la g e n t i a n e , si on e n p e u t
trouver,
é g a l e m e n t p u l v é r i s é e s , d e c h a c u n e un g r o s ; d u sel a m -
DE
S t . - D O M I N G U E.
243
m o n î a c , d e m i - g r o s : m ê l e z - l e s a v e c suffisante q u a n t i t é d e miel o u d'extrait d e g e n i è v r e . L a d o s e s e r a d'un g r o s m a t i n et soir , b u v a n t p a r d e s s u s u n gobelet d'infusion d e s a u g e d u Port-de-Paix , o u d'herbe à c h a r p e n t i e r , o u d e t h y m de savane. Bol
apéritif ou opiat plus
fort.
P r e n e z d e l'éthiops m i n é r a l , d e s c l o p o r t e s p u l v é r i s é s , d e c h a c u n d e m i - g r o s ; d u sel d e m a r s d e rivière , o u d u .safran d e m a r s a p é r i t i f , un s c r u p u l e ; d u b o r a x , d e m i s c r u p u l e : m ê l e z - l e s a v e c suffisante q u a n t i t é d ' e x t r a i t d e g e n i è v r e p o u r trois ou q u a t r e d o s e s . Tablettes
pour la phlhisie
pulmonaire.
P r e n e z d u sel d e m a r s d e rivière , d e s c l o p o r t e s , du, b e n j o i n , du safran o r i e n t a l , du c o r a i l , d e s y e u x d ' é c r e visses , d e la c a n e l l e , d e c h a c u n d e m i - o n c e ; d u s u c r e b l a n c , d e m i - l i v r e : m e t t e z bien t o u t cela en p o u d r e , e t le m ê l e z a v e c le m u c i l a g e d e g o m m e a d r a g a n t tiré a v e c l ' e a u d e fleur d ' o r a n g e , e t en f o r m e z d e s p a s t i l l e s d u p o i d s d e d e u x g r o s , d o n t le m a l a d e e n m a n g e r a u n e s o i r et m a t i n , buvant par dessus deux gobelets de petit l a i t , d a n s lequel o n a u r a fait infuser du c r e s s o n , d u cerfeuil e t d e la p i m p r e n e l l e , e t faisant tous l e s j o u r s d e u x o u t r o i s h e u r e s d'exercice à c h e v a l . Bol astringent
simple.
P r e n e z d e la t é r é b e n t h i n e d e V e n i s e cuite d a n s d e l'eau d e p l a n t a i n , d e u x g r o s ; d e la r h u b a r b e t o r r é f i é e , un d e m i - g r o s : faites un bol q u ' o n p a r t a g e r a e n trois prises , d e u x h e u r e s d'intervalle e n t r e c h a q u e . Bol astringent
plus
fort.
P r e n e z bol d ' A r m é n i e , c a c h o u et s a n g d e d r a g o n , d e chacun six g r a i n s ; i p é c a c u a n h a , trois g r a i n s ; l a u d a n u m ,
244
P H A R M A C O P É E
d e m i - g r a i n ; faites un bol a v e c suffisante q u a n t i t é d'extrait d e g e n i è v r e , ou d e d i a s c o r d i u m . O n le r e n d r a plus fort en é t a n t P i p é c a c u a n h a , e t y s u b s t i t u a n t six ou h u i t g r a i n s d'alun. Bol
astringent pour la
gonorrhée.
P r e n e z d e s s e m e n c e s d e plantain bien p u l v é r i s é e s , d u bol d ' A r m é n i e , d u cachou et du safran d e m a r s a s t r i n g e n t , d e l'éthiops m i n é r a l , d e chacun d e u x g r o s ; d u c a m p h r e , un g r o s ; d u sel d e S a t u r n e , trois g r o s ; i n c o r porez-les d a n s suffisante q u a n t i t é d e b a u m e d e c o p a h u . L a d o s e d ' u n g r o s m a t i n e t soir. Bol plus
simple.
P r e n e z d e l ' a l o ë s , d e la m y r r h e , e t d e la r h u b a r b e t o r r é f i é e , d e l'alun p u l v é r i s é , d e c h a c u n p a r t i e é g a l e : m ê l e z - l e s a v e c suffisante q u a n t i t é d e b a u m e d e c o p a h u . Opiat astringent
pour la même.
P r e n e z g a ï a c , sassafras , r h u b a r b e p u l v é r i s é e , é t h i o p s m i n é r a l , arcanum
duplicatum,
de chacun deux gros :
m ê l e z - l e s a v e c suffisante q u a n t i t é d e t é r é b e n t h i n e . L a d o s e d'un g r o s . O n la r e n d r a p l u s forte en m e t t a n t à la p l a c e d e l'arcanum duplicatum
e t d e la r h u b a r b e ,
le
s a n g d e d r a g o n , le bol d ' A r m é n i e , le b o r a x , d e c h a c u n un gros ; du c a m p h r e , demi-gros. Quelques uns emploient avec succès d e l'alun, et le s a n g d e d r a g o n fondus et m ê l é s e n s e m b l e : c'est le s p é cifique d e M . H e l v é t i u s p o u r l e s h é m o r r a g i e s , e t le s u c d e t a b a c v e r t injecté. Poudre pour la vérole qu'on appelle
Pian.
O n m'a r a p p o r t é qu'on donnoit a u x N è g r e s p o u r l e s p i a n s à la M a r t i n i q u e , la p o u d r e d e lambis
calcinée, à
DE
S T . - D O M I N G U E .
245
l a d o s e d e trois g r o s , soir e t m a t i n , p o u r la v é r o l e q u ' o n a p p e l l e pian. Bol fébrifuge
simple.
P r e n e z d e s é c o r c e s fines d e citronnier e t d'oranger bien s è c h e s et r é d u i t e s en p o u d r e , d e c h a c u n e d e m i - g r o s ; d u sel d ' a b s y n t h e o u a m m o n i a c , v i n g t - q u a t r e grains : faites u n b o l a v e c suffisante quantité d e m i e l . Bol fébrifuge
composé.
P r e n e z du q u i n q u i n a d u P é r o u , u n g r o s , e t à s o n d é f a u t , d e celui d e S a i n t - D o m i n g u e , d e u x g r o s ; d e l'iris d e F l o r e n c e , o u d e l'aristoloche l o n g u e d e l ' A m é r i q u e , e t du sel a m m o n i a c , d e c h a c u n d e m i - g r o s ; d e la t h é r i a q u e , u n gros : faites un bol qu'on p a r t a g e r a e n c i n q o u six p r i s e s : O n e s t i m e b e a u c o u p p o u r l e s fièvres , l e suc du b o i s l a i t e u x , n o m m é rauvolfia
, d e s s é c h é e t m i s en p o u d r e ,
à la d o s e d ' u n s c r u p u l e .
L E S
B O U I L L O N S .
Bouillons
rafraîchissons.
P R E N E Z un p o u l e t p l u m é e t bien v i d é , dont v o u s r e m p l i r e z le v e n t r e d'orge m o n d é e , e t d ' a m a n d e s c o n c a s s é e s , a u t a n t qu'il en p o u r r a tenir ; a y e z soin d e l ' é c u m e r , e t d e le faire cuire à petit feu p e n d a n t d e u x h e u r e s , d a n s cinq p i n t e s d'eau : a j o u t e z alors d e l a l a i t u e , d e la chicorée b l a n c h e , du p o u r p i e r , ou d e s é p i n a r d s s a u v a g e s , e t d e la m o r c l l e a p p e l é e taman nu laman , d e c h a c u n d e u x p o i g n é e s , qu'on laissera bouillir une d e m i - h e u r e : filtrez et e x p r i m e z la décoction. Q 3
P H A R M A C O P É E
246
Bouillons
altérans
ou
purifians.
A u lieu d e p l a n t e s r a f r a î c h i s s a n t e s , p r e n e z d e l a c h i c o r é e s a u v a g e ; et q u a n d v o u s r e t i r e r e z le bouillon
du
f e u , faites-y infuser p e n d a n t u n e h e u r e du c r e s s o n d e f o n t a i n e , o u d e celui d e s a v a n e , d u k a i a , a u t r e m e n t dit mozambai,
d u c e r f e u i l , et d u céleri : p a s s e z et e x p r i -
m e z le tout : a j o u t e z d a n s c h a q u e bouillon six g r a i n s d e poudre de vipère. Bouillons
ou apozèmes
laxatifs.
P r e n e z d e la c h i c o r é e b l a n c h e , d e la l a i t u e , d e s épi— nards,
de
chacun
une
poignée ; de l'oseille,
demi-
p o i g n é e ; u n e p i n c é e d e t h y m , ou d e s a r r i e t t e ; du s a i n doux frais,
qu'on
a p p e l l e mantaigue,
trois ou q u a t r e
o n c e s , e t u n e c r o û t e d e p a i n rôtie : faites bouillir t o u t c e l a p e n d a n t u n e d e m i - h e u r e d a n s d e u x ou t r o i s d'eau
pintes
: m ê l e z d a n s l a c o l a t u r e un j a u n e d'œuf.
L E S
L A V E M E N S . Lavement
PRENEZ faites-les
emollient.
d e s feuilles de g o m b o , d ' é p i n a r d s , d e p a t a t e s ,
cuire d a n s suffisante q u a n t i t é d ' e a u , et
dans
une chopine de cette décoction , délayez deux onces d e sirop de basin. Lavement
détersif.
P r e n e z d e s feuilles d e g o m b o , d ' a b s y n t h e s a u v a g e , e t de médecinier bâtard,
de chacune une poignée : faites-
l e s c u i r e , et a j o u t e z d a n s la c o l a t u r e six o n c e s d'huile d e palma
Christi.
DE
S T . - D O M I N G U E . Lavement
247
purgatif.
P r e n e z d e la c a s s e c o n c a s s é e ,
demi-livre : faites-la
bouillir dans p a r t i e s é g a l e s d'eau d e m e r , e t d'eau d o u c e , e t p a s s e z ensuite la d é c o c t i o n . Lavement
anodin.
A j o u t e z dans l a décoction d é t e r s i v e , d e l a graine d e l i n , et d e la t é r é b e n t h i n e , d e c h a c u n e d e u x gros ; d u m i e l , d e u x o n c e s , e t d e u x j a u n e s d'œufs ; du b a u m e t r a n q u i l l e , d e u x onces , o u du l a u d a n u m , d e u x o u trois g r a i n s . Lavement
purgatif
pour la colique
de
Poitou.
P r e n e z d e s feuilles d e s é n é , d e la p u l p e d e c o l o q u i n t e c o u p é e p a r m o r c e a u x , do c h a c u n e d e u x gros : faites-les bouillir dans l'eau d e m e r ; et dans u n e c h o p i n e d e la c o l a t u r e , délayez quatre onces de pulpe d e casse. O n p e u t y ajouter q u e l q u e f o i s d e u x ou trois onces d e v i n é m é tique. Lavement
anodin pour
la
même.
P r e n e z d e b o n v i n r o u g e et d e l'huile d e n o i x , o u de palma christi, d e c h a c u n p a r t i e é g a l e . Lavement
anodin
et purgatif pour la
même.
P r e n e z d e la p u l p e d e coloquinte c o u p é e par m o r c e a u x , d e u x g r o s ; faites-la cuire dans u n e pinte d e v i n ; a j o u t e z d e l'huile d e noix , ou d e palma
christi,
dix o n c e s . O n
réitérera c e l a v e m e n t d e q u a t r e en q u a t r e h e u r e s . Lavement
pour
les affections
D a n s le lavement purgatif demi-once de tabac en corde. Lavement
hystérique
soporeuses.
d e la c o l i q u e ,
ou. pour
les
ajoutez
vapeurs..
O n le c o m p o s e r a a v e c l e s p l a n t e s m e n t i o n n é e s p o u r la Q4
248
P H A R M A C O P É E
tisane h y s t é r i q u e , a u x q u e l l e s on a j o u t e r a , s u i v a n t qu'il c o n v i e n d r a , d e s r e m è d e s purgatifs.
L E S
G A R G A R I S M E
S.
Gargarisme rafraîchissant.ss O N se s e r t d e l ' o x y c r a t , ou du s u c d e limon ou d ' o s e i l l e , qu'on m ê l e a v e c du m i e l , ou d e la tisane acidulée qu'on m ê l e p a r e i l l e m e n t a v e c du m i e l . Gargarisme
détersif.
P r e n e z u n e livre d ' o r g e , d e s b o u r g e o n s d e m o n b i n , d e f r a n c - b a s i n , d e la s e m e n c e d e l i n , d e c h a c u n u n e p i n c é e : faites-les bouillir dans u n e pinte d'eau j u s q u ' à la moitié : d é l a y e z d a n s la colature u n e once d e m i e l . On e s t i m e b e a u c o u p dans l e s douleurs d e g o r g e q u i a c c o m p a g n e n t la petite v é r o l e , le g a r g a r i s m e fait a v e c le t a f i a , le m i e l , e t l'album grœcum p u l v é r i s é . Gargarisme
pour les ulcères
P r e n e z d e l'infusion,
des
gencives.
ou du s u c d e c r e s s o n , q u a t r e
o n c e s ; d e la m o u t a r d e , un gros ; du vinaigre , et du s u c r e , d e chacun u n e once • m ê l e z - l e s . Gargarisme
plus
fort.
P r e n e z d e s é c o r c e s d e g r e n a d e , e t d e citron , c o u p é e s p a r petits m o r c e a u x , d e c h a c u n e trois gros ; des feuilles d ' o s e i l l e , et de cresson , d e c h a c u n e d e m i - p o i g n é e : pilez bien le t o u t , e t le faites infuser dans suffisante q u a n t i t é d'eau : a p r è s u n e forte e x p r e s s i o n , a j o u t e z d e l ' e s p r i t de vin c a m p h r é , trois onces ; d u sel a m m o n i a c , u n g r o s ; d e l ' a l u n , d e u x g r o s ; du s u c r e c a n d i , u n e once ;
DE
S T . - D O M I N G U E . 249
du m i e l , d e u x o n c e s ; d e l'esprit d e c o c h l é a r i a , u n g r o s : faites u n g a r g a r i s m e , dont o n i m b i b e r a u n petit
bâton
enveloppé de l i n g e , pour nettoyer et déterger les ulcères d e la b o u c h e .
L E S
C O L L Y R E S . Collyre
simple.
P R E N E Z d e s e a u x distillées d e r o s e e t d e plantain , d e c h a c u n e d e u x o n c e s , et un blanc d'oeuf : a g i t e z - l e s j u s q u ' à c e q u e le b l a n c d ' œ u f soit bien d i s s o u s . Collyre
très-rafraîchissant.
M ê l e z d a n s le p r é c é d e n t du sel d e s a t u r n e , vingt g r a i n s , e t d u s a f r a n oriental p u l v é r i s é , huit g r a i n s . Collyre
résolutif.
P r e n e z d e l'eau d e p l a n t a i n , q u a t r e o n c e s ; du vin é m é t i q u e , d e u x o n c e s ; d u safran o r i e n t a l , dix g r a i n s ; d u vitriol b l a n c , d o u z e g r a i n s ; du c a m p h r e , six g r a i n s ; d u s u c r e c a n d i , un s c r u p u l e : faites un c o l l y r e . Il e s t s o u v e n t plus à p r o p o s d e n e se servir q u e d e coll y r e s secs p o u r les o p h t a l m i e s , e t les taies. O n les c o m p o s e a v e c le vitriol blanc , le s u c r e candi e t l e s c o q u e s d'oeufs bien s è c h e s , r é d u i t s en p o u d r e t r è s - f i n e , d e c h a c u n p a r t i e é g a l e . O n p e u t y joindre a u s s i l'antimoine c r u bien p u l v é r i s é , e t le c a m p h r e , d e c h a c u n p a r t i e égale. P l u s i e u r s e m p l o i e n t l e s sucs d e l'herbe n o m m é liane à mal aux yeux,
e t d ' a p i a b a , m ê l é s a v e c le sel;
PHARMACOPÉE
2.5o
L E S
C A T A P L A S M E S . Cataplasme
O
anodin.
N l e fait a v e c l a m i e d e pain , le l a i t , les j a u n e s
d ' o e u f s , et le s a f r a n o r i e n t a l . Cataplasme Prenez
émollient
et
résolutif.
d e s feuilles d e g o m b o , d ' a b s y n t h e b â t a r d e , d e
pois p u a n t , de verveine b l e u e , de morelle , et d'herbe à charpentier de
S a i n t - D o m i n g u e , de chacune
t r o i s p o i g n é e s : f a i t e s - l e s c u i r e d a n s d e l'eau
deux
ou
commune
j u s q u ' à c e q u ' e l l e s s o i e n t bien t e n d r e s : p a s s e z - l e s e n s u i t e a u t r a v e r s d'un t a m i s , e t en f a i t e s un c a t a p l a s m e . O n p e u t y a j o u t e r les feuilles d e c a l e b a s s e m u s q u é e , d e tabac, v e r t ,
e t d e s différentes s a u g e s du p a y s .
L e s r a c i n e s d u g r a n d m é d e c i n i e r , o u du palma christi , cuites
d a n s la g r a i s s e , s o n t un g r a n d r é s o l u t i f ,
et un
e x c e l l e n t c a t a p l a s m e d a n s la g o n o r r h é e t o m b é e d a n s les bourses.
O n le r e n d r a p l u s efficace en
y a j o u t a n t les
feuilles d e t a b a c , e t l ' o n g u e n t napolitain. Cataplasme Faites feuilles
bouillir
rafraîchissant dans
le
vinaigré
et
astringent. deux
poignées
de
d e p o u r p i e r , et les a p p l i q u e z b i e n c h a u d e s s u r
le ventre. Cataplasme
hystérique
pour
les
vapeurs.
O n le fait a v e c les p l a n t e s h y s t é r i q u e s d é c r i t e s
dans
la t i s a n e : on les fait bouillir dans d e l ' e a u ou d a n s d e la g r a i s s e . O n fait d e s bains a v e c les m ê m e s p l a n t e s .
DE
S T . - D o M I N G U E .
251
L e c a t a p l a s m e d e farine d e m a n i o c f r a î c h e , p e u e x p r i m é e , et bouillie d a n s le s a i n - d o u x , dit l a mantaigue, e s t excellent dans la s u p p r e s s i o n d e s v i d a n g e s . Cataplasme
maturatif.
P r e n e z d e u x feuilles d e r a q u e t t e s , faites-les cuire s u r les c h a r b o n s ; c'est c e q u ' o n a p p e l l e d a n s l'île, boucaner; d e s feuilles d e m o r e l l e o u l a m a n , d ' h e r b e à c h a r p e n t i e r de Saint-Domingue, de tabac v e r t , et d'oseille, d e c h a c u n u n e p o i g n é e : f a i t e s c u i r e le t o u t dans le s a i n d o u x , o u mantaigue : a p r è s avoir tiré la p u l p e à t r a v e r s l e t a m i s , a j o u t e z u n e d e m i - p o i g n é e d e farine d e m a n i o c fraîche e t l é g è r e m e n t e x p r i m é e ; d e l'onguent s u p p u r a t i f , ou napolitain, deux onces ; du sel a m m o n i a c , deux gros. S o u v e n t l e s s e u l e s feuilles d e r a q u e t t e , o u la f a r i n e d e m a n i o c cuite d a n s l a g r a i s s e , suffisent p o u r r a m o l l i r e t faire aboutir l e s t u m e u r s . Cataplasme
anti-pleurétique,
et contre le
rhumatisme.
P r e n e z du p o i v r e long , e t à s o n d é f a u t , d e s fruits d u bois d'anisette , o u d e bois d ' I n d e , et du g i n g e m b r e en p o u d r e , d e c h a c u n u n e o n c e e t d e m i e : m ê l e z - l e s a v e c le blanc d'oeuf, e t l e s é t e n d e z s u r d e l ' é t o u p e o u d u coton , q u e v o u s a p p l i q u e r e z en c a t a p l a s m e sur l a partie malade. Liniment
pour les mêmes
maladies.
P r e n e z d u s a v o n n o i r , trois onces ; d u b a u m e t r a n quille , d e u x o n c e s ; d e l ' e s p r i t d e v i n c a m p h r é , et d e l'huile d e t é r é b e n t h i n e , d e c h a c u n u n e o n c e : faites un l i n i m e n t , e t m e t t e z p a r d e s s u s u n p a p i e r brouillard imbibé du même. I l suffit s o u v e n t d e ne faire q u ' u n l i n i m e n t a v e c trois
252
P H A R M A C O P É E
o n c e s d e savon , f o n d u e s dans suffisante q u a n t i t é d ' e a u d e - v i e , ou a v e c l'huile d e palma christi, le sel a m m o n i a c et l ' e a u - d e - v i e . L a graisse d u c a ï m a n , e t e n c o r e m i e u x c e l l e d e l'ois e a u a p p e l é frégate , e s t e x c e l l e n t e p o u r l e s r h u m a t i s m e s , la g o u t t e , e t c . Fomentation
pour
l'érésipèle.
O n la fait a v e c l ' o x y c r a t , o u a v e c p a r t i e é g a l e d'eau e t d e vin. Baume
tranquille.
P r e n e z du savon , une once ; du camphre , cinq g r o s ; d e l ' o p i u m , d e m i - g r o s ; d u safran o r i e n t a l , u n g r o s ; d e l'esprit d e v i n , huit o n c e s : faites-les digérer a u soleil p e n d a n t v i n g t j o u r s , e t filtrez la liqueur. O n e n p e u t p r e n d r e depuis q u a r a n t e j u s q u ' à c i n q u a n t e g o u t t e s d a n s d u vin o u d e la t i s a n e . Baume
ardent,
ou teinture de myrrhe
composée.
P r e n e z d e la m y r r h e e t d e l ' a l o ë s , d e c h a c u n u n e o n c e e t d e m i e ; d e l'aristologe l o n g u e e t r o n d e d e l ' A m é r i q u e , d e c h a c u n e d e u x o n c e s ; d e la g o m m e l a c q u e e t d e l ' e u p h o r b e , d e c h a c u n trois g r o s ; du c a m p h r e , un g r o s : faites-les m a c é r e r p e n d a n t v i n g t j o u r s d a n s u n e pinte d'esprit d e vin rectifié. Pommade
pour les
dartres.
P r e n e z du p r é c i p i t é r o u g e et b l a n c , d e chacun d e m i g r o s ; d u s u b l i m é corrosif, d e m i - s c r u p u l e ; du storax l i q u i d e , t r o i s g r o s ; d e la fleur d e s o u f r e , d e u x o n c e s : m ê l e z t o u t cela a v e c suffisante q u a n t i t é d e b a u m e d e c o p a h u ou d e s u c r i e r . O u b i e n , e m p l o y e z l'onguent napolitain fait a v e c la g r a i s s e , e t la dissolution d e m e r c u r e p a r l'eau forte.
DE
S T . - D O M I N G U E .
253
C o m m e il n'y a point d e m a l a d i e p l u s c o m m u n e à S a i n t - D o m i n g u e q u e les d a r t r e s , c h a c u n v a n t e b e a u c o u p s o n r e m è d e . L e s p l u s r e n o m m é s , s o n t la d é c o c t i o n d ' h e r b e à d a r t r e s , le s u c d u bois l a i t e u x ; enfin u n o n g u e n t fait a v e c la p o u d r e à c a n o n , l a fleur d e s o u f r e e t le s u c d e c i t r o n . L ' e m p l â t r e d e v i g o d o u b l é d e m e r c u r e suffit s o u v e n t . L e sel c o m m u n b r o y é a v e c les feuilles d e p i m e n t , e s t f o r t r e c o m m a n d é pour faire p a s s e r les p e t i t e s d a r t r e s , les r o u g e u r s , e t les t a c h e s d e la p e a u , q u ' o n a p p e l l e lauta. -Un g r o s
d'alun
fondu d a n s
une
chopine
de
petit
l a i t , est estimé pour les dartres légères et les ulcères
du
nez.
Pommade
ou onguent pour la galle et les pustules
liques des Nègres , pour leurs dartres , et pour la des
vérogalle
chevaux.
P r e n e z d e l'antimoine c r u b i e n p u l v é r i s é e t du s o u f r e , d e c h a c u n d e m i - l i v r e ; d u sel a m m o n i a c , d e u x g r o s ; d e l ' a l o ë s , q u a t r e o n c e s ; d e l ' o n g u e n t napolitain , u n e l i v r e ; d e la d é c o c t i o n forte d e t a b a c en c o r d e , u n e demi-livre ; du suc de citron, quatre onces : mêlez bien t o u t cela e n s e m b l e a v e c u n e suffisante q u a n t i t é d'huile d e p o i s s o n , q u ' o n a p p e l l e v u l g a i r e m e n t huile à brûler.;
L E S
O N G U E N S.
Onguent
sympathique.
PRENEZ du b o l d ' A r m é n i e ,
d e l'huile d e l i n , d e l a
g r a i s s e h u m a i n e , d e la m u m i e o u d e l ' a l o ë s , d e c h a c u n partie égale.
254
P H A R M A C O P É E Onguent
pour les
ulcères
P r e n e z d e l'urine h u m a i n e , du suc d e citron , du tafia e t d u sirop d e b a s i n , de chacun u n e c h o p i n e ; d u v e r t - d e - g r i s , u n g r o s : f a i t e s - l e s bouillir e t cuire j u s q u ' à la réduction d'une c h o p i n e o u e n v i r o n . Autre. P r e n e z d u s u c d'herbe à b l é e t d e c i t r o n , d e Chacun partie é g a l e ; d u sirop d e b a s i n , d e u x o u trois o n c e s : faites u n o n g u e n t a v e c suffisante q u a n t i t é d e c i r e . Ou
bien
P r e n e z du s u c d e feuilles d ' a n a n a s e t d u t a f i a , d e c h a c u n partie é g a l e : mêlez-les a v e c u n j a u n e d'oeuf. Lotion
qui
suffit souvent
pour guérir dides.
les ulcères
sor-
P r e n e z d e la liane à M i n g u e t , d e l a l a n g u e à c h a t , de l'herbe à b l é , d e chacune une poignée ; du suc d ' o r a n g e s a u v a g e e t d u t a f i a , de c h a c u n u n e c h o p i n e ; d u miel o u du sirop d e basin , d e m i - l i v r e : faites-le s bouillir : filtrez e t e x p r i m e z la d é c o c t i o n , dont le m a l a d e l a v e r a et d é t e r g e r a s e s u l c è r e s , e t i m b i b e r a m ê m e l e s p l u m a s s e a u x e t le linge. M . L a b o r i e m ' a r a p p o r t é a v o i r guéri u n u l c è r e t r è s s o r d i d e d e l a g r a n d e u r d e la m a i n , situé sur la m a l léole i n t e r n e , l e s t e n d o n s t o u t à d é c o u v e r t , a v e c l e seul s u c r e b r u t , d o n t il s a u p o u d r a i t l'ulcère a p r è s l'avoir bien l a v é . L ' h u i l e d e palma Christi e s t b e a u c o u p e s t i m é e pour l e s ulcères c h a n c r e u x o u le c a n c e r . L e s u c d e k a r a t a s p o u r l e s ulcères s o r d i d e s , e t l'huile de g a y a c p o u r la carie d a s o s , sont d'excellens r e m è d e s .
DE ST.-DOMINGUE. Eau
255
phagédénique.
Faites dissoudre dans une
pinte d'eau
de chaux
du
sublimé corrosif, jusqu'à ce qu'elle prenne une couleur jaunâtre. O u bien u n e d e m i - c u i l l e r é e
d e dissolution d e
mer-
c u r e p a r l'eau forte , d a n s u n e c h o p i n e d'eau d e c h a u x . C e t t e eau p h a g é d é n i q u e suffit s o u v e n t p o u r d é t e r g e r e t guérir l e s u l c è r e s . Onguent
égéptiac.
Prenez des sucs de l'herbe au d i a b l e , de
mal-nom-
m é e , d e c h a c u n u n e c h o p i n e ; d u s u c d e citron et d u g r o s sirop , d e
chacun une pinte ; du vert-de-gris
et
d e l'alun c a l c i n é , d e c h a c u n d e u x g r o s : m ê l e z les s u c s des p l a n t e s ,
et
les
faites c u i r e e n
consistance
d'on-
g u e n t : i n c o r p o r e z e n s u i t e le v e r t - d e - g r i s e t l'alun. Onguent
mondificatif.
P r e n e z d e s s u c s d e liane à M i n g u e t ,
d'herbe à b l é ,
d e l a n g u e s a u v a g e , d u g r o s s i r o p et du t a f i a , d e c h a c u n une pinte ; du savon de V e n i s e , t i r e z le
suc des
u n e l i v r e et d e m i e :
p l a n t e s par le m o y e n d e
l'eau-de-vie,
e t du s u c d ' o r a n g e ; f a i t e s - l e s e n s u i t e c u i r e e n
consis-
tance d'électuaire m o u . Mondificatif Prenez
des
plus
simple
sucs d'orange s a u v a g e , d'herbe
à blé,
d e liane à M i n g u e t et d u t a f i a , d e c h a c u n p a r t i e é g a l e ; du s a v o n , cinq tance
à six o n c e s : f a i t e s - l e s c u i r e e n
consis-
d'onguent.
P l u s i e u r s e m p l o i e n t a v e c s u c c è s , p o u r les v i e u x cères , l'emplâtre divin,
a u q u e l ils a j o u t e n t d u
ul-
vert-
256
P H A R M A C O P É E
d e - g r i s e t d u p r é c i p i t é r o u g e , à la d o s e d e c i n q à six grains. U n e o n c e d e c e t e m p l â t r e , d a n s l e q u e l on i n c o r p o r e deux
g r o s d ' a r s e n i c et
un g r o s de
camphre , est
e x c e l l e n t r e m è d e p o u r d é t e r g e r e t e x t i r p e r les des ulcères phagédéniques et est parvenu , on ôte
un
racines
chancreux. Quand on
y
l'arsenic.
T R A I T É
T R A I T É D E S
P L A N T E S DE
U S U E L L E S
S A I N T - D O M I N G U E .
C H A P I T R E P L A N T E S
II.
P U R G A T I V E S .
Li A N E P U R G A T I V E . Convolvutus aphyllos allissimas arbores scandens tereti, foliis rarissimis, parvis , flore albo minimo. O u appelle dans les îles A n t i l l e s , Liane toute plante q u i g r i m p e . C e t t e plante est fort c o m m u n e dans lés bois. Elle pousse Une tige g r i s e , fort m i n c e , et très-flexible, q u i fie replie par dessus les branches des arbres auxquels elle s ' a t t a c h e , et descendant vers la t e r r e , elle y reprend de nouvelles racines. S e s tiges sont presque n u e s ; ses feuilles sont t r è s - p e t i t e s , semblables à celles d e notre petit liseron ; ses fleurs sont b l a n c h e s , et partent des aisselles des feuilles. O n coupe cette plante en petits morceaux ; on en exprime un suc laiteux q u i , en s e Coagulant, devient noirâtre, et q u i , à la dose d'un scrupule ou d'un demi-gros , purge très-doucement : c e p e n dant il arrive quelquefois q u e , semblable aux autres purgatifs g o m m e u x , il occasionne une superpurgation.O n remédie à cet accident p a r une rôtie au vin. Tome
II.
R
58
2
P H A R M A C O P É E
C o c c i s . O n attribue à cette plante les m ê m e s v e r t u s qu'à l'ipécacuanha. L a c o m p a r a i s o n q u e P i s o n e t M a r c g r a v e font d e l'ipécacuanha a v e c l'herbe P a r i s , p o u r r o i t faire p r é s u m e r q u e le coccis en s e r o i t u n e e s p è c e . S e s feuilles imitent celles d e l'herbe P a r i s , quoiqu'il s o r t e q u e l q u e s fleurs d e s aisselles d e s f e u i l l e s ; elles vienn e n t p o u r l'ordinaire en b o u q u e t au h a u t d e la t i g e . S a r a c i n e a u s u r p l u s étant b l a n c h e , c e t t e plante n e p o u r r o i t ê t r e q u e l'ipécacuanha b l a n c . J ' a i fait attention à une plante que j'ai rencontrée i c i , et qui se rapporte a u g e n r e d e la v i o l e t t e : elle p o u r r o i t bien ê t r e le v é ritable i p é c a c u a n h a d e S a i n t - D o m i n g u e . Viola parvi-flora veronicœ folio non villoso, floribus ex albo-violaceis. C e t t e violette e s t h a u t e d'un p i e d , e t a u n e t i g e droite garnie d e t r è s - p e u d e feuilles. E l l e s sont plus p e t i t e s q u e celles d e la violette o r d i naire. L e p é t a l e i n f é r i e u r , fait en f o r m e d e s p a t u l e , e s t t r è s - g r a n d , e t s e s q u a t r e a u t r e s si p e t i t s , qu'il f a u t e n l e v e r le calice pour l e s bien distinguer. S o n fruit e s t s e m b l a b l e à celui d e la v i o l e t t e c o m m u n e . S a racine e s t b r u n e e t un p e u ridée. G A Y A C C e t a r b r e a non s e u l e m e n t u n e v e r t u s u d o r i f i q u e , m a i s e n c o r e p u r g a t i v e . S e s feuilles p u r g e n t f o r t u t i l e m e n t les n è g r e s . M É D E C I N I E R S ou P I G N O N S D ' I N D E . L a v e r t u p u r g a t i v e d e s pignons d ' I n d e l e s a fait a p p e l e r m é d e ciniers. L e p e t i t m é d e c i n i e r , ainsi n o m m é p a r c e qu'il e s t u n d e s p l u s p e t i t s , est un d o u x purgatif. S e s f e u i l l e s r e l u i s a n t e s r e s s e m b l e n t à celles d u citronnier. O n les m a n g e en s a l a d e , ou bien on en boit la décoction. CHARDON-BÉNI
DE L'AMÉRIQUE.
On
donne
à l ' A r g e m o n e le n o m de c h a r d o n - b é n i d e s i s l e s , c r o y a n t t r o u v e r d a n s s a figure q u e l q u e r e s s e m b l a n c e a v e c
cette
DE
S t . - D O M I N G U E .
plante. O n emploie usages.
On
259
ses feuilles et sa t i g e a u x
mêmes
s e s e r t à la M a r t i n i q u e d e sa g r a i n e p o u r
p u r g e r les
Nègres.
CASSIER ou C A N E F I C I E R , TAMAKIN. C e s d e u x p l a n t e s » si familières d e s effets fluxions
d a n s la p r a t i q u e d ' E u r o p e , o n t
merveilleux
aux îles
d a n s les fièvres c o n t i n u e s et les
d e p o i t r i n e bilieuses. O n n'a point de p l u s s a -
l u t a i r e s r e m è d e s q u e l'eau d e c a s s e a i g u i s é e a v e c q u e sel
digestif,
et q u e l q u e f o i s a v e c
S i le t a m a r i n des îles est m o i n s d u L e v a n t , il n'en
purgatif que
e s t p a s p o u r cela m o i n s
S o n fruit e n décoction
e s t la m e i l l e u r e
u s e r d a n s la m a l a d i e d e S i a m : on e n a v e c la r a c i n e Mémoire
de
citronnier.
des maladies
de
celui
estimable.
d o n t on p u i s s e fait une
tisane
J ' a i m a r q u é dans
Saint-Domingue
la
q u ' o n a d e p r é f é r e r le t a m a r i n , d a n s l e s m a l a d i e s e t la c a s s e d a n s c e l l e s d'hiver. fleurs
quel-
l'émétique.
mon raison d'été,
O n p e u t faire a v e c l e s
d u c a s s i e r un sirop p u r g a t i f a u s s i e x c e l l e n t
que
celui d e r o s e s p â l e s .
P L A N T É S ALKEKENGE
A P E R I T I V E S .
ou H E R B E A C L O Q U E S . L e
coqueret
d e l ' A m é r i q u e n e diffère d e celui d ' E u r o p e q u e par la c o u l e u r j a u n e d e son f r u i t , et p a r s e s follicules vert
rouge.
Celte plante
Domingue , e t
est
très-commune
d'un
à Saint-
a les m ê m e s v e r t u s q u e c e l l e d e F r a n c e .
ARISTOLOCHE LONGUE. L a figure d e s feuilles d e c e t t e a r i s t o l o c h e g r i m p a n t e la fait b i e n t ô t connoitre.
S e s feuilles
représentent
r e m a r q u e r et. r e un fer à c h e v a l ;
et son fruit a t t a c h é p a r un long p é d i c u l e ou p r é s e n t e un e n c e n s o i r .
N0s
filet,
re-
monticules en sont remplis.
R 2 \
260 On
P H A R M A C O P É E fait e n t r e r l ' A r i s t o l o c h e
d a n s la c o m p o s i t i o n
des
tisanes apéritives. LANGUE DE CHAT. S a fleur est à fleurons s e m b l a b l e s à c e u x d e l ' e u p a t o i r e d ' E u r o p e . O n emploie s a r a c i n e d a n s l e s tisanes
apéritives, s u r - t o u t
les
p a s s e aussi pour un d e s p l u s
règles.
Elle
vulnéraires d e l ' A m é r i q u e .
Plusieurs
pour
provoquer grands
m ' o n t dit a v o i r
g u é r i d e s ulcères m a l i n s , en t r e m p a n t un p l u m a s s e a u d a n s le s u c d e s e s f e u i l l e s , e t l ' a p p l i q u a n t s u r la p l a i e . O n s'en sert a u s s i fort u t i l e m e n t d a n s les c a t a p l a s m e s résolutifs, s u r - t o u t p o u r l e m a l d e g o r g e . L e v u l g a i r e a d o n n é à c e t t e p l a n t e le n o m d e l a n g u e
de chat, ses
feuilles p a r a i s s a n t avoir la figure d e la l a n g u e d ' u n c h a t . CALEBASSE. S u i v a n t l'opinion d e n o s h a b i t o n s , c e t t e plante a des vertus toutes divines,
e t elle e s t u n r e -
m è d e universel c o n t r e t o u t e s s o r t e s d e m a l a d i e s . V e u t on
guérir u n e h y d r o p i s i e
ou une diarrhée ?
prenez
d i r a - t - o n , du s u c d e c a l e b a s s e . A - t - o n lieu d e s o u p ç o n n e r un a b c è s d a n s les p a r t i e s i n t e r n e s ? le s u c d e c a l e b a s s e e s t un r e m è d e i n c o m p a r a b l e . C e p e n d a n t , m a l g r é c e divin r e m è d e , on m e u r t tous les j o u r s à S a i n t Domingue
de diarrhée, d'hydropisie
et d'abcès.
Quoi
qu'il en s o i t , on s e r a p e u t - ê t r e bien aise d e c o n n o i t r e ce remède.
O n p r e n d un fruit d e c a l e b a s s e q u i n ' e s t
p a s m û r , o n le fait b o u c a n e r , c ' e s t - à - d i r e
rôtir s u r
l e s c h a r b o n s . O n l ' o u v r e , on p a s s e e t on e x p r i m e l a p u l p e a u t r a v e r s d'un l i n g e , e t o n e n fait b o i r e le j u s c h a u d au m a l a d e . C e t t e liqueur a un g o û t d'une l é g è r e a m e r t u m e . E l l e p u r g e o r d i n a i r e m e n t , m a i s fort p e u , et elle agit le plus s o u v e n t p a r les urines. C ' e s t p o u r q u o i je la p l a c e p a r m i les p l a n t e s a p é r i t i v e s . HERBE A COLLET. C e t t e p l a n t e ne p o u s s e q u e p a r l e s urines. E l l e croit
le long d e s r u i s s e a u x . S a r a c i n e e s t
b l a n c h e , t r è s - divisée
et très - chevelue : sa lige e s t
DE noueuse,
et
S T . - D O M I N G U E .
de
chaque
nœud
partent
261
une
ou
deux
feuilles d e la l a r g e u r d'une m a i n o u v e r t e , r o n d e , s o u t e n u e p a r un p é d i c u l e fort long q u i s'attache
presque
au c e n t r e d e la f e u i l l e ; c e qui lui d o n n e la figure d'un p a r a s o l . E l l e e s t p o u r l'ordinaire h a u t e d e d e u x à t r o i s pieds. Cette
plante est
de l'Amérique. on
un des
O n fait infuser
p l u s forts
diurétiques
s a r a c i n e à froid ,
et
en u s e p o u r b o i s s o n . E l l e fait q u e l q u e f o i s t a n t u r i -
n e r , q u e si on n'en
discontinuoit
l ' u s a g e , on c o u r r o i t
r i s q u e d e t o m b e r d a n s un d i a b è t e s et un
dessèchement
considérable. L A G R I F F E A C H A T . Cette plante est le
lierre
S a i n t - D o m i n g u e . E l l e g r i m p e le l o n g d e s a r b r e s et pierres,
et
elle y
paraît
fortement
attachée
de des
par des
f i l a m e n s q u i s e m b l e n t ê t r e a u t a n t d e r a c i n e s . S a feuille est vert
petite, semblable
à
c e l l e de l a m e n t h e ,
et
d'un
obscur.
L E JONC DE MER. C e j o n c n e diffère p a r c e q u e l'eau s a l é e d o n n e argentée.
Ces deux
u n e tisane qu'on
dernières
emploie
des autres q u e
à s e s feuilles plantes
utilement
une couleur
dominent
d a n s les
dans
chaudes-
p i s s e s . E l l e s s o n t a p é r i t i v e s et r a f r a î c h i s s a n t e s . D ' a u t r e s s e servent pour ces citronnier, quelques
de
uns , des
plante qu'on pèce
de
m a l a d i e s d e s r a c i n e s à c o l l e t , de
mal-nommée racines
et d e v e r v e i n e d'herbe
à blé,
appelle jet sureau , laquelle
saurums,
que
je
ne
blanche et
est une
es-
crois pas avoir été
dé-
crite par Plumier. Elle se trouve à l'embouchure r i v i è r e d a n s l a q u e l l e reflue
:
d'une
la m e r . A i n s i c e t t e
d'une planta
d o i t ê t r e r e g a r d é e c o m m e m a r i t i m e , et p a r c o n s é q u e n t p l u s a p é r i t i v e q u e les a u t r e s e s p è c e s d e c e g e n r e . E l l e est haute
d e d e u x ou trois p i e d s ,
t i g e est n o u e u s e . D e c h a q u e n œ u d l e s , et très - souvent une seule
très - branchue- : s a partent deux
et pointue,
R 3
d'un
feuilvert
262
P H A R M A C O P É E
blanc en d e s s o u s , e t d'un vert g a i en d e s s u s , au s u r p l u s à nervure d e plantain. E l l e s s o n t l o n g u e s d e t r o i s p o u c e s s u r un e t d e m i d e l a r g e . M A Р О Г , F r o m a g e r , Geiba. Quoique P l u m i e r , dans la description du m a p o u , n'en ait r e c o n n u q u e d e u x e s p è c e s , n o s h a b i t a n s en distinguent cinq. L e s d e u x r a p p o r t é e s p a r P l u m i e r , ceiba vilicis foliis , caudice aculeato, ceiba víticis foliis, caudice glabro. L a t r o i s i è m e a p p e l é e m a p o u r o u g e , qui e s t plus e s t i m é e p o u r f a i r e d e s c a n o t s q u e les figuiers d e S a i n t - D o m i n g u e . L a q u a t r i è m e e s t un m a p o u plus r o u g e , q u e les E s p a g n o l s a p p e l l e n t çolorade, e t d e l'écorce moyenne d u q u e l ils font d e s b a m a c s m a g n i f i q u e s . Enfin la c i n q u i è m e , qu'on appelle improprement m a p o u , et quelq u e f o i s b o i s d e fléau p a r r a p p o r t à s a l é g è r e t é . E n f a v e u r d e c e c h a r m a n t e t e x c e l l e n t a r b r e d o n t on e s t à m ê m e d e tirer d e g r a n d s a v a n t a g e s , on v o u d r a b i e n m e p e r m e t t r e u n e p e t i t e digression. C e t a r b r e , q u i attire a v e c raison les r e g a r d s d e t o u s l e s p a s s a n s , e s t un d e s p l u s b e a u x e t d e s p l u s utiles d e l ' A m é r i q u e . L ' a b o n d a n c e e t la g r a n d e u r d e s e s fleurs b l a n c h e s , la singularité d e s e s fruits qui r e p r é s e n t e n t u n e e s p è c e d e c ô n e à a n g l e s saillans , l ' a g r é a b l e o m b r a g e q u e l ' a b o n d a n c e d e s e s feuilles p r o c u r e , s o n t p o u r les v o y a g e u r s t o u t à la fois un s u j e t d ' a d m i r a t i o n e t d e plaisir. L e s s e n s n e sont p a s l e s seuls qui s ' y t r o u v e n t flattés. L e profit qu'on p o u r r o i t tirer d u c o t o n d e c e t a r b r e , n e m é r i t e p a s m o i n s nos attentions. T o u t l e m o n d e a d m i r e la b e a u t é , la finesse, et la bonté d e s c a s t o r s d ' A n g l e t e r r e . O n n e doit attribuer c e s b o n n e s q u a l i t é s q u ' a u d u v e t c o n t e n u d a n s le fruit de cet a r b r e q u e les A n g l o i s e m p l o i e n t d a n s la f a b r i q u e d e c e t t e m a r c h a n d i s e . L e F r a n ç o i s , si i n g é n i e u x d a n s l'invention e t la perfection d e s a r t s , pourroit tirer d e g r a n d s a v a n -
DE
2бЗ
S T . - D O M I N G U E .
t a g e s d e s t r é s o r s q u e r e n f e r m e n t e t p e u v e n t fournir n o s colonies. Cet arbre sert utilement
dans la médecine.
O n fait
entrer dans les tisanes a p é r i t i v e s , sur-tout pour l ' h y d r o p i s i e , les racines d u m a p o u . LIANE A SAVON. L a feuille d e c e t t e p l a n t e r e s s e m b l e p l u s à la feuille d u noisetier q u ' à celle d u liseron. C e t t e liane e s t l i g n e u s e
e t g r i m p a n t e ; elle s ' é l è v e f o r t h a u t
sur l e s a r b r e s v o i s i n s ; elle a u n e é c o r c e g r i s e , u n b o i s b l a n c s p o n g i e u x , a m e r . E l l e e s t fort c o m m u n e d a n s l e s b o i s . O n l ' a p p e l l e liane à s a v o n , p a r c e q u e s o n bois e t s o n é c o r c e f o n t é c u m e r l'eau c o m m e d u s a v o n . O n s e s e r t fort u t i l e m e n t
d e cette plante
pour déterger l e s
ulcères d e s r e i n s , d e la vessie e t d e l'urètre. L ' é c o r c e du g u a z u m a a l a m ê m e
vertu.
SQUINE. d e S a i n t - D o m i n g u e . O n s u b s t i t u e c e t t e p l a n t e à la squine ordinaire. S a racine a la m ê m e HERBE A BLÉ. L e n o m d e c e t t e
figura.
plante
fait c o n -
n o î t r e la r e s s e m b l a n c e q u ' e l l e a a v e c l e b l é . THYM
DE S A V A N E S . L a d o u c e e t l a b e l l e
fleurs e t d e s p e t i t e s feuilles d e c e t t e
couleur d e s
p l a n t e , l'agréable
o d e u r , l e g o û t fin e t a r o m a t i q u e d e t o u t e s s e s p a r t i e s , charment juste
tellement
tous
l e s s e n s , qu'elle
titre d ' ê t r e r e g a r d é e c o m m e
mérite à »
u n e des plus pré-
cieuses et u n e d e s plus
salutaires plantes d e c e t h é -
misphère.
avec
O n l'emploie
gue , pour rétablir les forces pour un excellent béchique. estimée est
succès
à
Saint-Domin-
d e s malades. Elle Elle
passe
e s t particulièrement,
p o u r r e d o n n e r à l a l y m p h e l a fluidité d o n t e l l e
dépourvue,
e t par conséquent
préférée
dans les
embarras et obstructions des glandes lymphatiques. Elle c r o î t d a n s l e s t e r r e s stériles e t s a b l o n n e u s e s . S e s p e t i t e s tiges
ont beaucoup
Elles partent d'une
d e rapport racine
avec
celles
du t h y m .
très-fibreuse, et s'élèvent
R 4
264
P H A R M A C O P É E
p o u r l ' o r d i n a i r e à la h a u t e u r d ' u n p i e d . sont oblongues,
cannelées , dentelées
S e s feuilles
s u r leurs b o r d s ,
a r g e n t é e s e n d e s s o u s , d'un v e r t g a i e n d e s s u s , l o n g u e s de quatre à
cinq
l i g n e s , l a r g e s d e trois. E l l e s i m i t e n t
b e a u c o u p celles du c h a m a e d r i s . L e s fleurs n a i s s e n t d e s aisselles d e s feuilles;
elles o n t la g r a n d e u r , l a c o u l e u r
e t la figure d e celles d e l a p e t i t e c e n t a u r é e ; elles s o n t m o n o p é t a l e s , c ' e s t - à - d i r e d'une s e u l e p i è c e , d'entonnoir
ou d e t u y a u ,
paraissent doubles. lées intimement
en f o r m e
c o m p o s é e s d e façon
qu'elles
On apperçoit deux membranes col-
e n s e m b l e v e r s leur b a s e , e t s é p a r é e s
v e r s le m i l i e u . L ' e x t é r i e u r e e s t d e n t e l é e ; l'interne p l u s d é l i é e o u fine et
plus h a u t e , elle d é b o r d e l ' a u t r e . L e
pistil s ' é l è v e d'un calice c o m p o s é d e d e u x p e t i t e s f e u i l l e s : il p e r c e la f l e u r , e t d e v i e n t p a r s a b a s e u n fruit
ou
c a p s u l e p e t i t e , p o i n t u e , qui s ' o u v r e e n d e u x p a r t i e s é g a l e s , et renferme quatre à cinq semences
rondes , roussâ-
tres , et attachées au centre. L ' o d e u r de cette plante m ' a p a r u fort s e m b l a b l e à celle d e la santoline. E l l e
fleurit
p r e s q u e toute l'année. B o i s DE COUILLE. C e t a r b r i s s e a u c r o i t d a n s l e s marais; salés. Sa longue
silique r e s s e m b l e à n o s h a r i c o t s . O n
s e s e r t d e s a r a c i n e dans l e s m a l a d i e s v é n é r i e n n e s
pour
purifier l e s p a r t i e s d u v i r u s v é r o l i q u e . O n m e t c e t t e r a c i n e en p o u d r e , e t o n e n fait d e s p i l u l e s , ou o n l a f a i t bouillir , e t on e n boit la d é c o c t i o n . C e r e m è d e a d e t r è s - b o n s e f f e t s ; m a i s q u e l q u e f o i s il pallie p l u t ô t l e m a l qu'il n e le g u é r i t ; e t a p r è s
s'en ê t r e s e r v i , o u
e s t b i e n t ô t obligé d e v o i r r e c o u r s au m e r c u r e . LA vertus
SCOLOPENDRE d e S a i n t - D o m i n g u e
a les
mêmes
q u e celle d e F r a n c e . O n e n fait ici b e a u c o u p
d e c a s p o u r r é s o u d r e l e s o b s t r u c t i o n s d e la r a t e , l a d i e très-commune aux îles.
ma-
DE
ST.-DOMNGUE.
P L A N T E S
265
H Y S T É R I Q U E S .
MÉLISSE
PUANTE. C e t t e m é l i s s e e s t c o n n u e à S a i n t -
Domingue
s o u s le n o m d e V é r o n i q u e ; c e p e n d a n t e l l e
n'en
a ni l ' a p p a r e n c e ni la fleur : elle i m i t e p l u t ô t
menthe
des jardins.
S o n o d e u r la fait b i e n t ô t
la
distin-
guer. CHARDON ÉTOILE PUANT. C e c h a r d o n e s t p e t i t , r a m p a n t e t t r è s - p i q u a n t . S o n o d e u r e s t t r è s - f o r t e et t r è s puante.
O n le t r o u v e
ordinairement dans les savanes
ou prairies. L E POIS P U A N T . C ' e s t un r e m è d e t r è s - e f f i c a c e les v a p e u r s , l o r s q u ' o n le p r e n d en f o r m e
pour
de café. S e s
feuilles p a s s e n t p o u r ê t r e t r è s - r é s o l u t i v e s , e t s a r a c i n e passe pour être LIANE
très-apéritive.
A CALEÇON. C e t t e p l a n t e e s t t r è s - e s t i m é e p o u r
r a p p e l e r l e s r è g l e s et l e s v i d a n g e s s u p p r i m é e s . AVOCATIER. L e n o m français de cet arbre paroît d é river de son remède
nom
universel
karaïbe aoüacate. C e t arbre des
Nègres
est
dans les maladies
le des
f e m m e s . O n s'en s e r t a v e c s u c c è s c o m m e d'un e x c e l l e n t apéritif.
O n s'en
les maladies
de
sert aussi en qualité de béchique dans poitrine.
L e s u c q u ' o n t i r e d e la s e m e n c e d e l ' a v o c a t i e r d o n n e une teinture jaune ineffaçable. sur des
serviettes, qui
J ' e n ai vu d e s m a r q u e s
n'ont p u être effacées
par la
lessive.
P L A N T E S
P E C T O R A L E S .
C E T T E classe e s t t r è s - p e u n o m b r e u s e , à m o i n s d e r a p peler j en qualité de béchique , plusieurs espèces de celles
PHARMACOPÉE
266
q u e n o u s a v o n s m i s e s au r a n g des a p é r i t i v e s , c o m m e l'avocatier , la l a n g u e d e c h a t , et plusieurs a u t r e s q u e n o u s faisons q u e l q u e f o i s e n t r e r d a n s les t i s a n e s p e c t o r a les. T o u t e s les espèces de franchipanier décrites par P l u m i e r , s o n t fort r e c h e r c h é e s p o u r les m a l a d i e s
de poi-
t r i n e ; on n'en e m p l o i e q u e la fleur , q u i é t a n t n o u r r i e d'un s u c t r è s - o n c t u e u x
et a r o m a t i q u e , e s t p r o p r e p o u r
é p a i s s i r et faire e x p e c t o r e r u n e l y m p h e t r o p a c r e et t r o p limpide. L'IMMORTEL , o u le
Bois
IMMORTEL.
On
a
donné
l e n o m d ' i m m o r t e l à c e t a r b r e , p a r c e qu'il vient p r o m p tement,
et qu'il d u r e l o n g - t e m p s . I l e s t d e la g r a n d e u r
d'un o r a n g e r , f o r m a n t p a r son s o m m e t un buisson t r è s touffu. L e s fleurs n a i s s e n t
avant
les
feuilles , et
sont
d ' u n e c o u l e u r t r è s - r o u g e . O n en fait un sirop t r è s - e x c e l l e n t p o u r la poitrine. L A RÉGLISSE d e S a i n t - D o m i n g u e et
est connue
de
tout
le
est
monde.
très-commune,
Elle
r é g l i s s e d ' E u r o p e , et elle doit m ê m e y p a r c e q u ' e l l e est f o r t d o u c e ,
et
supplée
à
la
être préférée ,
ne participe d'aucune
acrimonie. GOMBO. C e t t e e s p è c e d e k e t m i a est
d'un grand s e -
c o u r s d a n s la p r a t i q u e ; , elle t i e n t lieu d ' a l t é h a , d e g u i m a u v e , d a n s les m a l a d i e s d e p o i t r i n e , d a n s le de
g r a n d e c o n s o u d e , et enfin d a n s les
d e glutineux
et d'onctueux.
Je
n'ai
dévoiement,
fièvres
point
lentes,
trouvé
de
r e m è d e p l u s efficace ni p l u s n o u r r i s s a n t , p o u r r é t a b l i r l e s f o r c e s é p u i s é e s , q u e les fruits d e c e t t e p l a n t e c o u p é s par
petits m o r c e a u x ,
p r é p a r é s à la
pois , a v e c la laitue , là d'œuf,
chicorée
et un p e u d e c a n e l l e .
Ce
sauce des
petits
b l a n c h e , un
jaune
ragoût
e s t non s e u -
l e m e n t un r e m è d e s a l u t a i r e , m a i s a u s s i un a l i m e n t t r è s -
DE
ST.-
D O M I N G U E .
267
AGRÉABLE. J'EN FAIS QUELQUEFOIS BOUILLIR DANS LE LAIT, ET USER SOIR ET MATIN. CAPILLAIRE. IL Y A AUX ÎLES UNE ESPÈCE DE CAPILLAIRE SEMBLABLE À CELUI DE CANADA , ET DONT ON SE SERT à SON DÉFAUT. L A CANNE DE SUCRE ENTRE DANS LA PLUPART DE NOS TISANES PECTORALES ; ELLE AIDE BEAUCOUP À L'EXPECTORATION. L E BASILIC EST UNE PLANTE NATURELLE-AUX ÎLES. ON LE TROUVE DANS LES LIEUX SABLONNEUX ET INCULTES. ON EN FAIT ICI BEAUCOUP DE CAS PARMI LES AROMATIQUES ET POUR LES TISANES BÉCHIQUES.
P L A N T E S
V E R M I F U G E S .
ABSYNTHIOIDES. Caulescens
tenui-folium,
flore
luteo.
CETTE PLANTE M'A PARU NOUVELLE ET N'AVOIR POINT ENCORE ÉTÉ DÉCRITE : ELLE A BEAUCOUP DE RAPPORT AVEC L'ABSYNTHE D'EUROPE; LA FIGURE DES FEUILLES, L'ODEUR, LA COULEUR, LE GOÛT ET LES FLEURS, LA FERAIENT PRENDRE POUR DE L'ABSYNTHE, SI ELLE N'EN DIFFÉROIT PAS PAR LE CALICE QUI EST D'UNE SEULE PIÈCE COMME EN ENTONNOIR , SANS ÉCAILLES ET TRÈS-UNI, ET PAR LA COULEUR JAUNE DE SES FLEURS. TOUTE LA PLANTE a AUSSI UN GOÛT PLUS PIQUANT ET MOINS AMER, UNE ODEUR PLUS AROMATIQUE ET PLUS AGRÉABLE ; ELLE A DES FLEURS ET DES FRUITS AU MOIS DE JUILLET. ON SE SERT DE CETTE PLANTE AU DÉFAUT D'ABSYNTHE. OLDENLANDIA. Hyssopi-folia. CETTE PLANTE IMITE PARFAITEMENT L'HYSSOPE. LE R . P . PLUMIER, QUI EN a FAIT u n NOUVEAU GENRE, AURAIT PU LA RAPPORTER à CELUI DE LA Lysimachia. SAFLEUREST MONOPÉTALE EN FORME DE RAYON , DONT LE PISTIL DEVIENT UN PETIT FRUIT OU COQUE RONDE QUI SE PARTAGE EN DEUX CAPSULES REMPLIES DE PETITES SE-
268
P H A R M A
C
OPÉE
m e n é e s t r è s - f i n e s ; c e qui m e fait c r o i r e q u ' o n p o u r r o i t la n o m m e r Lysimachia
hyssopi-folia
, flore
ex albo
pur-
pureo. O n e m p l o i e c e t t e p l a n t e en la p l a c e d e p o n d r e à v e r s , e t on s'en s e r t aussi en
qualité d e r é s o l u t i v e , d a n s les
cataplasmes. Elle est particulièrement r e c o m m a n d é e chez les E s p a g n o l s pour l'obstruction d e la rate. L I A N E A VERS. C e t t e
liane,
fort c o m m u n e
dans les
b o i s d e S a i n t - D o m i n g u e , g r i m p e le long d e s p l u s h a u t s a r b r e s . S e s t i g e s s o n t f l e x i b l e s , d e la g r o s s e u r d u d o i g t , d e c o u l e u r v e r t e , r e v ê t u e d e p e u d e feuilles , c h a r n u e s , d e l a l o n g u e u r e t d e la S a fleur r e s s e m b l e
à c e l l e d e nos
petites,
largeur du lis ,
et
pouce.
e l l e en a
l ' o d e u r . O n c o u p e la t i g e d e c e t t e p l a n t e ; il e n d i s t i l l e u n s u c b l a n c h â t r e un p e u a c i d e , d o n t on fait p r e n d r e u n e d e m i - c u i l l e r é e a u m a l a d e , o u bien on en fait b o i t e la décoction.
O n a r a i s o n d ' e s t i m e r c e r e m è d e . J e l'ai
v u p l u s i e u r s fois r é u s s i r d a n s d e s o c c a s i o n s o ù l e s a u t r e s V e r m i f u g e s n e f a i s o i e n t rien.
P L A N T E S
V U L N É R A I R E S .
L A N G U E DE C H A T . J ' a i déjà fait m e n t i o n d e c e t t e p l a n t e d a n s la
classe des apéritives.
Elle est fort
employée
d a n s les lotions v u l n é r a i r e s , e t s u r - t o u t e l l e est mandée
p o u r les
HERBE A CHIQUES. C e t t e p l a n t e moire
recom-
ulcères.
d e l'illustre Pitton
î l e s herbe à chiques;
à la m é -
ou p a r la r e s s e m b l a n c e du fruit d e
c e t a r b r i s s e a u a v e c l'insecte q u e s e s feuilles p i l é e s
consacrée
T o u r n e f o r t , est appelée aux qui p o r t e c e n o m , ou p a r c e
sont propres à guérir ceux
qui
en sont i n c o m m o d é s . C e t t e p l a n t e a le p o r t d e la v i o r n e ,
S
DE
et
T. -
D
269
O M I N G U E.
e l l e n'en diffère q u e p a r le c a r a c t è r e d e s e s f l e u r s
et de ses fruits. LIANE
A CŒUR. C e t t e h e r b e g r i m p e à la façon d e s
liserons ; la figure nom
de
ses
feuilles
lui fait
donner
la
d e liane à c œ u r . S a feuille e s t d'un v e r t g a i , e t
e s t t r è s - t e n d r e ; s a fleur e s t p e t i t e , v e r d â t r e , en r o s e , et r é p a n d u e en
q u a n t i t é le long d e la t i g e . D e s
em-
brions qui n a i s s e n t d a n s d ' a u t r e s p a r t i e s , f o r m e n t baie m o l l e , r o n d e ,
une
qui c o n t i e n t u n e s e m e n c e r i d é e . L a
liane à c œ u r p a s s e p o u r un
des grands
vulnéraires
de
Saint-Domingue. On la m e t
d a n s t o u t e s les lotions
et
onguens
destinés à
cet usage.
LIANE A MINGUET. C e t t e v i g n e
p o r t e le n o m de s o n
protecteur. M i n g u e t , ancien habitant de S t . - D o m i n g u e , s'étant a p p l i q u é sur la plantes , quoique sieurs
connoissances
transmises à
fin
de
dépourvu sur
sa vie
de
la v e r t u
la p o s t é r i t é p a r
à
connoître
principes, acquit des
les plu-
s i m p l e s qu'il a
un m a n u s c r i t a s s e z m a l
r é d i g é . C e t t e liane é t o i t s o n v u l n é r a i r e u n i v e r s e l . c r o î t d a n s les lieux h u m i d e s , et elle i m i t e
Elle
parfaitement
p a r sa g r a n d e u r e t p a r s e s feuilles le tamnus ; s e s feuilles et
s e s fruits la font
son
r a n g e r d a n s la c l a s s e des v i g n e s ;
fruit e s t g r o s c o m m e
un
p o i s , un p e u a c r e , noir ,
et il r e n f e r m e d e u x ou t r o i s p e t i t e s s e m e n c e s r i d é e s o u bosselées. C e t t e plante est
e n c o r e a u j o u r d ' h u i fort e s -
timée. LE
SUCRIER de, m o n t a g n e ,
ou
bois
à cochon.
Cet
a r b r e croît fort h a u t , e t p o u s s e un j e t qui a q u e l q u e fois plus d e q u a r a n t e p i e d s de h a u t . S o n t r o n c p a r v i e n t j u s q u ' à la g r o s s e u r d e q u a t r e ou c i n q p i e d s de férence. conde,
Sa première
e c o r c e est g r i s e et u n i e ;
circonla s e -
r o u g e et é p a i s s e d'un t r a v e r s d e doigt : l'aubier
et le c œ u r sont r o u g e â t r e s , fort s o l i d e s . O n p r é f è r e cet. a r b r e à t o u s les a u t r e s p o u r faire d e s b a r r i q u e s à s u c r e
270
P H A R M A C O P É E
I l s e p a r t a g e e n plusieurs b r a n c h e s , e t a d e s feuilles u n p e u plus l o n g u e s e t plus larges q u e celles du t é r é b i n t h e ; elles s o n t plus p o i n t u e s , d ' u n v e r t p l u s f o n c é ; e l l e s s o n t r a n g é e s p a r p a i r e s le long d'une c ô t e , et f o r t é l o i g n é e s les unes d e s a u t r e s . I l y e n a u n e qui f e r m e l'extrémité.
S o n fruit v i e n t e n g r a p p e ; il a c q u i e r t l a
g r o s s e u r d ' u n e m o y e n n e noix à trois f a c e s , d e la d'un cœur ; l'enveloppe
figure
est c h a r n u e , verte , assez c o -
r i a c e , e t r e n f e r m e trois n o y a u x o b l o n g s q u i c o n t i e n n e n t une a m a n d e de la m ê m e O n e n tire u n e huile
fine,
figure,
amère,
et
huileuse.
a r o m a t i q u e , qu'on
estime
b e a u c o u p pour l e s m a l a d i e s d e la p o i t r i n e . P a r l e s i n c i sions q u ' o n fait à l ' é c o r c e un s u c g o m m e u x
d e c e t a r b r e , il e n
distille
e t r o u g e â t r e q u i , liquéfié p a r la c h a -
leur , ne reprend plus
d e consistance. L'odeur en e s t
f o r t e e t a r o m a t i q u e , s a n s d'ailleurs ê t r e d é s a g r é a b l e . O n c r o i t qu'on e n doit la d é c o u v e r t e
aux cochons m a r o n s ,
q u i , b l e s s é s p a r l e s c h a s s e u r s , t i r a i e n t , en i n c i s a n t a v e c l e u r s d é f e n s e s l ' é c o r c e d e cet a r b r e , l e s u c g o m m e u x d o n t ils frottoient leurs b l e s s u r e s . C ' e s t c e qui fait e n c o r e appeler aujourd'hui cet arbre bois à cochon. Quoi en s o i t ,
ce b a u m e est très-estimable, et mérite
qu'il fort
d ' ê t r e r e c h e r c h é . J ' e n ai v u d e s effets m e r v e i l l e u x p o u r la c u r e d e s p l a i e s d e s u l c è r e s . E n t r ' a u t r e s u n p è r e C o r d e l i e r , a u m ô n i e r d u n a v i r e , avoit un a b c è s sur la p a r t i e m o y e n n e d e la c r ê t e d u tibia,
d e la g r o s s e u r d'un b o n
o e u f , j e l e fis o u v r i r , e t il e n sortit b e a u c o u p d e p u s : on
injecta d u vin t i è d e ;
o n a p p l i q u a un p l u m a s s e a u
t r e m p é d a n s n o t r e b a u m e , et u n e c o m p r e s s e
expulsive
de chaque côté. On ne continua ce pansement q u e cinq à six j o u r s ; a u b o u t d e huit j o u r s la plaie f u t p a r f a i t e ment
guérie.
B o i s MARIE. C e t a r b r e e s t un d e s p l u s b e a u x d e l ' A m é r i q u e ; il p o u s s e u n e tige d e plus d e v i n g t p i e d s d e h a u t . Son écorce est b r u n e , et en couvre une autre v e r d â t r e ;
D E
S T. - D O M I N G U E .
271
l'aubier e t l e c œ u r s o n t r o u g e â t r e s ; s e s f e u i l l e s ,
de la
figure d e c e l l e s d u c i t r o n n i e r , m a i s d'un v e r t p l u s o b s c u r , s o n t a b o n d a n t e s ; sa fleur e s t p e t i t e , b l a n c h e , e n r o s e ; son fruit e s t r o n d , c h a r n u , d e l a g r o s s e u r d'une c e r i s e , dans
lequel e s t r e n f e r m é
un n o y a u q u i c o n t i e n t u n e
a m a n d e d e l a m ê m e figure. P a r l e s incisions q u ' o n à c e t a r b r e , il e n distille un s u c g o m m e u x
fait
verdâtre, qui
s'épaissit et devient d'un vert très-foncé. L e s Espagnols e n font u n si g r a n d c a s , qu'ils l'ont a p p e l é del Maria
Balsamwn
, e t ils l e p r é f è r e n t a u b a u m e d u P é r o u , e t à
celui d e c o p a h u . HERBE AU CHARPENTIER. C e t t e p l a n t e r e s s e m b l e à la m o r e l l e ; elle croît le l o n g d e s h a i e s , e t p o r t e a u s o m m e t de ses branches une grappe formée d e quantité de p e tites b a i e s r o u g e â t r e s d e la g r o s s e u r d ' u n p e t i t p o i s . O n s'en s e r t a v e c s u c c è s d a n s l e s c a t a p l a s m e s r é s o l u t i f s .
P L A N T E S IL
D É T E R S I V E S .
faut rappeler à cette classe la plupart des g o m m e s
d o n t j ' a i p a r l é , s u r - t o u t celle d u b o i s - m a r i é , e t d u s u crier. L ' h e r b e à b l é y doit aussi y avoir p l a c e . O n la fait entrer d a n s la composition des onguens détersifs. HERBE AU DIABLE. C e n o m r e d o u t a b l e fait c o n n o î t r e quelle
p e u t ê t r e la f o r c e d e c e t t e
p l a n t e ; elle e s t
fort
c o m m u n e d a n s l e s h a i e s . E l l e croît à l ' a p p u i d e s c i t r o n niers e t d e s o r a n g e r s ; s e s feuilles o n t la figure d e c e l l e s d u j a s m i n a r a b i q u e ; s e s fleurs v i e n n e n t en p y r a m i d e a u h a u t d e s b r a n c h e s ; elles s o n t b l a n c h e s e t e n f e r m é e s p a r leur b a s e d a n s un c a l i c e c y l i n d r i q u e , q u i e s t h é r i s s é d e quantité
de petites
t o m b é e , l e pistil
pointes glutineuses. devient
La
fleur
étant
u n fruit m o u , r e m p l i
de
272
P H A R M A C O P É E
deux
semences.
C e j a s m i n est
différent
des
autres,
e n c e q u e s o n fruit s e f o r m e , et r e s t e e n f e r m é d a n s l a calice. L a v e r t u d e c e t t e p l a n t e e s t si a c t i v e , q u ' o n n e l a i s s e l ' o n g u e n t d a n s l e q u e l elle e n t r e q u e d e u x ou trois heuress u r la p l a i e . C e t e m p s suffit p o u r e n l e v e r et
consumer
l e s c h a i r s b a v e u s e s d'un u l c è r e . O n lui a s s o c i e o r d i n a i r e m e n t l ' h e r b e à blé et l a s u i v a n t e . L A MAL-NOMMÉE. C e t t e p l a n t e e s t si c o m m u n e e t
si
t r i v i a l e , qu'il n'y a p o i n t d ' e n f a n t qui n e la c o n n o i s s e . L I A N E A MINGUET. J ' a i d é j à p a r l é d e c e s d e u x d e r n i è r e s p l a n t e s . O n les m a r i e p o u r l'ordinaire a v e c l ' h e r b e d u d i a b l e , l ' h e r b e à b l é et fa m a l - n o m m é e .
O n y joint l e
j u s d e citron , q u ' o n sale a v e c le sel m a r i n , et d e c e t t e e x c e l l e n t e d é c o c t i o n on fait un o n g u e n t d é t e r s i f d e s p l u s forts.
P L A N T E S
R É S O L U T I V E S .
O U T R E les p l a n t e s d é t e r s i v e s , e t q u e l q u e s p l a n t e s a p é r i t i v e s , d o n t j'ai p a r l é c i - d e s s u s , e t q u ' o n fait e n t r e r d a n s l e s c a t a p l a s m e s r é s o l u t i f s , les p l a n t e s s u i v a n t e s
méritent
particulièrement d'être appelées résolutives. MANIOC. L e m a n i o c , fraîchement râpé , est un résos o l u t i f p u i s s a n t ; e x p r i m é e t joint a v e c le l a i t , un m a t u r a t i f fort u s i t é . Nous
a v o n s ici u n e
m o r e l l e fort s e m b l a b l e à
celle
d ' E u r o p e , et qui a les m ê m e s v e r t u s . T o u t e s l e s e s p è c e s d e m é d e c i n i e r s s o n t le r e m è d e o r dinaire d e s n è g r e s . L E POIS PUANT e n t r e a u s s i d a n s l e s c a t a p l a s m e s , et e s t p a r t i c u l i è r e m e n t r e c o m m a n d é p o u r la m i g r a i n e . L'HERBE
DE
S T . - D O M I N G U E . 273
L'HERBE A DARTRES. L e n o m d e c e cassier m a r q u e s a v e r t u . C e t t e p l a n t e p e u t ê t r e m i s e au r a n g des p l u s b e l l e s d e l ' A m é r i q u e ; elle c r o î t fort h a u t , et paroît l i g n e u s e ; s e s feuilles r e s s e m b l e n t à celle d u n o y e r ,
et s o n t
d'un
v e r t n o i r ; le h a u t d e s e s t i g e s f o r m e u n e p y r a m i d e d e f l e u r s j a u n e s e n t a s s é e s les u n e s sur les a u t r e s ,
longue
d ' u n d e m i - p i e d . A u x fleurs s u c c è d e n t des g o u s s e s l o n g u e s d ' u n d o i g t , ailées ou g a r n i e s a u x q u a t r e coins d'aîlerons q u i r e p r é s e n t e n t u n m o u l i n e t ; s e s fleurs sont t r è s - r e c h e r c h é e s p o u r les d a r t r e s . O n en fait un o n g u e n t q u ' o n
dit
ê t r e m e r v e i l l e u x pour c e t t e m a l a d i e . VERVEINE PUANTE. V E R V E I N E BLEUE. VERVEINE BLANCHE. O n a n o m m é c e s trois p l a n t e s v e r v e i n e s trouver
d a n s leur
figure
ayant
cru
q u e l q u e r e s s e m b l a n c e a v e c la
v e r v e i n e d ' E u r o p e . E l l e s s o n t fort c o m m u n e s e t c o n n u e s d e t o u t le m o n d e . ABSYNTHE BATARDE , ainsi n o m m é e à c a u s e d e s a r e s semblance avec l'absynthe d'Europe. Elle est t r è s - c o m m u n e , e t on la r e n c o n t r e p a r - t o u t s o u s les p i e d s . C e s q u a t r e p l a n t e s , bouillies d a n s d u vin ou d a n s d e l ' e a u , e t a p p l i q u é e s en c a t a p l a s m e s , s o n t le m e i l l e u r r é s o l u t i f que
nous
puissions prescrire dans
les
tumeurs ,
les
fluxions et r h u m a t i s m e s . L ' I N D I G O est un e x c e l l e n t r é s o l u t i f , e t il e s t efficace il est
d a n s les
un d e s p l u s p u i s s a n s d e
d e fébrifuge ; son
sel
fixe
l'Amérique en
é q u i v a u t à celui d e
synthe.
Tome
II.
sur-tout
é r é s i p è l e s en q u a l i t é d e sudorifiques ;
S
qualité l'ab-
274
P
P L A N T E S
H A R M A C O
PÉE
R A F R A I C H I S S A N T E S
E T
É M O L L I E N T E S . N o u s a v o n s u n e e s p è c e d e m e l o n d e la g r o s s e u r d'une m o y e n n e citrouille ; l'écorce en e s t v e r t e , la chair o u l a p u l p e e n e s t r o u g e , t r è s - r e m p l i e d'un s u c o u e a u i n s i p i d e , d'où on l'a a p p e l é m e l o n d ' e a u . I l e s t d'un g r a n d s e c o u r s p o u r c a l m e r l'ardeur d e s fièvres. O n p e r m e t a u m a l a d e d'en sucer la p u l p e , e t on s'en s e r t dans les l a v e m e n s . OSEILLE d e G u i n é e . I l y a à S a i n t - D o m i n g u e d e u x e s p è c e s d'oseille d e G u i n é e ; l'une dont la t i g e , les feuilles e t les fleurs s o n t r o u g e s ; e t l'autre d o n t les fleurs e t l e s Fruits s o n t blancs. C e s p l a n t e s sont d e la classe d e s m a l v a c é e s . O n en fait d e s g e l é e s e t c o m p o t e s f o r t r a g o û t a n t e s et rafraîchissantes. CERISIER d e S a i n t - D o m i n g u e . C e t a r b r e r e s s e m b l e au g r e n a d i e r : s o n fruit i m i t e p a r f a i t e m e n t la c e r i s e , il c o n t i e n t trois s e m e n c e s ailées ; c e q u i le r e n d différent d e l a c e r i s e . O n e n fait u n e c o m p o t e a g r é a b l e , e t qui rafraîchit beaucoup. EPINARDS d e S a i n t - D o m i n g u e . C e t t e plante n'est d i s t i n g u é e d u v é r i t a b l e é p i n a r d q u e p a r le c a r a c t è r e d e s e s rieurs e t d e s e s fruits. E l l e e n a t o u t e l ' a p p a r e n c e e t l e g o û t . O n l a t r o u v e m ê m e plus s a v o u r e u s e q u e les é p i n a r d s d e F r a n c e . N o u s en m e t t o n s d a n s les l a v e m e n s
émolliens
et les bouillons rafraîchissans. LA RAQUETTE e s t le m e i l l e u r é m o l l i e n t q u e n o u s a y o n s p o u r ramollir e t faire s u p p u r e r u n e t u m e u r . O n fait r ô t i r u n e feuille d e r a q u e t t e , on la pile dans d u l a i t , l ' a p p l i q u e s u r la p a r t i e m a l a d e ; on y joint
et o n
quelquefois
d e la farine d e m a n i o c e t les é p i n a r d s . J e fais s o u v e n t m ê l e r d e la c a s s e a v e c la r a q u e t t e e t le m a n i o c ; c ' e s t l a meilleur m a t u r a t i f d o n t o n p u i s s e se s e r v i r .
DE
ST.-
P L A N T E S
D O M I N G U E .
275
A S T R I N G E N T E S .
C O M M E u n g r a n d n o m b r e d ' h a b i t a n s m e u r t d e diarr h é e s , il n'y a p e r s o n n e qui n'invente un r e m è d e . Si o n e n croit le p u b l i c , c e t t e c l a s s e s e r a i t la p l u s n o m b r e u s e ; m a i s j e n e citerai ici
que
les
plantes
qui
me
sont
connues. RAISINIER. P l u m i e r a décrit d a n s son H i s t o i r e
géné-
r a l e des P l a n t e s d e l ' A m é r i q u e , q u i n ' e s t point e n c o r e i m p r i m é e , d e u x e s p è c e s d e raisiniers , qui ne
diffèrent
q u e p a r la g r a n d e u r d e leurs feuilles. C o m m e il n'a p o i n t r e n c o n t r é c e s a r b r e s en f l e u r , il n e n o u s en a point laissé le c a r a c t è r e . C ' e s t p o u r y s u p p l é e r q u e j e c i t e de n o u v e a u c e g e n r e , et
d'autant plus
l ' e m p l o y o n s fort u t i l e m e n t tortueuse,
d o n t le
e s t un p e u a c r e ,
volontiers,
q u e nous;
d a n s la m é d e c i n e .
goût est d'une légère
Sa racine
amertume,
sans être absolument dégoûtante.
On
l ' e m p l o i e u t i l e m e n t d a n s t o u t e s nos t i s a n e s a s t r i n g e n t e s . L a fleur d e c e t a r b r e e s t à é t a m i n e s , o u , si l'on v e u t , m o n o p é t a l e , en forme
d'entonnoir,
lequel
n'est c o m -
p o s é q u e de plusieurs p e t i t e s é t a m i n e s r a n g é e s a u t o u r d u p i s t i l , et unies e n s e m b l e ,
d e façon q u ' e l l e s
représen-
t e n t un p e t i t c ô n e c o u p é et d e n t e l é . E l l e s sont p e t i t e s , h a n t e s , e t l a r g e s t o u t au p l u s d e trois l i g n e s , e t a r r a n g é e s en g r a p p e . L e r a m e a u q u i f o r m e la g r a p p e a
plus
d'un d e m i - p i e d d e l o n g . L e pistil q u i e s t c o u r o n n é
de
p e t i t e s p o i n t e s , d e v i e n t , c o n j o i n t e m e n t a v e c le calice , u n fruit ou
une baie m o l l e ,
succulente,
d'une
figure
r o n d e , un p e u p o i n t u e , q u i r e n f e r m e un n o y a u c a n n e l é , o v a l e , et p o i n t u , d a n s l e q u e l
on t r o u v e u n e s e m e n c e
d e la m ê m e f o r m e . C e t t e b a i e a la g r o s s e u r d'un r a i s i n ordinaire ; ce raisinier.
qui a fait d o n n e r à l ' a r b r e le
S e s feuilles
sont rondes , c o r i a c e s ,
S
A
nom
de
attachées
276
P H A R M A C O P É E
a u x b r a n c h e s p a r un c o u r t p é d i c u l e p a r r a p p o r t à leur c o n s i s t a n c e , et leur g r a n d e u r . E l l e s t e n o i e n t lieu d ' a s siette aux K a r a i b e s ,
et aux F l i b u s t i e r s . C e t a r b r e c r o î t
s u r le r i v a g e d e la m e r ; s e s fruits sont t r è s - r e c h e r c h é s p a r les LE
habitans. G O Y A V I E R . NOUS d e v o n s r e g a r d e r le
comme
le néflier
de
i c i , et a beaucoup de fruit, couronné, n è f l e , est
la F r a n c e . I l e s t
goyavier commun
rapport avec cet arbrisseau. Son
et j a u n e , de la m ê m e
rempli
aussi
de semences
ou
g r o s s e u r q u e la
petits osselets.
La
p u l p e d a n s l a q u e l l e ils s o n t r e n f e r m é s , a un g o û t un p e u m u s q u é , qui n ' e s t a g r é a b l e q u ' a u x C r é o l e s ; on e n f a i t une c o m p o t e qui e s t a s s e z r a g o û t a n t e ; s a r a c i n e e n t r e d a n s les t i s a n e s a s t r i n g e n t e s . ICAQUIER. C e t a r b r e a b e a u c o u p d'air du poirier. O n l e c u l t i v e p o u r l'ordinaire d a n s les j a r d i n s . S o n fruit e s t f o r t d u g o û t de n o s h a b i t a n s : q u a n d il e s t p e l é , on le p r e n droit
pour u n e
p ê c h e m o l l e e t t r o p m û r e ; on
l'avale
c o m m e un j a u n e d'œuf. L a r a c i n e d e l'icaquier e s t estim é e , et fort a s t r i n g e n t e . MONBIN. O n n e p e u t m i e u x c o m p a r e r le m o n b i n q u ' a u f r ê n e d ' E u r o p e ; il a le m ê m e a s p e c t ; m a i s sa fleur et son fruit e n é t a n t t r è s - d i f f é r e n s , o b l i g e n t d'en faire un g e n r e p a r t i c u l i e r . T o u t e s les p a r t i e s d e c e t a r b r e sont a s t r i n g e n t e s . O n fait a v e c sont fruit u n e c o m p o t e f o r t a g r é a b l e . O n p r é f è r e s o n é c o c e p o u r les t i s a n e . L ' é c o r c e d e s u c r i e r est a u s s i d e c e t t e c l a s s e . BRESILIET BATARD. L e R . P . P l u m i e r a c o n s e r v é à c e t a r b r e le n o m
d u p a y s . L e s h a b i t a n s le c o n n o i s s e n t
sous
le n o m d e bresiliet bâtard. I l a à p e u p r è s la m ê m e q u a lité q u e le b o i s d e bresiliet d o n t o n s e s e r t e n E u r o p e pour teindre
en
Saint-Domingue
r o u g e ; l a t e i n t u r e q u e d o n n e celui d e étant
plus brune que rouge. C e t arbre
p o u s s e une t i g e h a u t e , à p e u p r è s d e l a g r o s s e u r d e la
DE
ST. - D O M I N G U E .
277
c u i s s e d'un h o m m e ; s o n é c o r c e e s t t r è s - b r u n e ; son b o i s a s s e z solide et d'un r o u g e p â l e ; s e s feuilles s o n t a r r o n d i e s , et d'un v e r t
t r i s t e ; elles s o n t par p a i r e s , a s s e z
s e m b l a b l e s à celles d e la c a s s e ; s e s fleurs s o n t en g r a p p e s , e t p e n d a n t e s , p e t i t e s , l o n g u e s , e t l a r g e s d e trois l i g u e s , e n entonnoir ou à é t a m i n e s , d'une c o u l e u r de p o u r p r e n o i r , c o m p o s é e s de trois é t a m i n e s qui p a r t e n t d e s d é c o u p u r e s d u calice ; le p i s t i l , c o u r o n n é d e t r o i s p e t i t e s p o i n t e s o u é t a m i n e s , o c c u p e le c e n t r e d e la f l e u r , e t d e v i e n t un fruit m o u d e la figure d ' u n e
olive,
aigrelet,
contenant
un
n o y a u o b l o n g , qui r e n f e r m e u n e a m a n d e . D e s e s b r a n ches
c o u p é e s d é c o u l e un s u c n o i r â t r e un p e u c a u s t i q u e ,
qui laisse u n e e m p r e i n t e i n e f f a ç a b l e , dit P l u m i e r ; c ' e s t c e q u e j e n'ai p a s é p r o u v é . C e t a r b r e croît d a n s les m o n t a g n e s . J e l'ai o b s e r v é en f l e u r , et en fruit a u m o i s de j u i n . Q u e l q u e s uns m e t t e n t son é c o r c e d a n s les t i s a n e s a s t r i n gentes. GRAND COUSIN. O n n o m m e c e t t e
plante grand cou-
sin , p a r c e q u e son fruit, h é r i s s é de p e t i t e s p o i n t e s , s ' a t t a c h e aux habits des p a s s a n s . C e n o m est c o m m u n à t o u t e s les p l a n t e s d o n t la graine est a r m é e d e p o i n t e s . C e l l e - c i a l e p o r t d ' u n e g u i m a u v e ; m a i s elle en diffère p a r le carac t è r e d e s e s fleurs et d e s e s fruits ; sa r a c i n e , c o m m e c e l l e d e la g u i m a u v e , est g l u t i n e u s e . C ' e s t p o u r q u o i on la r e c o m m a n d e d a n s les u l c è r e s d e s intestins et d e s a u t r e s viscères.
P L A N T E S O
F É B R I F U G E S .
N ne t r o u v e à S a i n t - D o m i n g u e q u e trois ou q u a t r e
p l a n t e s a u x q u e l l e s on p u i s s e a t t r i b u e r une qualité f é b r i fuge. P l u s i e u r s s e sont s e r v i s u t i l e m e n t d e l ' é c o r r e d e m a n g l e s , S
3
278 Cette
P H A R M A C O P É E écorce
est
assez
conforme
à celle du
Pérou.
C e l l e d e c i t r o n i e r , bien p u l v é r i s é e , m ' a m i e u x réussi q u e le q u i n q u i n a d a n s les
fièvres
l ' é p i n e u x j a u n e , dit le
intermittentes. L'écorce d e
R . P . le P e r s , j é s u i t e ,
e s t uns
e x c e l l e n t fébrifuge , et v u l n é r a i r e .
P L A N T E S
COMME
C O R D I A L E S .
les t e r r e s d e l ' A m é r i q u e , s i t u é e s s o u s la Z o n e
T o r r i d e , s o n t t r è s - é c h a u f f é e s et r e m p l i e s d e t o u t e s sortes d e m i n e s , on y t r o u v e u n e infinité q u e s , et p a r c o n s é q u e n t
de plantes aromati-
cordiales. J e m e
borne à
un
p e t i t n o m b r e q u e j ' a i choisi. O n a p p e l l e s a u g e d a n s n o s îles t o u t e s les p l a n t e s qui o n t d e l'affinité a v e c la s a u g e d ' E u r o p e , soit p a r l a
figure
d e leurs f e u i l l e s , soit p a r leur o d e u r . C ' e s t p o u r q u o i on a p p e l l e s a u g e les p i g n o n s d ' I n d e s , p l u s i e u r s c o n y z e s ,
et
t o u s les c a m a r a s q u e n o u s a v o n s . SAUGE GRANDE ET PUANTE. C e t t e e s p è c e d e s a u g e e s t l a p l u s r a r e : elle v i e n t e n a r b r i s s e a u , et a d e s feuilles p l u s l a r g e s q u e celles de la s a u g e . SAUGE GRANDE. C e l l e - c i c r o î t d a n s d e s lieux s a b l o n n e u x ; elle e s t h a u t e de d e u x à trois p i e d s ;
sa feuille p a -
roît p l u s r e s s e m b l e r à c e l l e d e la m é l i s s e ; son o d e u r e s t d o u c e et a g r é a b l e . SAUGE DU PORT-DE-PAIX. C e t t e e s p è c e est la p l u s e s t i m é e , e t e s t t r è s - s e m b l a b l e à la s a u g e ; elle en a l ' e x t é rieur , l e g o û t , l'odeur ; elle croît à la h a u t e u r d e d e u x à trois p i e d s ; s e s feuilles
sont l o n g u e s d e d e u x t r a v e r s
d e d o i g t , larges d'un d e m i - p o u c e , d'un v e r t d e m e r e n d e s s u s , a r g e n t é e s e n d e s s o u s ; les fleurs naissent en p y r a m i d e ; elles sont p u r p u r i n e s , e u r o s e s , c ' e s t - à - d i r e , c o m -
DE
ST.
-
D O M I N G U E.
279
p o s é e s d e trois p é t a l e s . L ' e m b r y o n naît d a n s d e s e n d r o i t s différons , et d e v i e n t un fruit qui s ' o u v r e e n trois c a p s u l é s qui r e n f e r m e n t u n e s e m e n c e o b l o n g u e ; le g o û t a g r é a b l e , et a r o m a t i q u e - d e c e t t e
plante
la fait p r é f é r e r
à
t o u t e s les a u t r e s . O n l ' e s t i m e p a r t i c u l i è r e m e n t p o u r r é tablir les forces d e l ' e s t o m a c ; elle a p p a i s e le
vomisse-
m e n t ; et p a r s a q u a l i t é s u d o r i f i q u e et c o r d i a l e , elle r a n i m e le m o u v e m e n t du s a n g , et e n l è v e les e m b a r r a s q u i pourraient se former. MYRTUS. arborescens c i t r i - f o l i i s glabris, moso
Capyophylli
R o b . Piper d a n s le
Jamaïc.
sapore. Le
Laurus
fructu
aromaticus.
raceClariss.
R . P. P l u m i e r a mis cette plante
genre des m y r t e s . On ne connoit point
encore
p a r f a i t e m e u t s a fleur. C e t a r b r i s s e a u , à la v é r i t é , a l ' a p p a r e n c e d'un m y r t e ; il c r o î t p o u r l ' o r d i n a i r e à la h a u t e u r de douze à quinze
p i e d s ; ses
feuilles
sont longues
de
d e u x p o u c e s , faites en f o r m e d e p i q u e s , e t l a r g e s d'un p o u c e ; son fruit est u n e b a i e c o u r o n n é e , d i v i s é e en trois loges plante
qui r e n f e r m e n t
chacune
une
s e m e n c e . T o u t e la
r é p a n d u n e o d e u r d e s plus a g r é a b l e s . O n t r o u v e
d a n s s e s feuilles un. g o û t qui s e m b l e ê t r e un m é l a n g e d e l ' a r o m a t i c i t é du c l o u d e g i r o l l e , d e la noix m u s c a d e , e t d e la c a n e l l e . C ' é t o i t l'épicerie d e s p r e m i e r s h a b i t a n s d e S a i n t - D o m i n g u e , et des K a r a i b e s ; ils e n m e t t o i e n t d a n s t o u t e s l e u r s s a u c e s . S i le p r i x e t
la r a r e t é n e
faisoient
p a s le m é r i t e d e la p l u p a r t d e s c h o s e s , ou p o u r r a i t a s s u r e r q u e le laurier ou m y r t e a r o m a t i q u e mériteroit d ' ê t r e préféré aux épiceries du L e v a n t . MÉLISSE à fleur en g l o b u l e .
Cette mélisse se distingue
n o n s e u l e m e n t par s e s fleurs , e t s e s g r a i n e s a r r a n g é e s e n g l o b u l e s d e la g r o s s e u r
d'une balle de
plomb,
mais
aussi par une odeur suave que toutes ses parties exhal e n t , e t q u i est b i e n p l u s a g r é a b l e q u e c e l l e d e la m é lisse d ' E u r o p e . C e t t e p l a n t e est f o r t c o m m u n e Domingue.
à Saint-
280
P H A R M A C O P É E
EPINE BLANCHE d e S a i n t - D o m i n g u e . C e t a r b r i s s e a u croit e n buisson , e t f o r m e c o m m e u n e forêt i m p é n é t r a b l e . I l e s t c o m m u n d a n s les lieux voisins d e la m e r . S a r e s s e m b l a n c e avec, l e c i t r o n n i e r , e t la q u a n t i t é d e s e s fleurs b l a n c h e s , p e t i t e s , e n t a s s é e s par p a q u e t s le l o n g d e s tiges q u i r é p a n d e n t u n e odeur fort a g r é a b l e , font bientôt remarquer cette charmante plante. O n pourroit en tirer u n e e a u fort o d o r i f é r a n t e .
FAUX ROMARIN. Thymelœa
roris marini folio
et facie
et odore. L e p o r t d e c e l t e p l a n t e , s e s f e u i l l e s , e t s o n o d e u r , la feroient p r e n d r e p o u r un r o m a r i n ; m a i s s e s fleurs étant m o n o p é t a l e s , en entonnoir , e t du c a r a c t è r e du thymelœa , elle a u g m e n t e l e s e s p è c e s d e c e genre. S e s fleurs sont petites e t b l a n c h e s ; il leur s u c c è d e d e s fruits o v a l e s pleins d e s u c , qui c o n t i e n n n e n t u n e s e m e n c e o b l o n g u e . C e t a r b r i s s e a u croît s u r un m o n t i c u l e r e m p l i d e m i n e s s u r lequel on t r o u v e la p l a n t e s u i v a n t e . N H A N D I R O B A OU liane à boîte à s a v o n n e t t e . C e t t e p l a n t e croît c o m m e l e s vignes à l'appui d e s arbres. E l l e p r é s e n t e à l'œil u n e v e r d u r e d e s plus g a r n i e s , et d'autant p l u s a g r é a b l e , qu'elle e s t e n t r e m ê l é e d e guirlandes d e f l e u r s e t d'un g r a n d n o m b r e d e f r u i t s , dont c e t t e liane e s t t o u t a - l a - f o i s c h a r g é e . S e s feuilles sont c h a r n u e s , t r i a n g u l a i r e s , d e la figure d e celles du l i e r r e , un p e u p l u s l a r g e s , plus l o n g u e s , e t plus p o i n t u e s . J e lès t r o u v e p l u s c o n f o r m e s à celles d e la racine v i e r g e ; elles sont d'un v e r t o b s c u r , m a i s t r è s - l u i s a n t e s , et elles sont t r è s polies. S o n fruit e s t p a r t i c u l i e r , e t unique dans son e s p è c e . Il r e p r é s e n t e p a r f a i t e m e n t u n e boîte à s a v o n n e t t e , d o n t les d e u x p a r t i e s h é m i s p h é r i q u e s sont e m b o î t é e s l'une dans l ' a u t r e , e t m a r q u é e s à l'endroit d e l ' e m b o î t e m e n t d'une c o u r o n n e , o u cercle saillant qui p a r o î t fortifier c e t t e p a r t i e dans s a m a t u r i t é . C e fruit s ' o u v r e p r é c i s é m e n t à c e t t e u n i o n , e t r é p a n d u n e quinzaine d e
DE
ST. - D O M I N G U E
281
fruits ou s e m e n c e s r o n d e s , p l a t e s , b o s s e l é e s , d e la l a r g e u r d'un écu de trois l i v r e s , et d'une é p a i s s e u r i n é g a l e ; elles s o n t d'une c o u l e u r r o u s s â t r e , et fort a m è r e s . L e s Espagnols les
fièvres
s'en s e r v e n t a v e c b e a u c o u p d e s u c c è s p o u r i n t e r m i t t e n t e s ; ils pilent c e l t e
semence,
et ils en font u n e é m u l s i o n . L e n h a n d i r o b a p a s s e p o u r le plus e x c e l l e n t c o n t r e - p o i s o n
de l'Amérique ; et
les
F l i b u s t i e r s et B o u c a n i e r s y avoient t e l l e m e n t
confiance,
qu'ils
sans avoir
une
ne bonne
partoient pour aucune expédition
p r o v i s i o n d e s e s fruits. I l s p o u s s o i e n t j u s -
q u e - l à la p r é v e n t i o n , d e lui a t t r i b u e r c o m m e u n e e s pèce
d'enchantement
poison.
contre
les
blessures, et
tout
VOCABULAIRE FRANÇAIS ET
A A B A I S S E R , verbe
B
actif,
faire aller en b a s , — abaisser une lanterne, — ce
CRÉOLE.
A Baissé,
—
baissé
nion
l a n t e r n e , — b a i s s é pavillon
abaissez
pavillon. ABANDON (à l'), m a n i è r e
a d v e r b i a l e , — laisser à l ' a -
L'Abandon,
— quitté l'a-
bandon.
bandon . ABANDONNER, v. a . , quitter , d é l a i s s e r , — a b a n d o n ner sa f e m m e , ses e n f a n s ,
Dandonné, — femme à l y , petit à l y , y o , — v o u s bandonné moué.
— vous m'avez abandonné. ABANDONNER ( s' ) , v e r b e r é c i p r o q u e , s e laisser a l l e r , s e livrer s a n s r e t e n u e . — I l
Bandonné, — ly b a n d o n né l y la d é b a u c h e , — la Providence.
s ' a b a n d o n n e à la d é b a u c h e , à la P r o v i d e n c e . , ABANDONNÉE, p a r t i c i p e , — elle e s t a b a n d o n n é e . ABATAGE, substantif m a s culin , action d ' a b a t t r e les bois , — c'est l'acheteur q u i doit p a y e r l ' a b a t a g e .
Bandonné donné.
,
ly ban-
Z'Abatage, — c'est z'ac h e t e u r q u i doi p a y é z'abatage.
A :
284
B
ABASOURDIR , v. a . , const e r n e r , a c c a b l e r , — il a été abasourdi.
Basourdi sourdi.
ABATARDIR , v. a . , d é g é nérer , — il s'est a b â t a r d i .
Bdtardi,
ABAT-JOUR , s. m . , — l e s m a r c h a n d s ont d e s a b a t s j o u r , — un abat-jour. ABATIS ,S. m . , — c e t t e r u e
,
li t é b a -
ly té bâtardi.
Z'Abat - jour , — m a r chands gagné z ' a b a t - j o u r , — nion z'abat-jour. Z'Abati,
la ri là b o u c h é
est bouchée par des abatis.
acqué z'abatis.
ABATTEMENT, S. m . , affaiblissement,—je le trouve d a n s un g r a n d a b a t t e m e n t .
trouvi l'y d a n nion g r a n d
ABATTEUR, s. m . , — c'est
Z'Abattement
,
—
mo
z'abattement. Z'Abatteur
, — c e s nion
u n grand a b a t t e u r d e bois.
g r a n d z a b a t e u r bois. .
ABATTRE , v. a . , m e t t r e à b a s , faire t o m b e r , — a battre des maisons, des m u railles, des a r b r e s , — cette p e r t e lui a a b a t t u le c o u rage.
Battre, — b a t t r e m a i s o n s , mirailles, z'arbres, — perte là battre courage à ly.
ABAT-VENT , s. m . , charp e n t e c o u v e r t e , — il faut m e t t r e un a b a t - v e n t .
Z'Aba-vent,— faut m e t té nion z ' a b a - v e n t .
ABBAYE , s u b s t a n t i f fémi-
Z'Abbaye,— nion z ' a b b a y e en r è g i e , — ly tini nion z'abbaye.
nin , m o n a s t è r e , une a b b a y e e n r è g l e , — il p o s s è d e u n e abbaye. ABBESSE , s. f. s u p é r i e u r e d'un
m o n a s t è r e , — c'étoit
Z'Abesse z'abbesse.
, —- c é t é nion
u n e a b b e s s e . Il e s t des t e m p s o ù on p r o n o n c e c o m m e en f r a n ç o i s , - o n l'a faite a b b e s s e .
Yo
fair ly a b b e s s e ; on
ABR
2
85
peut ajouter z sans blesser l a prononciation. ABEILLE , s. f., m o u c h e à m i e l , — un e s s a i m d'abeilles. ABOMINATION, S. f., d é t e s t a t i o n , e x é c r a t i o n , — il
Z'Abeille,
nion z ' e s s a i m
z'abeille. ( I ) Bomination,
— l y e n bo-
mination.
e s t en a b o m i n a t i o n . ABONDAMMENT, a d v e r b e , e n a b o n d a n c e , — il a d u bien
Bondamment,
— ly gagné,
bien b o n d a m m e n t .
-
abondamment.
ABREUVOIR, S. m .
Abreuvoir.
On peut ajou-
t e r le z. ABRICOT, S. m . , f r u i t ,
Z'Abricot,
— n i o n z'a-
-—un a b r i c o t , d e s abricots,—•
bricot, — compote à z ' a -
c o m p o t e d'abricot. L ' a b r i c o t
bricot.
d e s Antilles n'a a u c u n e r e s s e m b l a n c e a v e c celui d ' E u rope ,
ce
premier , gros
c o m m e un m e l o n , r o n d , peau épaisse s'enlevant c o m m e celle d e l ' o r a n g e , c h a i r jaune et f e r m e , bon g o u t , noyau très-gros en i , 2 et 3 p a r t i e s , plein d'une substance
désagréable ,
d o n t on s e s e r t a v e c
mais suc-
c è s p o u r la g a l e , m ê l é e a v e c d'autre ingrédiens. ABRICOTIER , s. m . — un-
Z'Abricotier,
abricotier, espalier d ' a b r i -
bricotier,
cotier.
bricotier.
— nion a-
— espalier z'a-
(I) O n peut supprimer beaucoup de z , mais alors la prononciation ne paroît pas aussi conforme aux usages.
A C C ABUS, sub. m . , m a u v a i s
Z'Abus
, —
retrancher
u s a g e — retrancher ces abus,
z'abus la y o , — a v l a nion
— voilà un é t r a n g e a b u s .
z'étrange z'abu.
ABIMES, S. m . , g o u f f r e , — il e s t t o m b é d a n s un a b î me,—il s'est f o r m é un a b î m e .
nion z ' a b y m e , — l y té f o r m é
ABÎMER, v . a . , r e n v e r s e r d a n s un a b î m e , — l e s cinq villes q u e D i e u a b î m a , —• il vous a b î m e r a , — la g r e l l e l'a a b î m é .
Z'Abyme,
ly t o m b é d a n s
nion z ' a b y m e . Bimer, — c i n q villes l a y o bon D i e u té b y m é , — l y v a b y m é v o u s , — grelle l à té b y m é ly.
Z'Acacia , — nion b e l ACACIA , s. m . , a r b r e , — u n b e l a c a c i a , — p l u - z ' a c a c i a , — e n pile z ' a c a s i e u r s a c a c i a s . E n m â c h a n t cia. u n e graine d ' a c a c i a , e t crac h a n t d a n s un a p a r t e m e n t , il e x h a l e u n e odeur i n f e c t e , sans autre désagrément pour celui q u i fait c e t t e e s p i è g l e rie , que de conserver un g o û t d'ail d a n s la b o u c h e . ACRAS, s. m . , e s p è c e d e b e i g n e t q u e l e s N è g r e s font
Acra,
— porté z'acra b a
moué.
a v e c d e l a farine d e p o i s o u haricots, — apporte-moi d e s acras. ACCENT, s. m . , m a n i è r e d e p r o n o n c e r , — o n le c o n n o î t à s o n a c c e n t , — il a
Z''Accent, — y o coné l y à z ' a c c e n t à l y , — ly g a g n é z'accent provençal.
l'accent provençal. ACCÈS , l ' a c c è s l'a p r i s , — l'accès l ' a q u i t t é .
Z'Accès
prend l y , — z ' a c -
c è s q u i t t é ly .On ne m e t le z , q u e q u a n d il s'agit d e
fièvre.
AFF ACCESSOIRE, a d j e c t i f d e s
287 Z'Accessoir.
a genres. ACCIDENT, s. m . c a s f o r tuit m a l h e u r e u x , — il
lui
e s t a r r i v é un a c c i d e n t ,
—
Z'Accident,
— ly té rivé
l y nion z ' a c c i d e n t , — c ' e s t p a r z'accident.
c'est p a r a c c i d e n t . ACCOMA, s . m . , g r o s a r b r e propre à b â t i r , bois t r è s -
Accoma,
— nion p o t e a u
nion pivot z'accoma.
d u r , — un p o t e a u un p i v o t d'accoma. ACCROIRE , v . n e u t r e , — v o u s nous e n faite a c c r o i r e . ACCUSER , v. a . , a c c u s e r d e q u e l q u e faute d e q u e l q u e c r i m e , — il est a c c u s é
Acrére,
—
v o u s fair nou
acrére. Cuser, — y o c u s e l y v o l é , -—ly c u s e m o u é t r o m p é ly , — ly cuse jeu a ly.
d'avoir v o l é , — il m ' a c c u s e d e l'avoir t r o m p é ; il a c c u s e son jeu. ACHEMINER, v. r é c i p . , 3e m e t t r e en chemin , — nous
Chiminer,
— n o u chimin
né n o u , — y o té chiminé.
n o u s a c h e m i n o n s , —- ils s e sont acheminés. ACTION , s. f. l ' o p é r a t i o n d e c h a q u e a g e n t , — l'action
Z'Action
, —
z'action a
soleil, — z'action a n ' e s p r i t ,
d u s o l e i l , — l ' a c t i o n d e l'es-
— y e n a t é nion z'action l a
prit.— I l y a eu une action sur
su R h i n , — z'action de g r â c e .
l e R h i n , — action d e g r â c e . AFFAIRE , s. f.
sujet de
Z'afair,
— z'afair a g r i a -
q u e l q u e o c c u p a t i o n , — af-
ble , — m o pas gagné nion
f a i r e a g r é a b l e j je n'ai a u -
z ' a f a i r , — c ' e s t pli g r a n d z ' a -
c u n e a f f a i r e , — c'est la p l u s
fair, — n ' h o m m e z'afair a l y ,
g r a n d e affaire -— s o n }
hom-
- l y meté l y h o r s d ' z ' a f a i r .
A J O
288
m e d ' a f f a i r e , — il s'est m i s h o r s d'affaire. AFFERMER, v. a. d o n n e r a f e r m e , — j'ai a f f e r m é m a
Fermer;
— m o fermé terre
a m o u é , — caze a m o u é .
terre , m a m a i s o n j AIDER, v. a. s e c o u r i r , a s -
Hinder, — h i n d e r nion , — m o n d e dans bisoin , — b o n d a n s le b e s o i n , — D i e u les a D i e u b i n d e y o , — vou p a a i d é s ; — vous ne v o u s aidez h i n d é vou , — ç a p a té s a v é p o i n t , — c e l a n'a pu l'aider. h i n d é ly ;
s i s t e r , — aider q u e l q u ' u n
AIGUILLE , s. f. p e t i t e v e r Gouil Egouil ou Z ' é g o u i l , g e d e fer , o u d'autre m é t a l , gouil a c o u d r e , — trou a nion — aiguille à c o u d r e , — le z ' é g o u i l , — gouil a t a p i s s e r i e , t r o u ou le c h a s d'une aiguille, — filé nion z ' é g o u i l , — ly — a i g u i l l e à t a p i s s e r i e , — e n - c o n t é d e fil en é g o u i l , — filer u n e aiguille, — il a c o n t é gouil la s o u 9 heur. d e fil en a i g u i l l e , — l'aiguille e s t sur 9 h e u r e s . AIGUILLETTE , s. f. c o r d o n d ' o r n e m e n t ou d ' o r d o n n a n c e , — il p o r t e l'aiguillette.
Guillette
ou
Zéguillette ,
— ly p o r t é z'égouillette —z'égouïllette a nion c a n a r d .
A i n s i , au figuré, l'aiguill e t t e d'un c a n a r d .
AIGUILLON. AIMÉ AIN , i n s t r u m e n t d e p ê c h e , — j'ai pris u n e anguille à l ' a i n , — je lui ai d o n n é un ain. AJOUPA, S. m . e s p è c e d e c a b a n e , chaumière de ber-
Guillon , ou z'éguillon ; Haime. L'ain, ou n'ain, m o p r e n d nion z'anguil à l ' a i n , — m o b a y ly nion z'ain , o u nion nain. Joupa,
ly fair nion j o u p a ,
— l y c o u c h é dan nion j o u p a .
g e r , c o n s t r u i t e en paille , — b a r r a q u e , — i l a construit un
AN A
289
u n a j o u p a , —il c o u c h e c l a n s un
ajoupa. terme
Marrage.
AMARRÉ, a t t a c h é ; — a t a -
Marte,
marré canot la.
Mené,
l y m e n é moué ici,
AMARRAGE , s . i n . de marine, attache.
tache ce canot. A M E N E R , v. a. f a i r e v e n i r a u l i e u où l ' o n
est,
—
— mo
va mené
vou iy, —
il m ' a a m e n é i c i — - j e v o u s
c a b r o u t i e r là m e n é s o u c r e ,
l'amènerai , — ce charretier
— v a i s s e a u là té m e n é , —
a amené des
v e n t là v a m e n é la p l i e .
vaisseau
sucres, —
ce
fut a m e n é , —
ce
v e n t a m è n e r a la p l u i e . A M I T I E , s. l i a i s o n
d'af-
fection, — c'est mon
ami,
•— c ' e s t s o n a m i , — i l s s o n t a m i s , — le
vin
est ami du
Z'ami, c ' e s t z ' a m i a m o u é , –
c'est z ' a m i a l y , — y o z'a-
m i , — di v i n c ' e s t
z'ami
a
quior ;
Cœur. AMITIÉ ; plante , jaune , rampante , semblable à la
ficèle
, prenant , et
Amitié.
de sub-
sistant par-tout, m ê m e dans l e s endroits les plus
arides,
sur les toits, etc. Elle périr
les
brin
jeté
arbres , un en u n
fait seul
endroit,
c r o î t et d e v i e n t t o u f f u a v e c Une rapidité
étonnante.
AMONCELER.
Monceler.
ANANAS ,S. m . p l a n t e q u i
Z'anana,
—
mo
gagné
p o r t e u n fruit t r è s - e s t i m é ,
n i o n z ' a n a n a , — l y e n a z'a
acide ,
nanas.
j ' a i un a n a n a s ,
il a d e s a n a n a s . Tome
II.
T
(
290
A PP
ANCHOIS, S. m . p e t i t poiss o n , — i l m a n g e des anchois, — il v e u t d e s a n c h o i s , — — i l a un a n c h o i s . ANGUILLE , s. f. poisson d'eau douce , — écorchez c e t t e anguille , — j ' a i m a n g é d e l'anguille. ANNEAU, S. m . c e r c l e d e m é t a l ; se dit a u s s i d ' u n e b a g u e , — p o s e r un a n n e a u , — mettre cet anneau doigt.
Z'anchois, ly m a n g é z ' a n chois , — ly v l é z'anchois , — l y g a g n é mon z'anchois.
Z,'anguille , c o r c h é z ' a n guille là , — m o m a n g é z a n guille ;
Z'anneau , — p o s e r z ' a n neau l à , — meté
z'anneau
là dan doigt.
au
ANNOLI , e s p è c e d e p e t i t l é z a r d , long c o m m e le doigt, — j ' a i v u un a n n o l i , — il m a n g e les a n n o l i s . APPELER , v . a. j ' a p p e l l e ,
Z'andoly,—
m o voir mon
z ' a n d o l y ; — ly m a n g é z ' a n doly.
Helé,
m o helé , — m o
— j'appelois , — j'appelle
t é h e l é , — m o h e l é nion v r a i
un v r a i a m i celui q u i . . . . —
z'ami, c i l à qui.... — yo helé
on l'appelle J e a n , — on n e
l y J e a n , •— y o p a s h e l é m o u é .
m'a pas appelé.
D a n s le c a s d ' a p p e l d'un p r o c è s , d e citation d e v a n t q u e l q u ' u n e t c . , on dit pelé.
Gout, — g o u t c h a r n e l ; — APPÉTIT , s. m . i n c l i n a tion , faculté p a r laquelle o u g o u t d é r é g l é , — g o u t , — m a se p o r t e à q u e l q u e c h o s e , g a g n é g o u t . — a p p é t i t charnel , — a p pétit déréglé , — appétit de m a n g e r , — j'ai a p p é t i t . APPUYER , v . a. s o u t e n i r , — a p p u y e r u n e muraille ,
Payer,
— p u y é nion m i -
raille,ly p u y é b r a s a ly là s u
ATT –
291
ila p p u y é es e s b r a s s u r m o i ,
moué, — lyv a puyè vou cré-
il v o u s a p p u y e r a d e s o n
dit à l y .
Crédit. ARRACHER , V . a .
o n lui
Radier,
— y o radié
ly
a arraché une d e n t , — onne
nion d e n t , — y o pas capa-
p e u t lui a r r a c h e r d e l ' a r g e n t j
ble taché ly l'argent.
ARRIVER, v . n . p a r v e n i r à un lieu ,
il e s t arrivé ,
— il d o i t a r r i v e r ,
River, — l y r i v é , —- l y d o t river , — l y v a river.
il a r -
rivera. ASSEOIR , v . a. — a s s e y e z -
Sitta, — s i t t a ,
m o sitta,
v o u s , — j e m ' a s s e o i s , — ils
— yo sitta, o n peut
s'asseient.
dire s y n t a .
ASSIETTE , o n f a i t p r é c é -
Z'assiette,
même
q u a n d il s'agit
d'assiette d e service d e ta-
der d'un z .
b l e , etc. ASSOMMER , v . a .
tuer,
Somé
,
—
somé
nion
battre etc. — assommer u n
b œ u f , — y osomé l y , — y o
boeuf, — ou l'a assommé .
vlé somé ly ;
— on Veut l'assommer. A S S U R E R , V. a .
affirmer
Sourd
, oui m o souré b a y
une c h o s e . — O u i , j e v o u s
v o u , — lyté souré m o u é ç a
e u assure , — il m ' a bien a s -
té y é .
1
suré q u e cela étoit. ATTACHER., V. a. j o i n d r e
Tacher,
— taché
choual
u n e c h o s e à l'autre, en sorte
là , —
qu'elle tienne , — attachez
m o u é , — ' y o t a c h é - l y à nion,
ce c h e v a l , — attachez m o n
poteau.
taché
mouchoir
à
m o u c h o i r , — o u l'a attaché à un poteau.
M a i s on p e u t
prononcer
attacher jusqu'à qu'on formé
soit
a u x circonstances
t
qui fassent connoître l e s e x ceptions.
292
A U
C
ATTENDRE , v- a. ê tre d a n s l'attente de quelque chose q u i doit a r r i v e r , — j e v a s
Tendre, — m o va t e n d r e l y , — nous t e n d r e l y , — n o u s v a t e n d r e y o , — ly
l ' a t t e n d r e , — n o u s l'attend o n s , — n o u s les a t t e n d r o n s , — il a t t e n d la f i è v r e , — il f a u t s'attendre à t o u t , — e n attendant.
t e n d r e la fièvre , — f a u t t e n d r e nou à t o u t , — e n tendant.
ATTRAPE , s. f. ne v o u s y fiez p a s , c'est u n e a t t r a p e .
Z'atrape,
— n'a p a s fié
v o u c'est nion z'atrape.
ATTRAPER , v. a. p r e n d r e Trâper, — t r a p e r nion à u n e a t t r a p e , ou q u e l q u e r e n a r d , — l y t r a p è nion l i è v r e , p i è g e , e t c . , e t c . — a t t r a p e r — y o t r a p é nion volor. u n r e n a r d , — il a a t t r a p é u n l i è v r e , — on a a t t r a p é un voleur. AVALER , v . a. faire p a s s e r p a r le g o s i e r , — a v a l e r u n bouillon , — i l a a v a l é un
Valé, — valé nion b o u l lion , — ly valé nion z ' c e u f , o u zé,— ly v a l é sans m a -
o e u f , — il a v a l e sans m â c h e r , — il a v a l e r a i t la m e r .
c h e r , — ly té v a l e r é la m e r .
AVANCER , v. a . p o u s s e r Vancé, — v a n c é table là, e n a v a n t , faire d e s p r o g r è s , — ly v a n e é d a n s z ' é t u d e á p a y e r p a r a v a n c e , e t c . , e t c . l y , — ly té p a y é l ' a v a n c e — a v a n c e z c e t t e t a b l e , — — l y qioulé en g u i s e ly v a n c é . il e s t a v a n c é dans ses é t u d e s , — il a é t é p a y é d ' a v a n c e , — il r e c u l e a u lieu d ' a v a n cer. AVARICIEUX. AUCUN , a d j . n u l , —
Varicieuxi vous
n ' a v e z a u c u n m o y e n , — je
Il n'a p a s d ' é q u i v a l e n t
en
créole. I l est r e m p l a c é par
293
A V O ne
contiens a u c u n
moyen,
nion.
—
V o u s
pas
nion m o y e n , —
•— il n'a a u c u n e f a c u l t é .
conné
gagné
mo
pas
nion m o y e n , —
Iy
p a s g a g n é nion m o y e n ,
ou
nion faculté. AVEC , p r é p .
conj.
en-
semble , conjointement,
—
Acque,
— m o va joindre
moué acque v o u s , —
mo
vous,
t é vini a c q u e l y , — ly
té
— j e suis v e n u a v e c l u i , —
marié acque l y , — l y va
alé
il s'est m a r i é a v e c
acque vous.
je me
joindrai a v e c
elle,—
il ira a v e c v o u s .
AUGMENTER.
Goumenter.
AUJOURD'HUI.
Jordy.
AVOCAT , s. m . fruit v e r t
Z'avocat.
d ' u n g r o s a r b r e , e s t d e la grosseur
d'un
œuf
d'au-
t r u c h e , c o n t e n a n t un n o y a u jaune , en deux parties a d hérentes , d'un œ u f
de
la grosseur
ordinaire ; c h a i r
j a u n e ou b l a n c h e ,
épaisse
d e six à huit lignes , fade ; s e m a n g e c r u à la p o i v r a d e . AVOIR,V. a . — j ' a i , — t u a s ,
Gagné,
— m o g a g n é , —'
— il a , — ils o n t , — j ' a v o i s ,
to g a g n é , — l y
— j'ai
—
y o gagné , — m o té gagné ,
a v o i r soif, —il a v o i t d e l'es-
— mo gagné douler, — ga-
t i m e , d e s s o u p ç o n s , d e la
g n é s o i f , — l y té g a g n é l ' e s -
des
douleurs ,
gagné , —
raison , de l ' a r g e n t , j'avois
t i m e , s o u p ç o n ; la raison ,
l a f i è v r e , — il a d e l ' a m o u r ,
l ' a r g e n t , — m o t é g a g n é la
— avoir un c o u p d ' é p é e , —
f i è v r e , — ly g a g n é l ' a m o u r ,
on s a u r a b i e n l ' a v o i r .
— g a g n é nion c o u p de n é p é e , — y o v a s a v é bien ga-. gnély.
AU
294
T
A l ' i m p e r s o n n e l il e s t d e s c i r c o n s t a n c e s où l'on dit l y e n a , c o m m e p o u r d i r e il y a un an ; m a i s on p e u t d i r e g a g n e r s a n s blesser le langage. AVOIR , v e r b e a u x i l i a i r e , — il a v o i t é c r i t , — il a l u , — vous avez été sage , — nous avons parlé.
AVOIR, S. m , c e q u ' o n possède. AUPRÈS , préposition d e lieu , —sa m a i s o n e s t a u p r è s d e la m i e n n e , — la r i vière passe auprès de cette v i l l e , — il v i e n t d ' a u p r è s d e la p l a c e , — v o t r e m a l n'est rien a u p r è s du sien.
AUSSITÔT.
Q u a n d il e s t auxiliaire , o u qu'il s e r t à f o r m e r d e s prétérits des autres verbes , c o m m e avoir l u , avoir é c r i t , on y substitue ly t é y—ly t é é c r i r e , — l y t é lire , — v o u té s a g e , —- nou t é p a r l é . Gagné,
Coté, — c a z e a l y c o t é quien à m o u é , — rivière la p a s s é c o t é la v i l l e , — l y sorti c ô t é la p l a c e . , — m a l à v o u l y a rien c o t é tien à l y .
Sitôt.
AUTOUR, p r é p . — - a t t a c h e m o i c e b a n d e a u a u t o u r du b r a s , — il e s t t o u j o u r s a u t o u r d ' e l l e , — elle l o g e ici autour.
L'entour, — t a c h e m o u é , b a n d e a u la l'entour b r a s à m o u é , — ly toujours l'en-, t o u r a l y , — ly logé l'entour ici.
AUTRE , p r é n . r e l . d e t.
L'autre • c'est ben nion l'au tre z ' a f f a i r , ly doi fair nion l'autre q u i c h o y a v a n t cila l à , — faut p a s l ' a u t r e .
g. — c'est, bien u n e a u t r e affaire , — il doit faire u n e autre chose avant celle-ci, –il
n'en faut p a s d ' a u t r e .
A Z Y A U T R E F O I S , a d v . — oonn
295
L'autrefois,
yo
té crére
l'autre fois.
croyoit autrefois. AUTREMENT , a d v . d ' u n e
L'autrement,-—faut
vivïe
a u t r e f a ç o n , — il faut v i v r e
l'autrement, — m o vlé l y
a u t r e m e n t , — j e le
l'autrement, • — l y p a s m a -
veux
a u t r e m e n t , — il n ' e s t p a s
lade l'autrement.
autrement malade. A Z Y , S. m . p l a n t e à t i g e ,
Azr.
dont les racines sont garnies d'une multitude de tubercules gros c o m m e
une
n o i s e t t e ; pellicule l é g è r e , qui s e détache
facilement
q u a n d il e s t bouilli.
B A L BAGASSE , s. f. c a n n e a s u -
Bagasse.
c r e , d o n t on a e x t r a i t l e s u c , qui sert, étant sèche, à r e m p l a c e r l e bois d a n s les f o u r neaux des sucreries et autres nécessités. sous
de
O n la
conserve
grands hangars ,
qu'on n o m m e caze à b a g a s s e . BAISER, V. a . d é m o n t r a -
Bobo
, — li b o b o
main
tion a m i c a l e , — il m ' a b a i s é
à m o u é , — m o bobo ly là s u
l a m a i n , — j e l'ai b a i s é sur l a
bouche,
bouche
c e , b o b o l à m a i n , — on p e u t
f a i t e s la r é v é r e n -
c e , — b a i s e z la m a i n .
— f a i r la r é v é r e n -
dire aussi baiser ; m a i s rarer ment.
BALISAGE, t e r m e d'arpen-
Balisage.
T
4
296
B A N
t e u r , p o u r d i r e tracer u n e r o u t e d a n s les bois, a b a t t r e le m e n u bois p o u r pouvoir p a s s e r . I l sert à S t . - D o m i n g u e , particulièrement aux habitans des montagnes ; pour a b a t t r e le bois o n c o m m e n c e à b a l i s e r , c'est-à-dire, a b a t t r e le. m e n u b o i s , p o u r e n suite abattre les gros arbres. BALAHOU , s. m . p o i s s o n d e m e r , d e la l o n g u e u r d'u n h a r e n g , a v e c un b e c d e tro is à six p o u c e s d e long. S e m a n g e frit,
Balahou.
BABOULA , s. m . p e t i t tonneau défoncé des deux b o u t s , a u x q u e l s les N è g r e s subsistuent des peaux d'anim a u x , p o u r leur servir d e t a m b o u r , qu'ils battent a v e c les m a i n s , sans b a g u e t t e s , en se mettant à cheval dessus.
Bamboula.
BANGALA , s. m . m e m b r e viril d'un animal. BANZA , s. m . c a l l e b a s s e
Bangala.
Banza.
ou g o u r d e sciée dans sa l o n g u e u r , a v e c laquelle les N è g r e s font une e s p è c e d e m a n d o l i n e , a u s o n d e laquelle il dansent. BANANE, s. m . figue d'A-
Banane.
B A N d a m , production c o m m u n e d a n s les I n d e s , a r b r e v e r t , a q u e u x , h a u t d e dix à q u i n z e pieds,
sans b r a n c h e , m a i s
seulement
des
feuilles
de
cinq à sept pieds de h a u t , p a r t a n t d e la t i g e , l a r g e p a r l e b a s d e dix-huit à v i n g t q u a t r e p o u c e s , allant e n d i m i n u a n t j u s q u ' à q u a t r e à six p o u c e s : on a p p e l l e r é g i m e , l a grappe que produit cet a r b r e , qui e s t u n e tige dante
de
vingt
à
pentrente
p o u c e s d e long , à l a q u e l l e s o n t a t t a c h é e s s e p t à dix p a t t e s , c h a c u n e c o m p o r t a n t de huit à douze b a n a n e s , l o n g u e s de c i n q à six p o u c e s , r a n g é e s c o m m e les doigts d e la m a i n . O n j e t t e l ' e n v e l o p p e v e r t e , qui e s t a d h é r e n t e , p o u r faire bouillir ou griller la substance compacte
farineuse
quelle
et
contient;
c'est la principale
nourri-
ture des N è g r e s . L a b a n a n e m û r e e s t j a u n e et d o u c e , l a figue b a n a n e est p l u s r a c c o u r c i e , elle n e s e m a n g e
que
m û r e . D a n s cet é t a t , l'une et l'autre se m a n g e n t crues ou
cuites , d e
différentes
m a n i è r e , m ê m e pour dessert. L e
figuier
banane se
297
298
B E C
distingue a i s é m e n t à la c o u leur violette d e l'écorce. BEAU,BELLE , a d j . — b e a u visage , — belle main , — b e a u x y e u x , — il a u n b e a u
Bel,—bel visage,—bel m a i n , — b e l z'ieux , — l y g a g n é nion b e l c h o u a l , —
cheval, — unebelle j u m e n t ,
nion bel j u m e n t , — bel g e -
— b e a u génie , — beau r a i s o n n e m e n t , — le t e m p s e s t beau.
nie,—bel raisonnement,— t e m p s là bel.
BEAUCOUP , ad v. d e q u a n t i t é , — il y a b e a u c o u p d e g e n s , — il a b e a u c o u p d ' a r -
En pile ou tout plein,—ly en à m o n d e en p i l e , — l y g a g n é l'argent en pile , — y o
g e n t , — i l s sont b e a u c o u p d'héritiers,—vousêtes beauc o u p plus s a v a n t , — il sait
z'éritieren p i l e , — (ou tout p l e i n ) y o tout plein z'éritiers — v o u s tout plein plus s a -
d é j à b e a u c o u p d e latin.
v a n t , — l y connait déjà e u p i l e , tout plein, latin.
BEC-DE-CORBIN , s. m . ou-
Bec à Corbin.
til d e s u c r e r i e , fait en f o r m e de grande p e l l e , relevée s u r les c ô t é s , étroite p a r l e b o u t , sans m a n c h e , mais deux ances pour le porter c o m m e un inventaire. Il s e r t à t r a n s p o r t e r l e sirop d a n s les f o r m e s à s u c r e . BÉCUNE, s. f. poisson d e m e r , qui r e s s e m b l e à l ' a n guille. Il f r é q u e n t e les fonds c u i v r é s , il e s t d e s saisons ou la police s ' o p p o s e à l a v e n t e de c e p o i s s o n , c o m m e é t a n t d a n g e r e u x , particulier
Bécune.
B U T
299
r e m e n t d a n s le t e m p s d e s nords. BESOIN.
Bisoin.
BIGÀIIXE, s. f. t r è s - p e t i t
Bigaille.
moucheron, habituellement d a n s les m a n g l e s o u a u t r e s endroits m a r é c a g e u x , t r è s i n c o m m o d e p a r sa p i q u u r e . BURGAU , p e t i t coquillage q u ' o n p r e n d s u r les r o c h e r s q u e l a m e r b a i g n e . O n les cuit dans d e l'eau a v e c d u s e l , on les m a n g e à l'aide d'une épeingle.
Burgau.
BUTOR.
Bitor.
C
AC
CABANE. L e s N è g r e s a p -
C CABANE.
p e l l e n t c a b a n e les lits à c o u c h e r . Voyez
LIT.
CACAO , s. m . fruit d ' u n a r b r e ; c e fruit d e la g r o s s e u r d'un p e t i t m e l o n a l l o n g é , e t c a n n e l é de m ê m e , c o n t i e n t d a n s l'intérieur c e s g r a i n e s si c o n n u e s pour la f a brication du chocolat. CACHIMAN , s. m . c œ u r à b œ u f , fruit v e r t , d e la f o r me d'un c œ u r d e b œ u f ;
la
Cacao. O n fait ici c e t t e o b s e r v a t i o n , p a r c e qu'il y a beaucoup de personne qui croient que cette graine vient c o m m e les cerises, et d ' a u t r e s c o m m e les f è v e s .
Cachiman.
3oo
C A N
c h a i r e n e s t filendreuse fade , et aqueuse.
,
CACONNITTE , s. f. fruit d'une plante r a m p a n t e , dont o u fait d e s b e r c e a u x ou t o n n e l l e s pour s'abritter. C e fruit r o n d , gros c o m m e u n e p o m m e moyenne, a l'envel o p p e d u r e , le g o û t d ' u n acide agréable.
Caconnitte.
CALALOU , s. m . m e t s , c o m p o s é d'une ou p l u s i e u r s e s p è c e s d ' h e r b e s ou p l a n t e s , qu'on accommode c o m m e d e s é p i n a r d s , m a i s plus l i q u i d e s , e t d a n s lequel o n m ê l e souvent des b a n a n e s , d e s crabes , harengs , etc.
Calalou.
CALINDA, S. m . bal q u e donnent les N è g r e s sur les h a b i t a t i o n s , ou l'on d a n s e au son du b a m b o u l a , et du banza.
Calinda.
CANARI, v a s e d e t e r r e c u i t e d a n s lequel on reçoit l e sirop q u i d é c o u l e d e s formes.
Canari.
CANNE , s. f. r o s e a u qui à des nœuds. O n appelle cann e à sucre , à S a i n t - D o m i n g u e , une plante semblable a u r o s e a u , d e laquelle o n e x p r i m e le s u c en la taisant passer entre des cylindres le b o i s , c o u v e r t d'une forte
Canne.
301
C A R l a m e d e f e r , m u e p a r la f o r c e des
eaux
ou
d'anraaux.
C ' e s t ce s u c purifié par l e m o y e n de l'alkali, et r é d u i t p a r l e feu d a n s d e g r a n des chaudières,
q u i fait l e
sucre. L a canne à sucre se plante de boutures , c'est-à-dire , q u ' o n en c o u p e
des m o r -
c e a u x c o m p o r t a n t d e trois à c i n q n œ u d s ou yeux,
qu'on
enfouit d a n s la t e r r e , d i s p o sée
par trous
de quinze
à
dix-huit pouces de large , et q u a t r e à six d e p r o f o n d e u r , o b s e r v a n t q u e la b o u t u r e n e soit p a s tout à
fait
aplat,
m a i s un peu inclinée;de cette bouture pousse une touffe, plus ou moins q u i , assez
multipliée,
ordinairement ,
est bonne à couper
au bout
d'un an. CAPITAINE,
s. m .
a r b r i s s e a u , feuille
petit
Capitaine,
sembla-
b l e à c e l l e du l a u r i e r , a y a n t au revers des piquans
cou-
c h é s , on s'amuse souvent à f a i r e froter l e s n o u v e a u x a r r i v é s , p o u r leur c a u s e r d e s demangaisons. C A R R A P A T T E S , s. f. petit insecte,
q u i s ' a t t a c h e à la
p e a u comme, le rouget.
Carrapattes.
3o2
C E C
CASSAVE , s. f. g â t e a u fait a v e c la farine d e m a n i o c qu'on fait s é c h e r sur d e s p l a t i n e s de f e r , d'environ dix-huit p o u c e s d e d i a m è t r e , sur un feu a r d e n t , e t a u s s i m i n c e qu'il e s t p o s s i ble.
Cassave
CAYEMITES, s. f. fruit v e r t d u c a y e m i t t i e r , d e la g r o s s e u r d'une p o m m e . T r è s bon goût, mats désagréable à m a n g e r par la ténacité d e s o n suc blanc , et g l u a n t a u p a l a i s , et sur les l è v r e s .
Cayemites,
CAYEU , s. m . e s p è c e d e petite sardine qu'on m a n g e de m ê m e .
Cayeux,
CALLEBASSE , fruit du c a l lebassier , a r b r e q u i r e s s e m b l e au p o m m i e r , b e a u c o u p p l u s gros q u e la p o m m e , e n v e l o p p e d u r e , intérieur c h a r n e u x , et a q u e u x , a v e c quoi l'on fait le s i r o p d e c a l lebasse.
Callebasse.
C a l l e b a s s e , se dit a u s s i des courges avec quoi on a p p r e n d à n a g e r , c'est a v e c c e s c a l l e b a s s e s q u ' o n fait les b a n z a s , on s'en s e r t m ê m e quelquefois de t a m b o u r . CECI , p r o n . d é m o n s t . qui se d i t , — pour cette
chose
Ça, ( o n dit c h o i ) c h o i c i la l à , — qui ça ça à vlé d i r e ,
c i , — q u e v e u t dire c e c i , —
— qui ç à ç à , — ç a q u i , e n à -
qu'est-ce que
m o u é , ça b e l , — ça c'est la
ceci,—ceci
soye.
e s t a m o i , — ceci est b e a u , — c e c i e s t d e la soie.
Ça —
CELA , p r o n . d é m o n s , c e l a
y
ça m a u v a i s , — qui
est mauvais, — que dites-
ç a v o u s dir ç a , — b a y m o u é
vous de c e l a , —
ça.
donnez-
moi cela. Là,
C E , CET , C E T T E , e t a u pluriel,
ces,
monstratif,
pronom
dé
là,
adjectifs , q u i
i n d i q u e les p e r s o n n e s o u les
—
gueté
(
miré)
c h o u a l l à , — a l l e r voi f e m m e — m o voir
z'animaux
l'ayo.
c h o s e s , — v o y e z ce cheval , — allez voir c e t t e
femme,
— j ' a i vu c e s a n i m a u x . CE. Q u a n t il e s t s u b s t a n t i f , et signifie la c h o s e d o n t
Ça,—ça
mo
dir v o u s
l'y v r a y , — ça vous pense
on p a r l e , — c e que je vous
— q u i , ça m o voir là , — ç a
dis e s t v r a i , — c e q u e v o u s
s e m b l é m o u é , — ç a ly dire
p e n s e z , — q u ' e s t - c e q u e je
moué.
v o i s - l à , — ce m e semble , — c e qu'il m ' a dit. démons
Ça , — ç a b o n , — ça f a i t ,
t r a t i f , cela est b o n , — c e l a
CELA. P r o n o m
— ça allé t r a v e r s , — ç a p a s
e s t f a i t , — cela v a d e t r a
p o s s i b l e , — ba m o u é ç a .
v e r s , — cela n ' e s t p a s p o s sible , — d o n n e z - m o i CELUI,
m.,
cela.
CELLE ,
f.
Cilà , —
c'est
cilà v o u s
p r o n o m d é m o n s t r a t i f , il fait
v o i r , — c i l à y o - q u i té v i v r e ,
au pluriel c e u x , c e l l e s , —
— l y c o m p e n s é cilà q u i . . .
c ' e s t celui q u e v o u s v o y e z , — c e u x q u i ont v é c u , — il a r é c o m p e n s é celui q u i . . . ,
CHI
H
— il a p a y é
c e l l e à qui il
I — ly p a y é cilà-ly té doit
devoit. CELUI-CI,
CELLE-CI:
Cilà-lâ.
C E L U I - L A , CELLE L A . CEUX-CY , ceux-cy
Cilà-là.
CELLES L A ,
prétendent
que ,
Cilà - yo , cjlà - y o
pré-
tende , — cilà-yo vlé.
— celles-là veulent. CHARRETTE , s. f. v o i t u r e
Cabrouet.
à deux roues. CHARRETIER , c o n d u c t e u r
Cabroutier.
de charrette. Chimise
CHEMISE.
Choual
C H E V A L , S. m .
,
se
prononce
bref. C H E V E U X , S. m . poil d e l a t ê t e , il n e s e
dit
Chiveux.
qu'en
parlant de l'homme. CHEVILLE.
Chiville.
CHÈVRE , s. f. la f e m e l l e
Cabrit,
du
bouc, —
troupeau
de
troupeau c a b r i t ,
•— poil à cabrit.
c h è v r e , — poil d e c h è v r e . CHIQUE , s. f. e s p è c e d e
Chique.
c i r o n i m p e r c e p t i b l e , qui e n t r e d a n s la c h a i r , e t f o r m e une p o c h e qui s'agrandit à m e s u r e q u e l e s œ u f s s'y m u l tiplient , e t
vient
souvent
grosse c o m m e une n o i s e t t e , les
Nègres
paresseux en
o n t s o u v e n t les p i e d s si m a l t r a i t é s , qu'on est obligé de couper
c ON
3o5
couper superficiellement le t o u r du pied a v e c
des r a -
soirs , et d'y a p p l i q u e r du goudron mêlé avec du suif p o u r les d é t r u i r e . CIRIGOUELLE, s. f. fruit du cirigouellier, espèce de prune à gros noyau adhérent à la c h a i r , se m a n g e . CŒUR , s. m . p a r t i e n o b l e d e l ' a n i m a l , o ù l'on c r o i t q u e r é s i d e le p r i n c i p e d e la v i e , — il n'a p a s d e c œ u r , — le c œ u r lui b a t , — il a le c œ u r m o r t , — il a le c œ u r s a i s i , — il a q u e l q u e c h o s e sur le c œ u r , — il a un bon c œ u r , — d a n s le c œ u r d e l ' é t é , — c e t t e poire est gâtée jusqu'au cœur. COMBATTRE.
Cirigouélle.
Quieur o u quior, — ly p a s g a g n é q u i e u r , — q u i o r à ly b a t t r e , — quieur a ly m o u r i , — quieur à ly s a i s i , — l y gagné quichon là son q u i e u r , — ly g a g n é b o n q u i o r , — d a n s quieur l'été , — poire là gâté joue dans quieur.
Gourmé,
il ne s e dit q u e
que quand deux h o m m e s s e b a t t e n t à c o u p de p o i n g , o n au b â t o n . COMBIEN , a d v . d e q u a n tité , — c o m b i e n v a u t c e l a ? — en c o m b i e n d e t e m p s ? — c o m b i e n il y e n a-t-il ? CONCUBINE , s. f.
celle
Comben,
— comben ça
v a u ? — en c o m b e n t e m p s ? — comben y-a-na ?
Dombo
,
au
féminin
q u i , n'étant p a s m a r i é , v i t
c o m m e a u m a s c u l i n , c'est
a v e c un h o m m e , — c ' e s t
d o m b o à lys.
sa concubine. CONGRE ,
Tome
II
s. m., poisson
Congre.
V
C R
3o6 qui
A
a les m ê m e s i n c o n v é -
n i e n s q u e la b é c u n e ( voyez BÉCUNE ) .
COKOSOL , s. m . fruit à p e u p r è s s e m b l a b l e au c a chinan , ou c œ u r à b œ u f , mais meilleur , et t r è s - r a fraîchissant.
Corosol.
COUCHCOUCH, s. m . m e t s fait a v e c d e la farine d e m a i s , ou blé d ' I n d e , q u ' o n a fait t r e m p e r et p i l e r , e t q u ' o n cuit ensuite an b a i n m a r i e , les N é g r e s s e s s é n é galaises , sont c e l l e s qui e u font de meilleur.
Couchcoueh.
C O U C O U Y E , s. f. i n s e c t e d e la g r o s s e u r d'une c a n t h n r i d e , v o l t i g e a n t la n u i t , e t j e t a n t p a r s e s y e u x une l u mière qu'on prendrait pour du p h o s p h o r e .
Coucouye.
C o u r , s. m . m o i t i é d e call e b a s s e ou c o c o , s e r v a n t d e g o b l e t et m ê m e d'assiette aux n è g r e s .
Couï.
C R A B E , S. m . p o i s s o n d e m e r et d e r a v i n e , c o u v e r t d ' u n e s e u l e écaille d u r e , d u genre des t e s t a c é e s , qui r e s semble à une grosse araignée , se m a n g e dans le c a l a l o u , e t le g o m b o .
Crabe.
C U I 307
Crabe.
On appelle aussi c r a b e , une espèce
d e chair r o n -
g e u s e , qui c r o î t a u x p i e d s , et m ê m e aux mains ,
fait
des progrès rapides par ses filamens
; c'est avec b e a u -
coup de peine qu'on
par-
v i e n t à l'extirper ; on e s t souv e n t o b l i g é d ' e m p l o y e r les p l u s v i o l e u s c o r r o s i f s , il e s t r a r e q u e les b l a n c s en a i e n t . CROIRE, v. a. — je c r o i s ,
Cre're,
— mo
crére, —
— tu c r o i s , — il c r o i t , —
to crére , — Jy c r é r e ,
n o u s c r o y o n s , — j ' a i d e la
n o u s c r é r e , — m o g a g n é la
—
peine à croire c e l a , — que
peine crére ça , — que nous
n o u s c r o y i o n s , — il s ' i m a -
c r é r e , — ly m a g i n é y o c r é r e
gine
—
ly, — vous crére n ' h o m m e -
c r o y e z - v o u s cet h o m m e ?
l à , — v o u s v a c r é r e ca v o u s
— v o u s e n c r o i r e z c e qu'il
v l é , — ly p a s c r é r e à b o n -
v o u s p l a i r a , — il n e c r o i t p a s
Dieu,
qu'on
le
croit ,
en Dieu. CUEILLIR , v. a.
—
je
Couji
ou couillè
—
mo
cueille, — je cueillois, —il
couyi, — moté après c o u y é ,
c u e i l l o i t , — il faut cueillir
— li té a p r è s c o u y é , — f a u t
du café ,
couyé
—
nous
avons
cueilli du c a f é . C U I L L E R , S. f.
café,—nous
couyé
café. ustensile
de table.
Couiller. I l n'a d ' a u t r e d i f f é r e n c e p o u r la p r o n o n c i a t i o n , avec, couillé , q u ' e n p r o n o n ç a n t IV
CUIR, S. m . p e a u d ' a n i m a l .
Couir.
CUIRE , c u i t , p r é p a r a t i o n
Couir,
d e s a l i m e n s p a r le feu , —
couit. I l n'y a q u e
les c i r c o n s t a n c e s , o u le fil V
2
3o8
C U L
cela est C u i t , il faut le faire
du d i s c o u r s , qui e n fasse!
c u i r e , — le souper est au
connoître
feu,
car c u i r ( peau ) ou cuire s e
il c u i t .
la signification ;
dit d e m ê m e en créole , — ça c o u i t ,
— faut faire l y
c o u i r , — s o u p e la d a n d y feu l'après couit. Couivre.
CUIVRE.
Quiou ou tiou , car on C U L , s. m . d e r r i è r e , — il étoit assis sur s o n c u l , — p r o n o n c e t r è s - p e u le Q , — il t o m b a sur s o n c u l , — il ly t é sita la s o n tiou , — l y a le cul sur la s e l l e , — c u l t é t o m b é la s o u quiou a l y , p a r d e s s u s t ê t e , — on lui a — quiou a ly la s o u selle , d o n n é d u pied a u c u l , — a u — quiou la son t ê t e , — y o lieu d ' a v a n c e r il a m o n t r é b a l y p i e d d a n s quiou , — s o n c u l , — m e t t e z cela au en guise ly v a n c é ly m o n t r é c u l d e la c h a r r e t t e . quiou a l y , — m é t é ç a d a n s quiou c a b r o u e t .
D E B DE,préposition servant à m a r q u e r plusieurs r a p p o r t s différens , — u n e t a b a t i è r e d'or,—une table de r n a r b r e , — u n m o r c e a u de p a i n , — u n v e r r e de v i n , — j e suis c h a r m é de le savoir m i o u x , — il a le m o y e n de donner.
D E B O U T , a d v . sur p i e d , — son enfant s e tient d é j à
Il est b e a u c o u p d e p h r a s e s o ù l'on s u p p r i m e de, m a i s il n'y a p a s d e r è g l e . N i o n tabatière l ' o r , — nion table m a r b r e , — n i o n m o r c e a u pain , — nion v e r r e v i n , ou di vin , — m o c o n tent savoir ly m i e u x , — l y gagné moyen b a y . Debout ; m a i s on dit quelquefois c a m p é , c o m m e
D E S
309
d e b o u t , — il e s t d e b o u t
dans l e s c i r c o n s t a n c e s s u i -
s u coin d e la r u e , — il s e
vantes : petit a ly c a m p é
p o r t e m i e u x , il e s t d e b o u t .
déjà , — l y c a m p é
dans
coin la r i e , — l y fair m i o r , ou mieux, l y c a m p é . DEDANS, a d v . d e l i e u , — il e s t là d e d a n s , — e n t r e z là d e d a n s , — il p a s s o i t p a r dedans, — le mal est au dedans.
Dans ou làdans, — l y l à dans, — entré l à d a n s , — l y té p a s s é e n l à d a n s , — m a l la l y l à d a n s .
Mandé, — m o m a n d é l ' a DEMANDER , v . a . , prier quelqu'un d'accorder quel- mitié à v o u s , — ly m a n d é q u e c h o s e , — j e v o u s d e - ly la v i e , — m o m a n d é voit m a n d e v o t r e a m i t i é , — il en g r a c e , — l y m a n d é c o m lui a d e m a n d é l a v i e , — j e m u n i c a t i o n à p i e c e l à y o , v o u s d e m a n d e en g r â c e , — — l y p a s m a n d é m i o r , — m . il d e m a n d e c o m m u n i c a t i o n nion tel l y vini m a n d é v o u s . d e s p i è c e s , — i l ne d e m a n d e pas m i e u x , — monsieur un t e l e s t v e n u vous d e m a n d e r . r
DEMEURER , v. n . , faire s a d e m e u r e , — il d e m e u r e d a n s telle r u e , — o ù d e m e u r e z - v o u s , — où va-t-il demeurer.
Bougé ou resté, — l y b o u gé dan t e l r i e , — o ù éti v o u b o u g é , — où éti v o u r e s t é , — où eti l y v a r e s t é , o u é t i ly va bougé.
Desles se suppriment D E S , particule q u i t i e n t lieu d e la p r é p o s i t i o n de, d a n s b e a u c o u p d ' o c c a s i o n s , e t d e l'article p l u r i e l les , — l y sorti p r i s o n , — l y e n — il e s t sorti d e l à , — d e s à s a v a n s q u i s o u t i n i , — l y p r i s o n s , — il y a d e s s a v a n s g a g n é fruits e x c e l l e n s , — q u i s o u t i e n n e n t , — il a d e s ywo voir z ' a r b r e s . fruits e x c e l l e n s , — o n y voit des arbres.
V 3
B I E
31o
DÈS , d e p u i s , p r é p o s i t i o n de temps et de lieu, — dès, d e p u i s l'enfance , — il e s t
Dampy , — d a m p y l y p e t i t , — ly p a r t i d a m p y à hier.
p a r t i d e p u i s hier. — avec soleil vous qu'il
Q u a n d des se construit que c o m m e d è s q u e le fût l e v é , — d è s q u e le s o u h a i t e z , dès a u r a fini.
DÉSERTEUR , s. m . soldat qui a b a n d o n n e le s e r v i c e sans congé. DESSOUS, a d v . d e lieu qui s e r t à m a r q u e r la" situation d'une chose , — voyez dess o u s la t a b l e , — on l'a pris p a r d e s s o u s le b r a s .
Drét ou d'abord, — d r é t soleil té l e v é , — drét ( ou d'abord) vou v l é , — drét ly fini.
Marron.
I l n e s e dit
que
des N è g r e s f u y a r d s .
Là sous, — g u é t é là s o n s t a b l e , — y o p r e n d ly là s o u b r a s . O n n e l e dit p a s g é n é ralement.
est
Là sus, — l y là su t a b l e ,
d e s s u s la t a b l e , — il s'est m i s au d e s s u s d e tous.
— li m é t é l y là su t o u s . O n
DESSUS , a d v . ,
—
il
D E V A N T , prép. locale de quelque c h o s e , — m e t t e z cela d e v a n t le feu , — il l'a dit d e v a n t d e s t é m o i n s , — il m a r c h e d e v a n t l u i , — il est d e v a n t D i e u , — e n v o y o n s au d e v a n t d'eux. D E V I N E R , v. a . , p r é d i r e . D E U X , adj. de n o m b r e s , — il y a d e u x a n s , — j e les
n e l e dit p a s g é n é r a l e m e n t . Douvant,— m e t é ça d o u v a n t d y f e u , — l y d i r e l'y d o u vant t é m o i n s , — l y m a r c h é d o u v a n t l y , — ly d o u v a n t b o n D i e u (ou d o u v a n t D i e u , ) .— allon nou v o y é ( ou e n voyé ) douvant y o . Diviner. Dé dés,—ly
en a d é s a n s ,
— m o voir y o tou d é .
ai v u s t o u s d e u x . D I E U , S. m . , — D i e u v o u s
Dieu , BON Dieu,
— bon
D
311
U
contente, — Dieu vous bé
D i e u contenté vou , — b o n
n i r a , — j e le v e r r a i s'il plait
D i e u a béni v o u , — m i r v o r a
à D i e u , — s e s r i c h e s s e s font
ly si bon D i e u v i e , — r i c h e s
son D i e u .
se a l y fair b o n D i e u a l y .
DONNER , v. a . , — il m ' a d o n n é un é c u , — j e lui ai donné une p o m m e , • — don n e z - l u i s a b a g u e , — cela n'est p a s v e n d u , c'est d o n n é , — combien voulez-vous que j e v o u s d o n n e , — il a d o n n é m a i n l e v é e , — il lui a d o n n é la c h a s s e , — j ' a i d o n n é r e n d e z - v o u s ; — le soleil d o n n e à plomb.
Baiye,
Ba o u Baille,
—
ly b a y e m o u é nion z'écu , — m o b a ly nion p o m m e , — b a ly b a g u e à l y , — ç a p a s v e n d ! c'est b a y e , — c o m b e n v o u v l é mo b a y e v o u , — l y baye main l e v é e , — l y b a y e ly la c h a s s e , — mo baye rendévou , — so leil b a y e d ' a p l o m b o u à plomb.
DORMIR, V. n. DOUCEMENT.
Droumi. Doucement
et
doussou-
ment. DROIT, OITE, a d j . , qui n ' e s t p o i n t c o u r b é , — il e s t d r o i t , — il e s t e s t r o p i é d e la main droite, — mettez-le sur le c o t é d r o i t , — c e c h e min vous y conduit tout droit.
Drét, drouet e t q u e l q u e fois droit, — l y d r é t , — l y e s t r o p i é la m a i n d r o u e t ( o u dam main d r é t ) , meté ly là sur c o t é d r o u e t , — c b i m i n là m e n é v o u t o u d r é t .
D u , particule qui tient Du, s e s u p p r i m e d a n s l a lieu d e la préposition de e t p l u p a r t d e s p h r a s e s , e t e s t d e l'article le, — il e s t à la r e m p l a c é p a r dans ; il f a u t sortie d u b o i s , — il e s t cuit u n e g r a n d e h a b i t u d e p o u r à l'ardeur d u s o l e i l , — il en saisir l'application ; — l y v i e n t d u m a r c h é , — il s o r t d a n s sorti a b o i s , — l y c o u i t du lit. d a n s s o l e i l , — ly sorti d a n s m a r c h é , — l y sorti d a n s c a b a n e ou ly vini. V
4
312
D
U
R
D u , s. m . , c e qui est d û , je v o u s d e m a n d e m o n d û , — je lui ai p a y é son dû , — il m ' a d û b e a u c o u p p l u s .
Doit, doir, — m o n m a n d é v o u ç a v o u doi m o u é , — m o p a y é l y ç a m o t é doir l y ; — l y t é doit m o u é e n pile p a s s é ç a .
D U R , RE , a d j . , f e r m e ,
Dir, a u m a s c u l i n c o m m e a u féminin ; — l y dir t a n t c o m marbre, — viande l a d i r , — z'oreille a l y d i r , — li g a g n é z'oreille dir, — s o l d a t l a y o m e n é nion v i e q u i dir.
s o l i d e , — il e s t d u r c o m m e un m a r b r e , — cette viande e s t d u r e , — il a l'oreille d u r e , — les s o l d a t s m è n e n t une vie dure.
DURER , v . n . , c o n t i n u e r d ' ê t r e , — il y a un a n q u e s a fièvre d u r e , — c e s s o u -
Douré, — l y en nion a n fièvre à ly d o u r é , — soulier layo p a s douré arien.
l i e r s n e d u r e n t rien.
É
E A U , S. m . E l é m e n t froid e t liquide , — d o n n e z - m o i u n v e r r e d'eau , — il e s t clair c o m m e d e l ' e a u , — il faut d e l'eau c h a u d e , — il n e b o i t q u e d e l'eau , — il v a t o m b e r de l'eau.
CA Diau , — b a y m o u é nion m o n v e r r e d i a u , — l y clair t a n t c o m diau , — fau diau chaude , — ly boire necque diau , — li v a t o m b é diau , ou diau v a t o m b é .
ÉBORGNER,
Borgner,
ÉCAILLER ,
Cailler
ÉCALE,
Cale ,
ÉCALER,
Caler,
,
E
NF
313
ÉcARLATE ,
Carlate
EcARTELFR ,
Carteler
ECARTER ,
Carter.
ECCLÉSIASTIQUE ,
Clésiastique
ÉcERVELÉ,
Cervelé,
ECHAFAUD, ÉCHAFAUDAGE,
ELLE , pronom personnel
Chafaud
,
,
Chafaudage , il e s t p e u d e m o t s où l'a n e soit s u p p r i m é q u a n d il e s t suivi d ' u n c , on le p r o n o n c e s e u l e m e n t dans ceux qui changeraient la dénomination c o m m e à écu , école, écueil, é d i t , effort, é l o g e , e m p l o i , e m plâtre , etc. Ly,
au masculin c o m m e
féminin.
a u féminin.
E L L E S , elle v o u d r a i t , — elles n'iront p a s .
p a s v l é alé.
Yo , l y t é v d r é , — y o
ENDROIT ,
Endrét,
ENDURER,
Dourer,
ENFANT , s. m . fils ou fille, par relation au p è r e e t à la m è r e , — il a d e s e n f a n s ,
,
Petit, p e t i t m o n d e , o u p l u t ô t , p i t i t , pitit m o n d e , — l y g a g n é p e t i t , — l y en a — il y a d e s e n f a n s , — on a p e t i t m o n d e , — y o t r o u v é t r o u v é un e n f a n t . , — on le nion pitit , ou nion pitit t r a i t e en e n f a n t , — c e n'est m o n d e , — y o t r a i t é ly tan p a s un jeu d ' e n f a n t , — n o u s corn ou en pitit m o n d e , — s o m m e s enfans d e D i e u , ca p a s nion jeu à pitit m o n d e , — n o u s pitit à bon D i e u ; — c'est un enfant g â t é . o n dit c e p e n d a n t , c'est n i o n z'enfant g â t é .
314
É
P
É
ENFANTILLAGE ,
Famillage
ENTENDRE , v. a. ouïr ,
'Tende,
, m o t é t r o p loin
— j ' é t o i s t r o p l o i n p o u r l'en-
pour tende ly, — ly pas ten-
t e n d r e , — il n ' a p a s e n t e n -
dé , — ly pas vlé tende , —
d u , — il ne v e u t p a s e n t e n -
n o u s s a v é ou n o u s c a p a b l e
d r e , — n o u s p o u r r o n s nous
t e n d e , — n o u s v a r é t é pour
e n t e n d r e , — n o u s allons r e s -
tende l y , — to tende ;
ter pour l'entendre, — e n -
Q u a n d il e s t a d j e c t i f o u
t e n d s - t u , — c ' e s t un h o m m e
a d v e r b e , ils s e p r o n o n c e e n -
bien entendu.
t e n d í , — c ' e s t nion n ' h o m m e ben etendi.
ENVOYER , v . a. fut. d e l'ind. j ' e n v e r r a i , — e n v o y e r
Voyé,
— v o y é nion m o n -
d e la c a m p a g n e , — l y v o y é
lin h o m m e à la c a m p a g n e ,
zétrenne ba m o u é , — m a
— il m ' a e n v o y é d e s é t r e n -
v o y é l y c o u c h é , — m o voyé-
n e s , — j e l'enverrai coucher,
l y nion c h i m i s e .
— j e lui e n v o i e u n e c h e m i se. É P A i s , AISSE. , a d j . - , n'est pas b i e n ,
ceci
c'est t r o p
Poués
, on a p p u y é sur l's
— ça p a s b e n , ç a t r o p p o u é s ,
épais,—ce brouillard est bien
— brouillard là ben poués ,
é p a i s , — il a l'esprit é p a i s ,
— ly gagné l'esprit poués ,
— c e sirop n'est p a s a s s e z
— sirop là p a s assez poués ,
é p a i s , — c e sirop e s t t r o p
— sirop là trop poués.
épais.
ÉPARGNE . s. f.
Pargné.
EPARGNER , v. a. — il n'y
Pargné,
a g u è r e de- p r o v i s i o n s ,
il
— n'y a poin g u è -
re provision , faut pargné ,
f a u t é p a r g n e r , — .on n ' é p a r -
— y o p a s p a r g n é à rien p o u r
g n e r i e n p o u r le satisfaire.
satisfair ly.
ÉPÉE, S. f. a r m e o f f e n s i v e ,
Népé
, — ly porté
nion
-—il p o r t e u n e l o n g u e é p é e ,
l o n g n é p é , — l y va p r e n d
— il v a p r e n d r e son é p é e ,
népé à l y , — ly m a n d é népé
Ë — il d e m a n d e —
son é p é e ,
il a m i s l ' é p é e
à
la
315
P I
a ly , — l y tiré n é p é , o u l y m e t é n é p é la m a i n ,
main. ÉPERON , s . m . — i l m e t s e s é p e r o n s , — il a d e s éperons d'argent. É P I , s. m . ÉPIAN , ( v u l g a i r e m e n t pian ) s. m . m a l a d i e , e s p è c e d e lèpre c o m m u n e p a r m i l e s N è g r e s , e l l e tient du g r a n d m a l v é n é r i e n , se m a n i f e s t e p a r d e gros b o u t o n s g a l e u x sur tout le c o r p s , qui t o u r n e n t en s u p u r a t i o n . O n p a s s e aux grands remèdes les ind i v i d u s , qui en sont a t t e i n t s .
Népron
, — ly meté né-
pron ou z é p r o n a l y , l y g a g n é z é p r o n ou n é p r o n l ' a r g e n t . Zépi,
ou népi
Plan.
ÉPICERIE, S. f. n o m c o l l e c t i f , qui c o m p r e n d toutes sortes d'épices,—-il f a i l l e c o m m e r c e d ' é p i c e r i e , — il
Népicerie , o u z é p i c e r i e , — ly fair c o m m e r c e à z é p i cerie o u n é p i c e r i e , — l y t r o p n é p i c é r a g o û t là , — l'alé
a trop é p i c é c e r a g o û t , — i l a été chercher des épice-
c h e r c h é z'épiceries.
ries. ÉPICIER , IERE. É P I N E , s . f. a r b r i s s e a u à piquant. É P I N E , p i q u a n t — i l lui e s t e n t r é une é p i n e dans le p i e d , — on v i e n t d e lui a r r a c h e r une épine.
Népicier, Zépine,
Z'épicier
, ière.
ou népine.
N i o n z'épine entré dans pied à l y , — y o s o r t y , r a d i é ly nion z'épine ou n é p i n e .
Z'épinard.
316
E T R
ÉPINEUX , EUSE
Z' épineux.
EPLUCHER, V. a. n e t t o y e r .
Plucher.
EPOUVANTAIL.
Pouvantail.
ÉREINTER , v . a . fouler l e s
Reinté
, vou. v a reinté l y .
Suyer
, m'aie suyé , —
r e i n s , — vous l'éreinterez. ESSUYER , v . a. ôter l'eau e t c . — j e vais m ' e s s u y e r , —
aie suyé main à toué , —
v a t ' e s s u y e r les m a i n s , —
s u y é table-la , — ly
e s s u y e z c e t t e t a b l e , — il a
t o u t di feu à b a t t e r i e - l à .
essuyé tout
suyé
l e feu d e l a
batterie.
ÉTEIGNOIR.
Tégnoir.
ETENDRE , v . a . d é p l o y e r ,
Tendre,
— aie tendre lin
— v a s é t e n d r e c e linge , —
g e là , — m o fair y o t e n d r e
j ' a i fait é t e n d r e le café , —
c a f é là , — t e n d r e h e u r e à
étendez
v o u là su p a i n à v o u .
votre
beurre sur
votre pain.
S'ÉTENDRE , v. récip. s a
Etendre,
v o i x à ly zé t e n
v o i x s'étend j u s q u ' à . . . , —
d r e j o u c q u a . . . . — n o u tiré
n o u s l ' a v o n s tiré t a n t qu'il
l y t a n t q u e l y lé c a p a b l e z é -
a p u s'étendre.
tendre. Ternel,
E T E R N E L , ELLE.
Eté, ETRE , v. subs.
on p e u t dire é t e r
nel. yé,
Ittéi
ça.
L a grande habitude peut s e u l e faciliter
l'application
de ce verbe , nous
allons
n é a n m o i n s en d o n n e r q u e l ques exemples. J e s u i s , - — t u e s , il e s t ,
M o y é , — to y é ,
— ly
E T R — nous s o m m e s , —
vous
317
y é , — nou y é , — vou
yé,
— yo yé.
ê t e s , — ils s o n t . J ' é t o i s , — je f u s , — j ' a i
Moté yé , — moté yé moté yé.
été. C e l a e s t , — cela n ' e s t p a s .
Ç a y é , — ça p a y é .
T o u s c e u x qui o n t é t é , —
T o u ça qui t é y é , — q u o
q u i s o n t , ou q u i s e r o n t . Quand ce
yo y é , — ou qui va y é .
verbe sert à attribuer quelque chose
à
un
s u j e t , soit t o u c h a n t l ' e s p è c e ou les p r o p r i é t é s , soit t o u c h a n t les q u a l i t é s , le
l i e u , le t e m p s , e t c . — I l
s'ex-
p r i m e d e différentes m a n i è r e s , ou s e s u p p r i m e s u i v a n t les
circonstances ,
q u e l ' u s a g e seul
t i n g u e r , e t d o n t l'étude d e v i e n d r o i t
peut
faire
dis-
trop pénible.
E X E M P L E . C e t t e p r o p o s i t i o n e s t faus-
Proposition là f a u x , vrai,
s e , est vraie. Cet h o m m e est sage ;
N ' h o m m e là s a g e ;
C e t h o m m e est grand ;
N ' h o m m e là g r a n d ;
C e t h o m m e n'est p a s s a -
N ' h o m m e là p a s s a v a n t ;
vant; N o u s étions en été ;
N o u té en é t é ;
N o u s s o m m e s en é t é ;
N o u en é t é ;
S'il est b i e n , qu'il s y ' t i e n -
S i ly ben l y n a q u a t i n i l y ;
ne; I l est des h o m m e s
mé-
L y en a m o n d e méchand ;
dians ; L a p r é p o s i t i o n en s e s u b s -
I l en e s t d e m ê m e , c ' e s t
t i t u e de d i f f é r e n t e s m a n i è r e s
t o u t m ê m e , ou c ' e s t
e n , e n t o u t , ou d a n s e t c .
comme ;
Il en est d e s p e i n t r e s c o m -
C'est
tout
dan p e i n t r e t a n t
•me d e s p o è t e s , — io g a g n é
c o m m e dan p o è t e , — ils ont
i a l i b e r t é de f e i n d r e ;
l i b e r t é fair s e m b l a n t .
318
E U X
Q u a n d il signifie a p p a r t e n i r , il s e s u p p r i m e , il s e d é finit
ou e s t s u i v i p a r tien ou
qien,
E X E M P L E . C e t t e m a i s o n e s t à M . un
C a z e la qien à M . un tel ;
tel. Cet enfant est à m o i ;
P e t i t la qien a m o u e ;
C e valet est à vous.
V a l e t là q i e n a v o u s ;
Il e s t bien m a l a d e ;
L j ' ben m a l a d e ;
C e l a est bien à l u i ,
Ç a b e n q i e n à ly ;
Q u a n d il s e p r e n d du p o i n t d ' u n é t a t d e c h o s e s d'affaires,
ou
il se p r o n o n c e ,
I l e s t , — il é t o i t ; L ' a f f a i r e étoit en bon é t a t ;
L y té , — ly t é y é ; Z'afair la té , ou t é y é , e n bon t r a i n .
A la t r o i s i è m e p e r s o n n e d u singulier d u s u b j o n c t i f ,
il
t e dit c o m m e e n f r a n ç a i s : E h bien soit ; E T U I T , s. m . b o î t e a j u s -
E h b e n ça y é . Nétouis,
t é e à la figure d e q u e l q u e chose qu'on veut conserver, où l'on m e t d e s aiguilles ; E u x , p r o n o m pluriel p e r s o n n e l , v a t'en a v e c e u x , — j'étois a v e c eux ;
Yo , — alé a c q u é y o , m o té a c q u é
yo.
—
F U I F A I M , S. f. besoin d e m a n -
Goa.
Voyez
apétit.
ger. FAIRE , v . a. j e f a i s , — t u
Fair,
f a i , — m o fair , —
t o f a i r , — l y fair.
f a i s , — il fait. F I L S , S. m . F I L L E S. f. t e r m e s relatifs q u i s e d i s e n t des personnes des deux sexes
Pitit,
— pitit
l à l'aîné ,
il p e u t s e p r o n o n c e r c o m m e en français , d a n s b e a u c o u p
p a r r a p p o r t au p è r e e t à l a
d e c a s : — fille l à b o n p o u r
m è r e , — c'est l e fils a î n é ,
marier.
—
c e t t e fille
est bonne à
marier. FILLEUL , EULE.
Fillol,
ou fiol, a u m a s -
culin c o m m e a u f é m i n i n . FORGERON , s. m . , q u i travaille a u x f o r g e s .
Machoquét
FORNICATION, S. f-, le p é c h é d e l a chair e n t r e
ou
maclio-
quic. Coque.
deux
personnes non mariées. FROID , OIDE , a d j . , — p a y s froid, — le t e m p s e s t
Fret,
p a y s fret, t e m l à
fret, — diau l à fret.
froid, — c e t t e eau e s t f r o i d e . FROIDIR.
Frédir.
FUGITIF, IVE.
Marron.
FUIR , v . n . , — j e f u i s ,
Sauvé,—
tu fuis , — n o u s
fuyons ,
mo sauvé,—
to sauvé , — nous s a u v é , —
— on n e lui r e p r o c h e r a j a -
yo p a s lé jamais
m a i s d'avoir fui.
ly
F U I R , v . a. — j e fuis l e j e u , — je fuis les m a u v a i s e s compagnie*.
•
reproché
sauvé. Fuir, m o fuir m a u v a i c o m -
pagnie.
F U T
320 F U I T E , S. f.,
action d e
Sauvé,
fuir h o n t e u s e m e n t , — il est en
fuite. FUMÉE.
Finie,
FUMER.
Fimer.
FUSEAU , s . m . , i n s t r u -
Fiseau.
m e n t dont on s e sert pour filer, etc. Fisée.
FUSÉE. F U S I L , s. m . , a r m e à f e u .
Fisil.
FUTUR , URE , a d j . , q u i
Fitir.
est a venir.
G GENIPA., S. m . , a r b r e fort, commun
I
G Genipaye.
a u x A n t i l l e s ; il
p o r t e un fruit p l u s g r o s q u e Je p o i n g , a c i d e , peu a g r é a b l e , l e s N è g r e s et l e s e n f a n s en
m a n g e n t , il e s t a s t r i n -
g e a t , e t b o n c o n t r e la d y s senterie. GiGiRT,s. m . , p r o d u c t i o n d'un arbrisseau r e s s e m b l a n t au
chenevi,
portant
une
gousse renfermant des graines beaucoup plus
petites
q u e les l e n t i l l e s , d'un g o û t et d ' u n e o d e u r s u a v e , q u a n d elle e s t g r i l l é e c o m m e
ân
Gigiri.
lî s a u v é .
G LA
321
c a f é , on en m ' e s t d a n s p l u sieurs m e t s de friandises s u c r é e s , on p o u r r o i t en e x t r a i r e d e b o n n e h u i l e , les
Nè-
grès pulvérisent ses graines boucannées,
grillées e t
saupoudrent
leurs b a n a n e s
en
o u leur m o u s s a p o u r lui d o n ner meilleur goût. G I R A U M O N T , S . , espèce
Giràumonli
d e p e t i t e citrouille , m a i s beaucoup plus
sèche et de
m e i l l e u r goût. GLACIS , s. m . , - l i e u l'on les
fait s é c h e r glacis
sont
le
ou
Glacish
café ,
ordinaire-
m e n t c o n s t r u i t s en m a ç o n n e r i e a v e c un enduit d e c i m e n t ; on les s é p a r e le p l u s carrément possible, suivant la
n a t u r e du t e r r a i n , afin
d e p o u v o i r m e t t r e d a n s chaq u e c o m p a r t i m e n t , le café cueilli à d i v e r s e s é p o q u e s ; ils s o n t c o m m u n é m e n t
de
3 o à 5o p i e d s c a r r é s ; les n o u v e a u x p l a n t e u r s les p r a tiquent
s u r le
tuf,
qu'ils
c h e r c h e n t en ô t a n t la s u perficie d e la t e r r e c u l t e , e t les font b a t t r e a v e c d e s d e m o i s e l l e s . L e s glacis serv e n t j u s q u ' à c e q u e le r e v e n u d o n n e la faculté d ' e n c o n s t r u i r e en Tome
II.
maçonnerie.
X
322 G R E GODO , s . m . , linge d e
Godo.
propreté des femmes.
GOMBO , s. m . , arbris-
Gomboi
s e a u a y a n t d e s feuilles d e 6 pieds d e diamètre
décou-
pées en patte d'oie, produis a n t u n fruit o u g o u s s e d e la forme du poivre long , mais cannelé, formant d e s cellules, dans lesquelles sont d e s g r a i n e s d e la g r o s s e u r d u poivre
e n g r a i n , c e fruit
cueilli
vert
se
coupe en
t r a v e r s , t r è s - m i n c e , on le fait bouillir e t r é d u i r e e n u n e espèce qui
d e bouillie
répugne
filante,
souvent a u x
a r r i v a n s , mais à laquelle on s ' h a b i t u e f a c i l e m e n t ; il e s t très-rafraîchissant, et émollient, on s'en sert en c a taplasme. GOURDE, S. f., c a l l e b a s s e , courge sèche et vidée. GOYAVIER , s. m . , a r b r e
Callebasse. mot. ) Gouyavier.
m o y e n , très-dur, cet arbre p o r t e u n fruit d e la g r o s s e u r d ' u n e p o m m e , s a chair e s t p a r s e m é e de graines rouges, il n ' e s t p a s d é s a g r é a b l e , o n e n fait d e s c o m p o t e s e t c o n fitures
sèches.
GRENADILLE , s. f. p l a n t e rampante et touffue, s e r -
Grenadille.
(V o y e zce
G R I
323
v a n t à faire d e s b e r c e a u x o u t o n n e l l e s , pour d é f e n d r e d e l ' a r d e u r d u soleil, il p r o d u i t Un fruit d e la g r o s s e u r d ' u n gros concombre d'un
acide
fort
aqueux
,
agréable,
très-rafraîchissant. GRILLON,
s. m .
insecte
Ravet
: on p l a c e ici c e t t e
p l u s g r o s q u e la c i g a l e , a i -
espèce,
m a n t les lieux c h a u d s , f a i -
p r o c h e d u grillon ; il p o r t e
s a n t un b r u i t a i g u .
a v e c lui u n e o d e u r f o r t e e t
parce qu'elle
d é g o û t a n t e , qu'il
ap-
commu-
n i q u e à c e qu'il t o u c h e . On l'emploie efficacement p o u r les m a u x d'oreille.
H A T HABELIN fait
, s.
avec de
millet,
m.
mets
la f a r i n é
Hatelin.
de
ou p e t i t m i l , e t d u
s i r o p , qu'on pétrit j u s q u ' à consistance de p â t e ferme , o n le fait c u i r e en p e l o t o n , enveloppé
de
feuilles
de
b a n a n e s ou a u t r e s , q u i n ' o n t point d'odeur. HATIER , s. m .
chef
du
l i e u où on n ' é l è v e q u e d e s animaux
utiles ,
bœuf , mulets , etc.
Les
comme chevaux,
Espagnols ,
à
Hatier.
H
324
oU
S a i n t - D o m i n g u e , ont n é g l i g é la c u l t u r e , p o u r f o i mer des hâtes. HEURE , s . f. e s p a c e d e temps
q u i fait la
vingt-
Heur ,•— quel heur l y
yé,
— ly v a parti à cinq heur.
q u a t r i è m e partie du jour , — q u ' e l l e h e u r e est-il ? — il partira à cinq heures. HIER , a d v . d e t e m p s q u i m a r q u e le jour qui p r é c è d e
Aider, — l y t é p a s s é a h i e r , — n i o voir l y ahier.
c e l u i o ù l'on e s t , — Il a passé
hier , — j e
l'ai v u
hier. HOMME , s . m . U n h o m -
N ' h o m m e , z h o m m e , nion
m e , — j'ai vu cet h o m m e ,
n ' h o m m e , nion
— j'ai vu ces hommes , —
— m o voir n ' h o m m e l à , —
zhomme,
c ' e s t u n v i e u x h o m m e , •—
m o voir z h o m m e la y o , —
ils o n t t u é c e t h o m m e .
c é nion v i e u x n ' h o m m e o u z h o m m e , — y o tuié n ' h o m m e la.
H O U C H E T , S. m . i n s t r u m e n t en forme de b ê c h e , mais
plus
étroit ,
dont
o n s e s e r t p o u r fouiller d e s trous à pouvoir introduire des pieux pour former un entourage, poteaux.
ou placer des
Louchet.
I M I C A Q U E , s. m . fruit s e m blable à
la p r u n e j a u n e
B Ieaque.
,
n o y a u t e n d r e et g r o s , v i e n t s u r le b o r d d e la m e r ,
d'un
doux acre. IGNAME ,
s.
m.
Igname.
planta
r a m p a n t e , d o n t les r a c i n e s , semblables aux p o m m e s d e t e r r e , m a i s infiniment grosses,
font
une
plus excel-
lente nourriture. Il en de deux espèces,
est
l'igname
p r o p r e m e n t dite ,
et
l'i-
g n a m e de Guinée. Celle-ci d'une
forme
drique ,
plus
plus
cylin-
compacte
,
a y a n t le g o û t un p e u a m e r , mais point désagréable. I L L U M I N E R , V. a . é c l a i rer. IMAGINER , v . a. f o r m e r quelque
chose
dans
son
idée,—
qu'imaginez-vous
l à - d e s s u s , — ne vous i m a g i n e z p a s q u e . . . , — il s'imagine
qu'il
c'est bien
viendra,
Maginer, maginé
— q u i ç a voit
là s u s ç a , —
pas maginé vou
n'a
q u e . . . •—
l y m a g i n é q u e ly v a v i n i , — ¡ ca ben
maginé.
—
imaginé.
IMBÉCILE , a d j . d e
tout
g e n r e , foible d ' e s p r i t ,
—
Bécile
,
—
zinfirmités
rende ly bécile. X
3
J U H
326 les
infirmités
l'ont
rendu
imbécile. INNOCENCE , s . f. é t a t d e
Nocence,
nocent, ly no-:
cent.
celui q u i e s t i n n o c e n t , e t exempt de crime. J E , de tout genre , p r o nom
d e la p r e m i è r e
per-
Mo fai,
, — mo di,
— mo
— m o é o r i r , ou m o
sonne au singulier, et dont
c r i , — q u i ç a m o v a fair ?
nous e s t le pluriel e t c , e t c .
—
— je d i s , — je f a i s , — j ' é -
être m o va a l l é , — i n u t i l e -
c r i s , — q u e f e r a i - j e ? — oii
ment m o té voudré o p p o s é .
où é t é m o y é ? — p e u t -
suis-je?—peut-être irois-je, —
inutilement voudrois-je
m'y
opposer.
J U P E , s. f.
habillement
Cote.
des femmes. J U P O N , S. m .
idem.
Cote.
JURÉE , v. a. affirmer p a r
Jourer.
serment.
L LAISSER , v . a.
A
quitter,
M Quité,
—
montre a moué à l'horloge,
ma
montre
ly , — m o
zéqui-
page
j ' a i laissé
a
— li q u i t é
— il a l a i s s é s o n é q u i p a g e ,
quité
c h e z l'horloger , — laissez
— quité m a n t e a u a vou ici,
ici
il
— ly quité tout l'abandon,
laisse tout à l'abandon, —
— vous quité ly pour deux
le
votre manteau , — laissez-vous pour
deux
g o u r d i n s ? — j e v o u s laisse
gourdins ? — m o laissé v o u s penser.
à penser. LAMA , s. f. p l a n t e
dont
Lama,
L E U ton m a n g e l e s f e u i l l e s , Calalou ,
comme
327
en
l e s épi—
narris. E l l e e s t a m è r e , m a i s très-rafraîchissante. L A T A N I E R , s. m . e s p è c e d e p a l m i e r ; feuilles
Latanier,
pliées
e n évantail. O n s e sert d e c e s feuilles p o u r c o u v r i r l e s m a i s o n s ; son c h o u s e m a n g e c o m m e celui d u p a l m i e r . L E , L A , LES ,
pronoms
a d j . et relatifs, dont le p r e -
Li,
a u masculin
comme
au f é m i n i n , — av la nion b o n
m i e r est pour le genre m a s -
l i v r e , lire l y , — v o u s g a g n é
culin , le second pour le f é -
gazette,
minin, et le troisième pour
p l u r i e l yo , — q u a n t v o u s
lire l y . . . • , e t a u
l e s d e u x g e n r e s a u pluriel ;
va gagné nouvelle, vous v a
— voilà un bon l i v r e , lisez-
c o m m u n i q u é moué y o .
l e , — vous avez la g a z e t t e , lisez-la, — quand vous a u rez des nouvelles,
vous m e
les communiquerez. LENDEMAIN , s. m . , j o u r s u i v a n t le j o u r d ' a p r è s , —
Lendémain
y
—
yo
té
parti lendemain.
ils p a r t i r e n t le l e n d e m a i n . L E Q U E L , LAQUELLE, p r o -
Qui
ci la ,
au masculin
n o m relatif, — lequel a i m e z -
c o m m e au féminin,
vous m i e u x , — laquelle vous
cila v o u h a i m é m i o u , — q u i
— qui
f a u t - i l , — c'est u n e condi-
cila v o u b i s o u i n , ou q u i f a u
t i o n s a n s l a q u e l l e il n e v e u t
vou , — c'est nion
pas.
tion san co ly pas vlé.
LEUR , p r o . adj. d e tout g e n r e ; au p l u r i e l , leurs , o r d i n a i r e m e n t r e l a t i f , - il n o u r r i s s o i t leur p è r e , —
Ayo , — l y t é n o u r r i p a p a a y o , — a v l a p a r t ayot, — chimise a y o s a l e , — tout m o n d e qui sage conservéX 4
condi-
328
L I E
voilà leur p a r t , — l e u r s c h e -
z a m i a y o , — ç a q u i fou , y o
mises sont s a l e s , — les gens
perdi y o .
sages conservent leurs a m i s , — l e s fous p e r d e n t l e s l e u r s . L I E R , v. a . , serrer a v e c une c o r d e ou a u t r e c h o s e ,
rer, — m a r r e r b r a s , — v o u s
— lier l e s b r a s , — v o u s liez
m a r r é ç à t r o p f o r t ; il n ' e s t
c e l a trop f o r t .
Amarrer se p r o n o n c e mar-
d ' u s a g e q u e q u a n d il s'agit d e lier , a t t a c h e r , e t c . , c a r o n n e diroit p a s , m ê l e r
deux
Ingrediens
pour
ensemble
a m a r r e r , ( lier l e s
sauces,
les l e t t r e s , e t c . ) L I E U , S. M . , l ' e s p a c e
s
Côté,
e n d r e t , nion
côté,
q u ' u n corps o c c u p e , — tout
nion e n d r e t , — t o u t q u i c h o s e
c o r p s o c c u p e u n l i e u , — il
t i e n b e n nion c ô t é ,
d e m e u r e e n c e lieu là , — il
b o u g é d a n l'endret c y , —
a c h a n g é d e lieu , — c e l i e u
l y b o u g é d a n l ' e n d r e t là , —
est s o m b r e , — q u a n d j e s e -
ly changé l'endret, — l'en-
rai s u r l e s l i e u x ,
—
ly
d r e t là s o m b r e , — q u a n d mo v a la s u l ' e n d r e t . Moyen
se
substitue ;
q u a n d o n v e u t d i r e s'il y a lieu , o n dit , — si lieu я moyen. En
guise s e s u b s t i t u e , ——
a u lieu d ' u n t e l , a u lieu d e J e a n , j'ai v u P i e r r e , e n g u i s o J e a n m o voir Pierre. P o u r tenir lieu d e q u e l q u e c h o s e , o n dit c o m p e n s é . C e t t e t e r r e lui t i e n d r a lieu d e t o u t e s les s o m m e s q u ' o n
LU
N
329
lui doit , — terre là va compensé ly , tou ç a y o dot
ly. Cabane, — ly dans c a L I T , s. m . , m e u b l e d o n t on s e sert pour s e coucher , b a n e y o , — y o fair c a b a n e — il est au l i t , -— o n lui a à l y , — l y m a l a d e d a n s c a fait s o n l i t , — i l e s t m a l a d e b a n e , — y o s a v é voir l y a u l i t , — p e u t - o n le v o i r c a b a n e a l y ? dans son l i t ? A u figuré , l i t , — il f a u d r a un lit d ' a r g i l e , — la r i v i è r e sort d e s o n lit. L u i , p r o n o m d e la t r o i s i è m e p e r s o n n e ; il e s t d u n o m b r e singulier q u a n d la préposition à est sous entendue , — vous pensez c o m m e l u i , — il n e travaille q u e p o u r lui,, — j e lui dirai. L U N D I , s. m . ,
Au
figuré,
l i t , — ly fau-
dra nion lit d'argile , — r i v i è r e sorti d e l i t à l y . Ly, — v o u s p e n s é t o u t c o m m e ly , — ly travail nécqué pou ly , — m a va dire l y .
second
Lindy.
jour d e la semaine. L U N E T T E S , S. f., v e r r e s a soulager la vue. ,
Linettes. — T o u s les m o t s qui commencent
par ces
trois l e t t r e s , lut, p e u v e n t s e p r o n o n c e r p a r lit.
M
A
M A , M O N , adj. prono- A moué,— n ' a m i a m o u é , m i n a i , — m o n a m i , — m a serviette a m o u é , — habis e r v i e t t e , — m o n h a b i t a - tation a m o u é . tion.
330
M
M A B O U Y A , S. m . ,
A H
espèce
d e petit lézard , plus gros q u e L'anolis. MACHENILIER ,
s.
Mabouya:
m.,
arbre produisant une graine q u i e s t un p o i s o n t r è s - s u b til ; l'air
Machenilier.
trop long-temps
respiré sous cet arbre
de-
v i e n t m a l - s a i n ; le s o m m e i l y seroit d a n g e r e u x . MAGICIEN ,
IENNE ,
s.
Macandal.
Ce nom vient
c e l u i ou c e l l e q u i fait p r o f e s -
d'un c h e f d e b a n d e n è g r e ,
s i o n , e t q u i p a s s e p a r m i le
qui le p o r t o i t ,
p e u p l e p o u r faire u s a g e d e
m o y e n d e la c o n n o i s s a n c e
la magie.
qu'il
M A G I E , s. f.,
etc.,
etc.
et q u i , a u
avoit des plantes v é -
n é n e u s e s , exeçcoit
des ra-
v a g e s inouis ; il a v o i t c o m muniqué ses connoissances , e t v o u l o i t les e m p l o y e r à la d e s t r u c t i o n d e s blancs,. D e puis cette é p o q u e , tout c e q u i p a r a î t s u r n a t u r e l , soit en p h y s i q u e , e s c a m o t a g e , etc. , est macandal. L ' e m poisonneur se n o m m e p r i n cipalement macandal. M A H Ô C A , S. m . ,
espèce
d e v e r c o m m e le t u r c , q u i s ' e n g e n d r e d a n s les a r b r e s , particulièrement
dans
le
v i e u x bois ; il a q u e l q u e f o i s 4 à 5 pouces de long; nègres de k mangent.
les
Martinique le
Mahoca.
M A L MAINTENANT ,
adv.
331
Ator ou astor, — a t o r mo
de
t e m p s , — à présent, à cette
fini,
heure,
ator m o p a gagné t e m p s .
fini,
— maintenant j'ai
'— m a i n t e n a n t
— astor m o va aie , —
j'irai,
— m a i n t e n a n t j e n'en ai p a s l e loisir. Caza ou Caye
M A I S O N , s. f. l o g i s , b â t i -
, — m o fat
y o fair d e u x c a z e à
nègre ,
— j ' a i fait faire d e u x m a i -
—
grande
s o n s p o u r les N è g r e s , — il
c a z e , — aie
y à une maison principale ,
aie là c a z e à m o u é .
ment
pour
y
demeurer,
l'y
en
a
nion
là c a z e , —
mo
— v a t'en à la m a i s o n , — j e m'en
vais chez m o i , à
la
maison. M A L A N G A , s.
f. c ' e s t c e
q u e les naturalistes l e n t arum,
Malanga
ou feuille
appel-
plante. Feuille
v e r t e , e t un p e u
violette,
faite en c o e u r , l o n g u e d e dix à quinze pouces. C e sont ces feuilles
avec lesquelles
on
fait le c a l a l o u ; q u ' o n n o m m e m a l a n g a , car la r a c i n e , qui est une espèce de p o m m e d e t e r r e , se n o m m e tayo ; e l l e n e v i e n t g u è r e , q u e suid e s t e r r a i n s frais ,
e t sur le
b o r d des r a v i n e s . M A L I N G R E , a d j . t. g. en f r a n ç a i s , il s e dit d ' u n e p e r sonne qui a peine à r e c o u vrer
ses
forces,
naire , etc.;
valétudi-
m a i s en c r é o l e
c'est t o u t e e s p è c e d e plaie.
Malingre,
playe.
Tayoi
M E I
332
Voyez.
MANCENILLIER.
Machenillier
MACHENILLIER. MANCHETTE,
s. f. D a n s
Manchette.
la C o l o n i e , on a p p e l l e m a n c h e t t e , un s a b r e à p o i g n é e d e bois s i m p l e , d o n t on
se
s e r t p o u r tailler les h a i e s . MANIOC,
S. m . A r b r i s -
Manioc.
s e a u , d o n t la r a c i n e s e r t à f a i r e la c a s s a v e . C e s r a c i n e s sont, g r o s s e s ,
on l e s r â p e
( g r a g e ) , on en exprime le suc , q u i e s t un p o i s o n , fait s é c h e r l e m a r c , e t c . Voyez
on
etc.,
CASSAVE.
M A R I N G O U I N , s. m . s o r t e
Maringonin.
d e m o u c h e r o n , qui ressemble au Cousin. I l e s t t r è s - i n commode aux Antilles, surt o u t d a n s les t e r r a i n s bas , m a r é c a g e u x , c o m m e au r i v a g e de la m e r , e t en t e m p s calme. ME,
s. d e t - g .
pronom
p e r s o n n e l , q u i signifie p r é «isément
la m ê m e
q u e je e t q u e moi,
ou
Mo,—
vou»
soupçonnez
Moue
moué
mal-à-
chose
p r o p o s , — v o u s fair ino m a l ,
—vous
— n'a p a p a r l é m o u é ç a e u -
m e soupçonnez m a l - à - p r o -
core,
p o s , — v o u s m e faites m a l , —
ne m'en parlez plus. M E I L L E U R - E U R E , a d j . le
c o m p a r a t i f d e b o n , qui e s t au-dessus d e bon.
Miyor,
an f é m i n i n c o m -
m e au masculin,
M Il M E L O N G È N E ou A U B E R G I N E , s. f. p l a n t e t r è s c o m m u n e a u x A n t i l l e s , il y e n a de plusieurs e s p è c e s . E l l e p o r t e u n fruit g r o s c o m m e une p o i r e , et m ê m e comme un concombre , j a u n e ou v i o l e t , s a c h a i r blanche , a un goût f a d e , et a c r e en m ê m e t e m p s , m a i s bien a s s a i s o n n é ou frit, il n'est p a s d é s a g r é a b l e .
333 Béringéne
MÈRE , s . f. f e m m e q u i a m i s u n e n f a n t au m o n d e ,
Maman,bon maman, — mauvais m a m a n ; — m a '—boline m è r e , — m a u v a i s e m a n là g a g n é troi pitil , — m è r e , — c e t t e m è r e â trois l y p r e n d parti à m a m a n là , e n f a n s , — il a pris le p a r t i — z ' a m b i t i o n c ' e s t m a m a n à d e la m è r e , — l'ambition t o u t d é s o r d r e , e s t la m è r e d e t o u s les d é sordres. MESURE , s . f. qui sert d e
Misure,
règle pour déterminer une quantité. M E T T R E , v. a. j e m e t s , Mété, — m o m é t é , — (o — tu m e t s , — j e v a i s m e t - m é t é , — m o v a m é t é d ' h a t r e m o n habit d e d r a p , — bit d r a p à m o u é , — q u e q u e l c h a p e a u allez - v o u s c h a p e a u v o u v a m é t é ? —• m e t t r e ? — j ' a i m i s d e l ' a r - m o m ê l é l'argent là s u s t a g e n t sur la t a b l e , — ¡1 faut b l e , — f a u ly m é t é n é z à ly q u ' i l m e t t e le n e z p a r - t o u t . p a r - t o u t , ou t o u t p a r - t o u t . MILIEU,
s. m . c e n t r e
d'un lieu , e t c . , e t c . — j ' a i é t é a u milieu
du chemin ,
Milan , m o t é alé d a n s mitan chimin , — ly dans m i t a n b o i s , — m o c o u p é ly
334
M
ou
o u — i l est au m i l i e u du b o i s ,
d a n s m i t a n , Iy t é t e r r o m p t
— je l'ai c o u p é p a r le m i -
y o té
l i e u , — il fut i n t e r r o m p u a u
m i t a n discour à ly.
terrompe
J y , dans
milieu d e sou discours. Mor, de
s . d e t. g. p r o n o m
Mo e t Moue.
la p r e m i è r e p e r s o n n e ,
circonstances ,
e t dont nous est le p l u r i e l ,
c'est
Suivant les mo
même
moué.
— m o i - m ê m e , — c'est moi.
Morne.
M O N T A G N E , s. f. m o n t . M O R T , S. f. c e s s a t i o n d e
Mouri,
l a v i e , — il e s t m o r t , — il
lant
de
m e u r t , — il va m o u r i r .
que abre
s e u l e m e n t en p a r quelqu'un,
quel-
ou p l a n t e , e t c . ,
qui e s t m o r t e , qui m e u r t , ou
qui
va mourir, — ly
m o u r i , — I y après
mouri,
— l y v a m o u r i , '— on n e dit
pas
mouri
glorieuse,
pour m o r t glorieuse ;
mais
ly mouri glorieusement. S. m . p a r o l e , dic-
O n dit le p l u s s o u v e n t p a -
tion , — il m ' a dit d e s m o t s
MOT,
role, — Iy dire m o u é des pa-
q u e j e n'ai p a s bien c o n ç u s ,
roles , — m o p a c o n c e v o i r
— je vous prends au m o t .
ben , — m o prend vous là su p a r o l e .
M O U S S A , s . m . , m e t s fait a v e c d e l a farine d e b l é d e T u r q u i e ou m a c h i s , qu'on fait bouillir à u n e c e r t a i n e consistance, et q u i tient lieu d e p a i n , on l e m ê l e s o u v e n t avec du gombo.
Moussa.
N O T NASSE , s. f., r e t s à p r e ñ -
Nasse.
a r e d u p o i s s o n , fait e n filet de
ficelle,
figure
long d e 5 p i e d s ,
cylindrique
sur 4 c e r c l e s , les
soutenu embou-
chures des deux extrémités p a r l e s q u e l l e s e n t r e le p o i s son,
sont en f o r m e d ' e n -
tonnoir. NE , particule qui rend une
préposition
Cette particule n e se pro.
négative,
nonce dans aucun c a s , on y
e t qui précède toujours le
s u b s t i t u e les n é g a t i v e s ly pas
t
yo pas, — m o p a s , — y o v e u l e n t p a s , — il n e v e u t p a s vlé, — l y p a s v l é , —«
v e r b e , e t c . e t c . , — ils n e
p a s , — il n'a p a s c h a n t é , —
ly
il n ' a p o i n t d ' e s p r i t , — j e
gagné l'esprit, — m o pa.
ne
alé
sortirai p a s , — j e n e
pas chanté , — ly p a s sorti, — mo pas vlé
veux pas boire, — je crains
boire ,
que vous ne perdiez votre
perdi procès à vous,
—
m o peur
voua
procès. N E V E U , S. m . , fils d u f r è r e
Niveu.
o u d e la soeur. NOTRE, adj., possessif des 3 genres, et qui répond au
A nous,
quïen à
nous,
— m a m a n à nous,—-z'inté-
p r o n o m p e r s o n n e l nous e t c . ,
r e t à n o u s , — bien là c ' e s t
— notre m è r e , — notre in-
quien à nous, — q u a n d vou
t é r ê t , — c e bien e s t l e n ô -
v a dire raison à v o u , n o u
t r e , — quand vous aurez dit
v a dir q u i e n à n o u s ,
v o s raisons, nous dirons les
a p o i n t arien q u i e n à n o u s ,
n ô t r e s , — il n ' y a rien d u
— vous v a quien à nous.
— ni
336
N O U
nôtre , — vous
serez des
nôtres. N O U E R , v . a . , lier.
Marer,
amarer, d a n s l'ac-
ceplion seulement attacher, lier , n o u e r q u e l q u e c h o s e , mais non dans nouer d ' a mitié etc.
O L I ( E n . , s. m . , l ' o r g a n e d e
Z'Yeu
,jcu,
— ly gagné
la v u e e t c . , — I l a la l a r m e
larme dans z'yeux , — ly
à l'œil, — il a m a l a u x y e u x ,
gagné
— il a l'œil b a t t u , — je n'ai
z ' y e u à ly batu ( o u b a t i ) ,
pu clore l ' œ i l , — c'est u n
—
beau coup-d'œil.,
z ' y e u , — c ' é s niou b e l c o u p de
OIGNON , s. m . , tu m e t t r a un o i g n o n d a n s c e r a -
m a l au z ' y e u , —•
m o pa lé savé
fermé
z'yeu. T r è s - s o u v e n t z'oignon
,
— to v a m e t é nion z ' o i g n o n
g o û t , — j'ai m a n g é la s o u p e
d a n r a g o û t là , m o m a n g é la
à- l ' o i g n o n , — il e s t e n r a n g
s o u p e à z'oignon , — l y e n
d'oignon.
rang z'oignon.
OISEAU , s . m . , — j ' a i un
Zozo
, — m o g a g n é nion
oiseau qui chante b i e n , —
zozo qui chanti ben , — m o
j ' a i pris un b e l o i s e a u , —
p r e n d nion bel z o z o , — m o
j e c o n n o i s un nid d ' o i s e a u x ,
c o n é nion nid z o z o , — z o z o
— ces oiseaux s'envoleront
la y o v a b e n t ô t v o l é , — p i -
b i e n t ô t , — petit à p e t i t l'oi-
tit à pitit z o z o fai ni à l y .
s e a u fait s o n n i d . O L I V E , S. f., fruit d o n t o n t i r e l'huile
et qui est bon
Z'Olive
,
— avla
nion
b e l z'olive , — m o m a n g é
••;
à
o RE à
manger,
belle o l i v e , un
canard
—
voilà
une
— j'ai mangé
33
7
nion c a n a r d A z ' o l i v e , - - m o p l u t ô t ouil z ' o l i v e .
aux- o l i v e s , —
j ' a i m e m i e u x l'huile d'olive. Yo,
ON, pronom personnel in-
F a , — y o dire q u e ,
défini e t c . , — o n d i t q u e ,
— q u i ç a y a l'air, — q u i
— que f a i t - o n , — que dira-
ç a yo va d i r , - - y o écrir l y ,
t - o n , — o n lui a é c r i t , —
—
o n n'est p a s t o u j o u r s m a î t r e
d e , — q u a n d y o joli y o p a s
d e , — quand on est j o l i ,
gnoré ly.
y o pas toujour
maître
o n n e l'ignore p a s . O R A G E , S. m . , t e m p ê t e , — il a fait un o r a g e affreux.
L'Orage, nion
—
ly té
l'orage ,
ou
fair
z'orage
affreux. ORDINAIRE , a d j . d e s 2 . genres , a c c o u t u m é d'être ,
L'Ordinaire,
- - c'est c o n -
duite l'ordinaire
à ly , —
d e s e faire e t c . , — c'est s a
c ' e s t nio n z' ho m m e l ' o r d i n a i -
c o n d u i t e ordinaire , — c ' e s t
r e , — c o m m i s s a i r e l'ordinaire
un homme
fort o r d i n a i r e ,
—— c o m m i s s a i r e
ordinaire
à g u e r r e , — par courrier l'ordinaire.
d e s g u e r r e s , — par l e c o u r rier o r d i n a i r e . ORDRE, S. m . , d i s p o s i t i o n
Z' Ordre, — m o r e c e v o i r
d e s c h o s e s e t c . , — j'ai r e ç u
z ' o r d r e , — l y b a m o u é z'or
l'ordre , — il m ' a
dre.
donné
l'ordre.
On peut néanmoins ordre dans beaucoup casions c o m m e mal en ordre
ORDURE. OREILLE , s . f . ,
c'est
etc.
Z'Ordure. organe
d e l ' o u ï e e t c . , — l'oreille m e fait m a l . Tome II,
dans
dire d'oc-
Z'Oreille,
— z'oreiile à,
m o u é fair m o m a l . Y
O OUV
338
O R F I E , S. m . , p o i s s o n à
U
V Orfi.
p e u p r è s s e m b l a b l e au b a l a h o u , ( voyez balahou. ) alternative,
Ou , n e s e d i t p r e s q u e
c e l a e s t b o n ou m a u v a i s ,
Ou ,
conj.
j a m a i s s e u l , il e s t t o u j o u r s
- - j'irai a u j o u r d ' h u i o u d e -
suivi d e ben,
éty,
main , — son beau-frère ou
— m o v a allé
jordy ou ben
y
etc.
s o n m a r i , — dites m o i o ù
d e m a i n , b e a u frère à — l y o u
e s t u n t e l , — la m a i s o n o ù
ben mari à l y , — dire m o u e
j e d e m e u r e , — où cela e s t -
o ù éti nion t e l , — c a z e l a
i l , — voilà d ' o ù il tire c e t t e
o ù é t i m o b o u g é , — où é t i
conséquence.
ça y é , —
a v l a où é t i l y
tiré conséquence là. O U T I E , S. m . , i n s t r u m e n t
Z'Outil.
de travail, etc. O U V R I E R , IÈRE , s . , q u i travaille d e la m a i n , e t c .
Z'Ouvrier,
— cé
nion
b o n z'ouvrier.
— c'est u n b o n ouvrier. O U V R I R , v . a. j ' o u v r e , — tu o u v r e s , — i l —
ouvre,
nous ouvrons, — j ' o u -
T r o i s , — c'est un tel , o u -
L'ouvri,
— mo
l'ouvri,
— t o l ' o u v r i , — ly l'ouvri, — n o u l'ouvri , —
mo té
a p r è s l ' o u v r i , — c ' e s t nion t e l
v r i r a i - j e ? — c e chemin n'est,
m o va l'ouvri, ou m o l ' o u -
p a r o u v e r t , — il c o m m e n c e
v r i ly ? —- c h i m i n l à p a s l ' o u -
à o u v r i r l e s y e u x , — il lui
v r i , — ly c o m m e n c é l'ouvri
a o u v e r t s a b o u r s e , — la
y e u x à l y , — l y té l'ouvri l y
terre s'estouverte pour l'en-
b o u r s e à l y , — t e r r e là t é
gloutir.
l'ouvri pour englouti ly j
P A T PALMISTE , s. m.
sorte de
p a l m i e r qui c r o î t a u x
Palmiste.
An-
tilles ; s e r t à n o m b r e d ' u s a g e s . O n c o u v r e les m a i s o n s a v e c s e s feuilles , ou l'on e n f a i t d e s p a n i e r s ; la c i m e , à l a n a i s s a n c e d e s feuilles e s t v e r t e , à la l o n g u e u r d e à 3 p i e d s , et e n
2
couches
successives jusqu'au c œ u r , c'est ce qu'on appelle choux palmistes ,
qu'on
mange
bouillis. PAPAYIER , s. m . g r o s a r -
Papaye,
fruit.
b r e d e bois tendre , g r a n d e feuille d é c o u p é e ,
produi-
s a n t un fruit j a u n e , g r o s , e t r e s s e m b l a n t à un moyen,
melon
chair f a d e .
P A T A T E , s. f. p l a n t e r a m -
Patates.
p a n t e des A n t i l l e s , p r o d u i sant dans sa racine ,
une
espèce de p o m m e de terre d ' u n bien m e i l l e u r g o û t q u e les nôtres , qu'on
nomme
a u s s i p a t a t e s ; les j e u n e s b o u r geons de cette plante , mangent
souvent
se
comme
les asperges. PATURAGE , s. m . lieu où les bestiaux pâturent.
Savanne.
L a savanne pro-
p r e m e n t d i t e , e s t le lieu r é Y
2
34o
PER s e r v e sur c h a q u e habitation, o ù l'on fait paître les a n i maux. L e s Créoles q u e l q u e fois généralisent
ce
mot,
p o u r d é s i g n e r o ù ils d e m e u rent, — m o bougé dans s a v a n n e à un t e l , p o u r d i r e l ' h a b i t a t i o n d'un P E A U , s. f. la p a r t i e e x t é r i e u r e de l'animal qui e n veloppe et couvre toutes l e s a u t r e s p a r t i e s , — il a la p e a u é p a i s s e , — on lui e n l è v e la p e a u , — i l c r è v e d a n s sa p e a u , — la p e a u lui d é m a n g e , — f a i t e s - m o i d e s souliers d e p e a u d e c h è vre. PELER , v. a . ô t e r le poil o u la p e a u , e t c , — Il a la
tel.
Piau, — p i a u a ly p o u é s , — y o e s t e n l e v é piau à l y , — ly c r e v é dan piau à ly, — piau à l y d é m a n g é l y , — fair m o u é soulier p i a u c h è v r e , ou cabrit.
Caler,
— t ê t e à l y calé ,
— calé m o u é nion p o m m e .
tête p e l é e , — pelez - m o i une p o m m e . PENSER, v . n . f o r m e r d a n s son esprit l ' i d é e , l'image de quelque chose.
Penser.
Songer, — m o s o n g é ç a Q u a n d il signifie faire r é f l e x i o n : s o n g e r à q u e l q u e v o u t é dit m o u é , — ça v o u c h o s e , — j ' a i p e n s é à c e q u e p r o p o s é m o u é ly p a r o î t r e v o u s m ' a v e z d i t , — c e q u e m o u é faisable, — m o va s o n vous m e proposez me paroît gé ç a , — - s o n g é m o u é t e m p s f a i s a b l e , — j ' y p e n s e r a i , en t e m p s ; — p e n s e z q u e l q u e fois à m o i . PERDRE.
Perde.
p PEU,
adv. d e quantité ,
il e s t o p p o s é à b e a u c o u p .
Is Peu,
341 se prononce souvent
c o m m e en f r a n ç a i s , l ' u s a g e s e u l p e u t faire d i s t i n g u e r l e s c i r c o n s t a n c e s o ù il s e r e m place par pas guère, c o m m e dans. Pitit b r i n , pas tout plein.
Il est peu sensible.
O n p e u t d i r e ly p e u s e n s i ble. Ly
Il a peu de cheveux.
g a g n é pitit brin c h i -
veux. Attendez-moi
un peu.
I l n'en faut q u ' u n p e u . V o t r e p e u d ' a t t e n t i o n fait
Tendé m o u é pitit b r i n . L y faut p a s tout plein. P i t i t brin l'attention à v o u fair q u e .
que. P I A S T R E , s. m .
monnoie
Gourde
, — mo vlé v e n -
d'argent, fabrique d'Espa-
d r e c h a p e a u là 3 g o u r d e s ,
gne,
— ly doit m o u é 20 g o u r d e s .
quia
cours aux A n -
tilles , — j e v e u x v e n d r e c e c h a p e a u x 3 p i a s t r e s , — il m e doit 20 p i a s t r e s . P I L E , S. f. a m a s e t c . ( v o y .
Pile.
tas. P I S Q U E T , S. m . p e t i t p o i s -
Pisquet.
son d'eau douce , espèce de goujon ,
m a i s q u i n'excède
p a s la l o n g u e u r d ' u n p e t i t d o i g t . L e frai s ' o p è r e m a i ou j u i n , a l o r s il
vers vient
e n si g r a n d e a b o n d a n c e s u r le b o r d d e s r i v i è r e s , q u e la terre et les rochers envi-
Y
3
342
P L U
r o n a n s en s o n t
couverts ;
l e s N è g r e s les p r e n n e n t p a r poignée , pendant
6 ou
7
jours que dure cette a b o n d a n c e , e t e n font p r o v i s i o n p o u r q u e l q u e t e m p s , e n le f a i s a n t s é c h e r a u soleil. PISTACHE , s. f. L a p i s t a -
Pistache:
c h e d a n s les A n t i l l e s , v i e n t d a n s les r a c i n e s d e l ' a r b u s t e ; elle est d e forme ovale. PLAIE.
Malingre,
PLAIRE , vouloir , — si
S o u v e n t , v l é , — si
plaie. bon
c e l a plait à D i e u , — il n'en
Dieu v l é , — ça v a y é n é c q u e
s e r a q u e c e qu'il v o u s p l a i r a .
c o m m e vou va vlé. L a définition d e l ' a p p l i cation d e c e v e r b e , d a n s les différentes prononciations , seroit trop
longue
et
en-
n u y e u s e ; l'usage seul p e u t instruire. PLAIRE , v. n. a g r é e r
Plaire.
PLATINE , s. f. O u t r e les
Platine,
platine à cassave.
divers objets connus sous ce n o m , on a p p e l l e ainsi l ' u s tensile
sur
la c a s s a v e , 24
lequel on il a
pouces de PLISSER , v .
plis.
fait
de 18
à
diamètre. a. f a i r e d e s
Grigi, dant
n e s e dit
que des petits
cepenplis,
q u ' o n fait au col et au p o i gnet
d e s c h e m i s e s et linge
b l a n c , etc.
343
P O I La Pluie
P L U I E , S. f. l'eau q u i t o m -
ou p l u t ô t la p l i ,
b e du c i e l , — g r o s s e p l u i e ,
—
— p e t i t e p l u i e , — un brouil-
pli ; — nion b r o u i l l a r d q u i
g r o s la p l i , —
pitit la
lard q u i s e r é s o u t en p l u i e ,
t o u r n é la p l i , — d'iau à c i -
— les e a u x d e s c i t e r n e s n e
t e r n e y o n é c q u e d'iau la pli
sont q u e d e s e a u x d e p l u i e
ramassé.
ramassées. P L U M E , s. f. c e qui c o u -
Plime.
v r e les o i s e a u x . PLUMER.
Plimer.
etc.
PLUS , a d v . d e c o m p a r a i -
Passé,
pli ; plus
se dit
son , d a v a n t a g e , — j a i p l u s
t r è s - p e u , seulement
d'intérêt à cela q u e vous ,
m o t passé
— il t r a v a i l l e p l u s q u e p e r -
t i è r e m e n t la p h r a s e , — m o
sonne , — je vous en donne
gagné
plus qu'un autre , — je n'y
dan ç a , — ly t r a v a i l p a s s é
pense plus, —
il n'a p l u s
ces mêmes g e n s , —
c'est
l'intérêt
tout,—
le
passé vou
m o ba v o u p a s s é
l'autre , — m o pas pensé ça e n c o r ,
le plus grand.
où
défigureroit e n -
à
— ly pa g a g n é
m ê m e g e n s à ly y o , —- c ' e s t cila q u i pli g r a n d . O n d i t , pli t a r d , pli t ô t . POIVRE LONG.
Piment.
POMME , s. f. fruit à p é -
Pomme.
pin , etc. I l y a aux tilles
An-
plusieurs espèces de
p o m m e s i n c o n n u e s en E u r o p e , la
pomme
canelle ,
la p o m m e r o s e , la p o m m e d'acajou
,
( I )
etc.
La
(1) C e n'est point le même acajou dont on fait des ouvrages en menuiserie. Y
4
POU
344
p o m m e cannelle est d e l a f o r m e de l a p o m m e d e pin , mais verte , b o n n e ; la
et
est
pomme
trèsrose
r
tire son n o m du goût et d e l'odeur qu'elle p o r t e , r e s semble
à peu près à u n e
g r o s s e p r u n e j a u n e ; chair très-mince , noyeau
petit,
vacillant d a n s le f r u i t ; pomme
d'acajou ,
la
à peu
près c o m m e notre poire d e r o u s s e l e t , p o u r la f o r m e , m a i s r o u g e et j a u n e ,
elle
porte à une de ses e x t r é m i t é s , u n e noix s e m b l a b l e à
nos grosses f è v e s ,
dont
l'enveloppe tendre rend une huile
corrosive ;
l'amande
e s t b o n n e grillée. POUVOIR, V. n . — j e p u i s , — je p e u x , — il p e u t , — nous p o u v o n s , — v o u s p o u v e z , — ils p e u v e n t , — j e p o u v o i s , — j e p u s , — tupus , —
il p u t , —
nous
pûmes,—nous nous s o m m e s promenés plus.
à n'en
pouvoir
Capable ou capabe , — m o c a p a b l e , — to c a p a b l e , — ly c a p a b l e , — n o u s c a p a b l e , — v o u s c a p a b l e , —• y o c a p a b l e , — m o té c a pable , — m o té capable , — lo t é c a p a b l e , Iy t é c a pable , — nous sté capable , — nous p r o m e n é joue p a s té c a p a b l e e n c o r e .
non
Q u a n d il s ' e m p l o i e a c t i v e m e n t , c o m m e dans
vous
p o u v e z , on s u b s t i t u e q u e l quefois s a v é , vous s a v é .
P U R
345 A u s u b s t . il s e d i t p o u
A u s u b s t . m . , — il a u n g r a n d p o u v o i r , — il a b e a u -
v o i r , — ly gagné grand p o u -
coup de pouvoir,
v o i r , — ly g a g n é tou plein
— c'est
p o u v o i r , — c ' e s t l'effet p o u -
l'effet d e son p o u v o i r .
voir a l y . PRENDRE , v .
Prend,
—
nous p r e n d ,
a , —
je
p r e n d s , — tu p r e n d s ,
—
— n o u s p r e n d , — nous t é
nous p r e n o n s , — n o u s avons
p r e n d , — m o té a p r è s p r e n d ,
— nous avions p r i s ,
— y o doi tou j o u r p r e n d p a r t i
— je prenois , — on doit
à pli foible, — l y s e m b l é y o
t o u j o u r s p r e n d r e le p a r t i d u
n'a q u ' à b a i s s é p o u r p r e n d ,
f o i b l e , — il s e m b l e qu'il n ' y
—- m o t é alé p r e n d c o n g é .
pris,
a
qu'à se
baisser
et en
p r e n d r e , — j'ai été prendre congé. PRISON , s. f., lieu où l'on r e n f e r m e les a c c u s é s , e t c . PUANT,
Geôle,
A N T E , a d j . , qui
s e n t m a u v a i s , il e s t p u a n t .
le gardien geôlier,
les d é t e n u s p r i s o n n i e r s . Pit,
— ly p i t , ly senty
pit.
Pit.
PUER.
P U R , URE , a d j . , q u i e s t
sans mélange.
Pir,
a u féminin
comme
au masculin.
Q U A QUADRUPLE,
s. m .
On
prononce couadruple, pièce monnoie d'Espagne.
Couadruple,
ayant cours
a u x A n t i l l e s p o u r 120 livNota.
Le
France avec
change
de
St.-Domingne
e s t a 66 x p o u r 100, c ' e s t -
Q
346
U
E à - d i r e , q u e 66 l i v . i 3 s . 4D. t o u r n o i s v a l e n t 100 liv. a u x A n t i l l e s ; a i n s i , telle 3 o m m e qu'on
ait à S t . - D o m i n g u e ,
e n d é d u i s a n t le t i e r s , on a la s o m m e en livre t o u r n o i s . Q U E , p r o n o m relatif, s e r -
Que se s u p p r i m e q u e l q u e -
r a n t d e r é g i m e au v e r b e qui
fois , s u r - t o u t q u a n d il e s t
l e s u i t , — celui q u e v o u s
q u e s t i o n d e la p r e m i è r e e t
les g e n s q u e
s e c o n d e p e r s o n n e , — cil à
vous avez obligés, — a p -
v o u t é voir , — m o n d e l a y a
prochez que je vous parle.
vou té obligé ,
avez v u ,
—
—
proché
m o parlé vou. Q u a n d il se t r o u v e p a r t i cule de souhaits, d'impréc a t i o n s , e t c . , on
y
met
quelques préliminaires,
—
q u e j e m e u r s si cela n ' e s t ,
— movlé
— qu'il p a r t e t o u t - à - l ' h e u r e ,
— ly n a q u ' a p a r t i tit à l'hor
—
qu'il
fasse c e qu'il
lui
m o u r i si ça p a y é ,
— ly n'a q u ' a fair ç a là v l é .
plaira. L e j o u r q u e cela a r r i v a ,
Jour
là ça t é
rivé ,
—
—
c'est là qu'il d e m e u r e ,
c ' e s t là l y b o u g é , — ly fair
—
il n e fait q u e boire
n e c q boir et m a n g e r .
et
manger. Q U E L , ELLE, a d j . , pour d e m a n d e r , etc. , —
quelle
h e u r e est-il ? — q u e l t e m s fait-il, —
à quel
homme
c r o y e z - v o u s avoir à f a i r e . Q u e l q u e , a d j . d e t o u t g.
Quel,
s o u v e n t que ou qui,
m ê m e au féminin , — l'hor l'y
e s t , — que
ly f a i r , — qui m o n d e
qui tems vou
crére gagné z'affaire. Quelque
se d é f o r m e a u s s i
u n ou une e n t r e p l u s i e u r s ,
quelquefois., — vous conné
— connoissez-vous quelque
qui c h o s e qui pir , — d r e s s é
chose de p i s , — a d r e s s e z -
v o u à nion l ' a u t r e ;
quelque-
Q U I vous
à quelqu'autre
per-
fois
347 il se dit
qué, qui, —
s o n n e , — il v o u s e n c o û t e r a
l y v a c o û t é v o u qui c h o s e ,
quelque c h o s e , — quelque
— q u e raison y o p o r t é l y ,
r a i s o n q u ' o n lui a p p o r t e , il
ly pas vlé.
ne veut pas.
QUELQU'UN , UNE , s . , un entre
plusieurs, —
quel-
q u ' u n m ' a d i t , — il y e n a
Quéquenion
, — quéque-
nion dir m o u e ,
—
ly e n a
q u e quenion.
quelques uns. QUEUE, s. f.,
Queue,
cette partie
mais plus souvent
q u i e s t a u b o u t d e l'épine d u
quiou,
— ly gagné nion b e l
d o s , e t c . , — il a u n e b e l l e
q u i o u , — ly p o r t é quiou à l y
q u e u e , il p o r t e s a q u e u e en
e n t r o m p e t t e , — faut c o u p é
t r o m p e t t e , — il faut c o u p e r
la q u i o u à c h i e n l à , — l y
la q u e u e a u c h i e n , —- il n'en
p a s r e s t é la q u i o u à n i o n , —
r e s t e p a s la q u e u e d ' u n , —
p r e n d nion q u i o u la m o r u ,
prenez une queue de morue,
—
—- le v e n i n e s t à la q u e u e ,
— ly tien b é la q u i o u à p o i l e
—
là.
il t i e n t la q u e u e d e l a
venin là
dans
quiou,
poêle. Qui,
p r o n o m relatif de
tout genre , — lequel,
la-
q u e l l e , — celle d e qui j e
Qui,
à q u o i on
q u e l q u e f o i s cila et
ajoute ça,
—
ci!a d e qui m o p a r l é , — qui
p a r l e , — qui faut-il q u e j ' e n
cila faut m o c r é r e , -— q u i
croie , — qui l'auroit c r u .
ç a qui sété crére.
R A P RAPER , v. a . , m e t t r e e n poudre avec la râpe.
Gragé. que
I l n e s e dit g u è r e s
p o u r le
gragé
manioc
manioc, pour
— fair
c a s s a v e . C e p e n d a n t les n è
R E N
348
gres appellent grager faire un
pas rapide dans
cer-
taines danses qui leur sont propres. R A Q U E T T E , s . f., p l a n t » g r a s s e , garnie d e piquans , e s p è c e d e nopal , d o n t l e fruit, vert à l'extérieur, et rouge en dedans, quoique de bonne qualité , donne u n e couleur de sang à ceux qui en ont m a n g é . R É G I M E , s.
m.
Raquette.
Régime.
— On appelle
r é g i m e d e b a n a n e la b r a n c h e e n t i è r e a v e c le fruit du b a nanier. RENCONTRER , v . a . , t r o u Rencontrer , m a i s p l u s v e r u n e p e r s o n n e , u n e s o u v e n t contré, — mo c o n c h o s e , — j ' a i r e n c o n t r é un t r é hion n ' h o m m e d a n s c h i h o m m e s u r m o n c h e m i n , m i n à m o u é , — yo c o n t r é — o n le r e n c o n t r e p a r - t o u t , ly tou p a r t o u , — l y m a r i é , — il s ' e s t m a r i é , m a i s il a m a i s l y c o n t r é m a l , — d e u x m a l r e n c o n t r é , — d e u x m o r n e s y o p a s j a m a i s contrémontagnes n e s e trent jamais.
rencon-
RENDRE , v . a . , r e d o n n e r , restituer, remettre , e t c . , — rendez-lui c e q u e v o u s lui a v e z p r i s , — j e v o u s ferai b i e n r e n d r e , — I l faut rendre g r â c e à D i e u ,
Rend,
— rend ly ça. v o n
t é p r e n d l y , — m a fair v o n bon r e n d , — f a u t r e n d g r â c e bon D i e u , — z'accident là rend ly sourd , —
ferme
la y o r e n d t a n t , — l y v a
— c e t a c c i d e n t l'a r e n d u r e n d m o u é r a i s o n , — voit s o u r d , — les f e r m e s r e n d e n t r e u d - v o n s dijà. t a n t , — il m ' e n r e n d r a rai-'
R I E son , —
vous vous rendez
déjà.
Rendi.
RENDU. REVENANT, a d j . , qui r e -
Zomby.
Il n'est n o m m é
vient, etc. On appelle popu-
ainsi q u e d a n s
l a i r e m e n t revenant
d'esprit revenant.
un
es-
l'acception
prit q u e le p e u p l e c r o i t q u i revient de l'autre m o n d e . RIEN ,
s.
nulle c h o s e ,
m.,
Arien,
néant ,
— rien n e s e
—
a r i e n p a s fair
a q u e arien , — m o p a s m a n -
fait a v e c r i e n , — j e n e d e -
d é a r i e n , — ç a p a s tien b é
m a n d e r i e n , — c e l a n e tient
a r i e n , — n ' h o m m e là p a s b o n
à r i e n , — cet h o m m e n'est
p o u r arien , — y o p a s fair
bon à rien, —
arien p o u r arien ,
on n e
fait
—
yo
rien p o u r rien , — on y vit
v i v r e là p o u r a r i e n , — z ' o b -
p o u r rien , — v o s o b s e r v a -
servation
tions n e d i s e n t rien.
arien.
à vou
pas
dire
S A P SAIN-DOUX, s u b . m a s c . ,
Mantégue
g r a i s s e de p o u r c e a u . SAPOTILLE, S. f., fruit d u sapotillier,
l'un ..des
leurs des A n t i l l e s ,
meil-
couleur
de pomme
rainette g r i s e ,
mais plus
ovale ;
juteux
c o m m e la p ê c h e , p é p i n g r o s e t noir, auquel s'attache une espèce de tartre b l a n c , q u i ,
,
Sapotille.
ou
mantéqne*
350
S O R
b r û l é , j e t t e u n e o d e u r d'encens. SAVOIR , v. a . , je sais, tu
sais , e t c . — il n e s a v o i t
Coné, ly p a s t é c o n é arien r i e n d e c e q u i s e p a s s o i t , — ça q u i t é p a s s é , — m o c o n é j e sais qu'il n'est p a s d e v o s ly p a s z ' a m i à v o u s , — v o u s a m i s , — vous ne savez pas pas coné métié a v o u , — l y v o t r e m é t i e r , — il e n sait c o n é b i e n l o n g , — l y c o n é vivre. b i e n l o n g , — il sait v i v r e . O n d i t c e p e n d a n t , c'est nion s a v a n t ; il e s t a u s s i quelques circonstances où on est forcé d e dire sait, c o m m e d a n s , il lui s a i t m a u vais g r é , L y sai l y m a u v a i s g r é ; Chéh.
SEC
Chéché.
SÉCHER.
SON,
SA , SES , a d j .
pos.
A ly,
— papa à l y , —
qui r é p o n d e n t a u x p r o n o m s
l'argent à ly ,
d e la troisième
à ly.
personne,
— n'habit
s o i , s e , i l , e t c . etc. — s o n p è r e , — s o n a r g e n t , — son habit. A u p l u r i e l , ses, s e s b i e n s ,
E t a u p l u r i e l , — à l y yo.
— ses a m i s , s e s p r é t e n -
— bien à ly y o , — z ' a m y , à
tions.
l y y o , —- p r é t e n t i o n s à ly yo-
SORCIER, I È R E , s . , c e l u i ,
Macandal. Les C r é o l e s r a n -
c e l l e q u i , selon l'opinion d e s
gent particulièrement dans
g e n s f o i b l e s , a un p a c t e a v e c
cette classe les empoison-
le d i a b l e , e t c .
neurs. ( V o y e z MAGIE. )
S U R
351
S o u s , préposition qui sert
Là sous. L ' a r t i c l e p r é c è d e
à m a r q u e r la situation d ' u n e
c o m m e d a n s la p l u p a r t d e s
chose à l'égard d'une autre
p h r a s e s la p r é p o s i t i o n , o u ,
qui est dessus , — sous le
s'il la s u i t , il e s t s o u v e n t p r é -
c i e l , — sous la c o u v e r t u r e ,
c é d é d e de,
— s o u s l e m a n t e a u , — il a
— la sous couverture, — l a
pris cela sous son b o n n e t ,
sous manteau , — ly
— les soldats étoient sous
ça là sous bonnet à l y ,
les a r m e s , —
s o l d a t là y o t é l à sous a r m e s ,
les papiers
—
sont sous le scellé.
— là s o u s c i e l ,
papier là y o
là
pend —
soug
scellé. On
dit n é a n m o i n s ,
sous-lieutenant,
—
—
sous-
prieur , — sous-secrétaire , sous-doyen,
sous-fermier,
e t c . , etc. SUR , URE , a d j . , q u i a u n
Sur,
fruit l à s i r ;
Sur,
quelquefois
goût acide et a i g r e , — c e fruit e s t sur. SUR , URE , a d j . , c e r t a i n ,
sir
indubitable.
T A N T A N D i s , prpéosition suivie d e q u e , — tandis q u e vous y ê t e s , — tandis
Pendant, vous
— pendant que
y é , — pendant m o
qu'il m ' e n
s o u v e n i r , — pendant ly v a
souvient, — t a n d i s qu'il fera
fair ç a v o u s v a fair l'aut q u i
cela vous ferez autre chose, T A N G A , S. m . m o r c e a u
chose. Tanga,
les
nègres n o u -
T I E
352 de
toile
o u d'étoffe
grandeur
d'un
de la
mouchoir,
veaux arrivent couvert seu lement d'un tanga.
qu'on attache avec un corr don autour de la ceinture , p o u r couvrir les parties h o n teuses. TAS,
S. m .
Pile.
monceau,
a m a s d e quelque chose , e t c . T A Y O , S. r a c i n e d e m a l a n g a . Voyez
Tayo.
TENIR , v . a . — j e t i e n s , — t u tiens , e t c .
Tini,
des
dans
lequel
grelots
pierres pour
et
souvent
tien
b e n , — m o t i n i , t o tini. Tiatia.
T i A T i A , s. m . j o u j o u d ' e n fant,
..
MALANGA.
ou
on m e t quelques
faire d u
bruit
e n f r a p p a n t ; o n fait d e s t i a tias
avec
des
siliques o u
grosses gousses de poids,
dans
certains
lesquels
les
graines vacillent.
Tien à Toué,
TIEN , T I E N N E , p r o n o m possessif conde
relatif d e la s e
personne. — c e sont
les t i e n s , — je lien, vrais
la tienne, faire
d u
cherche le
à
Toué,
— c'est
o u quien, quien
à
t o u é , — m o c h e r c h é tien à t o u é , — to dois
pitôt
fair
— t u de
b e n à tien à t o u é , passé z ' é -
bien
tranger.
aux
tiens, plutôt q u ' àd e s étran gers. Tu,
TOI , T E,
pronom
subst. d e la seconde'
per
sonne , e t c . , — tu esh e u -
To,
Toué,
Toué,—to
ben h é u r e u x , — to v a parlé moue,
—
to'va
repentir reux,
T E R r e u x , — tu m e p a r l e r a s , — tu t'en repentiras; — tu m'en d i r a s d e s nouvelles. T o i , toi q u i fais t a n t J e b r a v e , — toi m ê m e .
353
t o u é , — to v a b a y m o u é nouvelles.
Toué,
to q u i fair, t a n t
brave à t o u é , — to m ê m e , toué même.
T E , — je t e le p r o m e t s , — j e t e l'avois b i e n dit.
Mo , p r o m e t t r e t o t o u é , — m o t é b e n di toué.
TUER, V. a . ô t e r la vie , Tuyé , — y o t u y é l y , — — on l'a t u é , — il faut tuer faut t u y é c o c h o n l à , — n ' a c e c o c h o n , — n e v o u s fiez pas fié vous c h a r l a t a n là, l ' a p a s à c e c h a r l a t a n , il v o u s t u y é vous. tuera.
U L C
U l c è r e ,s.m .
ouverture
Malingres.
d a n s les c h a i r s , c a u s é eparl a corrosion d ' h u m e u r s â c r e s , etc.,
etc.
U N , UNE , a d j . n u m é r a l , .— un h o m m e , — u n e f e m m e , — la vérité e s t toujours u n e , — v i s - à - v i s l'un d e l ' a u t r e , — ils n e p e u v e n t passer qu'un à un.
Tome
II.
Nion, au féminin c o m m e a u m a s c u l i n , — nion n ' h o me, — nion f e m m e , — la vérité t o u j o u r s nion , — v i s à - v i s nion d e l ' a u t r e , — y o p a s c a p a b l e p a s s é n e c q nion à nion.
Z
VIо V A N N E T T E . S. f. s o r t e de
Layou
grand p a n i e r f o n d , p l a t , e t à petits b o r d s , dont
on
se
s e r t d'ordinaire pour v a n n e r l ' a v o i n e , le c a f é . V A P T A P A , s. m . b a n a n e s
Vaptapa.
bouillies et p i l é e s , d o n t o n l'orme d e
grosses pelottes ,
on y m ê l e s o u v e n t d u gigiri.
Viаи.
VEAU , s. m . le p e t i t d e la v a c h e . VERGETTES, s. f. é p o u s -
Brosse.
sette, brosse. VIEUX, e t c . , un
VIEILLE, a d j . ,
vieux
habit,
une
vieille r o b e .
V i e u x , au féminin c o m m e au, masculin , — nion v i e u x z'habit,
ou
n'habit
nion
v i e u x r o b e . — On c o m m e n c e c e p e n d a n t à d i r e vieille , — vieille V I V I E R , s. m . p i è c e d'eau c o u r a n t e ou d o n n a n t e dans, l a q u e l l e on n o u r r i t ou
l'on
c o n s e r v e du p o i s s o n , . e t c . , etc. O n n o m m e vivier aux , Antilles,
un coffre d e c i n q
à six p i e d s de l o n g , cœur
avec
fait e n
des trous p a r -
s e m é s , d a n s lequel on m e t du poisson , pour
le
con-
femme.
Vivier,
V E R server en
le
355
tenant dans
l'eau. VOICI , préposition, etc., e t c . , — voici voici
le
livre, —
la p r e u v e , —
voici
Avlà,
— avlà livre l à , —
avlà preuve l à ,
avlà l'a-
p r é s vini.
qu'il vient.
Avlà.
VOILA.
V O I R , V. a. je v o i s ,
tu
Voir,
— mo
V o i s , e t c . , — j ' a i v u , il l'a
voir l y , —
v u , — - nous a v o n s vu le m o -
m e n t ou é t i
m e n t ou nous é t i o n s p r ê t s à
périr.
—
v o i r , — ly
nous voir nou
On
dit
lé
moprêt
souvent
p é r i r , — voyez ce tableau ,
gué té p o u r d i r e v o y e z , —
— v o y e z c e t t e toile.
g u é t é tableau l à , —
guété
toile là. V O U L O I R , v. a. j e v e u x , tu v e u x .
Velé,
on prononce vlé ,
m o v l é , to v l é , l y v l é p a r t i démain.
Z
2
C O N V E R S A T I O N E N T R E UN CAPITAINE DE
A R R I V A N T
E T
U N
D ' E U R O P E ,
M A I T R E
LE MAÎTRE. M o n s i e u r , je suis
très-satisfait de
vous
NAVIRE,
A C C O N I E R .
Le
Mouché
mo
b o n c o n t e n t voir v o u s
Maître.
rivé
v o i r a r r i v e r sur n o t r e r a d e :
là sur r a d e à nou : v o u
a v e z - v o u s fait u n e h e u r e u s e
fair nion b o n t r a v e r s é e ?
té
traversée ? Le
CAPIT.
J'ai
éprouvé
Le
Capit. Mo t é s u y é nion
un o u r a g a n , le s i x i è m e jour
zouragan sixième jour départ
d é m o n d é p a r t ; ensuite q u e l -
à
ques vents contraires, néan-
vent contraire, malgré ça
m o i n s j e n'ai
mo
mis que
45
jours dans m a traversée. L e M. Avez-vous essuyé des dommages ?
moué ;
ensuite
mété necque
quéque 45
jours
clans t r a v e r s é e à m o u é . Le
M.
V o u té suyé d o -
mage ?
L e C. J ' a i perdu mon grand
Le
C. M o p e r d i g r a n d m a t
m â t d e p e r r o q u e t , et c a s s é
p e r r o q u e t à m o u é , et c a s s é
u n e v e r g u e de
nion v e r g u e
misaine.
L e M . D e quoi est c o m posée votre
cargaison?
Le M.
misaine.
Q u i c a r g a i s o n vous,
gagné ? Z
3
358
C ONVERSATIONS
L e C . D e vin , f a r i n e , s a -
Le C. D i v i n , f a r i n e , s a v o n ,
v o n , c h a n d e l l e , huile, t o i l e s à
chandelle , h o u i l , t o u é l e
v o i l e , toiles à m a t e l a s , t o i -
v o u é l e , touile m a t e l a s , t o u é -
l e s fines , m o u c h o i r s ,
le fin, m o u c h o i r , b a s , s o u -
souliers, bijoux,
enfin
bas,
à
un
liers bijou , enfin tous ç a
peu d e tout ce qui p e u t ê t r e
qui c a p a b l e servi d a n s p a y s
utile en ce p a y s .
cy-
L e M . A v e z - v o u s l o u é un
?
Le M. V o u l o u é nion m a -
magasin ?
gazin?
L e C . J ' e n ai un d a n s la r u e du B a c q .
Le C , M o g a g n é nion r u e Bacq.
L e M . I l v o u s faudra d e s a c c o n s , je v i e n s v o u s offrir m e s s e r v i c e s , s o y e z sûr q u e p e r s o n n e n'est plus a c c o m modant que moi. L e C . C o m m e j'ai b e a u c o u p souffert d a n s la t r a v e r s é e , j e serois c h a r m é q u e m o n n a v i r e fût d é c h a r g é le p l u s tôt possible : c o m b i e n a v e z vous d'accons? L e M . J ' e n ai a u t a n t qu'il
Le M. V o u va g a g n é b i s o i n z ' a c c o n , m o v i n i offrï vous service à moué ,
vou
doi sir p e r s o n n e p a lé c o mandé-vou com Le C. Com plein
dans
moué?
mo soufri ton traversée ,
mo
seré charmé que navire à m o u é s été déchargé py vittement
possible ,
combçn
vou g a g n é z ' a c c o n s ? Le M.
M o gagné ça qui
en faut pour fournir à t o u t ce
fau p o u r fournir ton ç a c a -
q u e les c a b r o u e t s p o u r r o n t
b r o u e t là y o v a s a v é e n l e v é
e n l e v e r d u b o r d d e la m e r ,
b o r d la m e r , q u a n
en
vou s'été gagné vingt p a r
e u s s i e z - v o u s vingt par
jour. L e C . C'est c e qu'il m e
même
jour. Le C. C e s ça qui fau m o u é ,
faut. C o m b i e n m e p r e n d r e z -
comben
v o u s p a r v o y a g e d'accon ?
m o u é par v o y a g e z'accon ?
L a M . S i vous v o u l e z je.
vou
va
prendre
Le. M. S i vou vlé m o v a
C R
s.
É O LE
359
traiterai en bloc p o u r toute
traité en bloc pour
la cargaison.
cargaison. Le
L e C . J e le veux bien. L é M . D e quel p o r t e s t votre bâtiment ?
C. M o vlé b e n .
Le M.
Que p o r b â t i m e n t
à vou y é ? Le C. 3 5 o t o n n e a u x .
L e C 35o tonneaux.
Le M. V o u v a b a y e m o u é
L e , M . Vous m e donnerez 2oo
toute
g o u r d e s , et j e m ' e n -
200 g o u r d e s , e t m o e n g a g é
car-
moué mété tout cargaison
gaison à terre en 4 j o u r s ,
à vou à t e r r e en 4 j o u r s ,
gage à mettre si,
comme
votre
j e v o u s ai d i t ,
l e s cabrouets, p e u v e n t
suf-
si
com m o
dir v o u ,
car
brouets l à y o s a v é sufi.
fire. Le C. Ç a trop c h e r ; v o u p a
L e C- C'est t r o p c h e r ; v o u s n ' o b s e r v e z - p a s q u e j'ai u n e
prin gard m o
grande chaloupe
peut
grand chaloupe qui capable
consé-
fair v o y a g e consequent a v e c
faire
des
quens avec et v o u s
qui
voyages
d e faire m o n
nion
matelots,
m a t e l o t là yo , e t v o u
pas envie
gagné
les.
n'avez
gagné
chargement
ment
envie à
fair
pa
charge-
m o u é quand, m o
va prêt.
q u a n d j e serai p r ê t . L e M . Puisque vous p r o -
Le M. D ' a b o r d von p r o -
m e t t e z m ' e m p l o y e r p o u r le
mette employé moué
c h a r g e m e n t , je diminuerai
chargement, m o va ouété
25 g o u r d e s . . . . . . . v o u s
ne
pouvez pas vous plaindre ! L e C . C'est une affaire f a i t e ; nous c o m m e n c e r o n s
25
pour
g o u r d e s . . . . . . vou pa
s a v é plaindre vou ! Le C. C é nion affair non v a c o m m e n c é
fini;
demain
d e m a i n m a t i n ; il faut q u ' à
m a t i n ; fau q u ' à 5 heur y -
5 h e u r e s il y ait d e s m a r -
en-a marchandise à
chandises a terre.
7. 4
terre,
360
C O N V E R S A T I O N S
L e M . A u coup de canon les accons seront à bord , faites préparer des cordages ou amarres , nous mènerons une vingtaine de barriques de vin à la traîne , votre chaloupe pourra aussi en mener.
Le M. A coup de canoa z'accon la y o va à bord , fair yo préparé cordage, non va m e n é nion vingtaine barrique di vin la traine , chaloupe à vou savé m e n é aussi.
L e C . Nous commencerons Le C. N o n v a c o m m e n c é aussi par la farine , et les aussi par farine et gro caisse grosses caisses que nous ou- que non va l'ouvri pour vrirons pour arranger les rangé marchandise dan mamarchandises en magazin., gazin anvant l y barassé par avant qu'il ne soit embar- di vin. et l'autre z'encomrassé par le v i n et autres brage. encombrages. L e M . I l faut débarrasser Le M. F a u débarrassé tou tout ce qui est auprès du ça qui c o t é grand paneau, grand paneau , pour pou- pour yo savé agir py facivoir agir plus facilement lement dan cale là. dans la cale. Faites apprêter le grand palan que nous n'ayons qu'à ie charger en arrivant, votre équipage peut aussi mettre, sur l'avant tout ce qui pourroit nous gêner,
Fair yo p r é t é grand palan , que nou gagné nec qu'à chargé l y en r i v a n t , z'équipage à vou savé aussi m é t é su l'avant, tou ça qui capable géné nou.
Le C . Maintenant que tout est.convenu nous pouvons boire un bol de punch?
Le C. A l o r que tout conv i a i nou savé hoir nion bol punch ?
Le M. Volontiers; je le
Le M. V o l o n t i e r , mo vlé ben.
veux bien.
CRÉOLES. Le C. L'aimez-vous
au
L e M . Cela m'est parfaitement égal. C . Puisque
cela
a i n s i , nous allons l a
est
faire
h a i m é ly
à
Le M.
C é tout m ê m e .
Le C. D ' a b o r d ç a c o m ça , n o u v a fair ly
au z'eux a c -
que rom.
a u x œ u f s , et au r u m . L e M . B r a v o , cela s e r a encore
C. V o u
taffia ou ben à r u m ?
taffia ou au r u m ?
Le
361 Le
Le
M.
B r a v o , ça va
core p y
mieux.
en-
miyor.
L e C. A vôtre santé !
L e C. A s a n t é à v o u ?
L e M . A la v ô t r e .
Le M. A
I l est t r o p f o r t , j e crains de m e griser.
Ly
quien à vou.
trop fort,
mo
peur
grisé m o u é .
L e C . V o u s n'êtes d o n c p a s h a b i t u é à boire du p u n c h ?
Le
C. V o u p a s c o u t u m e
boir p u n c h d o n c ?
L e M . Pardonnez - m o i ,
Le M. M o m a n d é - v o u p a r -
m a i s j e ne m e s e n s p a s bien
don , m a i m o senti p a s ben
a u j o u r d ' h u i , j ai m ê m e très-
jordy,
peu mangé.
n e c q u e pitit brin.
L e C. Voulez-vous prendre quelque chose ?
mo
Le C. V o u - v l é p r e n d e qui
L e M . Il y a l o n g - t e m p s
Le M. L y e n à l o n g - t e m mo
b l a n c , j ' e n p r e n d r a i un m o r -
blanc,
ceau.
morceau.
L e C. H é ! g r o s J e a n , a p un
couple
même
choy ?
q u e j e n'ai m a n g é du biscuit
porte-nous
mangé
de
g a l e t t e s d e biscuit b l a n c . GROS J E A N . M o n s i e u r , il
n'a mo
mangé
biscouit
va p r e u d nion
Le C. H é ! g r o s J e a n , p o r t é b a y - n o u nion c o u p e galette, biscouit b l a n c . Gros Jean Mouché,
ni
n' y
362
С
ONVERSATIONS
a q u e celle-ci q u e v o u s v e z fait r é s e r v e r p o u r d a m e D u m a s ; m a i s je v o u s en donner de d ' é q u i p a g e , qui est beau.
m'a mavais celui très-
L e M . Puisque vous n'ena v e z q u e t r è s - p e u en
ré-
en-a n e c q u é cilà v o u - t é fair moué
gardé pour m a d a m e
D u m a s , mai m o v a b a - v o u quien à z ' e q u i p a g e qui t r é bel.
Le M. D ' a b o r d v o n g a g n é necqué
pitit
brin
en
ré-
serve , je mangerai de l'au-
s e r v e , mo va mangé l'au-
t r e , je l'aime beaucoup.
tre , m o h a i m é ly tou p l e i n .
L e C. T a n t mieux, je crois
Le C. T a n m i e u , m o c r é r e
q u e v o u s le t r o u v e r e z b o n ,
vou va
t r o u v é ly b o n ,
j e l'ai fait faire à H o n f l e u r ,
fai l y
fair à H o n n e u r ,
e t bien r e c o m m a n d é , p a r c e
beu
que j'aime que mon
mo
équi-
p a g e soit bien nourri.
recommandé, haimé
mo et
parce
n'équipage
à
m o u é ben nourri.
L e M . V o u s avez r a i s o n ,
Le M. V o u g a g n é raison ,
a v e c d e b o n s t r a i t e m e n s on
a r q u e bon traitement , y o
s'attache m e s , et
mieux l'on
les
hom-
taché z'ome d a v a n t a g e ,
et
d'en
yo save
yo
convenu.
convini.
a droit
exiger le service
exiger service
L e C . M o n é q u i p a g e n'a
Le C. N ' é q u i p a g e a m o u é
jamais m u r m u r é , quand les
pas , jamais murmuré quand
circonstances
c i r c o n s t a n c e s v l é nion travail
o n t e x i g é un
forcé.
travail f o r c é . L e M . V o u s êtes heureux;
Le M. V o u ben h eureti ;
j ' a i c o n n u bien d e s c a p i t a i -
m o c o n é en pile
n e s ; les m e i l l e u r s
m i y o r l a - y o t é s o u v e n t cita -
souvent
ceux
qui
étoient éprou-
y o , qui té p r o u v é p y g r a n d
v o i e n t plus d e d é s a g r é m e n t
désagrément
avec leurs équipages ?
page à yo.
L e C. Cela dépend d u choix,
capitaine ,
acque z'équi-
Le C. Ç a d é p e n d e à c h o i x ,
C r é o l e
363
s.
c a r , c o m m e dit le p r o v e r b e ,
c a r , tan c o m
p r o v e r b e la
il n e faut q u ' u n e brebis g a -
d i r , fau n e c q u é nion b r e b i
l e u s e p o u r g â t e r un t r o u -
galeux pour gâter nion trou-
p e a u ; m o i , j e connois m o n
peau ;
m o n d e . I l y a six a n s q u e le
m o n d e à m o u é , ly en à six;
moué ,
mo
coné
maître navigue avec moi ;
a n s , q u e m a î t r e là navigues
la p l u p a r t des a u t r e s m ' o n t
acque moué ; p l u - p a r t les
suivi depuis plusieurs v o y a -
autres suivre m o u é dans p y
ges.
plusieurs voyages. vous
Le M. C o m ça v o u c o n é -
mutuellement,
v o u m i t i y u e l l e m e n t , et z ' a -
L e M . Ainsi connoissez
vous
et l'habitude d'être e n s e m -
bitude déyé ensemble , c o n -
ble , contribue beaucoup à
tribué
s'ympatiser.
vous.
Finissons notre p u n c h , il faut q u e j e m e r e t i r e p o u r
tou
Anon à - nou,
plein
nou fau
à
fini
cordé
punch
m o ale p o u r
donner des ordres à m e s a c -
bay
c o n n i e r s , afin qu'ils s o i e n t
n i e r s à m o u é , afin q u e
i c i , m ê m e avant le coup de
i c i , m ê m e anvant coup c a -
canon.
non.
L e C . C ' e s t bien p e n s e r , j e vais d e
mon côté
faire
t o u t d i s p o s e r p o u r les r e c e -
z'ordres
à
z'acconyo
Le C. C é b e n s o n g é , m o v a c ô t é à m o u é l'air y o tout p r é p a r é p o u r r e c e v o i r yo»
voir.
D I A L O G U E Entre
un Capitaine
arrivant de France,
de Navire, L'ENTREPRENEUR. J e v i e n s
et un
Charpentier
entrepreneur. L'ENTRE PRENEUR. M o sorti
d'apprendre,Monsieur, que
a p p r e n d , M o u c h é , que
v o u s a v e z é p r o u v é des d o m -
t é é p r o u v é d o m a g e dan tra-
vou
m a g e s d a n s la t r a v e r s é e .
versée.
364
C O N V E R S A T I O N S
L E CAPITAINE. Cela e s t
Le Capitaine.
Ça vrai.
vrai. L ' E n t r . Croyez-vous que v o t r e n a v i r e a i t besoin
de
réparations ? Le
L ' E n t r . Vou navire
c r é r e v o u q uée
à vou gagné
bisoin
réparations ?
C . Il a
été
caréné
Le
C. L y té c a r é n é a n -
a v a n t n o t r e d é p a r t , m a i s le
vant nou
coup d'ouragan m a mis dans
z ' o u r a g a n là m é t é m o u é d a n
le
cas
c a s de lui faire
encore
parti,
fair ly b a y
mai coup encor
nion
radoub.
d o n n e r un r a d o u b . L'Entr. Fait-il beaucoup d'eau ?
L'Entr.
L y fair d'iau
en
pile ?
L e C . L e s p r e m i e r s jours d'après
l ' o r a g e , nous
faisions
t r e n t e - six p o u c e s
par v i n g t - q u a t r e
en
heures;
Le
C. P r i m i é j o u r s a p r è s
z ' o r a g e , nou té fair t r e n t e six p o u c e s p a r v i n g t - q u a t r e h e u r s ; mai, dan beau
tem
m a i s au beau t e m p s j ' a i fait
mo
mo
d é g a g e r c e q u e j'ai p u ,
pu , et tancher miyor pos-
et
fair yo d é g a g é ç a
é t a n c h e r le m i e u x p o s s i b l e ;
sible,
à p r é s e n t nous n'en
n e c q u é treize p o u c e s -
que
treize
L'Entr.
faisons
n'est
pas
y pourvoir.
on n'a pu c a l f a -
ter q u e t r è s - l é g è r e m e n t les
bordages
je veux que à
présent
L'Entr.
Ç a p a s tou-plein ,
m a i s p o u r t a n faut p o u r v o i r à ça.
L e C . C ' e s t m o n intention,
tre
fair à
pouces. Cela
b e a u c o u p , néanmoins-il faut
d'ailleurs,
nou
en-
écartés ,
cela soit fait
Le
C.
C é z'intention à
m o u é , a ailleur yo pa te s a v é calfeter n e c q u é l é g è r e m e n t , e n t r e b o r d a g e carté là m o vlé
ça fait à
yo,
fond.
fonds.
L'Entr. Les membres d o i v e n t aussi avoir f a t i g u é ?
L'Entr.
Membre
là
d o u é avoir a u s s i f a t i g u é .
yo
C R É O L E S .
Le C . B e a u c o u p . L ' E n t r . J e vois q u e v o u s s e r e z obligé
de
365
Le
virer
eh
quille , p o u r r é p a r e r v o t r e '
C. T o u plein.
L'Entr.
M o voir q u e v o u
va bligé v i r é en q u i l l e , p o u r réparer bâtiment à vou.
bâtiment. L e C . J e voudrois pour-
Le C. M o té voudra p o u r -
dispenser,
tan b e n d i s p e n s é m o u é , ç a
c e l a d e v i e n d r a fort c o û t e u x
v a divini c o û t e u x p o u r z ' a r -
aux armateurs.
mateurs.
t a n t bien m ' e n
L'Entr. Z'armateur L ' E n t r . à vou Vos
armateurs gré
yo va savé vou miyor gré
q u e si v o u s e x p o s i e z leur b â -
p a s s é si v o u - t é e x p o s é b â -
vous sauront meilleur
t i m e n t , l ' é q u i p a g e et la c a r -
timent
gaison.
cargaison.
L e C . J e sais cela c o m m e vous , mais avant de
rien
à y o , z'équipage et
Le C. M o c o n é ça tan q u o n vou,
mais auparavant d é -
d é c i d e r , il f a u t laisser d é -
cidé à r i e n , faut l a i s s é d é -
c h a r g e r le n a v i r e , n o u s e n
chargé bâtiment l à , nou va
ferons
fair e n s u i t e nion v i s i t e c o m -
ensuite, une
visite
complette
plete
L'Entr. V o u s voyez mons i e u r qu'il v o u s
est
indis-
pensable de donner une c a r è n e en plein
à votre b â -
L'Entr.
V o u voir m o u c h é ,
vou pas savé dispensé vou bay nion c a r è n e en p l e i n , à bâtiment à vou.
timent. L e C . C e l a est v r a i , m a i s
Le
C.
Ça
vrai, mai mo
j e n e puis l ' e n t r e p r e n d r e q u e
pas capable entreprendre ly
d a n s un m o i s ,
a v a n t nion m o i s , p a r c e m o
parce que
j'ai besoin de m o n
maître
charpentier au magasin.
g a g n é bisoin pentier
maître c h a r -
à moué
dan
ma-
gasin. L ' E n t r . Il n ' e s t p a s besoin
L'Entr.
Ly pa bisoin m a î -
366
CONVERSATIONS
de votre maître charpentier , je suis e n t r e p r e n e u r , j'ai des p o n t o n s , des ouv r i e r s , e t c , tout ce q u i e s t n é c e s s a i r e au r a d o u b . J e p o u r r a i faire v o t r e c a r è n e , d'ailleurs, v o t r e m a î t r e c h a r p e n t i e r et s e s aides s e u l s , y seraient trop l o n g - t e m p s , p u i s q u e v o u s a v e z aussi u n e p a r t i e d e l ' e n v e r g u r e à réparer.
tre charpentier à v o u , m o entrepreneur, m o , gagné ponton, z ' o u v r i e r , e t c , tout ça qui n é c e s s a i r e à r a d o u b . M o s a v é faîr c a r è n e à v o u , épy maître charpentier à v o u a c q u e z'aide à l y y o tou sol , yo scré té t r o p long - t e m p s , p u i s q u e v o u g a g n é aussi nion p a r t i e z'envergure pour réparer.
Le C. J'ai le temps de pourvoir à tout c e l a , j'aurai s e u l e m e n t besoin d'un ponton , c o m b i e n m e le l o u e r e z - v o u s ?
Le C. M o g a g n é t e m p s p o u r v o i r tou ç a , m o v a tan s e u l e m e n t bisoin nion p o n t o n , c o m b e n vou-va loué m o
ly ? ! L ' E n t r . J e les loue o r d i nairement
6
gourdes
par
j o u r , q u a n t on prend aussi c h e z m o i , l'étoupe , l e suif e t le goudron ; a u t r e m e n t , c'est u n e p o r t u g a i s e .
L'Entr. M o loué yo ordinairement 6 gourdes par j o u r , q u a n t y o p r e n d là c a z e à moué , n ' é t o u p e , souif et godron ; l ' a u t r e m e n t cé nion p o r t u g a i s e .
Le C. V o u doi c r é r e q u e L e C . V o u s d e v e z croire que j e ne p r e n d r a i p a s c h e z v o u s m o pa allé p r e n d r e la c a z e à t o u s c e s objets , p u i s q u e j ' e n vou tou b a g a g e là y o , d'aai à bord , et c'est trop c h e r b o r d m o g a g n é à bord-, ç a à u n e p o r t u g a i s e ; j e v o u s trop cher à nion p o r t u g a i s e ; m ' a ba vou 6 g o u r d e s . donnerai 6 gourdes. L ' E n t r . V o u s ê t e s le p r e -
L'Entr.
V o u primier à qui
m i e r à qui je l'aurai laissé
m o laissé ly pour p r i x - l à ;
p o u r ce p r i x , v o u s profitez
v o u profité q u e ni a point
de la c i r c o n s t a n c e o ù il
g u è r e n a v i r e là sur r a d e ;
y
C a très
RÉOLES.
peu de navires
r a d e ; je vous prie
367
en m o p r i é v o u t a n t s e u l e m e n t
seule-
vou p a s d i r p e r s o n n e à r i e n .
m e n t d e n'en parler à personne. Le C. Vous, pouvez être tranquille à cet égard, j e n e . rends jamais compté de mes affaires , q u ' à mes. a r m a teurs. L'Entr. Adieu Monsieur,
Le
C. V o u c a p a b l e t r a n -
quille à n'égard l à , m o
à moué qu'à z'armateur à moué. L'Entr.
Adieu
Mouché,
q u a n t vous s e r e z p r ê t v o u s
quan vou v a prêt vou
m e ferez p r é v e n i r .
fair y o
Conversation
entre un Capitaine
LES HABITANS. M o n s i e u r , nous
avons
l'honneur
de
pa
j a m a i r e n d c o m p t e z'afaire
Les
va
verti moué.
et des
Habitans.
Habitans.
Mouché
n o u l'honneur salué v o u .
v o u s saluer. L E C A P I T AINE. M e s s i e u r s , , j e suis v o t r e s e r v i t e u r .
Le Capitaine. Messieu , vos serviteur.
H . O n nous a dit q u e v o u s
H. Y o dire n o u v o u g a -
a v i e z u n e c a r g a i s o n très-bien
g n é nion c a r g a i s o n t r è s - b i e n
a s s o r t i e s u r - t o u t en bon vin.
a s s o r t i , s u r - t o u t bon di vin.
L e C . O n a fait tout c e qu'il étoit p o s s i b l e p o u r bien
Le
C. Y o fair tou ça y o
t é p e u , pour bon contré.
rencontrer. H. C ' e s t le m o y e n d ' a v o i r
H. Cé m o y e n g a g n é
b i e n t ô t le d é b i t .
t o t débit.
L e C. C'est là m o u b u t ; d e q u o i s'agit-il ?
qui
H. N o u s v o u d r i o n s nous, approvisionner.
v i s i o n n é nou,
Le
H.
C.
Cé but à
ben-
moué,
ç a li s ' a g î t ? Nou
té voudré pro-
368
C O N V E R S A T I O N S
L e C. C e l a e s t t r è s - p o s -
Le
C. Ç a t r è s - p o s s i b l e t-
s i b l e , m a i s à qui a i - j e l'hon-
m a i qui cila m o g a g n é l'hon-
neur de p a r l e r ?
neur p a r l é ? r
H. Nous sommes M . . • et m o i , habitans d e - . . . je r
H.
M o u c h é et m o u e n o u
z'habitans d e
yo
hélé
m e n o m m e . T . . . e t . M . P,..
m o u é J . . et m o u c h é ' P . .
je fais d e l'indigo et m o n -
m o fair l'indigo et
sieur d e s u c r e .
soucrier. r
L e C. Q u o i c ' e s t M . 'F... v o i l à une h e u r e u s e r e n c o n tre , comment vous portez-
Le
mouché
C. Q u o i cé M.° P . . .
à vla nion h e u r e u x r e n c o n tre,
c o m m e n t vou p o r t é ?
vous? H . T r è s - b i e n Dieu m e r c i ; et v o u s ?
H.
L e C . C o m m e vous voyez t r è s - b i e n et t o u j o u r s d i s p o s é à v o u s obliger. H.
J'en
tré
ban gran
merci
b o n D i e u ; et v o u ? Le
C. C o m vou v o i r , tré
b o n , et t o u j o u r s p r ê t b l i g é vou.
suis p e r s u a d é ,
H. M o b e n sottré', a u s s i
aussi étois-je s u r p r i s du p r e -
mo t é s u r p r e n d p r i m i é a c -
m i e r accueil q u e v o u s n o u s
cueil v o n fair n o u s ?
ayez f a i t ? L e C. M a foi je n'avois p a s
Le
C. M a foi m o p a s té
le plaisir de v o u s r e m e t t r e ,
g a g n é plaisir r e m e t t r e - v o u ,
car,à m o n dernier v o y a g e ,
car d e r n i é v o y a g e à m o u é ,
je n'ai p a s eu celui de v o u s
m o p a s té g a g n é cila
voir?
vou ?
H . Cela est v r a i , J ' é t o i s
H.
Ça vrai, mo té
ben
bien m a l a d e , c e p e n d a n t j'ai
m a l a d e , pendant
fait p r e n d r e q u e l q u e c h o s e
y o p r e n d e qui clioi là c a z e
chez vous.
à
L e C. Cela peut ê t r e , je
mo
voir
fair
vou. Le
C.
Ça possible,
mo
C R é O
369
L E S,
ne m'en rappelle pas , sans
pa souveni m o u é , p e u t - ê t r e
d o u t e on n e v o u s a u r a p a s
y o pas té nommé vou ?
nommé ? H . Il est p o s s i b l e ; c a r j ' a i
H.
Ç a possible ,
m o fair y o
ce dont j'avois besoin.
t a n t , ç a m o te bisoin.
L e C. V o u s saviez que
Le
acheté
parce
fait a c h e t e r a u c o m p t a n t ,
comp-
C. V o u té c o n é v o u
v o u s a v e z crédit c h e z m o i ,
g a g n é c r é d i t là c a z e à m o u é ,
c e q u e j e ne ferois p a s à
mo
t o u t le m o n d e .
monde ?
H . N o u s n o u s en s o m m e s
p a fair a u t a n t à
H.
N o u t é voir ç a
tout
en
entrant.
apperçus en entrant. L e G. V o u s ne b l â m e r e z
Le
C . V o u p'alé b l â m é
sans doute pas ma prudence;
sans doute p r u d e n c e à m o u é ;
la
confiance
confiance
mateurs
que mes
m'accordent ,
arla
z'armateur
à
m o u é cordé m o u é ly c o m -
commande.
mandé ly.
H . N o u s s o m m e s au cont r a i r e t r è s - flâtes q u e v o u s veuilliez bien n o u s d i s t i n guer.
H. N o u b e n c o n t e n c o n t r a i r e q u e v o u s vlé b e n distingué nou.
L e C . J e crois q u e v o u s
Le C. M o c r é r e v o u c o m m e n c é par m a n d é m o u é di v i n .
avez commencé par m e d e m a n d e r d u vin. H . N o u s en a v o n s p a r l é . L e C . E h bien! n o u s allons
H. N o u t é p a r l é . Le
C. E h b e n ,
nou v a
déjeuner ensemble ; j'aurai
dijiné e n s e m b l e , en m ê m e
e n m ê m e t e m p s l e plaisir
t e m p s m o v a g a g n é plaisir
de v o u s faire goûter quel-
fair v o u g o û t e r l ' a u t r e q u i
que c h o s e , c o m m e du b œ u f
choi, c o m b œ u f la m o d e , j a m -
à la m o d e , d u j a m b o n , du
b o n , di b e u r r e , e t c .
b e u r r e , etc. Tome
II.
A a
370
CONVERSATIONS
H. Volontiers , nous ne H. V o l o n t i e r , é p y n o u s o m m e s d'ailleurs v e n u s e n vini e n ville n é c q u é p o u r ville , q u e p o u r faire nos fair z ' e m p l e t t e à nou la c a z e emplettes chez vous et dià v o u , et diné la c a z e à M . . . ner chez Le
C. Vous
M
connoissez
c'est un bien d i g n e
h o m m e , je lui ai
vendu
il y a trois jours p o u r 3 o u 4 m i l l e livres d e différentes
Le
Ç. V o u c o n é M
c é nion ben d i g n e h o m m e , m o v e n d e l y li en à troi jour p o u r 3 ou b e n 4 m i l l e livres m a r c h a n d i s e s .
marchandises. H . C e l a ne n o u s
étonne
H.
Ç a pa étoné n o u , ly
p a s , il fait b e a u c o u p d'affaires
fair en pile z ' a f a i r e , s u r -
s u r - t o u t en
tout e n
Le
commission.
C . J e croyois
qu'il
H.
Cela est v r a i , mais aimons
faire
notre
beaucoup choix ,
C. M o té c r é r e l y l é
fair q u i e n à v o u a u s s i ?
faisoit a u s s i les v ô t r e s ?
nous
Le
commission.
à
sur-
H.
Ça
vrai,
mai
n o u , s u r - t o u t q u a n nou g a -
tout quand nous avons des
gné
approvisionnemens
c o n s é q u e n t p o u r fair.
consé-
non
h a i m é t o u plein fair choi à z'approvisionnement
q u e n s à faire. L e C . C ' e s t fort bien , allons m e t t o n s n o u s à t a b l e . Comment
trouvez-vous
ce v i n ? H. il
me
Un
peu
semble
chargé , qu'il
sent
a u s s i le f û t . L e C. i l v o u s p a r a î t c h a r gé p a r c e qu'il n'est p a s p o s é ,
Le
C. C é b e n , a l o n n o u
m e t é nou à table. C o m m e n t v o u t r o u v é di v i n là ? H. Pitit brin c h a r g é , l y s e m b l é m o u é l y senti
goû
fût a u s s i . Le
C. L y p a r a î t r e
vou
chargé, parce ly pa posé, ly
С R É
ОLES
З71
il v i e n t d'être d é b a r q u é , et
sorti d é b a r q u é , c h a l e u r
!a c h a l e u r qu'il
ly faire s a v é b e n fair c r é r e
fait
peut
là
b i e n v o u s faire croire qu'il
v o u , q u e ly g a g n é g o û fût ,
a le g o û t du f û t , m a i s n o u s
m a i nou v a g o û t é l ' a u t r e .
en g o û t e r o n s
d'autre.
H . Voilà du j a m b o n qui
H.
A v l à j a m b o n qui e x -
cellent ?
est excellent ? L e C . V o u s vous y con-
Le C. V o u c o n é v o u , c é
n o i s s e z ; c'est u n e pacotille
nion pacotille p a r t i c u l i é , y o
p a r t i c u l i è r e ils v i e n n e n t d e
sorti B a y o n n e m o
b a y o n n e je v o u s e n g a g e
vou
en p r e n d r e 2 o u 3 d e
à ce
prend
engagé
2 3 dan
bou-
c a u d là a v a n y o e n l e v é y o .
b o u c a u d , a v a n t qu'ils s o i e n t enlever. H. Vous
avez
raison ,
faites en m e t t r e 6 à p a r t ,
H.
Vou
gagné
raison ,
fair y o m e t é 6 à p a r t , q u e
q u e nous p r e n d r o n s à n o u s
nou v a p r e n d à n o u d e u x ;
deux ; mais c o m m e dans ces
m a i c o m y en a c h o i d a n
o b j e t s il y a du c h o i x , n o u s
bagage l à , nou va sondé y o .
allons les s o n d e r . Mettez y notre marque ,
Meté
marque
à
nou ,
ainsi q u e sur c e s 2 b a r r i l s
tan com
d e b œ u f à la m o d e ?
b e u f la m o d e là y o ?
Le C
V o i l à q u i e s t fait.
L'H. Votre
beurre
est
b l a n c et u n p e u t r o p salé ? L e C. Il y en a d ' a u t r e , g o û t e z - l e en voilà un p a r t i d ' I x i m u d e qui v o u s conviens dra. L ' H . Il est t r è s - b o n , m e t -
là
sur 2
barrils
Le
C. V l à ç a fait.
L'H.
B e u r à vou
blanch
e t pitit b r i n t r o p s a l é . Le C. L y en a l ' a u t r e , g o û t é - l y av l à nion p a r t i I x i i m u d e q u i v a convini v o u s .
L'H.
Ly
tré-bon,
Aa
a
meté
372
C O N V E R S A T I O N S
tez-nous ces 4 frequins coté.
de
4 f r é q u i n là y o à c o t é ;
(1)
Maintenant voyons votre a u t r e vin ?
Astor
à nou
nou
voir
l ' a u t r e di vin à v o u ?
L e C . E n voici du Ségur ;
Le C. C i l a là c é S é g u r , c i l a
c e l u i - c i e s t du C h â t e a u - M a r -
ici c é
g a u ; v o i l à le H a u t B r i o n ,
avlà H a u Brion , m o
gagné
j ' e n ai a u s s i d u C a p - B r e t o n
a u s s i C a p - B r e t o n en
bou-
en bouteilles.
teille.
H.
E s t - c e bien
B r e t o n , c a r on
du C a p nous
en
H.
Château - Margau ,
Ça ben C a p - B r e t o n
car yo v e n d e - nou de l'en-
v e n d d e cet e n d r o i t , six fois
d r é t - l à six foi p a s s é que
p l u s q u ' o n n'en fait.
fair.
Le
C . J e l'ai tiré m o i -
m ê m e du lieu ?
avant
t r e choix , noître
les
de
Mo
tiré
ly
mo-
m ê m e l'endrét ?
H . A l o r s nous y c r o y o n s , mais
L e C.
yo
faire
no-
il f a u t c o n conditions
aux-
quelles vous nous vendez ;
H. A l o r s nou c r é r e à l y , m a i a v a n t n o u fair
choi-a
nou fau, coné conditions
que
vou v e n d e - n o u , ensuite nou v a parlé prix,
ensuite nous parlerons des prix. L e C. Vous
connoissez
Le C. V o u coné z ' u s a g e ,
•lés u s a g e s , il f a u t q u e d a n s
fau d a n troi m o i s m o fair
trois mois je fasse m e s r e -
recouvremens à m o u é , pour
couvremens
fair c h a r g e m e n t à m o u é ?
pour
opérer
mon chargement ? H . V o u s s a v e z aussi q u e j e p a y e en d e n r é e ,
j'au-
rai positivement à cette é p o -
H. V o u c o n é a u s s i que payé
en
tivement
denrées , m'a
mo
posi-
gagné d a a
(1) Petit tonneau de la grosseur d'un quartaut de bierre.
С que une étuvée
de
RÉOLES. sucre
q u e j e p o u r r a i v o u s livrer.
З7З
t e m - l à , nion étivé s o u c r e que m o c a p a b e l i v r é - v o u . Et m o u é ,
m o va g a g n é
E t m o i j'aurai a u s s i u n e douzaine de sacs d'indigo ?
d'igo ?
L e C . Cela m'arrangera très-bien , j'enverrai mon l i e u t e n a n t les voir.
Le C . Ç a v a a r r a n g é m o b e n , m ' a v o y é lieutenant à m o u é voir y o .
H . V e n e z - y vous m ê m e , n o u s nous a m u s e r o n s , et v o u s nous ferez plaisir ?
H . V i n i v o u - m ê m e , non va m u s é - n o u , e t v o u v a fair nou p l a i s i r ?
L e C , J e ferai m o n p o s sible , m a i s je ne puis p a s v o u s p r o m e t t r e ; cela d é pendra des occupations que j'aurai. H. Maintenant nuons, :
conti-
V o i l à six b a r r i q u e s d e vin d e Haut Brion que nous marquons : voyons votre f a riné ? L e C . E n voici d e M o i s s a c , e t en voilà d ' E t a m p e s .
aussi
nion
douzaine
sac
Le C. M a fair p o s s i b l e à moué , mai m o pa savé promette-vou , ça va dépende z'occupations m o va gagné.
H. A s t o r
anon-nou con-
tiné : A v l a six b a r r i q u e s v i n H a u t - B r i o n , que nou m a r q u é , v o y o n farine à v o u ?
Le
C. C i l à i c i , c é M o i s -
s a c , cilà l à , c é d ' E s t a m p e .
H., C e l l e - c i m e p a r o î t plus H. C i l à ici p a r o i t - m o u é Fraîche, et plus b l a n c h e ? p y f r a î c h e , et p y b l a n c h ? L e C . V o u s a v e z le choix. H . Marquezrnous ces huit barrils ? L e C . Voulez - vous de l'auisette de Marie Brisard.
Le
C. V o u g a g n é choix.
H, M a r q u é h u i t b a r r i l s - l à yo? Le C. V o u vlé z ' a n i s e t t e à Marie Brisard. Aa 3
374
C O N V E R S A T I O N S
H. Si
c'est
d e la
vraie
H.
Si c é
vrai Brisard ,
B r i s a r d , n o u s en p r e n d r o n s
nou va prende chacun deux
c h a c u n d e u x p a n i e r s ou q u a -
paniés ou quatre p o m p o n -
tre pomponnelles ?
nelle ?
L e C. J e puis vous l'as-
Le C. M o
savé souré-ly
vou.
surer. H . Mettez-y une étiquette. Nous
avons
besoin
H. M e t é Nou
de
nion t i q u é t t e .
gagné
bisoin
pli-
d e toile :
sieurs s o r t e toile , d ' a b o r d ,
d ' a b o r d , d e belle F l a n d r e ,
bel F l a n d r e , p o u r fair n o u
plusieurs
sortes
pour nous mises;
faire d e s
ensuite
Dinant,
che-
du b r i n d e
et du V i m o u t i e r ,
c h i m i s e s ; e n s u i t e brin nan ,
acque
p o u r biller
n è g r e à nou ,
p o u r habiller n o s n è g r e s a u
pour bon jour bonne
p r e m i e r d e l'an ?
née ?
L e C.
J'en
ai d e
su-
Le
Di-
Vimoutier,
C. M o
an-
gagné qui s u -
p e r b e , voilà d u v r a i C o u r -
perbe , avlà vrai C o u r t r a i ,
t r a i , v o u s n'en
vous
trouverez-
pa allé' trouvé
p a s d'un p l u s b e a u b l a n c ,
p l u b e l b l a n , ni n i o n
ni d'un m e i l l e u r u s a g e .
sage miyor.
H.
N o u s prendrons
quatre pièces ,
nion l'u-
ces
H. N o u v a p r e n d e q u a -
qui parois-
t r e p i è c e s l à - y o , qui p a r o î -
sent de m ê m e qualité ?
tre m ê m e qualité? L e C. C é m ê m e n u m é r o ,
L e C . C ' e s t le m ê m e n u m é r o , . . . l e s voilà a v e c v o s
avla-yo
a u t r e s e f f e t s , . . . c e t t e balle
b a g a g e s , . . . balle brin - l à
de
brin v o u s
conviendra
a c q u e les z ' a u t r e s
v a c o u v e n i v o u a u s s i ; ly e n
a u s s i , il y en a q u a t r e p i è -
à
ces toutes semblables.
semblé.
quatre
pièces qui
H . E t c e l l e là ?
H. E t cilà-là ?
L e C. C'en-est encore du
Le C. C é e n c o r m ê m e
même.
tout
là.
C R É O L E S
H.
Nous
la
prendrons
aussi ? R é c a p i t u l o n s un peu nos objets.
L e C . O n a pris n o t e :
375
H. N o u aussi ? A pitit
Le
va
prende
non - nou c a p i t u l é brin b a g a g e à n o u
C. Y o p r e n d la note : liv.
liv. 5. 6 J a m b o m s de B a y o n ne, à 24
15
mode, à 4 frequins b e u r r e , d e 80 liv. c h a q u e , à .
3o
à
la 30
4 frequins beure de 80 1
5
liv. c h a q u e , à . . . .
6 B a r r i q u e s d e vin d e H a u t B r i o n , à . . . 240
6 Barriques à
8 B a r i l s farine M o i s -
8 Barils farine, à . . .
sac , à . . . . 4 Paniers anisette M . Bd., à
26
10
5
82
4 Paniers à
l'anisette,
26 10 Cour-
t r a i , 168 a u n e s , à
15
15
8Pièces brin 7/8 a u n a n t 521 1/2, à . . . .
1
vin,
240
4Pièces toile
trai, aimant ensem-
168, à
de
82
4 P i è c e s toile C o u r ble
s.
6 J a m b o n s , à 3 gourdes. 2 Barils b œ u f mode , à
2 Barils de b œ u f à la
ly
415
L e C . V o i l à tout. H . N o u s oublions le vin du C a p - B r e t o n , q u e l q u e s pobans d'olives, d'anchois, d e s c â p r e s , et d e s c o r n i chons.
8 P i è c e s brin 7/8, 521. 1/2 a u n e s , à . . . . . . .
4
15
Le C. A v l a tout. H. N o u blié di vin C a p Breton , quéque pobans z'olives, z'anchoix, capres, et cornichons.
376
C O N V E R S A T I O N S
Le C. Nous
allons
les
Le
C. N o u v a j o u t é y o :
ajouter : i°.
4 Caisses de vin, cha-
D'abord,
4 caisses vin
c u n e d e 25 b o u t e i l l e s , e t 6
Cap-Breton,
pobans d e chaque
teilles, et 6 pobans chaque
espèce
des autres.
d e 25 b o u -
l'espèce les a u t r e s .
H . M e t t e z en une caisse
H. M e t é
de chacune douze pobans.
nion
caisse d e
12 p o b a n s d e c h a q u e .
L e C . L e s voilà.
Le
H . V o u s ferez m e t t r e tous
H. V o u v a faire y o m e t é
c e s o b j e t s au p a s s a g e r , p a r c e
tout bagage-là d a n p a s s a -
que nous enverrons nos c a -
ger , p a r c e n ' a v o y é c a b r o u e t
C. A v l a y o .
brouets les prendre a p r è s -
à nou y o , p r e n d y o , a p r é s -
demain à
démain
notre
embarca-
daire.
l'embarcadaire
à
nou.
Conversation
entre
Nègre
un Propriétaire
Commandeur
LE PROPRIÉTAIRE. H h bien ! T h é l é m a q u e
où en
de son
de Sucrerie
et le
Habitation.
Le Propriétaire.
H h bien !
T h é l é m a q u e o u é t é nou y é ?
sommes-nous ? THÉLÉMAQUE. N o u s a v o n s fini
de sarcler, couper, ou
planter
la pièce q u e v o u s
avez ordonnée. Le bien
P . L a terre
Thélémaque.
N o u fini ( o u
c a b a ) s a r c l é , c o u p é ou p l a n t é , p i è c e la v o u t é dir o u ordonné ?
est-elle
mouillée , bien h u -
m i d e , p e u t - o n planter des cannes , e t des vivres ?
Le
P . T e r r e - l a ben mouil-
l é e , y o savé planté c a n n a acque vivres ?
C R É O L E S . Th.
Ouï
377
Th.
Monsieur.
L e P . H h bien ! tu ira d e -
Oui M o u c h é .
Le P. H h b e n ! t o v a a l l é
m a i n a v e c le g r a n d a t e l i e r ,
demain
fouiller la p i è c e
le
l i e r , fouiller la p i è c e № . 8 ,
p e t i t atelier ira c h e r c h e r d u
le pitit atellier v a l é h c h e r -
plant.
ché plant.
N°.
8,
T h . Q u e ferons-nous avec l e s n o u r r i c e s , et les v i e u x ?
Th. que
acque grand
atel-
Ç a nou v a f a i r e a o nourrices,
et
vieux
monde ? L e P. T e s vieux
sarcle-
Le P. V i e u x l à - y o v a s a r -
r o n t les h a i e s , e t les n o u r -
clé hayies l à - y o ,
r i c e s j e t t e r o n t ou s è m e r o n t
rices l à - y o v a s e m é plant.
et
nour-
le plant. Th. Monsieur, № .
5 est bientôt
couper,
la p i è c e bonne à
n o u s p o u r r o n s la
r o u l e r a u s s i t ô t q u e nous a u
Th.
Mouché , pièce
№ .
5 , bentôt bon pour c o u p é , n o u s a v é r o u l é - l y sitôt n o u caba planté № . 8 .
r o n s fini d e p l a n t e r l e № . 8 . L e P.
Tu
as r a i s o n ,
je
Le P.
T o g a g n é raison ,
l'aurois c o m m e n c é e a u j o u r -
m o s é r é t é c o m m e n c é ly jor-
d ' h u i , m a i s les m u l e t s s o n t
dy, mais milets là-yo fatigués
fatigués des
charrois
charrois
que
n o u s a v o n s fait à l ' e m b a r c a -
là-yo
nou
sorti
fair l ' e m b a r c a d a i r , p o u r d e r -
d a i r e d e la d e r n i è r e é t u v é e ,
n i è r e n ' e t i v é e , e t pi m o v l é
et je v e u x profiter de l'hu-
profiter
m i d i t é de la t e r r e p o u r p l a n -
mouillé pour planté cannes
t e r d e s c a n n e s , et d e s p a t a -
acque patates.
pendant
terre
la
tes. T h . E n parlant de p a t a tes , l'hospitalière m e m a n d e des vivres malades.
de-
pour les
Th.
Pendant
nou
après
parlé p a t a t e s , l'hospitalière mandé moué vivres, malade là-yo.
pour
З78
C O N V E R S A T I O N S
L e P . T u dira aux
gar
diens d e s e n v i r o n s ou tu t r a -
Le P.
T o v a dir g a r d i e n
l à - y o c ô t é ou éti to t r a v a i l ,
vailles, de couper soixante
coupé trois
r é g i m e s de bananes , et de
bananes,
fouiller c i n q o u six p a n i e r s
ou six p a n i e r s p a t a t e s , q u e
d e p a t a t e s , q u e les c a b r o u e t s
cabrouets l à - y o , va prend
p r e n d r o n t d e v a n t leurs a j o u -
douvan joupa à y o ,
p a , en r e v e n a n t à m i d i .
y a vini à m i d y .
Th.
On
me
demande
Th.
vingt régimes
et
Yo
fouillé
cinq
quant
mandé
moué
a u s s i du s u i f p o u r g r a i s s e r
aussi suif pour graisser c a -
les
b r o u e t s l à - y o , et p o u r m o u -
c a b r o u e t s , e t p o u r les
moulins.
lin l à - y o .
L e P . J ' y v e i l l e r a i , il f a u t ,
Le P. M ' a l l é veillé ç a , fau
p u i s q u e n o u s allons r o u l e r ,
ben
q u e j e f a s s e aussi
mo
remon-
d ' a b o r d n'allé faire
aussi
roulé,
remonter
t e r la g r a n d e c h a u d i è r e e t
grand chaudière acque b a t -
la b a t t e r i e .
t e r i e là.
Quand
nous
couperons
le № .
5 ,
tu f e r a s
met
tre des
têtes à cannes de
Quand №.
5 ,
pour
à bagasse.
bagasse.
L e Sucr. Monsieur , m e voilà. L e P . Dans quelques jours n o u s allons c o u p e r le № . 5 . T o u t est-il e n é t a t d a n s la sucrerie ? S . L a grande chaudière et la b a t t e r i e s o n t d é m o n -
va
va
coupée
faire
yo
m é t é tête à canne à côté ,
c ô t é , pour couvrir une caze
A p p e l l e le m a î t r e s u c r i e r .
nou to
couvrir
Helé Le
nion caze
à
maître sucrier là. suer.
Avla
moué ,
Mouché. L e P . D a n s d e u x trois j o u r s n o u v a c o u p e r № . 5. T o u t qui c h o s e d a n s o u c r e r i l y en é t a t ? S.
Grand
chaudier
là
acque batterie, yo d é m o n t é ;
С R É О L E S tées. L e f l a m b e a u a b e s o i n de quelques réparations. P. L e s maçons doivent y
З79
f l a m b e a u la bisoin r é p a r a tion. P.
M a ç o n là y o doit t r a -
travailler a u j o u r d ' h u i . — I l
vailler j o r d y . — F a u d r a p r é -
f a u d r a p r é p a r e r la l e s s i v e .
parer lissive.
S. nous nous dans
S i le c h a u x - f o u r n i e r n e e n v o i e p a s d e la c h a u x , n ' a v o n s rien à m e t t r e le v e s o u .
S. Si c h a u f o u r n i é p a s v o y é l a chau b a y nou , n o u p a s g a g n é à rien pour mette dans vezou.
P . I l en a p r o m i s p o u r
P. L y p r o m e t t r e ly p o u r d é m a i n , ly v a a s s é t e m s . — F a u d é p ê c h e r la s u s s u c r e la y o q u i dan p u r g e r i e .
d e m a i n , il s e r a à t e m p s - — I l faut se d é p ê c h e r s u r les s u c r e s qui sont à la p u r g e rie. S. N o u s s o m m e s à locher
S. N o u a p r è s loché d e u -
la s e c o n d e c a b a n e ; d e m a i n
xième cabanne. Démain nou
n o u s les p l a n t e r o n s , e t f e -
v a p l a n t é y o , et nou va faire
r o n s les fonds.
fonds.
P. A
t-on
préparé
la
P.
Y o p r é p a r é t e r r e là.
terre. S . E l l e e s t à sa d e r n i è r e eau q u i e s t très-claire. P. D è s q u e t u auras fini d e t e r r e r , tu f e r a s f e r m e r l e s fenêtres d e s b â t i m e n s , afin q u e l'air ne la d e s s è c h e p a s trop p r o m p t e m e n t . S. J deux même moter
e crois qu'il suffira d e t e r r e s . O n pourroit se contenter d e p l u la p r e m i è r e .
S. L y d a n dernier d'iau qui ben clair. P.
D r é t to v a fini t e r r é ,
t o v a fair yo f e r m é t o u t fin e t t r e s à b â t i m e n s p o u r l'air p a s c h e c h é trop v î t e m e n t t e r r e là. S. M o c r é r e l y v a a s s é s deux t e r r e s , yo savé m ê m e contenté plimoter prunier
là.
380
C O N V E R S A T I O N S
P . N o u s v e r r o n s cela d a n s
P.
N ' a voir ç a d a n s d e u x
q u e l q u e s j o u r s . — Y a t-il
t r o i s j o u r s . — L y en a s i r o p
b e a u c o u p d e s i r o p d a n s les
en p i l e d a n s bassin la y o .
bassins. S. L e g r a n d e s t a u x t r o i s quarts. N o u s avons soixante
encore
ou quatre - vingts
p o t s ou canaris à y mettre. P . I l y en a u r a p l u s qu'il n ' e n faut p o u r M
à qui
j ' e n ai v e n d u m i l l e v e l l e s . S. M
Guildivier de
S.
G r a n d là quasi p l e i n ,
n o u s g a g n é e n c o r trois v i n g t , ou b e n q u a t r e v i n g t c a n a r i s pour vidé. P.
L y v a p a s s é ça qui f a u
pour Mouché
à qui
mo
vendre 1ooo veltes. S.
M
Guildivier
l ' E m b a r c a d a i r e du M a h o a
l'Embarcadaire M a h o , voyé
e n v o y é savoir a u j o u r d ' h u i si
jordy mandé
v o u s p o u r r e z lui e n livrer un
livre l y nion b o u c a u t .
si v o u s
savé
boucaut. P . Qu'as-tu r é p o n d u ?
P.
Ç a to r é p o n d - l y .
S . Qu'il y en a v o i t , m a i s
S.
Que l i e n até , mai m o
q u e j ' i g n o r o i s s'il étoit v e n -
p a té c o n n é si lité v e n d r e ,
d u . I l doit r e n v o y e r d e m a i n .
l y doi r e n v o y é d e m a i n .
con-
P.
t i e n t 25oo v e l t e s , ainsi o n
ben
p o u r r a lui e n livrer un b o u -
s a v é l i v r é - l y nion
P . L e grand bassin
G r a n d bassin la t i e n 25oo v e l t e s
ainsi
yo
boucaut.
caut. S. N o u s a v o n s d e s t ê t e s et
des
grande
fontaines
en
quantité ;
assez il
me
S.
Non
fontaines moué
que
gagné assé yo
et
semblé
savé
deuxième
l e s s e c o n d s s i r o p s p o u r en
soucie , que y o seté mêlé,
faire d u s u c r e q u ' o n
mêle-
pour
couit
s e m b l e qu'on p o u r r o i t cuire
roit.
sirop
têtes
ly
fair
381
C R É O L E S .
P . Pendant qu'on r é p a -
P.
Pendant yo va repa-
r e r a les c h a u d i è r e s , e t q u e
rer chaudières là yo ,
et
la m a ç o n n e r i e s é c h e r a ,
m a ç o n n e la v a c h é c h é ,
yo
on
p o u r r a cuire les s i r o p s d a n s
s a v é c o n i t sirop d a n s c h a u -
l e s c h a u d i è r e s à clarifier. I l
d i è r e à clarifier. A u s s i b e n
faut
fau
d'ailleurs ,
avant
de
nous
casser m a y s
qui
c o m m e n c e r à r o u l e r , cueil-
d a n s № . 4 , a v a n nous c o m
lir l e m a ï s q u i e s t d a n s
mencé
le
rouler.
№ . 4. S. N o u s n'avons que deux
S.
Nou
gagné
nécque
b l a n c h e t s à la s u c r e r i e ; il e n
d e u x b l a n c h e t s ly t é f a u d r é
faudrait au moins
au moins 5 ou 6 l'autre.
5 ou
6
antres. P . J ' a i d o n n é d e la toile
P.
M o dija b a y toile p o u r
p o u r en faire 8 , afin qu'il y
y o fair 8 ,
e n ait t o u j o u r s d e p r o p r e s . —
j o u r q u i n e t . — M u l e t s là y o
pour y en a t o u
L e s m u l e t s sont-ils e n é t a t ?
en é t a t ?
S . Il y e n a d e u x d e b l e s -
S. L y e n a d e u x qui b l e s s é s
s é s au g a r r o t , mais dans 4
la sus g a r r o t , dans 4 jours y o
J o u r s ils p o u r r o n t t i r e r
v a c a p a b l e tirer d ' a u m o u l i n .
au
moulin. P . E t les a u t r e s ?
P.
S.
S.
Ils
d'ailleurs tombé
sont la
vigoureux ; pluie
nous
qui
donne
a
assez
E t les a u t r e là y o . Y o vigoureu, et p y la
pli q u i t o m b é l y
bay
nou
d'iau a s s é p o u r m o u l i n d ' i a u
d ' e a u p o u r faire m a r c h e r le
m a r c h é si nou t é
m o u l i n à e a u , si n o u s m a n -
milets.
manqué
quions de mulets. P.
Puisqu'il
y
a
assez
d'eau p o u r l e m o u l i n , n o u s n ' e m p l o i e r o n s q u e les
P.
D ' a b o r d l y e n a d'iau
assé pour m o u l i n , nous v a
ani-
employé nécque z'animaux
m a u x nécessaires au charroi
q u i faut p o u r c h a r r i e r c a n n e ;
des c a n n e s ; les a u t r e s p o u r -
les a u t r e s s a v é alé c h e r c h é
382
C O N V E R S A T I O N S
r o n t aller c h e r c h e r des c h e -
chivrons, pour caze à b a -
v r o n s p o u r la c a s e à b a g a s s e
g a s s e la n o u a p r è s fair.
q u ' o n bâtit. S. M o n s i e u r , il y a d e u x
S.
M o u c h é , y en a d e u x
c a b r o u e t s à b œ u f qui p o u r -
c a b r o u e t s b œ u f qui c a p a b l e
r o n t faire c e s v o y a g e s .
fair v o y a g e là y o .
P . J e les r é s e r v o i s p o u r
P.
M o lé r é s e r v é y o p o u r
c h a r r o y e r les t ê t e s à c a n n e ,
charrié tête à c a n n e ,
pour
couvrir m ê m e
couvrir
cette
même
c a s e , et p o u r d o n n e r
aux
pour
case là ,
et
p o u r b a y z ' a n i m a u x là y o .
animaux. S . O n c h a r r o i e r a la c o u -
S.
Y o v a charrié couver-
verture dans quelques jours.
t u r e l à d a n s d e u x trois j o u r s .
L e s têtes seront fanées.
T ê t e là y o v a f a n é .
P.
Il
cette
faut
pièce
second
débarrasser
rejeton ,
P.
F a u d é b a r a s s e r pièces
son
là qui dan second rejeton,
pour la
pour broulé-ly et planté tou
qui est à
b r û l e r et p l a n t e r d e
suite.
C r o i s - t u qu'elle rende b e a u -
suit... T o c r é r e l y va r e n d tout plein ?
coup? S. E n grandes cannes,elle a rendu quatre cents
for-
m e s ; en p r e m i e r s , r e j e t o n s , trois c e n t s et q u e l q u e s .
S.
E n g r a n d c a n n e Iy t é
rend vingt
fois v i n g t
mes ; primier bay quinze
ou
for-
rejeton , té ben
seize
vingt. P . J ' e s p è r e qu'elle en
donnera
autant
nous cette
P. M o e s p é r é q u e l y v a b a y n o u tou m ê m e .
fois. parce
S. M o p a s c r é r e , à c a u s e
q u ' i l y a un c o i n t r è s - s a b l o n -
S.
l y en à n i o n coin t o u t plein
n e u x , qui a b e a u c o u p souf-
sablé qui souffri e u pile d a n
f e r t d e la d e r n i è r e
dernier s c h e h .
resse.
J'en
doute,
séche-
C
RÉOL
P . N o u s l'avons a r r o s é e , dans le temps.
E S.
383
P. N o u t é r o u z é l y d a n t e m s là.
S . C ' e s t là d e r n i è r e a r -
S. C ' e s t d e r n i e r . n o u t é
r o s é e ; il n e r e s t o i t g u è r e
rouzé ; ly pa té resté.guére
d ' e a u à la r i v i è r e , o n a é t é
d'iau la rivière , y o té bligé
obligé d e l e v e r t o u t e l ' é -
levé tout n'écluse,
c l u s e à p e i n e y suffisoit-
t é sufi a c q u e l a p e i n e ,
ly pa
elle. P. A propos d'écluse, les P . A propos n'écluse, y o a-t-on v i s i t é e s il m e s e m - visité y o ? l y s e m b l é m o , t é ble avoir v u les c a n a u x e t l e t r o p plein e n g o r g é s .
voir canal l à - y o a c q u e t r o p plein e n g o r g é .
S . J ' a i tout fait d é b a r r a s ser p a r les g a r d i e n s , les m a ç o n s o n t r é p a r é hier quelques dégradations.
S; M o fair y o t o u d é b a r rassée par gardien l à - y o , maçon l à - y o commandé d e u x trois c ô t é q u i t é d e gradé.
P . A-t-on mis des f o r m e s n e u v e s à la t r e m p e ?
P. Y o m é t é f o r m e n e u f trempé.
S . I l y a cinq jours q u e l l e s y é t o i e n t , o n les a c h a n g é e s d'eau a u j o u r d ' h u i , o u
S. Y o t é dan d'iau d e m p y cinq j o u r s , y o c h a n g é y o j o r d y , d é m a i n y o v a fair
e n fera a u t a n t d e m a i n , pour leur ôter l ' a i g r e u r .
autant pour ouéter g o u sir à yo.
P . T u feras graisser les moulins, et les cabrouets.
P . T o v a fair y o g r a i s s e r moulin, acque cabrouets làyo.
S. Il y a u n e d e n t c a s s é e S. Y e n a nion d e n t c a s s é au grand rouleau du m o u - d a n grand rouleau moulin l i n à b ê t e s , e t un cul d ' œ u f , à b ê t e , nion q u i o u z'oeuf
C O N V E R S A T I O N S
3 8 4
et une crapaudine à r e t r e m -
a c q u e nion c r a p a u d i n e pour
p e r à celui à l ' e a u .
r e t r e m p é dan moulin d'iau.
S . A - t - o n fait a v e r t i r le charpentier,
et
le
forge-
P.
Y o verti charpentier
là acque machoquier là.
ron. S. I l s doivent venir a u -
S.
Y o doi vîni j o r d y .
jourd'hui. P. C'est n e t t o y e r le ner
faudra
P. C ' e s t b e n , faudra n é -
bac pour don-
t é y é b a c là p o u r b a y z ' a n i -
b i e n : il
des écumes
aux ani-
maux là-yo
m a u x ; on y h a c h e r a a u s s i
va haché
des têtes à cannes.
dan.
Avons
nous beaucoup de
cannes de coupées.
a encore
à canne
yo là
N o u g a g n é en pile c a n n e s coupé.
S . L e p a r c e s t plein , il y en
z'écumes ,
tête
p o u r les c a -
S.
P a r c là plein , l y e n a
encor
pour cabrouet l à - y o
brouets jusqu'à minuit; on
joue m i n u i t , y o savé c o m -
p o u r r a c o m m e n c e r à chauf-
m e n c é chauffé à l'heur là.
fer à cette heure. P . T u n'en a s p a s fait c o u per plus que quatre
pour
heures ,
vingttu
sais
qu'elles aigriroient.
P.
T o p a fair y o
quatre h e u r e s ,
S . Il n'y en a q u e c e qu'il continuera de couper.
coupé.
nus ?
conné
S. L y en en n é q u é jouc d e main , que yo
P . L e s s u c r i e r s du
to
y o va sur.
faut jusqu'à demain , qu'on
mier quart sont
coupé
p a s s é ça qui faut p o u r vingt-
pre-
ils p r é v e -
va
continé
P . Soucrier premier quart l à - y o , verti ?
C R É O L E S . S.
J e leur ai dit d e
coucher
de
bonne
se
heure
p o u r ê t r e à leur c h a u d i è r e
S.
385
Mo
bon-heur,
dir
yo
couché
p o u r y o là
sus
chaudière à y o , à minuit.
à minuit. P. Y a-t-il des
mèches,
e t d e l'huile d a n s les
lam-
p e s ? les é c u m o i r e s , et les
état,
ainsi q u e le r a f r a î c h i s s o i r . P.
Quelle
chaux
quantité
a -t-on
mis
z'écu-
m o i r s , e t couillers l à - y o p r o -
S.
Tou
ça en
état, r a -
f r a î c h i s s o i r l à - y tou.
de à
acque
pres.
cuillers s o n t - i l s p r o p r e s ? S . T o u t ç a est en
P . Y en a m è c h e l'huile dan l a m p e s ?
la
P. C o m b e n la c h a u x y o m é t é dan grande.
grande ? S. On a mis une
chopine
S. Y o m é t é n i o n c h o p i n e
de
c e n d r e a c q u e nion tiers la
c h a u x , p a r c e q u e les c a n -
c h a u x , parce canne l à - y o ,
nes sont de bonne
nion bon qualité.
de cendre,
et un tiers
P . C e l a a-t-il
qualité.
assez d é -
g r a i s s é le v e z o u ? S . L a l e s s i v e l'a p a r f a i t e m e n t purifié ; v o y e z
le s i -
P . L e sirop d e m a n d e e n une
cuillerée
Ç a dégraissé visou là
S.
Lessive
là purifié
ly
t r è s - b e n , g u e t é sirop l à , e t batterie là.
r o p , e t la b a t t e r i e .
core
P. assé ?
de les-
P. S i r o p l à m a n d é e n c o r n i o n couiller
lessive.
sive. S. L a b a t t e r i e e s t b o n n e à t i r e r ; p r e n o n s la p r e u v e .
S. B a t t e r i e là b o n
pour
tiré, allons nous p r e n d p r e u ve...
P . E n c o r e un i n s t a n t , il n'est pas assez cuit. S . Voilà qui est bien t i r é , Tome
II.
P.
E n c o r pitit m o m e n t ,
ly p a s cuit a s s é . S . A v l à ly b e n t i r é , B
b
et
386
C O N V E R S A T I O N S
et chargez
de
suite
pour
c h a r g é tou souit p o u r fond
q u e le fond n e b r û l e p a s . P. Où
sont
les becs
à corbin , a - t - o n t a p p é
là p a s bourlé. à
P.
les
O ù éti b e c corbin l à -
yo , yo tape forme là-yo ?
formes ? Q u ' o n ait soin d e n e remplir trait ;
les mais
formes d'en
pas
Que
d'un
yo
soin, pas plein
f o r m e là-yo nion trait ; m a i s
mettre
yo
que m é t é dans
chaque
d a n s c h a q u e en p r o p o r t i o n
en p r o p o r t i o n d e ç a qui d a n
d e c e qu'il y a d a n s le rafraî-
r a f r a î c h i s soir.
chissoir. O n a u r a soin a u s s i d e r e muer
de
temps à
Y o v a g a g n é soin a u s s i ,
autre,
m o u v é ly t e m s en t e m s p o u r
p o u r a i d e r le grain à s e f o r -
hinder
m e r , et se répandre.
aie p a r - t o u .
Conversation plantée
entre un en café,
autre
grain là f o r m é ,
Propriétaire
et son Nègre
L ' H A B I T A N T . T U feras
et
d'Habitation
Commandeur.
L'Habitant.
T o v a fair y o
a i g u i s e r les s e r p e s , et les h a -
filé s e r p e s , a c q u e h a c h e s ,
c h e s , pour aller a b a t t r e un
p o u r n'allé b a t t r e bois neuf,
b o i s neuf. L E NÈGRE.
OUÏ
Mon-
Le Nègre.
Oui
Mouché,
sieur. H . Quand le premier b a lisage
s e r a f a i t , tu m e t t r a s
H. Q u a n t primier b a l i s a g e là v a f a i t , to v a m e t é h u i t
huit n è g r e s de h a c h e à a b a t -
nègres
t r e le g r o s b o i s .
gros bois.
N . Oui Monsieur.
N.
H - Q u a n d on a u r a fini d'a-
hache
pour battre
Oui Mouché. H.
Q u a n d y o v a fini b a t -
CRÉOLES. L a t t r e , on d é b i t e r a . Quinze j o u r s a p r è s nous
mettrons
l e f e u , ensuite n o u s f e r o n s les tas ( m o n c e a u x ) .
387
t r e , y o va d é b i t é . P u i d a n q u i n z e j o u r s nou v a m e t é d y feu , e n s u i t e nou va fair boucan là-yo ? N. O u i M o u c h é .
N . Oui Monsieur. H . Il faudra pendant ce t e m p s ) tirer d e s c h e v r o n s , d e s p o t e a u x , et d e s t r a v e r s , p o u r bâtir u n e m a i s o n p i n -
H. F a u d r a p e n d a n t là tiré c h i v r o n s , acque poteaux , et t r a v e r s pour bâtir nion grand caze.
cipale. N.
N . Oui Monsieur. H . J ' a i p a r l é a u x doleurs , pour
qu'ils v i e n n e n t faire
du m e r r a i n , et d e s e s s e n t e s . N . M o n s i e u r , j'ai vu dans
Oui M o u c h é .
H. M o p a r l é doleur l à y o , vini fair m e r a i n a c q u e z'essentes ? . N. M o u c h é , m o t é voir
c e bois q u e l q u e s b e a u x p i e d s
d a n s bois l à , bel p i e d s
d'acajou ; ou p o u r r a i t faire
c a j o u , y o c a p a b l e fair m a -
quelques madriers.
driers.
L'entourage
de
la
v a n e t o m b e : Si v o u s
savou-
l e z , j e ferai aussi sortir d e s pieux pour le refaire, parce q u ' e n balisant j e ferai c o u p e r d e la l i a n e . Il faudra a u s s i d e s g a u l e s ou d e s p e r c h e s . Les
nourrices,
et
c e u x qui ne p o u r r o n t
L ' e n t o u r a g e à savane ap r é s t o m b é , si v o u vlé m o v a fair y o sorti p i e u x p o u r refair l y , p e n d a n t y o v a b a l i s é m a fair y o c o u p e r lianes. N o u g a g n é bisoin aussi.
tous pas
l'a-
Nourrices , qui
pas
gaules
et
capable
tou alé
ça dan
aller d a n s le b o i s , fouille-
bois , y o
ront les trous de
l'entourage acque louchet.
l'entou-
va
fouillé
trou
rage avec l'ouchet.
H. Il est temps de met-
H. L y t e m s
pour
B b a
mété
388
CONVERSATIONS
t r e le feu au bois n e u f ; tu
d y feu d a n s bois n e u f ,
o b s e r v e r a s d e l e faire m e t -
v a prin gard y o m é t é l y là
t r e s o u s le v e n t .
sou v e n t . H. O u i M o u c h é .
N. Oui Monsieur. H.
Il
boucans
faut
to
brûler
dessoucher,
les
H. F a u t bourlé b o u c a n là-
net-
y o , d e s s b u c h é , n e t é y é , ali-
t o y e r , aligner , et p l a n t e r
g n é , et p l a n t é c a f é .
des cafés. N. M o n s i e u r ,
bu
pren-
d r o n s - n o u s du plant ?
H. M o u c h é , o u éti
nou
va prend plant ?
H . M . . . , m'en a promis
H.
M
promettre
d e celui qu'il a l a i s s é p o u s -
moué,
ser dans ses vieux cafés.
vini clan v i e u x cafés à ly.
N . I l doit ê t r e bon p a r c e qu'il est e x p o s é au soleil ; c a r , celui pris à pourroit
périr
l'ombré
avant
p r e n d r e r a c i n e e n l'y p o s a n t , au lieu q u e
de ex-
celui-
dan
cilà-ly
quité
N. L y doi bon , à c a u s e Iy dan s o l e i l , c a r , cila y o - c ' é t é p r e n d , d a n s l ' o m b r e , ly s a v é m o u r i a v a n t ly p r e n d r a c i n e , si yo'té m e t é l y , e n g u i s é cilà-là c o u t u m e .
là ,-y e s t d é j à fait. H . N e craignez-vous pas qu'il s o i t p i q u é (1) ? N . J ' e n ai a r r a c h é q u e l -
pas peur ly
pi-
qué ?
ils étoient tous biens sains.
N. M o t é r a c h é d e u x trois p i e d s c ô t é - c y c ô t é - l à yo t o u é t é b e n sain.
H . A quelle distance planterons-nous ce c a f é ?
H. Que d i s t a n c e , n o u v a p l a n t é c a f é là ?
ques
N.
pieds
par-ci par-là ,
C e terrain paroît a s -
s e z bon , je crois q u ' o n p e u t
N.
Terrain
là p a r o î t r e
moué assé b o n , m o créra
(1) Il est b e a u c o u p de j e u n e s c a f é y e r s q u i se t r o u v e n t v e r r e u x dans l e u r s r a c i n e s , c'est ce q u ' o n appelle p i q u é s .
CREOLES. l e m e t t r e à six p i e d s , n o u s l ' a r r ê t e r o n s p l u s ou
moins
h a u t (1) q u a n d il e n
sera
389
y o s a v é m é t é l y à six p i e d s , nou va rété-ly à hauteur q u a n d ly v a t e m s .
temps. H . L e p l a n t e r o n s - n o u s car-
H.
Nou
va
planté-ly.
r é m e n t , ou en q u i n c o n c e ?
c a r r é , ou ben q u i n c o n c e ?
N. Comme ce n'est p a s t r o p c o u p é v i n e s , il faut t â c h e r p l a n t e r en q u i n c o n c e , q u ' a u lieu d e v i n g t p i e d s , il en t i e n d r a un m i l l e e t q u e l q u e s
N. C o m m e m o r n e là p a t r o p h a c h é ravines , faut t a c h é p l a n t é ly q u i n c o n c e e n g u i s e v i n g t m i l l e p i e d s , ly s a v é tienbé vingt-nion mille et q u é q u e c e n t s .
H.
La
ligne
morne de r a d e le parce mille vingtcents.
est - elle
H. L a ligne-là p r ê t ?
prête (2)? N . M o n s i e u r , elle n'est
N.
M o u c h é , ly m a r q u é
marquée
q u ' à cinq p i e d s ,
n é e à cinq p i e d s p o u r d e r -
pour ce
dernier
nier m i c h a n t p i t i t bois n e u f
mauvais
p e t i t bois n e u f , q u e
nous
non t é p l a n t é lien à
avons
deux
ans.
p l a n t é il y
a
deux
ans. H . Il f a u t f a i r e d e s
pi-
q u e t s , et aligner d e s u i t e , après quoi nous
fouillerons
les trous.
(1)
H.
F a u fair y o fair p i -
q u e t s , aligner toit s o u i t e , e n s u i t e n o u s v a fouillé t r o u là-yo.
O n c o u p e ordinairement la tige du café , à 5 ou 6 pieds d e
hauteur pour l'empêcher
de c r o î t r e , au delà de la force du t e r r a i n ,
p o u r lui l'aire p r e n d r e plus de corps , et p o u r c u e i l l i r la g r a i n e a v e c plus de facilité. ( 2 ) L a l i g n e est u n e c o r d e de la g r o s s e u r d u petit doigt , q u ' o n m a r q u e à la distance dont on veut planter , avec des m o r c e a u x de chiffons b l a n c s o u r o u g e s p o u r ne point p e r d r e de m e s u r e à c h a q u e pied.
B b 3
390
C O N V E R S A T I O N S
N. A
quelle
profondeur
N.
fouillera-t-on ? H. A
Que
profondeur
ya
fouillé y o ?
dix - h u i t p o u c e s ,
H. N i o n p i e d et d i m i , A
p a r c e q u e la p l u i e y e n t r a î -
c a u s e là plie v a m e n é d e u x
n e r a d e u x ou trois p o u c e s
trois pouces bon terre dan
de bonne terre au
fond : ç a v a millor.
fond :
c e l a n'en s e r a q u e m i e u x . N . Voilà assez long-temps qu'il
pleut ; la t e r r e
N. A v l a a s s e z - l o n g - t e m s
doit
l ' a p l i e t o m b é , t e r r e - l à doi
être assez m o u i l l é e .
assé mouillé.
H. N o u s s o m m e s d a n s la s a i s o n ; il p l e u v r a
H. N o u d a n s a i s o n , l'a p l i e
encore,
va t o m b é encor , nou savé
nous pouvons planter.
planté.
N . Il f a u t e n v o y e r six p e r sonnes
intelligentes,
cher-
cher de bon p l a n t , et
de-
main nous commencerons. V o u s écrirez à M pour
qu'il
permette
, d'en
N. qui
Fau
v o y é six m o n d e
connê,
cherché
bon
p l a n t , démain nou v a c o m mencé. V o u v a crir M . . . . , p o u r ly q u i t é nou p r e n d .
prendre. H . Voilà une l e t t r e ,
tu
H.
A v l à nion l e t t r e , t o
f e r a s attention q u ' o n é e h e -
va prend garde y o
velle
ben
racine
et s u r - t o u t qu'on ne p l o y é
tout
q u e y o p a s plié p i v o t
p a s les p i v o t s en t e r r e .
là y o dan t e r r e .
(1) bien
les r a c i n e s ,
çhivelé
l à - y o , et s u r -
N . Oui Monsieur.
N. O u i M o u c h é .
H. T u a u r a s soin aussi d e
H. T o v a g a g n é soin a u s s i
b i e n fouler le fond et t r è s -
fair y o b e n foulé dan fond
( i ) O n c o u p e o r d i n a i r e m e n t les fibres o u l e c h e v e l u d e s racines p a r c e q u ' a u t r e m e n t ris n o y e r o i e n t en terre , et n e seroient d'aucune u t i l i t é , ou n u i r a i e n t p l u t ô t aux p r o g r é s de lu p o u s s e .
C R É О L E S
391
p e u sur la superficie , p o u r
et pitit brin e n h a u t , p o u r
q u e l'eau p u i s s e p é n é t r e r .
d'iau la plie s a v é p é n é t r é .
N.
Monsieur,
tout
est
N. M o u c h é , t o u t p l a n t é .
planté. H . C o m b i e n en est-il en-
N.
H. C o m b e n q u i e n t r é l ' a dan?
tré? Voilà
les fèves
que
N.
Avlà
pois l à - y o
j ' a i m i s e s d e côté, à c h a q u e
m é t é à. c ô t é , q u a n d
centaine.
compté cent.
H. I l n'y en a q u e cent vingt-cinq,
qui
deux font
H. Ly e n a n e c q u e cent
mo
mo-té
deux
vingt-cinq , ça
fair
vingt-deux mille cinq cents
vingt-deux mille cinq cents
p i e d s ; j e l'aurois cru plus
pieds, moté seré
grand.
ply grand.
N . J ' e n ai encore
mis
bien p r è s du b o i s , qui l a n -
crére-ly
N. E n c o r m o m é t é
côté
à bois q u i va. l a n g u i .
guira. H . N o u s leur donnerons d e l'air en
a b a t t a n t la li-
H.
N o u v a bay yo l'air,
en b a t t a n t l i z i è r e - l à .
sière. N.
F a u t - i l planter
des
i g n a m e s , s e m e r d u riz ? H . O u ï , nous y mettrons des i g n a m e s ,
Faut-il
nou
planta
z ' i g n a m e , s e m é d o u riz ? H. O u i , nou v a m e t é z ' i g n a -
et des
pois
m e acque pois rouge ;
r o u g e s ; le r i z s è c h e
trop
là cheché trop terrain nou
le terrain , n o u s en s è m e -
riz-
va semé l'autre côté.
rons ailleurs. N . C o m m e il v o u s p l a i r a .
N. C o m m e v o u \a vlé.
B
h 4,
CH
A N S O N Air
C R É O
: que ne suis-je
sur
la
L E . fougère.
I. Lisette : t u fuis la p l a i n e , Mon
L i s e t t e quitté la p l a i n e ,
honneur s'est e n v o l é ;
Mo
perdi b o n h e u r à moué ;
Mes
p l e u r s , en double fontaine,
Z i e u à moué semblé
Sur
tous tes pas ont c o u l é .
D a n p i mo pas miré toué.
Le
jour, moissonnant la c a n n e ,
fontaine,
L a j o u r quand mo coupé c a n n e ,
J e rêve à tes doux a p p a s ;
Mo
Un
L a nuit quand mo dans cabane,
songe dans ma cabane ,
La nuit te met dans mes bras.
songé z ' a m o u r à moue ;
D a n s dromi mo quimbé toué.
II. 4
T u trouveras à la ville ,
Si to allé dans la v i l l e ,
Plus d'un jeune f r e l u q u e t ,
Ta
trouvé jeine Candio ,
L e u r bouche avec art distille
Qui
g a g n é pour tromper
Un miel doux mais plein d'apprêt;
Bouche dou passé sirop.
Tu
To
croiras leur coeur s i n c è r e :
fille,
va crer y o b e n sincère ,
L e u r c œ u r ne veut que tromper;
Pendant quior y o coquin trop :
Le
serpent sait contrefaire
C'est serpent qui contrefaire
Le
rat qu'il veut atrapper.
C r i é rat pour tromper y o . I
Mes
I
I. D i p i mo perdi L i s e t t e ,
p a s , loin de ma l i s e t t e ,
S'éloignent du C a l i n d a ;
Mo
p a s souchié
Et ma ceinture à sonnette
Mo
quitté
L a n g u i t sur mon bamboula.
Mo
pas batte
Mon
Q u a n d m o contré l'aut' négresse
ceil de toute autre b e l l e ,
bram
Calinda, - bràm
sonnette
bamboula.
N ' a p p e r ç o i t plus le souris :
Mo
pa g a g n é z ' y e u pour ly ;
Le
Mo
pas sonchié travail p i è c e
Mes
travail en vain m ' a p p e l l e , sens sont anéantis.
T o n qui
chose à
moué
morir.
C H A N S O N I
C R É O L E . V. M o maigre souche,
J e péris comme la souche ,
393
tant
com
nion
Ma jambe n'est qu'un roseau ;
Jambe à moué tant com roseau.
N u l mets ne plait à ma b o u c h e ,
M a n g é n'a pas dou dan b o u c h e ,
L a liqueur s'y change en eau.
Tafia
Quand je songe à toi, L i s e t t e ,
Quand moué songé toué L i s e t t e ,
l'y
tant comme
d'yo.
M e s yeux s'inondent de pleurs.
D'iau toujours dans z ' y e u à moué.
M a raison lente et distraite,
M a g n i e r moué vini trop b ê t e ,
C o d e en tout à mes douleurs.
A force chagrin mangé m o i . V.
M a i s est-il bien vrai, ma b e l l e !
Lisette mo tandé nouvelle .
Dans peu tu dois revenir :
T o comté bentôt tourné :
A h ! reviens toujours fidèle,
V i n i donc toujours f i d e l l e ,
Croire est moins doux que sentir.
M i r é bon passé tandé.
N e tarde pas d a v a n t a g e ,
N'a pas tardé davantage ,
C'est pour moi trop de c h a g r i n ;
T o l'air moué assez chagrin ,
V i e n s retirer de sa c a g e ,
M o u é tant com zozo dans c a g e ;
L'oiseau consumé de faim.
Quand y o fair l y mourir faim.
FIN
DU
T O M E
SECOND.
T A B L E Du
D E S S E C O N D
C H A P I T R E S V O L U M E .
CHAPITRE PREMIER,
cafe-
terie. — Terre propre à la plantation Pag. du Café. —- Troisième Habitation. x A R T I C L E P R E M I E R . Manière de planter le Café. 3 A R T . II. A quelle distance on plante le Café. 4 TABLEAU du nombre de pieds de Café contenus dans un carreau de terre. 5 A R T . III. Profondeur des trous. ib. A R T . I V . En quelle saison on plante le Café. A R T . V . Vivres qu'on peut planter dans les rangs de Cafés pendant leur croissance, A R T . V I . Moyens de conserver les pieds de Cafés. A R T . V I I . Manière d'arrêter les Cafés. A R T . V I I I . Déclin de l'Arbre. A R T . I X . Description de l'Arbre. A R T . X . Fleur du Café. A R T . X L Ferme de son fruit. A R T . X I I . Le Café ne mûrit jamais en même
temps.
6
7 8 9 10 ib. 11 12 13
396
T A B L E .
A R T . X I I I . En quelle saison on cueille le Café. A R T . X I V . Trois espèces de Cafés inférieurs. A R T . X V . Arrangement de la case à moulin. A R T . X V I . Comment on passe le Café au moulin. A R T . X V I I . Observations sur le travail du moulin. A R T . X V I I I . Description des glacis. A R T . X I X . En quel temps on pile le Café. A R T . X X . Comment on pile le Café. A R T . X X I . Comment le Café se vanne. C H A P . II. Cotonnerie. Habitation. C H A P . III. Culture
du
—
Quatrième
Cacao.
C H A P . I V . Dialogue entre un Américain et un Européen. A R T . I . Géographie de l'île. A R T . II. Climat de Saint-Domingue. A R T . III. Ouragans et tremblemens de terre. A R T . I V . Passage à Saint-Domingue. ART. V. Pacotille. A R T . V I . Moyens de fortune. A R T . V I I . Influence du climat sur les Européens arrivant dans les colonies. e r
T A B L E
З97
A R T . VII. Villes et Tribunaux. Pag. А к т . I X . Intérieur des Villes. A R T . X . Propreté et blanchissage. A R T . X I . Gens de couleur. A R T . X I I . Hospitalité. A R T . X I I I . Animaux domestiques, et Fabriques. A R T . X I V . Nourriture. A R T . X V . La Chasse. A R T . X V I . Auberges. A R T . X V I I . Logement. A R T . X V I I I . Habillemens. A R T . X I X . Monnaies. A R T . X X . Bois. A R T . X X I . Spectacles. A R T . X X I I . Promenades. A R T . X X I I I . Femmes. A R T . X X I V . Esclaves. A R T . X X V . Fortune des Habitans. A R T . X X V I . Retour en Europe. С H А Р . V . Maladies de St.-Domingue, et leurs remèdes curatifs ou préservatifs. A R T . I . Salubrité du climat. A R T . II. L'air. A R T . III. Les Eaux. A R T . I V . Salubrité des Sueurs. A R T . V . Dangers de la saignée. A R T . V I . Le Scorbut. e r
65 67 ib. 69 id. 70 71 ib. ib. 7.6 76 77 79 80 8f ib. 82 83 84
87 ib. 89 90 ib. 91 92
3 8 9
T A B L E .
A R T . V I I . Remède et régime contre le Page Scorbut. 9З A R T . V I I I . Nécessité des rafraîchis sans. 94 A R T . I X . Régime pour les anciens habitans. ib. A R T . X . Régime pour les nouveaux débarqués. 95 A R T . X I . Age avancé des femmes. 96 A R T . V I I . Les Dartres. ib. A R T . X I I I . Remède et régime contre les dartres. 97 A R T . X I V . Spasme. 98 A R T . X V . Remède contre le spasme. 99 A R T . X V I . Diarrhées. 100 A R T . X V I I . Temps le plus salubre pour arriver à Saint-Domingue. 101 A R T . X V I I I . Fièvres. 102 A R T . X I X . Nécessité des fréquens purgatifs. 10З A R T . X X . Malingres. ib. A R T . X X I . Abondance de remèdes indigènes. 104 A R T . X X I I . Vers de Guinée. 107 A R T . X X I I I . Remède contre le ver de Guinée. ib. A R T . X X I V . Ver solitaire. 108 A R T . X X V .Remède contre le ver solitaire, ib. A R T . X X V I . Mal d'estomac. 109
T A B L E . A R T . X X V I I . Causes du mal d'estomac. ART. ART. ART. ART. ART.
3 Pag. 1 1 1
X X V I I I . Pians. X X I X . Remède contre les Pians. X X X . Autre remède moins violent. X X X I . Maux de jambes. X X X I I . Remède des nègres contre
la fièvre et d'autres
maladies.
M É D E C I N E D O M E S T I Q U E D E S A I N T - D O M I N G U E . C H A P I T R E P R E M I E R . Causes et indications des maladies de St-Domingue. C H A P . II. Principes généraux. C H A P . III. Traitement du mal de Siam. Signes diagnostiques. Signes pronostics. Ire. Maladie. IIe. Maladie. I I I . Maladie. C H A P . I V . Traitement des fièvres compliquées de la maladie de Siam. C H A P . V . Traitement des fièvres double-tierces de Saint-Domingue. Maladie. C H A P . V I . Traitement de la Cachexie. Maladie. C H A P . VII. Traitement de la Cachexie compliquée. C H A P . V I I I . Traitement du Scorbut et de l'obstruction de la rate. e
9 9
113 ib. 114 115 116 123 ib. 129 149 150 252 ib. ib. 160 162 165 170 173 175 176
4oo
T A B L E .
C H A P . I X . Affection Hypocondriaque Scorbutique. I e . Maladie. I I . Maladie. C H A P . X . Traitement de la Vérole. Plantes apéritives et détersives. Plantes astringentes. Remèdes qui ont été communiqués par des chirurgiens très - expérimentés , comme les plus efficaces qu'ils aient éprouvés dans le traitement des gonorrhées. r
e
Méthodes qui m!ont paru les meilleures pour traiter lés pians. . Remèdes pour guérir les pians, qu'emploie avec succès M. Conegut, maître chirurgien à Limonade. C H A P . X I . Traitement des flux de ventre, confondus à St.-Domingue sous le nom de Diarrhée.
Pag. 182 188 ib. 190 193 ib.
194 196
198
201
C H A P . X I I . Du Ténesme. 202 C H A P . X I I I . De la Dyssenterie. ib. C H A P . X I V . De la Lienterie. 2o3 C H A P . X V . Du f l u x Hépatique. ib. Traitement. 204 C H A P . X V I . Traitement du flux chyleux ou cœliaque. 208 C H A P . X V I I . Traitement de l'Hydropysie, 209 Remèdes
T A B L E
401
Remèdes qu'on dit avoir été plusieurs fois éprouvés avec succès dans l'hydropysie. C H A P . X V I I I . Traitement des Dartres. C H A P - X I X . Traitement des Rhumes , Catarrhes et Fluxion de poitrine. Cure de la fluxion de poitrine lymphatique. C H A P . X X . Traitement de la Pulmonie. C H A P . X X L Traitement du Spasme. Méthode Espagnole. Méthode des Nègres. Maladie. PHARMACOPEE
DE
210 212 214 216 217 220 224 ib. 226
SAINT-
DOMINGUE, CHAPITRE
Pag.
229
P R E M I E R . — LES T I S A N E S .
Tisane rafraîchissante simple. Tisane rafraîchissante composée. Décoction de tamarin. Limonade. Petit lait laxatif. Petit lait purifiant ou apéritif. Tisane apéritive mineure. Tisane apéritive majeure. Tisane anti-scorbutique. Tisane lénitive. Tisane pectorale. Tisane pectorale, résolutive tive , rafraîchissante, Tome II.
ou
ib. ib. ib. 23o ib. ib. ib. 231 ib. ib. ib. apéri232 C c
402
T A B L E .
Tisane hystérique pour rappeler les règles ou vidanges supprimées. Tisane détersive pour la gonorrhée et les fleurs blanches. Tisane astringente mineure. Tisane astringente majeure. Décoction astringente pour la lienterie. Tisane astringente pour la gonorrhée et les fleurs blanches. Lait apéritif. Lait astringent simple. Lait astringent composé. Tisane sudorifique. Tisane fébrifuge simple. Tisane fébrifuge composée. Tisane vermifuge ou contre les vers. Tisane purgative simple. Tisane purgative composée, ou hydragogue. Eau de casse simple. Eau de casse composée. Eau bénite. Emulsion avec les grains. — Eau de casse avec ses grains. L E S P O T I O N S . —-
mune Potion Potion
Potion
purgative
vers.
1
ib. ib. 235 ib. ib. ib. ib. 236 237 ib. ib. ib. ib. 238 ib.
commune
purgative
233 ib. 234 ib.
com-
mineure. purgative
Pag. ib.
pour
majeure.
la galle
et
ib. les
T A B L E .
403
Teinture de rhubarbe composée. Pag. 239 Potion universelle composée. ib. Sirop magistral astringent. ib. Potion ou julep lénitif pour la dyssenterie. ib. Potion blanche ou anodine. ib. Potion astringente.. 240 Potion pour arrêter la gonorrhée. ib. Potion cordiale mineure. ib. Potion cordiale majeure ou sudorifique. ib. Potion huileuse pectorale. 241 Potion huileuse pectorale composée: ib. Sirop pectoral composé. ib. L E S Bots. — Bol purgatif Bol purgatif plus fort.
commun.
24a id.
Bol contre les vers. ib. Bol apéritif ou opiat anti-cachectique. ibBol apéritif, ou opiat plus fort. 243 Bablettes pour la phthisie pulmonaire, ib. Bol astringent simple. ib. Bol astringent plus fort. ibv Bol astringent pour la gonorrhea 244 Bol plus simple. ib. Opiat astringent pour la même. ib. Poudre pour la vérole qu'on appelle Pian. ib. Bol fébrifuge simple. 245 Bol fébrifuge composé. ib. L E S BOUILLONS.— Bouillons rafraîchissans, ib. C
G
a-
404
T A B L E.
Bouillons Bouillons
altérons ou purifions. Pag. 246 ou apozèmes laxatifs. ib. L E S L A V E M E N S . — Lavement emollient. ib. Lavement détersif. ib. Lavement purgatif. 247 Lavement anodin. ib. Lavement purgatif pour la colique de Poitou. ib. Lavement anodin pour la même. ib. Lavement anodin et purgatif pour la même. ib. Lavement pour les affections soporeuses. ib. Lavement hystérique ou pour les vapeurs ib. LES GARGARISMES. — Gargarisme rafraîchissant. 248 Gargarisme détersif. ib. Gargarisme pour les ulcères des gencives, ib. Gargarisme plus fort. ib. C O L L Y R E S . — Collyre simple. Collyre très-rafraîchissant. Collyre résolutif. L E S C A T A P L A S M E S . — C a t a p l a s m e anodin.. Cataplasme emollient et résolutif. Cataplasme rafraîchissant et astringent. Cataplasme hystérique pour les vapeurs. Cataplasme maturatif. LES
249 ib. ib. 5o ib. ib. ib. 25i 2
T A B L E .
Cataplasme
anti-pleurétique
,
405
et contre
le rhumatisme. Uniment pour les mêmes maladies. Fomentation pour l'érésipèle. Baume tranquille. Baume ardent, ou teinture de myrrhe composée. P o m a d e pour les dartres. P o m a d e ou onguent pour la galle et les pustules véroliques des Nègres, pour leurs dartres, et pour la galle des chevaux. LES ONGUENS. — Onguent sympathyque. Onguent pour les ulcères. Autre. Ou bien. Potion qui suffît souvent pour guérir les ulcères sordides. Eau phagédénique. Onguent égyptiac. Onguent mondificatif. Mondificatif plus simple. T R A I T É D E S P L A N T E S U S U E L L E S D E S A I N T D O M I N G U E . CHAP. II. Plantes purgatives. Plantes apéritives. Plantes hystériques. C c 3
Pag. ib. ib25z ibib. ib.
253 ib. 254 ib. ib. ib. 255 ib. ib. ib.
35 ib. 259 265 7
406 T A B L E . Plantes pectorales. Pag Plantes vermifuges. Plantes vulnéraires. Plantes detersives. Plantes résolutives. Plantes rafraîchissantes et émollientes. Plantes astringentes. Plantes fébrifuges. Plantes cordiales. VOCABULAIRE FRANÇAIS ET CRÉOLE. C O N V E R S A T I O N entre un Capitaine de navire , arrivant d ' E u r o p e , et u n Nègre Aconier. Dialogue entre un Capitaine arrivant de France , et un Nègre entrepreneur de Carénage. Conversation entre un Capitaine et des Habitans. Conversation entre un Propriétaire de Sucrerie et le Nègre Commandeur de son Habitation. Conversation entre un autre Propriétaire d'Habitation plantée en café, et son Nègre Commandeur. Chanson Créole. Fin de la Table du second Volume.