Souvenirs d'un amiral. T. 2

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SOUVENIRS

D'UN

AMIRAL,

nous étions sous-voiles, et le soir m ê m e nous j e tions l'ancre à portée de pistolet de la plage qui borde la ville de Saint-Marc. Le débarquement fut effectué en un instant. Les révoltés prirent i m m é diatement la fuite. Nous n'eûmes donc qu'à renforcer la garnison d'une portion des troupes que nous avions amenées. Trois j o u r s à peine après notre départ, nous étions de retour à

Port-au-Prince.

Ces expéditions rapides intimidaient les nègres, qui n'essayaient jamais de lutter contre nous que lorsqu'ils se trouvaient en forces très-supérieures. Malheureusement les renforts

que la France en-

voyait au secours de Saint-Domingue n'arrivaient jamais que par détachements trop faibles pour combler les vides de notre armée. Dès leur débarquem e n t , il fallait les mettre en campagne. L'ennemi n'ignorait pas que le climat combattait en sa faveur, q u e , pour vaincre ces vaillants soldats qui lui inspiraient tant de crainte, il suffisait de les obliger à s'exposer aux ardeurs du soleil ou à subir quelques heures de pluie. Quinze ou vingt j o u r s suffisaient pour anéantir d'héroïques régiments, composés de jeunes gens sains, robustes, dont le courage éprouvé venait de porter la France au plus haut degré de gloire que nation militaire eût jamais connu. Quel était donc le mauvais génie qui présidait à ces envois de troupes arrivant constamment à SaintDomingue dans la saison la plus insalubre ? Pour-


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