Souvenirs d'un amiral. T. 1

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SOUVENIRS D ' U N A M I R A L .

jeure partie pour y dépenser chaque année en pure perte près de quinze cent mille francs. Nous n'en occupions pas moins à Saint-Domingue un t e r r i toire encore aussi vaste que celui de la Sicile ou de la Sardaigne. Ce n'était pas sans une juste fierté que les créoles de Saint-Domingue montraient à la France l'œuvre de leur industrie. Dans la partie de l'île où s'étaient maintenus les Espagnols, on ne voyait encore que des forêts impénétrables ou d'immenses savanes livrées aux bestiaux , qui composaient toute la r i chesse d'une race indolente. Dans la partie française, le sommet des mornes, couronné de sapins , d'acajous , de gaïacs , d ' é b é n i e r s , était presque seul dem e u r é inaccessible. Partout ailleurs , là m ê m e où le sol n'avait point encore été soumis à la culture, la main de l'homme avait déjà i m p r i m é sa trace et m a r q u é les défrichements à venir. Des routes bordées de haies de citronniers, d'orangers, d'acacias , de bois de campêche , s'enfonçaient

jusque

dans la montagne ; des plantations de cafiers entremêlées de vergers couvraient le flanc des collines ; d'immenses champs de cannes ondulaient à perte de vue dans la plaine. Pour apprécier le mouvement commercial de Saint-Domingue, i l était i n u tile d'en visiter tous les ports secondaires : le fort L o u i s , le port de P a i x , le môle Saint-Nicolas, les Gonaïves, Saint-Marc, Léogane , le grand et le pe-


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