Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois règnes de la nature. T.3 (2)

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troupe d'environ trente, v o l e u r s , dont ils nous conseillèrent d'éviter la rencontre. Nous fîmes halte au pied de ces montagnes, pour nous désaltérer chez un Espagnol assis sur le devant de sa porte, et occupé à empailler des siéges avec de s tresses formées des feuilles du latanier. Bientôt nous foulâmes les montagnes fertiles et enchanteresses de la Sierra-Morena, qui four­ nissent uniquement l'espèce d'orange appelée damasquinas. Ce fruit, d'une forme oblongue et d ' u n goût d é l i c i e u x , a choisi pour sa patrie ces imposantes futaies parmi lesquelles il n'est pas rare de le rencontrer. Ce canton jadis cultivé par les M a u r e s , et dont les bois furent long-tems après le repaire des bêtes féroces, est à soixante-trois lieues de Cadix. Après avoir traversé la Venta-de-Cardenas et la Venta-del-Judeo, nous arrivâmes à SantaCrux, première posade de la M a n c h e , canton du bon v i n , et où ma qualité de médecin me v a l u t , grace à mes consultations l a t i n e s , des présens, des attentions extraordinaires en ces pays peu policés ; ce qui nous fit voyager plus agréablement. Nous passâmes successivement à Val-dePênas, à Menzanarez et à Villa-Harta. Nous reconnûmes ensuite un beau pays fameux par les exploits de Don Quichotte, et où il fit ses m e r -


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