D'UN
NATURALISTE
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Le relèvement de la luette, de la brisquette ( i ) , et quelques chandelles de suif de France, sont les seuls consolateurs des mourans, parmi les noirs non policés. Un homme à l'agonie se dit soulagé de quelque maladie qu'il ait, si on l'enlève parles cheveux pour la chute de la luette; et c'est pour cette raison qu'en se les faisant couper, les nègres en réservent une touffe au dessus de la fontanelle; si donc on frappe le malade à coups redoublés sur l'estomac pour la brisquette ; si on lui fait cadeau d'une chandelle pour.sucer o u s'oindre le corps, ou avaler dans les infusions dont ils font usage pour toutes les affections de poitrine , il se dit guéri. On ne peut rendre la vénération qu'ont les nègres pour le suif France , auquel ils attribuent des vertus toutes particulières, et qu'ils regardent comme leur panacée universelle. L'un de nos sujets, un vieux hattier appelé Louis , me vantoit un jour toutes les qualités du suif France. Il me
( i ) Les nègres
sont fort sujets à la
cardialgie,
mais ils prétendent que ce mal insupportable provient du dérangement
du cartilage xiphoïde qu'ils
ap
pellent brisquette. Les nègres, ordinairement sobres, deviennent voraces lorsqu'ils tombent malades ; d'après leur
systême, de
beaucoup
manger
pour
ne pas
tuié cor à yo de grand goût. De grand goût veut dire de faim.
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