Voyages d'un naturaliste et ses observations faites sur les trois règnes de la nature T.3 (1)

Page 239

D'UN

NATURALISTE

213

Le relèvement de la luette, de la brisquette ( i ) , et quelques chandelles de suif de France, sont les seuls consolateurs des mourans, parmi les noirs non policés. Un homme à l'agonie se dit soulagé de quelque maladie qu'il ait, si on l'enlève parles cheveux pour la chute de la luette; et c'est pour cette raison qu'en se les faisant couper, les nègres en réservent une touffe au dessus de la fontanelle; si donc on frappe le malade à coups redoublés sur l'estomac pour la brisquette ; si on lui fait cadeau d'une chandelle pour.sucer o u s'oindre le corps, ou avaler dans les infusions dont ils font usage pour toutes les affections de poitrine , il se dit guéri. On ne peut rendre la vénération qu'ont les nègres pour le suif France , auquel ils attribuent des vertus toutes particulières, et qu'ils regardent comme leur panacée universelle. L'un de nos sujets, un vieux hattier appelé Louis , me vantoit un jour toutes les qualités du suif France. Il me

( i ) Les nègres

sont fort sujets à la

cardialgie,

mais ils prétendent que ce mal insupportable provient du dérangement

du cartilage xiphoïde qu'ils

ap­

pellent brisquette. Les nègres, ordinairement sobres, deviennent voraces lorsqu'ils tombent malades ; d'après leur

systême, de

beaucoup

manger

pour

ne pas

tuié cor à yo de grand goût. De grand goût veut dire de faim.

O 3


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.