Débats entre les accusateurs et les accusés, dans l'affaire des Colonies, T.7

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arraché à Га femme, à fes enfans, à fes propriétés, aux intérêts immenfes& facrés qui lui font confiés, & de le v o i r traîné comme un criminel au tribunal terrible de la Convention nationale. C'eft en nos mains que réfident la fortune& peut-être les dernières reffources de ces hommes précieux auxquels la République françaife doit fa profpér i t é . En défendant leurs intérêts nous défendons ceux de la mère-patrie, qui trouvera dans leur généreux & inépui­ sable patriotifme les moyens de réfifter aux ennemis de la liberté ;& cependant depuis quinze jours toutes nos opé­ rations font paralyfées, tout eft fufpendu ; l'embargo a été m i s fur tous les bâtimèns du cabotage, qui entretiennent nos liaifons commerciales avec toutes les parties de la c o l o n i e , alimentent celles qui ne peuvent recevoir de na­ vires de long cours,& nous fervent aux tranfports des denrées qui chargent nos bâtimens. Et comment fatisferonsnoiis aux engagemens particuliers que nous avons con­ tractés ? Comment fournirons - nous aux befoins de nos commettans en Europe, fi on intercepte de cette manière toutes nos facultés ? Des forces menaçantes font déployées en rade,& d'autres, ramaffées de quelques paroiffes de l ' O u e f t , font amenées pour anéantir les dernières efpérances du commerce national, au lieu d'aider les citoyens du Portau-Prince& de la Croix-des-Bouquets à les lui conferver ; c'eft dans ce moment ou des révoltés dévaftent & incendient les riches poffeffions du Cul-de-Sac, qu'au lieu de vous hâter de détruire ces fcélérats, vous vous armez contre une ville qui leur fait la guerre& qui vous demande la paix. V o u s refufez toute communication avec elle ; vous éloignez les députations qui vous font envoyées ; vous faites des difpoiitions hoftiles : eh! prévoyez-vous tous les malheurs qui v o n t réfulter des pareilles démarches ? Songez-vous que n o u s avons à terre des papiers& des effets précieux, des marchandifes dont le prix ne peut fe calculer, que ces pa­ piers& ces marchandifes ne nous appartiennent pas, que n o u s ne fommes que les dépoli taires de la plus grande p a r t i e , que leur perte occafionneroit des faillites innom­ b r a b l e s , que ces faillites entraîneroient la ruine du commerce national, déja ébranlé par tous les coups qu'on lui a portés ; Tome VII Soisante-feptième l i v r a i f o n . M


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