Recherches sur la fièvre jaune, et preuves de sa non-contagion dans les Antilles

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C H A P . II. D E S

CAUSES

c o m m e il arrive à tant d'infortunés, et dans un pays qui, par des usages assez différais de ceux de France, étonne, ennuie, ou rebute, quand il ne fait que cela. Si l'on fait attention au rôle que doivent nécessaire­ ment jouer tous ces sentimens, lorsqu'ils sont encore accrus par l'effrayant spectacle d'une épidémie, on sera étonné de voir quelques individus échapper à leur funeste influence. Les autres émotions de l'âme sont aussi plus ou moins fâcheuses : la joie excessive, hélas trop rare dans ce pays ! doit nuire aussi elle , en cela qu'elle excite puissamment u n e circulation déjà trop active, et ne manque pas d'amener, surtout chez nous, autres Français, une agitation de corps , des gesticulations immodérées, toujours pour le moins aussi nuisibles que la cause qui leur donne lieu. La colère a aussi une certaine analogie avec la joie, dans sa manière d'agir. Beaucoup d'auteurs rapportent des exemples où la maladie paraît avoir été développée par ce sentiment : tout porte à croire qu'ils sont concluans. Heureux celui qui, au moral c o m m e au physique, est doué d'une certaine, obtusion de sentir, voisine de l'apathie. Le trait acéré du désespoir effleure à peine son cœur engourdi ; les éxcitans extérieurs ne le meuvent pas sensiblement, et sans efforts c o m m e sans secousses, il se fait à un climat pour lequel il semble né. Ce n'est pas un grand courage, ce n'est pas une force d'âme active qu'il faut pour résister dans les Antilles; c'est de la langueur morale, c'est une force d'inertie, s'il est possible de s'exprimer ainsi.


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