Troisième lettre à M. le Duc de Broglie sur la décadence de la civilisation aux Antilles

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moyen de déconsidérer u n g o u v e r n e m e n t , c'est de laisser croire, même à tort, qu'il obéit à des i n ­ fluences étrangères, et q u ' a b a n d o n n a n t la ligne de ses intérêts, il n'est point le maître au logis. On n'éveillerait pas sans danger sur ce point les susceptibilités nationales. Et quel Français dégénéré ne sentirait le sang lui monter au v i ­ sage à la seule pensée que le gouvernement de sa patrie ne puise point en lui le sentiment de sa force et de sa durée ! Il existe au c œ u r de tous les partis un fond d'idées c o m m u n e s , tradition­ nelles, indestructibles, parce qu'elles sont nées d'une situation permanente, lesquelles consti­ tuent en grande partie le sentiment de la natio­ nalité. C'est en s'attachant à ce faisceau d'idées, de tendances et même de passions c o m m u n e s , q u ' u n gouvernement se popularise; en le d é ­ daignant qu'il se perd. Or la France n'a point changé ; elle a conscience plus que jamais que ses destinées et celles d u monde seront jouées sur l'Océan ; que l'avenir de tous les peuples tient essentiellement à la liberté des mers ; que nous sommes appelés à y maintenir u n équilibre plus ou moins par­ fait, en protégeant le droit des plus faibles sur cette grande route du genre h u m a i n . Arrière donc les politiques étroits qui songeraient, pour les besoins du j o u r , à d i m i n u e r nos forces n a ­ vales d'une seule chaloupe de g u e r r e , car voilà


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