Mémoire sur l'esclavage des nègres, contenant réponse à divers écrits qui ont été publiés...

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[32] Nulle autorité ne pourroit les obliger à travailler, puifque la loi n'a de force que contre le perturbateur & contre l'homme qui trouble la fociété, pour avoir fa fubfiftance par la mendicité, lorfqu'il peut travailler, & que l'ouvrage lui eft offert, ou contre celui qui pour y pourvoir, s'attaque à fon femblable, pour l'obtenir par le crime. Lorfqu'il y auroit dans les Colonies des armées furveillantes & fuffifantes pour maintenir l'ordre intérieur, les Negres ne troubleroient pas la fociété ; pour réclamer leurs fubfiftances, tel modique que feroit la propriété fonciere dont on les auroit gratifiés, parce que le climat le leur procurerait fuffifamment pendant un temps. Mais fi on ne leur donne pas de propriété fonciere, & que la force intérieure, qui, dans tous les temps, devra alors être triple de ce que feroit l'armée, dans le cas où on craindrait une invafion étrangere, pouvoit ne pas être toujours auffi confidérable ,que n'auroit on pas à craindre , à Saint-Domingue , par exemple, d'un peuple dont une partie eft anthropophage , les Mondongues, les Anzicos, les Jaggos, les Micocos, & qui feroit conduit par plus de fix mille Negres qui font indépendants depuis 1718; époque où ils ont été en marronage, & qu'on n'a jamais pu parvenir à refaifir , quelques pourfuites qui aient été faites , s'étant réfagiés dans des pays inacceffibles, au-deffus de la montagne des grands bois ?


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