Histoire des colonies françaises

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LA R E V A N C H

E C O L O N I A L

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1778.

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sentaient l'élément des « petits-blancs ». Cadets venus de France, officiers et fonctionnaires partis pour remplir des postes aux colonies et restés là-bas, alimentaient la « noblesse des isles » dont la porte était fort largement ouverte du reste ; leurs filles allaient faire leur éducation en France et nombre d'entre elles apportèrent à la Cour le charme des beautés créoles. Enfin, l'esclavage prenait dans les Antilles et aux Mascareignes une importance de plus en plus considérable au fur et à mesure que les plantations se développaient. Colbert avait beaucoup favorisé, d'ailleurs, la traite grâce à des primes élevées touchées à l'importation de chaque nègre qui valait, vers 1760, près de 1.500 livres. C'était un commerce prospère, car les demandes des colons étaient toujours fort nombreuses : « Des nègres et des vivres pour des nègres voilà toute l'économie des colonies », déclarait Dubuc. Le Code Noir de 1685 avait réglementé étroitement l'esclavage et, comme on l'a fait souvent remarquer, était une législation moins cruelle que les coutumes anglaises et espagnoles. Mais le souffle libéral des dernières aimées du xviiie siècle ne tarda pas à ébranler les arguments « économiques » des planteurs en faveur des nobles raisons humanitaires dont Montesquieu fut l'un des premiers avocats. Les « Philosophes » de l'époque ne peuvent admettre que le Code Noir assimile un nègre à un « meuble meublant » et que la loi fasse litière de la dignité humaine. Les idées d'affranchissement en masse prennent corps; Turgot voit une solution dans un affranchissement progressif; Raynal conseille... la rebellion des esclaves et le pasteur Schwartz préconise l'abolition pure et simple facilitée par un morcellement des grandes


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