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Ils siffleront, les vents ; le troupeau mugira ; Des dalles de granit tomberont des cascades, Et malgré tout ce bruit, ta voix y mêlera Ses aériennes-ballades ! Poète par sa sensibilité exquise et par la vicacité de son imagination, Ignace Nau fut loin d'être un artiste. Jamais il ne fut maitre des procédés techniques du vers. Peut-être se livra-t-il un peu trop à sa facilité naturelle. D'où ces amphibologies de style et ce caractère d'improvisation qui entachent ses meilleures compositions. Les deux poésies que je viens de citer sont ce qu'il y a de plus parfait dans son œuvre. Nous avons dit qu'il puisait parfois son inspiration dans la nature ambiante. Voici un morceau qui l'atteste : LE LAC. Le lac brillait encore d'un reflet de lumière. La surface immobile était unie et claire. L'œil voyait jusqu'au fond des flots bleus et dorés Monter sous le rayon les sables colorés. Et le soleil mourant derrière le bois sombre Projetait sur la rive une dentelle d'ombre. Elle fut s'accouder sur l'angle d'un rocher, Et baissant tristement les yeux vers le rivage, Porta son mouchoir blanc à son pâle visage, Puis joignant ses deux mains : " vous êtes beau Comme le pur souris de l'enfance au berceau, Vous êtes couronné de fleurs etc. Evidemment, c'est une imitation de Lamartine ! Voici une autre pièce où l'auteur montre son âme entière et atteint même à la haute poésie ! Nau vient de perdre son épouse. Il médite sur la mort et la destinée. De son cœur meurtri, piétiné par la douleur sortent des accents étrangement pénétrants. C'est de la poésie humaine et vraie. MEDITATION OU PENSÉES DU SOIR. O Sépulcre ! O tombeau ! sacré dépositaire Du seul bien précieux que j'avais sur la terre, Tu la tiens maintenant, là, morte sous mes pas, Comme je la tenais vivante dans mes bras ! X