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çaise. Il est classique dans sa phrase, classique dans toutes ses tournures Ses Mémoires auraient pu être signés par des noms connns dans la littérature française de son temps. Sa plume court, rapide. Pas d'ornements ni de fioritures. " Pleins du désir de revoir leurs parents et de remplir une mission dont on aurait dû les charger auparavent, Isaac et Placide Louverture partirent à onze heures du soir, accompagné de M . Coisnon, malgré la pluie qui tombait par torrents. Arrivés aux avant-postes du général Desfourneaux, il leur offrit à souper. L'adjudant-commandant Dampierre, qui était son chef d'Etat-major et qui les avait connus, leur donna des marques de la plus vive amitié. Les enfants de Toussaint Louverture et leur précepteur couchèrent à leur bivouac, au milieu de la boue. A la pointe du jour, ils étaient à cheval sur la route de Mornay. Le temps était devenu plus beau ; ils ne cessaient d'admirer, eux et M . Coisnon, les productions variées des plaines et des montagnes qu'ils parcouraient ; tout annonçait richesse et prostérité ; et cette vue contrastait singulièrement avec le spectacle qu'ils avaient laissé derrière eux. Il y avait beaucoup d'habitants sur la route, mais pas de soldats. Dès qu'on sut qui ils étaient, on courut au devant d'eux avec acclamations ; ils étaient entourés, pressés, embrassés et questionnés Tous étaient ravis de voir les enfants de Toussaint-Louverture, et indignés de ce que le général Leclerc venait leur annoncer la paix à coups de canon. Sur toute la route, même empressement et même réception jusqu'à d'Ennery, où ils avaient eu soin de faire prévenir de leur arrivée une mère et des parents qui les attendaient avec impatience. Enfin vers les neuf heures du soir, deux jours après leur départ du Cap, leur mère et les deux nièces et son mari, Madame Vernet et sa sœur vinrent, à la lueur des flambeaux, les recevoir à l'entrée de la maison paternelle, au milieu d'une foule immense. Ils étaient accompagnés d'un de leurs oncles qui avaient volé à leur rencontre. Toute cette famille, oubliant, pour un moment, à cause de cette réunion inattendue, le malheur de la patrie, se livrait à la la joie et aux plus doux sentiments ". Voilà la façon dont les Mémoires son écrits. C'est la causerie alerte d'un homme qui agit par des raisons droites et rapporte avec fidélité ce qu'il a vu ou entendu. Les mobiles secrets des actions ne lui échappent pas ni le fil entre-croisé des intrigues. Le récit commence depuis Novembre 1801 et finit à la mort de Mme