Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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ORIGINES DE LA RÉVOLUTION SUD-AMÉRICAINE

riaient en même temps aux études une direction séduisante. La culture intellectuelle des Américains prit bientôt un développement extraordinaire. Les établissements scientifiques du Pérou se signalaient, dès le milieu du dix-huitième siècle, à l'attention du monde savant. Pedro Maldonado y Sotomayor 1 parcourait en tous sens la région du Quito et en décrivait les particularités géographiques dans des monographies si parfaites que ses études lui valaient le titre, sans précédent parmi les créoles, de membre correspondant de l'Académie des Sciences de Paris. Vers 1762, José Mûtis 2, amené en Nouvelle-Grenade par le vice-roi Messia de La Cerda 3, ouvre un cours de cosmographie au collège du Rosario de Santa-Fé et révèle à son auditoire stupéfait que la terre tourne autour du soleil. « Copernic et Galilée — écrivait à quelque temps de là le plus célèbre des disciples de Mûtis 4 — ont depuis cessé de passer pour hérétiques, et la « philosophie nouvelle » fait un nombre toujours croissant de prosélytes '. » Moins de dix ans plus tard, l'Université de Santa-Fé devenait la plus brillante de celles qui s'étaient créées dans toutes les capitales coloniales. Elle comptait trois facultés, de grands collèges, où, sous la direction de maîtres éminents, les études étaient plus avancées et beaucoup plus suivies que dans la métropole. La fameuse Expédition Botanique, commencée le 1er avril 1783, sous la direction de Mûtis, est restée le plus beau monument de la science américaine à cette époque. Humboldt s'extasiait devant les admirables collections réunies et classées par Mûtis et ses élèves; elles se composaient de plus de vingt mille 1. MALDONADO Y SOTOMAYOR (Pedro Vicente), savant, géographe et naturaliste, né à Rio Bamba (Equateur), vers 1689, mort à Londres en 1746. 2. MUTIS (José Celestino), né à Cadix en 1732, docteur en médecine des Facultés de Séville et de Madrid, l'un des savants les plus remarquables qu'ait eus l'Espagne, mort à Santa-Fé le 11 septembre 1808. 3. LA CERDA (Pedro Messia de). Marquis de la Vega, vice-roi de Nouvelle-Grenade de 1761 à 1773. 4. CÂLDAS, V. infrà. 5. VERGARA Y VERGARA, op. cit., ch. IX.


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