Œuvres. Tome deuxième

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l'arrière duquel un monsieur se tenait, assis. Etait-ce pressentiment ? La vue de ce canot me serra le cœur et je sentis une grande tristesse m'envahir comme si un [malheur me menaçait. Le canot accosta l'Alcyon, et d'un saut le monsieur fut sur le pont. C'était un chabin chabinant, pius chabin encore que quelqu'un de ma connaissance. La jeune femme alla à sa rencontre. Il dé • i posa sur ses lèvres deux baisers reténj tissants, deux baisers qui trouvèrent un douloureux écho jusqu'aux profondeurs I les plus intimes rte mon être, Ah ! ces j baisers, quel mal ils m'ont fait ! Je me sentais pris d'une rage-aveugle ; j'aurais i voulu étrangler cet homme. Il me semblait qu'il me prenait quelque ehose, qu'il me volait non bien. Etait-ce son mari ? était-ce son frèrè ? J'aurais donné je ne sais quoi pour le savoir. — Viens, Laurence, lui dit-il nous n'avons pas de temps à perdre. Il la prit par la main et l'entraîna. Lorsqu'elle fut dans le canot, elle jeta vers moi un dernier regard, ébaucha' un triste sourire, puis, comme à dessein, elle posa négligemment la main sur le bord de l'embarcation. Comment ne m'en étais je pas aperçu jusqu'alors ? à l'un de ses doigts brillait l'alliance d'or de l'épouse J'allai m'asseoir à la place qu'elle avail occupée. Que se passa-t-il en moi ? Je ne saurais jamais l'exprimer. J'étais en proie


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