Anthologie d'un siècle de poésie haïtienne : 1817-1925

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LES POÈTES HAÏTIENS

Je suis maintenant pareil au lac terni Par l'ouragan d'hiver ; dans mon flot rembruni A peine ai-je gardé quelque arbre sans feuillage, Quelque buisson sans fleur, à peine ai-je un sillag Où viendra folâtrer l'étoile de la nuit, Et mon flot, lourd de sable, est sans houle ni bruit. Pourtant, j'ai souvenir de mes fleurs de la veille ! Mon écume argentait l'aubépine vermeille, Ma vague mollement portait sur ses replis L'odorant manglier, l'urne blanche du lys, Le jonc empanaché de soyeuses aigrettes, Et des troupes d'oiseaux aux douces chansonnett Et des cieux souriants d'azur et de fraîcheur... Quel rêve, n'est-ce pas ?... le rêve du bonheur ! Il se fane au toucher comme la sensitive. C'est comme la vapeur légère et fugitive Qui se condense, au soir, sur la cime du mont Et que l'air du matin chasse de l'horizon...

LE TCHITE ET L'ORAGE

I Voici, voici l'orage Là-bas dans le nuage ! Voici le vent, le vent Tourbillonnant au champ !


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