Anthologie d'un siècle de poésie haïtienne : 1817-1925

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CHARLES MORAVIA

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je comprends maintenant, ô mon père, ô mon maître, Comment, malgré crochets, serrures et verroux, Ce voleur aisément dans le palais pénètre, Dérobant à son gré nos plus riches bijoux : Il possède une clef telle que toute porte Doit s'ouvrir devant lui, si sûre qu'elle soit... Comment aurais-je pu résister, si peu forte ? Je n'ai rien d'une porte en fer, on le conçoit !. « Tandis que je gardais tes trésors dans la salle, Père cher, ce voleur pour qui rien n'est sacré, M'a ravi, dans l'écrin merveilleux et secret, Tous les joyaux de ma couronne virginale ! » Marquant des pas de danse et les cheveux au vent, Ainsi parle en riant la princesse très belle 1 Femmes, eunuques, noirs, éclatent de plus belle Et le roi rit aussi dans sa barbe, en rêvant... Tout Memphis sut l'histoire et rit ; les crocodiles Rirent, montrant sur l'eau leurs têtes amusées ; Les rires s'égrenaient ou partaient en fusées ; Le rire, de Memphis, gagna les autres villes. Et dans l'Ëgypte entière on s'égayait encor, Lorsque la foule, un jour, entendit ahurie, Par la voix du crieur de la chancellerie, Publier un rescrit royal au son du cor ;


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