Lettres de Saint-Thomas : Etudes sociologiques, historiques et littéraires

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LETTRES DE

SAINT-THOMAS

sa cholestérine et de son phosphore. Gomme Dante, dans le sixième cercle de l'Enfer, votre propre pensée a dû s'écrier, devant l'image que vous en forgez : Dinanzi

fece un pien di fango.

Mais la chose « conservée à l'état latent dans les cellules » que vous appelez « pensée » n'est en réalité que la faculté de penser propre à l'organisme humain. Elle n'est pas la pensée, qui est toujours une manifestation actuelle de l'intelligence. Cette faculté est capable de se signaler sous les formes les plus variées, par le jugement, la comparaison et la combinaison des idées, Ces idées elles-mêmes sont suscitées ou évoquées par une ou plusieurs impressions, lesquelles transformées en sensations, en perceptions et aperceptions, pour me servir de la terminologie de Leibnitz, sont l'origine de tout acte d'intelligence ou de volonté, mais ne sont ni l'intelligence ni la volonté. Vous sentez si bien l'énormité de votre thèse que vous écrivez plus bas : « Evidemment, la pensée n'est pas la matière. Ce n'est pas une substance que nous pouvons peser, analyser, dont nous pouvons étudier la composition chimique et les propriétés organoleptiques... » Pourtant, oui, c'est bien le sujet qui nous occupe, à savoir si ce qui n'est pas matière, qui ne peut être ni pesé, ni analysé, peut néanmoins être résorbé, quand les humeurs seules sont physiologiquement susceptibles de résorption. Certainement non. « La constatation des phénomènes et de leurs lois » est absolument contraire à votre thèse, et si vous ne cherchez que la


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